<p>Les chercheurs ukrainiens ont jusqu&rsquo;&agrave; aujourd&rsquo;hui &eacute;tudi&eacute; le reportage et la chronique dans la presse principalement. Voici quelques exemples de ces travaux. T.&nbsp;Liashenko a examin&eacute;, dans la presse allemande, les caract&eacute;ristiques structurelles, compositionnelles, linguistiques et pragmatiques des comptes rendus dans les revues d&rsquo;histoire de l&rsquo;art<sup><a href="«#_ftn1" name="_ftnref1">[1]</a></sup>. I.&nbsp;Gavryliuk a consacr&eacute; sa th&egrave;se aux sp&eacute;cificit&eacute;s et au fonctionnement des microsyst&egrave;mes figuratifs (tropes et d&eacute;tails) dans la structure des reportages<sup><a href="«#_ftn2" name="_ftnref2">[2]</a></sup>. J.&nbsp;Mozgova s&rsquo;est int&eacute;ress&eacute;e aux reportages allemands sous l&rsquo;angle de l&rsquo;expressivit&eacute; des moyens stylistiques<sup><a href="«#_ftn3" name="_ftnref3">[3]</a></sup>. La structure et la s&eacute;mantique du reportage a fait l&rsquo;objet de la th&egrave;se de R.&nbsp;Nazar<sup><a href="«#_ftn4" name="_ftnref4">[4]</a></sup>. D&rsquo;autre part, des travaux de chercheurs &eacute;trangers ont &eacute;t&eacute; traduits en ukrainien<sup><a href="«#_ftn5" name="_ftnref5">[5]</a></sup>. Pour ce qui est du reportage radiophonique, son organisation intonative a &eacute;t&eacute; &eacute;tudi&eacute;e, dans sa th&egrave;se, par E.&nbsp;Semenova, qui a men&eacute; une &eacute;tude phon&eacute;tique exp&eacute;rimentale sur des productions en langue fran&ccedil;aise. Son travail rel&egrave;ve clairement de la linguistique<sup><a href="«#_ftn6" name="_ftnref6">[6]</a></sup>. Les chercheurs qui s&rsquo;int&eacute;ressent &agrave; la chronique, le font principalement dans une perspective historique. De nombreux travaux sont consacr&eacute;es aux productions de chroniqueurs ukrainiens c&eacute;l&egrave;bres, comme Ostap Vyсhnia<sup><a href="«#_ftn7" name="_ftnref7">[7]</a></sup>, Spyrydon Tcherkasenko<sup><a href="«#_ftn8" name="_ftnref8">[8]</a></sup>, Serhiy Yefremov<sup><a href="«#_ftn9" name="_ftnref9">[9]</a></sup>, Hrygori Matchet<sup><a href="«#_ftn10" name="_ftnref10">[10]</a></sup>, Roman Kouptchynski<sup><a href="«#_ftn11" name="_ftnref11">[11]</a></sup>, Stepan Vasyltchenko<sup><a href="«#_ftn12" name="_ftnref12">[12]</a></sup>. Il existe &eacute;galement des travaux sur la chronique &agrave; une p&eacute;riode donn&eacute;e<sup><a href="«#_ftn13" name="_ftnref13">[13]</a></sup>. Leurs travaux sur l&rsquo;histoire de la chronique ont conduit certains chercheurs &agrave; affirmer, de fa&ccedil;on quelque peu cat&eacute;gorique, que cette forme est actuellement en voie de disparition dans la presse ukrainienne contemporaine<sup><a href="«#_ftn14" name="_ftnref14">[14]</a></sup>. Il est cependant n&eacute;cessaire de nuancer ces affirmations en tenant compte de l&rsquo;&eacute;volution de la chronique. D&egrave;s lors, il appara&icirc;t que, loin de dispara&icirc;tre, celle-ci ne fait que se transformer, adopter des formes nouvelles, et conna&icirc;t m&ecirc;me une vitalit&eacute; remarquable.</p> <p>Les recherches sur le reportage radiophonique et la chronique radiophonique, en r&egrave;gle g&eacute;n&eacute;rale, replacent ces pratiques dans le syst&egrave;me g&eacute;n&eacute;ral des formats radiophoniques. Cela s&rsquo;applique &agrave; la plupart des travaux publi&eacute;s dans le p&eacute;riodique sp&eacute;cialis&eacute;&nbsp;<em>T&eacute;l&eacute;vision et journalisme radio</em> de l&rsquo;Universit&eacute; nationale Ivan Franko de Lviv. Par exemple, I.&nbsp;Golovenko a consacr&eacute; un article aux moyens d&rsquo;expression dans les formats radiophoniques informationnels, analytiques et journalistico-artistiques [художественно-публицистические]<sup><a href="«#_ftn15" name="_ftnref15">[15]</a></sup>. La voix en tant que composante importante de la parole a fait l&rsquo;objet d&rsquo;une &eacute;tude d&rsquo;A.&nbsp;Serbenska<sup><a href="«#_ftn16" name="_ftnref16">[16]</a></sup>. Les principes m&eacute;thodologiques du fonctionnement des formats informatifs &agrave; la t&eacute;l&eacute;vision et &agrave; la radio ont &eacute;t&eacute; mis en &eacute;vidence par les travaux d&rsquo;O.&nbsp;Bilous<sup><a href="«#_ftn17" name="_ftnref17">[17]</a></sup>.</p> <p>Le vaste espace radiophonique de l&rsquo;Ukraine contribue &agrave; la vitalit&eacute; du reportage et de la chronique radiophoniques&nbsp;: &laquo;&nbsp;S&rsquo;il y a environ 400 stations de radio en Ukraine, 255 d&rsquo;entre elles sont locales&nbsp;&raquo;, a d&eacute;clar&eacute; Serhiy Kostynski, membre du Conseil national ukrainien de la t&eacute;l&eacute;vision et de la radiodiffusion<sup><a href="«#_ftn18" name="_ftnref18">[18]</a></sup>. La forte saturation de l&rsquo;espace radiophonique ukrainien signifie qu&rsquo;&laquo;&nbsp;en moyenne, un ukrainien passe 4 heures et 20 minutes par jour &agrave; &eacute;couter la radio. On &eacute;coute la radio le plus souvent au travail, &agrave; la maison et dans la voiture<sup><a href="«#_ftn19" name="_ftnref19">[19]</a></sup>&nbsp;&raquo;. Un tel temps d&rsquo;&eacute;coute est suffisant pour qu&rsquo;on puisse parler d&rsquo;un impact significatif du reportage et de la chronique radiophoniques.</p> <p>Le point de d&eacute;part du reportage comme de la chronique est le fait. Cependant, le format radiophonique conduit invariablement &agrave; une transposition des r&eacute;alit&eacute;s objectives. Nous pouvons alors parler de l&rsquo;image sonore du fait. Cette dimension des productions radiophoniques a fait l&rsquo;objet de plusieurs travaux : l&rsquo;identification du potentiel pragmatique et cognitif des moyens d&rsquo;expression du journalisme radiophonique a &eacute;t&eacute; &eacute;tudi&eacute;e par Y.&nbsp;Lubtchenko<sup><a href="«#_ftn20" name="_ftnref20">[20]</a></sup>&nbsp;; l&rsquo;image sonore elle-m&ecirc;me a &eacute;t&eacute; analys&eacute;e par P.&nbsp;Miroshnichenko, qui lui a consacr&eacute; une monographie. Ce chercheur propose une nouvelle compr&eacute;hension du concept&nbsp;:</p> <p>&ldquo;L&rsquo;image sonore&rdquo; doit &ecirc;tre comprise comme une synth&egrave;se complexe de moyens d&rsquo;expression (langage, musique et bruits), avec un potentiel &eacute;lev&eacute; et stable d&rsquo;influence suggestive-intentionnelle sur le public, d&eacute;pendant directement de l&rsquo;objectif et des motivations de l&rsquo;auteur ainsi que des besoins et int&eacute;r&ecirc;ts des auditeurs<sup><a href="«#_ftn21" name="_ftnref21">[21]</a></sup>.</p> <p>Cette d&eacute;finition n&eacute;cessite, &agrave; notre avis, certains compl&eacute;ments et ajustements. De toute &eacute;vidence, il faut souligner qu&rsquo;une image sonore est une image concr&egrave;te et objective mais en m&ecirc;me temps le r&eacute;sultat d&rsquo;un processus d&rsquo;associations, produites par une s&eacute;rie de sons s&eacute;mantiquement pleine qui suscite des visualisations dans l&rsquo;esprit du destinataire. Par cons&eacute;quent, toutes les composantes d&rsquo;une image sonore - parole, bruit, musique - doivent &ecirc;tre en harmonie et former une unit&eacute; syst&eacute;mique. Les connexions al&eacute;atoires ou non motiv&eacute;es entre ces &eacute;l&eacute;ments doivent &ecirc;tre &eacute;vit&eacute;es. En m&ecirc;me temps, le caract&egrave;re m&eacute;canique des associations conduit &agrave; des images sonores non naturelles, st&eacute;r&eacute;otyp&eacute;es et banales.</p> <p>Malgr&eacute; l&rsquo;abondante bibliographie scientifique consacr&eacute;e au reportage et la chronique, il n&rsquo;existe pas d&rsquo;analyse comparative des caract&eacute;ristiques de ces deux formes. Pourtant, une comparaison entre le reportage radiophonique et la chronique radiophonique peut conduire &agrave; des conclusions g&eacute;n&eacute;rales int&eacute;ressantes sur les sp&eacute;cificit&eacute;s du journalisme radiophonique et sur l&rsquo;&eacute;volutions des ses formes.</p> <p>Le reportage radiophonique est traditionnellement consid&eacute;r&eacute; comme un format informatif. Sa t&acirc;che principale est de transmettre des donn&eacute;es fiables provenant du lieu o&ugrave; ont pris place les &eacute;v&eacute;nements relat&eacute;s. Pour ce faire, les journalistes utilisent diff&eacute;rents proc&eacute;d&eacute;s sonores. L&rsquo;expressivit&eacute; du mat&eacute;riau est renforc&eacute;e par un travail sur la dimension sonore. Les productions disponibles sur la plateforme m&eacute;diatique ukrainienne &laquo;&nbsp;Urban Space Radio&nbsp;&raquo; permettent d&rsquo;en examiner un exemple.</p> <p>Ainsi, dans la pr&eacute;sentation d&rsquo;un des reportages radiophoniques de Natalka Patrykieva, &quot;La mer. L&rsquo;usine. L&rsquo;homme&quot;, on peut lire que cette production fournit &laquo;&nbsp;l&rsquo;occasion d&rsquo;entendre le lien parfois &eacute;trange entre les sons d&rsquo;Azovstal, la ville de Mariupol et la mer d&rsquo;Azov. Et aussi d&rsquo;entendre les liens qui unissent le haut fourneau &agrave; l&rsquo;art<sup><a href="«#_ftn22" name="_ftnref22">[22]</a></sup>&nbsp;&raquo;. Le reportage commence par un bruit de vagues qui s&rsquo;&eacute;crasent sur le rivage. Ensuite, on entend le grondement sourd &eacute;mis par les hauts fourneaux d&rsquo;Azovstal. La journaliste inclut m&ecirc;me dans son reportage un moment o&ugrave; l&rsquo;on boit du th&eacute;. Un personnage prononce la phrase&nbsp;: &laquo;&nbsp;Noir ou vert<sup><a href="«#_ftn23" name="_ftnref23">[23]</a></sup>&nbsp;?&nbsp;&raquo;. Tout d&rsquo;abord, il est difficile de deviner de quoi il s&rsquo;agit mais en entendant le bruit de l&rsquo;eau qui coule l&rsquo;auditeur comprend qu&rsquo;il s&rsquo;agit de choisir entre du th&eacute; noir et du th&eacute; vert. Il n&rsquo;y a pas de visualisation directe dans le reportage radiophonique. L&rsquo;auditeur doit donc visualiser les choses gr&acirc;ce &agrave; son imagination. L&rsquo;effet d&rsquo;immersion est ici efficace. Gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;image sonore, l&rsquo;auditeur se rapproche le plus possible de la situation d&rsquo;origine.</p> <p>Cependant, les exemples de combinaison r&eacute;ussie d&rsquo;images sonores avec des images de la r&eacute;alit&eacute; objective et du texte dans les reportages radiophoniques coexistent avec des exemples de combinaison artificielle d&rsquo;un fond sonore avec une situation r&eacute;elle. Cela indique une tendance &agrave; la baisse des comp&eacute;tences formelles du journaliste radio. Au lieu de bruits naturels, on utilise de plus en plus souvent des sons provenant d&rsquo;une banque se sons. Cette pratique introduit de l&rsquo;artificialit&eacute;, r&eacute;duit la confiance des auditeurs et la cr&eacute;dibilit&eacute; des productions radiophoniques.</p> <p>Dans les productions actuelles, la tension entre les d&eacute;tails acoustiques et le discours est souvent &eacute;vidente. Ainsi, dans &laquo; Il y avait une ville et maintenant il n&rsquo;y a plus rien. Comment Slovyansk a-t-elle chang&eacute; depuis le 24 f&eacute;vrier&nbsp;? Podcast de reportage&nbsp;&raquo;, le narrateur pr&eacute;tend livrer un contenu d&rsquo;une authenticit&eacute; maximale. Cependant, dans l&rsquo;un des &eacute;pisodes, il annonce&nbsp;: &laquo;&nbsp;Et nous avan&ccedil;ons<sup><a href="«#_ftn24" name="_ftnref24">[24]</a></sup>&nbsp;&raquo;, alors que nous n&rsquo;entendons ni le son du moteur ni le bruit produit par les roues. Au lieu de cela, il y a des interludes musicaux qui ne pr&eacute;sentent aucun lien avec le sujet. Selon l&rsquo;auteur, l&rsquo;accompagnement musical est cens&eacute; augmenter le sentiment d&rsquo;anxi&eacute;t&eacute; et de tension. Dans ce cas, l&rsquo;objectivit&eacute; de la narration diminue. L&rsquo;image sonore se d&eacute;tache du r&eacute;el. Une s&eacute;rie phon&eacute;tique parall&egrave;le est cr&eacute;&eacute;e, qu&rsquo;il est difficile de relier &agrave; ce qui se passe r&eacute;ellement, m&ecirc;me en proc&eacute;dant &agrave; des associations complexes. L&rsquo;auteur poursuit&nbsp;:</p> <p>La route vers Kryvyi Rig est facile et agr&eacute;able. La seule chose qui manque, c&rsquo;est notre musique. Nous logeons chez les parents de Dima &agrave; Kryvyi Rih, car il est lui-m&ecirc;me originaire de cette ville. Les sir&egrave;nes retentissent presque sans arr&ecirc;t<sup><a href="«#_ftn25" name="_ftnref25">[25]</a></sup>.</p> <p>&Agrave; ce moment du reportage radiophonique, on n&rsquo;entend pourtant pas le hurlement des sir&egrave;nes mais la m&ecirc;me m&eacute;lodie qu&rsquo;au d&eacute;but de l&rsquo;&eacute;pisode. L&rsquo;effet d&rsquo;immersion s&rsquo;&eacute;vanouit. L&rsquo;auteur oublie les exigences majeures du reportage qui sont &laquo;&nbsp;la pr&eacute;sence physique du journaliste&nbsp;&raquo; sur les lieux et &laquo;&nbsp;la cr&eacute;ation d&rsquo;une image sonore qui permet &agrave; l&rsquo;auditeur de se sentir partie prenante des &eacute;v&eacute;nements<sup><a href="«#_ftn26" name="_ftnref26">[26]</a></sup>&nbsp;&raquo;.</p> <p>On apprend ensuite que l&rsquo;&eacute;quipe de b&eacute;n&eacute;voles<sup><a href="«#_ftn27" name="_ftnref27">[27]</a></sup>, que le journaliste accompagne, s&rsquo;arr&ecirc;te dans une usine pour s&rsquo;approvisionner en fer et dans un supermarch&eacute; pour acheter des pellicules. Mais l&rsquo;arri&egrave;re-plan musical est toujours le m&ecirc;me. On n&rsquo;entend ni les bruits de l&rsquo;usine, ni ceux du supermarch&eacute;. Plus loin, l&rsquo;auteur raconte un dialogue avec un militaire qui est d&eacute;sign&eacute; comme &laquo;&nbsp;le contrema&icirc;tre&nbsp;&raquo;. En d&rsquo;autres termes, ce n&rsquo;est pas le dialogue lui-m&ecirc;me qui est pr&eacute;sent&eacute;, mais le r&eacute;cit du r&eacute;alisateur du reportage m&ecirc;me si quelques phrases du volontaire Dima sont parfois ins&eacute;r&eacute;es dans ce r&eacute;cit. Les mentions des voitures qui passent et des h&eacute;licopt&egrave;res qui survolent les lieux ne sont pas &eacute;tay&eacute;s par des sons appropri&eacute;s. Le destinataire doit simplement croire l&rsquo;auteur sur parole et appr&eacute;cier la musique de fond qui le berce.</p> <p>Pleine de sens et de tension int&eacute;rieure, la phrase &laquo;&nbsp;Nous avons entendu le bruit assourdissant d&rsquo;un obus d&rsquo;artillerie<sup><a href="«#_ftn28" name="_ftnref28">[28]</a></sup>&nbsp;&raquo; est &agrave; nouveau d&eacute;pourvue d&rsquo;accompagnement sonore. L&rsquo;image sonore est absente et le reportage ne semble pas authentique. Le travail du destinataire s&rsquo;av&egrave;re alors excessivement compliqu&eacute; : son imagination doit cr&eacute;er une repr&eacute;sentation sur la base du message textuel. Mais aucun point d&rsquo;appui n&rsquo;est fourni pour faciliter ce processus.</p> <p>C&rsquo;est seulement dans la ville de Slovyansk, dans le magasin d&rsquo;articles de p&ecirc;che o&ugrave; est log&eacute; le centre de b&eacute;n&eacute;volat dirig&eacute; par Tatiana, que l&rsquo;on peut entendre des r&eacute;pliques et des sons provenant directement de la sc&egrave;ne. Cependant m&ecirc;me ces inserts o&ugrave; l&rsquo;on entend les voix du &quot;contrema&icirc;tre&quot; ou de Tatiana ne sont pas pr&eacute;sent&eacute;s sous la forme d&rsquo;un dialogue. Il y a simplement deux lignes monologiques qui alternent - celle de l&rsquo;auteur et celle des personnages. Les phrases de l&rsquo;auteur sont destin&eacute;es &agrave; assurer l&rsquo;unit&eacute; compositionnelle et s&eacute;mantique de l&rsquo;ensemble car en l&rsquo;absence d&rsquo;images sonores, celui-ci risque de se d&eacute;composer en mosa&iuml;que.</p> <p>L&rsquo;abandon du paysage sonore naturel nuit &agrave; une autre qualit&eacute; importante du reportage radiophonique, qu&rsquo;on peut appeler la pertinence diff&eacute;r&eacute;e. Le fait est que le reportage radiophonique est capable d&rsquo;acqu&eacute;rir une fonction suppl&eacute;mentaire avec le temps&nbsp;: il peut devenir un document historique. Cette fonction repose non seulement sur des preuves textuelles, mais aussi, dans une bien plus large mesure, sur l&rsquo;imagerie sonore. Bien s&ucirc;r, cela ne se produit que si l&rsquo;image sonore incluse dans le reportage est authentique et organique. En revanche, si le journaliste refuse d&rsquo;inclure des bruits r&eacute;els et les remplace par des &eacute;l&eacute;ments sonores tir&eacute;s d&rsquo;une audioth&egrave;que, le reportage radiophonique perd sa capacit&eacute; &agrave; jouer le r&ocirc;le de preuve historique. La &laquo;&nbsp;pertinence diff&eacute;r&eacute;e&nbsp;&raquo; est perdue. L&rsquo;artificialit&eacute; sonore du reportage radiophonique ne permet pas &agrave; celui-ci de conserver un int&eacute;r&ecirc;t &agrave; long terme.</p> <p>Les reportages radiophoniques ukrainiens contemporains se caract&eacute;risent par un autre trait marquant, dont l&rsquo;&eacute;mergence est tr&egrave;s probablement due &agrave; la fois &agrave; l&rsquo;influence des traditions m&eacute;diatiques nord-am&eacute;ricaines et &agrave; l&rsquo;agression russe. Il s&rsquo;agit du journalisme gonzo. La station de radio <em>Radio NV</em> a ainsi diffus&eacute; un reportage intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Kiev a 1700 ans et votre zhabokrіakivka en a 300. Reportage &agrave; Konotop &raquo;. Le mot&nbsp;<em>zhabokr</em><em>і</em><em>akivka </em>est un n&eacute;ologisme qu&rsquo;il est difficile de traduire avec pr&eacute;cision. Il est form&eacute; par l&rsquo;association des mots <em>grenouille</em> et <em>coasser</em>. Il s&rsquo;agit d&rsquo;une allusion &agrave; Moscou, car la forme sonore du mot <em>Moskva</em> [Moscou] en russe, contient le son <em>kva</em>, le bruit que produit une grenouille. Le titre reprend une phrase prononc&eacute;e par l&rsquo;une des h&eacute;ro&iuml;nes du reportage.</p> <p>Ce reportage radiophonique commence par une &eacute;pigraphe tr&egrave;s particuli&egrave;re. On y trouve une phrase en russe prononc&eacute;e par un personnage r&eacute;el&nbsp;: &laquo;&nbsp;Sais-tu vraiment o&ugrave; tu es&nbsp;? C&rsquo;est Konotop&nbsp;! Ici, une femme sur deux est une sorci&egrave;re. Demain, ta b***[ite] ne tiendra pas debout<sup><a href="«#_ftn29" name="_ftnref29">[29]</a></sup>&nbsp;!&nbsp;&raquo;. Un mot grossier est ici associ&eacute; &agrave; des allusions folkloriques et litt&eacute;raires. La r&eacute;f&eacute;rence aux sorci&egrave;res de Konotop fait &eacute;cho &agrave; la fois &agrave; des contes populaires et &agrave; des faits historiques, par le biais de la nouvelle r&eacute;aliste et satirique de G.&nbsp;Kvitka-Osnovianenko, <em>La sorci&egrave;re de Konotop</em>&nbsp;(1833). Elle provoque de nombreuses associations ramifi&eacute;es. La pr&eacute;sentation du reportage sur la plateforme indique : &laquo;&nbsp;Uniquement des informations v&eacute;rifi&eacute;es sur la guerre en Ukraine&nbsp;&raquo;. Imm&eacute;diatement apr&egrave;s l&rsquo;&eacute;pigraphe, commence le discours de l&rsquo;auteur&nbsp;:</p> <p>C&rsquo;est ainsi que les habitants de Konotop, dans la r&eacute;gion de Sumy, ont accueilli, d&eacute;but mars, les occupants qui leur ont demand&eacute; de leur c&eacute;der la ville situ&eacute;e &agrave; 70 kilom&egrave;tres de la fronti&egrave;re russe. Le fait que les russes n&rsquo;&eacute;taient pas et ne sont toujours pas les bienvenus ici est attest&eacute; par le panneau d&rsquo;affichage &agrave; l&rsquo;entr&eacute;e de la ville, portant l&rsquo;inscription &ldquo;Russie va te faire f*****[outre]&rdquo;<sup><a href="«#_ftn30" name="_ftnref30">[30]</a></sup>.</p> <p>La journaliste abandonne totalement son r&ocirc;le d&rsquo;observatrice objective - l&rsquo;impartialit&eacute; est remplac&eacute;e par une subjectivit&eacute; engag&eacute;e et &eacute;mue. Cependant, le mot obsc&egrave;ne qui sort de la bouche des personnages et de la journaliste n&rsquo;est pas seulement un moyen d&rsquo;exprimer ouvertement des &eacute;motions. Le mot tabou met aussi en &oelig;uvre une cha&icirc;ne d&rsquo;associations, ce qui correspond plut&ocirc;t au mode de fonctionnement de la chronique.</p> <p>Dans le m&ecirc;me temps, la reporter &eacute;tend la port&eacute;e de son reportage bien au-del&agrave; de la zone g&eacute;ographique o&ugrave; elle se trouve. En effet, on trouve de tels panneaux sur l&rsquo;ensemble du territoire non occup&eacute; de l&rsquo;Ukraine<sup><a href="«#_ftn31" name="_ftnref31">[31]</a></sup>. Ukravtodor - l&rsquo;Agence nationale ukrainienne des autoroutes, responsable de la qualit&eacute; des voies de transport du pays - a con&ccedil;u de tels panneaux d&rsquo;orientation &agrave; destination des forces d&rsquo;occupation russes et les a vendus aux ench&egrave;res &laquo;&nbsp;pour collecter des fonds &agrave; des fins caritatives<sup><a href="«#_ftn32" name="_ftnref32">[32]</a></sup>&nbsp;&raquo;. Par cons&eacute;quent, le panneau plac&eacute; &agrave; l&rsquo;entr&eacute;e de Konotop est facilement reconnaissable par les habitants d&rsquo;autres r&eacute;gions d&rsquo;Ukraine. L&rsquo;image sonore fonctionne non seulement de mani&egrave;re intensive mais aussi extensive, en invitant &agrave; &eacute;tablir des parall&egrave;les entre Konotop et d&rsquo;autres villes ukrainiennes.</p> <p>Derni&egrave;rement, la chronique radiophonique est moins r&eacute;pandue que le reportage radiophonique ce qui s&rsquo;explique par la demande croissante, de la part des auditeurs, d&rsquo;informations depuis le terrain. Malgr&eacute; cela, la chronique radiophonique trouve des auditeurs &agrave; la recherche d&rsquo;une mise en forme originale et d&rsquo;un interlocuteur.</p> <p>Une s&eacute;lection de chroniques radiophoniques est diffus&eacute;e par la station Tvoye Radio. Leur auteur-animateur est Andrii Yurkevytch. Ces chroniques justifient pleinement la c&eacute;l&egrave;bre d&eacute;finition propos&eacute;e par V.&nbsp;Belinsky au moment de la naissance du genre dans la presse, en 1847&nbsp;:</p> <p>Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;un chroniqueur&nbsp;? C&rsquo;est un bavard, apparemment bon enfant et sinc&egrave;re, mais en fait souvent malveillant et m&eacute;chant, qui sait tout, voit tout, ne parle pas de grand-chose, mais exprime absolument tout, lance des &eacute;pigrammes et des sous-entendus, captive et vivifie l&rsquo;esprit, et fait vibrer la plaisanterie<sup><a href="«#_ftn33" name="_ftnref33">[33]</a></sup>.</p> <p>Au d&eacute;but de chaque chronique de la s&eacute;rie &laquo;&nbsp;Commen&ccedil;ons par le lundi&nbsp;&raquo;, Andrii Yurkevytch note&nbsp;: &laquo;&nbsp;Il s&rsquo;agit d&rsquo;une heure de discussion sur des choses int&eacute;ressantes et vari&eacute;es. Des choses qui sont arriv&eacute;es, que j&rsquo;ai remarqu&eacute;es pendant la semaine<sup><a href="«#_ftn34" name="_ftnref34">[34]</a></sup>&nbsp;&raquo;. L&rsquo;accent est mis sur la s&eacute;lection et la pr&eacute;sentation du sujet, sur le r&ocirc;le cl&eacute; de l&rsquo;auteur dans l&rsquo;organisation du mat&eacute;riau, conform&eacute;ment au principe de la libre association.</p> <p>Dans ses chroniques radiophoniques, Andrii Yurkevytch s&rsquo;adresse souvent aux auditeurs, essayant de les entrainer dans un dialogue&nbsp;: &laquo;&nbsp;Comme toujours, nous communiquerons sans publicit&eacute;. Comme toujours, nous communiquerons de mani&egrave;re interactive, c&rsquo;est-&agrave;-dire en direct. Notre studio dispose du Viber<sup><a href="«#_ftn35" name="_ftnref35">[35]</a></sup>&nbsp;&raquo;. L&rsquo;auteur attend clairement un retour de la part de ses auditeurs. Cela peut &ecirc;tre un moyen d&rsquo;augmenter le nombre de commentaires sur un article. Quoi qu&rsquo;il en soit, l&rsquo;&eacute;change entre le chroniqueur et les destinataires est intensifi&eacute; gr&acirc;ce au m&eacute;canisme des associations.</p> <p>Les fausses informations sont devenues le point central des sujets abord&eacute;s dans la chronique. En parlant d&rsquo;&laquo;&nbsp;informations inexactes&nbsp;&raquo;, Andrii Yurkevytch passe facilement d&rsquo;un &eacute;pisode &agrave; un autre&nbsp;: il &eacute;voque une histoire de change de devises dans une ville de l&rsquo;ouest de l&rsquo;Ukraine, parle de fausses informations &agrave; propos d&rsquo;un homme qui demande l&rsquo;aum&ocirc;ne, mentionne les r&eacute;sultats d&rsquo;enqu&ecirc;tes sociologiques etc.. En arri&egrave;re-plan, on entend un air agr&eacute;able jou&eacute; au piano. Le lien entre le texte et la musique est totalement arbitraire.</p> <p>Le discours de l&rsquo;auteur repose sur l&rsquo;improvisation. Celles-ci utilisent cependant des fragments pr&eacute;par&eacute;s &agrave; l&rsquo;avance. Lorsqu&rsquo;il parle de faux, le journaliste ne se soucie pas de l&rsquo;exactitude de ses propres informations. Souvent, des fragments de texte distincts sont reli&eacute;s par des phrases telles que &laquo;&nbsp;Je l&rsquo;ai lu quelque part<sup><a href="«#_ftn36" name="_ftnref36">[36]</a></sup>&nbsp;&raquo;. Et parfois, il y a des &laquo;&nbsp;erreurs&nbsp;&raquo; historiques flagrantes. Par exemple, lorsque Yurkievytch &eacute;voque la tradition de c&eacute;l&eacute;brer la Journ&eacute;e internationale de la femme le 8 mars, il mentionne les premi&egrave;res manifestations des femmes, qui ont eu lieu au milieu du XIX<sup>e</sup> si&egrave;cle. L&rsquo;auteur indique que ces femmes &eacute;taient des repr&eacute;sentantes du mouvement communiste<sup><a href="«#_ftn37" name="_ftnref37">[37]</a></sup>. De telles d&eacute;clarations ne renforcent pas l&rsquo;effet de cr&eacute;dibilit&eacute; de l&rsquo;information mais le chroniqueur n&rsquo;en a cure. L&rsquo;essentiel, pour lui, est de construire une ligne de conversation &eacute;motionnelle.</p> <p>De temps &agrave; autre, les chroniques radiophoniques d&rsquo;Andrii Yurkevytch incluent des chansons. Le journaliste prend soin de cr&eacute;er des liens associatifs entre le discours pr&eacute;c&eacute;dent la chanson et la chanson elle-m&ecirc;me&nbsp;:</p> <p>Je tiens &agrave; vous dire que le concours Eurovision de cette ann&eacute;e a &eacute;galement vu la victoire d&rsquo;une composition tr&egrave;s cool, &oelig;uvre d&rsquo;une femme. Elle s&rsquo;appelle Le rossignol. Vous pouvez &eacute;galement l&rsquo;&eacute;couter, car je pense que le groupe &ldquo;Go_A&rdquo;, qui repr&eacute;sentera l&rsquo;Ukraine &agrave; l&rsquo;Eurovision, ce concours de chansons, est vraiment tr&egrave;s, tr&egrave;s cool et a le m&eacute;rite d&rsquo;&ecirc;tre ukrainien. Pour la premi&egrave;re fois, une chanson ukrainienne sera pr&eacute;sent&eacute;e &agrave; ce concours de la chanson, de &ldquo;A&rdquo; &agrave; &ldquo;Z&rdquo;, pas traduite en anglais, juste en ukrainien. Je vous sugg&egrave;re donc d&rsquo;&eacute;couter tout de suite cette chanson du groupe &ldquo;Go_A&rdquo;. Voil&agrave;, chers amis<sup><a href="«#_ftn38" name="_ftnref38">[38]</a></sup>.</p> <p>L&rsquo;&eacute;locution, les erreurs et les h&eacute;sitations cr&eacute;ent une atmosph&egrave;re de confiance. C&rsquo;est sur cette toile de fond que le sujet est pr&eacute;sent&eacute;, selon le principe de la libre association. La mention &laquo;&nbsp;composition f&eacute;minine cool&nbsp;&raquo; relie naturellement la chanson au th&egrave;me de la c&eacute;l&eacute;bration ou de la non-c&eacute;l&eacute;bration du 8 mars. Une fois la chanson termin&eacute;e, un lien est &agrave; nouveau construit, gr&acirc;ce auquel l&rsquo;auteur et les auditeurs reviennent &agrave; la discussion sur le sujet principal de la chronique.</p> <p>La chronique radiophonique appartient au domaine du journalisme et de la cr&eacute;ation artistique. Son contenu ne se limite pas au lieu et &agrave; l&rsquo;&eacute;poque des &eacute;v&eacute;nements d&eacute;crits. Le chroniqueur vise &agrave; produire un propos &agrave; port&eacute;e g&eacute;n&eacute;rale. Ainsi, ce ne sont pas tant les faits que les images auxquelles ils donnent lieu qui importent le plus. Ces images renforcent les fonctions expressives et mn&eacute;moniques des &oelig;uvres cr&eacute;&eacute;es. Sur le plan fonctionnel, le reportage radiophonique et la chronique radiophonique convergent, brouillant les fronti&egrave;res et les diff&eacute;rences entre les formats. La port&eacute;e &eacute;motionnelle du fait devient commune au reportage radiophonique et &agrave; la chronique radiophonique. Cependant, dans le reportage radiophonique, l&rsquo;image du fait est cr&eacute;&eacute;e principalement par des m&eacute;thodes acoustiques, alors que dans la chronique radiophonique, elle est cr&eacute;&eacute;e verbalement. La caract&eacute;ristique dominante de la chronique r&eacute;side dans un traitement du sujet selon une logique associative et allusive. Cela contribue fortement &agrave; la cr&eacute;ation d&rsquo;une sorte de jeu entre l&rsquo;auteur et le destinataire. L&rsquo;auteur encode l&rsquo;information et l&rsquo;auditeur doit la d&eacute;coder. Les effets sonores qui l&rsquo;accompagnent deviennent des impulsions associatives qui orientent la perception par le destinataire.</p> <p>La version textuelle d&rsquo;un reportage radiophonique et d&rsquo;une chronique radiophonique doit &ecirc;tre con&ccedil;ue en vue de l&rsquo;&eacute;coute. Le texte &agrave; lire n&rsquo;a pas le droit d&rsquo;&ecirc;tre monotone. La monotonie peut &ecirc;tre &eacute;limin&eacute;e par des variations dans l&rsquo;intonation sugg&eacute;r&eacute;es par le texte lui-m&ecirc;me. L&rsquo;alternance entre des phrases courtes et des phrases longues, par exemple, peut cr&eacute;er une dynamique, ainsi que le caract&egrave;re euphonique d&rsquo;une phrase. Malheureusement, les journalistes n&rsquo;y pr&ecirc;tent pas beaucoup d&rsquo;attention. Ils manquent tout simplement de connaissances et parfois de temps pour pr&eacute;parer un reportage ou une chronique radiophonique. D&rsquo;autre part, de plus en plus souvent, m&ecirc;me les reportages radiophoniques sont &eacute;labor&eacute;s en studio. Le journaliste n&rsquo;a pas la possibilit&eacute; de se rendre sur le terrain et une caisse de r&eacute;sonance avec du son pr&eacute;enregistr&eacute; est utilis&eacute;e pour simuler l&rsquo;effet d&rsquo;une pr&eacute;sence sur place. Cela produit souvent des choses curieuses et d&eacute;sagr&eacute;ables &agrave; entendre. L&rsquo;accompagnement audio peut &ecirc;tre contradictoire, dissonant avec le ton ou l&rsquo;&eacute;motion du discours. Dans la chronique radiophonique, l&rsquo;emphase joue un r&ocirc;le particulier. L&rsquo;auteur intensifie la sonorit&eacute; de la partie du texte qui lui semble importante en termes de signification. L&rsquo;expressivit&eacute; &eacute;motionnelle globale est ainsi renforc&eacute;e. Une &eacute;motion particuli&egrave;re est suscit&eacute;e chez l&rsquo;auditeur, dans laquelle la dimension subjective du propos joue clairement un r&ocirc;le. Lors de la prononciation d&rsquo;une phrase ou m&ecirc;me d&rsquo;un mot, l&rsquo;intonation peut modifier le sens.</p> <p>Ainsi, le reportage et la chronique dans la presse &eacute;crite sont assez facilement diff&eacute;renci&eacute;s. Chaque format poss&egrave;de des caract&eacute;ristiques qui lui sont propres. La situation est plus compliqu&eacute;e lorsqu&rsquo;on compare le reportage et la chronique radiophoniques. Le reportage radiophonique met l&rsquo;accent sur le caract&egrave;re strictement documentaire et sur l&rsquo;effet de pr&eacute;sence de l&rsquo;auteur sur les lieux de l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement. Il se caract&eacute;rise donc par une attention accrue aux d&eacute;tails, le discours monologique y est souvent remplac&eacute; par des dialogues ou des polylogues, et les d&eacute;finitions objectives y sont plus fr&eacute;quentes que les &eacute;pith&egrave;tes. La chronique radiophonique se caract&eacute;rise par sa composition associative. Elle n&eacute;cessite une mise en forme magistrale de l&rsquo;information dans le but d&rsquo;accro&icirc;tre l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t du destinataire et sa collaboration. Le d&eacute;codage implique le destinataire dans une sorte de jeu. Il constitue la base de l&rsquo;acte de communication. Une autre caract&eacute;ristique de la chronique radiophonique est le caract&egrave;re allusif de l&rsquo;information pr&eacute;sent&eacute;e&nbsp;: les indices et les demi-indices contribuent &eacute;galement &agrave; renforcer l&rsquo;aspect ludique du format.</p> <p>Le reportage radio est marqu&eacute; par la volont&eacute; de renforcer l&rsquo;effet de pr&eacute;sence de l&rsquo;auteur sur les lieux de l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement. Pour ce faire, les moyens sonores sont largement utilis&eacute;s - bruits, sons divers, voix. La restitution du r&eacute;el par le son permet la cr&eacute;ation d&rsquo;une image du fait. Une perception ad&eacute;quate de la r&eacute;alit&eacute; par le biais de la conception sonore exige du destinataire qu&rsquo;il mette en &oelig;uvre une pens&eacute;e associative. L&rsquo;imagination de l&rsquo;auditeur &eacute;labore non seulement une repr&eacute;sentation des faits rapport&eacute;s, mais aussi une image sonore de ces faits. L&rsquo;&eacute;ventail des perceptions associatives est consid&eacute;rablement &eacute;largi. L&rsquo;auditeur est bien s&ucirc;r guid&eacute; par le paysage sonore sugg&eacute;r&eacute; par l&rsquo;auteur du reportage mais il n&rsquo;est pas totalement contraint par ces propositions. La perception est en effet, &eacute;galement, conditionn&eacute;e par l&rsquo;exp&eacute;rience &eacute;motionnelle et l&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;esprit du destinataire. Les images produites par l&rsquo;imagination du lecteur peuvent transformer les faits en grandes g&eacute;n&eacute;ralisations ou en st&eacute;r&eacute;otypes. Une sp&eacute;culation peut &ecirc;tre transform&eacute;e en fiction. Les faits peuvent &ecirc;tre remplac&eacute;s par leurs images sonores. Le reportage radiophonique d&eacute;passe ainsi facilement les limites des formats informatifs. La sp&eacute;cificit&eacute; concr&egrave;te de l&rsquo;image sonore dans un reportage radiophonique est la garantie de sa &laquo;&nbsp;pertinence diff&eacute;r&eacute;e&nbsp;&raquo;. En d&rsquo;autres termes, l&rsquo;enregistrement consciencieux par le journaliste radio du mat&eacute;riau sonore constitue une autre caract&eacute;ristique fonctionnelle cl&eacute; du reportage radiophonique. Celui-ci peut devenir un document historique dont l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t, loin de diminuer avec le temps, augmente au fil des ans. Le reportage radiophonique est fonctionnellement plus proche du t&eacute;moignage mais pr&eacute;sente &eacute;galement une dimension romanesque, dans la mesure o&ugrave; il restitue de mani&egrave;re convaincante la dimension psychologique des situations capt&eacute;es par les sons. Le chronique radiophonique conserve, elle, un principe allusif-associatif. Gr&acirc;ce aux paysages sonores, ces qualit&eacute;s sont renforc&eacute;es. La communication entre l&rsquo;auteur et le destinataire, souvent &agrave; caract&egrave;re ludique, est rendue encore plus &eacute;troite par le son. Ce n&rsquo;est pas seulement la structure verbale de la production qui est cod&eacute;e et doit &ecirc;tre d&eacute;cod&eacute;e, mais aussi la structure sonore.</p> <p>Le reportage radiophonique est en principe polyphonique. Nous utilisons ce terme dans le sens que lui a donn&eacute; Mikha&iuml;l Bakhtine. La polyphonie du reportage radiophonique est assur&eacute;e par la parit&eacute; fonctionnelle entre les voix entendues, ce qui correspond &agrave; la d&eacute;finition bakhtinienne du concept&nbsp;: &laquo;&nbsp;La polyphonie, en revanche, pr&eacute;suppose une multiplicit&eacute; de voix pleines dans une m&ecirc;me &oelig;uvre<sup><a href="«#_ftn39" name="_ftnref39">[39]</a></sup>&nbsp;&raquo;. Il en va diff&eacute;remment dans la chronique radiophonique, o&ugrave; la voix de l&rsquo;auteur domine compl&egrave;tement dans la structure de l&rsquo;&oelig;uvre. La musique et les autres voix servent d&rsquo;illustration. Dans un reportage radiophonique, on n&rsquo;entend pas seulement les voix des diff&eacute;rents personnages. Chaque voix s&rsquo;accompagne d&rsquo;id&eacute;es, de pens&eacute;es, d&rsquo;&eacute;motions diff&eacute;rentes. Le journaliste radio s&rsquo;apparente &agrave; un chef d&rsquo;orchestre qui arrange un contrepoint sonore complexe. D&rsquo;autre part, chaque voix qui r&eacute;sonne n&rsquo;apporte pas seulement une nouvelle pens&eacute;e, mais devient aussi une impulsion pour de nouveaux liens associatifs. La polyphonie d&rsquo;un reportage radiophonique aboutit souvent &agrave; un dialogue th&eacute;matique. Dans la chronique radiophonique, la voix distinctive de l&rsquo;auteur &eacute;touffe quelque peu les autres sons.</p> <p>De toute &eacute;vidence, la cr&eacute;ation de l&rsquo;image sonore d&rsquo;un fait est commune &agrave; tous les formats radiophoniques. La logique associative des productions et de leur r&eacute;ception constitue un autre trait commun. Cependant, chaque format conserve une certaine sp&eacute;cificit&eacute;. Cette interaction entre les tendances g&eacute;n&eacute;rales et sp&eacute;cifiques n&eacute;cessite de nouvelles recherches approfondies.</p> <h2>Notes</h2> <p><sup><a href="«#_ftnref1" name="_ftn1">[1]</a></sup> Тетяна Ляшенко, <em>Структурно-композиційні, лінгвостилістичні та прагматичні особливості тексту мистецтвознавчої рецензії (на матеріалі німецьких газет)</em> : автореф. дис... канд. філол. наук: 10.02.04, Львів, 2004, 19 с.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref2" name="_ftn2">[2]</a></sup> Інна Гаврилюк, <em>Образні мікросистеми в журналістському тексті: специфіка функціонування</em> : автореф. дис... канд. наук із соціальних комунікацій: 27.00.04 &ndash; теорія та історія журналістики, Запоріжжя, 2008, 20 с.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref3" name="_ftn3">[3]</a></sup> Ярослава Мозгова, <em>Мовностилістичні засоби експресивності сучасної німецької журнальної публіцистики (на матеріалі текстів-репортажів)</em>: автореф. дис. ... канд. філол. наук : 10.02.04, Донецьк, 2011, 19 с.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref4" name="_ftn4">[4]</a></sup> Роман Назар, <em>Репортажний текст: структура, семантика</em>: автореф. дис. ... канд. філол. наук : 10.02.01, Донецьк, 2011, 20 с.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref5" name="_ftn5">[5]</a></sup> Галлер Міхаель. <em>Репортаж</em> / пер. з нім. В. Климченко, В. Олійник&nbsp;; за загал. ред. В. Ф. Іванова. Київ : Академія Української Преси, Центр Вільної Преси, 2011. 348 с.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref6" name="_ftn6">[6]</a></sup> Олена Семенова, <em>Інтонаційна організація тексту радіорепортажу (експериментально-фонетичне дослідження на матеріалі французької мови)</em>: автореф. дис. ... канд. філол. наук : 10.02.05 &ndash; романські мови, Київ, 2005, 21 с.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref7" name="_ftn7">[7]</a></sup> Олександр Волковинський, &laquo;&nbsp;Алюзивний заголовок фейлетонів Остапа Вишні як запрошення до комунікативної гри автора з реципієнтом&nbsp;&raquo;, <em>Наукові записки Інституту журналістики,</em> Київ, 2014, т. 54, січень &ndash; березень, с. 132 &ndash; 135.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref8" name="_ftn8">[8]</a></sup> Надія Герасимчук, &laquo;&nbsp;Майстерність Спиридона Черкасенка-фейлетоніста&nbsp;&raquo;, <em>Образ,</em> 2015, вип. 1, с. 30 &ndash; 35.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref9" name="_ftn9">[9]</a></sup> Надія Герасимчук, &laquo;&nbsp;Фейлетони Сергія Єфремова на сторінках &ldquo;Громадської думки&rdquo;&nbsp;&raquo;, <em>Наукові записки Інституту журналістики,</em> Київ, 2012, т. 49, жовтень &ndash; грудень, с. 199 &ndash; 201.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref10" name="_ftn10">[10]</a></sup> Андрій Близнюк, &laquo;&nbsp;Чорномор у Гонолулу. Григорій Матчет &ndash; фейлетоніст житомирської газети &ldquo;Волинь&rdquo;&nbsp;&raquo;, <em>Наукові записки Інституту журналістики,</em> Київ, 2014, т. 54, січень &ndash; березень, с. 86 &ndash; 89.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref11" name="_ftn11">[11]</a></sup> Мальвіна Михалюк, &laquo;&nbsp;Особливості української нації крізь призму фейлетонів Романа Купчинського (за матеріалами газети Діло за 1924 &ndash; 1939 рр.)&nbsp;&raquo;, <em>Теле- та радіожурналістика,</em> Львів, 2016, вип. 15, с. 281 &ndash; 289.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref12" name="_ftn12">[12]</a></sup> Тетяна Чепурняк, &laquo;&nbsp;Поетика фейлетонів Степана Васильченка&nbsp;&raquo;, <em>Стиль і текст</em>, Київ, 2015, вип. 16, с. 96 &ndash; 106.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref13" name="_ftn13">[13]</a></sup> Надія Герасимчук, <em>Трансформація фейлетону на шпальтах київської преси другої половини XIX &ndash; початку XX ст.: призначення, жанрова сутність, стилістика </em>: автореф. дис. ... канд. наук із соц. комунікацій : 27.00.04, Київ, 2013, 20 с.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref14" name="_ftn14">[14]</a></sup> Надія Герасимчук, &laquo;&nbsp;Тенденція занепаду фейлетону як жанру в сучасній українській пресі&nbsp;&raquo;, <em>Журналістика</em>, Київ, 2013, вип. 12 (37), с. 107 &ndash; 112.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref15" name="_ftn15">[15]</a></sup> Ірина Головенко, &laquo;&nbsp;Виражальні засоби в інформаційних, аналітичних і художньо-публіцистичних радіожанрах&nbsp;&raquo;, <em>Теле- та радіожурналістика,</em> випуск 15, Львів, 2016, с. 135 &ndash; 142.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref16" name="_ftn16">[16]</a></sup> Олександра Сербенська, &laquo;&nbsp;Голос як важливий компонент мовленого слова&nbsp;&raquo;, <em>Теле- та радіожурналістика,</em> випуск 18, Львів, 2019, с. 305 &ndash; 320.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref17" name="_ftn17">[17]</a></sup> Оксана Білоус, &laquo;&nbsp;Основні методичні засади функціонування інформаційних теле- і радіо жанрів&nbsp;&raquo;, <em>Теле- та радіожурналістика, </em>випуск 19, Львів, 2020, с. 95 &ndash; 112.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref18" name="_ftn18">[18]</a></sup> &laquo;&nbsp;В Україні за п&rsquo;ять років з&rsquo;явилося понад 90 нових місцевих FM-радіостанцій&nbsp;&raquo;, <em>Укрінформ</em>, URL: https://www.ukrinform.ua/rubric-regions/2843994-v-ukraini-za-pat-rokiv-zavilosa-ponad-90-novih-miscevih-fmradiostancij.html</p> <p><sup><a href="«#_ftnref19" name="_ftn19">[19]</a></sup> Наталія Данькова, &laquo;&nbsp;Вимірювання радіо в Україні: цифри, недоліки, виклики&nbsp;&raquo;, <em>Детектор медіа</em>, 26 жовтня 2018, URL: https://detector.media/rinok/article/142077/2018-10-26-vymiryuvannya-radio-v-ukraini-tsyfry-nedoliky-vyklyky/</p> <p><sup><a href="«#_ftnref20" name="_ftn20">[20]</a></sup> Юлія Любченко, <em>Виражальна система радіожурналістики</em> <em>: монографія</em>, Запоріжжя, АА Тандем, 2016, 192 с.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref21" name="_ftn21">[21]</a></sup> Павло Мірошниченко, <em>Звуковий образ українського радіомовлення як національно-культурний феномен</em>, Запоріжжя, ЗНУ, 2017, p. 49.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref22" name="_ftn22">[22]</a></sup> Наталка Патрікєєва, &laquo;&nbsp;Море. Завод. Людина&nbsp;&raquo;, <em>Urban</em> <em>Space</em> <em>Radio</em>, URL: https://urbanspaceradio.com/archives/series/radioreportazh-podcast</p> <p><sup><a href="«#_ftnref23" name="_ftn23">[23]</a></sup> <em>Ibid</em><em>.</em></p> <p><sup><a href="«#_ftnref24" name="_ftn24">[24]</a></sup> Федір Попадюк &amp; Дмитро Рясний, &laquo;&nbsp;Місто жило, а тепер знову нічого не має. Як змінився Слов&rsquo;янськ після 24 лютого&nbsp;? Подкаст-репортаж&nbsp;&raquo;, <em>Радіо НВ</em>, 13 вересня 2022, URL: <a href="«https://www.pravda.com.ua/podcasts/podkast-klyati-pitannya/2022/09/13/7367309/">https://www.pravda.com.ua/podcasts/podkast-klyati-pitannya/2022/09/13/7367309/</a></p> <p><sup><a href="«#_ftnref25" name="_ftn25">[25]</a></sup> <em>Ibid</em><em>.</em></p> <p><sup><a href="«#_ftnref26" name="_ftn26">[26]</a></sup> Юлія Любченко, <em>Виражальна система радіожурналістики</em> <em>: монографія</em>, Запоріжжя, АА Тандем, 2016, p. 73.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref27" name="_ftn27">[27]</a></sup> Les b&eacute;n&eacute;voles aident les soldats, notamment en leur fournissant ceux dont ils ont besoin.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref28" name="_ftn28">[28]</a></sup> Федір Попадюк &amp; Дмитро Рясний, &laquo;&nbsp;Місто жило, а тепер знову нічого не має. Як змінився Слов&rsquo;янськ після 24 лютого&nbsp;? Подкаст-репортаж&nbsp;&raquo;, <em>Радіо НВ</em>, 13 вересня 2022, URL: <a href="«https://www.pravda.com.ua/podcasts/podkast-klyati-pitannya/2022/09/13/7367309/">https://www.pravda.com.ua/podcasts/podkast-klyati-pitannya/2022/09/13/7367309/</a></p> <p><sup><a href="«#_ftnref29" name="_ftn29">[29]</a></sup> &laquo;&nbsp;Києву 1700 років, а вашій жабокряківці &ndash; 300. Репортаж з Конотопу&nbsp;&raquo;, <em>Радіо НВ</em>, 15 квітня 2022, URL: <a href="«https://podcasts.nv.ua/search-episodes.html?query=жабокряківці">https://podcasts.nv.ua/search-episodes.html?query=жабокряківці</a>+</p> <p><sup><a href="«#_ftnref30" name="_ftn30">[30]</a></sup> <em>Ibid</em><em>.</em></p> <p><sup><a href="«#_ftnref31" name="_ftn31">[31]</a></sup> Ірина Федорів, &laquo;&nbsp;100 днів війни. Інформаційний фронт на бордах&nbsp;&raquo;, <em>Дзеркало тижня</em>, 3 червня 2022, URL: <a href="«https://zn.ua/ukr/internal/100-dniv-vijni-informatsijnij-front-na-bordakh-.html">https://zn.ua/ukr/internal/100-dniv-vijni-informatsijnij-front-na-bordakh-.html</a></p> <p><sup><a href="«#_ftnref32" name="_ftn32">[32]</a></sup> Ростислав Хотин, &laquo;&nbsp;Чи матюкаються солов&rsquo;ї? Нецензурна лексика в часи війни&nbsp;&raquo;, <em>Радіо Свобода</em>, 8 червня 2022, URL: <a href="«https://www.radiosvoboda.org/a/ukrayina-viyna-matyuky-netsenzurna-leksyka-ruskiy-korabl/31887525.html">https://www.radiosvoboda.org/a/ukrayina-viyna-matyuky-netsenzurna-leksyka-ruskiy-korabl/31887525.html</a></p> <p><sup><a href="«#_ftnref33" name="_ftn33">[33]</a></sup> Виссарион Белинский, <em>Собрание сочинений в 9-ти томах</em>, т. 8, Москва, 1982, с. 520.</p> <p><sup><a href="«#_ftnref34" name="_ftn34">[34]</a></sup> &laquo;&nbsp;Давай З Понеділка | Радіофейлетон з Andriy Yurkevych&nbsp;&raquo;, 17 лютого 2020, URL: https://www.facebook.com/TvoeRadio/videos давай-з-понеділка-радіофейлетон-з-andriy-yurkevych/224235928746080/</p> <p><sup><a href="«#_ftnref35" name="_ftn35">[35]</a></sup> <em>Ibid</em><em>.</em></p> <p><sup><a href="«#_ftnref36" name="_ftn36">[36]</a></sup> <em>Ibid</em><em>.</em></p> <p><sup><a href="«#_ftnref37" name="_ftn37">[37]</a></sup> &laquo;&nbsp;Давай З Понеділка | Радіофейлетон з Andriy Yurkevych&nbsp;&raquo;, 2 березня 2020, URL: <a href="«https://uk-ua.facebook.com/TvoeRadio/videos/давай-з-понеділка-радіофейлетон-з-andriy-yurkevych/1538937492927416/">https://uk-ua.facebook.com/TvoeRadio/videos/давай-з-понеділка-радіофейлетон-з-andriy-yurkevych/1538937492927416/</a></p> <p><sup><a href="«#_ftnref38" name="_ftn38">[38]</a></sup> <em>Ibid</em><em>.</em></p> <p><sup><a href="«#_ftnref39" name="_ftn39">[39]</a></sup> Михаил Бахтин, <em>Проблемы поэтики Достоевского</em>, Москва, Художественная литература, 1972.</p> <h2><strong>Bibliographie</strong></h2> <p>&nbsp;</p> <p>Бахтин, Михаил, <em>Проблемы поэтики Достоевского</em>, Москва, Художественная литература, 1972.</p> <p>Белинский, Виссарион, <em>Собрание сочинений в 9-ти томах</em>, т. 8, Москва, 1982.</p> <p>Білоус, Оксана, &laquo;&nbsp;Основні методичні засади функціонування інформаційних теле- і радіо жанрів&nbsp;&raquo;, <em>Теле- та радіожурналістика, </em>випуск 19, Львів, 2020, с. 95 &ndash; 112.</p> <p>Близнюк, Андрій, &laquo;&nbsp;Чорномор у Гонолулу. Григорій Матчет &ndash; фейлетоніст житомирської газети &ldquo;Волинь&rdquo;&nbsp;&raquo;, <em>Наукові записки Інституту журналістики,</em> Київ, 2014, т. 54, січень &ndash; березень, с. 86 &ndash; 89.</p> <p>Волковинський, Олександр, &laquo;&nbsp;Алюзивний заголовок фейлетонів Остапа Вишні як запрошення до комунікативної гри автора з реципієнтом&nbsp;&raquo;, <em>Наукові записки Інституту журналістики,</em> Київ, 2014, т. 54, січень &ndash; березень, с. 132 &ndash; 135.</p> <p>Гаврилюк, Інна, <em>Образні мікросистеми в журналістському тексті: специфіка функціонування</em> : автореф. дис... канд. наук із соціальних комунікацій: 27.00.04 &ndash; теорія та історія журналістики, Запоріжжя, 2008.</p> <p>Галлер, Міхаель. <em>Репортаж</em> / пер. з нім. В. Климченко, В. Олійник&nbsp;; за загал. ред. В. Ф. Іванова. Київ : Академія Української Преси, Центр Вільної Преси, 2011.</p> <p>Герасимчук, Надія, <em>Трансформація фейлетону на шпальтах київської преси другої половини XIX &ndash; початку XX ст.: призначення, жанрова сутність, стилістика </em>: автореф. дис. ... канд. наук із соц. комунікацій : 27.00.04, Київ, 2013.</p> <p>Герасимчук, Надія, &laquo;&nbsp;Фейлетони Сергія Єфремова на сторінках &ldquo;Громадської думки&rdquo;&nbsp;&raquo;, <em>Наукові записки Інституту журналістики,</em> Київ, 2012, т. 49, жовтень &ndash; грудень, с. 199 &ndash; 201.</p> <p>Герасимчук, Надія &laquo;&nbsp;Майстерність Спиридона Черкасенка-фейлетоніста&nbsp;&raquo;, <em>Образ,</em> 2015, вип. 1, с. 30 &ndash; 35.</p> <p>Герасимчук, Надія, &laquo;&nbsp;Тенденція занепаду фейлетону як жанру в сучасній українській пресі&nbsp;&raquo;, <em>Журналістика</em>, Київ, 2013, вип. 12 (37), с. 107 &ndash; 112.</p> <p>Головенко, Ірина, &laquo;&nbsp;Виражальні засоби в інформаційних, аналітичних і художньо-публіцистичних радіожанрах&nbsp;&raquo;, <em>Теле- та радіожурналістика,</em> випуск 15, Львів, 2016, с. 135 &ndash; 142.</p> <p>Любченко, Юлія, <em>Виражальна система радіожурналістики</em> <em>: монографія</em>, Запоріжжя, АА Тандем, 2016.</p> <p>Ляшенко, Тетяна, <em>Структурно-композиційні, лінгвостилістичні та прагматичні особливості тексту мистецтвознавчої рецензії (на матеріалі німецьких газет)</em> : автореф. дис... канд. філол. наук: 10.02.04, Львів, 2004, 19 с.</p> <p>Михалюк, Мальвіна, &laquo;&nbsp;Особливості української нації крізь призму фейлетонів Романа Купчинського (за матеріалами газети Діло за 1924 &ndash; 1939 рр.)&nbsp;&raquo;, <em>Теле- та радіожурналістика,</em> Львів, 2016, вип. 15, с. 281 &ndash; 289.</p> <p>Мірошниченко, Павло, <em>Звуковий образ українського радіомовлення як національно-культурний феномен</em>, Запоріжжя, ЗНУ, 2017.</p> <p>Мозгова, Ярослава, <em>Мовностилістичні засоби експресивності сучасної німецької журнальної публіцистики (на матеріалі текстів-репортажів)</em>: автореф. дис. ... канд. філол. наук : 10.02.04, Донецьк, 2011.</p> <p>Назар, Роман, <em>Репортажний текст: структура, семантика</em>: автореф. дис. ... канд. філол. наук : 10.02.01, Донецьк, 2011.</p> <p>Семенова, Олена. <em>Інтонаційна організація тексту радіорепортажу (експериментально-фонетичне дослідження на матеріалі французької мови)</em>: автореф. дис. ... канд. філол. наук : 10.02.05 &ndash; романські мови, Київ, 2005.</p> <p>Сербенська, Олександра, &laquo;&nbsp;Голос як важливий компонент мовленого слова&nbsp;&raquo;, <em>Теле- та радіожурналістика,</em> випуск 18, Львів, 2019, с. 305 &ndash; 320.</p> <p>Чепурняк, Тетяна, &laquo;&nbsp;Поетика фейлетонів Степана Васильченка&nbsp;&raquo;, <em>Стиль і текст</em>, Київ, 2015, вип. 16, с. 96 &ndash; 106.</p> <h2>Auteur</h2> <p><strong>Oleksandr Volkovynskyi</strong> est docteur &egrave;s sciences philologiques (HDR), il est professeur au D&eacute;partement de journalisme de l&rsquo;Universit&eacute; Nationale Ivan Ohienko de Kamianets-Podilskyi (Ukraine) et membre de l&rsquo;Union nationale des journalistes d&rsquo;Ukraine (depuis 2017). Ses recherches portent sur la th&eacute;orie et l&rsquo;histoire des genres journalistiques (feuilleton, roman, nouvelle), la structure et la po&eacute;tique du texte.</p>