<p>Explorer les archives sonores et radiophoniques revient bien souvent &agrave; explorer une histoire monolingue francophone de la France. Les autres langues de France semblent muettes. Cette r&eacute;flexion part d&rsquo;un constat pos&eacute; lors de mes ann&eacute;es de travail &agrave; France Bleu Breizh Izel, radio locale de Radio France dans le Finist&egrave;re. Journaliste bilingue, reporter et pr&eacute;sentateur des informations en langue bretonne, je me suis souvent retrouv&eacute; en butte face &agrave; un vide archivistique, un manque, un silence. Une date illustre ce grand d&eacute;sarroi&nbsp;: le 18 juin 1940. &Agrave; Londres, devant le micro de la BBC, le g&eacute;n&eacute;ral De Gaulle lance un appel aux Fran&ccedil;ais &agrave; poursuivre le combat et &agrave; s&rsquo;engager dans des mouvements de r&eacute;sistance. Sur ces m&ecirc;mes ondes britanniques, autour du 24 juin, Charles-Marie Guillois, de Penv&eacute;nan, dans les C&ocirc;tes du Nord, se rend &agrave; son tour dans les studios de la BBC pour adresser le m&ecirc;me message de r&eacute;sistance traduit en langue bretonne<sup><a href="«#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a></sup>. Le 22 juin le g&eacute;n&eacute;ral De Gaulle r&eacute;enregistre son c&eacute;l&egrave;bre discours, dont le message est grav&eacute; dans les sillons d&rsquo;un disque parvenu jusqu&rsquo;&agrave; nous<sup><a href="«#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a></sup>. Si on conserve aujourd&rsquo;hui, et c&rsquo;est une chance, une archive du message du G&eacute;n&eacute;ral De Gaulle en langue fran&ccedil;aise, le message en breton, lui, n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute; conserv&eacute;. Le propos de cet article se loge en creux dans cet &eacute;v&eacute;nement, dans cette archive sonore conserv&eacute;e, et dans ce manque.</p> <p>&laquo;&nbsp;Les langues sont les miroirs de l&rsquo;histoire sociale [&hellip;]. Les langues des pauvres gens, les d&eacute;truire, c&rsquo;est abattre leur chaumi&egrave;re et les ensevelir sous les d&eacute;combres<sup><a href="«#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a></sup>&nbsp;&raquo;, &eacute;crivait l&rsquo;&eacute;crivain anarchiste breton &Eacute;mile Masson. Alors, que nous dit l&rsquo;absence d&rsquo;archives sonores des &laquo;&nbsp;langues des pauvres gens&nbsp;&raquo;&nbsp;? Cette d&eacute;monstration va s&rsquo;appuyer avant tout sur l&rsquo;exemple de la langue bretonne, dont l&rsquo;&eacute;cho r&eacute;sonne dans les autres langues de France, dites r&eacute;gionales, qualifi&eacute;es aussi de langues minoritaires, minoris&eacute;es, autochtones, vernaculaires ou parfois de patois. Car si les archives sonores, comme la m&eacute;moire humaine, sont trou&eacute;es et &laquo;&nbsp;si nous sommes guett&eacute;s par la m&eacute;moire s&eacute;lective, mieux vaut savoir ce qu&rsquo;elle touche<sup><a href="«#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a></sup>&nbsp;&raquo;.</p> <h2>1. Des archives phonographiques aux archives radiophoniques</h2> <p>Avant de nous int&eacute;resser aux archives radiophoniques, penchons-nous sur les archives phonographiques. L&rsquo;institution qui repr&eacute;sente le mieux le d&eacute;but du collectage est sans nul doute les Archives de la Parole de Ferdinand Brunot, cr&eacute;&eacute;es &agrave; la Sorbonne en 1911. Parmi les objectifs qui constituent la matrice de ces Archives de la Parole figurent la collecte des parlers populaires et la r&eacute;alisation des enregistrements des grands hommes de la p&eacute;riode.</p> <p>Les voix et pens&eacute;es du capitaine Alfred Dreyfus, par exemple, qu&rsquo;on peut entendre dans la r&eacute;cente s&eacute;rie radiophonique <em>L&eacute;on Blum&nbsp;: une vie h&eacute;ro&iuml;que</em>, mais aussi de L&eacute;on Tolsto&iuml;, &Eacute;mile Durkheim, Guillaume Apollinaire<sup><a href="«#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a></sup>, etc. sont ainsi enregistr&eacute;es par les &eacute;quipes des Archives de la Parole. Il y a l&agrave; pour ces c&eacute;l&eacute;brit&eacute;s une volont&eacute; de patrimonialiser la parole de grands t&eacute;moins et acteurs de leur p&eacute;riode. L&rsquo;enregistrement est archive sonore d&egrave;s la premi&egrave;re vibration de la membrane du phonographe. Cet int&eacute;r&ecirc;t pour la parole des grands hommes va structurer pendant longtemps les archives phonographiques. Encore en 1976, Roger Decollogne, directeur de la Phonoth&egrave;que nationale et du Mus&eacute;e de la parole, d&eacute;clarait ainsi&nbsp;:</p> <blockquote> <p>On est bien oblig&eacute; de regretter que l&rsquo;invention du phonographe n&rsquo;ait pas eu lieu plus t&ocirc;t. Comme il serait int&eacute;ressant de pouvoir &eacute;couter aujourd&rsquo;hui l&#39;enregistrement original de la s&eacute;rie des Philippiques, ou encore les danses profanes des H&eacute;breux devant le Veau d&rsquo;or, tandis que Mo&iuml;se &eacute;tait parti chercher la parole divine ! Imaginons un instant le reportage de la campagne d&#39;&Eacute;gypte, enregistrant l&#39;enthousiasme de Napol&eacute;on au pied des pyramides&hellip; Combien d&rsquo;amers regrets en pensant au riche pass&eacute; de l&rsquo;histoire<sup><a href="«#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a></sup>.</p> </blockquote> <p>Dans les Archives de la Parole, appara&icirc;t ainsi une distinction dans la captation de la parole de ces grands hommes dont on archive la voix, en fran&ccedil;ais, et des locuteurs des langues et dialectes de France que l&rsquo;on enregistre dans un but d&rsquo;&eacute;tude scientifique. L&rsquo;ambition, non assouvie, de Ferdinand Brunot, &agrave; la cr&eacute;ation des Archives de la Parole, &eacute;tait de r&eacute;aliser une exploration dialectale de 2500 villages fran&ccedil;ais sur 12 ans. Mais, comme le note Pascal Cordereix, ancien responsable du service son de la Biblioth&egrave;que nationale de France, &eacute;tablissement public d&eacute;positaire de la collection des Archives de la Parole, la vision de Brunot sur les locuteurs est &laquo;&nbsp;archa&iuml;sante&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <blockquote> <p>La collecte phonographique des &laquo;&nbsp;patois&nbsp;&raquo; de France figure au centre du dispositif des Archives de la Parole. L&rsquo;&eacute;l&eacute;ment novateur est la volont&eacute; de r&eacute;aliser &laquo;&nbsp;sur le terrain&nbsp;&raquo; un atlas linguistique phonographique de ces patois et parlers, en syst&eacute;matisant l&rsquo;usage du phonographe en lieu et place de la transcription &eacute;crite. Pour autant l&rsquo;entreprise ne manque ni d&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute;s ni de contradictions&nbsp;: l&rsquo;utilisation novatrice, voire visionnaire, du phonographe est ici au service d&rsquo;une vision archa&iuml;sante des patois et de leurs locuteurs. Ceux-ci sont per&ccedil;us comme la trace persistante et fig&eacute;e d&rsquo;un pass&eacute; r&eacute;volu, mais riche d&rsquo;enseignements pour l&rsquo;histoire&hellip; de la langue fran&ccedil;aise<sup><a href="«#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a></sup>.</p> </blockquote> <p>Cette perception folklorisante des &laquo;&nbsp;sujets&nbsp;&raquo; enregistr&eacute;s se retrouve dans la description de Paulin Lebas, rencontr&eacute; lors de la premi&egrave;re enqu&ecirc;te de terrain men&eacute;e dans les Ardennes en 1912, qualifi&eacute; par Ferdinand Brunot d&rsquo;&laquo;&nbsp;indig&egrave;ne&nbsp;&raquo; et de &laquo;&nbsp;vrai paysan&nbsp;&raquo; bien que &laquo;&nbsp;cultiv&eacute;&nbsp;&raquo;<sup><a href="«#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a></sup>.</p> <p>Cette &laquo;&nbsp;vision archa&iuml;sante des patois et de leurs locuteurs&nbsp;&raquo; structure les autres collectes sonores, et principalement musicales, de cette &eacute;poque. Les folkloristes, linguistes ou musicologues qui gravent ces langues et parlers populaires dans la cire des premiers phonographes au d&eacute;but du XX<sup>e</sup> si&egrave;cle<sup><a href="«#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a></sup> le font non tant pour archiver la parole de ces locuteurs mais plut&ocirc;t pour collecter des airs et des chansons populaires et en tirer les traces fines d&rsquo;un pass&eacute; plus ancien qu&rsquo;elles rec&egrave;leraient. Dans ces chansons, les lettr&eacute;s du si&egrave;cle pass&eacute; tentaient de capter les &eacute;chos d&rsquo;un pass&eacute; lointain sans pr&ecirc;ter de valeur au regard du phonographi&eacute; sur ces &eacute;v&eacute;nements ou sur la vie contemporaine. On le per&ccedil;oit comme le r&eacute;ceptacle d&rsquo;une langue et d&rsquo;une culture orale et d&rsquo;une histoire ancienne dont il ne serait que le passeur. Dans ces collections phonographiques, la valeur de ces enregistrements est d&eacute;corr&eacute;l&eacute;e de l&rsquo;identit&eacute; du phonographi&eacute;, comme l&rsquo;analyse l&rsquo;historienne Florence Descamps&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Dans toutes ces institutions, la prise en charge de l&rsquo;oralit&eacute; et l&rsquo;enregistrement du son font la part belle &agrave; la langue, &agrave; la locution, &agrave; la parole chant&eacute;e et &agrave; l&rsquo;ethnomusicologie. Malheureusement, le t&eacute;moignage &agrave; caract&egrave;re historique est d&eacute;laiss&eacute;, voire ignor&eacute;. La figure du t&eacute;moin n&rsquo;est pas non plus pos&eacute;e dans son &eacute;paisseur biographique, sociologique, m&eacute;morielle, historique et attestataire&nbsp;; tout ce processus d&rsquo;enregistrement de la parole s&rsquo;op&egrave;re au b&eacute;n&eacute;fice du locuteur, du conteur, du musicien, de l&rsquo;interpr&egrave;te et de l&rsquo;artiste<sup><a href="«#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a></sup>.</p> </blockquote> <p>S&rsquo;int&eacute;ressant &agrave; ce d&eacute;but de XX<sup>e</sup> si&egrave;cle, il est pertinent de s&rsquo;attarder sur un des &eacute;v&eacute;nements les plus marquants de cette p&eacute;riode&nbsp;: la Premi&egrave;re Guerre mondiale. Rares sont les archives de t&eacute;moins populaires qui racontent des souvenirs de l&rsquo;horreur des tranch&eacute;es. Toujours selon Florence Descamps&nbsp;:</p> <blockquote> <p>On ne peut que regretter que, dans les ann&eacute;es 1930, en d&eacute;pit de la visibilit&eacute; sociale des anciens combattants dans la soci&eacute;t&eacute; fran&ccedil;aise, en d&eacute;pit d&rsquo;une prise de parole publique organis&eacute;e et d&rsquo;un r&eacute;el poids politique, il ne se soit trouv&eacute; personne pour avoir l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;enregistrer les voix des poilus de 14-18 et de les faire entrer dans les collections de la Phonoth&egrave;que nationale ou de toute autre institution patrimoniale fran&ccedil;aise<sup><a href="«#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a></sup>.</p> </blockquote> <p>D&eacute;sint&eacute;r&ecirc;t pour la parole des poilus, mais aussi &eacute;videmment pour leurs langues. Toutes ces m&eacute;moires qui s&rsquo;exprimaient en des langues minoritaires ont disparu et ne sont jamais rentr&eacute;es dans les archives.</p> <p>Les soldats des tranch&eacute;es ne parlaient pas, pour une grande majorit&eacute; d&rsquo;entre eux, fran&ccedil;ais, en tout cas pas ais&eacute;ment, pas comme langue premi&egrave;re, comme langue quotidienne, comme langue intime. Nous le disions, il existe peu d&rsquo;archives sonores de poilus, et encore moins d&rsquo;archives en langues de France, en langues subalternes. Pourtant, dans les archives &eacute;crites ou les repr&eacute;sentations cin&eacute;matographiques actuelles, ceux-ci, par un coup de baguette magique, parlent fran&ccedil;ais, avec la m&ecirc;me syntaxe et le m&ecirc;me accent que nos contemporains. Qu&rsquo;en est-il des archives sonores&nbsp;? Par bonheur, des poilus y parlent leurs langues. En tout cas dans certains fonds et c&rsquo;est le cas des archives de la Commission Phonographique Royale Prussienne. Cette derni&egrave;re avait r&eacute;alis&eacute; un travail d&rsquo;ampleur, en plein conflit mondial, de collectage des voix des diff&eacute;rents peuples des empires coloniaux prisonniers dans les camps prussiens. Dans ces archives sonores surgissent plus de 250 langues et dialectes diff&eacute;rentes nous donnant &agrave; entendre la diversit&eacute; linguistique des tranch&eacute;es. Au milieu de cette collection figurent quelques langues de France, dont le basque. Le 1<sup>er</sup> ao&ucirc;t 1917, c&rsquo;est dans sa langue maternelle qu&rsquo;Antoine Subas, originaire d&rsquo;Arcangues enregistre une chanson et &laquo;&nbsp;La lettre d&rsquo;un basque en 1917<sup><a href="«#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a></sup>&nbsp;&raquo; o&ugrave; il relate son histoire de soldat de la Premi&egrave;re Guerre mondiale. Un t&eacute;moignage qu&rsquo;ont d&eacute;couvert avec &eacute;motion ses descendants, il y a quelques ann&eacute;es<sup><a href="«#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a></sup>.</p> <p>La m&ecirc;me &eacute;motion a surpris Marie Gu&eacute;rin en entendant l&rsquo;&eacute;cho de chansons en breton, la langue de ses a&iuml;eux, enregistr&eacute;e par cette m&ecirc;me commission prussienne. La documentariste radio avait alors d&eacute;cid&eacute; de se mettre &agrave; l&rsquo;&eacute;coute de ces voix, celle notamment de Jean-Yves Briand de Loguivy-Plougras, ce poilu brittophone intern&eacute; dans un camp prussien et dont des ethnomusicologues avaient souhait&eacute; enregistrer les chants et la langue. Pour son &oelig;uvre radiophonique, &laquo;&nbsp;M&ecirc;me morts, nous chantons<sup><a href="«#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a></sup>&nbsp;&raquo;, Marie Gu&eacute;rin est notamment partie sur les traces de Jean-Yves Briand et de sa ritournelle An durzhunell [je traduis&nbsp;: La tourterelle] qu&rsquo;il avait r&eacute;cit&eacute;e dans le c&ocirc;ne d&rsquo;un phonographe d&rsquo;un camp de prisonnier en 1916.</p> <p>Ce sont les prisonniers de guerre qui ont &eacute;t&eacute; contraints de faire des enregistrements sonores dans les camps de prisonniers allemands pendant la Premi&egrave;re Guerre mondiale. Sans le vouloir, ces esprits racontent leurs racines et leurs pays d&rsquo;origine, dans le contexte colonial de l&rsquo;&eacute;poque. Ils parlent du rapport de la langue et de la g&eacute;ographie au pouvoir. Si nous &eacute;coutons avec des oreilles contemporaines, ces esprits nous alertent sur tout ce qui a &eacute;t&eacute; oubli&eacute; &agrave; ce jour et sur ce qui manque &agrave; notre m&eacute;moire collective<sup><a href="«#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a></sup>.</p> <p>Gilles Deleuze parlait des machines &agrave; &eacute;lectriser la parole comme des &laquo;&nbsp;machines &agrave; fant&ocirc;mes<sup><a href="«#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a></sup>&nbsp;&raquo;. Faire parler les archives est en somme un peu vouloir faire parler les morts. Avec parfois cette tentation de vouloir nouer discussion avec eux. Ces archives fa&ccedil;onn&eacute;es par la documentariste bretonne Marie Gu&eacute;rin donnent un &eacute;cho vivant et vibrant &agrave; ces &laquo;&nbsp;fant&ocirc;mes hertziens<sup><a href="«#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a></sup>&nbsp;&raquo;. Ce sont les voix fantomatiques de ces poilus qui percent le bruit phonographique pour nous faire entendre un &eacute;cho du si&egrave;cle dernier. Un &eacute;cho en leur langue.</p> <h2>2. Du chanteur au t&eacute;moin</h2> <p>Un vide archivistique fait place aux grandes collectes bretonnes men&eacute;es avant la premi&egrave;re guerre mondiale. Les folkloristes et linguistes ont rang&eacute; leur phonographe au grenier, et les premi&egrave;res archives radiophoniques sont trait&eacute;es avec peu de consid&eacute;ration. Ils ne seront relay&eacute;s qu&rsquo;en 1972, lorsqu&rsquo;&eacute;clot l&rsquo;association Dastum, fond&eacute;e par plusieurs jeunes sonneurs bretons avides de collecter airs, musiques, paroles, et de constituer une phonoth&egrave;que commune. Elle offre aujourd&rsquo;hui &agrave; l&rsquo;&eacute;coute plus de 8000 heures d&rsquo;archives sonores, m&ecirc;lant principalement des enqu&ecirc;tes de terrain ethnographique, des collectes de la tradition musicale et des captations d&rsquo;&eacute;v&eacute;nements. Entre ces deux p&eacute;riodes, les archives sonores sont &eacute;parses, malgr&eacute; quelques collectes notables, notamment la Mission de folklore musical en Basse-Bretagne du Mus&eacute;e national des arts et traditions populaires en 1939<sup><a href="«#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a></sup>.</p> <p>Mais avant la cr&eacute;ation de Dastum, l&rsquo;ann&eacute;e 1962 marque d&eacute;j&agrave; un tournant. Car Radio-Brest, le premier studio de radio en Basse-Bretagne, est inaugur&eacute;, et Charlez ar Gall s&rsquo;installe derri&egrave;re le micro pour y pr&eacute;senter les premi&egrave;res &eacute;missions quotidiennes en breton &agrave; la radio<sup><a href="«#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a></sup>. Le dispositif radiophonique va en effet conduire &agrave; une bascule progressive de la figure du &laquo;&nbsp;locuteur, du conteur, du musicien, de l&rsquo;interpr&egrave;te et de l&rsquo;artiste&nbsp;&raquo;, dont parlait Florence Descamps, &agrave; celle du t&eacute;moin &laquo;&nbsp;pos&eacute;e dans son &eacute;paisseur biographique, sociologique, m&eacute;morielle, historique et attestataire&nbsp;&raquo;<sup><a href="«#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a></sup>. Les locuteurs et locutrices ne sont plus seulement les transmetteurs d&rsquo;une histoire charri&eacute;e par les g&eacute;n&eacute;rations pr&eacute;c&eacute;dentes, mais bien porteurs de leur propre perception du monde.</p> <p>La radio de langue bretonne prend une nouvelle ampleur en 1982 avec la cr&eacute;ation de Radio Bretagne Ouest (R.B.O). Seule station locale publique bilingue breton/fran&ccedil;ais du r&eacute;seau Radio France bas&eacute;e &agrave; Quimper, elle deviendra plus tard Radio France Bretagne Ouest, puis France Bleu Breizh Izel. Lors de son inauguration, Georges Fillioud, ministre de la communication, posait l&rsquo;ambition d&eacute;centralisatrice de cette nouvelle venue sur les ondes hertziennes&nbsp;:</p> <blockquote> <p>L&rsquo;orientation sur laquelle on travaille, dans ce domaine, est bien celle d&rsquo;une d&eacute;centralisation aussi pouss&eacute;e et aussi rapide que possible pour correspondre &agrave; un besoin &eacute;vident dans la population fran&ccedil;aise<sup><a href="«#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a></sup>.</p> </blockquote> <p>En fait, ce &laquo;&nbsp;besoin &eacute;vident&nbsp;&raquo; correspond &agrave; une demande d&rsquo;am&eacute;lioration de la repr&eacute;sentation de la culture et de la langue bretonne sur la bande FM. L&rsquo;expression radiophonique en breton figure comme un &eacute;l&eacute;ment primordial de n&eacute;gociation entre Radio France et les collectivit&eacute;s locales bretonnes impliqu&eacute;es dans la cr&eacute;ation de la station quimp&eacute;roise. Jean Hourmant, ancien r&eacute;sistant, conseiller g&eacute;n&eacute;ral du canton de Ch&acirc;teauneuf-du-Faou et maire de la Plon&eacute;vez-du-Faou dans le centre-Finist&egrave;re, d&eacute;clarait ainsi lors de la s&eacute;ance du 26 janvier 1982 du Conseil G&eacute;n&eacute;ral au sujet du projet de radio&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Je suis ici l&rsquo;&eacute;lu d&rsquo;une r&eacute;gion o&ugrave; le breton existe toujours un peu partout, que ce soit dans les Montagnes Noires ou dans les Monts d&rsquo;Arr&eacute;e. Je pense [&hellip;] qu&rsquo;il faudra que nous soyons vigilants car dans ma r&eacute;gion nous avons &eacute;norm&eacute;ment d&rsquo;anciens qui sont tr&egrave;s assidus et qui &eacute;coutent beaucoup les &eacute;missions en langue bretonne et ceci dans tous nos villages. Par cons&eacute;quent, il faudra, si tout ceci se cr&eacute;e et se fait, donner encore plus d&rsquo;importance aux &eacute;missions en langue bretonne et &agrave; tout ce qui est bretonnant.<sup><a href="«#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a></sup></p> </blockquote> <p>Concr&eacute;tis&eacute; en ao&ucirc;t 1982, ce projet de nouvelle radio n&eacute;cessite l&rsquo;emploi de personnels brittophones pour l&rsquo;animation de plusieurs dizaines d&rsquo;heures hebdomadaires d&rsquo;&eacute;missions en langue bretonne, ou bilingue. Homme de th&eacute;&acirc;tre et &eacute;crivain de langue bretonne, R&eacute;mi Derrien, n&eacute; &agrave; Lanv&eacute;n&eacute;gen dans le Morbihan en 1946 et d&eacute;c&eacute;d&eacute; en 2009, est un des premiers employ&eacute;s de la nouvelle radio publique d&eacute;centralis&eacute;e. Pour R.B.O, il va s&rsquo;employer &agrave; aller &agrave; la rencontre des locuteurs du breton et cr&eacute;er son embl&eacute;matique &eacute;mission <em>Bonjour village</em>, durant laquelle l&rsquo;auditeur s&rsquo;immerge dans l&rsquo;univers sonore et linguistique de ces villages bretons ruraux de Basse-Bretagne. Dans ses &eacute;missions, d&rsquo;un format de cinq reportages d&rsquo;une heure par village, la parole se fonde principalement sur le dialogue, presque du quotidien, banal, ordinaire avec l&rsquo;improvisation inh&eacute;rente &agrave; celui-ci. Men&eacute;e principalement en langue bretonne, ces &eacute;missions bilingues ne jettent pas non plus un voile pudique sur la situation de diglossie alors en vigueur dans la Bretagne bretonnante. Mais si les locuteurs peuvent s&rsquo;exprimer autant en fran&ccedil;ais qu&rsquo;en breton, R&eacute;mi Derrien motive assez habilement &ndash; par des relances ou des expressions &ndash; les intervenants &agrave; s&rsquo;exprimer en langue bretonne.</p> <p>Le dispositif de captation sonore, avec un micro toujours proche du reporter et servant de guide &agrave; l&rsquo;auditeur, la diffusion des instants entre deux conversations, les choix de montage, avec une large place accord&eacute;e &agrave; l&rsquo;environnement sonore, offrent une sensation de r&eacute;el saisissante. Les discussions sont ponctu&eacute;es des aboiements du chien, le chuintement du caf&eacute; dans la casserole, les &eacute;clats d&rsquo;un voisin &eacute;m&eacute;ch&eacute;, le clapotis des pas dans la cour boueuse, le ronflement du tracteur, le retentissement m&eacute;canique de la lourde horloge&hellip; Bien que fragmentaires et construits eux aussi, par les choix &eacute;ditoriaux, l&rsquo;outillage et les contraintes de diffusion, ces sons et bruits nous permettent de tendre une oreille &agrave; travers la fen&ecirc;tre obstru&eacute;e de ce paysage sonore d&rsquo;autrefois<sup><a href="«#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a></sup>.</p> <p>Si Radio Bretagne Ouest n&rsquo;avait pas exist&eacute; nous aurions peu d&rsquo;archives sonores, et donc peu de <em>r&eacute;f&eacute;rents phonographiques,</em> pour paraphraser Roland Barthes<sup><a href="«#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a></sup>, pour affirmer la pratique linguistique des habitants de Basse-Bretagne. Ces t&eacute;moignages nous paraissent d&rsquo;autant plus pr&eacute;cieux que R&eacute;mi Derrien, ayant grandi dans cette ruralit&eacute; du pays vannetais, ne semble pas tomber dans les travers des campagnes de collectage de Ferdinand Brunot. Ce dernier, m&ucirc; par cette vision folklorisante dont nous parlions pr&eacute;c&eacute;demment, conditionnait fortement l&rsquo;expression de ses &laquo;&nbsp;sujets&nbsp;&raquo;, par ses demandes directes mais aussi par l&rsquo;int&eacute;riorisation et l&rsquo;anticipation de celles-ci par les phonographi&eacute;s eux-m&ecirc;mes, comme l&rsquo;explique Pascal Cordereix&nbsp;:</p> <blockquote> <p>On impose alors les th&egrave;mes des monologues ou des discussions &agrave; enregistrer&nbsp;; on en &eacute;limine d&rsquo;autres, le tout devant &ecirc;tre conforme &agrave; la repr&eacute;sentation lettr&eacute;e qu&rsquo;on a des &laquo;&nbsp;sujets&nbsp;&raquo;&nbsp;: ruraux, enclav&eacute;s, arri&eacute;r&eacute;s pour tout dire. Je cite Ferdinand Brunot&nbsp;: &laquo;&nbsp;M. Bricau s&rsquo;est si bien rendu compte de ce que nous voulions, que de lui-m&ecirc;me, il cessa de parler de ses cultures modernes, parce que n&eacute;cessairement les machines et les engrais chimiques y jouaient un grand r&ocirc;le, il &eacute;tait entra&icirc;n&eacute; &agrave; m&ecirc;ler &agrave; son langage ordinaire des mots savants, d&rsquo;origine fran&ccedil;aise qui en g&acirc;taient le caract&egrave;re&nbsp;&raquo;<sup><a href="«#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a></sup></p> </blockquote> <p>Plus tard, l&rsquo;&eacute;closion des radios locales associatives donne un nouvel &eacute;lan &agrave; la pratique radiophonique en langue bretonne, et, progressivement, le souci d&rsquo;archiver ces expressions s&rsquo;affirme. Toutes ces &eacute;missions radiophoniques nous fournissent aujourd&rsquo;hui des mat&eacute;riaux historiques sonores pr&eacute;cieux. Si on fouille dans ces archives sonores amass&eacute;es depuis des dizaines d&rsquo;ann&eacute;es maintenant, on trouve ainsi la voix d&rsquo;un prisonnier politique survivant des camps nazis, des t&eacute;moignages sur l&rsquo;arriv&eacute;e de l&rsquo;&eacute;lectricit&eacute;, du d&eacute;but de l&rsquo;agriculture motoris&eacute;e, de l&rsquo;immigration des Bretons &agrave; Paris ou au Canada. Ou plus r&eacute;cemment, le t&eacute;moignage d&rsquo;un Breton parti combattre au Rojava et mort sous les bombes turques apr&egrave;s avoir lib&eacute;r&eacute; Raqqa, d&rsquo;une victime d&rsquo;inceste dans le Centre-Bretagne, des manifestations contre la r&eacute;forme des retraites...</p> <p>Bref, une multitude d&rsquo;enregistrements sonores de t&eacute;moins s&rsquo;exprimant en langue bretonne. Car ces archives radiophoniques permettent de faire surgir des interview&eacute;s porteurs d&rsquo;un point de vue singulier et situ&eacute; sur le monde et, en cela, tranchent avec la vision des folkloristes du si&egrave;cle pass&eacute;. Ils ne sont plus simplement les derniers repr&eacute;sentants d&rsquo;un pass&eacute; ancestral, d&eacute;positaires d&rsquo;un h&eacute;ritage culturel, aupr&egrave;s desquels on consulterait un savoir ancien comme on consulte un grimoire. Avec cette bascule, on assiste &agrave; l&rsquo;&eacute;mergence et la valorisation de la figure du t&eacute;moin.</p> <p>Malgr&eacute; les exemples pr&eacute;sent&eacute;s pr&eacute;c&eacute;demment, on ne peut que regretter que ces t&eacute;moignages en langue minoritaire restent cantonn&eacute;s aux confins de la bande FM. En privil&eacute;giant la parole francophone sur nos antennes radios, on participe en r&eacute;alit&eacute; &agrave; la constitution d&rsquo;une histoire linguistique partielle. Citons ici le travail de Nicolas Jounin, &Eacute;lise Palomares et Aude Rabaud dans leur article &laquo;&nbsp;Ethnicisations ordinaires, voix minoritaires&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Les voix des minoritaires interviennent dans un ordre symbolique qui les sp&eacute;cifie, les isole, les amoindrit. Y pr&ecirc;ter attention, c&rsquo;est donc aussi interroger cet ordre. Et c&rsquo;est peut-&ecirc;tre entrevoir par o&ugrave; s&rsquo;insinuent les r&eacute;sistances, justement, &agrave; la domination, l&rsquo;exploitation, l&rsquo;oppression<sup><a href="«#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a></sup></p> </blockquote> <h2>3. De la marge radiophonique &agrave; l&rsquo;&eacute;vanescence des archives</h2> <p>Quelle est donc la place des langues minoritaires dans les pratiques radiophoniques&nbsp;? Sur les ondes, on peut entendre, quelques mots de parlers, langues et dialectes populaires, bien s&ucirc;r, mais ces espaces sont marginaux, comme le d&eacute;crit le sociolinguiste Philippe Blanchet Lunati&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Globalement, l&rsquo;usage d&rsquo;autres langues que le fran&ccedil;ais n&rsquo;est donc pas absent mais marginalis&eacute; par la r&egrave;glementation et, m&ecirc;me si certaines radios la contournent, par l&rsquo;ordre sociolinguistique dominant. Les radios publiques, financ&eacute;es notamment par les contributions de la population, cens&eacute;es offrir un service &agrave; l&rsquo;ensemble des populations, ne font presque jamais entendre les voix d&rsquo;une partie des populations, dans leurs langues y compris dites de France. La radio renforce ainsi leur marginalisation et produit une discrimination, par rapport aux citoyens dont la voix s&rsquo;exprime &agrave; travers le fran&ccedil;ais comme langue premi&egrave;re.<sup><a href="«#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a></sup></p> </blockquote> <p>Cette r&eacute;flexion valable pour les langues minoritaires vaut en r&eacute;alit&eacute; pour l&rsquo;ensemble des groupes minoritaires. Avec cette question&nbsp;: comment raconter et garder souvenir de groupes sociaux domin&eacute;s quand l&rsquo;histoire se raconte &agrave; grands traits&nbsp;? Cette marge avait &eacute;t&eacute; questionn&eacute;e lors de la rencontre universitaire &laquo;&nbsp;L&rsquo;histoire des minorit&eacute;s est-elle une histoire marginale&nbsp;?&nbsp;&raquo;. Dans la pr&eacute;face de l&rsquo;&eacute;dition des actes du colloque, Esther Benbassa, historienne sp&eacute;cialiste des minorit&eacute;s, affirmait ainsi&nbsp;:</p> <blockquote> <p>L&rsquo;histoire des &lsquo;&lsquo;humbles&rsquo;&rsquo; reste ordinairement confin&eacute;e &agrave; l&rsquo;univers des sp&eacute;cialistes, sans atteindre les livres scolaires, et encore moins les &lsquo;&lsquo;humbles&rsquo;&rsquo; eux-m&ecirc;mes. Les minorit&eacute;s sont les &lsquo;&lsquo;modestes&rsquo;&rsquo; de l&rsquo;histoire, ceux du dehors qui peinent &agrave; atteindre le dedans. Ce sont en fait des hors-l&rsquo;histoire. Pour eux, la bataille de l&rsquo;intronisation historique est loin d&rsquo;&ecirc;tre gagn&eacute;e<sup><a href="«#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a></sup>.</p> </blockquote> <p>Comment sortir les langues minoritaires de ces marges&nbsp;? D&rsquo;abord en les enregistrant, et il est &agrave; ce titre int&eacute;ressant de discuter d&rsquo;un des &eacute;pisodes du <em>Journal breton</em> d&rsquo;In&egrave;s L&eacute;raud, diffus&eacute; dans l&rsquo;&eacute;mission &laquo;&nbsp;Les Pieds sur terre&nbsp;&raquo;<em>. </em>Dans l&rsquo;un des &eacute;pisodes de l&rsquo;&eacute;mission, on entend une famille du Centre-Bretagne s&rsquo;exprimer en breton dans l&rsquo;intimit&eacute; d&rsquo;une journ&eacute;e ordinaire. &laquo;&nbsp;La langue bretonne refleurit dans le quotidien de familles qui le parlent avec leurs enfants, et aussi avec les vieux du village qui ne l&rsquo;avaient pas transmise &agrave; leurs propres enfants&hellip;<sup><a href="«#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a></sup>&nbsp;&raquo; annonce le chapeau de l&rsquo;&eacute;mission sur le site Kubweb.</p> <p>Le court dialogue n&rsquo;est pas doubl&eacute; et figure un univers sonore. La langue bretonne est ici une langue visibilis&eacute;e et pr&eacute;sent&eacute;e comme un des &eacute;l&eacute;ments banals du paysage sonore de la commune de Tr&eacute;margat. Entendue par des auditeurs d&rsquo;une cha&icirc;ne nationale, elle sort des marges auxquelles elle est assign&eacute;e, et des ondes de radios locales et associatives qui sont bien les seules &agrave; l&rsquo;accueillir. Dans un article sur les radios libres et la diversit&eacute; linguistique, Olivier Morel notait justement&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Marginalis&eacute;es dans les espaces nationaux, peu ou pas repr&eacute;sent&eacute;es dans les m&eacute;dias traditionnels, les langues de l&rsquo;immigration se sont exprim&eacute;es au sein des radio associatives, le seul espace o&ugrave; l&rsquo;hospitalit&eacute; &eacute;tait inconditionnelle, ne d&eacute;pendant que du degr&eacute; d&rsquo;initiative des concepteurs de programmes. Pour les langues r&eacute;gionales, la pratique associative de la radio permet de vivre et faire vivre une histoire [&hellip;]. Pour tous, c&rsquo;est le partage d&rsquo;exp&eacute;riences et de savoirs qui touchent de pr&egrave;s &agrave; une condition historique&nbsp;: celle des domin&eacute;s<sup><a href="«#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a></sup>.</p> </blockquote> <p>Ces documents radiophoniques, bien que marginalis&eacute;s, sont de pr&eacute;cieuses archives sonores et sont sans nulle doute la principale source de ces derni&egrave;res. La constitution des archives se faisant par strates, par d&eacute;p&ocirc;ts successifs, l&rsquo;invisibilisation des ondes entra&icirc;ne, par ricochet, une invisibilisation des archives. &laquo;&nbsp;La s&eacute;lection s&rsquo;op&egrave;re selon le &lsquo;&lsquo;principe de rar&eacute;faction du discours&rsquo;&rsquo; d&eacute;crit par Michel Foucault, qui est au c&oelig;ur du dispositif-archive<sup><a href="«#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a></sup>&nbsp;&raquo;. Double invisibilisation&nbsp;: invisibilisation actuelle par l&rsquo;absence sur les ondes radiophoniques, et invisibilisation future par l&rsquo;absence de documents &agrave; archiver.</p> <p>&laquo;&nbsp;L&rsquo;archive commence par la s&eacute;lection, et cette s&eacute;lection est une violence. Il n&rsquo;y a pas d&rsquo;archive sans violence<sup><a href="«#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a></sup>&nbsp;&raquo;, soulignait le philosophe Jacques Derrida. Et, &agrave; la &laquo;&nbsp;violence&nbsp;&raquo; de l&rsquo;invisibilisation des groupes linguistiques, s&rsquo;ajoute celle de l&rsquo;invisibilisation linguistique que nous qualifierons ici d&rsquo;individuelle<em>. </em>Il faut en effet remarquer que les archives sonores de grandes figures de France sont le plus souvent en fran&ccedil;ais uniquement. L&rsquo;exemple le plus frappant, et peut-&ecirc;tre le plus navrant, est celui d&rsquo;Ernest Renan, un des grands penseurs du XIX<sup>e</sup> si&egrave;cle. En 1891, il est en compagnie de son ami Gustave Eiffel, &agrave; qui Thomas Edison a offert un phonographe. Le natif de Tr&eacute;guier est alors invit&eacute; &agrave; d&eacute;poser ses pens&eacute;es et son amusement dans les sillons d&rsquo;un phonogramme. Il s&rsquo;agit d&rsquo;un incunable l&rsquo;histoire de l&rsquo;enregistrement sonore de langue fran&ccedil;aise, mais il y a l&agrave; encore une absence, celle de la langue maternelle d&rsquo;Ernest Renan&nbsp;: le breton<sup><a href="«#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a></sup>.</p> <p>Une autre raison de l&rsquo;invisibilisation tient sans doute &agrave; l&rsquo;objet de cette publication : la voix sur les ondes. Car, particuli&egrave;rement en France, la majorit&eacute; des documents consid&eacute;r&eacute;s comme d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t historique sont des sources &eacute;crites et pour une majorit&eacute; d&rsquo;entre elles sont produites par l&rsquo;administration (fiche militaire, recensement, cadastre&hellip;). Le son et l&rsquo;audiovisuel sont les parents pauvres des archives. En cela, on peut dire que les archives sonores en langue minoritaire sont doublement minoris&eacute;es. Par leur support et par la langue d&rsquo;&eacute;mission.</p> <h2>Conclusion</h2> <p>Il manque aujourd&rsquo;hui des espaces radiophoniques pour ces m&eacute;moires en langues minoritaires. Une langue doit pouvoir exprimer une grande palette des r&eacute;alit&eacute;s sociales, et l&rsquo;expression radiophonique de diff&eacute;rents aspects de la vie de ses locuteurs en est une. S&rsquo;il a &eacute;t&eacute; question dans cet article de l&rsquo;exemple des langues minoritaires sur les ondes, cette r&eacute;flexion s&rsquo;&eacute;tend &agrave; tous les parlers minoritaires, parlers populaires notamment, ou plus g&eacute;n&eacute;ralement tous groupes minoritaires. Soulignons par exemple le travail remarquable effectu&eacute; sur les archives de Radio Lorraine C&oelig;ur d&rsquo;Acier<sup><a href="«#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a></sup>, ou plus r&eacute;cemment le lancement d&rsquo;un centre d&rsquo;archives LGBTQI+<sup><a href="«#_ftn35" name="_ftnref35">[35]</a></sup>, avec une place importante accord&eacute;e aux t&eacute;moignages sonores. On ne peut que regretter qu&rsquo;un m&ecirc;me &eacute;lan n&rsquo;existe pas encore pour des archives en langues minoritaires pour permettre une meilleure visibilit&eacute; de la parole en ces langues minoris&eacute;es. Ce premier chantier ne saurait cependant &ecirc;tre complet sans une action de &laquo;&nbsp;patrimonialisation&nbsp;&raquo; des archives. Par &laquo;&nbsp;patrimonialisation&nbsp;&raquo; nous entendons, &agrave; l&rsquo;instar de Pascal Cordereix, l&rsquo;ensemble des actions qui visent non seulement &agrave; &laquo;&nbsp;p&eacute;renniser physiquement et/ou num&eacute;riquement des collections sur le tr&egrave;s long terme, et ce quelles que soient les &eacute;volutions technologiques&nbsp;&raquo; mais aussi &agrave; &laquo;&nbsp;pouvoir les communiquer au public, l&agrave; aussi sur le long terme, nonobstant les sauts ou les ruptures technologiques, et de les valoriser<sup><a href="«#_ftn36" name="_ftnref36">[36]</a></sup>.&nbsp;&raquo;</p> <p>Il y a bien s&ucirc;r des initiatives, encore tr&egrave;s r&eacute;cemment. Le premier podcast Ouest-France en langue bretonne s&rsquo;appelle justement &laquo;&nbsp;Eus ur remziad d&rsquo;egile<sup><a href="«#_ftn37" name="_ftnref37">[37]</a></sup>&nbsp;&raquo; (je traduis&nbsp;: &laquo;&nbsp;D&rsquo;une g&eacute;n&eacute;ration &agrave; l&rsquo;autre&nbsp;&raquo;). Il est n&eacute; de la volont&eacute; de collecter et de raconter l&rsquo;histoire de la lutte pour la langue bretonne &agrave; partir des ann&eacute;es 1970 &agrave; travers le t&eacute;moignage des acteurs et militants de l&rsquo;&eacute;poque. Ces t&eacute;moignages, qui resteront bien apr&egrave;s la disparition des interview&eacute;s, font &eacute;cho &agrave; l&rsquo;invention de Charles Cros. En 1877, l&rsquo;inventeur et po&egrave;te fran&ccedil;ais n&rsquo;avait-il pas nomm&eacute; sa machine phonographique, le pal&eacute;ophone, autrement dit la voix du pass&eacute; ?</p> <h2>Notes</h2> <p><sup><a href="«#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a></sup>Jean-Jacques Monnier, <em>R&eacute;sistance et conscience bretonne, 1940-1945 : l&rsquo;hermine contre la croix gamm&eacute;e</em>, Fouesnant, Yoran embanner, 2007.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a></sup>Camille Renard, &laquo;&nbsp;De Gaulle : &eacute;coutez l&rsquo;appel du 18 juin&nbsp;&raquo;, France Culture, 18 juin 2020, <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/de-gaulle-ecoutez-l-appel-du-18-juin-8730040">https://www.radiofrance.fr/franceculture/de-gaulle-ecoutez-l-appel-du-18-juin-8730040</a>.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a></sup>Brug, novembre 1913, cit&eacute; dans J. Didier Giraud et Marielle Giraud, <em>&Eacute;mile Masson, un professeur de libert&eacute;</em>, Chamali&egrave;res, &Eacute;ditions Canope, 1991, p.&nbsp;223.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a></sup>Emmanuel Hoog, &laquo;&nbsp;Tout garder&nbsp;? Les dilemmes de la m&eacute;moire &agrave; l&#39;&acirc;ge m&eacute;diatique&nbsp;&raquo;,&nbsp;Le D&eacute;bat, vol. 125, no. 3, 2003, p.&nbsp;168-189, en ligne&nbsp;: <a href="https://doi.org/10.3917/deba.125.0168">https://doi.org/10.3917/deba.125.0168</a></p> <p><sup><a href="«#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a></sup>Pascal Cordereix, &laquo;&nbsp;Chronique d&rsquo;une matin&eacute;e po&eacute;tique. Guillaume Apollinaire aux Archives de la parole&nbsp;&raquo;, <em>Revue de la BNF</em> 55, n<sup>o</sup> 2, 2017,p.&nbsp;114‑25, en ligne : <a href="https://doi.org/10.3917/rbnf.055.0114">https://doi.org/10.3917/rbnf.055.0114</a>.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a></sup>Roger Decollogne, &laquo;&nbsp;Les archives sonores et la Phonoth&egrave;que nationale&nbsp;&raquo;, <em>La Gazette des archives</em>, n<sup>o</sup> 92, 1976, p.&nbsp;21‑27.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a></sup>Pascal Cordereix, &laquo;&nbsp;Ferdinand Brunot, le phonographe et les &laquo; patois &raquo;&nbsp;&raquo;, <em>Le Monde alpin et rhodanien. Revue r&eacute;gionale d&rsquo;ethnologie</em>, n<sup>o&nbsp;</sup>1-3, 200, p.&nbsp;39.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a></sup><em><a href="https://doi.org/10.3406/mar.2001.1729.">I</a>d</em>., p. 46.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a></sup>Henri Chamoux, <em>La diffusion de l&rsquo;enregistrement sonore en France &agrave; la Belle &Eacute;poque (1893-1914)</em>, Universit&eacute; de Paris-1 Panth&eacute;on-Sorbonne, 2015, th&egrave;se en ligne&nbsp;: <a href="https://www.archeophone.org/these/dl/these_last.pdf">https://www.archeophone.org/these/dl/these_last.pdf</a>.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a></sup>Florence Descamps, <em>Archiver la m&eacute;moire : de l&rsquo;histoire orale au patrimoine immat&eacute;riel</em>, Paris, &Eacute;ditions EHESS, &laquo;&nbsp;Cas de figure&nbsp;&raquo;, 2019, p. 41.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a></sup><em>Id</em>., p.42</p> <p><sup><a href="«#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a></sup>Britta Lange, &laquo;&nbsp;Archival Silences as Historical Sources&nbsp;&raquo;, <em>SoundEffects</em>, 2017, en ligne&nbsp;: <a href="https://www.soundeffects.dk/article/view/105232/154043">https://www.soundeffects.dk/article/view/105232/154043</a>.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a></sup>Pantxika Delobel, &laquo;&nbsp;Pays basque : il d&eacute;couvre une lettre et des enregistrements de son grand-p&egrave;re datant de la Premi&egrave;re Guerre mondiale&nbsp;&raquo;, <em>Sud-Ouest</em>, 12 f&eacute;vrier 2021, en ligne&nbsp;: <a href="https://www.sudouest.fr/pyrenees-atlantiques/arcangues/pays-basque-il-decouvre-une-lettre-et-des-enregistrements-de-son-grand-pere-datant-de-la-premiere-guerre-mondiale-1293062.php">https://www.sudouest.fr/pyrenees-atlantiques/arcangues/pays-basque-il-decouvre-une-lettre-et-des-enregistrements-de-son-grand-pere-datant-de-la-premiere-guerre-mondiale-1293062.php</a>.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a></sup>&laquo;&nbsp;M&ecirc;me morts nous chantons&nbsp;&raquo;, France Culture, &laquo;&nbsp;Cr&eacute;ation On Air&nbsp;&raquo;, Paris, octobre 2017, <a href="https://www.franceculture.fr/emissions/creation-air/tandem-428-meme-morts-nous-chantons-12">https://www.franceculture.fr/emissions/creation-air/tandem-428-meme-morts-nous-chantons-12</a>.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a></sup>Sarah Murrenhoff, &laquo;&nbsp;Und pl&ouml;tzlich singen Geister&nbsp;&raquo;, <em>Deutschlandfunk Kultur</em>, 9 novembre 2018, <a href="https://www.deutschlandfunkkultur.de/klang-macht-geschichte-und-ploetzlich-singen-geister-100.html">https://www.deutschlandfunkkultur.de/klang-macht-geschichte-und-ploetzlich-singen-geister-100.html</a>, consult&eacute; le 9 mai 2023.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a></sup>Philippe Baudouin, &laquo;&nbsp;Arch&eacute;ologie des machines occultes&nbsp;&raquo;, <em>Terrain</em>, n<sup>o&nbsp;</sup>69, 2018, p.&nbsp;96‑113.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a></sup>Marie Gu&eacute;rin, &laquo;&nbsp;Biographie&nbsp;&raquo;, consult&eacute; le 9 mai 2023, <a href="https://marie-guerin.fr/biographie">https://marie-guerin.fr/biographie</a>.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a></sup>Marie-Barbara Le Gonidec <em>et al.</em>, <em>Les archives de la Mission de folklore musical en Basse-Bretagne de 1939 du Mus&eacute;e national des arts et traditions populaires</em>, La librairie des cultures, n<sup>o</sup> 3, Paris : CTHS&nbsp;; Rennes: Dastum, 2009.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a></sup>Charlez Ar Gall et Fa&ntilde;ch Broudic, <em>Breiz o veva</em>, Brest, Emgleo Breiz, 2011.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a></sup>Florence Descamps, <em>Archiver la m&eacute;moire : de l&rsquo;histoire orale au patrimoine immat&eacute;riel</em>, Paris, &Eacute;ditions EHESS, &laquo;&nbsp;Cas de figure&nbsp;&raquo;, 2019, p.41.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a></sup> Nicolas, Pierre. &laquo;&nbsp;Quimper : Inauguration de Radio Bretagne Ouest radio de Radio France&nbsp;&raquo;. <em>Rennes soir</em>, Rennes : France R&eacute;gions 3 Rennes, 30 juillet 1982, en ligne : <a href="https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/ryc9807157691/quimper-inauguration-de-radio-bretagne-ouest-radio-de-radio-france">https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/video/ryc9807157691/quimper-inauguration-de-radio-bretagne-ouest-radio-de-radio-france</a></p> <p><sup><a href="«#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a></sup>Cr&eacute;ation par Radio-France d&rsquo;une station d&eacute;centralis&eacute;e dans le Finist&egrave;re, Discussion g&eacute;n&eacute;rale, Conseil G&eacute;n&eacute;ral du Finist&egrave;re, 1982, s&eacute;ance du 26 janvier, n&deg;14903 (nomenclature), n&deg;135ter (rapport), page rapport 308.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a></sup>Herv&eacute; Dr&eacute;an, <em>Bruits, musiques et silences : environnements sonores de Haute-Bretagne (1880-1950)</em>, Aubervilliers, &Eacute;ditions du Comit&eacute; des travaux historiques et scientifiques, 2022, p.&nbsp;14.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a></sup>Roland Barthes, <em>La chambre claire : note sur la photographie</em>, Paris, Gallimard, 1980.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a></sup>Pascal Cordereix, &laquo;&nbsp;Ferdinand Brunot, le phonographe et les &laquo; patois &raquo;&nbsp;&raquo;, <em>op. cit</em>. , p.&nbsp;47</p> <p><sup><a href="«#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a></sup>Nicolas Jounin, &Eacute;lise Palomares, &amp; Aude Rabaud, &laquo;&nbsp;Ethnicisations ordinaires, voix minoritaires&nbsp;&raquo;, <em>Soci&eacute;t&eacute;s contemporaines,</em> n&deg;70, n&deg;2, 2008, p.&nbsp;7-23.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a></sup>Philippe Blanchet Lunati. &laquo;&nbsp;Quand les voix s&rsquo;entendent en langues vari&eacute;es&nbsp;: radio et marginalisation linguistique.&nbsp;&raquo; <em>Herm&egrave;s, La Revue,</em> vol.&nbsp;92, n&deg;2, 2023, p.&nbsp;85-92, en ligne&nbsp;: <a href="https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2023-2-page-85.htm">https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2023-2-page-85.htm</a></p> <p><sup><a href="«#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a></sup>St&eacute;phanie Laithier et Vincent Vilmain, <em>L&rsquo;histoire des minorit&eacute;s est-elle une histoire marginale ?</em>, Cahiers Alberto Benveniste, Paris, Presses de l&rsquo;Universit&eacute; Paris-Sorbonne, 2007, p.&nbsp;7.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a></sup>In&egrave;s L&eacute;raud, &laquo;&nbsp;Journal breton&nbsp;&raquo;, en ligne, lien consult&eacute; le 5 mai 2023&nbsp;: <a href="https://www.kubweb.media/page/ines-leraud-journal-breton/#TREMARGAT">https://www.kubweb.media/page/ines-leraud-journal-breton/#TREMARGAT</a>.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a></sup>Olivier Morel, &laquo;&nbsp;Radios libres et diversit&eacute; linguistique&nbsp;&raquo;, <em>Hommes &amp; Migrations</em>, n<sup>o</sup> 1252, 2004, p.&nbsp;95‑98, en ligne&nbsp;: <a href="https://doi.org/10.3406/homig.2004.4275">https://doi.org/10.3406/homig.2004.4275</a>.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a></sup>St&eacute;phanie Laithier et Vincent Vilmain (dir.), <em>L&rsquo;histoire des minorit&eacute;s est-elle une histoire marginale ?</em>, <em>op.cit</em>., p.&nbsp;34.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a></sup>Jacques Derrida, <em>Trace et archive, image et art</em>, Bry-sur-Marne, INA &Eacute;ditions, 2014, p.&nbsp;60.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a></sup>Ernest Renan, <em>Souvenirs d&rsquo;enfance et de jeunesse</em>, &eacute;d. par Jean Pommier, Paris, Gallimard, 1983.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a></sup>Pierre Barron <em>et al</em>., <em>Un morceau de chiffon rouge ; Lorraine C&oelig;ur d&rsquo;acier</em>, <em>Un morceau de chiffon rouge ; Lorraine Coeur d&rsquo;acier</em>. Montreuil, La Vie ouvri&egrave;re Editions, 2012.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref35" name="_ftn35">[35]</a></sup>Nils Hollenstein, &laquo;&nbsp;M&eacute;moires LGBTQI+ : &quot;Des archives vivantes, partout, et pour tout le monde&quot;&nbsp;&raquo;, Basta!, 16 mai 2023, en ligne&nbsp;: <a href="https://basta.media/memoires-lgbtqi-des-archives-vivantes-partout-et-pour-tout-le-monde">https://basta.media/memoires-lgbtqi-des-archives-vivantes-partout-et-pour-tout-le-monde</a>.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref36" name="_ftn36">[36]</a></sup>Pascal Cordereix, &laquo; Les enjeux de la conservation du patrimoine sonore enregistr&eacute; &raquo;, Gilles Pierret &eacute;d., <em>Musique en biblioth&egrave;que</em>. Paris : &Eacute;ditions du Cercle de la Librairie, &laquo; Biblioth&egrave;ques &raquo;, 2012, p.&nbsp;273-295, en ligne&nbsp;: <a href="https://doi.org/10.3917/elec.alix.2012.02.0273">https://doi.org/10.3917/elec.alix.2012.02.0273.</a></p> <p><sup><a href="«#_ftnref37" name="_ftn37">[37]</a></sup>Aziliz Peaudecerf, &laquo; &quot;Eus ur remziad d&rsquo;egile&quot; : Ouest-France lance sa premi&egrave;re s&eacute;rie de podcast en breton&nbsp;&raquo;, <em>Ouest-France</em>, 8 septembre 2022, en ligne&nbsp;: <a href="https://www.ouest-france.fr/bretagne/langue-bretonne/podcast-d-ur-remziad-d-egile-ouest-france-lance-sa-premiere-serie-de-podcast-en-breton-6b2dd094-2859-11ed-9759-37dc7c5c3542">https://www.ouest-france.fr/bretagne/langue-bretonne/podcast-d-ur-remziad-d-egile-ouest-france-lance-sa-premiere-serie-de-podcast-en-breton-6b2dd094-2859-11ed-9759-37dc7c5c3542</a>.</p> <h2>Auteur</h2> <p>Tudi Crequer est doctorant &agrave; l&rsquo;universit&eacute; de Rennes-2, membre du Centre d&#39;Etudes des Langues, Territoires et Identit&eacute;s Culturelles&ndash; Bretagne et Langues Minoritaires (CELTIC-BLM) et chercheur associ&eacute; au service son de la Biblioth&egrave;que nationale de France (BnF).</p>