<p>Si l&rsquo;on en croit les derniers sondages de M&eacute;diam&eacute;trie, les r&eacute;cits d&rsquo;enqu&ecirc;tes font partie des productions radiophoniques les plus populaires&nbsp;: &laquo;&nbsp;Affaires sensibles&nbsp;&raquo; (France Inter), &laquo;&nbsp;L&rsquo;heure du crime&nbsp;&raquo; (RTL), et &laquo;&nbsp;Les Pieds sur terre&nbsp;&raquo; (France Culture) sont parmi les dix podcasts les plus &eacute;cout&eacute;s ou t&eacute;l&eacute;charg&eacute;s en France en 2023<sup><a href="«#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a></sup>. Difficile cependant de consid&eacute;rer les&nbsp;enqu&ecirc;tes radiophoniques comme un tout unitaire. La notion d&rsquo;enqu&ecirc;te recouvre elle-m&ecirc;me un ensemble de pratiques h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes. Si l&rsquo;on suit la d&eacute;finition propos&eacute;e par Aline Caillet, &laquo; on peut regrouper, sous le nom g&eacute;n&eacute;rique d&rsquo;<em>enqu&ecirc;te</em>, l&rsquo;ensemble des pratiques et proc&eacute;dures qui consistent &agrave; investir un terrain, arpenter un territoire, effectuer des pr&eacute;l&egrave;vements, collecter et exploiter des archives, recueillir des t&eacute;moignages ou encore produire des documents<sup><a href="«#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a></sup> &raquo;. Ces gestes divers donnent lieu, en radio, &agrave; des formes documentaires tout aussi diverses sur le plan po&eacute;tique (du grand reportage &agrave; la s&eacute;rie judiciaire, de l&rsquo;arpentage po&eacute;tique aux collectes polyphoniques) et sur le plan mat&eacute;riel des moyens de production et de diffusion (&eacute;missions unitaires sur les ondes des radios publiques, s&eacute;ries de podcasts mis en ligne par des studios priv&eacute;s, productions ind&eacute;pendantes diffus&eacute;es sur des r&eacute;seaux sociaux sonores). Toutefois, la notion d&rsquo;&laquo;&nbsp;enqu&ecirc;te&nbsp;&raquo; permet de rassembler ces productions sous un d&eacute;nominateur commun que nombre d&rsquo;&eacute;tudes philosophiques, esth&eacute;tiques ou litt&eacute;raires reconnaissent comme un paradigme structurant pour l&rsquo;observation des pratiques et des repr&eacute;sentations contemporaines<sup><a href="«#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a></sup>.</p> <p>Le prisme de l&rsquo;enqu&ecirc;te a pour avantage de mettre en avant les actions extra-artistiques qui accompagnent une r&eacute;alisation bas&eacute;e sur des lieux, des faits, ou des personnes &laquo;&nbsp;pos&eacute;es par la repr&eacute;sentation comme&nbsp;ayant effectivement exist&eacute; dans le monde<sup><a href="«#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a></sup>&nbsp;&raquo;. Il permet ainsi de d&eacute;crire &ndash; avec Fr&eacute;d&eacute;ric Pouillaude &ndash; ce type de forme comme &laquo;&nbsp;une&nbsp;<em>praxis</em> globale, comme une mani&egrave;re d&rsquo;agir dans le monde par et &agrave; travers des repr&eacute;sentations, et non comme une stricte <em>po&iuml;esis</em>, r&eacute;duite &agrave; la production d&rsquo;un objet fini<sup><a href="«#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a></sup>.&nbsp;&raquo; De plus la notion d&rsquo;enqu&ecirc;te soul&egrave;ve des probl&eacute;matiques &eacute;thiques, car comme le souligne Marie-Jeanne Zenetti, &laquo;&nbsp;les &eacute;critures contemporaines ne peuvent ignorer le risque que repr&eacute;sente leur propre discours &ndash; celui de r&eacute;duire ou d&rsquo;utiliser l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; dont elles pr&eacute;tendent rendre compte : l&rsquo;enqu&ecirc;te peut aussi occulter une part du r&eacute;el<sup><a href="«#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a></sup>.&nbsp;&raquo; Le &laquo;&nbsp;risque&nbsp;&raquo; &eacute;thique des &eacute;critures (radiophoniques, filmiques, litt&eacute;raires, etc.) de l&rsquo;enqu&ecirc;te ne concerne pas seulement la v&eacute;racit&eacute; des discours &ndash; valeur battue en br&egrave;che dans nombre d&rsquo;&oelig;uvres contemporaines par une &laquo;&nbsp;exigence d&rsquo;incompl&eacute;tude qui maintient distance, impr&eacute;cision ou ind&eacute;termination<sup><a href="«#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a></sup>&nbsp;&raquo;. Ce risque est plus largement celui de la responsabilit&eacute; de l&rsquo;auteur&middot;ice qui s&rsquo;implique dans la r&eacute;colte des voix d&rsquo;autrui, leur manipulation et leur pr&eacute;sentation devant un auditoire. Certes, les perturbations occasionn&eacute;es sur le terrain par la pr&eacute;sence d&rsquo;un enqu&ecirc;teur ont &eacute;t&eacute; reconnues de longue date comme ins&eacute;parables, et m&ecirc;me constitutives de l&rsquo;enqu&ecirc;te<sup><a href="«#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a></sup>. Cependant, quand les personnes repr&eacute;sent&eacute;es sont s&eacute;lectionn&eacute;es parmi les &laquo; humbles &raquo;, les &laquo; disparus &raquo; ou les &laquo; sans parole<sup><a href="«#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a></sup> &raquo; comme c&rsquo;est souvent le cas dans les enqu&ecirc;tes contemporaines, la saisie et la production de leur voix par le double dispositif<sup><a href="«#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a></sup> de l&rsquo;enregistrement et du montage soul&egrave;vent l&rsquo;enjeu d&rsquo;une d&eacute;possession, d&rsquo;une r&eacute;appropriation au profit des auteur&middot;ices. De plus, les voix dans les productions radiophoniques ont ceci de particulier qu&rsquo;elles sont pr&eacute;sent&eacute;es sous forme de sons seuls, sans visages, et sans la m&eacute;diation d&rsquo;une transcription comme c&rsquo;est le cas dans les collectes de voix litt&eacute;raires. Sans aller jusqu&rsquo;&agrave; c&eacute;der au pr&eacute;jug&eacute; logocentrique qui pr&ecirc;terait &agrave; ces voix un surcro&icirc;t de pr&eacute;sence<sup><a href="«#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a></sup>, on peut pr&ecirc;ter attention &agrave; ce qu&rsquo;elles contiennent de &laquo;&nbsp;bruit&nbsp;&raquo;, de non verbal, de sons involontairement &eacute;mis par le corps de la personne enregistr&eacute;e et captur&eacute;s par la prise de son. Car ces signes <em>parlent </em>dans une certaine mesure<em> pour</em> et <em>malgr&eacute; </em>elle, puisqu&rsquo;ils seront potentiellement interpr&eacute;t&eacute;s par l&rsquo;auditeur en fonction de st&eacute;r&eacute;otypes d&rsquo;&acirc;ge, de race, de genre, etc.<sup><a href="«#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a></sup>. On peut ainsi consid&eacute;rer que la question de la vuln&eacute;rabilit&eacute; des voix se pose avec une acuit&eacute; particuli&egrave;re dans l&rsquo;enqu&ecirc;te sonore.</p> <p>Que se passe-t-il alors quand les documentaristes sonores se mettent &laquo;&nbsp;en qu&ecirc;te de voix<sup><a href="«#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a></sup>&nbsp;&raquo;&nbsp;? Pour r&eacute;pondre &agrave; cette question, il faudra se pencher tout &agrave; la fois sur les gestes de recherche effectu&eacute;s, les agencements de voix et de sons qui leur donnent forme de r&eacute;cit, le type de connaissance produite par l&rsquo;enqu&ecirc;te, et les postures &eacute;thiques des auteur&middot;ices face &agrave; ce r&eacute;el qu&rsquo;ils et elles explorent. Pour le dire avec d&rsquo;autres mots, ceux de Didier Fassin et d&rsquo;Alban Bensa, cela revient &agrave; rep&eacute;rer les &laquo;&nbsp;<em>politiques de l&rsquo;enqu&ecirc;te</em><sup><a href="«#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a></sup>&nbsp;&raquo; qui sont adopt&eacute;es dans les enqu&ecirc;tes radiophoniques, et les <em>po&eacute;tiques sonores</em> qui les traduisent. Apr&egrave;s un pr&eacute;ambule historique qui rappellera la complicit&eacute; des pratiques phonographiques et enqu&ecirc;trices, on adressera ces questions &agrave; trois investigations contemporaines&nbsp;: <em>Un micro au tribunal</em>, immersion dans les coulisses de la justice r&eacute;alis&eacute;e par Pascale Pascariello<sup><a href="«#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a></sup>, <em>Cerno l&rsquo;anti-enqu&ecirc;te</em>, s&eacute;rie polici&egrave;re de Julien Cernobori<sup><a href="«#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a></sup> et <em>La ferme o&ugrave; poussent les arbres du ciel</em>, essai autobiographique sign&eacute; par Kaye Mortley<sup><a href="«#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a></sup>.</p> <h2>1. Pratiques phonographiques et enqu&ecirc;trices&nbsp;: un compagnonnage ancien</h2> <p>Il n&rsquo;est pas inutile de rappeler l&rsquo;origine des rapports entre enqu&ecirc;te et phonographie pour comprendre les probl&eacute;matiques qui se posent &agrave; l&rsquo;&eacute;coute des enqu&ecirc;tes contemporaines. Les technologies de reproduction sonore voient le jour en Europe et aux &Eacute;tats-Unis au milieu du xix<sup>e</sup> si&egrave;cle. Elles sont issues d&rsquo;une recherche qui traverse tout le si&egrave;cle, sur la transcription de la parole humaine et les moyens de la rendre visible, qui prend peu &agrave; peu trois directions distinctes&nbsp;: la st&eacute;nographie, la phon&eacute;tique et l&rsquo;enregistrement sonore<sup><a href="«#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a></sup>. Dans les ann&eacute;es 1800, les premi&egrave;res occurrences du terme de &laquo;&nbsp;phonographie&nbsp;&raquo; d&eacute;signent ainsi &laquo;&nbsp;les tentatives faites pour &eacute;laborer un syst&egrave;me d&rsquo;&eacute;criture simplifi&eacute;e permettant d&rsquo;&ldquo;&eacute;crire aussi vite que l&rsquo;on parle<sup><a href="«#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a></sup>&rdquo;&nbsp;&raquo;. Au milieu du si&egrave;cle, les phonautographes d&rsquo;&Eacute;douard-L&eacute;on Scott de Martinville (1957) et d&rsquo;Alexander Graham Bell et Clarence Blake (1874) permettent de produire une trace graphique &agrave; partir d&rsquo;un son mais pas encore de le r&eacute;&eacute;couter. C&rsquo;est &agrave; partir du phonographe mis au point par Thomas Edison en 1877<sup><a href="«#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a></sup>, qu&rsquo;il devient possible de rejouer l&rsquo;enregistrement &agrave; partir d&rsquo;une feuille d&rsquo;&eacute;tain puis d&rsquo;un cylindre de cire o&ugrave; il est grav&eacute;. L&rsquo;invention est pr&eacute;sent&eacute;e avec succ&egrave;s &agrave; l&rsquo;Exposition universelle de Paris en 1889 et rapidement commercialis&eacute;e. Parmi les premiers usages qui vont &ecirc;tre faits de cette invention, on compte un usage domestique r&eacute;cr&eacute;atif (c&rsquo;est-&agrave;-dire l&rsquo;&eacute;coute de musique enregistr&eacute;e chez soi), un usage communicationnel (en particulier &agrave; des fins d&rsquo;optimisation du travail dans les entreprises am&eacute;ricaines), ou encore un usage scientifique, qui donne lieu d&rsquo;une part &agrave; l&rsquo;&eacute;tude phon&eacute;tique des ph&eacute;nom&egrave;nes acoustiques et d&rsquo;autre part &agrave; des campagnes ethnographiques de collectes de voix. Ainsi, comme le remarque l&rsquo;historien Ludovic Tourn&egrave;s, &laquo;&nbsp;le phonographe est, d&rsquo;embl&eacute;e, un auxiliaire m&eacute;thodologique et technique pour l&rsquo;ethnologie et l&rsquo;anthropologie en voie de constitution et de professionnalisation&nbsp;: d&egrave;s 1890, peu apr&egrave;s l&rsquo;&eacute;crasement des derniers foyers de r&eacute;sistance indienne, les anthropologues am&eacute;ricains entreprennent la collecte de chants et de rituels des tribus soumises<sup><a href="«#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a></sup>&nbsp;&raquo;. En Europe fleurissent les projets de mus&eacute;es phonographiques, tels que les <em>Archives de la parole</em>, fond&eacute;es en 1911 par le grammairien Ferdinand Brunot, qui enregistre les voix paysannes fran&ccedil;aises dans la lign&eacute;e des collectes folkloriques du xix<sup>e</sup> si&egrave;cle<sup><a href="«#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a></sup>. La phonographie est ainsi mise au service de la conservation de cultures orales sur le point de dispara&icirc;tre, &agrave; travers l&rsquo;enregistrement de chants, notamment rituels, et plus rarement de paroles &ndash; quand c&rsquo;est le cas, c&rsquo;est le pittoresque d&rsquo;un accent ou d&rsquo;un dialecte qui est recherch&eacute;. Ces r&eacute;coltes ont avant tout une vis&eacute;e encyclop&eacute;dique et restent marqu&eacute;es par une vision folklorique et coloniale de l&rsquo;ethnographie. Pour reprendre les mots de Marc-Henri Piault, science humaine et technologie d&rsquo;enregistrement sont alors &laquo;&nbsp;deux instrumentations des temps culturels et des espaces sociaux&nbsp;&raquo; ayant pour but &laquo;&nbsp;d&rsquo;absorber la diff&eacute;rence mat&eacute;rielle de l&rsquo;autre et le r&eacute;duire en image et en concepts dont s&rsquo;alimentent mon regard et mon esprit&nbsp;&raquo;, et de constituer le &laquo;&nbsp;monde blanc&nbsp;&raquo; en &laquo;&nbsp;espace de r&eacute;f&eacute;rence<sup><a href="«#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a></sup>&nbsp;&raquo;. Il faut attendre plusieurs d&eacute;cennies pour que les voix de ces m&ecirc;mes populations soient enregistr&eacute;es comme vectrices de discours, et non comme mat&eacute;riaux sonores exotiques.</p> <p>N&eacute;anmoins, pratique phonographique et pratique enqu&ecirc;trice se trouvent li&eacute;es d&egrave;s l&rsquo;origine au sein des disciplines ethnographiques. Dans les ann&eacute;es 1930, les collectes sonores se sp&eacute;cialisent pour donner lieu &agrave; ce qui sera nomm&eacute; en 1950 l&rsquo;ethnomusicologie, tandis que se d&eacute;veloppe l&rsquo;expression sonore au sein du m&eacute;dium radiophonique mais plut&ocirc;t sous la modalit&eacute; du direct, notamment &agrave; travers le reportage radiophonique<sup><a href="«#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a></sup> et les dramatiques<sup><a href="«#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a></sup>. Une bascule intervient dans les ann&eacute;es 1950, o&ugrave; apparaissent la bande magn&eacute;tique et les enregistreurs portatifs. Ces nouvelles technologies, qui autorisent le montage et rendent la prise de son plus mobile, entra&icirc;nent le d&eacute;veloppement d&rsquo;esth&eacute;tiques documentaires dans le cin&eacute;ma et la radio, dans un apr&egrave;s-guerre o&ugrave; la question de la repr&eacute;sentation du r&eacute;el est repos&eacute;e &agrave; nouveaux frais, notamment &agrave; travers la th&eacute;matique du t&eacute;moignage<sup><a href="«#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a></sup>. La phonographie est alors employ&eacute;e pour des collectes d&rsquo;un nouveau type, tourn&eacute;es vers le proche et les voix ordinaires et anim&eacute;es par des questions sociales et politiques. Ces pratiques d&rsquo;enqu&ecirc;tes qui mobilisent les machines enregistreuses se font de mani&egrave;re conjointe dans un ensemble de disciplines&nbsp;: journalisme litt&eacute;raire, photographie ou cin&eacute;ma documentaire, sciences humaines et sociales de terrain qui entrent dans un tournant d&eacute;colonial. On peut citer, &agrave; titre d&rsquo;exemple de cette interdisciplinarit&eacute;, Pierre Perrault, &agrave; la fois homme de radio, cin&eacute;aste et &eacute;crivain. &Agrave; partir de 1955, il r&eacute;alise sur Radio-Canada des &eacute;missions mettant en avant les voix des classes populaires rurales et urbaines qu&eacute;b&eacute;coises, dans le contexte de la lutte pour l&rsquo;autonomie culturelle du Qu&eacute;bec et de la d&eacute;fense de sa langue. Il envisage ces paroles vives comme une po&eacute;sie pr&eacute;-artistique, une &laquo; litt&eacute;rature des pauvres<sup><a href="«#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a></sup>&nbsp;&raquo;, &agrave; partir de laquelle il publie des recueils de transcriptions. Bien que marqu&eacute; par un rapport assez romantique &agrave; ces voix (cens&eacute;es t&eacute;moigner de l&rsquo;esprit du peuple qu&eacute;b&eacute;cois), son travail pr&eacute;figure la t&acirc;che d&rsquo;&laquo;&nbsp;exploration de territoires sociaux<sup><a href="«#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a></sup>&nbsp;&raquo; qui se d&eacute;veloppe &agrave; partir des ann&eacute;es 1970 &agrave; France Culture dans des &eacute;missions &agrave; caract&egrave;re documentaire comme l&rsquo;&laquo;&nbsp;Atelier de cr&eacute;ation radiophonique&nbsp;&raquo; (1969-2001), &laquo;&nbsp;Nuits magn&eacute;tiques&nbsp;&raquo; (1978-1999), mais aussi dans des &eacute;missions de reportage et de critique sociale comme &laquo;&nbsp;L&agrave;-bas si j&rsquo;y suis&nbsp;&raquo; (1989-2014)<em>. </em></p> <p>Les ann&eacute;es 1990 sont marqu&eacute;es par un troisi&egrave;me moment du &laquo;&nbsp;parti pris du document<sup><a href="«#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a></sup>&nbsp;&raquo; caract&eacute;ris&eacute; par un tournant ethnographique et un mouvement global de retour du r&eacute;el dans l&rsquo;art<sup><a href="«#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a></sup>. Les pratiques d&rsquo;enqu&ecirc;te mobilis&eacute;es dans les champs de production culturelle continuent de se diversifier et de prendre de l&rsquo;importance jusqu&rsquo;&agrave; devenir, selon Laurent Demanze, un &laquo;&nbsp;nouveau paradigme narratif<sup><a href="«#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a></sup>&nbsp;&raquo;. Les r&eacute;cits d&rsquo;enqu&ecirc;te gagnent ainsi la radio o&ugrave; ils donnent lieu &agrave; des formes documentaires vari&eacute;es&nbsp;: collectes de t&eacute;moignages livr&eacute;s en voix nue (l&rsquo;&eacute;mission &laquo;&nbsp;Les Pieds sur terre&nbsp;&raquo; sur France Culture est embl&eacute;matique de cette forme), montages &eacute;labor&eacute;s au caract&egrave;re artistique affirm&eacute; (&laquo;&nbsp;Sur les docks&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;L&rsquo;Exp&eacute;rience&nbsp;&raquo;, France Culture), des r&eacute;cits lus par une instance m&eacute;diatique fortement identifi&eacute;e et traitant d&rsquo;affaires polici&egrave;res, juridiques ou politiques (&laquo;&nbsp;Affaires sensibles&nbsp;&raquo;, France Inter). Il n&rsquo;est pas rare que ce type de r&eacute;cits soient r&eacute;compens&eacute;s par des prix<sup><a href="«#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a></sup> ou fassent l&rsquo;objet d&rsquo;adaptations pour un autre m&eacute;dium<sup><a href="«#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a></sup>, ce qui t&eacute;moigne de leur cons&eacute;cration dans le champ radiophonique. Les enqu&ecirc;tes sonores sont &eacute;galement tr&egrave;s pr&eacute;sentes parmi les productions de podcasts natifs, o&ugrave; certains sous-genres comme les chroniques judiciaires et les histoires de&nbsp;&laquo;&nbsp;<em>true crime</em>&nbsp;&raquo; s&rsquo;av&egrave;rent particuli&egrave;rement populaires. L&rsquo;exemple le plus embl&eacute;matique est le podcast <em>Serial</em>, produit par Sara Koenig (<em>spin off </em>de l&rsquo;&eacute;mission &laquo;&nbsp;This American Life&nbsp;&raquo;, WBEZ, Chicago), &laquo;&nbsp;premier succ&egrave;s fulgurant du m&eacute;dium<sup><a href="«#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a></sup>&nbsp;&raquo; avec le record de 5 millions de t&eacute;l&eacute;chargements sur iTunes un mois apr&egrave;s sa sortie en octobre 2014<sup><a href="«#_ftn35" name="_ftnref35">[35]</a></sup>. Mais il est frappant de constater que presque tous les studios de podcasts natifs ont leur s&eacute;rie judiciaire ou polici&egrave;re&nbsp;: &laquo;&nbsp;Fen&ecirc;tre sur cour&nbsp;&raquo; chez Arte Radio, &laquo;&nbsp;Home(icides)&nbsp;&raquo; chez Slate Audio, &laquo;&nbsp;Le canon sur la tempe&nbsp;&raquo; chez Nouvelles &Eacute;coutes, &laquo;&nbsp;Le Gr&ecirc;l&eacute;&nbsp;&raquo; chez Sybel&nbsp;; quant au studio Binge audio, il propose une s&eacute;rie r&eacute;flexive sur les r&eacute;cits de faits divers (&laquo;&nbsp;Anatomie du fait divers&nbsp;&raquo;). La production audio refl&egrave;te en cela une fascination pour le crime et le fait divers toujours vivace depuis l&rsquo;av&egrave;nement de la production litt&eacute;raire &laquo;&nbsp;criminelle&nbsp;&raquo;, au xix<sup>e</sup> si&egrave;cle<sup><a href="«#_ftn36" name="_ftnref36">[36]</a></sup>.</p> <h2>2. Trois enqu&ecirc;tes radiophoniques contemporaines</h2> <p>Pour rendre compte de ce foisonnement, sans toutefois pr&eacute;tendre &agrave; l&rsquo;exhaustivit&eacute;, on m&egrave;nera une &eacute;coute crois&eacute;e de trois r&eacute;alisations contemporaines qui repr&eacute;sentent diff&eacute;rentes facettes de ce que peut &ecirc;tre aujourd&rsquo;hui l&rsquo;enqu&ecirc;te sonore et radiophonique. Le premier exemple est une s&eacute;rie de treize &eacute;pisodes intitul&eacute;e <em>Un micro au tribunal</em>, r&eacute;alis&eacute;e par Pascale Pascariello et publi&eacute;e par <em>Mediapart </em>en 2019. La s&eacute;rie pr&eacute;sente une immersion dans les tribunaux de Nanterre et de Pontoise et donne &agrave; entendre les coulisses de l&rsquo;institution judiciaire. Le deuxi&egrave;me est la s&eacute;rie fleuve <em>Cerno, l&rsquo;anti-enqu&ecirc;te</em>, lanc&eacute;e en 2019 par Julien Cernobori en autoproduction<sup><a href="«#_ftn37" name="_ftnref37">[37]</a></sup>, et qui compte aujourd&rsquo;hui plus d&rsquo;une centaine d&rsquo;&eacute;pisodes. L&rsquo;auteur s&rsquo;y met en sc&egrave;ne &agrave; la recherche des victimes de meurtres en s&eacute;rie commis dans les ann&eacute;es 1980. Enfin, <em>La ferme o&ugrave; poussent les arbres du ciel </em>est une &eacute;mission unitaire de cinquante-deux minutes produite par Kaye Mortley et r&eacute;alis&eacute;e par Manoushak Fashahi pour &laquo;&nbsp;les Passagers de la nuit&nbsp;&raquo; en 2011<sup><a href="«#_ftn38" name="_ftnref38">[38]</a></sup>. La pi&egrave;ce raconte la qu&ecirc;te &agrave; la fois historique et autobiographique de l&rsquo;autrice qui revient dans sa ville natale sur les traces de ses anc&ecirc;tres. La description des pi&egrave;ces prendra en compte diff&eacute;rents angles d&rsquo;analyse&nbsp;: celui des m&eacute;thodes et postures &eacute;thiques adopt&eacute;es par les auteur&middot;ices, celui des po&eacute;tiques mises en &oelig;uvre, enfin celui du type de savoir produit par ces &oelig;uvres. Les &eacute;l&eacute;ments d&rsquo;analyse sont notamment issus d&rsquo;entretiens r&eacute;alis&eacute;s avec les auteur&middot;ices entre 2020 et 2023.</p> <h3>2.1. Pascale Pascariello, l&rsquo;investigation journalistique</h3> <p>Pascale Pascariello se d&eacute;finit comme une journaliste&nbsp;d&rsquo;investigation et con&ccedil;oit l&rsquo;enqu&ecirc;te comme une &eacute;lucidation rigoureuse fond&eacute;e sur &laquo;&nbsp;un travail de v&eacute;rification<sup><a href="«#_ftn39" name="_ftnref39">[39]</a></sup>&nbsp;&raquo; visant &agrave; produire une repr&eacute;sentation fid&egrave;le de la r&eacute;alit&eacute;. Son travail porte sur &laquo; la parole qu&rsquo;on n&rsquo;entend pas<sup><a href="«#_ftn40" name="_ftnref40">[40]</a></sup> &raquo;, des ultra-riches qui pratiquent l&rsquo;exil fiscal, aux jeunes dealers des quartiers Nord de Marseille. Apr&egrave;s des d&eacute;buts &agrave; France Inter, dans l&rsquo;&eacute;mission &laquo;&nbsp;L&agrave;-bas si j&rsquo;y suis&nbsp;&raquo;, elle travaille pour &laquo;&nbsp;Les Pieds sur Terre&nbsp;&raquo; &agrave; France Culture, et pour Arte Radio. En 2019, elle int&egrave;gre le p&ocirc;le enqu&ecirc;te de <em>Mediapart.</em> <em>Un micro au tribunal </em>propose une enqu&ecirc;te sur le fonctionnement de la justice par une immersion prolong&eacute;e dans plusieurs tribunaux. L&rsquo;autrice s&rsquo;int&eacute;resse aux audiences de mineur&middot;es, aux comparutions imm&eacute;diates et aux jugements de mise sous tutelle. Les &eacute;pisodes d&rsquo;une dur&eacute;e moyenne de quinze minutes ont une structure chronologique : rencontre avec l&rsquo;inculp&eacute;&middot;e avant l&rsquo;audience, dans les couloirs ou le d&eacute;p&ocirc;t du tribunal, rencontre avec l&rsquo;avocat&middot;e et les accompagnant&middot;es (famille, assistance sociale), puis audience, et discussions apr&egrave;s le verdict entre les pr&eacute;venu&middot;es et les accompagnant&middot;es. La voix off, lue par la journaliste, apporte dans un style impersonnel des pr&eacute;cisions sur le cas qui va &ecirc;tre jug&eacute;, le d&eacute;roulement de l&rsquo;audience, ou indique &agrave; la fin de l&rsquo;&eacute;pisode les suites de l&rsquo;affaire. Au montage, l&rsquo;&eacute;criture sonore est minimale, les effets de styles peu marqu&eacute;s&nbsp;: la voix off est neutre et descriptive, une musique ponctue discr&egrave;tement les &eacute;tapes de la rencontre et marque les ellipses, les ambiances sont r&eacute;f&eacute;rentielles. Sur le plan temporel, malgr&eacute; un effet de plan s&eacute;quence (en particulier dans les sc&egrave;nes d&rsquo;audience), Pascale Pascariello op&egrave;re une acc&eacute;l&eacute;ration du temps, qui tient peut-&ecirc;tre au choix de souligner la rapidit&eacute; des proc&eacute;dures de cette &laquo;&nbsp;justice d&rsquo;abattage<sup><a href="«#_ftn41" name="_ftnref41">[41]</a></sup>&nbsp;&raquo; emp&ecirc;chant notamment l&rsquo;appr&eacute;hension approfondie des situations sociales dans lesquelles se trouvent les pr&eacute;venu&middot;es.</p> <p>On distingue dans les &eacute;pisodes deux situations de prise de son. Tout d&rsquo;abord, l&rsquo;avant et l&rsquo;apr&egrave;s de l&rsquo;audience sont enregistr&eacute;s avec un micro monophonique que l&rsquo;autrice tient &agrave; la main. Soumise &agrave; la temporalit&eacute; du tribunal, elle rencontre les pr&eacute;venu&middot;es le jour m&ecirc;me et ne dispose que de quelques minutes pour obtenir leur consentement et les enregistrer. Elle capte des situations de dialogues (entre l&rsquo;&eacute;ducatrice et une pr&eacute;venue par exemple), ou intervient en posant des questions aux diff&eacute;rents acteurs. Ces moments apportent des pr&eacute;cisions sur la complexit&eacute; des situations v&eacute;cues et forment un contrepoint &agrave; la sc&egrave;ne de l&rsquo;audience. Ils permettent un retour critique des pr&eacute;venu&middot;es sur un verdict souvent accablant et l&rsquo;expression d&rsquo;une parole plus personnelle sur leur exp&eacute;rience du jugement. Le choix de tendre le micro aux pr&eacute;venu&middot;es et de leur donner le dernier mot traduit une attention privil&eacute;gi&eacute;e &agrave; leur point de vue. Dans ces s&eacute;quences, l&rsquo;autrice reste assez pr&eacute;sente, notamment au travers des questions laiss&eacute;es au montage, dans lesquelles transparaissent d&rsquo;ailleurs des marques de compassion. En revanche, le second dispositif, &agrave; savoir l&rsquo;enregistrement de l&rsquo;audience, est fond&eacute; sur l&rsquo;effacement de &laquo;&nbsp;l&rsquo;instance m&eacute;diatique<sup><a href="«#_ftn42" name="_ftnref42">[42]</a></sup>&nbsp;&raquo;. Six micros, pr&eacute;alablement dispos&eacute;s devant les protagonistes du proc&egrave;s, sont &laquo;&nbsp;t&eacute;moins&nbsp;&raquo; d&rsquo;une situation, qui ne d&eacute;pend pas de leur pr&eacute;sence. La d&eacute;marche s&rsquo;apparente &agrave; celle du &laquo;&nbsp;documentaire d&rsquo;observation<sup><a href="«#_ftn43" name="_ftnref43">[43]</a></sup>&nbsp;&raquo; pr&eacute;sentant le r&eacute;el &laquo; sur le mode de la &ldquo;transparence<sup><a href="«#_ftn44" name="_ftnref44">[44]</a></sup>&rdquo; &raquo;. Elle est en ad&eacute;quation avec un ethos journalistique fond&eacute; sur une valeur d&rsquo;objectivit&eacute;. Dans le cas pr&eacute;cis du proc&egrave;s, ce dispositif a l&rsquo;avantage de se laisser facilement oublier, mais surtout de capter toutes les voix au m&ecirc;me niveau sonore. L&rsquo;impact de la distance source-micro sur la qualit&eacute; de l&rsquo;enregistrement est minimis&eacute; et l&rsquo;&eacute;coute &laquo;&nbsp;d&eacute;gag&eacute;e<sup><a href="«#_ftn45" name="_ftnref45">[45]</a></sup>&nbsp;&raquo;. Paradoxalement, c&rsquo;est alors l&rsquo;artifice de ce dispositif qui produit l&rsquo;impression de transparence et permet de restituer le proc&egrave;s depuis un point d&rsquo;&eacute;coute<sup><a href="«#_ftn46" name="_ftnref46">[46]</a></sup> que l&rsquo;on pourrait d&eacute;crire comme <em>omniaudient</em>. Pascale Pascariello r&eacute;v&egrave;le ainsi un autre dispositif de distribution de la parole particuli&egrave;rement disciplinaire&nbsp;: celui de l&rsquo;audience &ndash; autrement dit, le caract&egrave;re artificiel de la parole judiciaire <em>appara&icirc;t</em> d&rsquo;autant mieux que le dispositif de captation <em>dispara&icirc;t. </em>L&rsquo;organisation des prises de parole et la th&eacute;&acirc;tralisation des &eacute;changes donnent &agrave; entendre leur violence. &Agrave; l&rsquo;&eacute;coute du documentaire, force est de constater que le dispositif du proc&egrave;s ne joue qu&rsquo;en faveur de ceux qui ont d&eacute;j&agrave; la ma&icirc;trise de la langue judiciaire et qu&rsquo;il contribue &agrave; assigner les pr&eacute;venu&middot;es &agrave; un statut de pr&eacute;sum&eacute;&middot;es coupables. En enregistrant chaque voix distinctement, Pascale Pascariello souligne &eacute;galement la confrontation des parlers sociaux. Le ton d&eacute;tach&eacute; et l&rsquo;accent parisien bourgeois d&rsquo;une juge contraste avec les voix mal assur&eacute;es de jeunes inculp&eacute;s de quartiers populaires, non seulement en termes de phonostyle<sup><a href="«#_ftn47" name="_ftnref47">[47]</a></sup>, mais aussi par le pouvoir qu&rsquo;il d&eacute;tient d&rsquo;&eacute;noncer un mode de lecture des faits, et une norme morale. Le montage s&eacute;lectionne particuli&egrave;rement les remarques moralisatrices des juges ou des procureurs, ainsi que les excuses et justifications des pr&eacute;venu&middot;es. Il donne ainsi &agrave; entendre de mani&egrave;re critique la conflictualit&eacute; sociale pr&eacute;sente au c&oelig;ur des voix elles-m&ecirc;mes, dans les mots employ&eacute;s comme dans leurs sonorit&eacute;s diversement situ&eacute;es. On peut ainsi parler d&rsquo;un esth&eacute;tique objectiviste qui produit une repr&eacute;sentation se signalant comme transparente, tout en assumant, par un point d&rsquo;&eacute;coute subtilement construit, un positionnement axiologique<sup><a href="«#_ftn48" name="_ftnref48">[48]</a></sup> &ndash; en l&rsquo;occurrence, la d&eacute;fense des victimes du syst&egrave;me judiciaire.</p> <h3>2.2. Julien Cernobori, une &laquo; anti-enqu&ecirc;te &raquo; polici&egrave;re et sociale</h3> <p>L&rsquo;approche de Julien Cernobori se distingue par une pratique de l&rsquo;interview sur le vif de personnes anonymes. Il d&eacute;veloppe cette m&eacute;thode &agrave; France Inter dans l&rsquo;&eacute;mission &laquo;&nbsp;Portraits sensibles&nbsp;&raquo; (1999-2004) anim&eacute;e par Kriss, puis dans &laquo;&nbsp;Village People&nbsp;&raquo; (2005-2007) qu&rsquo;il co-r&eacute;alise avec Aur&eacute;lie Sfez. Apr&egrave;s un passage &agrave; Binge Audio, o&ugrave; il produit notamment les premi&egrave;res saisons de la s&eacute;rie <em>Superh&eacute;ros </em>(2017-2020), il d&eacute;cide de lancer en tant qu&rsquo;auteur ind&eacute;pendant <em>Cerno, l&rsquo;anti-enqu&ecirc;te</em> (2019) sur la plateforme Patreon<sup><a href="«#_ftn49" name="_ftnref49">[49]</a></sup>. Cette s&eacute;rie fleuve, qui compte actuellement plus d&rsquo;une centaine d&rsquo;&eacute;pisodes, met en sc&egrave;ne l&rsquo;auteur enqu&ecirc;tant sur les victimes des tueurs en s&eacute;rie Thierry Paulin et Jean-Thierry Mathurin, des personnes &acirc;g&eacute;es vivant, le plus souvent, une vie solitaire et plut&ocirc;t modeste &agrave; Paris, dans les ann&eacute;es 1980. Ce podcast s&rsquo;inscrit dans le genre du feuilleton policier, et plus pr&eacute;cis&eacute;ment dans le mod&egrave;le du <em>cold-case&nbsp;</em>: la narration est bas&eacute;e sur la r&eacute;ouverture d&rsquo;une affaire officiellement class&eacute;e et sur l&rsquo;id&eacute;e motrice qu&rsquo;il reste encore quelque chose &agrave; d&eacute;couvrir. Les &eacute;pisodes se terminent ainsi g&eacute;n&eacute;ralement sur un <em>cliffhanger</em> cr&eacute;ateur de suspense. Cependant, d&egrave;s le d&eacute;part, l&rsquo;auditeur sait que les meurtres en question ont &eacute;t&eacute; r&eacute;solus et leurs auteurs condamn&eacute;s. Le motif de l&rsquo;enqu&ecirc;te est plut&ocirc;t de &laquo;&nbsp;rendre hommage aux victimes<sup><a href="«#_ftn50" name="_ftnref50">[50]</a></sup>&nbsp;&raquo; &ndash; d&rsquo;o&ugrave; le titre d&rsquo;&laquo;&nbsp;anti-enqu&ecirc;te&nbsp;&raquo; &ndash; que de remettre en question un verdict sur lequel ne p&egrave;se pas d&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute; particuli&egrave;re. Le projet s&rsquo;inscrit ainsi dans une vis&eacute;e &eacute;thique r&eacute;paratrice<sup><a href="«#_ftn51" name="_ftnref51">[51]</a></sup>, dirig&eacute;e vers des disparues anonymes auxquelles il s&rsquo;agit de redonner une &eacute;paisseur identitaire.</p> <p>Les protagonistes du r&eacute;cit sont des passant&middot;es rencontr&eacute;&middot;es dans la rue, des voisins ou nouveaux locataires des appartements des victimes, ou des interm&eacute;diaires ayant eu un r&ocirc;le dans l&rsquo;affaire. La m&eacute;thode d&rsquo;enregistrement de Julien Cernobori est tr&egrave;s directe. Il aborde ces rencontres &laquo;&nbsp;micro ouvert&nbsp;&raquo; et n&rsquo;h&eacute;site pas &agrave; &laquo;&nbsp;mettre le pied dans la porte<sup><a href="«#_ftn52" name="_ftnref52">[52]</a></sup>&nbsp;&raquo; (selon ses propres termes) pour interviewer une personne r&eacute;ticente au premier abord, utilisant des questions anodines pour &eacute;tablir et garder le contact<sup><a href="«#_ftn53" name="_ftnref53">[53]</a></sup>. Assumant l&rsquo;aspect pr&eacute;dateur de ce mode op&eacute;ratoire, il va jusqu&rsquo;&agrave; le comparer &agrave; celui des tueurs<sup><a href="«#_ftn54" name="_ftnref54">[54]</a></sup>. Il tient son LEM &agrave; la main, ce qui lui permet d&rsquo;instaurer une forte proximit&eacute; physique lors de l&rsquo;interview. Ce micro dynamique monophonique lui sert &eacute;galement &agrave; enregistrer les ambiances &ndash; celles-ci ont alors une couleur &laquo;&nbsp;peu travaill&eacute;e<sup><a href="«#_ftn55" name="_ftnref55">[55]</a></sup>&nbsp;&raquo;, proche des voix, contrairement au traitement habituel des ambiances dans le documentaire qui se fait plut&ocirc;t en st&eacute;r&eacute;ophonie. Au fil des &eacute;pisodes, l&rsquo;enqu&ecirc;te polici&egrave;re devient pr&eacute;texte &agrave; arpenter des quartiers de Paris, et &agrave; dresser des portraits d&rsquo;habitant&middot;es qui sont &laquo;&nbsp;des portraits de substitution<sup><a href="«#_ftn56" name="_ftnref56">[56]</a></sup>&nbsp;&raquo; des victimes des ann&eacute;es 1980. Les questions pos&eacute;es conduisent petit &agrave; petit les interview&eacute;&middot;es &agrave; parler d&rsquo;elle&middot;ux-m&ecirc;mes, rel&eacute;guant le sujet de l&rsquo;enqu&ecirc;te au second plan. &Agrave; travers ces rencontres ordinaires, des th&egrave;mes se sont comme invit&eacute;s <em>d&rsquo;eux-m&ecirc;mes</em> dans le podcast, &agrave; l&rsquo;&eacute;tonnement de Julien Cernobori&nbsp;: &laquo;&nbsp;&ccedil;a parle de la vieillesse et &ccedil;a c&rsquo;est une grande surprise, je ne m&rsquo;attendais pas du tout &agrave; faire &ccedil;a<sup><a href="«#_ftn57" name="_ftnref57">[57]</a></sup>&nbsp;&raquo;. L&rsquo;enqu&ecirc;te est ainsi &laquo;&nbsp;moins &eacute;lucidation qu&rsquo;interaction avec les franges urbaines, moins interpr&eacute;tation d&rsquo;un faisceau d&rsquo;indices que description des formes de vie<sup><a href="«#_ftn58" name="_ftnref58">[58]</a></sup>.&nbsp;&raquo; Plus encore, la d&eacute;marche enqu&ecirc;trice se dote ici d&rsquo;une double mission&nbsp;: tisser un lien <em>avec</em> et <em>entre</em> les vivantes, c&rsquo;est combler l&rsquo;oubli qui touche les mortes, r&eacute;parer l&rsquo;isolement et l&rsquo;invisibilit&eacute; sociale du pass&eacute; comme du pr&eacute;sent.</p> <p>Par ailleurs, la voix de l&rsquo;auteur est omnipr&eacute;sente, que ce soit dans le g&eacute;n&eacute;rique, dans les interviews, ou dans des moments monologu&eacute;s o&ugrave; l&rsquo;auteur d&eacute;crit ses d&eacute;ambulations et commente ses &eacute;motions. Par ces commentaires adress&eacute;s &agrave; l&rsquo;auditeur, il se met en sc&egrave;ne en d&eacute;tective amateur pris de frissons &agrave; l&rsquo;approche des sc&egrave;nes de crime et accompagne son enqu&ecirc;te d&rsquo;une r&eacute;flexivit&eacute; constante, partageant ses doutes, commentant ses &eacute;checs et r&eacute;ussites, soulignant les r&eacute;currences de son propre r&eacute;cit (&laquo;&nbsp;il y a toujours un chat dans ce podcast&nbsp;&raquo; dit-il &agrave; l&rsquo;&eacute;pisode 94). Si &laquo;&nbsp;la prise en main du r&eacute;cit par un &ldquo;investigateur&rdquo;&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;la substitution du r&eacute;cit du crime par celui de l&rsquo;enqu&ecirc;te<sup><a href="«#_ftn59" name="_ftnref59">[59]</a></sup>&nbsp;&raquo; sont typiques de la litt&eacute;rature polici&egrave;re depuis les ann&eacute;es 1920, la voix de l&rsquo;auteur est ici utilis&eacute;e pour cr&eacute;er une inflation du myst&egrave;re dont le r&eacute;cit a besoin pour se poursuivre. Les <em>apart&eacute;s </em>de Julien Cernobori participent ainsi &agrave; sugg&eacute;rer des associations, convoquer des fant&ocirc;mes, et finalement, produire du r&eacute;cit &agrave; partir de tout et de presque rien, comme si l&rsquo;anti-enqu&ecirc;te devenait une machine autor&eacute;f&eacute;rentielle qui s&rsquo;engendre elle-m&ecirc;me. L&rsquo;un des sympt&ocirc;mes de l&rsquo;auto-g&eacute;n&eacute;ration du r&eacute;cit est le fait qu&rsquo;une auditrice fid&egrave;le en vient &agrave; s&rsquo;improviser enqu&ecirc;trice et propose son aide &agrave; l&rsquo;auteur<sup><a href="«#_ftn60" name="_ftnref60">[60]</a></sup>. Celle-ci se retrouve alors int&eacute;gr&eacute;e au podcast comme un nouveau personnage. Cette dimension participative du podcast est aussi li&eacute;e &agrave; son mode de financement&nbsp;: la plateforme Patreon propose aux contributeurs des avantages personnalis&eacute;s (comme des &eacute;changes par messagerie ou des &eacute;pisodes bonus), ce qui augmente la porosit&eacute; entre l&rsquo;&oelig;uvre et son auditoire mais constitue aussi un travail relationnel chronophage pour l&rsquo;auteur<sup><a href="«#_ftn61" name="_ftnref61">[61]</a></sup>. Ce type de plateforme, si elle permet &agrave; des auteur&middot;ices de trouver un mod&egrave;le &eacute;conomique viable, encourage en m&ecirc;me temps la dimension auto-promotionnelle de leur production culturelle et contribue &agrave; produire une figure n&eacute;o-lib&eacute;rale de l&rsquo;artiste en fournisseur d&rsquo;histoires &agrave; la demande.</p> <h3>2.3. Kaye Mortley, la &laquo;&nbsp;promeneuse &eacute;coutante&nbsp;&raquo;</h3> <p>Kaye Mortley, d&rsquo;origine australienne, appartient &agrave; la g&eacute;n&eacute;ration qui s&rsquo;est form&eacute;e &agrave; l&rsquo;&laquo;&nbsp;Atelier de cr&eacute;ation radiophonique&nbsp;&raquo;, &eacute;mission-laboratoire de France Culture o&ugrave; le son &eacute;tait consid&eacute;r&eacute; comme la mati&egrave;re d&rsquo;un art propre &agrave; la radio. Dans son &oelig;uvre francophone et internationale, elle a d&eacute;velopp&eacute; une esth&eacute;tique de la radio comme &laquo;&nbsp;<em>mind movie</em><sup><a href="«#_ftn62" name="_ftnref62">[62]</a></sup>&nbsp;&raquo; (film mental). Dans <em>La ferme o&ugrave; poussent les arbres du ciel</em>, elle retourne dans la ville de son enfance en qu&ecirc;te d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments manquants de son pass&eacute; familial. Au fil de ses recherches, remontent l&rsquo;histoire du peuplement de l&rsquo;Australie, avec la ru&eacute;e vers l&rsquo;or et de l&rsquo;accaparement des terres, ainsi que celle de ses anc&ecirc;tres. En termes g&eacute;n&eacute;riques, cette pi&egrave;ce tient du &laquo;&nbsp;documentaire po&eacute;tique&nbsp;&raquo; &ndash; qui peut se d&eacute;clarer &agrave; la SCAM sous le titre &laquo;&nbsp;d&rsquo;essai radiophonique&nbsp;&raquo;&nbsp;&ndash; caract&eacute;ris&eacute; par l&rsquo;importance donn&eacute;e aux sons non verbaux et la construction d&rsquo;un univers sonore<sup><a href="«#_ftn63" name="_ftnref63">[63]</a></sup>.</p> <p>Kaye Mortley pourrait &ecirc;tre d&eacute;crite comme une &laquo;&nbsp;promeneuse &eacute;coutante<sup><a href="«#_ftn64" name="_ftnref64">[64]</a></sup>&nbsp;&raquo; pour reprendre la formule de Michel Chion. Sur le terrain, elle enregistre toujours les sons avant les voix. Elle tourne en st&eacute;r&eacute;ophonie, ce qui lui permet de r&eacute;aliser des plans larges qui donnent au d&eacute;cor une place fondamentale et une dimension cin&eacute;matographique. Son style est impressionniste&nbsp;: les sons sont livr&eacute;s par petites touches, m&ecirc;l&eacute;s les uns aux autres, dans des jeux de r&eacute;sonances et de correspondances. Un m&ecirc;me son a ainsi plusieurs fonctions s&eacute;mantiques : une fonction r&eacute;f&eacute;rentielle, et une ou plusieurs fonctions symboliques. Par exemple, la berceuse <em>Twinkle, Twinkle, Little Star</em> que l&rsquo;on entend dans l&rsquo;introduction qui semble chant&eacute;e par un enfant de l&rsquo;&eacute;cole que visite Kaye Mortley (sans que l&rsquo;on n&rsquo;en soit jamais assur&eacute;e), contribue &agrave; installer la th&eacute;matique de l&rsquo;enfance et renvoie par m&eacute;taphore &agrave; la qu&ecirc;te des chercheurs d&rsquo;or. L&rsquo;&eacute;coute est ainsi une v&eacute;ritable m&eacute;thode d&rsquo;enqu&ecirc;te, porteuse d&rsquo;un mode de connaissance sensible et non rationnel. Cette importance du sonore, tient aussi &agrave; une certaine m&eacute;fiance envers le langage verbal&nbsp;: &laquo;&nbsp;J&rsquo;estime que ne suis pas l&agrave; pour parler, &agrave; la radio &ndash; ou je parle autrement<sup><a href="«#_ftn65" name="_ftnref65">[65]</a></sup>.&nbsp;&raquo; Dans les situations d&rsquo;enregistrement, Kaye Mortley &eacute;vite de poser des questions, privil&eacute;giant d&rsquo;autres mani&egrave;res de parler avec les personnes rencontr&eacute;es. &Agrave; l&rsquo;interview guid&eacute;e, elle pr&eacute;f&egrave;re les conversations, les situations, ou choisit de ne poser qu&rsquo;une question, toujours la m&ecirc;me, qu&rsquo;elle d&eacute;cline sous plusieurs formes &ndash; celle-ci se fait alors proposition de pens&eacute;e, et n&rsquo;appelle pas de r&eacute;ponse. La modalit&eacute; interrogative est en revanche tr&egrave;s pr&eacute;sente dans la voix off quand celle-ci reprend des phrases entendues dans une sc&egrave;ne pr&eacute;c&eacute;dente, ou resurgies d&rsquo;un souvenir qui mettent en doute la d&eacute;marche de l&rsquo;autrice&nbsp;: &laquo;&nbsp;est-ce que tu as vraiment besoin de le savoir ?&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;&ccedil;a va servir &agrave; quoi ?&nbsp;&raquo; Mais Kaye Mortley &eacute;carte ces doutes en affirmant une posture&nbsp;d&eacute;sint&eacute;ress&eacute;e, un geste gratuit et une m&eacute;thode ouverte : &laquo;&nbsp;&ccedil;a a besoin de servir &agrave; quelque chose ?&nbsp;&raquo;. L&rsquo;enregistrement est avant tout une mani&egrave;re d&rsquo;&ecirc;tre au monde&nbsp;: &laquo;&nbsp;j&rsquo;enregistre parce que je suis l&agrave;&nbsp;&raquo;. Le but de l&rsquo;enqu&ecirc;te n&rsquo;est pas d&rsquo;apporter une r&eacute;ponse aux questions initiales mais de sonder ses propres souvenirs, de parcourir sa terre natale, et d&rsquo;habiter cet espace, g&eacute;ographique et mental, sur un mode po&eacute;tique, tout en restant &agrave; l&rsquo;&eacute;coute de l&rsquo;impromptu. La vocation informative du documentaire est alors suspendue, au profit, d&rsquo;&laquo;&nbsp;un exercice de perplexit&eacute;&nbsp;&raquo;, o&ugrave; &laquo;&nbsp;la d&eacute;rive ou la divagation&nbsp;&raquo; font office &laquo;&nbsp;de contre-m&eacute;thode<sup><a href="«#_ftn66" name="_ftnref66">[66]</a></sup>&nbsp;&raquo; pour citer &agrave; nouveau Laurent Demanze. La formule &laquo;&nbsp;nulle part et partout&nbsp;&raquo;, citation d&rsquo;<em>Ubu roi</em> reprise dans la pi&egrave;ce sonore, pourrait r&eacute;sumer cet art po&eacute;tique qui consiste &agrave; chercher les r&eacute;sonances d&rsquo;un lieu et d&rsquo;une &eacute;poque avec d&rsquo;autres espace-temps, pour finalement admettre qu&rsquo;ils &eacute;chappent &agrave; toute saisie. Enfin, les rapports non syst&eacute;matiques entre les voix originales, celles des traducteurs et traductrices, et les voix off narratives, ach&egrave;vent de po&eacute;tiser l&rsquo;enqu&ecirc;te en op&eacute;rant un brouillage des cat&eacute;gories &eacute;nonciatives. Les voix en sont rendues &agrave; un &eacute;tat de fluidit&eacute;, comme prises dans le flot de conscience d&rsquo;un sujet, ou peut-&ecirc;tre d&rsquo;une multitude de sujets anonymes qui habitent et ont habit&eacute; les lieux.</p> <p>Si sa d&eacute;marche enqu&ecirc;trice a une vocation &eacute;thique, celle-ci est loin d&rsquo;une critique des formes de domination sociale ou d&rsquo;un exercice d&rsquo;empathie r&eacute;paratrice&nbsp;:</p> <p>Au prix Europa ou ailleurs, il y a toujours un courant qui veut que la radio fasse du bien. Moi je pense que ce n&rsquo;est pas l&agrave; pour &ccedil;a. Ce n&rsquo;est pas pour gu&eacute;rir le monde, ce n&rsquo;est pas pour sauver le monde. C&rsquo;est pour faire penser le monde. Pour faire sentir des choses qui sont indicibles autrement. [&hellip;] C&rsquo;est l&rsquo;extr&ecirc;me &eacute;vanescence de la radio qui m&rsquo;int&eacute;resse. Dans un certain type de radio, il y a des anges qui passent. Et il n&rsquo;y a rien &agrave; en dire, c&rsquo;est du vrai<sup><a href="«#_ftn67" name="_ftnref67">[67]</a></sup>.</p> <p>Ce serait plut&ocirc;t la question de la r&eacute;sonance qui serait l&rsquo;aboutissement de l&rsquo;enqu&ecirc;te, un &laquo;&nbsp;renforcement de l&rsquo;intensit&eacute; vibratoire<sup><a href="«#_ftn68" name="_ftnref68">[68]</a></sup>&nbsp;&raquo;&nbsp;d&rsquo;un lieu, de blessures historiques et intimes, ou d&rsquo;un &laquo;&nbsp;je ne sais quoi&nbsp;&raquo; qui &eacute;chappe au langage. Dans un contrepoint &agrave; la violence des protocoles inquisitoriaux verrouill&eacute;s, Kaye Mortley affirme ici une &eacute;thique de la d&eacute;prise, ouverte au bruissement du monde, &agrave; l&rsquo;&eacute;coute des &laquo;&nbsp;anges&nbsp;&raquo;.</p> <p>Ces trois r&eacute;alisations sonores actualisent ainsi sur des modes tout &agrave; fait diff&eacute;rents le paradigme inquisitorial qui traverse les narrations contemporaines. La premi&egrave;re est une enqu&ecirc;te quasi ethnographique sur la justice, esp&eacute;rant saisir et montrer la r&eacute;alit&eacute; mat&eacute;rielle d&rsquo;une institution&nbsp;; la seconde, une fausse enqu&ecirc;te polici&egrave;re qui devient une vraie enqu&ecirc;te sociale, et finalement presque une fiction&nbsp;; la derni&egrave;re, une errance po&eacute;tique qui laisse la pens&eacute;e en mouvement. Elles illustrent la diversit&eacute; des pratiques de terrain et des modes de relation &agrave; autrui et au monde qu&rsquo;&eacute;laborent les &eacute;critures actuelles, radiophoniques, comme litt&eacute;raires ou cin&eacute;matographiques. Et s&rsquo;il fallait nommer ce que l&rsquo;enqu&ecirc;te sonore a de sp&eacute;cifique vis-&agrave;-vis des autres arts, ce serait peut-&ecirc;tre l&rsquo;&eacute;vanescence des signes qu&rsquo;elle capture et manipule. N&rsquo;existant que dans le mouvement et de source souvent incertaine, les ph&eacute;nom&egrave;nes acoustiques sont des traces bien t&eacute;nues des r&eacute;alit&eacute;s que les chasseurs&middot;ses de sons voudraient saisir. Peut-&ecirc;tre l&rsquo;enqu&ecirc;te sonore est-elle alors par excellence un exercice de modestie, une recherche soumise &agrave; la contingence, aux hasards des voix et des sons.</p> <h2>Notes</h2> <p><sup><a href="«#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a></sup> M&eacute;diam&eacute;trie et eStatPodcast,&nbsp;&laquo;&nbsp;La mesure des Podcasts en d&eacute;cembre 2023&nbsp;&raquo;,&nbsp;10 janvier 2024, <a href="https://www.mediametrie.fr/fr/la-mesure-des-podcasts-en-decembre-2023">https://www.mediametrie.fr/fr/la-mesure-des-podcasts-en-decembre-2023</a>, consult&eacute; le 24/01/24.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a></sup> Aline Caillet,&nbsp;<em>L&rsquo;art de l&rsquo;enqu&ecirc;te : savoirs pratiques et sciences sociales</em>,&nbsp;Milan, &Eacute;ditions Mim&eacute;sis,&nbsp;2019, p.&nbsp;15.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a></sup> Luc Boltanski,&nbsp;<em>&Eacute;nigmes et complots : une enqu&ecirc;te &agrave; propos d&rsquo;enqu&ecirc;tes</em>,&nbsp;Paris,&nbsp;Gallimard,&nbsp;2012&nbsp;;&nbsp;Aline Caillet, <em>L&rsquo;art de l&rsquo;enqu&ecirc;te</em>, <em>op.&nbsp;cit.</em>&nbsp;; Laurent Demanze,&nbsp;<em>Un nouvel &acirc;ge de l&rsquo;enqu&ecirc;te. Portraits de l&rsquo;&eacute;crivain contemporain en enqu&ecirc;teur</em>,&nbsp;Paris,&nbsp;Corti,&nbsp;&laquo;&nbsp;Les Essais&nbsp;&raquo;,&nbsp;2019&nbsp;;&nbsp;Annick Louis,&nbsp;&laquo;&nbsp;Ce que l&rsquo;enqu&ecirc;te fait aux &eacute;tudes litt&eacute;raires : &agrave; propos de l&rsquo;interdisciplinarit&eacute;&nbsp;&raquo;, <em>Acta Fabula</em>,&nbsp;28 septembre 2013&nbsp;;&nbsp;Mathilde Roussign&eacute;,&nbsp;<em>Terrain et litt&eacute;rature, nouvelles approches</em>,&nbsp;Saint-Denis, France,&nbsp;Presses universitaires de Vincennes,&nbsp;2023.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a></sup> Fr&eacute;d&eacute;ric Pouillaude,&nbsp;<em>Repr&eacute;sentations factuelles : art et pratiques documentaires</em>,&nbsp;Paris,&nbsp;&Eacute;ditions du Cerf,&nbsp;2020, p.&nbsp;20.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a></sup> <em>Ibid.</em>,&nbsp;p. 152.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a></sup> Marie-Jeanne Zenetti,&nbsp;&laquo;&nbsp;Les angles morts de l&rsquo;enqu&ecirc;te&nbsp;&raquo;, <em>En attendant Nadeau</em>,&nbsp;16 juillet 2019. Sur ce point voir &eacute;galement Mathilde Roussign&eacute;, &laquo;&nbsp;Le terrain : une affaire de discipline ? G&eacute;n&eacute;alogie d&rsquo;une pratique et confluences indisciplinaires&nbsp;&raquo;, <em>Revue critique de fixxion fran&ccedil;aise contemporaine</em>, nᵒ&nbsp;18, 2018, p.&nbsp;16-29.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a></sup> Laurent Demanze, <em>Un nouvel &acirc;ge de l&rsquo;enqu&ecirc;te</em>, <em>op.&nbsp;cit.</em>, p.&nbsp;280.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a></sup> En particulier au sein de l&rsquo;&eacute;cole de Chicago, d&egrave;s les ann&eacute;es 1920. Voir Aline Caillet, <em>L&rsquo;art de l&rsquo;enqu&ecirc;te</em>, <em>op.&nbsp;cit.</em>, p.&nbsp;59 et suivantes.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a></sup> Marie-Jeanne Zenetti,&nbsp;&laquo;&nbsp;Les angles morts de l&rsquo;enqu&ecirc;te&nbsp;&raquo;, <em>art. cit</em>.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a></sup> Le terme de dispositif est fr&eacute;quemment mobilis&eacute; pour d&eacute;crire la fabrique des repr&eacute;sentations documentaires, et la mani&egrave;re dont l&rsquo;agencement de la situation d&rsquo;enregistrement participe &agrave; orienter les comportements des personnes enregistr&eacute;es. Aline Caillet en propose la d&eacute;finition synth&eacute;tique suivante&nbsp;: &laquo; agencement exp&eacute;rimental, formel, technique et expositionnel, engageant des enjeux en termes d&rsquo;<em>epist&eacute;m&egrave;</em> [&hellip;] et conditionnant &agrave; chaque fois, d&rsquo;une mani&egrave;re singuli&egrave;re et in&eacute;dite, une exp&eacute;rience sensible&nbsp;&raquo;, Aline Caillet,&nbsp;<em>Dispositifs critiques&nbsp;: le documentaire, du cin&eacute;ma aux arts visuels</em>,&nbsp;Rennes,&nbsp;Presses universitaires de Rennes,&nbsp;2014, p.&nbsp;17.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a></sup> Jacques Derrida,&nbsp;<em>De la grammatologie</em>,&nbsp;Paris,&nbsp;Minuit,&nbsp;1967.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a></sup> Aron Arnold &amp; Maria Candea,&nbsp;&laquo;&nbsp;Comment &eacute;tudier l&rsquo;influence des st&eacute;r&eacute;otypes de genre et de race sur la perception de la parole&nbsp;?&nbsp;&raquo;, <em>Langage et soci&eacute;t&eacute;</em>,&nbsp;2015, n<sup>o</sup>&nbsp;152,&nbsp;p. 75‑96.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a></sup> J&rsquo;emprunte cette formule au titre d&rsquo;un laboratoire junior qui s&rsquo;est tenu &agrave; l&rsquo;ENS de Lyon entre 2018 et 2019 (&laquo;&nbsp;En qu&ecirc;te de voix : Collecte, &eacute;criture et repr&eacute;sentation des voix des autres&nbsp;&raquo;).</p> <p><sup><a href="«#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a></sup> Didier Fassin &amp; Alban Bensa,&nbsp;<em>Les politiques de l&rsquo;enqu&ecirc;te : &eacute;preuves ethnographiques</em>,&nbsp;Paris,&nbsp;La D&eacute;couverte,&nbsp;2008. Je souligne.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a></sup> Pascale Pascariello, <em>Un micro au tribunal,</em> <em>Mediapart</em>, 2019, 13 &eacute;pisodes entre 14 et 21 minutes, <a href="https://www.mediapart.fr/studio/videos/emissions/un-micro-au-tribunal">https://www.mediapart.fr/studio/videos/emissions/un-micro-au-tribunal</a>, consult&eacute; le 24 janvier 2024.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a></sup> Julien Cernobori, <em>Cerno, l&rsquo;anti-enqu&ecirc;te</em>, autoproduction, 2019-2024, <a href="https://www.patreon.com/CERNO?l=fr">https://www.patreon.com/CERNO?l=fr</a>, consult&eacute; le 24 janvier 2024.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a></sup> Kaye Mortley et Manoushak Fashahi, <em>La ferme o&ugrave; poussent les arbres du ciel</em>, &laquo;&nbsp;Les Passagers de la Nuit&nbsp;&raquo;, France Culture, 19 juillet 2011, 57mn, <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-atelier-de-la-creation-14-15/la-ferme-ou-poussent-les-arbres-du-ciel-5473540">https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-atelier-de-la-creation-14-15/la-ferme-ou-poussent-les-arbres-du-ciel-5473540</a>, consult&eacute; le 24 janvier 2024.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a></sup> Ludovic Tourn&egrave;s,&nbsp;<em>Du phonogaphe au MP3. Une histoire de la musique enregistr&eacute;e, xix<sup>e</sup>-xxi<sup>e</sup> si&egrave;cle</em>,&nbsp;Paris,&nbsp;Autrement,&nbsp;M&eacute;moires/Culture,&nbsp;2008, p. 11‑14.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a></sup> R. M. Thibierge, <em>Phonographie, ou peinture des sons</em>, Paris, Biblioth&egrave;que nationale de France, 1808, cit&eacute; par <em>Ibid</em>, p.&nbsp;11.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a></sup> Sur la &laquo;&nbsp;querelle de paternit&eacute;&nbsp;&raquo; entre Thomas Edison et le fran&ccedil;ais Charles Cros qui con&ccedil;oit avec une l&eacute;g&egrave;re ant&eacute;riorit&eacute; le &laquo;&nbsp;pal&eacute;ophone&nbsp;&raquo;, voir Ludovic Tourn&egrave;s, <em>op.&nbsp;cit.</em>, p. 15-17.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a></sup> <em>Ibid.</em>,&nbsp;p.&nbsp;21.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a></sup> Maud Lecacheur,&nbsp;<em>La litt&eacute;rature sur &eacute;coute : recueillir la parole d&rsquo;autrui de Georges Perec &agrave; Olivia Rosenthal</em>,&nbsp;Lyon,&nbsp;ENS de Lyon,&nbsp;2022.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a></sup> Marc-Henri Piault,&nbsp;<em>Anthropologie et cin&eacute;ma : passage &agrave; l&rsquo;image, passage par l&rsquo;image</em>,&nbsp;Paris,&nbsp;Nathan,&nbsp;2000, p.&nbsp;11‑17.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a></sup> C&eacute;cile M&eacute;adel,&nbsp;&laquo;&nbsp;De l&rsquo;&eacute;preuve et de la relation. Gen&egrave;se du radio-reportage&nbsp;&raquo;, <em>Politix. Revue des sciences sociales du politique</em>,&nbsp;1992, n<sup>o</sup>&nbsp;19,&nbsp;p. 87‑101.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a></sup> Aline Carpentier,&nbsp;<em>Th&eacute;&acirc;tres d&rsquo;ondes. Les pi&egrave;ces radiophoniques de Beckett, Tardieu et Pinter</em>,&nbsp;Louvain-la-Neuve,&nbsp;De Boeck Sup&eacute;rieur, &laquo;&nbsp;M&eacute;dias-Recherches&nbsp;&raquo;,&nbsp;2008, p.&nbsp;19 et suivantes.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a></sup> Annette Wieviorka,&nbsp;<em>L&rsquo;&egrave;re du t&eacute;moin</em>,&nbsp;Paris,&nbsp;Plon,&nbsp;1998.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a></sup> Pierre Perrault,&nbsp;<em>Discours sur la condition sauvage et qu&eacute;b&eacute;coise : photos et t&eacute;moignages</em>,&nbsp;Montr&eacute;al,&nbsp;Lidec,&nbsp;1977, p.&nbsp;5.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a></sup> Christophe Deleu,&nbsp;<em>Le documentaire radiophonique</em>,&nbsp;Paris,&nbsp;L&rsquo;Harmattan, Ina &eacute;ditions, &laquo;&nbsp;M&eacute;moires de radio&nbsp;&raquo;,&nbsp;2013, p.&nbsp;130.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a></sup> Jean-Fran&ccedil;ois Chevrier &amp; Philippe Roussin,&nbsp;&laquo;&nbsp;Le parti pris du document. Litt&eacute;rature, photographie, cin&eacute;ma et architecture au xx<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;&raquo;, <em>Communications</em>, n<sup>o</sup>&nbsp;71, 2001.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a></sup> Voir Hal Foster, &laquo;&nbsp;L&rsquo;artiste comme ethnographe, ou la &ldquo;fin de l&rsquo;Histoire&rdquo; signifie-t-elle le retour &agrave; l&rsquo;anthropologie ?&nbsp;&raquo;, Marine Planche (trad.), dans <em>Face &agrave; l&rsquo;histoire, 1933-1996 : l&rsquo;artiste moderne devant l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement historique</em>, Paris, Centre Georges Pompidou, 1996, p.&nbsp;498-504.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a></sup> Laurent Demanze, <em>Un nouvel &acirc;ge de l&rsquo;enqu&ecirc;te</em>, <em>op.&nbsp;cit.</em></p> <p><sup><a href="«#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a></sup> On peut citer <em>Qui a connu Lolita&nbsp;?</em> de Mehdi Ahoudig, produit par Arte Radio, prix Italia en 2014.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a></sup> Deux &eacute;pisodes intitul&eacute;s <em>Algues vertes, le d&eacute;ni</em>, issus du journal breton d&rsquo;In&egrave;s L&eacute;raud diffus&eacute; dans &laquo;&nbsp;Les Pieds sur Terre&nbsp;&raquo; en 2016 ont par exemple &eacute;t&eacute; adapt&eacute;s en bande dessin&eacute;e (dans le num&eacute;ro 17 de <em>La Revue Dessin&eacute;e</em> paru en 2017) puis en long-m&eacute;trage (le film <em>Algues vertes</em>, r&eacute;alis&eacute; par Pierre Jolivet, sorti en 2023).</p> <p><sup><a href="«#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a></sup> David Carr,&nbsp;&laquo;&nbsp;&ldquo;Serial,&rdquo; Podcasting&rsquo;s First Breakout Hit, Sets Stage for More&nbsp;&raquo;, <em>The New York Times</em>,&nbsp;24 novembre 2014.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref35" name="_ftn35">[35]</a></sup> Stuart Dredge,&nbsp;&laquo;&nbsp;Serial podcast breaks iTunes records as it passes 5m downloads and streams&nbsp;&raquo;, <em>The Guardian</em>,&nbsp;18 novembre 2014.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref36" name="_ftn36">[36]</a></sup> Dominique Kalifa,&nbsp;&laquo;&nbsp;Enqu&ecirc;te judiciaire, litt&eacute;rature et imaginaire social au xix<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;&raquo;, <em>Cuadernos de Historia Contempor&agrave;nea</em>,&nbsp;n<sup>o</sup>&nbsp;33, 2011.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref37" name="_ftn37">[37]</a></sup> Elle s&rsquo;&eacute;coute sur les plateformes agr&eacute;gatrices de podcasts et sur le site Patreon.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref38" name="_ftn38">[38]</a></sup> L&rsquo;&eacute;criture est ici collaborative, comme l&rsquo;impose le cadre de production de France Culture, v. S&eacute;verine Leroy,&nbsp;&laquo;&nbsp;Produire des documentaires de cr&eacute;ation &agrave; France Culture : la n&eacute;cessit&eacute; de la collaboration&nbsp;&raquo;, <em>Komodo 21</em>,&nbsp;n&deg;18, 2022.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref39" name="_ftn39">[39]</a></sup> Entretien avec Pascale Pascariello r&eacute;alis&eacute; par l&rsquo;autrice,&nbsp;visioconf&eacute;rence,&nbsp;2020.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref40" name="_ftn40">[40]</a></sup> Cl&eacute;ment Baudet,&nbsp;&laquo;&nbsp;Pascale Pascariello : &ldquo;Provoquer la parole qu&rsquo;on n&rsquo;entend pas&rdquo;&nbsp;&raquo;, <em>Syntone</em>,&nbsp;7 d&eacute;cembre 2017.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref41" name="_ftn41">[41]</a></sup> Entretien avec Pascale Pascariello, <em>op.&nbsp;cit.</em></p> <p><sup><a href="«#_ftnref42" name="_ftn42">[42]</a></sup> Christophe Deleu, <em>Le documentaire radiophonique</em>, <em>op.&nbsp;cit.</em>, p.&nbsp;137.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref43" name="_ftn43">[43]</a></sup> <em>Ibid.</em>,&nbsp;p. 29.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref44" name="_ftn44">[44]</a></sup> Guy Lochard &amp; Jean-Claude Soulages, <em>La communication audiovisuelle</em>, Paris, Armand Colin, 1998, p.&nbsp;22<em>.</em></p> <p><sup><a href="«#_ftnref45" name="_ftn45">[45]</a></sup> Mariane de&nbsp;Douhet,&nbsp;&laquo;&nbsp;Claudine Nougaret : &quot;Il ne faut surtout pas forcer les gens &agrave; parler&quot;&nbsp;&raquo;, <em>AOC</em>,&nbsp;7 f&eacute;vrier 2020.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref46" name="_ftn46">[46]</a></sup> Par le &laquo;&nbsp;point d&rsquo;&eacute;coute&nbsp;&raquo; je d&eacute;signe le point depuis lequel la sc&egrave;ne est per&ccedil;ue et repr&eacute;sent&eacute;e. &Eacute;quivalent sonore du &laquo;&nbsp;point de vue&nbsp;&raquo; (expression lexicalis&eacute;e dans lequel on n&rsquo;entend plus qu&rsquo;&agrave; peine la m&eacute;taphore visuelle), le point d&rsquo;&eacute;coute permet de d&eacute;signer de mani&egrave;re plus juste la question de la focalisation (nouvelle m&eacute;taphore visuelle) dans le cas des &oelig;uvres radiophoniques.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref47" name="_ftn47">[47]</a></sup> Le phonostyle est le &laquo;&nbsp;style sonore per&ccedil;u en tant que caract&eacute;ristique d&rsquo;un individu, d&rsquo;un groupe social ou d&rsquo;une circonstance particuli&egrave;re&nbsp;&raquo;, selon Fr&eacute;d&eacute;ric Antoine (&eacute;d.), <em>Analyser la radio : m&eacute;thodes et mises en pratique</em>, Louvain-la-Neuve, De Boeck sup&eacute;rieur, 2016, p.&nbsp;239.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref48" name="_ftn48">[48]</a></sup> Pour une &eacute;tude plus d&eacute;taill&eacute;e des ambigu&iuml;t&eacute;s de la &laquo;&nbsp;doxa objectiviste&nbsp;&raquo;, v. Roselyne Koren,&nbsp;&laquo;&nbsp;Argumentation, enjeux et pratique de l&rsquo;&quot;engagement neutre&quot; : le cas de l&rsquo;&eacute;criture de presse&nbsp;&raquo;, <em>Semen. Revue de s&eacute;mio-linguistique des textes et discours</em>,&nbsp;n<sup>o</sup>&nbsp;17, 10 novembre 2004.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref49" name="_ftn49">[49]</a></sup> Patreon est un site de financement participatif cr&eacute;&eacute; en 2013 qui permet aux artistes d&rsquo;&ecirc;tre r&eacute;mun&eacute;r&eacute;&middot;es gr&acirc;ce aux contributions d&rsquo;une communaut&eacute; d&rsquo;abonn&eacute;&middot;es.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref50" name="_ftn50">[50]</a></sup> Entretien avec Julien Cernobori r&eacute;alis&eacute; par l&rsquo;autrice,&nbsp;Les Lilas,&nbsp;2022.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref51" name="_ftn51">[51]</a></sup> Alexandre Gefen,&nbsp;<em>R&eacute;parer le monde : la litt&eacute;rature fran&ccedil;aise face au xxi<sup>e</sup> si&egrave;cle</em>,&nbsp;Paris,&nbsp;Corti, &laquo;&nbsp;Les Essais&nbsp;&raquo;,&nbsp;2017.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref52" name="_ftn52">[52]</a></sup> Entretien avec Julien Cernobori, <em>op.&nbsp;cit.</em></p> <p><sup><a href="«#_ftnref53" name="_ftn53">[53]</a></sup> En entretien, Julien Cernobori raconte&nbsp;: &laquo;&nbsp;J&rsquo;ai toujours ador&eacute; interviewer des vieilles dames et donc je les rep&egrave;re, je mets le pied dans la porte. Je les exploite d&rsquo;une certaine fa&ccedil;on, je les vampirise un peu, m&ecirc;me si c&rsquo;est pour le bien de tout le monde. Parce que je pense que &ccedil;a leur fait du bien comme &agrave; moi.&nbsp;&raquo; Cette ambigu&iuml;t&eacute; entre soin (ou <em>care</em>) et exploitation expose d&rsquo;ailleurs <em>Cerno </em>&agrave; un regard sceptique sur la sinc&eacute;rit&eacute; de sa d&eacute;marche &ndash; comme le remarque Alexandre Gefen, &laquo;&nbsp;les &eacute;critures ou lectures rem&eacute;diatrices peuvent provoquer l&rsquo;admiration et l&rsquo;espoir ou &ecirc;tre au contraire renvoy&eacute;es avec ironie &agrave; des pratiques utilitaristes&nbsp;&raquo;, Alexandre Gefen, <em>R&eacute;parer le monde</em>, <em>op.&nbsp;cit.</em>, p.&nbsp;148‑149.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref54" name="_ftn54">[54]</a></sup> Entretien avec Julien Cernobori,<em> op.&nbsp;cit.</em></p> <p><sup><a href="«#_ftnref55" name="_ftn55">[55]</a></sup> <em>Ibid.</em></p> <p><sup><a href="«#_ftnref56" name="_ftn56">[56]</a></sup> <em>Ibid.</em></p> <p><sup><a href="«#_ftnref57" name="_ftn57">[57]</a></sup> <em>Ibid.</em></p> <p><sup><a href="«#_ftnref58" name="_ftn58">[58]</a></sup> Laurent Demanze, <em>Un nouvel &acirc;ge de l&rsquo;enqu&ecirc;te</em>, <em>op.&nbsp;cit.</em>, p.&nbsp;30.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref59" name="_ftn59">[59]</a></sup> Dominique Kalifa, &laquo;&nbsp;Enqu&ecirc;te judiciaire, litt&eacute;rature et imaginaire social au xix<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;&raquo;, <em>op.&nbsp;cit.</em>, p.&nbsp;41.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref60" name="_ftn60">[60]</a></sup> Il s&rsquo;agit de Lisadol &agrave; partir de l&rsquo;&eacute;pisode 95.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref61" name="_ftn61">[61]</a></sup> Ross Bonifacio, Lee Hair &amp; Donghee Yvette Wohn,&nbsp;&laquo;&nbsp;Beyond fans: The relational labor and communication practices of creators on Patreon&nbsp;&raquo;, <em>New Media &amp; Society</em>,&nbsp;n<sup>o</sup>&nbsp;10, 1 octobre 2023,&nbsp;p.&nbsp;2684‑2703.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref62" name="_ftn62">[62]</a></sup> Kaye Mortley,&nbsp;<em>La tentation du son</em>,&nbsp;Arles,&nbsp;Phonurgia nova &eacute;ditions,&nbsp;2013, p.&nbsp;23.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref63" name="_ftn63">[63]</a></sup> Christophe Deleu, <em>Le documentaire radiophonique</em>, <em>op.&nbsp;cit.</em>, p.&nbsp;161 et suivantes.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref64" name="_ftn64">[64]</a></sup> Michel Chion,&nbsp;<em>Le promeneur &eacute;coutant : essais d&rsquo;acoulogie</em>,&nbsp;Paris, &Eacute;ditions Plume,&nbsp;1993.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref65" name="_ftn65">[65]</a></sup> Thomas Baumgartner, <em>Kaye Mortley, micro sensible</em>, &laquo;&nbsp;Mythologie de poche de la radio&nbsp;&raquo;, France Culture, 17 ao&ucirc;t 2011, &agrave; 1mn50.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref66" name="_ftn66">[66]</a></sup> Laurent Demanze, <em>Un nouvel &acirc;ge de l&rsquo;enqu&ecirc;te</em>, <em>op.&nbsp;cit.</em>, p.&nbsp;31.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref67" name="_ftn67">[67]</a></sup> Entretien avec Kaye Mortley r&eacute;alis&eacute; par l&rsquo;autrice,&nbsp;Paris,&nbsp;2023.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref68" name="_ftn68">[68]</a></sup> Jean-Marie Gleize,&nbsp;<em>Le principe de nudit&eacute; int&eacute;grale : manifestes</em>,&nbsp;Paris, Seuil,&nbsp;1995, p.&nbsp;25.</p> <h2>Bibliographie</h2> <p>&nbsp;</p> <h3>Pi&egrave;ces &eacute;tudi&eacute;es</h3> <p>Cernobori Julien, <em>Cerno, l&rsquo;anti-enqu&ecirc;te</em>, podcast natif autoproduit, 2019-2024, <a href="https://www.patreon.com/CERNO">https://www.patreon.com/CERNO</a>, consult&eacute; le 24 janvier 2024.</p> <p>Mortley Kaye et Fashahi Manoushak, <em>La ferme o&ugrave; poussent les arbres du ciel</em>, &laquo;&nbsp;Les Passagers de la Nuit&nbsp;&raquo;, France Culture, 19 juillet 2011, 57mn, <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-atelier-de-la-creation-14-15/la-ferme-ou-poussent-les-arbres-du-ciel-5473540">https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-atelier-de-la-creation-14-15/la-ferme-ou-poussent-les-arbres-du-ciel-5473540</a>, consult&eacute; le 24 janvier 2024.</p> <p>Pascariello Pascale, <em>Un micro au tribunal</em>, <em>Mediapart</em>, 2019, 13 &eacute;pisodes entre 14 et 21 minutes, <a href="https://www.mediapart.fr/studio/videos/emissions/un-micro-au-tribunal">https://www.mediapart.fr/studio/videos/emissions/un-micro-au-tribunal</a>, consult&eacute; le 24 janvier 2024.</p> <h3>Ouvrages et sites</h3> <p>ANTOINE Fr&eacute;d&eacute;ric&nbsp;(dir.), <em>Analyser la radio : m&eacute;thodes et mises en pratique</em>, Louvain-la-Neuve, De Boeck Sup&eacute;rieur, 2016.</p> <p>Arnold Aron &amp; Candea Maria, &laquo;&nbsp;Comment &eacute;tudier l&rsquo;influence des st&eacute;r&eacute;otypes de genre et de race sur la perception de la parole&nbsp;?&nbsp;&raquo;, <em>Langage et soci&eacute;t&eacute;</em>, n<sup>o</sup>&nbsp;152, 2015, p. 75‑96.</p> <p>Baumgartner Thomas, <em>Kaye Mortley, micro sensible</em>, &laquo;&nbsp;Mythologie de poche de la radio&nbsp;&raquo;, France Culture, 17 ao&ucirc;t 2011, 59mn, <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/mythologie-de-poche-de-la-radio-multidiffusion/kaye-mortley-micro-sensible-1210268">https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/mythologie-de-poche-de-la-radio-multidiffusion/kaye-mortley-micro-sensible-1210268</a>, consult&eacute; le 24 janvier 2024</p> <p>Baudet Cl&eacute;ment, &laquo;&nbsp;Pascale Pascariello : &ldquo;Provoquer la parole qu&rsquo;on n&rsquo;entend pas&rdquo;&nbsp;&raquo;, <em>Syntone</em>, 7 d&eacute;cembre 2017, URL&nbsp;: <a href="http://syntone.fr/pascale-pascariello-provoquer-la-parole-quon-nentend-pas">http://syntone.fr/pascale-pascariello-provoquer-la-parole-quon-nentend-pas</a>, consult&eacute; le 18 mai 2022,</p> <p>Boltanski Luc, <em>&Eacute;nigmes et complots : une enqu&ecirc;te &agrave; propos d&rsquo;enqu&ecirc;tes</em>, Paris, Gallimard, 2012.</p> <p>Bonifacio Ross, Hair Lee &amp; Wohn Donghee Yvette, &laquo;&nbsp;Beyond fans&nbsp;: The relational labor and communication practices of creators on Patreon&nbsp;&raquo;, <em>New Media &amp; Society</em>, vol.&nbsp;25, n<sup>o</sup>&nbsp;10, 2023, p. 2684‑2703.</p> <p>Caillet Aline, <em>L&rsquo;art de l&rsquo;enqu&ecirc;te : savoirs pratiques et sciences sociales</em>, Milan, &Eacute;ditions Mim&eacute;sis, 2019.</p> <p>&ndash; <em>Dispositifs critiques : le documentaire, du cin&eacute;ma aux arts visuels</em>, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014.</p> <p>Carpentier Aline, <em>Th&eacute;&acirc;tres d&rsquo;ondes. Les pi&egrave;ces radiophoniques de Beckett, Tardieu et Pinter</em>, Louvain-la-Neuve, De Boeck Sup&eacute;rieur, &laquo;&nbsp;M&eacute;dias-Recherches&nbsp;&raquo;, 2008, URL&nbsp;: <a href="https://www.cairn.info/theatres-d-ondes--9782804159276-p-19.htm">https://www.cairn.info/theatres-d-ondes--9782804159276-p-19.htm</a>, consult&eacute; le 12 octobre 2023.</p> <p>Carr David, &laquo;&nbsp;&lsquo;Serial,&rsquo; Podcasting&rsquo;s First Breakout Hit, Sets Stage for More&nbsp;&raquo;, <em>The New York Times</em>, 24 novembre 2014, URL&nbsp;: <a href="https://www.nytimes.com/2014/11/24/business/media/serial-podcastings-first-breakout-hit-sets-stage-for-more.html">https://www.nytimes.com/2014/11/24/business/media/serial-podcastings-first-breakout-hit-sets-stage-for-more.html</a>, consult&eacute; le 16 octobre 2023.</p> <p>Chevrier Jean-Fran&ccedil;ois &amp; Roussin Philippe, &laquo;&nbsp;Le parti pris du document. Litt&eacute;rature, photographie, cin&eacute;ma et architecture au xx<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;&raquo;, <em>Communications</em>, 2001, n<sup>o</sup>&nbsp;71, 2001.</p> <p>Chion Michel, <em>Le Promeneur &eacute;coutant : essais d&rsquo;acoulogie</em>, Paris, &Eacute;ditions Plume, 1993.</p> <p>Deleu Christophe, <em>Le documentaire radiophonique</em>, Paris, L&rsquo;Harmattan, Ina &eacute;ditions, &laquo;&nbsp;M&eacute;moires de radio&nbsp;&raquo;, 2013.</p> <p>Demanze Laurent, <em>Un nouvel &acirc;ge de l&rsquo;enqu&ecirc;te. 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Sa recherche intitul&eacute;e &laquo;&nbsp;&Eacute;crire avec les voix des autres&nbsp;: esth&eacute;tiques et politiques de la parole dans le documentaire radiophonique&nbsp;&raquo; explore dans une perspective pluridisciplinaire les aspects techniques, stylistiques et &eacute;thiques de la situation d&rsquo;enregistrement et de l&rsquo;&eacute;criture sonore. Sa pratique du documentaire sonore s&rsquo;int&eacute;resse au rapport entre les voix, les lieux et l&rsquo;histoire (avec la pi&egrave;ce Le D&eacute;sensableur, en comp&eacute;tition au festival Longueur d&rsquo;Ondes, 2017), puis s&rsquo;oriente vers des r&eacute;cits polyphoniques plus directement politiques qui racontent la subjectivit&eacute; des acteur&middot;ices engag&eacute;&middot;es dans les luttes contemporaines (La Grande Ourse, 2019). Elle re&ccedil;oit la bourse Brouillon d&rsquo;un r&ecirc;ve de la SCAM pour Les colibris du Putumayo, (projet &agrave; venir). Elle a collabor&eacute; &agrave; des &eacute;missions sur Radio Campus Paris, ainsi qu&rsquo;&agrave; des radios &eacute;ph&eacute;m&egrave;res, et a rejoint le collectif de cr&eacute;ation sonore Copie Carbone &agrave; Marseille en 2019. En 2020, elle co-r&eacute;alise avec Claire Messager le projet l&rsquo;&Eacute;chapp&eacute;e, documentaire sonore qui fera partie de sa th&egrave;se.</p>