<h3>Abstract</h3> <p>What I&#39;ve heard today makes me understand why, however heterogeneous we were in the founding team of <em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, we loved each other, producers, directors and technicians alike. When I heard Jean Daive say earlier that what interested him was choral speech; when he talked about receiving the echo of others within oneself; when he evoked the lateral (which I also talked about in the little film made by Phonurgia Nova for the Festival de l&#39;&eacute;coute 2018), and the fact that it&#39;s won when you no longer feel that the microphone is there, I said to myself that back then we loved each other because we thought a lot of the same things. And yet, if I knew Jean Daive the poet because I read his poetry, I can say that I didn&#39;t write the poetry he wrote at all! Jean&#39;s friendship was very different from that of Franck Venaille, for example, who was a very close friend, a friend from soccer matches in Saint-Ouen, at the Red Star, with whom we went to the stadiums, a friend I admired - I was much younger than him, eleven or twelve years. I wanted to get to know Franck Venaille because he wrote what he wrote, and because I admired the poet. I had expressed my esteem for him, and then we became, with his wife Micha and another person at the time, very close. So it was a different kind of friendship. But there was something common to all of us that passed between us and bound us together.</p> <h2>Keywords<br /> &nbsp;</h2> <p>Alain Veinstein,&nbsp;magnetic nights,&nbsp;Olivier Kaeppelin, miscellaneous&nbsp;facts</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>Ce que j&rsquo;ai entendu aujourd&rsquo;hui me fait comprendre pourquoi, aussi h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes &eacute;tions-nous dans l&rsquo;&eacute;quipe de fondation des&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, on s&rsquo;est aim&eacute;s, producteurs, r&eacute;alisateurs et techniciens. Quand j&rsquo;ai entendu Jean Daive, tout &agrave; l&rsquo;heure, dire que ce qui l&rsquo;int&eacute;ressait, c&rsquo;&eacute;tait la parole chorale&nbsp;; quand il a parl&eacute; de recevoir en soi l&rsquo;&eacute;cho des autres&nbsp;; quand il &eacute;voqu&eacute; le lat&eacute;ral (dont j&rsquo;ai parl&eacute; aussi dans le petit film fait par Phonurgia Nova pour le Festival de l&rsquo;&eacute;coute 2018), et du fait que c&rsquo;est gagn&eacute; quand on ne sent plus que le micro est l&agrave;, je me suis dit qu&rsquo;&agrave; cette &eacute;poque on s&rsquo;aimait parce qu&rsquo;on pensait beaucoup de choses de la m&ecirc;me fa&ccedil;on. Et pourtant, si je connaissais Jean Daive le po&egrave;te parce que je lisais sa po&eacute;sie, je peux dire que je n&rsquo;&eacute;crivais pas du tout la po&eacute;sie qu&rsquo;il &eacute;crivait! Jean, c&rsquo;&eacute;tait une amiti&eacute; tr&egrave;s diff&eacute;rente de celle que j&rsquo;avais avec Franck Venaille par exemple, qui &eacute;tait un ami tr&egrave;s proche, un ami des matches de foot &agrave; Saint-Ouen, au Red Star, avec qui on allait aux stades, un ami que j&rsquo;admirais &ndash; j&rsquo;&eacute;tais beaucoup plus jeune que lui, de onze ou douze ans. Franck Venaille, j&rsquo;ai voulu le conna&icirc;tre parce qu&rsquo;il &eacute;crivait ce qu&rsquo;il &eacute;crivait, parce que j&rsquo;admirais le po&egrave;te. Je lui avait dit mon estime, et ensuite nous &eacute;tions devenus, avec sa femme Micha et une autre personne &agrave; l&rsquo;&eacute;poque, tr&egrave;s proches. C&rsquo;&eacute;tait une autre sorte d&rsquo;amiti&eacute;, donc. Mais il y avait entre nous tous quelque chose de commun qui passait et qui nous liait.</p> <p>Comment cela a-t-il commenc&eacute; en ce qui me concerne&nbsp;?</p> <p>Par Alain Veinstein, dont j&rsquo;aimais &eacute;norm&eacute;ment un livre,&nbsp;<em>R&eacute;p&eacute;tition sur les amas</em>&nbsp;[<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>]. Je connaissais sa po&eacute;sie mais pas la personne. Et un beau jour, par des biais que je ne connais pas &ndash; ou peut-&ecirc;tre par un ethnologue-&eacute;crivain qui le connaissait, Jean-Marie Gibbal, qui a fait un tr&egrave;s beau livre sur les rites de possession au Mali,&nbsp;<em>Tambour d&rsquo;eau&nbsp;</em>[<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>]. J&rsquo;ai re&ccedil;u un coup de fil d&rsquo;Alain Veinstein, qui m&rsquo;a demand&eacute; de venir le voir, pour faire de la radio. C&rsquo;&eacute;tait en 1977. J&rsquo;y suis all&eacute;, et &ccedil;a a &eacute;t&eacute; dr&ocirc;le. J&rsquo;avais fond&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;poque, en 1973, une revue qui disait notre lassitude de la situation, en litt&eacute;rature comme dans la soci&eacute;t&eacute;,&nbsp;<em>Exit&nbsp;</em>[<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>]. Alain Veinstein me dit qu&rsquo;il a lu ma po&eacute;sie, mais je comprends qu&rsquo;il ne l&rsquo;aimait pas beaucoup &ndash; cela a je crois, chang&eacute; depuis ! &ndash; ; qu&rsquo;en revanche il aime beaucoup une revue que j&rsquo;avait cr&eacute;&eacute;e,<em>&nbsp;Exit&nbsp;</em>: &laquo;&nbsp;C&rsquo;est une r&eacute;ussite, en ce moment c&rsquo;est ce qu&rsquo;il faut faire. Venez pour faire &ccedil;a.&nbsp;&raquo; Pas pour &eacute;crire, mais parce que cette revue, qui marchait bien dans la petite &eacute;conomie qui &eacute;tait la n&ocirc;tre, &eacute;tait faite de tout ce qu&rsquo;on a dit, le choral, le frottement entre les arts, les conceptions du fragment en litt&eacute;rature, les photos en noir et blanc, et aussi la p&eacute;riph&eacute;rie. Pour revenir &agrave; Alain Veinstein, j&rsquo;ai compris que c&rsquo;est parce qu&rsquo;il y avait&nbsp;<em>Exit</em>&nbsp;que je l&rsquo;int&eacute;ressais&nbsp;; qu&rsquo;il &eacute;tait en train de m&rsquo;expliquer son envie de sortir des studios de la radio, d&rsquo;aller dans la ville &ndash;&nbsp;<em>Exit</em>&nbsp;&eacute;tait une revue tr&egrave;s urbaine. Et il me dit, le jour o&ugrave; je suis venu le voir&nbsp;: &laquo;&nbsp;Voil&agrave;, j&rsquo;ai quelques id&eacute;es. On va commencer par un terrain d&rsquo;essai. Je ne suis pas s&ucirc;r d&rsquo;avoir cette &eacute;mission &agrave; la rentr&eacute;e, mais avant, si vous &ecirc;tes d&rsquo;accord vous ferez une ou deux &eacute;missions [<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>]. &raquo; Un peu plus tard commen&ccedil;a la belle exp&eacute;rience&nbsp;<em>Avignon ultra-sons</em>.</p> <p>On a commenc&eacute; comme &ccedil;a, et c&rsquo;est l&agrave; que s&rsquo;est form&eacute; le premier noyau de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, &agrave; Avignon. L&rsquo;autre noyau, c&rsquo;&eacute;tait celui des r&eacute;alisateurs, Bruno Sourcis [<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>], Mehdi El Hadj [<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>], Josette Colin [<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>], Yvette Tuchband [<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>], Pamela Doussaud [<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>] &ndash; une grande r&eacute;alisatrice des&nbsp;<em>Nuits</em>, avec qui j&rsquo;ai eu la chance immense de travailler. Sans oublier Jacques Taroni et les techniciens, passionn&eacute;s de son, Madeleine Sola, et bien s&ucirc;r, le cr&eacute;ateur Yann Parantho&euml;n. Certains de ces r&eacute;alisateurs avaient d&eacute;j&agrave; travaill&eacute; sur beaucoup d&rsquo;&eacute;missions, pour France Inter ou France Culture, ils savaient parfaitement ce qui &eacute;tait attendu dans chaque cha&icirc;ne de radio. Nous, les producteurs, n&rsquo;avions pas conscience de ces attentes. On s&rsquo;en fichait un peu; pour certains d&rsquo;entre nous, on ne savait pas tout &agrave; fait ce qu&rsquo;&eacute;tait la politique de France Culture&nbsp;! Et malgr&eacute; le professionnalisme remarquable de ces r&eacute;alisateurs, on se permettait d&rsquo;avoir nos id&eacute;es, de leur faire des objections. Par exemple en disant qu&rsquo;il fallait &eacute;puiser la parole de quelqu&rsquo;un pour qu&rsquo;il dise enfin vraiment ce qu&rsquo;il avait &agrave; dire, qu&rsquo;il fallait savoir cr&eacute;er une sorte de&nbsp;<em>trou&nbsp;</em>dans le discours. Vous imaginez, il fallait des bandes et des bandes d&rsquo;enregistrement &ndash; c&rsquo;&eacute;tait des bandes magn&eacute;tiques d&rsquo;un quart d&rsquo;heure chacune &ndash; , une, deux, trois, quatre&hellip; &ccedil;a d&eacute;filait&nbsp;! Pamela Doussaud me disait que ce n&rsquo;&eacute;tait pas possible d&rsquo;enregistrer autant, que ce n&rsquo;&eacute;tait pas comme &ccedil;a qu&rsquo;on faisait. Je lui r&eacute;pondais que &laquo;&nbsp;oui mais si&nbsp;&raquo;. Et on travaillait des nuits enti&egrave;res&nbsp;! On s&rsquo;endormait sur les Revox&hellip; La radio c&rsquo;&eacute;tait une passion commune, ils &eacute;taient remarquables. Le long compagnonnage avec eux et surtout Medhi El Hadj, m&rsquo;a beaucoup appris. Et les autres r&eacute;alisateurs, ceux qui ont suivi ou compl&eacute;t&eacute; le premier noyau, &eacute;taient pareils. J&rsquo;ai rarement vu dans ma vie un tel professionnalisme. Cette &eacute;quipe &eacute;tait enthousiasmante. J&rsquo;ai appris mon m&eacute;tier avec eux. Et c&rsquo;est Alain Veinstein qui portait tout cela, le d&eacute;fendait et le mettait en musique.</p> <p>Je me souviens d&rsquo;une &eacute;mission de format court que j&rsquo;ai tenue, au sein du magazine des&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques.&nbsp;</em>Elle s&rsquo;appelait &laquo;&nbsp;Faits divers [<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>]&nbsp;&raquo;. Elle date du moment o&ugrave; Alain nous a dit&nbsp;: on va inventer un magazine. L&rsquo;un a pris le cin&eacute;ma, Serge Toubiana [<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>]&nbsp;; un autre le th&eacute;&acirc;tre, etc. Quant &agrave; moi, j&rsquo;ai dit &agrave; Alain que, comme il le savait, je n&rsquo;avais pas tr&egrave;s envie de tenir une rubrique culturelle, que la culture qui m&rsquo;int&eacute;ressait c&rsquo;&eacute;tait celle de la soci&eacute;t&eacute;, des gens. Je lui ai propos&eacute; de faire ces formats courts intitul&eacute;s &laquo;&nbsp;Faits divers&nbsp;&raquo;. Il m&rsquo;a demand&eacute; de d&eacute;finir, j&rsquo;ai donc ouvert le dictionnaire et j&rsquo;ai lu&nbsp;: &laquo;&nbsp;Faits auxquels on accorde peu ou pas d&rsquo;importance.&nbsp;&raquo; D&egrave;s le d&eacute;part, et encore aujourd&rsquo;hui, j&rsquo;ai compris qu&rsquo;on ne pouvait comprendre le c&oelig;ur du r&eacute;el, d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute;, d&rsquo;un individu, qu&rsquo;&agrave; travers la p&eacute;riph&eacute;rie ou &agrave; partir de la p&eacute;riph&eacute;rie. Il &eacute;tait temps d&rsquo;aller voir du c&ocirc;t&eacute; des p&eacute;riph&eacute;ries, mentales et physiques. Elles ont des effets analyseurs. Et c&rsquo;est ce que j&rsquo;ai fait d&egrave;s ma premi&egrave;re grande s&eacute;rie &agrave;&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, en cinq fois 1h30. C&rsquo;&eacute;tait en 1979, avec Pamela Doussaud, et c&rsquo;&eacute;tait sur les banlieues [<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>].</p> <p>Dans &laquo; Faits divers &raquo;, j&rsquo;avais cr&eacute;&eacute; un dispositif construit sur le manque, le vide, une sorte de trou noir. Je me disais : pour que la parole soit vivante, il y a d&rsquo;abord l&rsquo;&eacute;puisement bien s&ucirc;r, mais aussi le fait d&rsquo;interroger les gens sur des situations pour lesquelles ils n&rsquo;ont pas encore leurs mots. Ils n&rsquo;ont pas les mots pour les dire, et donc ils vont &ecirc;tre oblig&eacute;s de les chercher&nbsp;[<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>]. Et sur la bande-son, &ccedil;a va s&rsquo;entendre, qu&rsquo;ils n&rsquo;ont pas les mots, qu&rsquo;ils sont en train de les chercher. On va entendre cette qu&ecirc;te, souvent &agrave; partir de cette activit&eacute; essentielle pour le cerveau &ndash; comme l&rsquo;ont montr&eacute; les neuro-g&eacute;n&eacute;ticiens &ndash; qu&rsquo;est la surprise. Et donc, &laquo; Fait divers &raquo;, c&rsquo;&eacute;tait &ccedil;a. Dans un de ces faits divers par exemple, j&rsquo;interrogeais un &laquo; cadre &raquo; dans je ne sais quel bureau, qui avait &eacute;t&eacute; poignard&eacute;, descendant le long de la gare Saint-Lazare, par quelqu&rsquo;un qui l&rsquo;avait reconnu. En fait il ne l&rsquo;avait pas reconnu, il avait cru que c&rsquo;&eacute;tait un espion du KGB, qui venait pour lui, et c&rsquo;est pour &ccedil;a qu&rsquo;il l&rsquo;avait poignard&eacute;. J&rsquo;avais parl&eacute; avec cet homme, il se demandait pourquoi il avait &eacute;t&eacute; poignard&eacute;, il essayait de trouver [<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>]. C&rsquo;est cela qui m&rsquo;int&eacute;ressait : essayer de trouver. Mais &ccedil;a pouvait &ecirc;tre plus dr&ocirc;latique ! Je me souviens d&rsquo;un homme qui avait laiss&eacute; le gaz allum&eacute; chez lui, dans le 13e arrondissement. Et quand il avait ouvert la porte et mis l&rsquo;&eacute;lectricit&eacute;, &ccedil;a avait explos&eacute;, et des morceaux de l&rsquo;&eacute;tage &eacute;taient descendus. J&rsquo;avais demand&eacute; au voisin ce qui s&rsquo;&eacute;tait pass&eacute;. Les gens &eacute;taient autour, lui &eacute;tait absent. Et l&agrave;, on &eacute;tait en face d&rsquo;&ecirc;tres humains qui ne savaient pas comment r&eacute;pondre. Il y a cependant le langage qui nous r&eacute;unit, ces mots qu&rsquo;il va falloir &eacute;noncer, plus pr&eacute;cis&eacute;ment nous allons entendre cette &laquo; danse &raquo;, le mouvement de l&rsquo;&eacute;nonciation.</p> <p>Je me souviens aussi d&rsquo;un fait divers o&ugrave; un travesti avait &eacute;t&eacute; retrouv&eacute; mort dans un Algeco, le long du p&eacute;riph&eacute;rique. Je connaissais ce quartier, o&ugrave; j&rsquo;avais v&eacute;cu, pr&egrave;s de la porte de Pantin &agrave; Paris, et je m&rsquo;&eacute;tais dit&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je n&rsquo;ai jamais vu de travesti dans ce quartier, c&rsquo;est curieux.&nbsp;&raquo; Et j&rsquo;y suis all&eacute;, non parce qu&rsquo;il &eacute;tait arriv&eacute; &ccedil;a &agrave; un travesti, mais parce qu&rsquo;un travesti dans ce quartier, plus ou moins ouvrier et artisan &agrave; l&rsquo;&eacute;poque, un travesti avec une robe rose, &ccedil;a m&rsquo;avait sembl&eacute; tr&egrave;s curieux. Il y a quelque chose qui avait d&ucirc; se cr&eacute;er, un mouvement dans la t&ecirc;te des gens, et j&rsquo;y suis all&eacute; pour &ccedil;a. Et en effet les gens avec qui j&rsquo;ai parl&eacute; &eacute;taient totalement stup&eacute;faits&nbsp;! Je me souviens d&rsquo;un bout de phrase d&rsquo;une personne&nbsp;: &laquo;&nbsp;Mais vous savez, cette&hellip; cette femme, cette femme, c&rsquo;&eacute;tait un homme&nbsp;! Je l&rsquo;ai vu sur la bouche de m&eacute;tro, parce qu&rsquo;il y avait du vent, et que sa robe s&rsquo;est soulev&eacute;e&nbsp;! Mais je vous le dis Monsieur&nbsp;&raquo;, etc. C&rsquo;&eacute;tait pour lui une sid&eacute;ration. Et ce qui aussi &eacute;tait surprenant c&rsquo;est que, quand on parlait de cela dans le quartier avec d&rsquo;autres gens, ils se mettaient &agrave; parler d&rsquo;autre chose. Dans ce cas-l&agrave;, on &eacute;tait all&eacute; autour, dans une boulangerie notamment, et au bout d&rsquo;une minute une personne s&rsquo;&eacute;tait mise &agrave; me raconter comment son fils se droguait, qu&rsquo;il fallait faire quelque chose pour lui, etc. Comme dans Pasolini, une chose en r&eacute;v&eacute;lait une autre, et tout &agrave; coup on se trouvait devant&hellip; devant la vie humaine, tout simplement.</p> <p>&laquo;&nbsp;Faits divers&nbsp;&raquo;, c&rsquo;&eacute;tait une partie de mon activit&eacute; &agrave;&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, plut&ocirc;t du c&ocirc;t&eacute; de la pauvret&eacute;, de la difficult&eacute;, de l&rsquo;accident, etc. Il y avait une autre part, qui &eacute;tait du c&ocirc;t&eacute; des chercheurs, des &eacute;crivains, parfois des savants. Ce qui m&rsquo;int&eacute;ressait l&agrave; aussi, c&rsquo;&eacute;tait quand ils n&rsquo;avaient pas encore les mots pour leurs d&eacute;couvertes. Parce que j&rsquo;ai un rapport tr&egrave;s &eacute;troit &agrave; l&rsquo;art, et que l&rsquo;art vous apprend quelque chose. Par exemple, si vous regardez une &oelig;uvre d&rsquo;art dans un mus&eacute;e et que vous continuez &agrave; tenir devant elle le discours que vous teniez avant d&rsquo;entrer, avec votre connaissance en histoire de l&rsquo;art, votre biographie, vos comparaisons, etc&hellip; vous comprenez qu&rsquo;il n&rsquo;y a pas d&rsquo;art l&agrave;-dedans, rien du tout [<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>]. L&rsquo;art, c&rsquo;est ce qui vous&nbsp;<em>arr&ecirc;te</em>, qui vient vers vous, qui cr&eacute;e dans ce fameux temps de suspens, o&ugrave; le&nbsp;<em>trou</em>&nbsp;se forme, o&ugrave; l&rsquo;on se dit&nbsp;: &laquo;&nbsp;Mais qu&rsquo;est-ce que je vois exactement&nbsp;?&nbsp;&raquo; La langue &laquo;&nbsp;savante&nbsp;&raquo; va peut-&ecirc;tre venir tourner autour, mais &ccedil;a n&rsquo;est pas le m&ecirc;me langage. J&rsquo;allais parler avec ces chercheurs ou ces &eacute;crivains pour simplement faire entendre leur parole en qu&ecirc;te d&rsquo;elle m&ecirc;me.</p> <p>En gros, toute mon activit&eacute; &agrave;&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques,&nbsp;</em>l&rsquo;esprit de mon travail, se r&eacute;sument &agrave; ces deux aspects. D&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; je parlais avec quelqu&rsquo;un qui cherchait o&ugrave; dormir le soir, dans une gare, de l&rsquo;autre je dialoguais avec Marianne Alphant [<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>], qui me parlait des cercles de Dante &agrave; propos de la banlieue, et les deux types de parole pour moi se m&ecirc;laient. La &laquo;&nbsp;philosophie&nbsp;&raquo; qui m&rsquo;a guid&eacute;, c&rsquo;est &ccedil;a.</p> <p>Ce qui m&rsquo;int&eacute;ressait aussi, c&rsquo;&eacute;tait le son, la forme du son, qui est capitale pour moi. Pas le formalisme, qui est un &laquo;&nbsp;&eacute;chec&nbsp;&raquo;, mais la forme, cette prise en compte de la forme &agrave; la radio. Si on ne tient pas compte de tous les &eacute;l&eacute;ments qui construisent la forme, c&rsquo;est rat&eacute;. Faut-il parler de cr&eacute;ation&nbsp;? &Agrave; mon avis, non, mais peut-&ecirc;tre ai-je tort&nbsp;? Quand on &eacute;crit de la po&eacute;sie, on s&rsquo;appuie sur certains ressorts, que je connais ou pas du tout, je sais bien ce que &ccedil;a mobilise en soi, en ce qui me concerne, mais la radio ce n&rsquo;est pas tout &agrave; fait pareil. Peut-&ecirc;tre faut-il parler de cr&eacute;ation &laquo;&nbsp;chorale&nbsp;&raquo;, pour reprendre un mot employ&eacute; tout &agrave; l&rsquo;heure&nbsp;? Ou encore d&rsquo;une pr&eacute;sence physique qu&rsquo;il faut mettre en valeur. Avec Medhi El Hadj, nous avions cherch&eacute; cela en faisant surgir le son d&rsquo;une &eacute;trange terreur lors des parades du cirque Aligre.</p> <p>Ce qui est certain, c&rsquo;est que j&rsquo;ai commenc&eacute; par faire une erreur. Au d&eacute;but, je me suis dit que j&rsquo;allais &eacute;crire ce que j&rsquo;&eacute;cris dans ma revue. J&rsquo;&eacute;crivais des textes issus de l&rsquo;h&eacute;ritage de William Burroughs, de Bob Kaufmann, de Jack Spicer et de quelqu&rsquo;un qui a jou&eacute; un grand r&ocirc;le dans ma compr&eacute;hension de la radio, qui est Charles Reznikoff. Et &agrave; un moment, dans les entretiens avec les gens, je me suis retrouv&eacute; dans une situation ridicule. J&rsquo;&eacute;crivais tout ce que j&rsquo;avais &agrave; dire, tout &eacute;tait sc&eacute;naris&eacute;, et je me rendais compte que les gens en face de moi ne disaient pas ce que je voulais qu&rsquo;ils disent pour &ecirc;tre dans l&rsquo;&eacute;mission que je voulais faire&nbsp;! C&rsquo;est pour &ccedil;a aussi que parfois les enregistrements duraient tr&egrave;s longtemps&nbsp;! Et l&agrave; je me suis dit&nbsp;: tu te trompes absolument, ce qui compte, c&rsquo;est la parole, c&rsquo;est &ccedil;a qui est important, alors que tu es en train d&rsquo;emp&ecirc;cher son rythme propre. Tu ne tiens pas compte de la surprise. Tu es en train d&rsquo;emp&ecirc;cher cette chose formidable qu&rsquo;est la surprise, l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement qui n&rsquo;est pas le tien, qui est peut-&ecirc;tre induit par ce que tu cherches, par la question mais qui est l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement de celui qui te parle, et qui fait que tout cela est porteur de vie.</p> <p>J&rsquo;ai souvent parl&eacute; de la &laquo;&nbsp;parole &eacute;nergum&egrave;ne&nbsp;&raquo;. Je n&rsquo;ai jamais &eacute;t&eacute; un homme tr&egrave;s optimiste, et je m&rsquo;&eacute;tais dit&nbsp;: je vais aller vers le r&eacute;el, et je vais montrer toutes ses contradictions, toute la noirceur du r&eacute;el, toute la souffrance que nous avons &agrave; vivre. Et c&rsquo;est tout &agrave; fait autre chose qui m&rsquo;est arriv&eacute;, c&rsquo;est-&agrave;-dire que les gens qui me parlaient avait une parole &laquo;&nbsp;&eacute;nergum&egrave;ne&nbsp;&raquo;, qui bougeait, qui &laquo;&nbsp;hululait&nbsp;&raquo;, qui &eacute;tait souple, etc. Et ils m&rsquo;ont renvoy&eacute;, au contraire de ce que j&rsquo;imaginais, &agrave; un th&eacute;&acirc;tre vitaliste, un th&eacute;&acirc;tre o&ugrave; chaque vie avait sa dynamique propre, son &eacute;tonnante dynamique. Quand j&rsquo;ai compris que je ne serai pas dans la position de quelqu&rsquo;un qui &eacute;crit litt&eacute;rairement, mais cependant de quelqu&rsquo;un d&rsquo;extr&ecirc;mement soucieux de la forme, je me suis dit qu&rsquo;il fallait inventer cette forme, qu&rsquo;elle se voie assez peu, qu&rsquo;elle soit l&agrave; mais qu&rsquo;on ne l&rsquo;entende pas, qu&rsquo;on ne la voie pas. Je n&rsquo;aime pas sentir la &laquo;&nbsp;fabrique&nbsp;&raquo;. Avec Mehdi El Hadj mais aussi avec Josette Colin, qui h&eacute;las est morte tr&egrave;s jeune, et Yvette Tuchband, nous travaillions sur des &eacute;missions qui se calculaient au demi-centim&egrave;tre pr&egrave;s, il fallait s&rsquo;arr&ecirc;ter l&agrave;&hellip; L&agrave; il fallait ajouter un silence, etc., etc., c&rsquo;est autre chose. On ne disait pas du tout&nbsp;: la parole doit &ecirc;tre entour&eacute;e par une belle atmosph&egrave;re. Pour ce qui est de &laquo;&nbsp;Faits divers&nbsp;&raquo;, c&rsquo;&eacute;tait un exercice tr&egrave;s difficile &agrave; faire, il fallait que &ccedil;a tienne en six minutes, et que la &laquo;&nbsp;fabrique&nbsp;&raquo; n&rsquo;apparaisse pas, qu&rsquo;on ne la sente pas. Alors j&rsquo;ai commenc&eacute; &agrave; r&eacute;fl&eacute;chir, et je me suis dit&nbsp;: il faut travailler une forme tr&egrave;s pr&eacute;sente mais qui ne se voit pas, une forme qui au contraire va se tenir dessous, une forme qu&rsquo;on ne sentira pas &ndash; mais qui sera l&agrave; quand m&ecirc;me&nbsp;! Et l&agrave; Reznikoff a beaucoup jou&eacute;, ce po&egrave;te objectiviste. Je cite la quatri&egrave;me de couverture de son livre&nbsp;<em>T&eacute;moignage. Les &Eacute;tats-Unis&nbsp;</em>paru en traduction chez P.O.L.&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Dans un entretien publi&eacute; dans&nbsp;<em>Contemporary Literature</em>&nbsp;Charles Reznikoff, pour d&eacute;crire sa d&eacute;marche, citait un po&egrave;te chinois du XIe si&egrave;cle qui disait : &laquo;&nbsp;La po&eacute;sie pr&eacute;sente l&rsquo;objet afin de susciter la sensation. Elle doit &ecirc;tre tr&egrave;s pr&eacute;cise sur l&rsquo;objet et r&eacute;ticente sur l&rsquo;&eacute;motion.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p>Ce livre,&nbsp;<em>T&eacute;moignage</em>, est celui qui m&rsquo;a le plus servi de r&eacute;f&eacute;rence en radio. L&agrave; l&rsquo;objet, tout d&rsquo;un coup, c&rsquo;&eacute;tait devenu la parole. Et c&rsquo;&eacute;tait l&agrave; o&ugrave; j&rsquo;allais, dans des terrains vagues o&ugrave; &ccedil;a n&rsquo;avait pas &eacute;t&eacute; construit, dans les banlieues, o&ugrave; on ne savait plus exactement o&ugrave; on &eacute;tait et o&ugrave; tout d&rsquo;un coup on voyait un caf&eacute; qui s&rsquo;appelait &laquo; &Agrave; la tendresse &raquo;, et ainsi de suite&hellip; Dans une s&eacute;rie appel&eacute;e &laquo; Quatre h&ocirc;tels &raquo;, je proposais une vision de notre soci&eacute;t&eacute; en quatre &eacute;missions [<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>]. On allait des h&ocirc;tels de la gare de l&rsquo;Est au Ritz &ndash; on terminait au Ritz avec un gars qui nous disait : &laquo; Venez venez, Von Choltitz [<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>] est revenu et il a demand&eacute; &agrave; voir la chambre o&ugrave; il vivait pendant la guerre. &raquo; C&rsquo;&eacute;tait le d&eacute;but des grandes vagues migrantes, et c&rsquo;&eacute;tait une &eacute;mission o&ugrave; il y avait beaucoup de solitude, d&rsquo;errance. J&rsquo;essayais &agrave; chaque fois que se disent des destins, des vies, des existences, on oubliait vite la solitude de Von Choltitz pour celle, dramatique, d&rsquo;h&ocirc;tels &agrave; la d&eacute;rive avec des familles de migrants qui tentaient de survivre. Tout cette vie que je d&eacute;crivais continue de m&rsquo;effarer&hellip; Mais j&rsquo;en reviens &agrave; Reznikoff :&nbsp;<em>T&eacute;moignage</em>&nbsp;[<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>], c&rsquo;est un portrait des &Eacute;tats-Unis sans aucune id&eacute;ologie. C&rsquo;est cela qui rend la soci&eacute;t&eacute; effarante : le fait de la d&eacute;crire, tout simplement, sans id&eacute;ologie.</p> <p>Pour conclure,&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, cela a &eacute;t&eacute; une aventure tout &agrave; fait extraordinaire, pour tous ceux qui l&rsquo;ont v&eacute;cu je crois, producteurs, r&eacute;alisateurs, techniciens&hellip; J&rsquo;ai eu d&rsquo;autres aventures comparables; comme par exemple celle avec l&rsquo;&eacute;quipe fondatrice de&nbsp;<em>L&rsquo;Autre journal&nbsp;</em>en 1984, avec Michel Butel (je crois que pour lui&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;avait beaucoup compt&eacute;). Ce sont des exp&eacute;riences humaines passionnantes. J&rsquo;ai commenc&eacute; avec les id&eacute;es qui &eacute;taient les miennes, pas tr&egrave;s optimistes, sur la soci&eacute;t&eacute;. Mais l&rsquo;humanit&eacute;, les hommes, les femmes m&rsquo;ont renvoy&eacute; une autre image, ils m&rsquo;ont donn&eacute; une le&ccedil;on qui compte encore. C&rsquo;est-&agrave;-dire que, quelle que soit la situation de d&eacute;tresse ou de solitude, quelle que soit l&rsquo;incertitude de la situation, ils avaient une sorte d&rsquo;&eacute;nergie, de vitalit&eacute;, qui faisait que, malgr&eacute; l&rsquo;angoisse, leur r&eacute;ponse &eacute;tait autre. Ce que j&rsquo;en faisais dans &laquo;&nbsp;Faits divers&nbsp;&raquo; et ailleurs, &eacute;tait-ce de la cr&eacute;ation, je n&rsquo;en sais rien&nbsp;; mais en tout cas des lieux &laquo;&nbsp;publics&nbsp;&raquo; o&ugrave; se sont produites de la pens&eacute;e et des formes, et c&rsquo;est la forme qui ramasse la pens&eacute;e. J&rsquo;ai le plus grand respect pour les journalistes, car il y en a eu de grands. Un des &eacute;crivains qui compte le plus pour moi fut un journaliste, c&rsquo;est James Agee, qui a &eacute;crit&nbsp;<em>Louons maintenant les grands hommes</em>&nbsp;; c&rsquo;est une r&eacute;f&eacute;rence essentielle. Mais ils ne sont pas tous comme lui, et si le mod&egrave;le journalistique actuel prend le pas, on ne pourra plus faire des &laquo;&nbsp;choses&nbsp;&raquo; comme&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>. S&rsquo;il n&rsquo;y a pas d&rsquo;exp&eacute;rience r&eacute;elle, alors il n&rsquo;y a que de l&rsquo;information, disait &agrave; peu pr&egrave;s Einstein&nbsp;: voil&agrave;&nbsp;! Il faut au moins qu&rsquo;il y ait une exp&eacute;rience r&eacute;elle, c&rsquo;est cette exp&eacute;rience des langages, la parole de mes contemporains que je suis all&eacute; chercher. La langue c&rsquo;est un code, une grammaire, les langages c&rsquo;est autre chose, et ce qui compte c&rsquo;est l&rsquo;interpr&eacute;tation. Et l&rsquo;&eacute;criture en radio, c&rsquo;est la forme de l&rsquo;interpr&eacute;tation. Je pense certes que tout est interpr&eacute;tation. Mais ce qui est passionnant c&rsquo;est le r&eacute;el. Ce qui est paradoxal c&rsquo;est de la trouver dans des paroles qui &eacute;chappent aux symboliques. C&rsquo;est ce mouvement d&rsquo;aller-retour, physique et mental, permanent avec une histoire qui tout d&rsquo;un coup est l&agrave;. C&rsquo;est ce que j&rsquo;ai essay&eacute; de trouver.</p> <h2><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h2> <p><em>Notes ajout&eacute;es par les &eacute;diteurs.</em></p> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;Paris, Mercure de France, 1974.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;Paris, Le Sycomore, 1982.</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a><strong>&nbsp;<em>Exit</em></strong>, revue trimestrielle, fond&eacute;e par Olivier Kaeppelin, dirig&eacute;e par Jean-Marie Gibbal. 13 num&eacute;ros de d&eacute;cembre 1973 &agrave; l&rsquo;automne 1977.</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>&nbsp;Olivier Kaeppelin a produit le &laquo;&nbsp;Journal d&rsquo;Avignon, I&nbsp;&raquo; d&rsquo;<em>Avignon ultra-son</em>, samedi 16 juillet 1977.</p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a>&nbsp;Grand pilier des&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, actif jusqu&rsquo;en 1993.</p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;Un des piliers lui aussi, pr&eacute;sent d&egrave;s le d&eacute;part et jusqu&rsquo;en 1997.</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a>&nbsp;Premi&egrave;re r&eacute;alisation pour&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;en octobre 1980. Elle y collabore jusqu&rsquo;en 1997.</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a>&nbsp;Elle collabore &agrave;&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;en 1978-1979.</p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a>&nbsp;R&eacute;alisatrice pour&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;d&egrave;s le d&eacute;part et jusqu&rsquo;en 1993, comme Bruno Sourcis.</p> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a>&nbsp;Rubrique mensuelle inaugur&eacute;e lundi 5 octobre 1981, au sein de&nbsp;<em>Risques de turbulence</em>,magazine de l&rsquo;actualit&eacute; culturelle g&eacute;n&eacute;rale, diffus&eacute; du lundi au vendredi la premi&egrave;re semaine du mois.&nbsp;<em>Risques de turbulence</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Devine qui vient d&icirc;ner ce soir</em>, magazine de po&eacute;sie, s&rsquo;ajoutent en octobre 1980 aux deux magazines de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;lanc&eacute;s en octobre 1979&nbsp;:&nbsp;<em>Peinture fra&icirc;che</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Sortie de secours</em>. Olivier Kaeppelin pr&eacute;sente le lieu choisi pour inaugurer sa rubrique comme symbolique&nbsp;: un parking, avec son gardien et son ma&icirc;tre-chien. (Pierre Drachline reprendra le m&ecirc;me titre, &laquo;&nbsp;Faits divers&nbsp;&raquo;, pour une chronique tenue en 1985-1986 dans&nbsp;<em>La nuit et le moment&nbsp;</em>de Laure Adler, magazine d&rsquo;actualit&eacute; culturelle lanc&eacute; en septembre 1985 dans&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>).</p> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a>&nbsp;Il &eacute;tait alors r&eacute;dacteur en chef des&nbsp;<em>Cahiers du cin&eacute;ma</em>.</p> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Les banlieues&nbsp;&raquo;, France Culture,&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, du lundi 22 au vendredi 26 janvier 1979. R&eacute;al.&nbsp;Pamela Doussaud. &laquo;&nbsp;&Agrave; l&rsquo;&eacute;poque, il s&rsquo;agissait de rappeler l&rsquo;importance de ces ensembles urbains qui marquent l&rsquo;architecture et la vie du XXe si&egrave;cle. De dire combien ils sont l&rsquo;inconscient des grandes villes occidentales, et tout particuli&egrave;rement de Paris, que nous avions choisi comme th&eacute;&acirc;tre de nos rencontres et de nos marches. Car il y avait le d&eacute;sir de rencontrer, de parler, de donner la parole &agrave; cette r&eacute;alit&eacute;, c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; ceux qui la traversent, la peuplent ou la hantent&nbsp;&raquo; (Olivier Kaeppelin). &laquo;&nbsp;Grands boulevards&nbsp;&raquo;, s&eacute;rie en cinq &eacute;missions r&eacute;alis&eacute;e avec Josette Colin en 1981 (28 mars-2 octobre), s&rsquo;inscrit dans la m&ecirc;me d&eacute;marche.</p> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a>&nbsp;C&rsquo;est ce qu&rsquo;Olivier Kaeppelin explique &agrave; la suite du reportage diffus&eacute; le 7 janvier 1982, dans un court entretien avec Alain Veinstein. Les faits divers l&rsquo;int&eacute;ressent moins en eux-m&ecirc;mes que par les &laquo;&nbsp;trous&nbsp;&raquo; qu&rsquo;ils provoquent dans le langage des t&eacute;moins ou des victimes&nbsp;: &laquo;&nbsp;tout d&rsquo;un coup le sol se d&eacute;robe&nbsp;&raquo;, le langage &laquo;&nbsp;ne trouve plus ses mots&nbsp;&raquo;, il est &laquo;&nbsp;&agrave; la recherche de lui-m&ecirc;me&nbsp;&raquo;, il &laquo;&nbsp;cherche ses mod&egrave;les&nbsp;&raquo; mais &laquo;&nbsp;n&rsquo;arrive pas &agrave; trouver ses marques&nbsp;&raquo;, et &laquo;&nbsp;ces blancs, c&rsquo;est sans doute toute la force de la vie&nbsp;&raquo;. Si la rubrique &laquo;&nbsp;Faits divers&nbsp;&raquo; s&rsquo;arr&ecirc;te en 1982, Olivier Kaeppelin produira quelques &eacute;missions de plus grand format sur les ricochets de parole cr&eacute;&eacute;s par des faits divers, par exemple dans &laquo;&nbsp;L&rsquo;identit&eacute; troubl&eacute;e&nbsp;&raquo;, &eacute;mission diffus&eacute;e lundi 16 janvier 1984, sur un adolescent de Pouru-Saint-Remy, pr&egrave;s de Metz qui s&rsquo;est passer pour un autre, dont il a v&eacute;cu la vie pendant deux ans dans un petit village pr&egrave;s de Charleroi&nbsp;: &laquo;&nbsp;S&rsquo;il fut pendant pr&egrave;s de trois ans le seul ma&icirc;tre de son secret, de sa biographie, ce n&rsquo;est cependant pas cela qui nous a int&eacute;ress&eacute; mais, au contraire, l&rsquo;effet que le r&eacute;cit de cette aventure, de cette dissimulation, de ce jeu sur l&rsquo;identit&eacute;, a produit sur ceux qui l&rsquo;entouraient, ses proches, sa m&egrave;re, ou ceux qui parcourent les m&ecirc;mes lieux [&hellip;] Cet effet produit du langage qui, quelque forme qu&rsquo;il prenne, exprime la question, le doute, l&rsquo;impuissance &agrave; comprendre. Il n&rsquo;explique rien, il maintient une forme d&rsquo;&eacute;nigme.&nbsp;&raquo;</p> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a><em>&nbsp;Risques de turbulence</em>, &eacute;mission du 7 janvier 1982.</p> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a>&nbsp;C&rsquo;est l&rsquo;esprit de la s&eacute;rie mensuelle&nbsp;<em>Les premiers pas</em>, premier num&eacute;ro le 25 octobre 1985 (&laquo;&nbsp;Rivoli ou l&rsquo;invention d&rsquo;un mus&eacute;e&nbsp;&raquo;), dernier le 3 juillet 1987 (&laquo;&nbsp;Dans la ville peinte [Lyon] ou l&rsquo;histoire d&rsquo;un tableau&nbsp;&raquo;), qui s&rsquo;efforce d&rsquo;approcher un peu &laquo;&nbsp;l&rsquo;exp&eacute;rience secr&egrave;te, essentielle, &eacute;nigmatique, qu&rsquo;est l&rsquo;exp&eacute;rience artistique&nbsp;&raquo; en prenant le temps du portrait, portrait d&rsquo;un lieu, d&rsquo;une &oelig;uvre, d&rsquo;un &laquo;&nbsp;artiste&nbsp;&raquo; (boxeur, acteur, photographe, peintre&hellip;).</p> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a>&nbsp;Dans la derni&egrave;re &eacute;mission de la s&eacute;rie sur &laquo;&nbsp;Les banlieues&nbsp;&raquo;, intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;nigme&nbsp;&raquo; (26 janvier 1979). Marianne Alphant avait publi&eacute; l&rsquo;ann&eacute;e pr&eacute;c&eacute;dente un roman sur la banlieue,&nbsp;<em>Le Ciel &agrave; Bezons</em>&nbsp;(Gallimard, &laquo;&nbsp;Le Chemin&nbsp;&raquo;).</p> <p><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Quatre h&ocirc;tels&nbsp;&raquo;,<em>&nbsp;Nuits magn&eacute;tiques</em>, du mardi 27 au vendredi 30 novembre 1984, r&eacute;al. Bruno Sourcis.</p> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a>&nbsp;Nomm&eacute; Gouverneur militaire du Grand Paris au matin du 7 ao&ucirc;t 1944, il refuse l&rsquo;ordre de Hitler le 23 ao&ucirc;t suivant de d&eacute;truire Paris plut&ocirc;t que de se rendre et capitule deux jours apr&egrave;s devant le g&eacute;n&eacute;ral Leclerc.</p> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a>&nbsp;Charles Reznikoff (1894-1976),&nbsp;<em>T&eacute;moignage. Les &Eacute;tats-Unis (1885-1915)</em>, Paris, P.O.L., 2012. &OElig;uvre en plusieurs volumes dont la publication s&rsquo;est &eacute;tendue de 1934 &agrave; 1978. Hachette &eacute;dite en 1981 la premi&egrave;re p&eacute;riode (ann&eacute;es 1885-1890) dans une traduction de Jacques Roubaud.</p> <h3><strong>Auteur</strong></h3> <p>Po&egrave;te, essayiste, critique d&rsquo;art, animateur et collaborateur de revues,&nbsp;<strong>Olivier Kaeppelin</strong>&nbsp;a travaill&eacute; dans l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur entre 1974 et 1986 (EPHE, Paris 8, Paris 1, Ecole des Beaux-Arts de Nantes), avant de rejoindre, au minist&egrave;re de la Culture, la D&eacute;l&eacute;gation aux arts plastiques dont il prend la direction de 1993 &agrave; 1999 et &agrave; nouveau&nbsp;de 2004 &agrave;&nbsp; 2010. Entre 1999 et 2004,&nbsp;il occupe&nbsp;diff&eacute;rents postes&nbsp;&agrave; Radio France, dont celui de&nbsp;directeur-adjoint de&nbsp;France Culture. Commissaire de nombreuses expositions d&rsquo;art contemporain en France et dans le monde,&nbsp; il dirige&nbsp;la Fondation Maeght de 2011 &agrave;&nbsp; 2017. Ses premiers pas &agrave; la radio ont lieu en 1976, quand&nbsp;Alain Veinstein, lecteur de sa revue&nbsp;<em>Exit</em>&nbsp;(1973-1977), l&rsquo;invite &agrave; collaborer&nbsp;aux&nbsp;programmes sp&eacute;ciaux qu&rsquo;il obtient de produire &agrave; France Culture&nbsp;jusqu&rsquo;en 1978 (<em>La r&eacute;alit&eacute; le&nbsp;myst&egrave;re</em>,&nbsp;<em>Avignon ultra-son</em>,&nbsp;<em>Les derniers jours heureux</em>).&nbsp;En 1978,&nbsp;Olivier Kaeppelin&nbsp;suit son ami &agrave;&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>.&nbsp;Il y devient un auteur r&eacute;gulier de s&eacute;ries documentaires et d&rsquo;&eacute;missions diverses,&nbsp;abordant les sujets les plus vari&eacute;s, de l&rsquo;urbanisme &agrave; la diplomatie, du journalisme aux questions de soci&eacute;t&eacute;, sans oublier les arts et la litt&eacute;rature. Certaines constituent des rubriques de magazines du programme&nbsp;:&nbsp;<em>Risques de turbulence</em>&nbsp;pour &laquo; Faits divers&nbsp;&raquo; (1981-1982),&nbsp;<em>La nuit et le moment</em>&nbsp;pour &laquo; Les premiers pas&nbsp;&raquo; (1985-1987), voire un de ces magazines&nbsp;:&nbsp;<em>Document</em>&nbsp;(1983-<wbr />1984).&nbsp;Apr&egrave;s le d&eacute;part de&nbsp;Veinstein en 1990, la participation d&rsquo;Olivier Kaeppelin&nbsp;&agrave;&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;se fait plus &eacute;pisodique, jusqu&rsquo;en 1994. De 1980 &agrave; 1984,&nbsp;il&nbsp;collabore aussi &agrave; l&rsquo;&eacute;mission de po&eacute;sie&nbsp;<em>Albatros&nbsp;</em>sur France Culture. Ses grands intercesseurs en po&eacute;sie sont italiens : Ungaretti, Pasolini, Adriano Spatola et d&rsquo;autres du Gruppo 63, et am&eacute;ricains : Charles Reznikoff, James Agee&hellip; Citons, parmi ses &oelig;uvres :&nbsp;&nbsp;<em>En bas</em>&nbsp;(Baudouin Lebon &eacute;diteur, 1984, avec des gravures de Wolfgang G&auml;fgen),&nbsp;<em>L&rsquo;Embarcation des anges</em>&nbsp;(Ed.&nbsp;Voix Richard Meier, 1986),&nbsp;<em>Une ligne enterr&eacute;e</em>&nbsp;(Alma, 1987, avec six eaux-fortes et aquatintes de Vladimir &Scaron;koda), r&eacute;cemment r&eacute;&eacute;dit&eacute;,&nbsp;<em>Si je br&ucirc;le la maison</em>&nbsp;(Baudouin Lebon &eacute;diteur, 1987, avec des dessins de Wolfgang G&auml;fgen),&nbsp;<em>Correspondances</em>&nbsp;(La Diff&eacute;rence, 1990, avec&nbsp;Jean-Claude Ruggirello),&nbsp;<em>Un confident</em>&nbsp;(Sixtus &Eacute;ditions, 1998, sur des photographies de Christine Crozat),&nbsp;<em>Passeurs de r&ecirc;ves</em>&nbsp;[<em>ELLE/IL</em>] (&eacute;ditions de la Fondation Daniel &amp; Florence Guerlain, 2002),&nbsp;<em>Encombrements. Correspondances avec Piotr Klemensiewicz</em>&nbsp;(Actes Sud, 2005). Si ses premiers textes, au moment d&rsquo;<em>Exit</em>, sont tr&egrave;s li&eacute;s aux th&egrave;mes de la ville et de l&rsquo;errance (on pense &agrave; William S.&nbsp;Burroughs), sans quitter le souci du r&eacute;el (cet espace mouvant entre la r&eacute;alit&eacute; et nous), Olivier Kaeppelin s&rsquo;ouvre &agrave; partir de&nbsp;<em>Si je br&ucirc;le la maison</em>&nbsp;&agrave; des pr&eacute;occupations plus m&eacute;taphysiques. Il a aussi &eacute;crit des &laquo; nouvelles&nbsp;&raquo;, pour la revue&nbsp;<em>L&rsquo;Ennemi&nbsp;</em>de G&eacute;rard-Georges Lemaire (Christian Bourgois, 1980-1996). Ses po&egrave;mes ont &eacute;t&eacute; traduits notamment pour les anthologies&nbsp;<em>Poesia della Metamorfosi</em>&nbsp;(Stilb, 1984, trad. italienne Fabio Doplicher) et&nbsp;<em>French Poets of Today</em>&nbsp;(Guernica Editions, 1999, trad. anglaise Jean-Yves Reuzeau). Derni&egrave;re publication&nbsp;: dans la revue&nbsp;<em>Dream Big</em>, janvier 2021.</p> <h3 align="JUSTIFY"><b>Copyright</b></h3> <p align="JUSTIFY">Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>