<h3>Abstract</h3> <p>Franck Venaille was one of the leading authors and producers of the&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>&nbsp;between 1978 and 1993. He was also one of its emblematic voices. Drawing on all the programmes he produced for this radio programme, this article highlights the originality and coherence of his contribution to&nbsp;<i>Nuits magn&eacute;tiques</i>. An examination of the corpus reveals two distinct phases: the first, up to 1981, when Franck Venaille, starting from the experience of live radio, questioned the boundaries between reality and fiction; the second, from 1984 onwards, when, making greater use of editing, he developed and braided together themes, places and figures that are also to be found at the forefront of his literary work. At the end of this listening journey, the idea emerges clearly that Venaille&rsquo;s radio writing, like that of the book, is part of the same quest for self-knowledge, for tension towards an intimate truth, but also for moral and physical healing. Radio also forged in him a sensitivity to voices, to the moir&eacute; sounds and speech, which, combined with his passion for opera and cinema, gradually led him to conceive his broadcasts as dramatic polyphonies in which he would be one of the main characters.</p> <h2>Keywords<br /> &nbsp;</h2> <p>Alain Veinstein,&nbsp;magnetic nights,&nbsp;Franck Venaille</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>Si j&rsquo;ai choisi ce titre, c&rsquo;est pour au moins trois raisons. Je voudrais d&rsquo;abord rendre hommage &agrave; ce po&egrave;te qui depuis l&rsquo;&eacute;t&eacute; 2018 est entr&eacute; dans une autre nuit, plus myst&eacute;rieuse et plus imp&eacute;n&eacute;trable que celle de la radio nocturne&nbsp;; rendre hommage en particulier &agrave; cette voix inoubliable, qui aura marqu&eacute; de son timbre profond et doux, pendant pr&egrave;s de vingt ans, l&rsquo;univers des&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>. Elle fut pour beaucoup une sorte de port d&rsquo;attache sentimental, une voix que l&rsquo;on guettait au transistor, une voix famili&egrave;re, rassurante, en m&ecirc;me temps que tout emprunte de myst&egrave;re &ndash; &laquo; une voix qui ne quitte jamais son secret &raquo;, a pu dire Colette Fellous&nbsp;[<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>]. Venaille magn&eacute;tique donc, pour la force d&rsquo;attraction exceptionnelle de cette voix des ondes nocturnes. &laquo; Venaille magn&eacute;tique &raquo; aussi en ce qu&rsquo;il fit partie des fid&egrave;les entre les fid&egrave;les parmi les nombreux producteurs des&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;et que, avec Bruno Sourcis, il fut m&ecirc;me &agrave; l&rsquo;origine du titre retenu pour ce nouveau programme de 1978, ayant produit deux ans avant, au sein d&rsquo;<em>Avignon 76&nbsp;&nbsp;</em>continu&eacute; en 1977 par&nbsp;<em>Avignon&nbsp; ultra-son</em>, une s&eacute;quence intitul&eacute;e &laquo; Magnetic &raquo;. Il y a dans cet adjectif la volont&eacute; de mettre en avant &agrave; la fois un effet de r&eacute;ception (la puissance d&rsquo;attraction de l&rsquo;&eacute;coute) et un support technique sp&eacute;cifique valant moyen d&rsquo;expression &agrave; part enti&egrave;re, comme le revendiquaient alors la plupart des professionnels de la radio int&eacute;ress&eacute;s &agrave; d&eacute;velopper un art radiophonique autonome. Enfin, dans cette expression &laquo; Venaille magn&eacute;tique &raquo;, j&rsquo;invite &agrave; entendre ce nom lui-m&ecirc;me de &laquo; Venaille &raquo; : un nom qui n&rsquo;allait pas de soi pour l&rsquo;&eacute;crivain et dont l&rsquo;&eacute;mergence progressive au sein de l&rsquo;&oelig;uvre litt&eacute;raire ne fut sans doute pas &eacute;trang&egrave;re &agrave; son affirmation r&eacute;guli&egrave;re &ndash; et publique &ndash; au micro. Si Veinstein disait (en une forme de reproche ?) que Venaille &laquo; faisait un petit peu des &eacute;missions autour de lui [<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>]&nbsp;&raquo; (un petit peu trop, semblons-nous entendre&hellip;), gageons ici que l&rsquo;aventure des&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;fut d&rsquo;abord et avant tout pour cet auteur celle d&rsquo;une qu&ecirc;te int&eacute;rieure, li&eacute;e indissociablement &agrave; celle de l&rsquo;&eacute;criture.</p> <p>Le cas de Venaille est particuli&egrave;rement int&eacute;ressant pour r&eacute;fl&eacute;chir aux rapports entre radiophonie et litt&eacute;rature. Nous avons l&agrave; (une fois de plus) le cas d&rsquo;un &eacute;crivain qui se trouve avoir &eacute;norm&eacute;ment &eacute;crit pour la radio &ndash; puisque toutes ses interventions orales dans les s&eacute;quences dont il fut le producteur, consistent en des lectures de textes (les siens comme ceux des autres) &ndash; sans que jamais pourtant dans les &eacute;tudes critiques n&rsquo;ait &eacute;t&eacute; envisag&eacute;e comme apparent&eacute;e &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre litt&eacute;raire cette immense et tr&egrave;s coh&eacute;rente production radiophonique. Avec Venaille pourtant, on constate tr&egrave;s vite que la radio n&rsquo;est pas un dehors de la litt&eacute;rature : radio et litt&eacute;rature &ndash; et ce m&ecirc;me hors des &eacute;missions de pure fiction &ndash; apparaissent comme des domaines contigus, ou adjacents. Pour Venaille, je retiens l&rsquo;image de la &laquo; contre-all&eacute;e &raquo;, o&ugrave; il se pla&icirc;t tant, dit-il, &agrave; cheminer [<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>]. La radio ne serait-elle pas l&rsquo;une de ces &laquo; contre-all&eacute;es &raquo; de la cr&eacute;ation litt&eacute;raire ?</p> <p>Le titre de ce num&eacute;ro nous invite &agrave; r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; &laquo;&nbsp;la part des &eacute;crivains&nbsp;&raquo; au sein des programmes de la radio d&rsquo;art et d&rsquo;essai&nbsp;; mais l&rsquo;envers de cette question n&rsquo;est-elle pas de se demander ce que la radio a pu apporter aux &eacute;crivains-producteurs&nbsp;? Or cette question se pose tout particuli&egrave;rement pour quelqu&rsquo;un qui, comme Venaille, a travaill&eacute; de si nombreuses ann&eacute;es pour une m&ecirc;me &eacute;mission&nbsp;: son travail pour France Culture ne peut &ecirc;tre r&eacute;duit &agrave; un pur et simple gagne-pain&nbsp;; on ne peut non plus y voir seulement le terrain g&eacute;n&eacute;tique et matriciel de l&rsquo;&oelig;uvre litt&eacute;raire, laquelle seule compterait dans notre perception finale de l&rsquo;auteur. La richesse des &eacute;missions produites par Venaille, et leurs liens &eacute;vidents avec les livres publi&eacute;s, troublent nos habitudes et orni&egrave;res de &laquo;&nbsp;litt&eacute;raires&nbsp;&raquo;&nbsp;: au fond, la question qui se profile &agrave; l&rsquo;horizon de cette &eacute;tude est celle de comprendre ce que repr&eacute;sent&egrave;rent la radio et l&rsquo;&eacute;criture radiophonique pour un &eacute;crivain comme lui. Ma d&eacute;marche sera donc la suivante&nbsp;: je commencerai par r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; ce qu&rsquo;a apport&eacute; de sp&eacute;cifique l&rsquo;&eacute;crivain Franck Venaille aux&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, avant de me pencher sur la po&eacute;tique de la bande (magn&eacute;tique) qu&rsquo;il d&eacute;veloppa au fil des ann&eacute;es. Je terminerai enfin mon propos par un essai de synth&egrave;se pour comprendre la place profonde qu&rsquo;occupa la radio dans son travail d&rsquo;&eacute;crivain.</p> <h2>1. Franck Venaille &agrave;&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em><br /> &nbsp;</h2> <p>Comme chacun des &eacute;crivains-producteurs des Nuits magn&eacute;tiques, Franck Venaille &agrave; la fois participe d&rsquo;une aventure collective et marque le programme de sa propre personnalit&eacute;. Qui est-il lorsqu&rsquo;il commence &agrave; travailler en 1976 comme producteur &agrave; France Culture&nbsp;?</p> <h3><strong>1.1. Point de d&eacute;part</strong></h3> <p>&Acirc;g&eacute; de tout juste 40 ans, il s&rsquo;est fait une place dans le milieu litt&eacute;raire, notamment depuis la publication de&nbsp;<em>Caballero h&ocirc;tel&nbsp;</em>en 1974 chez Minuit, un livre &ndash; &laquo; ni roman ni po&egrave;me &raquo;, dit-il &ndash; qui est &laquo; peut-&ecirc;tre l&rsquo;une des possibilit&eacute;s [&hellip;] de faire une litt&eacute;rature qui ne doive absolument rien &agrave; la litt&eacute;rature, quelle qu&rsquo;elle soit [<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>] &raquo;. On se doute qu&rsquo;une telle d&eacute;claration ait pu plaire &agrave; Alain Veinstein qui recherchait alors, pour constituer son &eacute;quipe de producteurs, des &eacute;crivains capables &laquo; d&rsquo;oublier qu&rsquo;ils &eacute;taient &eacute;crivains &raquo; pour &laquo; faire quelque chose qui [&hellip;] &eacute;loigne de la litt&eacute;rature &raquo;, ainsi qu&rsquo;il l&rsquo;explique &agrave; Christophe Deleu dans l&rsquo;&eacute;mission que ce dernier consacre &agrave;&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques&nbsp;</em>en 2013 : &laquo; on oublie la page blanche &raquo;, disait-il encore, &laquo; on pense radio, avec les possibilit&eacute;s qu&rsquo;offre la radio de raconter des histoires [<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>] &raquo;. Venaille, qu&rsquo;il recrute d&egrave;s 1976 pour une s&eacute;quence de&nbsp;<em>Avignon ultra-son</em>, appara&icirc;t bien comme l&rsquo;homme de la situation.</p> <p>Franck Venaille est aussi &agrave; cette &eacute;poque un homme de r&eacute;seau, notamment par la revue qu&rsquo;il dirige de 1968 &agrave; 1974,&nbsp;<em>Chorus</em>, o&ugrave; se croisent &eacute;crivains, peintres et plasticiens soucieux de redonner une place au &laquo;&nbsp;concret&nbsp;&raquo;, &agrave; la &laquo;&nbsp;r&eacute;alit&eacute;&nbsp;&raquo; telle qu&rsquo;elle s&rsquo;exp&eacute;rimente dans la rue, la ville, l&rsquo;environnement le plus quotidien (en r&eacute;action &agrave; des revues comme&nbsp;<em>Change</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Tel Quel</em>). Malgr&eacute; la fin de&nbsp;<em>Chorus</em>, et la rupture franche avec certains de ses membres, Venaille arrive donc &agrave; la radio avec toute une &eacute;quipe, puisque pour ses &eacute;missions il fait appel &agrave; certains des &eacute;crivains et des artistes qui ont particip&eacute; &agrave; la revue (comme Claude Delmas, Christian Boltanski, Jean-Pierre Le Boul&rsquo;ch, et surtout Jacques Monory, qu&rsquo;il invite tout au long de sa carri&egrave;re d&rsquo;homme de radio)&nbsp;; il reprend aussi pour la radio de nombreux th&egrave;mes de pr&eacute;dilection&nbsp;: le pop art et la figuration narrative, les films noirs et les polars am&eacute;ricains, la ville et ses lieux interlopes, etc. Apr&egrave;s&nbsp;<em>Chorus</em>, Venaille fr&eacute;quente assid&ucirc;ment l&rsquo;atelier de Raquel o&ugrave; ont lieu les fameuses soir&eacute;es d&rsquo;Orange Export Ltd. autour du po&egrave;te Emmanuel Hocquard. C&rsquo;est l&agrave; qu&rsquo;il c&ocirc;toie ceux qui vont lui ouvrir les portes de la radio &ndash;&nbsp;Claude Royet-Journoud, Jean Daive, Alain Veinstein notamment&nbsp;; c&rsquo;est l&agrave; aussi que se noue et s&rsquo;alimente un nouveau rapport &agrave; l&rsquo;&eacute;criture, plus r&eacute;flexif, plus critique. En 1978, il fonde une nouvelle revue,&nbsp;<em>Monsieur Bloom</em>, &agrave; laquelle s&rsquo;agr&egrave;gent aussi bien les amis d&rsquo;Orange Export Ltd. que plusieurs &eacute;crivains-producteurs de la radio, notamment ceux de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;(on y retrouve ainsi, entre autres, Emmanuel Hocquard, Alain Veinstein, Mathieu B&eacute;n&eacute;zet, Hubert Lucot, Olivier Kaeppelin, Jean-Pierre Milovanoff&hellip;). D&eacute;finie par Venaille comme un &laquo; laboratoire du langage &raquo; ou encore un &laquo; lieu clos de cr&eacute;ation o&ugrave; des &oelig;uvres et des &eacute;crivains interrogent les formes du r&eacute;el &raquo; [<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a>],&nbsp;<em>Monsieur Bloom</em>&nbsp;appara&icirc;t dans une continuit&eacute; parfaite avec cet autre laboratoire que repr&eacute;sente le programme&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>. En t&eacute;moignent par exemple ces &laquo;&nbsp;avis de recherche&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;rapports de police&nbsp;&raquo; &agrave; la fois publi&eacute;s dans le premier num&eacute;ro de la revue (juin 1978) et lus au micro tout au long de la semaine du 29 mai au 2 juin 1978, dans la s&eacute;quence &laquo;&nbsp;Nuit, night, notte, nacht&nbsp;&raquo;. Jusqu&rsquo;en 1981, ann&eacute;e du dernier num&eacute;ro de&nbsp;<em>Monsieur Bloom</em>, radio et revue se font ainsi &eacute;cho, semblent se prolonger l&rsquo;une l&rsquo;autre. On remarque que 1981 constitue aussi un temps d&rsquo;arr&ecirc;t dans la production radiophonique de Venaille : il ne reprend en effet les s&eacute;quences produites &agrave;&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;qu&rsquo;en mars 1984, soit trois ans apr&egrave;s, avec des th&egrave;mes d&rsquo;inspiration globalement diff&eacute;rents, mais toujours aussi personnels et en &eacute;cho &agrave; ses pr&eacute;occupations litt&eacute;raires du moment&nbsp;: notamment l&rsquo;op&eacute;ra, le sport et les souvenirs d&rsquo;enfance, le rapport des &eacute;crivains aux villes.</p> <h3>1.2. Bref panorama des Nuits Venaille</h3> <p>On peut rep&eacute;rer deux &eacute;poques bien distinctes dans les productions de Venaille pour les&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>. La premi&egrave;re, de 1978 &agrave; 1981, se caract&eacute;rise par deux types d&rsquo;&eacute;missions, d&rsquo;ailleurs souvent entrem&ecirc;l&eacute;s : les uns qui travaillent la mati&egrave;re du r&eacute;el et interrogent son rapport au langage, avec des r&eacute;cits de vie quotidienne, des descriptions en direct de lieux urbains, des lectures de documents (avis de recherche, bottin, faits divers&hellip;) ; les autres qui, par une mise en abyme du moment d&rsquo;enregistrement et de diffusion du programme, s&rsquo;int&eacute;ressent &agrave; la nuit pour elle-m&ecirc;me, nuit r&eacute;elle autant que fantasm&eacute;e (il interroge ainsi des artistes noctambules, lit des romans noirs&hellip;).</p> <p>Ce travail sur les rapports entre r&eacute;alit&eacute;/langage/fiction n&rsquo;est pas propre &agrave; Venaille, quoiqu&rsquo;il ait &eacute;t&eacute; d&eacute;j&agrave; au c&oelig;ur de ses deux revues&nbsp;: c&rsquo;est l&agrave; une pr&eacute;occupation majeure de l&rsquo;&eacute;poque, commune aux milieux litt&eacute;raires, artistiques, philosophiques, linguistiques &ndash;&nbsp;et que l&rsquo;on retrouve d&rsquo;ailleurs au c&oelig;ur du projet m&ecirc;me des Nuits magn&eacute;tiques&nbsp;; rappelons aussi qu&rsquo;au m&ecirc;me moment &ndash;&nbsp;est-ce une co&iuml;ncidence&nbsp;?&nbsp;&ndash; Perec pr&eacute;pare pour l&rsquo;ACR sa fameuse&nbsp;<em>Tentative de description de choses vues au carrefour Mabillon le 19 mai 1978</em>&nbsp;(diff. le 25 f&eacute;vrier 1979), qui n&rsquo;est pas sans faire &eacute;cho aux &laquo; interventions &raquo; de Venaille, la semaine du 6 au 10 novembre 1978, intitul&eacute;es &laquo; Franck Venaille en direct dans Paris &raquo;. Voici une transcription d&rsquo;extraits des premi&egrave;re et deuxi&egrave;me &laquo; interventions &raquo; [<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>] :</p> <blockquote> <p>Quelqu&rsquo;un marche. Vous entendez&nbsp;? Ses pas, sur le bitume. Quelqu&rsquo;un marche. C&rsquo;est moi. Je pourrais &ecirc;tre un tueur perdu dans la ville. Je pourrais &ecirc;tre une sorte de justicier. Il est 22h40. Tout est calme, devant le 4 avenue &Eacute;mile Zola. Alors, c&rsquo;est cela, je marche, je regarde, j&rsquo;&eacute;coute, je suis votre oreille, 10 fois dans la semaine. Tout &agrave; l&rsquo;heure, j&rsquo;&eacute;tais &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de la voiture, avec beaucoup de probl&egrave;mes techniques. J&rsquo;imaginais les studios, de l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute; de la Seine, les longs couloirs vides, le vide, comme ici. Je vous demande d&rsquo;imaginer. Je vous demande de croire que la r&eacute;alit&eacute; existe. [&hellip;]</p> </blockquote> <blockquote> <p>Maintenant, de l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;eau, l&agrave;-bas, ce sont des voitures.&nbsp;Un, deux, trois, quatre. Les phares se refl&egrave;tent dans l&rsquo;eau et moi, hop, je lance des cailloux. Cette fois-ci je suis au bord de la Seine. Vous me voyez&nbsp;? [&hellip;] 23h21. J&rsquo;esp&egrave;re que vous entendez le bourdonnement des voitures. Phares jaunes, petite lumi&egrave;re arri&egrave;re rouge. Devant moi, l&rsquo;&icirc;le. Au bout, la Statue de la Libert&eacute;, mod&egrave;le r&eacute;duit. C&rsquo;est l&agrave;, devant moi, &agrave; quelques m&egrave;tres, tout cela noy&eacute; dans le b&eacute;ton. Ici, autour de moi, cailloux, feuilles pourries, bouteilles vides c&rsquo;est assez d&eacute;gueulasse, de la terre de la boue, en pleine ville. Je vous parle en plein c&oelig;ur de la ville &ndash; le c&oelig;ur, quel mot&nbsp;! [&hellip;] Je pourrais vous dire que je traque l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement, mais l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement c&rsquo;est cela&nbsp;: un homme dans la ville, des hommes des femmes qui &eacute;coutent. Il ne se passe rien. Je voulais vous faire entendre le bourdonnement de la ville, vous y &ecirc;tes&nbsp;? Et puis &eacute;couter le bruit que fait un caillou dans l&rsquo;eau. C&rsquo;est tout. [&hellip;]</p> </blockquote> <p>Le temps &laquo; r&eacute;el &raquo; de la communication radiophonique n&rsquo;est en fait qu&rsquo;une porte ouverte sur l&rsquo;imaginaire, ce que renforce bien s&ucirc;r le fait que l&rsquo;auditeur ne voit pas celui qui lui parle. Ce que Franck Venaille a &agrave; c&oelig;ur de montrer, ici comme dans toutes les &eacute;missions de cette p&eacute;riode, c&rsquo;est la mani&egrave;re dont r&eacute;el et fiction s&rsquo;entrem&ecirc;lent : &agrave; la fois comment des documents, des &eacute;l&eacute;ments issus du r&eacute;el, viennent frapper l&rsquo;imagination pour cr&eacute;er des r&eacute;cits, des fictions, faire na&icirc;tre des personnages, et inversement comment le r&eacute;el est travers&eacute; par un imaginaire, per&ccedil;u au travers de repr&eacute;sentations culturelles. Nombreux sont ses interlocuteurs qui viennent alimenter cette r&eacute;flexion. Je pense en particulier &agrave; cet entretien avec le jeune Christian Boltanski parlant de ses photographies et d&eacute;clarant par exemple : &laquo;&nbsp;[&hellip;] quand on prend une photo, on recopie ces images apprises d&egrave;s l&rsquo;enfance, c&rsquo;est-&agrave;-dire qu&rsquo;on fait pas la photo de la plage qui est devant soi, mais la photo d&rsquo;une plage apprise [<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>] &raquo;.</p> <p>Pour l&rsquo;auditeur, se d&eacute;gage de cet ensemble d&rsquo;&eacute;missions de la premi&egrave;re p&eacute;riode une double le&ccedil;on, contradictoire : 1. le r&eacute;el existe et demande &agrave; &ecirc;tre per&ccedil;u plus attentivement (dimension de l&rsquo;infra-ordinaire) 2. le r&eacute;el n&rsquo;existe pas (puisque rien n&rsquo;&eacute;chappe aux repr&eacute;sentations et aux projections imaginaires).</p> <p>La seconde p&eacute;riode va de 1984 &agrave; 1993, avec des productions de Venaille beaucoup plus espac&eacute;es dans le temps, qui entrelacent cette fois un mat&eacute;riau fictionnel et quasi mythologique (celui des op&eacute;ras notamment, mais aussi les villes pr&eacute;sent&eacute;es comme des lieux mentaux et culturels) &agrave; des m&eacute;ditations personnelles, voire des fragments autobiographiques&nbsp;: &agrave; partir de ce moment, Venaille-producteur s&rsquo;affirme davantage comme auteur, se montrant hant&eacute; lui-m&ecirc;me par un certain nombre d&rsquo;&eacute;crivains (Jouve, Saba, Maeterlinck&hellip;), de lieux (les Flandres, Paris), d&rsquo;histoires et de personnages (le prince Golaud de&nbsp;<em>Pell&eacute;as et M&eacute;lisande</em>,&nbsp;<em>Don Juan le libertin</em>,&nbsp;<em>Wozzeck le soldat</em>&hellip;) &ndash; obsessions revenant d&rsquo;&eacute;missions en &eacute;missions&hellip; ainsi que de livre en livre. Ce qu&rsquo;il cherche &agrave; cette &eacute;poque &agrave; transmettre aux auditeurs ce n&rsquo;est plus seulement, comme au d&eacute;but de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, une r&eacute;flexion sur le r&eacute;el ou une mati&egrave;re &agrave; des r&ecirc;ves &eacute;veill&eacute;s, mais, au fond, un acc&egrave;s direct &ndash; en actes, par des effets de miroir entre lui-m&ecirc;me, Venaille, et les artistes et &eacute;crivains qu&rsquo;il &eacute;voque &ndash; un acc&egrave;s aux m&eacute;canismes mentaux, &eacute;motionnels, aux chemins int&eacute;rieurs conduisant &agrave; la cr&eacute;ation artistique (d&rsquo;o&ugrave; l&rsquo;exploration des rapports d&rsquo;un &eacute;crivain &agrave; une ville&nbsp;; d&rsquo;un &eacute;crivain &agrave; un autre &eacute;crivain&nbsp;; la r&eacute;sonance des lieux avec les souvenirs d&rsquo;enfance&nbsp;; des lectures symboliques du r&eacute;el, etc&hellip;). Je dirais que durant cette seconde p&eacute;riode, Venaille appara&icirc;t sous les traits d&rsquo;un po&egrave;te-producteur tr&egrave;s &eacute;luardien, inspir&eacute;&hellip; et inspirant.</p> <p>En guise de synth&egrave;se de cette premi&egrave;re partie, je voudrais revenir sur la d&eacute;claration d&rsquo;Alain Veinstein disant que Venaille &laquo;&nbsp;faisait un peu des &eacute;missions autour de lui&nbsp;&raquo;. Qu&rsquo;est-ce &agrave; dire&nbsp;? J&rsquo;ai envie de rapprocher la d&eacute;marche de Venaille de celle de Baudelaire dans &laquo;&nbsp;Les fen&ecirc;tres&nbsp;&raquo;, Baudelaire pour qui la rencontre plus ou moins fantasm&eacute;e avec autrui (depuis une fen&ecirc;tre ferm&eacute;e&nbsp;!) n&rsquo;a au fond d&rsquo;autre utilit&eacute; qu&rsquo;un approfondissement de la conscience et de la connaissance intime de soi-m&ecirc;me&nbsp;: &laquo;&nbsp;Peut-&ecirc;tre me direz-vous : &ldquo;Es-tu s&ucirc;r que cette l&eacute;gende soit la vraie ?&rdquo; Qu&rsquo;importe ce que peut &ecirc;tre la r&eacute;alit&eacute; plac&eacute;e hors de moi, si elle m&rsquo;a aid&eacute; &agrave; vivre, &agrave; sentir que je suis et ce que je suis ?&nbsp;&raquo;, &eacute;crit Baudelaire. Il me semble que plus les ann&eacute;es passent, plus c&rsquo;est ce type de rapport tout subjectif &agrave; la r&eacute;alit&eacute; qui s&rsquo;exprime dans les &eacute;missions produites par Venaille (bien loin de l&rsquo;objectivisme am&eacute;ricain alors en vogue en France et auquel il a pu parfois faire r&eacute;f&eacute;rence). Si l&rsquo;on consid&egrave;re par exemple les personnes qu&rsquo;il interroge, on se rend compte que contrairement &agrave; d&rsquo;autres producteurs de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, il n&rsquo;interroge pas des inconnus, il ne va pas au hasard des rencontres, mais il interroge de pr&eacute;f&eacute;rence des amis, en particulier des &eacute;crivains et des artistes de son entourage. Ou alors, pour les reportages sur des lieux (villes, quartiers, stades&hellip;), il va chercher des t&eacute;moins-clefs, des m&eacute;moires locales beaucoup plus que des habitants lambda. Typique aussi est son entretien avec le cycliste Raymond Impanis, idole de sa jeunesse, qu&rsquo;il entrem&ecirc;le &agrave; des r&eacute;cits de souvenirs d&rsquo;enfance, des m&eacute;ditations sur les &acirc;ges de la vie et &agrave; des archives radiophoniques. Dans cet extrait, qui pr&eacute;c&egrave;de la diffusion d&rsquo;extraits de l&rsquo;entretien &agrave; proprement parler, Venaille fait de cette rencontre une sc&egrave;ne de son roman personnel, plac&eacute;e sous le signe d&rsquo;une discr&egrave;te d&eacute;sillusion&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Dites, Raymond Impanis, dites, comment c&rsquo;&eacute;tait autrefois, la vie, la course, dites. Je vous ai vu arriver dans votre costume bleu, nous avions rendez-vous dans un h&ocirc;tel de Bruxelles. C&rsquo;&eacute;tait cela : un rendez-vous si longtemps apr&egrave;s. Dites, j&rsquo;ai attendu ces trente ann&eacute;es-l&agrave; pour vous voir, pour vous rencontrer. Je voulais &ecirc;tre certain que les blessures soient &laquo; cicatris&eacute;es &raquo;, c&rsquo;est ce que l&rsquo;on dit. Je ne voulais pas que l&rsquo;enfant souffre encore, dites, Raymond Impanis, peut-&ecirc;tre l&rsquo;avez-vous senti. Un matin donc, dans le hall d&rsquo;un h&ocirc;tel, il le vit arriver. Il savait qu&rsquo;il &eacute;tait l&agrave;, mais de plus il le vit arriver. Il vint. Oh oui, mais si, dit-il. Et il lui dit merci. Ils parl&egrave;rent. Il y eut m&ecirc;me des quiproquos dans la conversation. Par exemple : Je vous demande ce que cela vous faisait de porter le maillot noir ray&eacute; de jaune et de rouge. Et vous me r&eacute;pondez sur un tout autre sujet. Il portait un costume bleu. Ils ne se revirent plus jamais [<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>].</p> </blockquote> <p>La s&eacute;quence se termine par un magnifique &laquo;&nbsp;credo&nbsp;&raquo; des enfants, car ce qui compte pour Venaille, on le comprend ici, ce n&rsquo;est pas tant la d&eacute;sacralisation que la pr&eacute;servation, teint&eacute;e de nostalgie, du monde de l&rsquo;enfance, avec ses idoles, ses mythes, ses croyances, comme autant de r&eacute;serves d&rsquo;&eacute;nergie&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Les enfants disaient : &laquo;&nbsp;Et de qui parlez-vous, tous ? Nous les enfants, nous sommes au commencement de tout. C&rsquo;est nous qui avons tout commenc&eacute;, et nous croyons en tout. Oui, nous y croyons. Nous croyons au langage des fleurs et aux pierres porte-bonheur, nous croyons aux plumes de paon et nous croyons aussi aux &eacute;toiles. Nous croyons aux feuilles de th&eacute;, au cheval blanc et &agrave; la fille aux cheveux roux. Nous croyons &agrave; la lune, au rouge dans le ciel. Nous croyons aux aboiements d&rsquo;un chien, en tout ce qui est mortel et immortel. Nous croyons m&ecirc;me aux araign&eacute;es, aux poissons-rouges et aux coucous. Nous croyons &agrave; tout &ccedil;a, nous les nains, les enfants, tout et tout et tous et chacun on est pareils. Nous sommes, le monde entier est comme nous les enfants, le monde entier croit &agrave; tout, et nous aussi nous y croyons, et le monde entier croit en nous et en vous.&nbsp;&raquo; Tout le monde dans l&rsquo;h&ocirc;tel se taisait. Je regardais Raymond Impanis, et c&rsquo;&eacute;tait tout.</p> </blockquote> <p>On pourrait croire &agrave; premi&egrave;re vue, avec tous ces artistes et c&eacute;l&eacute;brit&eacute;s interrog&eacute;s, que Venaille d&eacute;tone par rapport au projet de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;relatif &agrave; la &laquo; culture &raquo; savante ; Alain Veinstein n&rsquo;affirme-t-il pas : &laquo; Ce que nous voulions, c&rsquo;&eacute;tait faire entendre la parole des gens qui n&rsquo;ont pas une position dans le monde de la culture, mais qui ont des choses &agrave; dire sur les sujets qui nous concernent tous [<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>] &raquo; ? Pourtant, Venaille &agrave; sa mani&egrave;re respecte ce projet de d&eacute;centrement culturel et ce, au moins de deux mani&egrave;res : 1. les artistes interrog&eacute;s sont au mieux nomm&eacute;s (parfois ils ne le sont m&ecirc;me pas, simples voix rendues &agrave; leur anonymat), en tout cas jamais pr&eacute;c&eacute;d&eacute;s d&rsquo;un curriculum vitae imposant&nbsp;; et surtout Venaille les fait parler autrement que dans la plupart des entretiens traditionnels de la station&nbsp;: il s&rsquo;agit de les faire parler de leur vie et de leurs habitudes quotidiennes, de leurs sentiments et de leurs exp&eacute;riences affectives plut&ocirc;t que leurs &oelig;uvres. Venaille ouvre le micro &agrave; la parole intime, &agrave; la confidence, d&eacute;voile les mondes int&eacute;rieurs et mentaux des artistes &ndash; ce qui correspond aussi, on le sait, &agrave; une certaine tradition de la cr&eacute;ation radiophonique. 2. Venaille d&eacute;hi&eacute;rarchise culture savante (ou cultiv&eacute;e) et culture populaire, avec l&rsquo;id&eacute;e surtout que, dans l&rsquo;esprit de l&rsquo;artiste &ndash;&nbsp;et dans le sien au premier chef&nbsp;! &ndash; tout se m&ecirc;le (mais c&rsquo;&eacute;tait d&eacute;j&agrave; la le&ccedil;on d&rsquo;Apollinaire&nbsp;!)&nbsp;: en cela ses &eacute;missions forment un essai de repr&eacute;sentation d&rsquo;une &laquo;&nbsp;culture au pluriel&nbsp;&raquo;, pour reprendre la notion contemporaine de Michel de Certeau, o&ugrave; litt&eacute;rature, cin&eacute;ma, musique nourrissent et forment autant l&rsquo;esprit que les cultures du stade, de la rue, des bars, etc.</p> <p>&nbsp;</p> <blockquote> <p>C&rsquo;est une lecture interpr&eacute;t&eacute;e, c&rsquo;est-&agrave;-dire que ce n&rsquo;est pas le texte int&eacute;gral de la nouvelle, c&rsquo;est un texte que j&rsquo;ai travaill&eacute;, que j&rsquo;ai condens&eacute;, que j&rsquo;ai repris et dans lequel je me glisse aussi en tant qu&rsquo;homme de radio [<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>]</p> </blockquote> <p>Typique de sa d&eacute;marche est encore ce portrait subjectif de Baudelaire du 20 mars 1979, pr&eacute;sent&eacute; ainsi la veille de la diffusion&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Baudelaire &agrave; une voix&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire Baudelaire avec ma voix, et Baudelaire aussi ce qui appara&icirc;t dans son &oelig;uvre, dans sa vie, les sortes de moments forts qui se d&eacute;gagent de son existence, tout au moins ceux que moi-m&ecirc;me j&rsquo;ai remarqu&eacute;s, qui m&rsquo;int&eacute;ressent. Baudelaire &agrave; une voix, c&rsquo;est quelqu&rsquo;un, moi en l&rsquo;occurrence, qui parle d&rsquo;un po&egrave;te qu&rsquo;il aime, sans artifice, c&rsquo;est-&agrave;-dire en direct, sans le recours au mixage, tentative et tentation d&rsquo;essayer de faire jouer une voix, nue, neutre, enfin nue, face &agrave; un texte, qui existe comme &ccedil;a, que l&rsquo;on conna&icirc;t, que l&rsquo;on conna&icirc;t parfois mal, et d&rsquo;essayer de lui redonner vie &agrave; travers justement des &eacute;l&eacute;ments aussi de biographie de la personne qui parle. En fait, ce Baudelaire-l&agrave;, c&rsquo;est surtout Baudelaire face &agrave; sa m&egrave;re, c&rsquo;est l&rsquo;&oelig;uvre de Baudelaire &eacute;clair&eacute;e, ou dans le noir justement, par rapport &agrave; la m&egrave;re. Et peut-&ecirc;tre que c&rsquo;&eacute;tait ce qui m&rsquo;int&eacute;ressait moi de parler, de parler de la m&egrave;re de Baudelaire, et peut-&ecirc;tre &agrave; partir d&rsquo;elle de toutes les m&egrave;res.</p> </blockquote> <p>La position de Venaille dans les s&eacute;ries qu&rsquo;il produit n&rsquo;est donc pas celle d&rsquo;un &laquo;&nbsp;simple&nbsp;&raquo; producteur, mais bien celle d&rsquo;un auteur, affirmant son &laquo;&nbsp;je&nbsp;&raquo; d&rsquo;&eacute;crivain (ainsi que son nom de famille), lisant ses propres textes et travaillant &agrave; une mise en sc&egrave;ne autobiographique de soi. Ce mat&eacute;riau autobiographique sert de fil rouge aux &eacute;missions&nbsp;; et cela, m&ecirc;me d&rsquo;une s&eacute;quence &agrave; l&rsquo;autre&nbsp;: l&rsquo;auditeur fid&egrave;le et attentif aura ainsi l&rsquo;impression de conna&icirc;tre Venaille&nbsp;&ndash;&nbsp;du moins son propre personnage&nbsp;&ndash;&nbsp;au fil des&nbsp;<em>Nuits</em>&nbsp;et des ann&eacute;es.</p> <p>Cette unit&eacute; autobiographique&nbsp;&ndash;&nbsp;ou pseudo-autobiographique&nbsp;&ndash;&nbsp;perceptible dans son travail radiophonique fait bien s&ucirc;r &eacute;cho &agrave; celle de l&rsquo;&oelig;uvre imprim&eacute;e. Mais que pouvons-nous dire de son &eacute;criture pour la bande magn&eacute;tique&nbsp;? Quelle po&eacute;tique se d&eacute;gage de ces quinze ans d&rsquo;&eacute;missions pour&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;?</p> <h2>2. &Eacute;crire avec la voix<br /> &nbsp;</h2> <p>Bizarrement (et malheureusement pour nous&hellip;), Venaille a peu parl&eacute; de son travail d&rsquo;&eacute;criture pour la radio. Et souvent, il a plut&ocirc;t mis en avant les convergences, voire les similitudes entre son travail de po&egrave;te et son travail d&rsquo;homme de radio. Mais s&rsquo;il y a bien une chose qu&rsquo;il d&eacute;couvre, dont il prend conscience avec force gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;exp&eacute;rience de la radio, c&rsquo;est le pouvoir expressif des voix, et en particulier de sa propre voix. Dans le dernier num&eacute;ro de&nbsp;<em>Monsieur Bloom</em>&nbsp;en 1981, voici ce qu&rsquo;il dit de l&rsquo;&eacute;criture radiophonique&nbsp;:</p> <blockquote> <p>L&rsquo;&eacute;criture radiophonique, c&rsquo;est la bande-son, la bande magn&eacute;tique. C&rsquo;est l&agrave; que tout se passe. [&hellip;] L&rsquo;&eacute;criture de la radio, le corps et le lieu de la voix, c&rsquo;est la bande magn&eacute;tique, il n&rsquo;y a pas &agrave; sortir de l&agrave;. [&hellip;] Je me suis aper&ccedil;u que c&rsquo;&eacute;tait en fait ma voix elle-m&ecirc;me qui dans ce lieu &eacute;tait ma propre &eacute;criture [<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>].</p> </blockquote> <p>Et dans la premi&egrave;re &eacute;mission de &laquo;&nbsp;Nuits confidentes&nbsp;&raquo;, du 27 ao&ucirc;t 1979, on tombe sur un petit joyau de po&egrave;me sonore dans lequel Venaille &eacute;num&egrave;re diff&eacute;rentes expressions et d&eacute;finitions autour du mot &laquo;&nbsp;voix&nbsp;&raquo;, en un murmure lancinant, allant crescendo, sur une musique au piano :</p> <blockquote> <p>&hellip; de vive voix, &agrave; demi-voix, en baissant la voix, &agrave; voix presque basse&nbsp;; sons articul&eacute;s qu&rsquo;entendent les visionnaires, facult&eacute; de chanter&nbsp;; une belle voix, une voix juste&nbsp;; Jeanne d&rsquo;Arc entendait des voix, la voix du clairon, les chiens donn&egrave;rent de la voix&nbsp;; son, bruit, qui r&eacute;sulte des vibrations de l&rsquo;air ou de certains corps sonores, voix, V, O, I, X, voix, mouvement int&eacute;rieur qui nous porte &agrave; faire quelque chose, ou qui nous en d&eacute;tourne, la voix du sang, de la nature, etc., voix, aigu&euml;, grave, nasale&nbsp;; &eacute;pith&egrave;tes courantes&nbsp;: forte, faible, bonne, belle, haute, douce, claire, nette, criarde, tonitruante, aigre, suave, d&eacute;sagr&eacute;able, musicale, harmonieuse, cass&eacute;e, us&eacute;e, &eacute;teinte, rude, g&acirc;t&eacute;e, tue, discordante, enrou&eacute;e, rauque&nbsp;; voix, V, O, U, A&nbsp;; famille de mots&nbsp;: voyelle, vocalise, convocation, &eacute;voquer, &eacute;quivoque, vocalise, &eacute;vocatoire&nbsp;; la d&eacute;esse aux cent voix&nbsp;; de vive voix&hellip; [le texte se r&eacute;p&egrave;te et s&rsquo;efface progressivement, tandis que monte la voix de Tom Waits chantant &laquo;&nbsp;Muriel&nbsp;&raquo;]</p> </blockquote> <p>Ce moment radiophonique est d&rsquo;autant plus int&eacute;ressant qu&rsquo;il est le parfait pendant du passage consacr&eacute; aux d&eacute;finitions du mot &laquo;&nbsp;m&eacute;moire&nbsp;&raquo; dans le texte qui para&icirc;t au m&ecirc;me moment dans Haine de la po&eacute;sie [<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>]. Pour Venaille, la voix serait donc &agrave; l&rsquo;&eacute;criture pour la bande magn&eacute;tique ce qu&rsquo;est la m&eacute;moire &agrave; l&rsquo;&eacute;criture pour le livre.</p> <p>Et en effet, la voix, concr&egrave;te, avec toutes ses caract&eacute;ristiques sonores &ndash;&nbsp;naturelles ou travaill&eacute;es (timbre, accent, d&eacute;bit&hellip;)&nbsp;&ndash; est un puissant tremplin pour l&rsquo;imaginaire. Venaille en joue souvent, comme d&rsquo;un masque, pour s&rsquo;inventer un personnage aux oreilles de l&rsquo;auditeur&nbsp;: masque de l&rsquo;assassin, du criminel souvent, passant nocturne un peu effrayant. Pas besoin du masque-pseudonyme de Lou Bernardo ici, la voix suffit, comme dans cet extrait de la s&eacute;quence des&nbsp;<em>Nuits</em>&nbsp;intitul&eacute;e &laquo; Approche de la r&eacute;alit&eacute; [<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>] &raquo; :</p> <blockquote> <p>On se sent dr&ocirc;le sans arme. Je l&rsquo;ai laiss&eacute;e dans un tiroir de ma chambre. L&rsquo;h&ocirc;tel n&rsquo;est pas loin d&rsquo;ici, il me suffit de traverser la Tamise. En attendant, je vous dis Bonsoir. Cet apr&egrave;s-midi, je marchai dans Hyde Park, j&rsquo;y ramassai les premi&egrave;res feuilles. Je vous les offre. Une feuille, une cartouche, une feuille, une cartouche. C&rsquo;est du neuf millim&egrave;tres. Elle rentre aussi facilement que les autres et &agrave; la sortie, tenez, sous l&rsquo;omoplate, le trou est&hellip; large, comme une feuille. Non, vous ne craignez rien, d&rsquo;ailleurs je suis d&eacute;sarm&eacute;. Je vous parle. Je n&rsquo;ai que ma voix, et puis c&rsquo;est pour de rire, comme l&rsquo;on disait.</p> </blockquote> <p>&Agrave; c&ocirc;t&eacute; de ces masques vocaux, il y a aussi la diction si particuli&egrave;re qu&rsquo;adopte Venaille d&egrave;s les premi&egrave;res &eacute;missions. Lente, grave, plut&ocirc;t monodique, elle se caract&eacute;rise par un d&eacute;bit presque t&eacute;l&eacute;grammatique, avec des pauses non syntaxiques, &eacute;trang&egrave;res &agrave; la grammaire de la langue. D&rsquo;o&ugrave; imm&eacute;diatement pour l&rsquo;auditeur l&rsquo;impression d&rsquo;avoir affaire &agrave; une diction de nature po&eacute;tique. L&rsquo;effet est &eacute;trange et ambigu&nbsp;: &agrave; la fois se d&eacute;gage une certaine froideur, le ton choisi correspondant &agrave; l&rsquo;id&eacute;e qu&rsquo;on se ferait d&rsquo;un certain objectivisme&nbsp;; et en m&ecirc;me temps se maintient un effet de lyrisme assum&eacute;, lequel prend d&rsquo;ailleurs de plus en plus d&rsquo;ampleur au fil des ann&eacute;es. Et puis il y a cette voix dramatique, tragique, incarnation m&ecirc;me du destin dans certaines &eacute;missions, comme dans la tr&egrave;s belle s&eacute;quence intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;Le roman de Pell&eacute;as et M&eacute;lisande&nbsp;&raquo; en janvier 1992, o&ugrave; Venaille mart&egrave;le r&eacute;guli&egrave;rement, d&eacute;tachant chaque mot&nbsp;: &laquo;&nbsp;Un&nbsp;/&nbsp;crime&nbsp;/&nbsp;se&nbsp;/&nbsp;pr&eacute;pare&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Une derni&egrave;re fois, l&rsquo;ampoule rouge vient de s&rsquo;allumer et je suis seul dans ce studio nocturne, avec des personnages &ndash; mes personnages &ndash; qui peu &agrave; peu, je l&rsquo;esp&egrave;re, deviennent les v&ocirc;tres. Saisissez-vous de votre transistor, approchez-le de votre oreille. Voici l&rsquo;instant des confidences ultimes. Il s&rsquo;agit d&rsquo;un crime, il s&rsquo;agit d&rsquo;un corps jeune et beau qui va tomber, tomber, tomber, emportant dans sa chute r&ecirc;ves de jeunesse, parfums du monde, sentiments de r&eacute;volte et d&rsquo;acceptation aussi. Un homme va en tuer un autre &agrave; cause d&rsquo;une femme. [&hellip;] [<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>]</p> </blockquote> <p>Plusieurs mod&egrave;les non litt&eacute;raires influencent l&rsquo;&eacute;criture de Venaille&nbsp;: d&egrave;s 1975 dans l&rsquo;entretien avec Jean Daive, il dit avoir emprunt&eacute; au cin&eacute;ma une certaine pratique du montage, avec plans et s&eacute;quences, pour son livre&nbsp;<em>Caballero h&ocirc;tel</em>&nbsp;; or ce mod&egrave;le cin&eacute;matographique vaut aussi pour l&rsquo;&eacute;criture radiophonique. Voici ce qu&rsquo;il d&eacute;clare par exemple dans l&rsquo;&eacute;mission comm&eacute;morant les dix ans de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;en 1988 :</p> <blockquote> <p>L&rsquo;exp&eacute;rience, c&rsquo;est que j&rsquo;ai d&eacute;couvert que la bande magn&eacute;tique c&rsquo;&eacute;tait exactement comme de la pellicule, que je faisais de la radio non pas parce que je ne pouvais pas faire de cin&eacute;ma, mais parce que &ccedil;a le rempla&ccedil;ait parfaitement bien [<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>].</p> </blockquote> <p>Les hommes de radio d&rsquo;alors auront peut-&ecirc;tre bondi devant une assimilation aussi simple entre radio et cin&eacute;ma, assimilation courante dans les ann&eacute;es 1920-1930, mais devenue quasi tabou &agrave; partir des ann&eacute;es 1950, &agrave; une &eacute;poque o&ugrave; les moyens techniques de l&rsquo;enregistrement sonore rendent davantage possible le projet d&rsquo;un art radiophonique vraiment autonome. Pourtant, la suite de son propos vient nuancer un peu cette r&eacute;f&eacute;rence au cin&eacute;ma&nbsp;:</p> <blockquote> <p>J&rsquo;ai jamais souffert de ne pas avoir de cam&eacute;ra, je me suis jamais senti l&eacute;s&eacute; de ne pas avoir d&rsquo;image, je me moque royalement des images ; dans ce que j&rsquo;&eacute;cris y a rarement d&rsquo;histoire, pas d&rsquo;intrigue, pas de psychologie, quelques personnages qui passent comme &ccedil;a, et c&rsquo;est plut&ocirc;t un sentiment un peu d&rsquo;angoisse qui perdure comme &ccedil;a tout le long des livres, et &agrave; la radio j&rsquo;essaie de faire la m&ecirc;me chose, c&rsquo;est-&agrave;-dire d&rsquo;axer plut&ocirc;t sur des t&eacute;moignages, des confidences de gens en qui j&rsquo;ai confiance&hellip;</p> </blockquote> <p>Au fond, Venaille ne cherche pas &agrave; &eacute;laborer des &laquo; films radiophoniques &raquo; comme on peut en trouver dans d&rsquo;autres types de programmes (&agrave; l&rsquo;ACR notamment), cette &laquo; radio un peu trop sophistiqu&eacute;e [<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>] &raquo; qui ne l&rsquo;int&eacute;resse pas, comme il le dit : ce qu&rsquo;il recherche, c&rsquo;est d&rsquo;abord la transmission d&rsquo;un &laquo; sentiment &raquo;, par des moyens &eacute;chappant en partie au langage verbal. L&rsquo;histoire, le d&eacute;cor, les personnages &eacute;ventuellement convoqu&eacute;s (&eacute;voqu&eacute;s) ne sont que des pr&eacute;textes au surgissement du sentiment, d&rsquo;une certaine atmosph&egrave;re &eacute;motionnelle. Un exemple : lorsqu&rsquo;il lit (et r&eacute;crit) les nouvelles de Mary Flannery O&rsquo;Connor, il pr&eacute;sente ainsi son ambition :</p> <blockquote> <p>J&rsquo;ai l&rsquo;impression qu&rsquo;il faut qu&rsquo;il y ait une voix qui se d&eacute;nude et qui attrape comme &ccedil;a des milliers de personnes qui sont chez elles, et essayer de les sortir un peu de leur &eacute;tat pr&eacute;sent, et leur amener autre chose. Alors, cette autre chose, ce soir et toute la semaine, c&rsquo;est le Sud, et j&rsquo;aimerais beaucoup&nbsp;&ndash;&nbsp;enfin cela c&rsquo;est un pari un peu insens&eacute; mais&nbsp;&ndash;&nbsp;j&rsquo;aimerais beaucoup que pendant toute la semaine les gens ressentent vraiment la chaleur, le soleil, la poussi&egrave;re du Sud, la violence interne ou parfois la violence dans la rue [<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>]&hellip;</p> </blockquote> <p>Ce concept de &laquo;&nbsp;voix nue&nbsp;&raquo;, ici &laquo;&nbsp;d&eacute;nud&eacute;e&nbsp;&raquo;, est bien s&ucirc;r central dans la po&eacute;tique que d&eacute;veloppe Venaille dans&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>. Il comporte l&rsquo;id&eacute;e de d&eacute;pouillement, de simplicit&eacute;, mais aussi de don de soi (&agrave; moins qu&rsquo;il ne s&rsquo;agisse d&rsquo;une captation ? &ndash; Venaille ne parle-t-il pas d&rsquo;&laquo; attraper &raquo; les auditeurs ?), presque d&rsquo;un certain &eacute;rotisme &ndash; d&rsquo;un &laquo; magn&eacute;tisme &raquo; &agrave; tout le moins. Comme le dit Viviane Forrester au cours d&rsquo;un entretien avec Venaille : &laquo; La voix charrie des choses que la langue ne charrie pas&nbsp;[<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>]. &raquo; C&rsquo;est cette puissance &eacute;motionnelle hors langage articul&eacute; qui fascine tant Venaille &ndash; ce qu&rsquo;il trouve &eacute;galement dans le sport (les cris des supporters) ou le langage animal.</p> <p>L&rsquo;autre mod&egrave;le artistique pour ses &eacute;missions de radio, qui s&rsquo;affirme au fil des ann&eacute;es et tend &agrave; supplanter le mod&egrave;le cin&eacute;matographique, c&rsquo;est celui de l&rsquo;op&eacute;ra ; l&agrave; encore, c&rsquo;est une forme qu&rsquo;il exp&eacute;rimente aussi hors radio, pour la sc&egrave;ne comme pour le livre (<em>Op&eacute;ra buffa</em>&nbsp;para&icirc;t en 1989, de m&ecirc;me que&nbsp;<em>K.L.A.S.E.N, op&eacute;ra en 3 actes et 15 sc&egrave;nes</em>). Cette forme op&eacute;ratique s&rsquo;entend non seulement dans les &eacute;missions qu&rsquo;il consacre &agrave; ses op&eacute;ras f&eacute;tiches (<em>Wozzeck</em>,&nbsp;<em>Don Giovanni</em>,&nbsp;<em>Pell&eacute;as et M&eacute;lisande</em>), mais &eacute;galement dans des &eacute;missions de cette &eacute;poque portant sur de tout autres sujets&nbsp;(comme la tr&egrave;s lyrique et tr&egrave;s belle s&eacute;quence intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;Souvenirs d&rsquo;en Flandres&nbsp;&raquo;, diffus&eacute;e du 8 au 11 septembre 1987) : avec toujours cette technique de faire alterner des textes lus et &eacute;crits par lui-m&ecirc;me, pour l&rsquo;&eacute;mission, et les voix vives de ses interlocuteurs, le tout entrecoup&eacute; ou accompagn&eacute; de musique. L&rsquo;impression sonore cr&eacute;&eacute;e est celle d&rsquo;un &eacute;quivalent &agrave; la radio de l&rsquo;alternance r&eacute;citatifs/arias &agrave; l&rsquo;op&eacute;ra.</p> <h2>3. Place de la radio dans le travail du po&egrave;te<br /> &nbsp;</h2> <p>Au-del&agrave; de cette po&eacute;tique de la bande magn&eacute;tique, il est clair que le travail radiophonique de Venaille occupa une place d&eacute;terminante dans sa vie et son parcours d&rsquo;&eacute;crivain. J&rsquo;ouvrirai seulement ici quelques pistes, que je t&acirc;cherai de d&eacute;velopper dans des travaux ult&eacute;rieurs.</p> <p>Tout d&rsquo;abord, on l&rsquo;aura compris, &eacute;criture pour la bande magn&eacute;tique et &eacute;criture pour le livre ont march&eacute; de conserve&nbsp;: il est clair que les &eacute;missions de radio, avec leurs lots de voyages, de rencontres, de paroles &eacute;chang&eacute;es, de textes lus et r&eacute;crits, ont directement nourri l&rsquo;&eacute;criture des livres. Je renvoie &agrave; la liste des &eacute;missions donn&eacute;e en annexe, en particulier &agrave; la quatri&egrave;me colonne mentionnant ce que j&rsquo;ai appel&eacute; les livres-&eacute;chos.</p> <p>La derni&egrave;re &eacute;mission dont il fut le producteur pour les&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;date de 1993 (diffus&eacute;e en janvier 1994). Apr&egrave;s cela il &eacute;crivit encore de temps &agrave; autre pour la bande magn&eacute;tique, notamment la s&eacute;rie&nbsp;<em>Lettres d&rsquo;Engadine</em>&nbsp;(feuilleton de 10 &eacute;pisodes mis en ondes par Marguerite Gateau en 2000). Il y aurait beaucoup &agrave; dire de cette belle &oelig;uvre, mais je r&eacute;serve cela pour une autre &eacute;tude. Toujours est-il que les &eacute;missions dont il n&rsquo;est &laquo;&nbsp;que&nbsp;&raquo; l&rsquo;auteur n&rsquo;ont pas le m&ecirc;me statut que celles dont il assume la production. Apr&egrave;s 1993 donc, Venaille semble se retirer totalement dans l&rsquo;&eacute;criture livresque, et revenir aussi de mani&egrave;re plus assum&eacute;e au genre po&eacute;tique, notamment avec&nbsp;<em>La Descente de l&rsquo;Escaut</em>&nbsp;en 1995 (une id&eacute;e souffl&eacute;e par la descente du Mississippi de J. Roubaud, cont&eacute;e &agrave; Venaille dans un entretien de 1979 [<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>] ?). Mon hypoth&egrave;se est que c&rsquo;est le passage par la radio, et l&rsquo;exp&eacute;rience de l&rsquo;&eacute;criture pour la voix, qui auront permis ce retour plus apais&eacute; &agrave; la forme po&eacute;tique. Venaille ne cesse de rappeler, dans divers entretiens, que sa &laquo; haine de la po&eacute;sie &raquo; ne fut qu&rsquo;une autre forme de la haine de soi. Par exemple dans cet entretien de 1988 avec Mathieu B&eacute;n&eacute;zet :</p> <blockquote> <p>J&rsquo;ai march&eacute; pendant 55 ans peut-&ecirc;tre dans la vie un glaive &agrave; la main, j&rsquo;avais l&rsquo;impression que je tuais les gens, que je frappais les gens, mais c&rsquo;&eacute;tait moi que je frappais. Alors maintenant&hellip; maintenant j&rsquo;en ai assez. [&hellip;] Et maintenant je commence &agrave; consid&eacute;rer que je suis peut-&ecirc;tre essentiellement avant tout le po&egrave;te Franck Venaille&hellip; par ailleurs &eacute;crivain [&hellip;] parce qu&rsquo;au fond, faire la guerre &agrave; la po&eacute;sie, c&rsquo;&eacute;tait encore une fois faire la guerre &agrave; soi-m&ecirc;me [<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>].</p> </blockquote> <p>La radio, avec son dispositif bien particulier de parole, qui plus est la radio nocturne (adresse dans le vide &agrave; des auditeurs inconnus et pourtant confidents, caract&egrave;re &eacute;ph&eacute;m&egrave;re des &eacute;missions, flux et fluidit&eacute; du direct&hellip;), la radio rev&ecirc;t une fonction th&eacute;rapeutique, ou du moins psychanalytique. Ne s&rsquo;agit-il pas au fond pour Venaille, au cours de ces nuits radiophoniques, de parvenir &agrave; la conscience, &agrave; la connaissance, &agrave; l&rsquo;acceptation de soi ? &laquo; J&rsquo;&eacute;tais &agrave; la recherche de l&rsquo;impossible : me comprendre &raquo;, dit Venaille dans la premi&egrave;re lettre d&rsquo;Engadine [<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>]. Il me semble que la radio, avec cette po&eacute;tique du ressassement qu&rsquo;il suit d&rsquo;&eacute;missions en &eacute;missions, avec tout ce travail du souvenir livr&eacute; aux auditeurs, avec aussi la travers&eacute;e de diff&eacute;rents mod&egrave;les mythiques d&rsquo;identification, a pu jouer ce r&ocirc;le pour Venaille. Elle est ce &laquo; souterrain liquide&nbsp;&raquo; (belle expression des&nbsp;<em>Lettres d&rsquo;Engadine</em>, employ&eacute;e &eacute;galement dans l&rsquo;entretien avec B&eacute;n&eacute;zet [<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>]), pareille &agrave; une source, pareille au fleuve, pareille au ventre maternel dont Venaille cherche &agrave; sortir et &agrave; rena&icirc;tre. Il faudrait analyser dans les textes &eacute;crits pour la radio &ndash; en &eacute;cho aux livres &ndash; la th&eacute;matique de la &laquo; remont&eacute;e &agrave; la source &raquo;, que Venaille fait jouer au sens propre comme au sens figur&eacute;&nbsp;; et aussi cette figure du &laquo; marcheur &raquo;, commune &agrave; l&rsquo;&eacute;crivain et au producteur. Dans un entretien de 1984 o&ugrave; il parle de son double, l&rsquo;&eacute;crivain Lou Bernardo, il pr&eacute;sente justement celui-ci comme un &laquo; marcheur &raquo; :</p> <blockquote> <p>En fait dans mon esprit, c&rsquo;est vraiment un marcheur, c&rsquo;est quelqu&rsquo;un qui avance assez lentement, et qui ressasse &eacute;norm&eacute;ment les choses, et j&rsquo;aime bien cette id&eacute;e d&rsquo;une &eacute;criture qui soit l&rsquo;&eacute;quivalence d&rsquo;une errance, d&rsquo;une marche, et qui ressasse aussi constamment les m&ecirc;mes th&egrave;mes, qui r&eacute;apparaissent sous des lumi&egrave;res, un point de vue diff&eacute;rent, avec des cadrages diff&eacute;rents [<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>].</p> </blockquote> <p>C&rsquo;est exactement ce qu&rsquo;il fait &agrave; la radio. Je citerai encore en &eacute;cho cette phrase de<em>&nbsp;La Descente de l&rsquo;Escaut</em>&nbsp;: &laquo; J&rsquo;&eacute;tais parti pour marcher, pour &oelig;uvrer, pour gu&eacute;rir aussi&nbsp;[<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>]&nbsp;&raquo; : trois actions compl&eacute;mentaires, infinies, n&eacute;es d&rsquo;un d&eacute;sir, maintenues ouvertes par l&rsquo;espoir&hellip;</p> <p>Si l&rsquo;on peut dire que les&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;ont permis &agrave; l&rsquo;&eacute;crivain-marcheur qu&rsquo;&eacute;tait Franck Venaille un voyage initiatique au c&oelig;ur de sa propre nuit, l&rsquo;exploration la plus libre des formes d&rsquo;&eacute;criture comme des jeux de masques et de d&eacute;nudement, il n&rsquo;est pas s&ucirc;r pour autant qu&rsquo;il soit jamais arriv&eacute; au jour. L&rsquo;aube, c&rsquo;est pour lui la mort, la fin du combat. &laquo;&nbsp;J&rsquo;ai d&eacute;cid&eacute; de mourir avant de na&icirc;tre&nbsp;&raquo;, &eacute;crivait-il au seuil de Requiem de guerre (en 2017)&nbsp;: &laquo;&nbsp;&hellip; c&rsquo;est lui (l&rsquo;autre) qui mourra. Moi, je ne mourrai jamais.&nbsp;&raquo; &ndash;&nbsp;&eacute;ternit&eacute; de Franck Venaille, &eacute;crivain.</p> <h2>Annexe : liste des &eacute;missions de Venaille &agrave;&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em><br /> &nbsp;</h2> <figure> <table style="width:800px;"> <tbody> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">Dates des &eacute;missions (enr. et diff.)</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">Titres</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">Contenus</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">Livres-&eacute;chos</p> </td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">16-20 janvier 1978</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;Les clich&eacute;s&nbsp;&raquo;</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">R&eacute;flexion sur le langage, &agrave; partir des cours de Lucette Finas &agrave; Paris 8&nbsp;</p> </td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">6-10 f&eacute;vrier 1978</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">1. &laquo;&nbsp;La r&eacute;alit&eacute; dans ses lieux&nbsp;&raquo;</p> <p align="JUSTIFY">2. &laquo;&nbsp;T&eacute;lex&nbsp;&raquo;</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;La radio comme r&eacute;cit du r&eacute;el&nbsp;&raquo;&nbsp;; &laquo;&nbsp;5 s&eacute;quences con&ccedil;ues comme de courts films radiophoniques qui partent d&rsquo;un lieu du r&eacute;el pour en montrer la force fictionnelle&nbsp;&raquo;</p> <ul> <li>Le m&eacute;tro a&eacute;rien &agrave; Paris</li> <li>Les corbeilles &agrave; papier de John Le Carr&eacute;</li> <li>200 chambres, 200 salles de bain, rien qu&rsquo;un h&ocirc;tel pourtant</li> <li>Lens</li> <li>L&rsquo;afflux du vide &agrave; Furnes</li> </ul> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;Un r&eacute;cit en direct prenant son point de d&eacute;part dans les faits divers de la journ&eacute;e.&nbsp;&raquo; &laquo;&nbsp;On verra ainsi comment la radio peut &eacute;galement se faire avec les images.&nbsp;&raquo;</p> </td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">29 mai &ndash; 2 juin 1978</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;Nuit, Notte, Night, Nacht&nbsp;&raquo;</p> </td> <td>Lit des avis de recherche de disparus ; les disparus deviennent des personnages de fiction pour Venaille ; <p>Veinstein parle de la nuit&nbsp;; lit des textes (mais sans donner l&rsquo;auteur&nbsp;; ex. Georg Trakl, &laquo;&nbsp;S&eacute;bastien en r&ecirc;ve&nbsp;&raquo;)&nbsp;;</p> <p>Entretien B&eacute;n&eacute;zet/Michel de M&rsquo;Uzan (parle de ce qu&rsquo;est l&rsquo;acte d&rsquo;&eacute;crire)&nbsp;;</p> <p>Venaille interroge des artistes qui parlent de leur rapport &agrave; la nuit (ex. Claude Delmas&nbsp;; le photographe Jean-Pierre Bertrand&nbsp;; Conrad Detrez, Jean Ristat, Bernadette Ronse)</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY"><em>Monsieur Bloom</em>, 1978-1981</p> </td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">6-10 nov. 1978</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo; Franck Venaille en direct dans Paris &raquo;</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">2 &laquo;&nbsp;interventions&nbsp;&raquo; chaque soir, quelque part dans Paris&nbsp;; Venaille d&eacute;crit ce qu&rsquo;il voit, ce qui se passe&nbsp;; appelle aussi les auditeurs &agrave; imaginer&nbsp;; &agrave; r&eacute;fl&eacute;chir sur la fronti&egrave;re entre r&eacute;el et fiction.</p> </td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">8-12 janvier 1979</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo; L&agrave;-bas, Trieste&nbsp;&raquo;</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">5 &eacute;missions sur Trieste, ville &laquo;&nbsp;magn&eacute;tique&nbsp;&raquo;&nbsp;;</p> <ul> <li>&laquo;&nbsp;Premi&egrave;re approche&nbsp;: un chant de mort&nbsp;&raquo;</li> <li>&laquo;&nbsp;Deuxi&egrave;me approche&nbsp;: le vieux monsieur du caf&eacute; Tommaseo&nbsp;&raquo;</li> <li>&laquo;&nbsp;Troisi&egrave;me approche&nbsp;: la librairie de livres anciens&nbsp;&raquo;</li> <li>&laquo;&nbsp;Quatri&egrave;me approche&nbsp;: l&rsquo;op&eacute;ra Giuseppe Verdi&nbsp;&raquo;</li> <li>&laquo;&nbsp;Cinqui&egrave;me approche&nbsp;: Caf&eacute; et g&acirc;teaux sucr&eacute;s chez Madame Anzelotti&nbsp;&raquo;</li> </ul> </td> <td> <p align="JUSTIFY"><em>Trieste</em>, 1985&nbsp;;</p> <p align="JUSTIFY"><em>Umberto Saba</em>, 1989</p> </td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">20 mars 1979</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;Baudelaire &agrave; une voix&nbsp;&raquo;</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">Rapproche l&rsquo;impromptu n&deg; 1 en fa mineur de Schubert du visage de Baudelaire pour lui. Suit un portrait m&ecirc;l&eacute; de lectures.</p> </td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">21-25 mai 1979</p> </td> <td>1. &laquo;&nbsp;Cin&eacute;ma invisible&nbsp;&raquo; <p>&nbsp;</p> <p>2. &laquo;&nbsp;Jukebox&nbsp;&raquo;</p> </td> <td> <ul> <li>&laquo;&nbsp;Enqu&ecirc;te en forme de reportage-fiction sur les films jamais sortis sur les &eacute;crans&nbsp;&raquo;&nbsp;;</li> <li>&laquo;&nbsp;F. Venaille inventera chaque soir, en direct, des histoires &eacute;clat&eacute;es et nocturnes, dont certaines passent par Hollywood, d&rsquo;autres par les bords de la Baltique&nbsp;&raquo;.</li> </ul> </td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">27-31 ao&ucirc;t 1979</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;Nuits confidentes&nbsp;&raquo;</p> <p align="JUSTIFY">Paris &ndash; Bruxelles &ndash; Anvers</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;Toute la semaine, des voix, des villes, des confidences.&nbsp;&raquo;&nbsp;&ndash; &laquo;&nbsp;Tout ceci est un roman je vous dis&nbsp;&raquo;</p> <ul> <li>Jacques Monory &ndash; lecture de&nbsp;<em>Diamondback</em>&nbsp;+ Bataille et Blanchot</li> <li>Emmanuel Hocquard (parle de Tanger puis lit des extraits de ses textes) + photographies de Boltanski</li> <li>Bernard Delvaille (&laquo;&nbsp;r&ecirc;ver allong&eacute;&nbsp;&raquo;) + Andr&eacute; Delvaux (&laquo;&nbsp;monologue derri&egrave;re une cam&eacute;ra&nbsp;&raquo;)</li> <li>Lit des lettres de G. Trakl&nbsp;; puis entretien avec Viviane Forrester (&laquo;&nbsp;monologue devant des livres&nbsp;&raquo;)</li> <li>Jacques Roubaud + Yvan Messac (&laquo;&nbsp;Mississippi, peinture, roman noir&nbsp;&raquo;).</li> </ul> </td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">26-30 novembre 1979</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;Biographie de S&ouml;ren Kierkegaard&nbsp;&raquo;&nbsp;</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;&hellip; une biographie, c&rsquo;est-&agrave;-dire purement et simplement le r&eacute;cit d&rsquo;une vie, sans litt&eacute;rature, par quelqu&rsquo;un, Franck Venaille donc, qu&rsquo;elle a touch&eacute; de telle fa&ccedil;on qu&rsquo;il peut la raconter comme le ferait un t&eacute;moin, et malgr&eacute; la distance&nbsp;&raquo;.</p> </td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">21-25 avril 1980</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;Nuits bl&ecirc;mes&nbsp;&raquo;</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">Lectures de romans noirs (policiers am&eacute;ricains des ann&eacute;es 50)&nbsp;: &laquo; en direct chaque soir, FV ne va pas mettre tout simplement ses bouquins sur la table&nbsp;: il racontera, transposera, d&eacute;montera sans filet le m&eacute;canisme de la peur. Il fera en sorte que m&ecirc;me si vous connaissez le policier dont il s&rsquo;agit, vous aurez tous les cheveux dress&eacute;s sur la t&ecirc;te&nbsp;&raquo; + &laquo;&nbsp;voix sorties d&rsquo;une pochette surprise&nbsp;&raquo;) en d&eacute;but et fin de programme (David Harali, photographe&nbsp;; Maurice Roche, &eacute;crivain&nbsp;; Bernard Delvaille&nbsp;; G&eacute;rard Julien Salvy&nbsp;;&nbsp;?)</p> <p align="JUSTIFY">+ &laquo;&nbsp;musiques noires et blanches&nbsp;&raquo; (de Londres et d&rsquo;Afrique)</p> <ul> <li>Lecture de&nbsp;<em>Imbroglio negro</em>, de Chester Himes</li> <li>Lecture de&nbsp;<em>Chandelles noires&nbsp;</em>de John Le Carr&eacute;</li> <li>Lecture de&nbsp;<em>La Chair de l&rsquo;orchid&eacute;e</em>, de James Hadley Chase</li> <li>Lecture de&nbsp;<em>Sans espoir de retour</em>&nbsp;de David Goodis</li> <li>Lecture de&nbsp;<em>Diamondback</em>&nbsp;de Jacques Monory</li> </ul> </td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">22-26 septembre 1980</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;Cinq approches de la r&eacute;alit&eacute;&nbsp;&raquo;</p> </td> <td> <ul> <li>&laquo;&nbsp;Les orphelins du z&eacute;ro&nbsp;&raquo; (sur les casinos, le jeu)</li> <li>&laquo;&nbsp;Rue Blomet&nbsp;&raquo;</li> <li>&laquo;&nbsp;Red Star&nbsp;&raquo;</li> <li>&laquo;&nbsp;La fanfare&nbsp;&raquo;</li> <li>&laquo;&nbsp;Histoires sanglantes&nbsp;&raquo;</li> </ul> </td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">27 avril-31 mai 1981</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">1. Lecture de Mary Flannery O&rsquo;Connor</p> <p align="JUSTIFY">2. R&eacute;cit d&rsquo;une journ&eacute;e de vie</p> <p align="JUSTIFY">3. &laquo;&nbsp;Le pays perdu&nbsp;&raquo;</p> </td> <td> <ul> <li> <p align="JUSTIFY">Chaque soir, double lecture d&rsquo;une nouvelle de Mary Flannery O&rsquo;Connor,</p> </li> <li> <p align="JUSTIFY">R&eacute;cits de 5 personnes de leur journ&eacute;e de la veille.</p> </li> <li> <p align="JUSTIFY">Souvenirs du pays d&rsquo;origine</p> </li> </ul> </td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">26-30 mars 1984</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;Fictions sur Wozzeck et Jouve&nbsp;&raquo;</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">Fixe l&rsquo;attention de l&rsquo;auditeur sur une femme tr&egrave;s belle dans le public&nbsp;; il est jaloux du couple qu&rsquo;elle forme avec l&rsquo;homme &agrave; ses c&ocirc;t&eacute;s, &laquo;&nbsp;l&rsquo;auditeur imaginaire&nbsp;&raquo;, un &eacute;crivain, Jouve.</p> <p align="JUSTIFY">Ensuite extraits de l&rsquo;op&eacute;ra, et commentaires lus par Venaille.</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY"><em>Jouve, l&rsquo;homme grave</em>, 2004</p> </td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">4 avril 1984 &gt; juin 1985</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;Mi-temps&nbsp;&raquo;</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">Un mercredi par mois &ndash; sorte de &laquo;&nbsp;magazine sportif des&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;&raquo;.</p> </td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">21-25 mai 1985</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;Les espions de sa majest&eacute;&nbsp;&raquo;</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">Sur la trahison politique &ndash; S&eacute;lection Prix Italia 1986</p> </td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">19-23 ao&ucirc;t 1985</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;Mozart, Don Giovanni, le libertin puni&nbsp;&raquo;</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">Commente des extraits de l&rsquo;op&eacute;ra &agrave; partir du livre de Jouve sur Don Juan (1942)</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY"><em>Op&eacute;ra Buffa</em>, 1989</p> <p align="JUSTIFY"><em>Les Grands op&eacute;ras de Mozart</em>, 1989</p> <p align="JUSTIFY">K.L.A.S.E.N, op&eacute;ra en 3 actes et 15 sc&egrave;nes, 1989</p> </td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">25-28 mars 1986</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;La jalousie&nbsp;&raquo;</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">T&eacute;moignages et lectures sur le th&egrave;me de la jalousie</p> </td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">09-12 septembre 1986</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;Chroniques parisiennes&nbsp;&raquo;</p> </td> <td> <ul> <li>&laquo;&nbsp;Le petit gar&ccedil;on des jardins de la Muette&nbsp;&raquo;</li> <li>&laquo;&nbsp;Montmartre ou l&rsquo;horreur de l&rsquo;enfance&nbsp;&raquo;</li> <li>&laquo;&nbsp;Le marcheur des deux rives&nbsp;&raquo;</li> <li>&laquo;&nbsp;Les gens de la nuit&nbsp;&raquo;</li> </ul> </td> <td> <p align="JUSTIFY"><em>Hourra les morts&nbsp;!</em>, 2003</p> </td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">8-11 septembre 1987</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;Souvenirs d&rsquo;en Flandres&nbsp;&raquo;</p> </td> <td> <ul> <li>&laquo;&nbsp;La procession des p&eacute;nitents&nbsp;&raquo;</li> <li>&laquo;&nbsp;La langue rebelle&nbsp;&raquo;</li> <li>&laquo;&nbsp;Le passeur d&rsquo;eau&nbsp;&raquo;</li> <li>&laquo;&nbsp;Le pays de personne&nbsp;&raquo;</li> </ul> </td> <td> <p align="JUSTIFY"><em>La Halte belge</em>, 1994</p> <p align="JUSTIFY"><em>Descente de l&rsquo;Escaut</em>, 1995</p> <p align="JUSTIFY"><em>C&rsquo;est-&agrave;-dire</em>, 2012</p> </td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">8-11 mars 1988</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;Chronique polici&egrave;re&nbsp;&raquo;</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&Agrave; travers les t&eacute;moignages, les confidences, les souvenirs de Robin Cook, Jacques Monory, Didier Daeninckx et quelques autres, &ldquo;Chroniques polici&egrave;res&rdquo; entend montrer, souligner la sp&eacute;cificit&eacute; d&rsquo;un genre litt&eacute;raire : le roman policier. + lectures par Venaille d&rsquo;extraits de romans policiers.</p> </td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">5-8 juillet 1988</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;J&rsquo;&eacute;coute Istanbul&nbsp;&raquo;</p> </td> <td> <ul> <li>Les barques sur le Bosphore</li> <li>Le porteur du pont de Galata</li> <li>Les enfants d&rsquo;Istanbul</li> <li>Taksim, place fi&eacute;vreuse</li> </ul> </td> <td> <p align="JUSTIFY">Le Sultan d&rsquo;Istanbul, 1991</p> </td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">7-10 janvier 1992</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;Le roman de&nbsp;<em>Pell&eacute;as et M&eacute;lisande</em>&nbsp;&raquo;</p> </td> <td> <ol> <li>Le lieu du crime</li> <li>Les personnages du drame</li> <li>La Belgique fratricide</li> <li>Fran&ccedil;ois Le Roux entre en sc&egrave;ne</li> </ol> </td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">22-25 novembre 1992</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;Lieux-dits&nbsp;&raquo;</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">S&eacute;rie de 4 &eacute;missions sur des po&egrave;tes et leur ville</p> <ol> <li>Constantin Cavafy et Alexandrie</li> <li>Constantin Cavafy et Alexandrie (2e partie)</li> <li>Umberto Saba et Trieste</li> <li>L&rsquo;appartement de Pierre Morhange et Paris</li> </ol> </td> <td> <p align="JUSTIFY"><em>Pierre Morhange</em>, 1992</p> </td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">27-30 avril 1993</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;La trilogie amoureuse&nbsp;&raquo;</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&Agrave; partir de la trilogie de Beaumarchais</p> <ol> <li>Les ailes du plaisir</li> <li>Personnages avec fleurs</li> <li>Derri&egrave;re la jalousie</li> <li>L&rsquo;amour est dur et inflexible comme l&rsquo;enfer</li> </ol> </td> <td>&nbsp;</td> </tr> <tr> <td> <p align="JUSTIFY">Diff. 2 janvier 1994</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&laquo;&nbsp;La d&eacute;mangeaison des ailes &raquo;</p> </td> <td> <p align="JUSTIFY">&Eacute;mission sur les oiseaux</p> <p align="JUSTIFY">&laquo; la d&eacute;mangeaison des ailes c&rsquo;est quand il y a une grossesse de l&rsquo;homme int&eacute;rieur&nbsp;&raquo;, dit Marie-Madeleine Davy.</p> </td> <td>&nbsp;</td> </tr> </tbody> </table> </figure> <h2><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h2> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;Propos tenu par Colette Fellous dans la s&eacute;quence de&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>&nbsp;intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;Le roman de Pell&eacute;as<em>&nbsp;et M&eacute;lisande</em>&nbsp;&raquo;, semaine du 7 janvier 1992, 1&egrave;re &eacute;mission.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, bonsoir&nbsp;&raquo;, Christophe Deleu (prod.),&nbsp;<em>Sur les docks</em>, France Culture, diff. le 3 septembre 2013.</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn3">[3]</a>&nbsp;&laquo; J&rsquo;ai toujours march&eacute; dans les contre-all&eacute;es. C&rsquo;est l&agrave; que je me sens le mieux. Libre&nbsp;! D&eacute;tach&eacute;&nbsp;! Pouvant, &agrave; tous, cacher ma faiblesse &raquo;, propos tenu dans son entretien avec Emmanuel Moses, dans&nbsp;<em>Cahier critique de po&eacute;sie</em>, n&deg;&nbsp;0, octobre 2000, p.&nbsp;2.</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>&nbsp;Entretien avec Jean Daive, dans&nbsp;<em>Po&eacute;sie ininterrompue</em>&nbsp;du 4 juillet 1975 (enr. le 2 juin 1975), France Culture.</p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, bonsoir &raquo;, &eacute;mission cit&eacute;e.</p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;Franck Venaille, &laquo;&nbsp;Ouverture&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Capitaine de l&rsquo;angoisse animale. Une anthologie 1966-1977</em>, Obsidiane&nbsp;/&nbsp;Le Temps qu&rsquo;il fait, 1998, p.&nbsp;15-16.</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a>&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, &laquo;&nbsp;Franck Venaille en direct dans Paris&nbsp;&raquo;, &eacute;mission du 6 novembre 1978.</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a>&nbsp;&laquo; Nuits confidentes&nbsp;&raquo;, &eacute;mission du 28 ao&ucirc;t 1979.</p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a>&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, &laquo;&nbsp;Mi-temps&nbsp;&raquo;, &eacute;mission du 2 mai 1984.</p> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">|10]</a>&nbsp;&nbsp;&laquo;&nbsp;<em>Nuits magn&eacute;tiques</em>, bonsoir&nbsp;&raquo;, &eacute;mission cit&eacute;e.</p> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">|11]</a>&nbsp;&Eacute;mission du 27 avril 1981.</p> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a>&nbsp;Texte cit&eacute; par Alain Veinstein, dans Nuits magn&eacute;tiques du 27 avril 1981.</p> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a>&nbsp;Le texte que donna Venaille au collectif&nbsp;<em>Haine de la po&eacute;sie</em>&nbsp;(1979), &laquo;&nbsp;Comme arrach&eacute;es d&rsquo;un livre&hellip;&nbsp;&raquo;, a &eacute;t&eacute; republi&eacute; par Fran&ccedil;ois Boddaert dans son&nbsp;<em>Franck Venaille</em>, Paris, Jean Michel Place, 2005, p. 58-64.</p> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a>&laquo;&nbsp;Rue Blomet&nbsp;&raquo;, &eacute;mission du 23 septembre 1980.</p> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Le roman de&nbsp;<em>Pell&eacute;as et M&eacute;lisande</em>&nbsp;&raquo;, &eacute;mission du 7 janvier 1992 (&laquo;&nbsp;Chapitre 1&nbsp;: le lieu du crime&nbsp;&raquo;).</p> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a>&nbsp;<em>La Nuit sur un plateau</em>, Alain Veinstein prod., France Culture, &eacute;mission du 4 janvier 1988.</p> <p><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>&nbsp;: &laquo; [&hellip;]&nbsp;j&rsquo;aime pas trop la radio un peu trop sophistiqu&eacute;e, enfin j&rsquo;aime pas la radio qui met en branle un grand personnel, qui fait appel aux com&eacute;diens, &ccedil;a, &ccedil;a m&rsquo;int&eacute;resse pas du tout. Ce que je vois, c&rsquo;est le silence, la confidence, et puis surtout vraiment la r&eacute;habilitation, si elle a besoin d&rsquo;&ecirc;tre r&eacute;habilit&eacute;e, de la bande magn&eacute;tique.&nbsp;&raquo;</p> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a>&nbsp;&Eacute;mission du 24 avril 1981.</p> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Nuits confidentes&nbsp;&raquo;, &eacute;mission du 30 ao&ucirc;t 1979.</p> <p><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a>&nbsp;&nbsp;Entretien avec Roubaud dans la derni&egrave;re &eacute;mission de &laquo;&nbsp;Nuits confidentes&nbsp;&raquo;, du 31 ao&ucirc;t 1979.</p> <p><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a>&nbsp;<em>Le Bon Plaisir</em>, Mathieu B&eacute;n&eacute;zet (prod.), France Culture, 10 septembre 1998.</p> <p><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a>&nbsp;<em>Lettres d&rsquo;Engadine</em>, 1er &eacute;pisode, Marguerite Gateau (r&eacute;al.), France Culture, diff. le 6 mars 2000.</p> <p><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;J&rsquo;ai l&rsquo;impression que l&rsquo;&eacute;criture c&rsquo;est ce moment justement o&ugrave; l&rsquo;on est f&oelig;tus, o&ugrave; l&rsquo;on a peur et envie de sortir de ce souterrain liquide et on ne nous en donne pas vraiment les moyens et ensuite on est expuls&eacute; [&hellip;]&nbsp;&raquo;</p> <p><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a>Entretien avec G&eacute;rard-Julien Salvy,&nbsp;<em>D&eacute;marches</em>, France Culture, 11 f&eacute;vrier 1984.</p> <p><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a><em>La Descente de l&rsquo;Escaut&nbsp;</em>[1995], Paris, Gallimard, 2010, p.&nbsp;64.</p> <h4>&nbsp;</h4> <h3>Autrice</h3> <p><strong>C&eacute;line&nbsp;Pardo</strong>&nbsp;est agr&eacute;g&eacute;e de lettres classiques et membre du&nbsp;Centre d&rsquo;&eacute;tude de la langue et des litt&eacute;ratures fran&ccedil;aises&nbsp;(Sorbonne Universit&eacute;). Elle partage ses recherches entre l&rsquo;&eacute;tude de la po&eacute;sie des XXe et XXIe si&egrave;cles et celle des relations entre litt&eacute;rature et radio. Elle a publi&eacute;&nbsp;<em>La Po&eacute;sie hors du livre (1945-1965). Le po&egrave;me &agrave; l&rsquo;&egrave;re de la radio et du disque</em>&nbsp;(PUPS, 2015) et co-dirig&eacute; plusieurs ouvrages portant sur les rapports entre po&eacute;sie et radio. Elle m&egrave;ne &eacute;galement une r&eacute;flexion sur l&rsquo;archivage audiovisuel de la po&eacute;sie : elle a co-dirig&eacute; r&eacute;cemment&nbsp;<em>Archives sonores de la po&eacute;sie</em>&nbsp;(Presses du r&eacute;el, 2020) et participe &agrave; la cr&eacute;ation d&rsquo;un site&nbsp;web qui se voudrait un &eacute;quivalent fran&ccedil;ais de&nbsp;Pennsound&nbsp;ou&nbsp;Ubuweb.</p> <p>&nbsp;</p> <h3 align="JUSTIFY"><strong>Copyright</strong></h3> <p align="JUSTIFY">Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>