<h3>Abstract</h3> <p>Sonic documentary, as a field art, staging voices of &laquo; social actors &raquo; (Nichols, 2001) from different backgrounds, is deeply interwinded with an ethics of recording. The authors standpoints, and their attitude to the ones they record, manifest in technical devices, speech acts, and in the documentary composition. A stylistic consideration of sonic documentary thus demands to analyze these standpoints and their aesthetic translation, taking account of a redefinition of style as a &laquo; global praxis &raquo; (Pouillaude, 2020). The compared study of three contemporary productions, by Rapha&euml;l Krafft, Mehdi Ahoudig and Anouk B&acirc;tard, and Sylvie Gasteau, reveals different documentary ethos (the reporter&rsquo;s, the detective&rsquo;s and the friend&rsquo;s ethos), which are as many ways to collect and broadcast voices of others.</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>Le &laquo; beau documentaire &raquo; radiophonique s&rsquo;inscrit dans un ensemble plus vaste d&rsquo;&eacute;critures contemporaines issues du &laquo; tournant ethnographique &raquo; des arts. Collectant et agen&ccedil;ant les voix des autres pour produire des r&eacute;cits &agrave; r&eacute;f&eacute;rentialit&eacute; forte, les documentaristes sont confront&eacute;s &agrave; des enjeux &eacute;thiques indissociables de l&rsquo;esth&eacute;tique de leurs cr&eacute;ations. La pratique de terrain tout autant que le montage des voix engagent la responsabilit&eacute; des auteurs et autrices vis-&agrave;-vis des personnes enregistr&eacute;es. Cette contribution propose de d&eacute;gager quelques outils d&rsquo;&eacute;coute critique pour rendre compte de la diversit&eacute; de leurs positionnements, et d&rsquo;interroger ainsi la possibilit&eacute;, sinon d&rsquo;une r&eacute;flexion d&eacute;ontologique, du moins d&rsquo;un travail r&eacute;flexif sur les mani&egrave;res d&rsquo;enregistrer et de diffuser les mots d&rsquo;autrui, &agrave; l&rsquo;heure o&ugrave; la popularit&eacute; et l&rsquo;&eacute;conomie du podcast sont en pleine expansion. Apr&egrave;s un retour sur quelques bases th&eacute;oriques resituant cette r&eacute;flexion dans un dialogue avec les sciences sociales, je tenterai d&rsquo;illustrer, &agrave; travers trois &eacute;tudes de cas, la diversit&eacute; des pratiques de mise en r&eacute;cit des voix des autres, et l&rsquo;&eacute;thos d&rsquo;auteur ou d&rsquo;autrice qu&rsquo;elles impliquent.</p> <h2>1. Quels enjeux &eacute;thiques d&rsquo;un art radiophonique de terrain ?<br /> &nbsp;</h2> <h3>1.1. Le documentaire sonore dans le &laquo;&nbsp;tournant ethnographique &raquo;</h3> <p>En France, le documentaire radiophonique s&rsquo;est construit dans les ann&eacute;es 1960 dans une double rupture avec l&rsquo;espace du studio comme seul lieu de l&rsquo;expression radiophonique, et avec les voix des &eacute;lites intellectuelles qui monopolisaient l&rsquo;antenne. En 1972, Ren&eacute; Farabet, qui participe, au c&oelig;ur de l&rsquo;<em>Atelier de cr&eacute;ation radiophonique</em>, &agrave; l&rsquo;invention d&rsquo;un art sp&eacute;cifiquement radiophonique, &eacute;crit : &laquo; le monde est le studio de demain&nbsp;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a>.&nbsp;&raquo; Ainsi, une certaine radio &laquo;&nbsp;d&rsquo;expression&nbsp;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a>&nbsp;&raquo;, pour reprendre les termes de Yann Parantho&euml;n, ou de &laquo;&nbsp;cr&eacute;ation&nbsp;<a href="#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a>&nbsp;&raquo;, comme la d&eacute;signerait plus volontiers Kaye Mortley, va devenir un art sonore de terrain, notamment &agrave; la faveur de l&rsquo;invention du Nagra.</p> <p>Comme les autres arts, la radio conna&icirc;t alors un &laquo; tournant ethnographique &raquo; ‒&nbsp;selon l&rsquo;expression propos&eacute;e par le th&eacute;oricien am&eacute;ricain Hal Foster&nbsp;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a>. Dans son d&eacute;sir d&rsquo;&eacute;critures tourn&eacute;es vers le r&eacute;el, elle rencontre de nouvelles questions d&rsquo;ordre esth&eacute;tique, mais aussi &eacute;thique. Les documentaristes vont d&eacute;sormais enregistrer les voix de l&rsquo;autre social ou culturel, autrement dit de personnes r&eacute;elles, diversement situ&eacute;es, que l&rsquo;approche documentaire transforme en &laquo; acteurs sociaux &raquo; (<em>social actors</em>), ou en &laquo;&nbsp;joueurs culturels&nbsp;&raquo; (<em>cultural players</em>)&nbsp;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a>, selon Bill Nichols, th&eacute;oricien du cin&eacute;ma documentaire. Comme dans toute relation d&rsquo;enqu&ecirc;te qui &laquo; transform[e] [&hellip;] la vie des autres en terrain&nbsp;<a href="#_ftn6" name="_ftnref6">[6]&nbsp;</a>&raquo;, la responsabilit&eacute; de l&rsquo;auteur ou de l&rsquo;autrice est alors engag&eacute;e. Sa pr&eacute;sence et la diffusion de l&rsquo;&oelig;uvre sont susceptibles de bouleverser les existences des protagonistes au-del&agrave; de ce qu&rsquo;il ou elle aurait anticip&eacute; ou souhait&eacute;. De plus, la relation d&rsquo;enregistrement, &agrave; l&rsquo;instar de toute relation ethnographique, peut &ecirc;tre porteuse d&rsquo;un rapport de force o&ugrave; un pouvoir est exerc&eacute; par celui ou celle qui enregistre sur les personnes enregistr&eacute;es, qui plus est quand ces derni&egrave;res n&rsquo;ont pas la main sur la phase de montage.</p> <p>Les sciences humaines ont depuis longtemps pos&eacute; cette question &eacute;thique, de diff&eacute;rentes mani&egrave;res selon les disciplines : en d&eacute;fendant la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;une histoire des classes populaires pour les historiens et historiennes, en d&eacute;construisant le rapport colonial aux groupes &eacute;tudi&eacute;s du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;anthropologie, ou en analysant les m&eacute;canismes de domination de classe, de genre, ou de race qui interf&egrave;rent avec l&rsquo;enqu&ecirc;te pour les sociologues.</p> <h3>1.2. &Eacute;crire avec les voix des autres</h3> <p>D&rsquo;autre part, la sp&eacute;cificit&eacute; du documentaire sonore est l&rsquo;utilisation de la voix comme mat&eacute;riau d&rsquo;&eacute;criture et la centralit&eacute; de celle-ci dans la repr&eacute;sentation d&rsquo;autrui, qu&rsquo;elle soit employ&eacute;e pour le contenu propositionnel de ce qu&rsquo;elle dit ou comme mati&egrave;re sonore. En l&rsquo;absence d&rsquo;image, la voix tient lieu de &laquo; visage &raquo;, au sens de Levinas, c&rsquo;est-&agrave;-dire de &laquo; pr&eacute;sence en face&nbsp;<a href="#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a>&nbsp;&raquo; de l&rsquo;autre. Mais cette voix de l&rsquo;autre, et ses mani&egrave;res de parler, sont elles-m&ecirc;mes prises dans des d&eacute;terminations sociales. Pierre Bourdieu a montr&eacute; que les styles de voix &eacute;taient socialement situ&eacute;s, soumis &agrave; des hi&eacute;rarchies refl&eacute;tant la hi&eacute;rarchie des groupes sociaux&nbsp;<a href="#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a>. Une in&eacute;galit&eacute; proprement vocale existe alors, par laquelle on reconna&icirc;t &agrave; certaines voix plus de l&eacute;gitim&eacute; qu&rsquo;&agrave; d&rsquo;autres, et le documentaire sonore, en tant que forme polyphonique, est in&eacute;luctablement pris dans ces conflits linguistiques et sociaux.</p> <p>&Agrave; ce titre, le documentaire radiophonique rel&egrave;ve, comme&nbsp;le roman tel que le d&eacute;crivait Mikha&iuml;l Bakhtine, d&rsquo;une expression plurilinguiste, au sens o&ugrave; &laquo; c&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment la diversit&eacute; des langages, et non l&rsquo;unit&eacute; d&rsquo;un langage commun normatif, qui appara&icirc;t comme la base du style&nbsp;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a>&nbsp;&raquo;. Bakhtine ajoute que la prose romanesque exprime ainsi &laquo; une sensibilit&eacute; &agrave; la concr&eacute;tion et &agrave; la relativit&eacute; historique et sociale de la parole vivante &raquo;, en vertu de laquelle elle &laquo; s&rsquo;empare du mot, chaud encore de sa lutte, de son hostilit&eacute;, du mot point r&eacute;solu encore, d&eacute;chir&eacute; entre les intonations et les accents hostiles, et, tel quel, le soumet &agrave; l&rsquo;unit&eacute; dynamique de son style&nbsp;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a>. &raquo; La repr&eacute;sentation des styles de voix et la valeur qui leur est attribu&eacute;e dans l&rsquo;&eacute;conomie du r&eacute;cit sont alors loin d&rsquo;&ecirc;tre neutres sur le plan politique,&nbsp;<em>a fortiori</em>&nbsp;quand le documentaire sonore pr&eacute;tend donner &agrave; entendre &laquo; la voix des d&eacute;laiss&eacute;s&nbsp;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a>&nbsp;&raquo;, pour reprendre les mots de Laurent Demanze &agrave; propos des litt&eacute;ratures factuelles contemporaines. &Agrave; titre d&rsquo;exemple, dans un article sur &laquo; Les mondes du travail dans les documentaires de France Culture, ann&eacute;es 1980-1990 &raquo;, C&eacute;cile Morin remarque que les voix des travailleurs manuels sont syst&eacute;matiquement capt&eacute;es dans leur environnement de travail, ou entour&eacute;es de bruits au montage, tandis que les voix des intellectuels sont enregistr&eacute;es dans &laquo; l&rsquo;acoustique neutre d&rsquo;un bureau ou d&rsquo;un studio &raquo;, ce qui &laquo; contribue &agrave; mettre en valeur le contenu s&eacute;mantique de leurs paroles au d&eacute;triment de ses composantes acoustiques, et &agrave; [leur] conf&eacute;rer de fait une port&eacute;e d&rsquo;ordre g&eacute;n&eacute;ral et atemporel&nbsp;<a href="#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a>&nbsp;&raquo;.</p> <h3>1.3. Une praxis globale</h3> <p>La question &eacute;thique du positionnement du documentariste face &agrave; ces voix peut alors &ecirc;tre prise comme point de d&eacute;part pour penser l&rsquo;esth&eacute;tique du documentaire radiophonique. Cette r&eacute;flexion n&eacute;cessite de consid&eacute;rer, au-del&agrave; de la forme finie, fix&eacute;e par le montage, un ensemble de pratiques&nbsp;: les gestes d&rsquo;enregistrement des documentaristes, les types de relation instaur&eacute;es avec les protagonistes, les mani&egrave;res d&rsquo;agencer les voix r&eacute;colt&eacute;es, voire les mani&egrave;res de restituer aux participants le travail termin&eacute;. Cela revient finalement &agrave; &eacute;couter les documentaires sonores non seulement comme des &oelig;uvres, mais comme des &laquo;&nbsp;<em>praxis</em>&nbsp;globale[s]&nbsp;<a href="#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a>&nbsp;&raquo;, selon l&rsquo;expression propos&eacute;e par Fr&eacute;d&eacute;ric Pouillaude,&nbsp;<em>praxis</em>&nbsp;dans lesquelles la situation d&rsquo;enregistrement et tout ce qui s&rsquo;y joue importent autant que la cr&eacute;ation de la trame de la pi&egrave;ce.</p> <h2>2. Quelques exemples de gestes, d&rsquo;esth&eacute;tiques et d&rsquo;ethos documentaires.<br /> &nbsp;</h2> <p>Je vais maintenant &eacute;voquer trois exemples de pi&egrave;ces radiophoniques qui pr&eacute;sentent diff&eacute;rents positionnements et mani&egrave;res d&rsquo;&eacute;crire avec les voix des autres. Dans le champ de la diffusion radiophonique, le documentaire sonore est situ&eacute; &agrave; l&rsquo;interface entre le productions journalistiques et artistiques (la fronti&egrave;re entre les deux &eacute;tant souvent incertaine). Les auteurs et autrices des pi&egrave;ces choisies ne se reconnaissent pas n&eacute;cessairement comme documentaristes, mais leurs pi&egrave;ces sont diffus&eacute;es dans des cr&eacute;neaux qui ont une couleur &eacute;ditoriale commune : d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; les &eacute;missions de France Culture se r&eacute;clamant d&rsquo;une &laquo; radio cousue main&nbsp;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a>&nbsp;&raquo; (<em>LSD, la s&eacute;rie documentaire</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Cr&eacute;ation on Air</em>), et de l&rsquo;autre, Arte Radio.</p> <h3>2.1. Les voix d&rsquo;un documentaire journalistique embarqu&eacute;</h3> <p>Le premier exemple est un documentaire de Rapha&euml;l Krafft, r&eacute;alis&eacute; par Guillaume Baldy, intitul&eacute;&nbsp;<em>Nord-Mali, l&rsquo;op&eacute;ration Iroquois</em>&nbsp;<a href="#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a>. Il constitue le premier &eacute;pisode d&rsquo;une s&eacute;rie sur l&rsquo;arm&eacute;e fran&ccedil;aise diffus&eacute;e dans&nbsp;<em>LSD</em>&nbsp;en 2017. Rapha&euml;l Krafft se revendique comme journaliste plut&ocirc;t qu&rsquo;auteur de radio&nbsp;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a>. Il travaille souvent sur des terrains lointains, parfois dangereux, dans la tradition du grand reportage. Ses &eacute;missions donnent &agrave; entendre des situations concr&egrave;tes &agrave; forte port&eacute;e politique : il couvre notamment la crise de l&rsquo;accueil des migrants, et a fait plusieurs tours de France &agrave; v&eacute;lo ‒&nbsp;accompagn&eacute; d&rsquo;Alexis Montchovet&nbsp;‒ en p&eacute;riode d&rsquo;&eacute;lections, dans une vis&eacute;e radiophonique. Il rend compte de ces situations &agrave; &eacute;chelle humaine en donnant la parole aux acteurs et actrices qui y sont impliqu&eacute;s, tout en donnant des informations sur le contexte global.</p> <p>Dans&nbsp;<em>Nord-Mali, l&rsquo;op&eacute;ration Iroquois</em>, les personnages sont les militaires de l&rsquo;arm&eacute;e fran&ccedil;aise : des officiers sup&eacute;rieurs et des soldats d&rsquo;infanterie. Face au micro, leurs voix s&rsquo;expriment dans un langage militaire tr&egrave;s codifi&eacute;, qui laisse parfois place &agrave; des &laquo; paroles sensibles &raquo;, des paroles plus subjectives quand les soldats baissent la garde, &agrave; la faveur d&rsquo;une plaisanterie de l&rsquo;intervieweur ou d&rsquo;un &laquo; moment de po&eacute;sie &raquo; (Rapha&euml;l Krafft), o&ugrave; ils t&eacute;moignent de leur exp&eacute;rience du d&eacute;sert et de la difficult&eacute; psychologique de la mission. Rapha&euml;l Krafft utilise pour les capter un micro MS de bonne qualit&eacute;, mais &laquo; tout-terrain &raquo;, qu&rsquo;il tient toujours &agrave; la main, ce qui lui permet dit-il d&rsquo;installer une proximit&eacute; physique avec l&rsquo;interview&eacute; et une relation &eacute;galitaire. Ces paroles directes, d&rsquo;interview, alternent avec des voix en situation, participant d&rsquo;une action, ponctu&eacute;es par les questions du reporter. Rapha&euml;l Krafft revendique un rapport franc et transparent vis-&agrave;-vis des personnes qu&rsquo;il enregistre. Mais il &eacute;voque aussi la figure du &laquo; confesseur &raquo; pour d&eacute;crire sa posture, c&rsquo;est-&agrave;-dire un m&eacute;lange d&rsquo;empathie et d&rsquo;autorit&eacute;. Et en effet le reporter n&rsquo;h&eacute;site pas se montrer critique, &agrave; poser &laquo; des questions qui f&acirc;chent &raquo; (qui ne seront pas coup&eacute;es au montage), interrogeant les protocoles d&rsquo;action des militaires (comme le fait de tirer en direction d&rsquo;une silhouette suspecte avant qu&rsquo;elle soit identifi&eacute;e ou non comme ennemie) ou le climat &eacute;motionnel qui accompagne la mission, notamment l&rsquo;exaltation des hommes &agrave; l&rsquo;approche des m&ecirc;mes suspects qui se r&eacute;v&egrave;leront &ecirc;tre de simples bergers accompagnant leur troupeau. Ancien engag&eacute;, sa connaissance des codes militaires lui permet de ne pas d&eacute;passer la limite au-del&agrave; de laquelle il trahirait la confiance de ses interlocuteurs. Au contraire, le montage fait entendre la relation de camaraderie &ndash; masculine &ndash; qu&rsquo;il noue avec les soldats, les tutoyant volontiers, plaisantant avec eux, et partageant leurs conditions de vie le temps du tournage. La voix de Rapha&euml;l Krafft intervient aussi r&eacute;guli&egrave;rement, pour indiquer le contexte d&rsquo;une prise de parole, d&eacute;crire un lieu, ou situer dans le temps un enregistrement. Ce n&rsquo;est pas une voix off enregistr&eacute;e en studio qui l&eacute;gende le son, mais plut&ocirc;t un ensemble de notes orales. Rapha&euml;l Krafft assume ainsi pleinement une fonction de r&eacute;gie dans la narration.</p> <p>Son positionnement oscille donc au fil du documentaire entre prise de distance, qui va de pair avec la pr&eacute;tention &agrave; l&rsquo;objectivit&eacute;, et empathie vis-&agrave;-vis de ses interlocuteurs aux c&ocirc;t&eacute;s desquels il est embarqu&eacute; (son exp&eacute;rience physique du terrain participant d&rsquo;ailleurs &agrave; l&eacute;gitimer le contenu rapport&eacute;). On pourrait donc dire que l&rsquo;ethos du reporter consiste &agrave; viser le juste milieu entre ces deux p&ocirc;les. Cet &eacute;quilibre peut d&rsquo;ailleurs &eacute;voluer en fonction des sujets : dans son documentaire&nbsp;<em>Passeur</em>&nbsp;<a href="#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a>, l&rsquo;empathie l&rsquo;emporte, et c&rsquo;est sa propre voix qui prendra le devant pour se mettre en sc&egrave;ne plus embarqu&eacute; encore par la situation qu&rsquo;il &eacute;tait venu documenter, puisqu&rsquo;il d&eacute;cide d&rsquo;aider lui-m&ecirc;me des r&eacute;fugi&eacute;s &agrave; franchir la fronti&egrave;re.</p> <h3>2.2. Les voix de la r&eacute;alit&eacute;&nbsp;: une polyphonie inqui&egrave;te</h3> <p>La deuxi&egrave;me pi&egrave;ce de cette &eacute;tude de cas est&nbsp;<em>Qui a connu Lolita ?</em>, une enqu&ecirc;te de Mehdi Ahoudig et Anouk B&acirc;tard, produite par Arte Radio en 2010&nbsp;<a href="#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a>.</p> <p>Mehdi Ahoudig se pr&eacute;sente comme documentariste. Il pratique l&rsquo;art du son (&laquo; certainement le meilleur outil pour le documentaire &raquo;, selon ses mots) &agrave; travers des r&eacute;alisations radiophoniques, mais aussi en tant qu&rsquo;ing&eacute;nieur du son pour le th&eacute;&acirc;tre et r&eacute;alisateur de films.&nbsp;Il s&rsquo;int&eacute;resse essentiellement &agrave; des sujets de soci&eacute;t&eacute;, et en particulier &agrave; la vie dans les quartiers populaires.&nbsp;<em>Qui a connu Lolita&nbsp;?</em>&nbsp;est une collaboration avec Anouk B&acirc;tard alors journaliste &agrave; Radio Grenouille.</p> <p>Cette pi&egrave;ce fait entendre une grande diversit&eacute; de personnages (en termes de genre, de classes sociales et d&rsquo;origines g&eacute;ographiques), interrog&eacute;s sur les circonstances de la mort de Lolita et ses deux enfants retrouv&eacute;s dans leur appartement, &agrave; Marseille. Sous le motif du fait divers, le genre du r&eacute;cit tient &agrave; la fois du thriller policier et du tableau r&eacute;aliste, car l&rsquo;enqu&ecirc;te est aussi un pr&eacute;texte pour dresser le portrait d&rsquo;un quartier. On entend les voix des riverains, de la voisine de Lolita, des membres de la communaut&eacute; cap-verdienne de Marseille, d&rsquo;un vice-procureur, d&rsquo;un directeur d&rsquo;&eacute;cole primaire, d&rsquo;un pr&ecirc;tre&hellip; Ces personnes sont enregistr&eacute;es dans des espaces publics, sur leur lieu de travail ou chez elles. Mehdi Ahoudig r&eacute;alise les entretiens avec un micro perch&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a>, positionn&eacute; en dessous du visage et non en face afin de laisser de l&rsquo;espace &agrave; l&rsquo;interview&eacute;. Il choisit la st&eacute;r&eacute;o pour ne pas emprisonner la parole dans la situation d&rsquo;interview et laisser ouverte la possibilit&eacute; d&rsquo;une sortie, d&rsquo;un d&eacute;placement, une expression gestuelle spontan&eacute;e. Au montage, le dispositif d&rsquo;enregistrement n&rsquo;est pas explicit&eacute; comme chez Rapha&euml;l Krafft&nbsp;: les questions sont coup&eacute;es et les voix donn&eacute;es &agrave; entendre dans leur &eacute;l&eacute;ment, d&rsquo;o&ugrave; un certain effet de r&eacute;alisme.</p> <p>Il en r&eacute;sulte un r&eacute;cit polyphonique, o&ugrave; les prises de paroles se contredisent, diff&egrave;rent l&rsquo;interpr&eacute;tation. L&rsquo;effet produit est un &laquo; relativisme linguistique&nbsp;<a href="#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a>&nbsp;&raquo; dans lequel aucune voix n&rsquo;a plus d&rsquo;autorit&eacute; qu&rsquo;une autre. La parole est mise en sc&egrave;ne dans son &eacute;chec &agrave; rendre compte du r&eacute;el. Le r&ocirc;le des auteurs n&rsquo;est alors plus de r&eacute;v&eacute;ler une v&eacute;rit&eacute;, mais de donner &agrave; sentir les paradoxes de l&rsquo;affaire. Par ailleurs, comme chez Rapha&euml;l Krafft, une parole vive est enregistr&eacute;e en situation mais il s&rsquo;agit moins de rendre compte d&rsquo;une action que de faire entendre des instants signifiants qui &eacute;voquent indirectement, de mani&egrave;re oblique, m&eacute;taphorique, le sujet de l&rsquo;enqu&ecirc;te. Une sc&egrave;ne enregistr&eacute;e dans une &eacute;glise, o&ugrave; un mendiant se voit refuser l&rsquo;aum&ocirc;ne par un pr&ecirc;tre &eacute;largit, &agrave; une dimension presque mythique, la question de la charit&eacute;, de l&rsquo;entraide et du vivre ensemble impossible.</p> <p>Dans l&rsquo;absence de d&eacute;nouement qui caract&eacute;rise nombre de r&eacute;cits d&rsquo;enqu&ecirc;tes contemporains, Laurent Demanze voit une mani&egrave;re de troquer &laquo; le d&eacute;sir de comblement herm&eacute;neutique&nbsp;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a>&nbsp;&raquo; contre une &laquo; ouverture infinie de la pensivit&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a>&nbsp;&raquo; &ndash; un terme qu&rsquo;il emprunte &agrave; Roland Barthes &ndash; dans laquelle le jugement est suspendu et l&rsquo;&eacute;nigme maintenue. Le r&eacute;cit produit alors &laquo;&nbsp;une adresse &eacute;thique : non plus penser une v&eacute;rit&eacute;, formuler une conclusion, mais penser&nbsp;<em>&agrave;</em>&nbsp;un individu, dans une teneur fortement d&eacute;dicatoire du r&eacute;cit&nbsp;<a href="#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a>. &raquo; Cette analyse correspond tout &agrave; fait au documentaire de Mehdi Ahoudig et Anouk B&acirc;tard, qui peut s&rsquo;entendre comme un tombeau, au sens litt&eacute;raire, un tombeau de voix &agrave; la m&eacute;moire de Lolita.</p> <h3>2. 3. Parler ensemble : l&rsquo;amiti&eacute; comme mode documentaire</h3> <p>Le troisi&egrave;me volet de cette &eacute;tude de cas est une pi&egrave;ce de Sylvie Gasteau, r&eacute;alis&eacute;e par Benjamin Chauvin, Alain Joubert et Anne Fleury, &nbsp;<em>Anne de Jongh la rebelle &agrave; Licorne,&nbsp;</em>diffus&eacute; en 2016 dans&nbsp;<em>Cr&eacute;ation on Air</em>&nbsp;sur France Culture&nbsp;<a href="#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a>. Sylvie Gasteau ne se r&eacute;clame pas du documentaire, elle pr&eacute;f&egrave;re &laquo; &eacute;mission&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;essai radiophonique&nbsp;&raquo; pour d&eacute;signer ses productions&nbsp;<a href="#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a>, qui assument une hybridit&eacute; g&eacute;n&eacute;rique forte, influenc&eacute;es par le th&eacute;&acirc;tre, la musique, et son go&ucirc;t du romanesque.</p> <p>Cette pi&egrave;ce est un portrait &agrave; trois voix d&rsquo;une femme qui vit avec un important handicap moteur et a de grandes difficult&eacute;s d&rsquo;&eacute;locution : Anne de Jongh. Sylvie Gasteau &eacute;crit dans la pr&eacute;sentation de l&rsquo;&eacute;mission :</p> <blockquote> <p>J&rsquo;appr&eacute;hendais d&rsquo;enregistrer Anne tant parler lui co&ucirc;tait d&rsquo;efforts. Et j&rsquo;ai tr&egrave;s vite su qu&rsquo;il fallait non pas retranscrire le r&eacute;cit d&rsquo;Anne, mais s&rsquo;en saisir comme d&rsquo;une mati&egrave;re sonore pr&eacute;cieuse, in&eacute;dite, musicale, tout en maintenant le r&eacute;cit de sa vie, car Anne a beaucoup de choses &agrave; dire et a grandi dans la musique.</p> </blockquote> <p>Pour raconter son histoire, Sylvie Gasteau fait appel &agrave; Jacques Livchine, com&eacute;dien et vieil ami de Anne. Le documentaire se construit alors comme un passage de relais entre eux trois, rythm&eacute; et r&eacute;solument joyeux. Il inclut aussi quelques paroles ext&eacute;rieures, enregistr&eacute;es aupr&egrave;s des militants de&nbsp;<em>Vivre Debout</em>, l&rsquo;association pour l&rsquo;autonomie des personnes en situation de handicap dont Anne a fait partie. Sylvie Gasteau prend en charge la trame narrative, qu&rsquo;elle r&eacute;dige &agrave; la deuxi&egrave;me personne et lit devant Anne qui r&eacute;pond et r&eacute;agit au micro. Ce dispositif est une mani&egrave;re de r&eacute;-adresser ce qui aurait pu &ecirc;tre voix off &agrave; la premi&egrave;re concern&eacute;e, de la remettre en mouvement en lui donnant une forme de dialogue. Jacques Livchine quant &agrave; lui fait un r&eacute;cit comique de ses &laquo; 14 souvenirs, les pires qui soient &raquo; avec Anne, que l&rsquo;on entend rire avec lui, rench&eacute;rir ou corriger les anecdotes. Par ailleurs, le montage de la voix de Anne permet d&rsquo;aider sa parole, de la fluidifier, et les chutes issues de ce montage sont compos&eacute;es en un prologue musical qui ouvre la pi&egrave;ce.</p> <p>Ce qui distingue Sylvie Gasteau des exemples pr&eacute;c&eacute;dents, c&rsquo;est la mise en sc&egrave;ne d&rsquo;une &eacute;nonciation collective. Le partage de la parole et de l&rsquo;&eacute;coute est au c&oelig;ur de son &eacute;thique radiophonique. Elle raconte commencer toujours un enregistrement par le partage du casque avec celle ou celui qu&rsquo;elle va enregistrer ; &laquo; c&rsquo;est presque un acte de politesse &raquo;, dit-elle. Ici, il ne s&rsquo;agit pas de poser des questions &agrave; son h&eacute;ro&iuml;ne, mais d&rsquo;enregistrer une conversation entre amis adress&eacute;e &agrave; un public. Le dispositif est clairement affich&eacute; : le documentaire rel&egrave;ve d&rsquo;un faire-ensemble. La r&eacute;alisatrice adopte un positionnement solidaire : la mise en voix collective de la vie d&rsquo;Anne participe &agrave; sa lutte pour l&rsquo;autonomie, &agrave; la critique du validisme qu&rsquo;elle a men&eacute;e toute sa vie. La pratique documentaire consiste alors &agrave; parler avec et pour ses amis, avec sororit&eacute; et humour, en d&eacute;fendant la possibilit&eacute; d&rsquo;une &eacute;nonciation partag&eacute;e et d&rsquo;un monde commun. De plus, l&rsquo;amiti&eacute; et la complicit&eacute; entre les protagonistes autorisent railleries et plaisanteries, par-del&agrave; le tabou que repr&eacute;sente le handicap, comme par exemple quand Jacques Livchine raconte l&rsquo;obstination d&rsquo;Anne &agrave; participer &agrave; une randonn&eacute;e de &laquo; th&eacute;&acirc;tre de montagne &raquo; en Loz&egrave;re malgr&eacute; l&rsquo;inaccessibilit&eacute; du terrain &agrave; son fauteuil &eacute;lectrique, et s&rsquo;exclame : &laquo; Mais quelle plaie cette fille ! Quand on est handicap&eacute;e on la ferme ! &raquo; Les rires d&rsquo;Anne conjurent tout malaise, et r&eacute;affirment son d&eacute;sir farouche &laquo; d&rsquo;&ecirc;tre trait&eacute;e comme tout le monde &raquo;. Il ne s&rsquo;agit donc pas de &laquo;&nbsp;donner la parole&nbsp;&raquo; &agrave; une personne en situation d&rsquo;exclusion, mais bien plut&ocirc;t, comme le dit encore Laurent Demanze, de &laquo; mener ensemble une critique des repr&eacute;sentations acquises et des langues convenues de la soci&eacute;t&eacute; pour faire surgir [en elle] quelque chose d&rsquo;irr&eacute;ductible&nbsp;<a href="#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p>Le documentaire de Sylvie Gasteau s&rsquo;oppose alors &agrave; celui de Mehdi Ahoudig et Anouk B&acirc;tard comme un ch&oelig;ur s&rsquo;opposerait &agrave; un r&eacute;cit choral. Dans&nbsp;<em>Qui a connu Lolita&nbsp;?,&nbsp;</em>la construction narrative en montage altern&eacute; isole les voix dans leur vision singuli&egrave;re de l&rsquo;&eacute;v&egrave;nement. Au contraire, dans&nbsp;<em>Anne de Jongh, la rebelle &agrave; la licorne,&nbsp;</em>c&rsquo;est en parlant d&rsquo;une seule voix que les trois personnages dressent le portrait haut en couleurs de l&rsquo;une d&rsquo;entre eux, comme un ch&oelig;ur tragique, transform&eacute; ici en troupe comique.</p> <h2>Conclusion<br /> &nbsp;</h2> <p>Trois types d&rsquo;&eacute;thos se d&eacute;gagent donc de ces documentaires. Le premier, l&rsquo;ethos du reporter, produit un r&eacute;cit &agrave; vis&eacute;e explicative, o&ugrave; l&rsquo;auteur cherche &agrave; se situer dans un juste milieu, entre empathie pour ses interlocuteurs et regard critique sur le terrain. Le second serait un ethos de d&eacute;tective, qui &laquo; bat en br&egrave;che la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;informer en mettant en sc&egrave;ne un exercice de perplexit&eacute;&nbsp;<a href="#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a>&nbsp;&raquo;, dans un r&eacute;cit d&rsquo;enqu&ecirc;te polyphonique. Enfin, le troisi&egrave;me est un ethos d&rsquo;amie, de camarade de vie et de lutte, qui met en &oelig;uvre un &laquo; geste de solidarit&eacute; &eacute;nonciative &raquo; (Laurent Demanze) et fait du documentaire un espace de partage de la parole. Ces diff&eacute;rents ethos sont autant de mani&egrave;res de recueillir les voix de celles et ceux qu&rsquo;on appelle parfois les &laquo; personnages &raquo; du documentaire, et de les donner &agrave; entendre &agrave; des auditeurs et auditrices, derniers maillons dans cette circulation de la parole. Ce faisant, le documentaire radiophonique rel&egrave;ve d&rsquo;une pratique d&rsquo;&eacute;coute sp&eacute;cifique, m&eacute;di&eacute;e par des outils d&rsquo;enregistrement, qui appara&icirc;t finalement comme une modalit&eacute; de l&rsquo;&ecirc;tre-ensemble. Ainsi, au-del&agrave; du geste esth&eacute;tique de mise en forme des voix, il pourrait-&ecirc;tre d&eacute;crit comme un art de la rencontre.</p> <h3><strong>Notes</strong><br /> &nbsp;</h3> <p><a href="#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a>&nbsp;Ren&eacute; Farabet,&nbsp;<em>Bref &eacute;loge du coup de tonnerre et du bruit d&rsquo;ailes</em>, Arles, Phonurgia nova, 1994, p.&nbsp;21.</p> <p><a href="#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a>&nbsp;Cit&eacute; par Christian Rosset dans&nbsp;<em>Yann Parantho&euml;n : l&rsquo;art de la radio</em>, Christian Rosset (dir.), Arles, France, Phonurgia nova, 2009, p.&nbsp;11.</p> <p><a href="#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a>&nbsp;Kaye Mortley,&nbsp;<em>La tentation du son</em>, Arles, Phonurgia nova &eacute;ditions, 2013, p.&nbsp;15.</p> <p><a href="#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a>&nbsp;Hal Foster, &laquo;&nbsp;L&rsquo;Artiste comme ethnographe&nbsp;&raquo; ou la &ldquo;fin de l&rsquo;histoire&rdquo; signifie-t-elle le retour &agrave; l&rsquo;anthropologie&nbsp;?&nbsp;&raquo; dans&nbsp;<em>Face &agrave; l&rsquo;histoire, 1933-1969</em>, Paris, Flammarion/Centre Georges Pompidou, 1966, p.&nbsp;498-505.</p> <p><a href="#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a>&nbsp;Bill Nichols,&nbsp;<em>Introduction to documentary</em>, Bloomington, Indiana University Press, 2001, p.&nbsp;5.</p> <p><a href="#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a>&nbsp;Isabelle Clair, &laquo;&nbsp;Faire du terrain en f&eacute;ministe&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Actes de la recherche en sciences sociales</em>, 2016/3, n&deg; 213, juin 2016, p.&nbsp;69.</p> <p><a href="#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a>&nbsp;Emmanuel Levinas,&nbsp;<em>Totalit&eacute; et infini : Essai sur l&rsquo;ext&eacute;riorit&eacute;</em>, Paris, Livre de Poche, 1990, cit&eacute; par Fabrice M&eacute;tais,&nbsp;<em>Toucher l&rsquo;autre par le monde : approche ph&eacute;nom&eacute;nologique, &eacute;thique et &eacute;rotique de la technologie</em>, Th&egrave;se de doctorat en philosophie, sld Fran&ccedil;ois-David Sebbah, Universit&eacute; de Technologie de Compi&egrave;gne, 2013,&nbsp;<a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-01766310/document" target="_blank">https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-01766310/document</a>, PDF p. 35.</p> <p><a href="#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a>&nbsp;Pierre Bourdieu,&nbsp;<em>Ce que parler veut dire : l&rsquo;&eacute;conomie des &eacute;changes linguistiques</em>, Paris, Fayard, 1982.</p> <p><a href="#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a>&nbsp;Mikha&iuml;l Bakhtine,&nbsp;<em>Esth&eacute;tique et th&eacute;orie du roman</em>, Daria Olivier (trad.), Paris, Gallimard, 1978, p.&nbsp;129.</p> <p><a href="#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;151.</p> <p><a href="#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a>&nbsp;Laurent Demanze,&nbsp;<em>Un nouvel &acirc;ge de l&rsquo;enqu&ecirc;te. Portraits de l&rsquo;&eacute;crivain contemporain en enqu&ecirc;teur</em>, Paris, Corti, 2019, p.&nbsp;27.</p> <p><a href="#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a>&nbsp;C&eacute;cile Morin, &laquo;&nbsp;Le cliquetis des linotypes. Les mondes du travail dans les documentaires de France Culture, ann&eacute;es 1980-1990&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Socio-anthropologie</em>, n<sup>o</sup>&nbsp;41, juin 2020, p.&nbsp;163-178.</p> <p><a href="#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a>&nbsp;Fr&eacute;d&eacute;ric Pouillaude,&nbsp;<em>Repr&eacute;sentations factuelles : art et pratiques documentaires</em>, Paris, &Eacute;ditions du Cerf, 2020, p.&nbsp;152.</p> <p><a href="#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a>&nbsp;Selon le texte de lancement de l&rsquo;&eacute;mission&nbsp;<em>LSD</em>, pr&eacute;sent&eacute;e par Perrine Kervran.</p> <p><a href="#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a>&nbsp;Rapha&euml;l Krafft &amp; Guillaume Baldy,&nbsp;<a href="https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/larmee-francaise-des-rues-de-paris-au-desert-du-sahara-14-nord" target="_blank"><em>Nord-Mali, l&rsquo;op&eacute;ration Iroquois</em></a>, s&eacute;rie&nbsp;<em>L&rsquo;arm&eacute;e fran&ccedil;aise : des rues de Paris au d&eacute;sert du Sahara</em>&nbsp;pour&nbsp;<em>LSD, La s&eacute;rie documentaire,</em>&nbsp;diffus&eacute; le 13/02/2017 sur France Culture, consult&eacute; le 05/03/2022.</p> <p><a href="#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a>&nbsp;Selon un entretien r&eacute;alis&eacute; avec Rapha&euml;l Krafft le 28/11/2020. Sauf pr&eacute;cision, les citations entre guillemets des paragraphes suivants sont issues du m&ecirc;me entretien.</p> <p><a href="#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a>&nbsp;Rapha&euml;l Krafft &amp; Jean-Philippe Navarre,&nbsp;<a href="https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/passer-les-frontieres-4-histoires-de-frontieres-1-passeur" target="_blank"><em>Passeur &ndash; Comment j&rsquo;ai fait passer la fronti&egrave;re &agrave; des r&eacute;fugi&eacute;s</em></a>, s&eacute;rie&nbsp;<em>Passer les fronti&egrave;res, 4 histoires de fronti&egrave;res</em>, pour&nbsp;<em>LSD, La s&eacute;rie documentaire,&nbsp;</em>diffus&eacute; le 12/09/2016 sur France Culture, consult&eacute; le 03/01/2022.</p> <p><a href="#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a>&nbsp;Anouk B&acirc;tard &amp; Mehdi Ahoudig,&nbsp;<a href="https://www.arteradio.com/son/61657724/qui_connu_lolita" target="_blank"><em>Qui a connu Lolita ?</em></a>, mis en ligne le 28 septembre 2019, sur Arteradio.com, consult&eacute; le 03/01/2022.</p> <p><a href="#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a>&nbsp;Selon un entretien r&eacute;alis&eacute; avec Mehdi Ahoudig le 24/11/2020.</p> <p><a href="#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a>&nbsp;Mikha&iuml;l Bakhtine,&nbsp;<em>Esth&eacute;tique et th&eacute;orie du roman</em>,&nbsp;<em>op.&nbsp;cit.</em>, p.&nbsp;145.</p> <p><a href="#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a>&nbsp;Laurent Demanze,&nbsp;<em>Un nouvel &acirc;ge de l&rsquo;enqu&ecirc;te</em>,&nbsp;<em>op.&nbsp;cit.</em>, p.&nbsp;272.</p> <p><a href="#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;275.</p> <p><a href="#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;277.</p> <p><a href="#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a>&nbsp;Sylvie Gasteau &amp; Benjamin Chauvin, Alain Joubert, Anne Fleury,&nbsp;<a href="https://www.franceculture.fr/emissions/creation-air/anne-de-jongh-la-rebelle-la-licorne" target="_blank"><em>Anne de Jongh, la rebelle &agrave; Licorne</em></a>,&nbsp;<em>Cr&eacute;ation on Air,&nbsp;</em>diffus&eacute; le 08/09/2016 sur France Culture, consult&eacute; le 03/01/2022.</p> <p><a href="#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a>&nbsp;Selon un entretien r&eacute;alis&eacute; avec Sylvie Gasteau le 26/11/2020.</p> <p><a href="#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a>&nbsp;Laurent Demanze,&nbsp;<em>Un nouvel &acirc;ge de l&rsquo;enqu&ecirc;te</em>,&nbsp;<em>op.&nbsp;cit.</em>, p.&nbsp;114.</p> <p><a href="#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;31.</p> <h3>Bibliographie<br /> &nbsp;</h3> <p><strong>&Eacute;missions</strong></p> <p>AHOUDIG Mehdi &amp; B&Acirc;TARD Anouk,&nbsp;<em>Qui a connu Lolita ?</em>, mis en ligne le 28 septembre 2019, sur Arteradio.com, consult&eacute; le 03/01/2022.</p> <p>KRAFFT Rapha&euml;l &amp; BALDY Guillaume,&nbsp;<a href="https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/larmee-francaise-des-rues-de-paris-au-desert-du-sahara-14-nord" target="_blank"><em>Nord-Mali, l&rsquo;op&eacute;ration Iroquois</em></a>, s&eacute;rie&nbsp;<em>L&rsquo;arm&eacute;e fran&ccedil;aise : des rues de Paris au d&eacute;sert du Sahara</em>&nbsp;pour&nbsp;<em>LSD, La s&eacute;rie documentaire,</em>&nbsp;diffus&eacute; le 13/02/2017 sur France Culture, consult&eacute; le 05/03/2022.</p> <p>GASTEAU Sylvie &amp; CHAUVIN Benjamin, JOUBERT Alain, FLEURY Anne,&nbsp;<a href="https://www.franceculture.fr/emissions/creation-air/anne-de-jongh-la-rebelle-la-licorne" target="_blank"><em>Anne de Jongh, la rebelle &agrave; Licorne</em></a>,&nbsp;<em>Cr&eacute;ation On Air,&nbsp;</em>diffus&eacute; le 08/09/2016 sur France Culture, consult&eacute; le 03/01/2022.</p> <p><strong>Ouvrages et articles</strong></p> <p>BAKHTINE Mikha&iuml;l,&nbsp;<em>Esth&eacute;tique et th&eacute;orie du roman</em>, Daria Olivier (trad.), Paris, Gallimard, 1978.</p> <p>BOURDIEU Pierre,&nbsp;<em>Ce que parler veut dire : l&rsquo;&eacute;conomie des &eacute;changes linguistiques</em>, Paris, Fayard, 1982.</p> <p>CLAIR Isabelle, &laquo; Faire du terrain en f&eacute;ministe &raquo;,&nbsp;<em>Actes de la recherche en sciences sociales</em>, 2016/3, n&deg; 213, juin 2016,&nbsp;p.&nbsp;66-83.</p> <p>DELEU Christophe,&nbsp;<em>Le documentaire radiophonique</em>, Paris, L&rsquo;Harmattan, Ina &eacute;ditions, 2013.</p> <p>DEMANZE Laurent,&nbsp;<em>Un nouvel &acirc;ge de l&rsquo;enqu&ecirc;te. Portraits de l&rsquo;&eacute;crivain contemporain en enqu&ecirc;teur</em>, Paris, Corti, 2019.</p> <p>FARABET Ren&eacute;,&nbsp;<em>Bref &eacute;loge du coup de tonnerre et du bruit d&rsquo;ailes</em>, Arles, Phonurgia nova, 1994.</p> <p>FOSTER Hal, 1996, &laquo; L&rsquo;artiste comme ethnographe, ou la &ldquo;fin de l&rsquo;Histoire&rdquo; signifie-t-elle le retour &agrave; l&rsquo;anthropologie ? &raquo;, dans&nbsp;<em>Le retour du r&eacute;el : situation actuelle de l&rsquo;avant-garde</em>, Yves Cantraine, Frank Pierobon et Daniel Vander Gucht (trad.), Bruxelles, la Lettre vol&eacute;e, 2005.</p> <p>LEVINAS Emmanuel,&nbsp;<em>Totalit&eacute; et infini : essai sur l&rsquo;ext&eacute;riorit&eacute;</em>, La Haye, Martinus Nijhoff, 1971.</p> <p>M&Eacute;TAIS Fabrice,&nbsp;<em>Toucher l&rsquo;autre par le monde : approche ph&eacute;nom&eacute;nologique, &eacute;thique et &eacute;rotique de la technologie</em>, Th&egrave;se de doctorat en philosophie, sld Fran&ccedil;ois-David Sebbah, Universit&eacute; de Technologie de Compi&egrave;gne, 2013. Th&egrave;se in&eacute;dite, consultable au format PDF sur HAL (<a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-01766310/document" target="_blank">https://hal.archives-ouvertes.fr/tel-01766310/document</a>).</p> <p>MORIN C&eacute;cile, &laquo;&nbsp;Le cliquetis des linotypes. Les mondes du travail dans les documentaires de France Culture, ann&eacute;es 1980-1990&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Socio-anthropologie</em>, n&deg; 41, juin 2020, p. 163-178.</p> <p>MORTLEY Kaye,&nbsp;<em>La tentation du son</em>, Arles, Phonurgia nova &eacute;ditions, 2013.</p> <p>NICHOLS Bill,&nbsp;<em>Introduction to documentary</em>, Bloomington, Indiana University Press, 2001.</p> <p>POUILLAUDE Fr&eacute;d&eacute;ric,&nbsp;<em>Repr&eacute;sentations factuelles : art et pratiques documentaires</em>, Paris, &Eacute;ditions du Cerf, 2020.</p> <p>ROSSET Christian (dir.),&nbsp;<em>Yan Parantho&euml;n : l&rsquo;art de la radio</em>, Arles, France, Phonurgia nova, 2009.</p> <h3>Autrice</h3> <p>&Eacute;tudiante de lettres modernes &agrave; l&rsquo;ENS de Lyon puis dans le master CREADOC d&rsquo;Angoul&ecirc;me,&nbsp;<strong>Fanny Dujardin</strong>&nbsp;d&eacute;bute des recherches sur le documentaire radiophonique en 2018 &agrave; l&rsquo;EHESS. Elle est aujourd&rsquo;hui doctorante &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; d&rsquo;Aix-Marseille.&nbsp;Sa th&egrave;se de recherche-cr&eacute;ation, intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;&Eacute;crire avec les voix des autres : po&eacute;tiques et politiques de la parole dans le documentaire radiophonique &raquo;, est dirig&eacute;e par Natacha Cyrulnik (PRISM) et Karine le Bail (CRAL) et b&eacute;n&eacute;ficie de l&rsquo;encadrement artistique de Mehdi Ahoudig.​ Parall&egrave;lement, Fanny Dujardin r&eacute;alise des documentaires sonores, dont​ ​<em>L&rsquo;&eacute;chapp&eacute;e</em>, co-r&eacute;alis&eacute; avec Claire Messager, qui a re&ccedil;u le prix &laquo; Coup de c&oelig;ur&nbsp;&raquo; du centre Wallonie-Bruxelles aux Phonurgia Nova Awards 2021. Elle exp&eacute;rimente aussi la radio sous d&rsquo;autres formes, en participant &agrave; des antennes &eacute;ph&eacute;m&egrave;res, des &eacute;missions de cr&eacute;ation sonore, et au collectif Copie Carbone &agrave; Marseille.</p> <h3><strong>Copyright</strong></h3> <p>Tous droits r&eacute;serv&eacute;s.</p>