<h2>Keywords<br /> &nbsp;</h2> <p>Alain Veinstein,&nbsp;Jean Daive,&nbsp;magnetic nights,&nbsp;Franck Venaille,&nbsp;Jean-Pierre&nbsp;Milovanoff,&nbsp;Olivier Kaeppelin</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>Karine Le Bail ‒ Lorsqu&rsquo;on s&rsquo;est retrouv&eacute;s, Alain, pour pr&eacute;parer cet entretien <a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>, vous m&rsquo;avez dit sans d&eacute;tour : &laquo;&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, c&rsquo;&eacute;tait mon b&eacute;b&eacute;. &raquo; Avec toute l&rsquo;affection d&rsquo;un p&egrave;re, vous m&rsquo;avez parl&eacute; de vos nuits &agrave; dormir dans votre bureau, du temps &laquo; fou &raquo; pass&eacute; au d&eacute;but &agrave; construire cette radio pirate dans la radio, et puis de votre d&eacute;sir de &laquo; produire de la beaut&eacute; &raquo; &ndash; ce sont vos mots. Il faut dire que chez ce b&eacute;b&eacute;, pour filer la m&eacute;taphore, il y a eu d&rsquo;embl&eacute;e beaucoup du p&egrave;re, po&egrave;te, mais un po&egrave;te &laquo; les pieds sur terre &raquo;. D&rsquo;ailleurs votre &laquo; m&eacute;tier pour vivre&nbsp;&raquo;, &agrave; cette &eacute;poque-l&agrave;, c&rsquo;&eacute;tait d&rsquo;administrer, &agrave; l&rsquo;ORTF tout d&rsquo;abord, puis &agrave; France Culture.</p> <p>Mais le po&egrave;te, donc. Il n&rsquo;a gu&egrave;re tard&eacute; que vous imprimiez votre marque sur la radio en r&eacute;ussissant &agrave; introduire en 1975 dans la grille de France Culture l&rsquo;&eacute;mission&nbsp;<em>Po&eacute;sie ininterrompue</em>, d&eacute;j&agrave; avec l&rsquo;ami Claude Royet-Journoud <a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>. L&rsquo;id&eacute;e &eacute;tait de &laquo; quadriller &raquo; la cha&icirc;ne par des &eacute;clairs de po&eacute;sie&hellip; Avec l&rsquo;id&eacute;e de saisir de la po&eacute;sie l&agrave; o&ugrave; elle se niche sans forc&eacute;ment y prendre garde, dans les interstices. C&rsquo;&eacute;tait d&eacute;j&agrave; l&agrave; le choix de ne pas restreindre la po&eacute;sie &agrave; un genre mais de retrouver dans &laquo; tout ce qui a une densit&eacute; de langue &raquo; (Claude Royet-Journoud) et donc pas seulement chez un po&egrave;te mais aussi bien un philosophe, un essayiste, un romancier ; chez Nathalie Sarraute ou Georges Perec par exemple, invit&eacute;s dans&nbsp;<em>Po&eacute;sie ininterrompue</em>. Crime de l&egrave;se-majest&eacute; pour les Grands po&egrave;tes ?</p> <p>Alain Veinstein ‒ C&rsquo;est &ccedil;a, je confie &agrave; Claude Royet-Journoud cette &eacute;mission, qui voulait quadriller la grille de la cha&icirc;ne, c&rsquo;est-&agrave;-dire qu&rsquo;on ne pouvait pas y &eacute;chapper. Il y avait chaque jour quatre s&eacute;quences de quatre &agrave; cinq minutes et en fin de semaine, un entretien avec le po&egrave;te de la semaine, le po&egrave;te invit&eacute;. La grande diff&eacute;rence avec beaucoup d&rsquo;&eacute;missions de po&eacute;sie qui se sont faites et qui se font &agrave; la radio, &eacute;tait que le po&egrave;te lui-m&ecirc;me lisait ses textes, et aussi les textes qu&rsquo;il choisissait, repr&eacute;sentatifs un peu de ses r&eacute;f&eacute;rences d&rsquo;&eacute;crivain dans le domaine fran&ccedil;ais ou &eacute;tranger. Et d&rsquo;autre part, le po&egrave;te tel que nous l&rsquo;entendions &eacute;tait un &eacute;crivain soucieux de la densit&eacute; de la parole et de son intensit&eacute;, c&rsquo;est ce souci que nous appelions po&eacute;sie. Mais il pouvait tr&egrave;s bien se trouver chez un prosateur. Par exemple, il y a eu une semaine avec Nathalie Sarraute en effet <a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>, et &agrave; ma connaissance Nathalie Sarraute n&rsquo;a jamais &eacute;crit de po&egrave;me au sens strict du terme, mais pour nous son &eacute;criture &eacute;tait une &eacute;criture po&eacute;tique.</p> <p>Karine Le Bail ‒&nbsp;&Eacute;tait-ce la conception que vous aviez vous aussi de la po&eacute;sie, en tant que po&egrave;te ?</p> <p>Alain Veinstein ‒ Compl&egrave;tement. Je pense que la po&eacute;sie ne d&eacute;missionne jamais, c&rsquo;est-&agrave;-dire qu&rsquo;elle prend le dessus quoi qu&rsquo;il arrive. Quoi qu&rsquo;il arrive. M&ecirc;me si on veut la cacher, l&rsquo;&eacute;touffer, elle prend le dessus, elle finit par prendre le dessus. Si on la chasse, elle revient au galop. Pour moi, c&rsquo;est clair que la po&eacute;sie est au commencement. Je ne l&rsquo;ai pas oubli&eacute;e dans tous les m&eacute;tiers que j&rsquo;ai faits et quand je suis arriv&eacute; &agrave; la radio, que je le veuille ou non c&rsquo;est en po&egrave;te que j&rsquo;ai con&ccedil;u les choses, &agrave; la recherche de cette densit&eacute; et de cette intensit&eacute; dont je vous parlais.</p> <p>Karine Le Bail ‒ L&rsquo;exp&eacute;rience de&nbsp;<em>Po&eacute;sie ininterrompue</em>&nbsp;s&rsquo;est mal termin&eacute;e&hellip;</p> <p>Alain Veinstein ‒ L&rsquo;&eacute;mission s&rsquo;est mal termin&eacute;e c&rsquo;est vrai, au bout de trois ans je crois, parce que la po&eacute;sie&hellip; d&eacute;range toujours. Elle perturbe toujours. Et nous avions, parmi nos plus grands ennemis, surtout des po&egrave;tes ! Des po&egrave;tes qui n&rsquo;&eacute;taient pas invit&eacute;s, mais qui avaient eux aussi les pieds sur terre, et se r&eacute;pandaient dans les cabinets minist&eacute;riels, &agrave; l&rsquo;Assembl&eacute;e nationale, etc., de telle sorte que, au bout d&rsquo;un moment, la pr&eacute;sidente de Radio France de l&rsquo;&eacute;poque, Jacqueline Baudrier, en a eu assez et nous a demand&eacute; d&rsquo;arr&ecirc;ter l&rsquo;exp&eacute;rience. Il faut dire que certains po&egrave;mes un peu&hellip; os&eacute;s, avaient &eacute;t&eacute; lus &agrave; des heures de grande &eacute;coute et notamment le mercredi qui est le jour des enfants, ce qui fait que nous n&rsquo;avions plus d&rsquo;arguments &agrave; opposer &agrave; cette d&eacute;cision. Elle m&rsquo;a paru quand m&ecirc;me extr&ecirc;mement f&acirc;cheuse, parce que c&rsquo;&eacute;tait tout l&rsquo;esprit de France Culture qui pour moi devait se r&eacute;v&eacute;ler &agrave; travers cette pr&eacute;sence quotidienne de la po&eacute;sie.</p> <p>Karine Le Bail ‒ Vous &ecirc;tes revenu par une autre porte avec&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>,&nbsp; v&eacute;ritable programme d&rsquo;&eacute;missions dans lequel vous avez d&rsquo;embl&eacute;e mis en place, en collaboration avec des journalistes et des &eacute;crivains, d&rsquo;une part des s&eacute;ries de reportages en prise avec le r&eacute;el, avec le monde, de l&rsquo;autre tout un ensemble de magazines o&ugrave; la po&eacute;sie et la parole sur la po&eacute;sie, au sens o&ugrave; vous l&rsquo;entendiez, avaient leur place&hellip;</p> <p>Alain Veinstein ‒ C&rsquo;est vrai que, ne fr&eacute;quentant que des &eacute;crivains depuis longtemps, malgr&eacute; mes premiers pas administratifs &agrave; l&rsquo;ORTF, j&rsquo;ai aussit&ocirc;t voulu travailler avec eux, parce que, tout simplement, nous parlions la m&ecirc;me langue, et que&hellip; on se comprenait &agrave; mi-mot. Donc j&rsquo;ai fait appel, m&ecirc;me dans les quelques programmes r&eacute;alis&eacute;s avant&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, &agrave; des gens plus connus comme &eacute;crivains que comme producteurs de radio et qui pour la plupart d&rsquo;entre eux n&rsquo;en n&rsquo;avaient jamais fait. Je pense ici &agrave; Franck Venaille, qui &eacute;tait dans le programme que je r&eacute;alisais chaque ann&eacute;e &agrave; Avignon pendant le Festival ‒ nous faisions des samedis qui commen&ccedil;aient &agrave; 14h et qui se terminaient &agrave; minuit. Dans ce programme Franck Venaille faisait une s&eacute;quence d&rsquo;une demi-heure appel&eacute;e&nbsp;<em>Magnetic</em>&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>, et c&rsquo;est vrai qu&rsquo;en 1978, quand on a cr&eacute;&eacute;&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, je m&rsquo;en suis souvenu. Il y a eu au moins une quinzaine de titres qu&rsquo;on a tourn&eacute;s dans tous les sens, avec Bruno Sourcis, le tout premier charg&eacute; de r&eacute;alisation du programme, dans la cellule de montage 213 qui nous &eacute;tait affect&eacute;e. On s&rsquo;&eacute;tait arr&ecirc;t&eacute;s d&rsquo;abord sur&nbsp;<em>Les nuits magn&eacute;tiques</em>, pour ensuite raccourcir l&eacute;g&egrave;rement et arriver &agrave;&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>. Le titre s&rsquo;est en quelque sorte impos&eacute; &agrave; nous, parce qu&rsquo;il permettait de renvoyer non seulement &agrave; la bande magn&eacute;tique et au travail qui se faisait &agrave; l&rsquo;&eacute;poque sur la bande magn&eacute;tique, mais aussi &agrave; cette esp&egrave;ce de surprise, de fascination, d&rsquo;attrait, que nous cherchions &agrave; donner &agrave; l&rsquo;auditeur. Nous ne cherchions peut-&ecirc;tre pas &agrave; le &laquo; scotcher &raquo; (le pauvre&nbsp;!), mais au moins &agrave; l&rsquo;&eacute;tonner, en lui donnant &agrave; &eacute;couter quelque chose qu&rsquo;il n&rsquo;avait pas l&rsquo;impression d&rsquo;avoir d&eacute;j&agrave; entendu&hellip; des milliers de fois.</p> <p>Et donc la famille des &eacute;crivains s&rsquo;est agrandie parce que dans&nbsp;<em>Magnetic</em>&nbsp;de Franck Venaille, j&rsquo;ai &eacute;cout&eacute; un jour une voix et je me suis dit : &laquo;&nbsp;C&rsquo;est exactement &ccedil;a qu&rsquo;il nous faut &raquo;. C&rsquo;&eacute;tait la voix d&rsquo;Olivier Kaeppelin, lui aussi po&egrave;te, &eacute;crivain, collaborateur d&rsquo;une revue de l&rsquo;&eacute;poque qui s&rsquo;appelait&nbsp;<em>Exit</em>, une revue de litt&eacute;rature et de peinture. D&egrave;s que je l&rsquo;ai pu j&rsquo;ai appel&eacute; Olivier Kaeppelin pour lui proposer de nous rejoindre, ce qu&rsquo;il a fait. Il y a eu aussi, Jean Daive, plut&ocirc;t po&egrave;te on va dire, et surtout quelqu&rsquo;un qui a un regard comme peu de gens en ont, qui sait voir imm&eacute;diatement la chose que vous n&rsquo;avez pas vue. Ce pourquoi je lui ai propos&eacute; de faire dans&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;une &eacute;mission consacr&eacute;e &agrave; l&rsquo;actualit&eacute; de la peinture, des arts visuels en g&eacute;n&eacute;ral, qui s&rsquo;est appel&eacute;e&nbsp;<em>Peinture fra&icirc;che</em>&hellip; Dans sa relation avec la parole, cette histoire du regard jouait aussi beaucoup. Il y a eu aussi Jean-Pierre Milovanoff. Cela a commenc&eacute; par un entretien que j&rsquo;ai fait avec lui dans une &eacute;mission de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;consacr&eacute;e aux livres qui s&rsquo;appelait&nbsp;<em>Bruits de pages</em>, &laquo; le magazine des livres qui ne font pas de bruit &raquo; <a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>. J&rsquo;ai un jour lu son deuxi&egrave;me roman,&nbsp;<em>Rempart mobile</em>, paru aux &Eacute;ditions de Minuit. Je l&rsquo;ai invit&eacute; et l&agrave; encore j&rsquo;ai pens&eacute; que je ne pouvais pas ne pas lui demander de r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; des projets de radio, ce qu&rsquo;il a fait.</p> <p>Karine Le Bail ‒ On va &eacute;couter ce moment de radio avec Milovanoff [extrait] <a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>. Vous aviez le souvenir, Alain, que c&rsquo;&eacute;tait une longue interview. Elle est en fait tr&egrave;s courte, mais Milovanoff vous a &laquo; tap&eacute; &raquo; dans l&rsquo;oreille : un mois apr&egrave;s je crois ‒ cette interview date de mars ‒ Milovanoff va produire une&nbsp;<em>Nuit magn&eacute;tique</em>.</p> <p>Alain Veinstein ‒ Oui. Je me souviens l&rsquo;avoir re&ccedil;u dans mon bureau, au 6e &eacute;tage, pour qu&rsquo;il me parle de ses id&eacute;es de radio, du projet qu&rsquo;il avait, et&hellip; il a commenc&eacute; &agrave; me raconter le projet comme si c&rsquo;&eacute;tait une histoire. Il &eacute;tait compl&egrave;tement pris dedans. Il ne me regardait plus. Le t&eacute;l&eacute;phone sonnait, quelquefois j&rsquo;&eacute;tais oblig&eacute; de r&eacute;pondre, la porte s&rsquo;ouvrait, des gens montraient la t&ecirc;te et certains racontaient aussi ce qu&rsquo;ils avaient &agrave; raconter, et Milovanoff continuait &agrave; me raconter son projet. Et &ccedil;a c&rsquo;est Milovanoff, quelqu&rsquo;un qui est compl&egrave;tement poss&eacute;d&eacute; par ce qu&rsquo;il raconte. Et &eacute;videmment pour la radio j&rsquo;ai trouv&eacute; que c&rsquo;&eacute;tait pas mal venu. Il faudrait citer aussi Mathieu B&eacute;n&eacute;zet bien s&ucirc;r, Jean-Pierre Ceton, qui a fait des entretiens magnifiques avec Marguerite Duras <a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>, d&rsquo;autres encore.</p> <p>Tous ces &eacute;crivains qui ont travaill&eacute; avec nous n&rsquo;&eacute;taient pas ceux qui occupent la t&ecirc;te des listes de best-sellers, des meilleures ventes dans les journaux. C&rsquo;&eacute;tait tous des gens pour qui la litt&eacute;rature &eacute;tait moins un faire-valoir qu&rsquo;un &laquo; m&eacute;tier d&rsquo;ignorance &raquo;, pour reprendre une expression de Claude Royet-Journoud. C&rsquo;&eacute;tait des po&egrave;tes, et les po&egrave;tes &agrave; chaque page &eacute;crivent la premi&egrave;re page, forc&eacute;ment. Ils faisaient une s&eacute;rie de temps en temps, ils ne pouvaient pas en faire tr&egrave;s souvent. La radio demande un engagement &agrave; corps perdu, un engagement total, de mon point de vue en tout cas, et ils&nbsp;avaient besoin de payer leur loyer &agrave; la fin du mois aussi, de vivre tout simplement, et la radio ne le leur permettait pas. Ce qui fait que progressivement certains ont pris d&rsquo;autres boulots, qui les ont &eacute;loign&eacute;s de la radio, et est venu un moment o&ugrave; le manque d&rsquo;&eacute;crivains s&rsquo;est fait cruellement sentir. Il y a eu quelques exceptions tout de m&ecirc;me. Dont une dans&nbsp;<em>Surpris par la nuit</em>, la seule &eacute;mission vraiment comparable &agrave; celles de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>,&nbsp;puisque au fond&nbsp;<em>Surpris par la nuit</em>&nbsp;a &eacute;t&eacute;, m&ecirc;me plus ou moins chaotique, la poursuite de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>.: je veux parler de Tanguy Viel, un &eacute;crivain qui a fait plusieurs s&eacute;ries, tr&egrave;s int&eacute;ressantes de mon point de vue.</p> <p>Karine Le Bail ‒ Il faut parler aussi de&nbsp;<em>Du jour au lendemain</em>&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>&hellip;</p> <p>Alain Veinstein ‒ Ah !&nbsp;<em>Du jour au lendemain</em>&nbsp;n&rsquo;en parlons pas, parce que si&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;c&rsquo;&eacute;tait mon b&eacute;b&eacute;,&nbsp;<em>Du jour au lendemain</em>&nbsp;c&rsquo;&eacute;tait mon amoureuse <a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a> ! J&rsquo;ai beaucoup aim&eacute;&nbsp;<em>Du jour au lendemain&nbsp;</em>pour sa l&eacute;g&egrave;ret&eacute;:&nbsp;vous &ecirc;tes seul avec un auteur et dans la cabine technique il y a un technicien et un r&eacute;alisateur, c&rsquo;est tout.&nbsp;Il&nbsp;n&rsquo;y avait pas tout cet appareil de la radio derri&egrave;re moi, si lourd quand vous faites une &eacute;mission comme les&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, avec ses contraintes administratives, techniques, etc. C&rsquo;est tr&egrave;s lourd et on passe beaucoup de temps &agrave; r&eacute;gler des probl&egrave;mes qui n&rsquo;ont absolument rien &agrave; voir avec le programme que vous voudriez faire. Avec&nbsp;<em>Du jour au lendemain</em>&nbsp;c&rsquo;&eacute;tait une autre histoire.</p> <p>Karine Le Bail ‒ On va peut-&ecirc;tre terminer notre entretien sur ce propos nostalgique&hellip;</p> <p>Alain Veinstein ‒ Vous savez ce que me disaient mes invit&eacute;s de&nbsp;<em>Du jour au lendemain</em>, en sortant du studio&nbsp;? La plupart du temps ils me disaient&nbsp;: &laquo;&nbsp;J&rsquo;ai l&rsquo;impression de n&rsquo;avoir rien dit !&nbsp;&raquo;&nbsp;<em>(silence)</em>&nbsp;Quelquefois c&rsquo;est quand on finit que tout commence&hellip;</p> <h2><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h2> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a> Cet entretien a eu lieu &agrave; la SCAM (Paris) le 4 octobre 2018, en ouverture d&rsquo;un colloque consacr&eacute; &agrave; l&rsquo;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique</em>&nbsp;et &agrave;&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>.<br /> <a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a> Sur cette &eacute;mission diffus&eacute;e du 7 avril 1975 au 1er avril 1979, on lira avec profit l&rsquo;article d&rsquo;Abigail Lang, &laquo;&nbsp;&ldquo;Bien ou mal lire, telle n&rsquo;est pas la question&rdquo; :&nbsp;<em>Po&eacute;sie ininterrompue</em>, archives sonores de la po&eacute;sie&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>Po&eacute;sie sur les ondes. La voix des po&egrave;tes-producteurs &agrave; la radio</em>, Pierre-Marie H&eacute;ron, Marie Joqueviel-Bourjea, C&eacute;line Pardo (dir.), Rennes, PUR, &laquo;&nbsp;Interf&eacute;rences&nbsp;&raquo;, 2018, p. 51-62.<br /> <a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a> Du 2 au 8 f&eacute;vrier 1976.<br /> <a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a> 10 &eacute;missions en 1976 (du 17 juillet au 7 ao&ucirc;t), autant en 1977 (du 16 juillet au 6 ao&ucirc;t), le samedi, r&eacute;alisation Bruno Sourcis.<br /> <a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a> V. Galia Yanoshevsky, &laquo;&nbsp;<a href="https://komodo21.numerev.com/articles/revue-8/3089-l-entretien-litteraire-dans-bruits-de-pages-veinstein-avant-veinstein">L&rsquo;entretien litt&eacute;raire dans&nbsp;<em>Bruits de pages</em></a>. Veinstein avant Veinstein &raquo;,&nbsp;<em>Komodo 21</em>, 8 | 2018 : &laquo; L&rsquo;entretien d&rsquo;&eacute;crivain &agrave; la radio (France, 1960-1985) &raquo;.<br /> <a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;<em>Bruits de pages</em>&nbsp;du 1er mars 1978.<br /> <a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a> 5 &eacute;missions quotidiennes, du lundi 27 au vendredi 31 octobre 1980, 22h35-23h. Entretiens publi&eacute;s en 2012 (Paris, Fran&ccedil;ois Bourin &eacute;diteur), dans une version revue.<br /> <a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a> &Eacute;mission associ&eacute;e au programme de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;&agrave; partir de 1985, qu&rsquo;elle prolonge jusqu&rsquo;&agrave; une heure du matin; arr&ecirc;t&eacute;e en 2014 malgr&eacute; son auteur, lequel, emp&ecirc;ch&eacute; de faire ses adieux au micro, les a publi&eacute;s dans&nbsp;<em>Du jour sans lendemain</em>&nbsp;(Paris, Seuil, 2014).<br /> <a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a> Alain Veinstein raconte son p&eacute;riple radiophonique dans&nbsp;<em>Radio sauvage</em>&nbsp;(2010).&nbsp;<em>L&rsquo;intervieweur</em>&nbsp;(2002) propose une version &laquo; roman &raquo; de l&rsquo;activit&eacute; m&ucirc;rie dans&nbsp;<em>Du jour au lendemain</em>.</p> <h3>Auteur</h3> <p>Po&egrave;te, dans les parages amicaux d&rsquo;Yves Bonnefoy, Andr&eacute; du Bouchet et Jacques Dupin d&rsquo;abord, puis de &laquo; nouveaux venus&rdquo; en po&eacute;sie comme lui : Anne-Marie Albiach, Claude Royet-Journoud, Pascal Quignard, Jean Daive, Emmanuel Hocquard (animateur de la maison d&rsquo;&eacute;dition Orange Export Ltd.), <strong>Alain Veinstein</strong> est bien connu aujourd&rsquo;hui comme cr&eacute;ateur, &agrave; la radio, des&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;(1978-1998) et de l&rsquo;&eacute;mission d&rsquo;entretiens&nbsp;<em>Du jour au lendemain</em>&nbsp;(1985-2014), deux grands mondes sonores de France Culture longuement &eacute;voqu&eacute;s par lui dans&nbsp;<em>Radio sauvage</em>&nbsp;(Seuil, 2010). C&rsquo;est en 1975 qu&rsquo;il passe du c&ocirc;t&eacute; du micro, apr&egrave;s un d&eacute;but de carri&egrave;re dans l&rsquo;administration de l&rsquo;ORTF (bureau de lecture, direction du personnel, cabinet du pr&eacute;sident), qui de 1972 &agrave; 1974 le fait surtout s&rsquo;occuper de t&eacute;l&eacute;vision. A la dissolution de l&rsquo;ORTF en 1974, Alain Veinstein demande &agrave; rejoindre Radio France puis France Culture et contribue avec Alain Trutat, dans l&rsquo;&eacute;quipe d&rsquo;Yves Jaigu, &agrave; mettre en place la r&eacute;forme des programmes de janvier 1975, dont l&rsquo;indicatif, en quelque sorte, est&hellip; une &eacute;mission de po&eacute;sie diffus&eacute;e quatre fois par jour,&nbsp;<em>Po&eacute;sie ininterrompue</em>. En janvier 1978, d&eacute;sireux de &laquo; jouer la carte du programme et non pas de l&rsquo;&eacute;mission&rdquo;, comme de renouveler &laquo; toute une conception fig&eacute;e du programme et de la parole radiophoniques, de ce qui est audible et de ce qui ne l&rsquo;est pas&rdquo; (<em>Radio sauvage</em>), il cr&eacute;e&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, dont le style, la sensibilit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;poque et la couleur sonore doivent beaucoup &agrave; l&rsquo;&eacute;quipe de r&eacute;alisateurs, techniciens et producteurs de la premi&egrave;re d&eacute;cennie, parmi lesquels Bruno Sourcis, Pamela Doussaud, Josette Colin, Mehdi El Hadj, et les quatre &eacute;crivains intervenant dans ce num&eacute;ro : Franck Venaille, Olivier Kaeppelin, Jean Daive et Jean-Pierre Milovanoff. La coordination du programme est assur&eacute;e par le po&egrave;te de 1978 &agrave; avril 1984 et d&rsquo;octobre 1987 &agrave; ao&ucirc;t 1990&nbsp;; par Laure Adler d&rsquo;avril 1984 &agrave; octobre 1987&nbsp;; par Colette Fellous de septembre 1990 &agrave; juillet 1999. Dans&nbsp;<em>Radio sauvage</em>,&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;est pr&eacute;sent&eacute; comme l&rsquo;&eacute;picentre de toutes les &eacute;missions produites par Veinstein &agrave; c&ocirc;t&eacute; ou apr&egrave;s, qui en sont des d&eacute;clinaisons directes ou indirectes : la matinale&nbsp;<em>Le Go&ucirc;t du jour</em>&nbsp;en 1984,&nbsp;<em>Du jour au lendemain</em>,&nbsp;<em>La Nuit sur un plateau</em>&nbsp;(1985-1987),&nbsp;<em>Acc&egrave;s direct</em>&nbsp;(1994-1996),<em>Toit ouvrant</em>&nbsp;(1996-1997) et surtout&nbsp;<em>Surpris par la nuit</em>&nbsp;(1999-2009), con&ccedil;u comme la &ldquo;nouvelle version de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&rdquo; (<em>Radio sauvage</em>).<br /> &nbsp;</p> <h3><b>Copyright</b></h3> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>