<h3>Abstract</h3> <p>My entry into radio, how do I think about it today, put it into words, what words? I&#39;ve just come out of an eighteen-year tunnel, working as an editor for Laffont-Bompiani&#39;s Dictionnaire des oeuvres. I spend my days cooped up at the Biblioth&egrave;que nationale, reading all the books, and my evenings cooped up at home, analyzing and summarizing the works I&#39;ve read. Immersed in concentration and silence, I experience my voice as a kind of ghost. The very first time Claude Royet-Journoud asked me to talk about D&eacute;cimale blanche, published by Mercure de France in 1967, on his radio program, Po&eacute;sie ininterrompue, I reacted strongly and said: &quot;No. How can I speak again, when I&#39;m so busy? How can I speak again, when I haven&#39;t spoken since the age of 7? Great fear. It was May 1975. In the face of his insistence, which put our friendship at stake, I went to the studio a few weeks later at the appointed time. The forty-minute interview in Po&eacute;sie ininterrompue, which concludes the week of poetry readings, is like a second thought for me. Working with the director, I discover both my voice and the genius of editing; how a voice is recorded and how I can modify it and make it say something else, if not sometimes the opposite.</p> <h2>Keywords<br /> &nbsp;</h2> <p>Alain Veinstein,&nbsp;Jean Daive, magnetic nights,&nbsp;Nathalie Sarraute,&nbsp;Claude Royet-Journoud</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>Mon entr&eacute;e &agrave; la radio, comment y penser aujourd&rsquo;hui, mettre des mots, lesquels ? Je sors d&rsquo;un tunnel de dix-huit ann&eacute;es o&ugrave; je travaille comme r&eacute;dacteur pour le&nbsp;<em>Dictionnaire des &oelig;uvres&nbsp;</em>de Laffont-Bompiani&nbsp;[<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>]. Je passe mes journ&eacute;es enferm&eacute; &agrave; la Biblioth&egrave;que nationale, &agrave; lire tous les livres et mes soir&eacute;es enferm&eacute; chez moi &agrave; faire l&rsquo;analyse et le r&eacute;sum&eacute; des ouvrages lus. Immerg&eacute; dans la concentration et le silence, je vis ma voix comme une sorte de fant&ocirc;me. La toute premi&egrave;re fois o&ugrave; Claude Royet-Journoud me demande de parler de&nbsp;<em>D&eacute;cimale blanche</em>&nbsp;paru au Mercure de France en 1967 dans son &eacute;mission de radio,&nbsp;<em>Po&eacute;sie ininterrompue&nbsp;</em>[<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>], je r&eacute;agis vivement et je dis :&nbsp;<em>non</em>. Comment retrouver la parole, alors que je ne parle plus depuis l&rsquo;&acirc;ge de 7 ans ? Grande peur. Nous sommes en mai 1975. Devant son insistance qui met en jeu notre amiti&eacute;, je me rends au studio quelques semaines plus tard [<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>] &agrave; l&rsquo;heure dite. Je vis dans un v&eacute;ritable &eacute;tat second l&rsquo;entretien de quarante minutes qui dans&nbsp;<em>Po&eacute;sie ininterrompue</em>&nbsp;ach&egrave;ve la semaine de lectures de po&egrave;mes et, en travaillant avec le r&eacute;alisateur, je d&eacute;couvre &agrave; la fois ma voix et le g&eacute;nie du montage ; comment une voix est enregistr&eacute;e et comment je peux la modifier et lui faire dire autre chose, sinon parfois le contraire.</p> <p>&Agrave; la m&ecirc;me &eacute;poque, Alain Veinstein se trouve en charge des grands entretiens &agrave; France Culture [<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>] et me confie le soin de les moderniser. Fini le salon, les fauteuils profonds, les entretiens lus par Andr&eacute; Breton ou Pierre Jean Jouve&nbsp;: il faut inventer une autre forme, celle des conditions du direct [<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>]. &Eacute;videmment c&rsquo;est ignorer ou m&eacute;sestimer l&rsquo;influence d&rsquo;un conseiller redoutable aupr&egrave;s de la direction en la personne d&rsquo;Alain Trutat&nbsp;: celui-ci continue &agrave; imposer sa conception de la radio, donc des conditions du montage. Deux visions s&rsquo;affrontent &ndash; l&rsquo;une est dispendieuse et formelle, l&rsquo;autre &eacute;conome et plus vraie. Aujourd&rsquo;hui l&rsquo;&eacute;poque est &agrave; l&rsquo;apaisement et mise en principe sur les conditions du direct. Je propose trois noms : Georges Perros&nbsp;[<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>], &agrave; l&rsquo;&eacute;poque peu connu, il publie un po&egrave;me saisissant dans un num&eacute;ro de&nbsp;<em>la NRF</em>, &laquo;&nbsp;Kenavo&nbsp;&raquo;, premier des<em>&nbsp;Po&egrave;mes bleus</em>&nbsp;&ndash;&nbsp;Franck Venaille [<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>], dont je d&eacute;couvre peu auparavant&nbsp;<em>Caballero H&ocirc;tel&nbsp;</em>aux &eacute;ditions de Minuit&nbsp;[<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>], et fais circuler, qui r&eacute;invente le r&eacute;cit au moyen de l&rsquo;&eacute;criture parl&eacute;e et du cin&eacute;ma, comme l&rsquo;avait pens&eacute; Pierre Jean Jouve avec&nbsp;<em>Aventure de Catherine Crachat</em>&nbsp;&ndash; Bernard No&euml;l, avec qui j&rsquo;enregistre dix entretiens, dont les cinq derniers sont programm&eacute;s dans les&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;[<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>].</p> <p>Je suis donc entr&eacute; &agrave; la radio par le biais de&nbsp;<em>Po&eacute;sie ininterrompue</em>&nbsp;et des grands entretiens, en me passionnant pour les exp&eacute;riences du son, du bruit, du ton, de l&rsquo;accent, de la voix, du questionnement (pas de l&rsquo;&eacute;coute ou de l&rsquo;attention parce que je suis n&eacute; en m&ecirc;me temps) et du montage. Je pense entre autres &agrave; une &eacute;mission consacr&eacute;e en 1976 &agrave; Roger Giroux, grand po&egrave;te contemporain mort deux ans plus t&ocirc;t, commande d&rsquo;Alain Trutat. L&rsquo;id&eacute;e est celle-ci&nbsp;: initier une table ronde, de la d&eacute;manteler ou plus pr&eacute;cis&eacute;ment la d&eacute;structurer et de la reconstruire. Enfin dans les&nbsp;<em>cuts</em>&nbsp;introduire quelques secondes d&rsquo;un m&ecirc;me passage de Bach&nbsp;[<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>]. L&rsquo;&eacute;mission &eacute;tonne les professionnels de la Maison. Elle est rediffus&eacute;e deux fois, et inspire au directeur de l&rsquo;&eacute;poque, Yves Jaigu, cette parole presque utopique : &laquo; Pour vous, Jean, il y aura toujours du travail. &raquo; Ma passion est communicative.</p> <p>Il y a deux ou trois viviers qui annoncent les&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, o&ugrave; Alain Veinstein a puis&eacute;.</p> <p>Le premier s&rsquo;appelle&nbsp;<em>Po&eacute;sie ininterrompue</em>, &eacute;mission de po&eacute;sie au sens tr&egrave;s large et de pens&eacute;e. Pour Claude Royet-Journoud est po&egrave;me tout ce qui a une densit&eacute; de langue. Cette densit&eacute; se trouve dans l&rsquo;&eacute;criture m&ecirc;me d&rsquo;un historien ou d&rsquo;un sociologue ou d&rsquo;un philosophe. Il est &agrave; remarquer que cette langue est celle des mots et celle des images.&nbsp;<em>Po&eacute;sie ininterrompue</em>&nbsp;accueille sur un m&ecirc;me plan Jean-Fran&ccedil;ois Bory (po&egrave;te, photographe, performeur)&nbsp;[<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>], Jean Le Gac (&eacute;crivain, peintre, photographe)&nbsp;[<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>], Alain Robbe-Grillet (romancier, cin&eacute;aste)&nbsp;[<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">|13]</a>]. Claude Royet-Journoud s&rsquo;appuie sur l&rsquo;exemple d&rsquo;un pr&eacute;d&eacute;cesseur, Cid Corman, po&egrave;te am&eacute;ricain, fondateur d&rsquo;une revue essentielle,&nbsp;<em>Origin</em>&nbsp;‒ nous sommes n&eacute;s de cette revue cr&eacute;&eacute;e dans les ann&eacute;es 1950&nbsp;[<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>], elle publie alors Ezra Pound, Louis Zukofsky, George Oppen, Robert Creeley, Lorine Niedecker, William Carlos Williams. Il vit &agrave; Kyoto, vend des glaces &agrave; l&rsquo;entr&eacute;e des temples. Cid Corman, auparavant, anime aux USA une &eacute;mission de radio &agrave; Boston, il invite les po&egrave;tes &agrave; lire leurs textes, soit en studio, soit au t&eacute;l&eacute;phone quand ils n&rsquo;ont pas la possibilit&eacute; de se d&eacute;placer ‒ c&rsquo;est ainsi que nous avons des lectures au t&eacute;l&eacute;phone de Allen Ginsberg et Jack Kerouac&nbsp;[<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>] !&nbsp;<em>Po&eacute;sie ininterrompue</em>&nbsp;a ouvert largement notre conception de la po&eacute;sie, et pour Alain Veinstein, cette ouverture a &eacute;t&eacute; d&rsquo;une grande force.</p> <p>Le deuxi&egrave;me vivier s&rsquo;appelle&nbsp;<em>Avignon ultra-son</em>, un programme sp&eacute;cial de France Culture produit par Alain Veinstein deux &eacute;t&eacute;s de suite, en 1977 et 1978, sur une enveloppe d&rsquo;heures qu&rsquo;il avait eu la bonne id&eacute;e de proposer &agrave; Yves Jaigu et qu&rsquo;il avait obtenue. Parmi les producteurs d&rsquo;<em>Avignon ultra-son</em>, nous retrouvons les principales voix des d&eacute;buts de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, Franck Venaille, Olivier Kaeppelin, Jean-Pierre Milovanoff et moi-m&ecirc;me&nbsp;[<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>]. Quelle est l&rsquo;originalit&eacute; d&rsquo;<em>Avignon ultra-son&nbsp;</em>? Certainement de reprendre l&rsquo;un des mots d&rsquo;ordre de Louis Althusser&nbsp;: Il n&rsquo;y a pas de sujet. Il n&rsquo;y a pas de sujet donn&eacute;. Il n&rsquo;y a pas de sujet format&eacute;. Le sujet est ici et maintenant, ce que je crois profond&eacute;ment. Alain Veinstein nous offre comme sc&egrave;ne le&nbsp;<em>Festival sans sujet&nbsp;</em>: il y a le cadre du Festival, les auteurs, les pi&egrave;ces, les com&eacute;diens, les spectateurs, la ville et ses diff&eacute;rents lieux prestigieux et pas de sujet pr&eacute;d&eacute;termin&eacute;, de sorte qu&rsquo;au d&eacute;but, nous faisons nos reportages avec&nbsp;<em>rien</em>, nous apprenons chacun &agrave; travailler &agrave; notre fa&ccedil;on, sans autre appui que les r&eacute;alisateurs qui nous accompagnent, dont l&rsquo;attention et les critiques sont extr&ecirc;mement bienvenues. C&rsquo;est l&agrave; vraiment que l&rsquo;alchimie de l&rsquo;esprit d&rsquo;&eacute;quipe oblige chacun &agrave; s&rsquo;identifier. Je me souviens d&rsquo;un moment de crise au cours d&rsquo;une r&eacute;union en fin d&rsquo;apr&egrave;s-midi. Alain Veinstein constate un abattement g&eacute;n&eacute;ral. Il nous dit&nbsp;: &laquo;&nbsp;N&rsquo;oubliez pas que je suis votre m&egrave;re &agrave; tous et &agrave; toutes.&nbsp;&raquo; Formule magique, elle fait office de pacte. Il faut insister, travailler avec&nbsp;<em>rien&nbsp;</em>permet a la narration de commencer, puisque la narration, &agrave; la radio, est ce qui fait parler la parole. Et la parole se communique en ouvrant la bouche. Cette &eacute;vidence aux yeux d&rsquo;un &ecirc;tre mutique n&rsquo;est pas toujours aussi simple.</p> <p>Le troisi&egrave;me vivier, il faut bien l&rsquo;admettre m&ecirc;me s&rsquo;il y a beaucoup de d&eacute;ni de notre part, s&rsquo;appelle l&rsquo;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique</em>&nbsp;d&rsquo;Alain Trutat, qui existe depuis 1969. Si un jour quelqu&rsquo;un a l&rsquo;id&eacute;e de publier la premi&egrave;re ann&eacute;e de programmation de l&rsquo;ACR, il constatera combien elle est incroyable ! Les USA avec New-York, Los Angeles, San Francisco et Londres, Rome, D&uuml;sseldorf, Bruxelles, Amsterdam&hellip; L&rsquo;ACR nous entra&icirc;ne partout. Imaginez : Alain Trutat r&eacute;ussit &agrave; transformer un artiste solitaire que j&rsquo;aime, Marcel Broodthaers, en reporter ‒ je pense &agrave; une performance de James Lee Byars comment&eacute;e par Marcel Broodthaers, d&rsquo;une pr&eacute;cision et d&rsquo;une intensit&eacute; inou&iuml;es&nbsp;[<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>]&hellip; Sans doute sommes-nous contrari&eacute;s par l&rsquo;ACR aux&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, et le d&eacute;pit nous a pouss&eacute;s &agrave; choisir un ailleurs, afin de nous d&eacute;marquer ostensiblement, d&rsquo;explorer des voies vraiment diff&eacute;rentes, c&rsquo;est-&agrave;-dire l&rsquo;inconnu (sans sujet). L&rsquo;ACR est ce qu&rsquo;il ne faut pas faire.</p> <p>Qu&rsquo;ai-je fait aux&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;? Alain Veinstein est vraiment un fr&egrave;re humain. Nous sommes proches et partageons les id&eacute;es comme des affinit&eacute;s toutes beckettiennes, et d&egrave;s la premi&egrave;re ann&eacute;e il me confie un magazine de l&rsquo;image,&nbsp;<em>Peinture fra&icirc;che</em>&nbsp;(le titre venait de lui), tandis qu&rsquo;il prend la direction d&rsquo;un magazine litt&eacute;raire,&nbsp;<em>Bruits de pages</em>. C&rsquo;est un magazine d&rsquo;une heure et demie, diffus&eacute; une fois par mois le jeudi, qui a dur&eacute; deux ans&nbsp;[<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>]. Vu le succ&egrave;s des&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, Alain Veinstein a par la suite l&rsquo;id&eacute;e, &agrave; l&rsquo;automne 1980, de regrouper tous les magazines en une seule s&eacute;rie hebdomadaire du lundi au vendredi,&nbsp;<em>Risques de turbulence</em>, o&ugrave; tous les th&egrave;mes sont abord&eacute;s, du sport aux arts, de la po&eacute;sie &agrave; la photographie, de la cuisine &agrave; la philosophie&nbsp;[<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>]. Grand moment d&rsquo;effervescence et d&rsquo;&eacute;change, car chacun est en direct &agrave; 22h30 dans le studio. Tr&egrave;s forte proximit&eacute; de pens&eacute;e. Apr&egrave;s&nbsp;<em>Peinture fra&icirc;che</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Risques de turbulence</em>, j&rsquo;ai particip&eacute; &agrave; plusieurs autres magazines parl&eacute;s comme&nbsp;<em>Sans image</em>,&nbsp;<em>Futur ant&eacute;rieur</em>,&nbsp;<em>Bonsoir la compagnie</em>, et quelques autres, jusque vers 1983.</p> <p>J&rsquo;aime informer, construire, r&eacute;aliser&nbsp;<em>Peinture fra&icirc;che</em>&nbsp;et transmettre la vitesse de reportage, puis&nbsp;<em>Risques de turbulence</em>, l&rsquo;&eacute;mission &laquo;&nbsp;verticale&nbsp;&raquo; d&rsquo;une heure et demie. En m&ecirc;me temps je m&egrave;ne toute une s&eacute;rie d&rsquo;activit&eacute;s dans le domaine du documentaire, du r&eacute;cit et dans l&rsquo;exp&eacute;rimentation du reportage.&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, selon moi correspond au r&eacute;el et je bascule plus tard dans&nbsp;<em>Le Pays d&rsquo;ici</em>, parce qu&rsquo;il est en un sens le contraire des&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, et que je veux vivre la mesure de la r&eacute;alit&eacute;&nbsp;[<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>]. Le r&eacute;el, est essentiellement celui du langage et c&rsquo;est l&agrave; qu&rsquo;un &eacute;crivain a un r&ocirc;le &agrave; jouer. Pour la s&eacute;rie sur Belleville en 1978 par exemple, un de mes premiers reportages&nbsp;[<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>], ou celle sur la Goutte d&rsquo;Or en 1979&nbsp;[<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>], l&rsquo;oeuvre de Nathalie Sarraute m&rsquo;a beaucoup servi. Faire parler les inconnus&nbsp;[<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>] &agrave; partir d&rsquo;un mot, arrive &agrave; la m&ecirc;me sensation de remont&eacute;e de la parole, presque chorale, que celle obtenue par Sarraute &eacute;crivant sur les tropismes suscit&eacute;s par des mots ou les suscitant&nbsp;[<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>]. Cela ne va pas de soi de penser &agrave; Sarraute dans les ann&eacute;es 1970 : mal vue, mal per&ccedil;ue, mal lue aussi ‒ ou lue &agrave; c&ocirc;t&eacute; de Duras qui a une aura consid&eacute;rable. Aujourd&rsquo;hui les choses sont plus claires. Je suis alors d&eacute;sireux de produire une parole&nbsp;<em>concertante</em>&nbsp;[<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>] ‒ hors de toute lutte de classes. Personnellement la lutte des classes n&rsquo;existe pas au niveau de la parole. Dans la s&eacute;rie sur Belleville, le mot qui a permis d&rsquo;avoir ce concert, le mot &laquo;&nbsp;Christ &raquo;. Il s&rsquo;adresse &agrave; toutes les confessions, et provoque un succ&egrave;s consid&eacute;rable, y compris aupr&egrave;s des enfants, qui ont vu &agrave; l&rsquo;&eacute;cole&nbsp;<em>Ben-Hur</em>&nbsp;par exemple. Je vis tout un mois &agrave; Belleville, en rep&eacute;rage, avant les premiers reportages. Je passe mes journ&eacute;es et mes nuits &agrave; enregistrer les riens, les sons, comme le bruit des semelles qui tra&icirc;nent la nuit (beaucoup d&rsquo;hommes, &agrave; Belleville, marchent en pantoufles). J&rsquo;ai beaucoup travaill&eacute; dans l&rsquo;<em>infra</em>, en interrogeant les glissements, comme dans le monde de Nathalie Sarraute.</p> <p>Autre remarque. Enfant, j&rsquo;apprends le piano. J&rsquo;apprends &agrave; en jouer en &eacute;coutant Walter Gieseking &nbsp;: il m&rsquo;apprend comment ne pas frapper la note imp&eacute;rativement, mais n&eacute;gativement en jouant l&rsquo;attente et m&ecirc;me son h&eacute;sitation. L&rsquo;attente de la note &agrave; jouer. L&rsquo;attente de la note est la note elle-m&ecirc;me. Walter Gieseking joue Robert Schumann &agrave; la mani&egrave;re d&rsquo;une conversation concertante et d&eacute;concert&eacute;e. Car les silences annoncent la note &agrave; frapper. Entendez la note. Attendez la note. Entendez l&rsquo;attente. C&rsquo;est aussi l&rsquo;art de Marguerite Duras qui m&egrave;ne en m&ecirc;me temps l&rsquo;entretien et le non entretien. Le silence, le blanc, l&rsquo;attente ne cessent de ponctuer, pointer le sens. Dire&nbsp;un mot est d&rsquo;abord en &eacute;noncer son absence.</p> <p>Il y a &agrave; ce propos un autre aspect de la parole qui m&rsquo;int&eacute;resse, ce que je veux appeler le&nbsp;<em>lat&eacute;ral</em>. D&egrave;s la s&eacute;rie sur la Goutte d&rsquo;Or, j&rsquo;aime provoquer des entretiens dans des voitures &agrave; l&rsquo;arr&ecirc;t ou lanc&eacute;es &agrave; grande vitesse pour mesurer l&rsquo;allure de la parole plus libre, plus r&ecirc;veuse sans grammaire ou sans contrainte mais aussi plus confidente. Sensation de mouvement analys&eacute; dans une voiture, m&ecirc;me immobile, ou&nbsp;<em>r&ecirc;ve de mouvement</em>&nbsp;en quelque sorte, qui facilite la parole, les aveux. La voiture permet aussi de&nbsp;<em>biaiser</em>, de se parler lat&eacute;ralement, oreille contre oreille si je puis dire, de pratiquer l&rsquo;art de la parole perdue mais malgr&eacute; tout l&eacute;g&egrave;rement dirig&eacute;e. Et lat&eacute;ralement, par rapport &agrave; la parole, est mieux que frontalement. Les femmes le savent tr&egrave;s bien&nbsp;: un micro plac&eacute; frontalement les met mal &agrave; l&rsquo;aise, elles vous font comprendre que le micro doit s&rsquo;&eacute;loigner du corps, qu&rsquo;il y a une zone &agrave; ne pas franchir. Je le comprends tr&egrave;s bien. J&rsquo;aime faire ce travail d&rsquo;arpenteur du sens secret ou cach&eacute;, que j&rsquo;aide &agrave; advenir au-dehors, &agrave; se formuler par l&rsquo;&eacute;coute bienveillante et l&rsquo;attention.</p> <p>Parler, c&rsquo;est d&rsquo;abord ouvrir la bouche. Rien n&rsquo;est un droit. J&rsquo;insiste. Car Bruno Sourcis ou Pamela Doussaud r&eacute;alisateurs &ndash; asserment&eacute;s &ndash; de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;avec lesquels je travaille souvent, m&rsquo;apprennent tous les deux &agrave; &ecirc;tre un corps devant le micro, et &agrave; en approcher des l&egrave;vres&nbsp;: comment pincer les mots, comment ouvrir les mots, comment articuler, comment &eacute;noncer, comment &eacute;carter les l&egrave;vres. Comment &ecirc;tre&nbsp;<em>devant</em>&nbsp;le micro. Je travaille beaucoup avec Pamela Doussaud, et je veux lui rendre hommage ici de son travail exceptionnel. Elle est l&rsquo;exception avec quelques autres dont Fran&ccedil;ois Br&eacute;hinier dans la ma&icirc;trise du temps, comme je le v&eacute;rifie &agrave; chaque fois que j&rsquo;arrive avec mes bobineaux de reportages, qu&rsquo;elle doit monter a la derni&egrave;re minute. J&rsquo;ai vu Pamela Doussaud, lors de la diffusion d&rsquo;&eacute;missions d&rsquo;une heure et demie, confier la moiti&eacute; de l&rsquo;&eacute;mission pendant qu&rsquo;elle finit l&rsquo;autre moiti&eacute; ! Je suis t&eacute;moin et j&rsquo;apprends ce qu&rsquo;est l&rsquo;acc&eacute;l&eacute;ration, la r&eacute;p&eacute;tition toujours juste des gestes, r&eacute;p&eacute;t&eacute;s &agrave; un niveau d&rsquo;&eacute;nergie lui aussi toujours efficace.</p> <p>&Eacute;crire, travailler pour soi, essayer de se rencontrer et de conna&icirc;tre &laquo;&nbsp;qui je suis&nbsp;&raquo;. Beaucoup de retard &agrave; la naissance, et je me suis servi tout d&rsquo;abord de l&rsquo;Encyclop&eacute;die puis de la radio pour avancer &agrave; mon rythme. La r&eacute;alit&eacute; est la suivante : entrer dans les&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, et &ecirc;tre en phase avec l&rsquo;&eacute;poque, rendre accessibles les sons d&rsquo;une rue plut&ocirc;t que les mots d&rsquo;une rue ou d&rsquo;un trottoir, ou d&rsquo;une ville. Quelles conversations ! Celles de l&rsquo;&eacute;poque, celles d&rsquo;un pont &agrave; traverser, celles d&rsquo;un terrain vague ou des friches que fr&eacute;quentent d&eacute;linquants, amoureux en mal d&rsquo;identit&eacute;, laiss&eacute;s pour compte, clochards, bless&eacute;s &agrave; vie. Conversations faites de tous ces riens qui se disent dans la foule, dans la ville, dans un caf&eacute;. Je me suis enferm&eacute; dix-huit ans dans la lecture et j&rsquo;ai voulu en sortir par le monde, celui du son, de la conversation, de la vie qui ne cesse d&rsquo;improviser. Cela m&rsquo;a d&eacute;port&eacute; du livre. La passion a gagn&eacute; l&rsquo;&eacute;criture en &eacute;cho de la parole.</p> <h2><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h2> <p><em>Notes ajout&eacute;es par les &eacute;diteurs.</em></p> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;<em>Dictionnaire des &oelig;uvres de tous les temps et de tous les pays</em>, Laffont- Bompiani. De 1958 &agrave; 1975, Jean Daive est employ&eacute; par la S.E.D.E. (Soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;&eacute;ditions de dictionnaires et d&rsquo;encyclop&eacute;dies), domicili&eacute;e 5 rue S&eacute;bastien-Bottin, si&egrave;ge des &eacute;ditions Gallimard, comme r&eacute;dacteur puis r&eacute;dacteur en chef, &agrave; la r&eacute;daction de ce Dictionnaire.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;Sur cette &eacute;mission diffus&eacute;e du 7 avril 1975 au 1er avril 1979, v. Abigail Lang, &laquo;&nbsp;&ldquo;Bien ou mal lire, telle n&rsquo;est pas la question&rdquo;&nbsp;:&nbsp;<em>Po&eacute;sie ininterrompue</em>, archives sonores de la po&eacute;sie&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>Po&eacute;sie sur les ondes. La voix des po&egrave;tes-producteurs &agrave; la radio</em>, Pierre-Marie H&eacute;ron, Marie Joqueviel-Bourjea, C&eacute;line Pardo (dir.), Rennes, PUR, &laquo;&nbsp;Interf&eacute;rences&nbsp;&raquo;, 2018, p. 51-62.</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a>&nbsp;Semaine du lundi 2 au dimanche 8 juin 1975. Lectures de po&egrave;mes pris dans&nbsp;<em>D&eacute;cimale blanche&nbsp;</em>(1967),&nbsp;<em>F&ucirc;t b&acirc;ti</em>&nbsp;(1973),&nbsp;<em>Le Jeu des s&eacute;ries sc&eacute;niques&nbsp;</em>(1976). Entretien du dimanche avec Claude Royet-Journoud et Anne-Marie Albiach. La semaine pr&eacute;c&eacute;dente, du 26 mai au 1er juin 1975, &eacute;tait consacr&eacute;e &agrave; Bernard No&euml;l&nbsp;; la semaine suivante &agrave; Jean Laude.</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>&nbsp;Dans le cadre de la r&eacute;forme des programmes de&nbsp;<em>France Culture&nbsp;</em>mise en &oelig;uvre &agrave; partir du lundi 7 avril 1975,<em>&nbsp;</em>cons&eacute;cutive &agrave; la dissolution de l&rsquo;ORTF (1974). De la naissance de la cha&icirc;ne &agrave; la r&eacute;forme de 1984, on d&eacute;nombre plus de 200 s&eacute;ries de &laquo;&nbsp;grands entretiens&nbsp;&raquo;, ou entretiens-feuilletons, genre n&eacute; sous l&rsquo;impulsion de Jean Amrouche &agrave; la fin des ann&eacute;es 1940. S&rsquo;il a donn&eacute; lieu dans les ann&eacute;es cinquante &agrave; des s&eacute;ries allant jusqu&rsquo;&agrave; 40 &eacute;pisodes, le format le plus courant est, jusqu&rsquo;en d&eacute;cembre 1972, de six &eacute;missions de 15 &agrave; 20 minutes<em>,&nbsp;</em>hebdomadaires ou pluri-hebdomadaires jusqu&rsquo;en 1969, quotidiennes ensuite (lundi-samedi). &Agrave; partir de janvier 1973, on passe &agrave; 5 &eacute;missions quotidiennes de 15 mn en journ&eacute;e (lundi-vendredi). La r&eacute;forme d&rsquo;avril 1975 maintient les 5 &eacute;missions quotidiennes du lundi au vendredi, mais les allonge &agrave; 25-30 mn et les fait passer en soir&eacute;e.</p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a>&nbsp;Notons que la r&eacute;forme du style des grands entretiens en 1975 et apr&egrave;s n&rsquo;est pas toujours all&eacute;e dans le sens de plus de direct, mais souvent de plus de montage, jusqu&rsquo;au d&eacute;membrement de la conversation d&rsquo;origine, comme on le voit dans les s&eacute;ries Georges Perros/Jean Daive (1975) et Jean Tortel / Joseph Guglielmi assist&eacute; de Liliane Giraudon (1976) &eacute;tudi&eacute;es par&nbsp;<a href="https://komodo21.numerev.com/articles/revue-8/3081-georges-perros-jean-daive-au-miroir-de-la-radio">C&eacute;line Pardo</a>&nbsp;et&nbsp;<a href="https://komodo21.numerev.com/articles/revue-8/3082-un-assez-satisfaisant-brouillon-entretiens-avec-jean-tortel-france-culture-1976">Catherine Soulier</a>&nbsp;dans &laquo;&nbsp;L&rsquo;entretien d&rsquo;&eacute;crivain &agrave; la radio (France, 1960-1985)&nbsp;&raquo;, Pierre-Marie H&eacute;ron, David Martens (dir.),&nbsp;<em>Komodo 21</em>, 8 | 2018.</p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;Entretiens diffus&eacute;s du lundi 16 au vendredi 20 f&eacute;vrier 1976 dans la collection&nbsp;<em>Entretiens avec</em>, France-Culture, 22h35-23h. 5 &eacute;missions quotidiennes de 25 mn, avec la participation de Jean-Marie Gibbal et de Mich&egrave;le Cohen pour les lectures.</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a>&nbsp;Entretiens du lundi 3 au vendredi 7 mai 1976 dans la collection&nbsp;<em>Entretiens avec</em>, France-Culture, 22h35-23h. 5 &eacute;missions quotidiennes de 25 mn, avec la participation de Michael Lonsdale (lectures). La s&eacute;rie vient apr&egrave;s deux autres &eacute;missions d&rsquo;entretiens de Jean Daive avec le po&egrave;te&nbsp;: la premi&egrave;re le 4 juillet 1975 pour&nbsp;<em>Po&eacute;sie ininterrompue</em>, apr&egrave;s une semaine consacr&eacute;e au po&egrave;te du 23 au 29 juin&nbsp;; la seconde le 21 avril 1976, pour la collection&nbsp;<em>Biographie</em>&nbsp;(environ 1h30).</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a>&nbsp;Paris, &Eacute;ditions de Minuit, 1974.</p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a>&nbsp;Premi&egrave;re s&eacute;rie diffus&eacute;e dans la collection&nbsp;<em>Entretiens avec</em>, France-Culture, 22h35-23h, du 8 au 12 mai 1978, deuxi&egrave;me s&eacute;rie dans&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;du 10 au 14 juillet 1978.</p> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Lecture de Roger Giroux&nbsp;&raquo;, France Culture, mercredi 3 mars 1976. Jean Daive est aussi le producteur de la semaine de&nbsp;<em>Po&eacute;sie ininterrompue</em>&nbsp;consacr&eacute;e au po&egrave;te du 26 f&eacute;vrier au 4 mars 1979 (entretien du dimanche avec Jean Laude et Jacques Roubaud).</p> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a>&nbsp;Semaine du 20 au 26 juin 1977.</p> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a>&nbsp; Semaine du 1er au 7 mai 1978.</p> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a>&nbsp;Semaine du 6 au 12 octobre 1975.</p> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a>&nbsp;Revue publi&eacute;e de 1951 &agrave; 1986, avec des interruptions. Sur le po&egrave;te, v. Gregory Dunne, &laquo;&nbsp;On Cid Corman&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Kyoto Journal</em>, novembre 2011 (en ligne&nbsp;<a href="https://kyotojournal.org/fiction-poetry/getting-the-secret-out-of-cid-corman/">ici</a>).</p> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a>&nbsp;&Eacute;mission hebdomadaire intitul&eacute;e&nbsp;<em>This Is Poetry</em>, diffus&eacute;e par WMEX, une station de Boston, et proposant le samedi soir &agrave; 19h30 15 minutes de lecture de po&eacute;sie contemporaine. Cid Corman &eacute;voque cette &eacute;mission dans un article accessible en ligne&nbsp;<a href="http://www.writing.upenn.edu/~afilreis/88/corman-on-radio.html">ici</a>, publi&eacute; dans&nbsp;<em>Poetry magazine</em>&nbsp;en october 1952.</p> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a>&nbsp;Jean Daive propose des &eacute;missions sur Claudel en 1977, Brecht, Beckett et Moli&egrave;re en 1978.</p> <p><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a>&nbsp;ACR du dimanche 27 mai 1979, intitul&eacute; : &laquo;&nbsp;<em>L&rsquo;Ang&eacute;lus</em>&nbsp;de Degas, Marcel Broodthaers : h&eacute;t&eacute;roclite II &raquo;, 25:40 &agrave; 30:40 (&laquo; [&hellip;] Je suis charg&eacute; de vous pr&eacute;senter une exposition de James Lee Byars. La premi&egrave;re exposition sonore sur les ondes de l&rsquo;ORTF. Dans quelques instants, Monique Fran&ccedil;ois pr&ecirc;tera sa voix &agrave; James Lee Byars. Cette exposition durera un tr&egrave;s court instant. [&hellip;]&nbsp;&raquo;). L&rsquo;&eacute;mission reprend un bout de l&rsquo;ACR du 28 juin 1970, &laquo; Sont-ce sons sens&eacute;s ? Sont-ce sons sans Sens ? &raquo;, premi&egrave;re occasion pour Broodthaers de proposer un reportage, autour d&rsquo;une exposition pr&eacute;sent&eacute;e alors &agrave; Bruxelles, Galerie MTL, du 13 mars au 10 avril 1970. Ce &laquo; reportage&nbsp;&raquo; consistait en lectures de notices du catalogue et surtout en l&rsquo;interview, dans la galerie, d&rsquo;une femme restant anonyme, questionn&eacute;e sur des pi&egrave;ces expos&eacute;es et des textes du catalogue.</p> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a>&nbsp;Du 4 octobre 1979 au 31 juillet 1980.</p> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">|19]</a>&nbsp;Avec une exception&nbsp;:&nbsp;<em>Devine qui vient d&icirc;ner ce soir</em>, un magazine de po&eacute;sie rempla&ccedil;ant&nbsp;<em>Bruits de pages</em>, diffus&eacute; le mardi une fois par mois &agrave; partir du 21 octobre 1980 et pr&eacute;sent&eacute; ainsi&nbsp;: &laquo; Alain Veinstein et Claude Royet-Journoud s&rsquo;invitent chez un po&egrave;te et s&rsquo;entretiennent avec lui. Celui-ci lit ses textes et parle avec des lecteurs familiers de son &oelig;uvre.&nbsp;&raquo;</p> <p><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a>&nbsp;&Eacute;mission produite de 1984 &agrave; 1997, &agrave; l&rsquo;initiative de Jean-Marie Borzeix d&egrave;s son arriv&eacute;e &agrave; la direction de la cha&icirc;ne et sous la direction de Laurence Bloch, visant &agrave; faire d&eacute;couvrir un &laquo;&nbsp;pays&nbsp;&raquo; de France par semaine, &agrave; raison de quatre &eacute;missions hebdomadaires de 50 mn diffus&eacute;es en fin d&rsquo;apr&egrave;s-midi. Jean Daive a fait partie de l&rsquo;&eacute;quipe tournante des producteurs.</p> <p><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a>&nbsp;S&eacute;rie &laquo;&nbsp;Le Christ &agrave; Belleville&nbsp;&raquo;, 5 &eacute;missions, France Culture, du 20 au 24 mars 1978.</p> <p><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;La Goutte d&rsquo;Or&nbsp;&raquo;, 4 &eacute;missions, France Culture, 22, 23, 24 et 26 f&eacute;vrier 1979.</p> <p><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a>&nbsp;Nathalie Sarraute a publi&eacute; en 1948&nbsp;<em>Portrait d&rsquo;un inconnu</em>.</p> <p><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a><em>&nbsp;Tropismes</em>, titre du premier livre publi&eacute; par Nathalie Sarraute, en 1939. Le mot est adopt&eacute; par elle pour d&eacute;signer des &laquo;&nbsp;mouvements ind&eacute;finissables qui glissent tr&egrave;s rapidement aux limites de la conscience ; ils sont &agrave; l&rsquo;origine de nos gestes, de nos paroles, des sentiments que nous manifestons, que nous croyons &eacute;prouver et qu&rsquo;il est possible de d&eacute;finir. Ils me paraissaient et me paraissent encore constituer la source secr&egrave;te de notre existence&nbsp;&raquo; (pr&eacute;face &agrave;&nbsp;<em>L&rsquo;&Egrave;re du soup&ccedil;on</em>, 1956). Les capter, les d&eacute;crire, les montrer en action, est au c&oelig;ur de sa d&eacute;marche litt&eacute;raire.</p> <p><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a>&nbsp;Comme fait tr&egrave;s bien Sarraute dans son roman&nbsp;<em>Les Fruits d&rsquo;or&nbsp;</em>(1963), Prix international de litt&eacute;rature en 1964.</p> <h3><strong>Auteur</strong></h3> <p>Proche d&rsquo;Alain Veinstein, cet autre grand silencieux de la radio,&nbsp;qu&rsquo;il rejoint dans ses exp&eacute;riences de programmes sp&eacute;ciaux pr&eacute;c&eacute;dant&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;en 1976, 1977 et 1978 (<em>La r&eacute;alit&eacute; le&nbsp;myst&egrave;re,&nbsp;Avignon ultra-son</em>,&nbsp;<em>Les derniers jours heureux)</em>,&nbsp;<strong>Jean Daive</strong>&nbsp;est de ces po&egrave;tes qui n&rsquo;appartiennent &agrave; aucune &eacute;cole, mais se reconnaissent des affinit&eacute;s fraternelles, comme celles form&eacute;es autour d&rsquo;un &laquo; carr&eacute;&nbsp;&raquo; dont les angles se sont longtemps appel&eacute;s Claude Royet-Journoud, Anne-Marie Albiach, Alain Veinstein et Jean Daive, autour d&rsquo;une maison d&rsquo;&eacute;dition (Orange Export Ltd, &Eacute;ric Pesty &Eacute;diteur&hellip;) ou autour de revues, depuis&nbsp;<em>L&rsquo;Eph&eacute;m&egrave;re&nbsp;</em>(1967-1972) qui accueille ses premiers po&egrave;mes et traductions jusqu&rsquo;aux nombreuses revues qu&rsquo;il a dirig&eacute;es&nbsp;:&nbsp;<em>fragment</em>&nbsp;(1970-1972),&nbsp;&nbsp;<em>fig.&nbsp;</em>(1989-1992),&nbsp;<em>fin</em>&nbsp;(1999-2006) et, depuis 2012,&nbsp;<em>K.O.S.H.K.O.N.O.N.G.&nbsp;</em>Hant&eacute; par le blanc et la parole, simultan&eacute;ment, autant que par l&rsquo;infini souci de la forme et de &laquo; la signification complexe des choses &raquo;, &nbsp;Jean Daive est l&rsquo;auteur de textes, recueils, r&eacute;cits&hellip; (<em>D&eacute;cimale blanche</em>,&nbsp;<em>Jeu des s&eacute;ries sc&eacute;niques&hellip; Le Grand Incendie de l&rsquo;Homme</em>&hellip;), dont certains se sont organis&eacute;s en &laquo; partitions&nbsp;&raquo; (<em>Narration d&rsquo;&eacute;quilibre</em>, 1982-1990&nbsp;;&nbsp;<em>La Condition d&rsquo;infini</em>, 1995-1997&nbsp;;&nbsp;<em>Trilogie du temps</em>, 1999-2001).&nbsp;<em>Anne-Marie Albiach l&rsquo;exact r&eacute;el</em>&nbsp;(&Eacute;ric Pesty &Eacute;diteur),&nbsp;premier livre d&rsquo;entretiens auquel il se risque, en 2006,&nbsp;&nbsp;inscrit dans le travail de l&rsquo;&eacute;crit une tr&egrave;s longue aventure de la parole parl&eacute;e et conversante men&eacute;e &agrave; la radio, tant au sein de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques&nbsp;</em>qu&rsquo;&agrave; c&ocirc;t&eacute;, sous des formes vari&eacute;es: grands entretiens, magazines, reportages, documentaires&hellip; et des formats tout aussi vari&eacute;s, allant jusqu&rsquo;&agrave; cinq heures (sur Herman Melville, William Faulkner, Arthur Rimbaud, Anton Tchekhov&hellip;) voire dix heures d&rsquo;&eacute;mission (sur le &laquo; r&ecirc;ve am&eacute;ricain &raquo;, Franz Kafka, les avant-gardes du XXe si&egrave;cle, Gilles Deleuze&hellip;).&nbsp;&nbsp;Parmi les derniers titres publi&eacute;s :&nbsp;<em>La Troisi&egrave;me</em>&nbsp;(2019),&nbsp;<em>Les journ&eacute;es en Arlequin</em>&nbsp;(2020).</p> <h3><strong>Copyright</strong></h3> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>