<p>&Agrave; l&rsquo;&eacute;poque moderne, l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une hi&eacute;rarchie entre les genres picturaux est relativement fr&eacute;quente. Une &oelig;uvre figurant un &eacute;pisode historique, biblique ou encore mythologique est en effet souvent pr&eacute;f&eacute;r&eacute;e et valoris&eacute;e par les th&eacute;oriciens de l&rsquo;art. Les autres sujets picturaux &ndash; portrait, paysage, sc&egrave;ne de genre, peinture animali&egrave;re et nature morte &ndash;, parfois d&eacute;sign&eacute;s comme &laquo;&nbsp;genres mineurs<sup><a href="#nbp1" id="note_1" name="liennbp1" title="Aller à la note de bas de page n°1">1</a></sup>&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;talents particuliers&nbsp;&raquo;, sont quant &agrave; eux rapidement &eacute;voqu&eacute;s dans la litt&eacute;rature artistique et assez peu mentionn&eacute;s pour montrer la grandeur et la noblesse de la peinture. Le th&eacute;oricien italien Alberti &eacute;crit ainsi en 1436 que &laquo;&nbsp;le sommet de l&rsquo;&oelig;uvre du peintre est la repr&eacute;sentation d&rsquo;une histoire<sup><a href="#nbp2" id="note_2" name="liennbp2" title="Aller à la note de bas de page n°2">2</a></sup>&nbsp;&raquo;.</p> <p>L&rsquo;Acad&eacute;mie royale de peinture et de sculpture, fond&eacute;e &agrave; Paris en 1648, reprend cette vision<sup><a href="#nbp3" id="note_3" name="liennbp3" title="Aller à la note de bas de page n°3">3</a></sup>. La hi&eacute;rarchie des genres picturaux est notamment d&eacute;velopp&eacute;e par Andr&eacute; F&eacute;libien, historiographe du Roi, puis secr&eacute;taire de l&rsquo;Acad&eacute;mie royale de peinture et de sculpture, dans sa c&eacute;l&egrave;bre Pr&eacute;face aux <em>Conf&eacute;rences</em> publi&eacute;e en 1668. F&eacute;libien dresse la liste de ce qu&rsquo;il nomme les sujets de peinture, class&eacute;s par ordre de difficult&eacute;<sup><a href="#nbp4" id="note_4" name="liennbp4" title="Aller à la note de bas de page n°4">4</a></sup>. Au sommet se trouvent l&rsquo;all&eacute;gorie et la peinture d&rsquo;histoire, tandis que la deuxi&egrave;me place est attribu&eacute;e au portrait car&nbsp;:</p> <p><q><em>&nbsp;Il est certain aussi que celuy qui se rend l&rsquo;imitateur de Dieu en peignant des figures humaines, est beaucoup plus excellent que tous les autres. Cependant quoy que ce ne soit pas peu de choses de faire paroistre comme vivante la figure d&rsquo;un homme, &amp; de donner l&rsquo;apparence du mouvement &agrave; ce qui n&rsquo;en a point ; Neantmoins un Peintre qui ne fait que des portraits, n&rsquo;a pas encore atteint cette haute perfection de l&rsquo;Art, &amp; ne peut pretendre &agrave; l&rsquo;honneur que re&ccedil;oivent les plus s&ccedil;avans<sup><a href="#nbp5" id="note_5" name="liennbp5" title="Aller à la note de bas de page n°5">5</a></sup>.&nbsp; </em></q></p> <p>Le portrait reste inf&eacute;rieur au &laquo;&nbsp;Grand Genre&nbsp;&raquo;, puisqu&rsquo;un portraitiste ne figure qu&rsquo;un seul individu, sans s&rsquo;aventurer dans la repr&eacute;sentation de &laquo;&nbsp;grandes actions&nbsp;&raquo; ou de &laquo;&nbsp;sujets agr&eacute;ables&nbsp;&raquo;, tel un historien ou un po&egrave;te<sup><a href="#nbp6" id="note_6" name="liennbp6" title="Aller à la note de bas de page n°6">6</a></sup>. Ces tableaux sont une copie d&rsquo;un &ecirc;tre vivant, alors qu&rsquo;une peinture d&rsquo;histoire demande de l&rsquo;imagination, de la culture et, de fait, un talent plus grand. On accorde davantage de cr&eacute;dit &agrave; cette derni&egrave;re car elle montre l&rsquo;homme dans une vue g&eacute;n&eacute;rale, contrairement au portrait o&ugrave; l&rsquo;individualit&eacute; prime.</p> <p>La mise en valeur de la peinture d&rsquo;histoire s&rsquo;explique assez simplement. Pour affirmer le statut d&rsquo;art lib&eacute;ral de la peinture, elle a &eacute;t&eacute; rapproch&eacute;e de la po&eacute;sie &ndash;&nbsp;<em>Ut pictura poesis</em> selon la c&eacute;l&egrave;bre formule d&rsquo;Horace &ndash;, car toutes deux doivent inventer, disposer et exprimer une histoire, un mythe ou encore une fable<sup><a href="#nbp7" id="note_7" name="liennbp7" title="Aller à la note de bas de page n°7">7</a></sup>. Ainsi, la peinture, de m&ecirc;me que la po&eacute;sie, peut &eacute;lever l&rsquo;esprit, instruire et plaire &agrave; la fois. Il a pu sembler plus difficile d&rsquo;insister sur ce statut d&rsquo;art lib&eacute;ral en s&rsquo;appuyant sur un portrait, qui ne figure pas toujours des &eacute;l&eacute;ments &eacute;mouvants et exemplaires, m&ecirc;me s&rsquo;il contient parfois des all&eacute;gories et autres symboles moraux. N&eacute;anmoins, l&rsquo;existence et l&rsquo;utilit&eacute; des genres picturaux &laquo;&nbsp;mineurs&nbsp;&raquo; ne sont pas remises en question. La fonction m&eacute;morielle du portrait est par exemple soulign&eacute;e dans de nombreux textes &eacute;crits depuis la Renaissance<sup><a href="#nbp8" id="note_8" name="liennbp8" title="Aller à la note de bas de page n°8">8</a></sup>. De m&ecirc;me, le portrait est fr&eacute;quemment per&ccedil;u comme le substitut de la personne peinte<sup><a href="#nbp9" id="note_9" name="liennbp9" title="Aller à la note de bas de page n°9">9</a></sup>.</p> <p>Ainsi, pour les th&eacute;oriciens de l&rsquo;art &eacute;crivant &agrave; l&rsquo;aube du XVIII<sup>e </sup>si&egrave;cle, le portrait, bien qu&rsquo;utile, n&rsquo;en demeure pas moins inf&eacute;rieur &agrave; la peinture d&rsquo;histoire, d&eacute;finie comme &laquo;&nbsp;l&rsquo;id&eacute;al&nbsp;&raquo; &agrave; atteindre<sup><a href="#nbp10" id="note_10" name="liennbp10" title="Aller à la note de bas de page n°10">10</a></sup>. Les pages qui suivent se proposent d&rsquo;analyser la mani&egrave;re dont ces diff&eacute;rentes id&eacute;es sont d&eacute;velopp&eacute;es durant le si&egrave;cle des Lumi&egrave;res, en particulier au sein de l&rsquo;Acad&eacute;mie royale de peinture et de sculpture et &agrave; travers la critique d&rsquo;art. La r&eacute;flexion se consacre tout d&rsquo;abord aux &eacute;volutions de la notion de hi&eacute;rarchie des genres et &agrave; celles concernant la vision du portrait. Sont ensuite &eacute;voqu&eacute;es les diverses critiques sociales de ce dernier et, enfin, la mani&egrave;re dont il est d&eacute;fendu et l&eacute;gitim&eacute; par artistes et amateurs.</p> <p>&nbsp;</p> <h2><strong>1. Portrait et hi&eacute;rarchie des genres picturaux</strong></h2> <p>&nbsp;</p> <h3><strong><em>1.1. Un statut ambigu </em></strong></h3> <p>Consid&eacute;r&eacute; comme un genre mineur, le portrait occupe cependant une place ambigu&euml; au sein de l&rsquo;Acad&eacute;mie. M&ecirc;me si seuls les peintres d&rsquo;histoire peuvent officiellement acc&eacute;der aux statuts convoit&eacute;s de professeur et de directeur, certains portraitistes, comme Nicolas de Largillierre et Hyacinthe Rigaud, sont toutefois nomm&eacute;s directeurs<sup><a href="#nbp11" id="note_11" name="liennbp11" title="Aller à la note de bas de page n°11">11</a></sup>. Rigaud se fait par ailleurs recevoir &agrave; l&rsquo;Acad&eacute;mie comme peintre d&rsquo;histoire, mais ne r&eacute;alise que tr&egrave;s peu de toiles de ce type par la suite<sup><a href="#nbp12" id="note_12" name="liennbp12" title="Aller à la note de bas de page n°12">12</a></sup>. D&rsquo;autres, tel Robert Tourni&egrave;res, obtiennent aussi le rang de peintre d&rsquo;histoire. En 1716, ce dernier soumet son morceau de r&eacute;ception&nbsp;figurant l&rsquo;un des mythes li&eacute;s &agrave; la cr&eacute;ation de la peinture, celui de Dibutades<sup><a href="#nbp13" id="note_13" name="liennbp13" title="Aller à la note de bas de page n°13">13</a></sup>. Le choix du sujet est tr&egrave;s significatif. En effet, selon cette l&eacute;gende, une jeune Corinthienne aurait trac&eacute; l&rsquo;ombre du visage de son amant sur un mur afin d&rsquo;en pr&eacute;server l&rsquo;image&nbsp;; elle cr&eacute;a ainsi le dessin<sup><a href="#nbp14" id="note_14" name="liennbp14" title="Aller à la note de bas de page n°14">14</a></sup>. Tourni&egrave;res affiche donc sa volont&eacute; d&rsquo;&eacute;lever son statut de portraitiste par le biais d&rsquo;une peinture d&rsquo;histoire soulignant le r&ocirc;le suppos&eacute; du portrait dans l&rsquo;invention de la peinture, invention pouvant de fait &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e comme un sujet historique &agrave; part enti&egrave;re<sup><a href="#nbp15" id="note_15" name="liennbp15" title="Aller à la note de bas de page n°15">15</a></sup>. En outre, l&rsquo;importance du portrait au sein de l&rsquo;Acad&eacute;mie appara&icirc;t &agrave; travers les morceaux de r&eacute;ception demand&eacute;s aux portraitistes agr&eacute;&eacute;s. Pour &ecirc;tre admis au sein de la compagnie, les sp&eacute;cialistes de ce genre doivent g&eacute;n&eacute;ralement pr&eacute;senter deux effigies d&rsquo;acad&eacute;miciens occupant le statut d&rsquo;officier, c&rsquo;est-&agrave;-dire des peintres d&rsquo;histoire et des sculpteurs au moins professeurs. Ces toiles, d&rsquo;ailleurs accroch&eacute;es dans les salles de l&rsquo;Institution, ont un r&ocirc;le m&eacute;morial et comm&eacute;moratif, c&eacute;l&eacute;brant l&rsquo;artiste figur&eacute; au-del&agrave; de sa mort, son &oelig;uvre et son r&ocirc;le au sein de l&rsquo;Acad&eacute;mie<sup><a href="#nbp16" id="note_16" name="liennbp16" title="Aller à la note de bas de page n°16">16</a></sup>. Le portrait participe de fait &agrave; la construction d&rsquo;une histoire de l&rsquo;Institution, histoire qui reste toutefois principalement li&eacute;e aux peintres d&rsquo;histoire et aux sculpteurs.</p> <p>&nbsp;</p> <h3><em><strong>1.2. Entre acceptation et rejet</strong></em></h3> <p>Au cours du si&egrave;cle, la hi&eacute;rarchie des genres est plus ou moins appliqu&eacute;e au sein de l&rsquo;Acad&eacute;mie. Durant les ann&eacute;es 1708-1737, moment o&ugrave; le duc d&rsquo;Antin est Directeur g&eacute;n&eacute;ral des B&acirc;timents du Roi, une relative politique d&rsquo;ouverture envers les &laquo;&nbsp;talents particuliers&nbsp;&raquo; est perceptible<sup><a href="#nbp17" id="note_17" name="liennbp17" title="Aller à la note de bas de page n°17">17</a></sup>. N&eacute;anmoins, la hi&eacute;rarchie des genres se retrouve dans les livrets des expositions de l&rsquo;Acad&eacute;mie royale. En effet, &agrave; partir de celle de 1740, les &oelig;uvres expos&eacute;es y sont g&eacute;n&eacute;ralement organis&eacute;es selon le rang que l&rsquo;artiste occupe &agrave; l&rsquo;Acad&eacute;mie&nbsp;: professeurs, adjoints &agrave; professeurs, conseillers, acad&eacute;miciens et enfin agr&eacute;&eacute;s<sup><a href="#nbp18" id="note_18" name="liennbp18" title="Aller à la note de bas de page n°18">18</a></sup>. La valorisation de la peinture d&rsquo;histoire par l&rsquo;Acad&eacute;mie perdure les ann&eacute;es suivantes, en particulier suite &agrave; une diminution de 33% des peintres d&rsquo;histoire re&ccedil;us entre 1745 et 1774<sup><a href="#nbp19" id="note_19" name="liennbp19" title="Aller à la note de bas de page n°19">19</a></sup>. Des aides sont ainsi accord&eacute;es afin d&rsquo;encourager cette carri&egrave;re, notamment sous l&rsquo;impulsion de Cochin, secr&eacute;taire de l&rsquo;Institution<sup><a href="#nbp20" id="note_20" name="liennbp20" title="Aller à la note de bas de page n°20">20</a></sup>. Mais c&rsquo;est surtout le comte d&rsquo;Angiviller, nomm&eacute; Directeur des B&acirc;timents du Roi en 1774, qui relance l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t des artistes pour l&rsquo;histoire et tente de redonner son &eacute;clat &agrave; la peinture fran&ccedil;aise. Son but est de d&eacute;velopper le r&ocirc;le politique et social de cette derni&egrave;re en s&rsquo;appuyant sur le &laquo;&nbsp;Grand Genre&nbsp;&raquo;. En 1777, il commande par exemple une s&eacute;rie de sujets d&rsquo;histoire moralisants destin&eacute;e &agrave; para&icirc;tre au Salon afin de montrer la grandeur de la France et de la monarchie, mais aussi d&rsquo;&eacute;duquer le public<sup><a href="#nbp21" id="note_21" name="liennbp21" title="Aller à la note de bas de page n°21">21</a></sup>. En outre, d&rsquo;Angiviller d&eacute;conseille d&rsquo;encourager les autres artistes pour ne pas dissuader les peintres de choisir la carri&egrave;re noble de l&rsquo;histoire, car cette derni&egrave;re &laquo;&nbsp;est le grand genre de la peinture, et c&rsquo;est seulement dans la r&eacute;ussite dans l&rsquo;<em>histoire</em> que peut &ecirc;tre &eacute;tablie la gloire d&rsquo;une nation dans les arts<sup><a href="#nbp22" id="note_22" name="liennbp22" title="Aller à la note de bas de page n°22">22</a></sup>&nbsp;&raquo;. La position de la peinture d&rsquo;histoire au sein de la hi&eacute;rarchie des genres est ainsi renforc&eacute;e, son r&ocirc;le &eacute;difiant, didactique et moral est, quant &agrave; lui, mis en &eacute;vidence<sup><a href="#nbp23" id="note_23" name="liennbp23" title="Aller à la note de bas de page n°23">23</a></sup>. En plus de cette vision plus que valorisante de son art, le peintre d&rsquo;histoire demeure souvent per&ccedil;u comme le seul artiste accompli car il traite tous les sujets et a par cons&eacute;quent davantage de g&eacute;nie, d&rsquo;imagination et d&rsquo;invention que les autres. En revanche, on pense que le portraitiste poss&egrave;de des connaissances limit&eacute;es, puisqu&rsquo;il se contente de copier la nature&nbsp;: il transcrit simplement sur la toile les traits d&rsquo;un individu, comme l&rsquo;a d&eacute;j&agrave; soulign&eacute; F&eacute;libien.</p> <p>Le syst&egrave;me hi&eacute;rarchique &eacute;tabli par ce dernier n&rsquo;est n&eacute;anmoins pas une r&egrave;gle absolue mais, au contraire, l&rsquo;objet de discussions chez les critiques d&rsquo;art du XVIII<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle<sup><a href="#nbp24" id="note_24" name="liennbp24" title="Aller à la note de bas de page n°24">24</a></sup>. Tout d&rsquo;abord, l&rsquo;all&eacute;gorie, plac&eacute;e au sommet par F&eacute;libien, s&eacute;duit peu les th&eacute;oriciens et critiques d&rsquo;art, notamment en raison de &laquo;&nbsp;l&rsquo;effort de d&eacute;chiffrement&nbsp;&raquo; qu&rsquo;elle exige<sup><a href="#nbp25" id="note_25" name="liennbp25" title="Aller à la note de bas de page n°25">25</a></sup>. De m&ecirc;me, la distinction faite entre peintres d&rsquo;histoire et de genre s&rsquo;appuie sur le fait que ces derniers copient et imitent des &eacute;l&eacute;ments r&eacute;els, tandis que la part d&rsquo;imagination des premiers est bien plus d&eacute;velopp&eacute;e. L&rsquo;id&eacute;e subsiste au XVIII<sup>e </sup>si&egrave;cle, mais Roger de Piles, en d&eacute;finissant la peinture comme &laquo;&nbsp;l&rsquo;imitation des objets visibles par le moyen de la forme et des couleurs&nbsp;&raquo;, affirme que tout sujet pictural provient de l&rsquo;imitation&nbsp;: m&ecirc;me dans une peinture d&rsquo;histoire, l&rsquo;artiste copie la nature<sup><a href="#nbp26" id="note_26" name="liennbp26" title="Aller à la note de bas de page n°26">26</a></sup>. En outre, des acad&eacute;miciens, tel le miniaturiste Jean-Baptiste Mass&eacute;, insistent lors de discours adress&eacute;s aux &eacute;l&egrave;ves sur la n&eacute;cessit&eacute; de travailler dans le talent qui convient &agrave; chacun tout en montrant les m&eacute;rites respectifs de tous les genres artistiques. En 1750, Mass&eacute; d&eacute;nonce ainsi ceux qui &laquo;&nbsp;ne pers&eacute;v&egrave;rent dans l&rsquo;histoire que par la fausse honte de para&icirc;tre avoir moins de g&eacute;nie que leurs camarades, sans songer que, ne pouvant les &eacute;galer en ce genre, ils les surpasseraient peut-&ecirc;tre de beaucoup dans un autre<sup><a href="#nbp27" id="note_27" name="liennbp27" title="Aller à la note de bas de page n°27">27</a></sup> &raquo;. Toutefois, les critiques de Salons commencent tr&egrave;s souvent leurs textes par les peintures d&rsquo;histoire avant d&rsquo;aborder portraits, paysages ou peintures animali&egrave;res. L&rsquo;auteur des <em>M&eacute;moires secrets </em>organise par exemple ses comptes rendus en trois lettres&nbsp;: la premi&egrave;re est consacr&eacute;e &agrave; la peinture d&rsquo;histoire, la seconde aux autres genres picturaux et la troisi&egrave;me &agrave; la sculpture et &agrave; la gravure<sup><a href="#nbp28" id="note_28" name="liennbp28" title="Aller à la note de bas de page n°28">28</a></sup>. N&eacute;anmoins, lors du Salon de 1787, il &eacute;voque le<em> Portrait de</em> <em>Marie-Antoinette et de ses enfants </em>par Vig&eacute;e-Lebrun d&egrave;s sa premi&egrave;re lettre et ce, sur plusieurs pages, avant d&rsquo;&eacute;crire : &laquo;&nbsp;entra&icirc;n&eacute; par mon d&eacute;but j&rsquo;ai anticip&eacute; sur ma marche ordinaire et ne vous ai point encore parl&eacute; du premier genre de l&rsquo;histoire<sup><a href="#nbp29" id="note_29" name="liennbp29" title="Aller à la note de bas de page n°29">29</a></sup>&nbsp;&raquo;. Quelques exceptions sont &agrave; noter&nbsp;: l&rsquo;auteur anonyme de la <em>Lettre &agrave; M. de Poiresson-Chamarande, </em>court texte sur le Salon de 1741, traite les &oelig;uvres selon leur ordre de pr&eacute;sentation dans les salles et non d&rsquo;apr&egrave;s leur sujet<sup><a href="#nbp30" id="note_30" name="liennbp30" title="Aller à la note de bas de page n°30">30</a></sup>.</p> <p>Les toiles de genres &laquo;&nbsp;mineurs&nbsp;&raquo;, en particulier le portrait, ne sont cependant pas n&eacute;glig&eacute;es dans les expositions. Si l&rsquo;on consulte les livrets de ces &eacute;v&eacute;nements, on remarque que les portraits recouvrent en moyenne environ 21% des &oelig;uvres, ce qui reste un chiffre notable mais est loin de l&rsquo;id&eacute;e de masse formul&eacute;e par l&rsquo;auteur des <em>M&eacute;moires secrets</em><sup><a href="#nbp31" id="note_31" name="liennbp31" title="Aller à la note de bas de page n°31">31</a></sup>. En 1769, ce dernier &eacute;crit en effet que la &laquo;&nbsp;multitude de portraits&nbsp;&raquo; l&rsquo;oblige &agrave; en parler<sup><a href="#nbp32" id="note_32" name="liennbp32" title="Aller à la note de bas de page n°32">32</a></sup>. Toutefois, lorsqu&rsquo;il mentionne certaines de ces toiles, telle <em>Gustave de Su&egrave;de avec ses fr&egrave;res</em>, il le fait en donnant de nombreux d&eacute;tails sur la composition, l&rsquo;expression ou encore l&rsquo;effet produit sur le spectateur<sup><a href="#nbp33" id="note_33" name="liennbp33" title="Aller à la note de bas de page n°33">33</a></sup>.</p> <p>Comme le montre Mark Ledbury, les th&eacute;oriciens du XVIII<sup>e </sup>si&egrave;cle dirigent finalement leur r&eacute;flexion vers une opposition des sujets picturaux entre peinture d&rsquo;histoire et &laquo;&nbsp;genre&nbsp;&raquo;, plut&ocirc;t que vers une v&eacute;ritable hi&eacute;rarchie, ce qui est particuli&egrave;rement visible dans l&rsquo;<em>Essai sur la peinture</em> de Diderot&nbsp;:</p> <p><q><em>&nbsp;Il me semble que la division de la peinture en peinture de genre et peinture d&rsquo;histoire est sens&eacute;e, mais je voudrais qu&rsquo;on e&ucirc;t un peu plus consult&eacute; la nature des choses dans cette division [&hellip;] il fallait appeler peintres de genre les imitateurs de la nature brute et morte ; peintre d&rsquo;histoire, les imitateurs de la nature sensible et vivante ; et la querelle &eacute;tait finie. Mais en laissant aux mots les acceptions re&ccedil;ues, je vois que la peinture de genre a presque toutes les difficult&eacute;s de la peinture historique ; qu&rsquo;elle exige autant d&rsquo;esprit, d&rsquo;imagination, de po&eacute;sie m&ecirc;me&nbsp;[&hellip;]<sup><a href="#nbp34" id="note_34" name="liennbp34" title="Aller à la note de bas de page n°34">34</a></sup>. </em></q></p> <p>&nbsp;Diderot ne remet pas vraiment en cause la hi&eacute;rarchie, mais pense qu&rsquo;un &laquo;&nbsp;homme de g&eacute;nie&nbsp;&raquo; peut donner aux &laquo;&nbsp;talents particuliers&nbsp;&raquo; une valeur picturale &eacute;galant la peinture d&rsquo;histoire<sup><a href="#nbp35" id="note_35" name="liennbp35" title="Aller à la note de bas de page n°35">35</a></sup>.</p> <p>Au XVIII<sup>e</sup> si&egrave;cle, la hi&eacute;rarchie des genres reste donc perceptible au sein de l&rsquo;Acad&eacute;mie et dans la litt&eacute;rature artistique, mais sans &ecirc;tre finalement tr&egrave;s rigoureuse. Malgr&eacute; une certaine remise en cause, elle n&rsquo;est jamais compl&egrave;tement renvers&eacute;e et est loin d&rsquo;&ecirc;tre unanime<sup><a href="#nbp36" id="note_36" name="liennbp36" title="Aller à la note de bas de page n°36">36</a></sup>. M&ecirc;me si l&rsquo;auteur des <em>M&eacute;moires secrets</em> admire quelques tableaux de Roslin, reste l&rsquo;id&eacute;e que la peinture d&rsquo;histoire, genre le plus difficile, occupe le sommet de la production picturale.</p> <h2>&nbsp;</h2> <h2><strong>2.&nbsp;Critique sociale du portrait</strong></h2> <p>&nbsp;</p> <p>Au XVIII<sup>e </sup>si&egrave;cle, le portrait peint conna&icirc;t, en France, un succ&egrave;s notable qui perdure durant la R&eacute;volution<sup><a href="#nbp37" id="note_37" name="liennbp37" title="Aller à la note de bas de page n°37">37</a></sup>. Auparavant r&eacute;serv&eacute; &agrave; un groupe social relativement restreint, il touche dor&eacute;navant des commanditaires plus divers, en particulier la bourgeoisie parisienne en qu&ecirc;te de reconnaissance sociale. Une demande priv&eacute;e se d&eacute;veloppe, rendant le portrait plus lucratif que la peinture d&rsquo;histoire qui, de son c&ocirc;t&eacute;, s&eacute;duit moins le public des Salons, tout comme ses commanditaires principaux &ndash; l&rsquo;&Eacute;glise et la Cour<sup><a href="#nbp38" id="note_38" name="liennbp38" title="Aller à la note de bas de page n°38">38</a></sup>. La r&eacute;alit&eacute; semble alors s&rsquo;opposer &agrave; la hi&eacute;rarchie des genres. Comme le note Martin Schieder, cet &eacute;cart notable entre la th&eacute;orie et la pratique de cette hi&eacute;rarchie permet aux contemporains de d&eacute;battre tout au long du si&egrave;cle du r&ocirc;le et de la place du portrait<sup><a href="#nbp39" id="note_39" name="liennbp39" title="Aller à la note de bas de page n°39">39</a></sup>.</p> <p>Malgr&eacute; leur succ&egrave;s aupr&egrave;s du public, les portraits sont l&rsquo;objet d&rsquo;une critique sociale virulente qui commence &agrave; poindre dans plusieurs comptes rendus d&rsquo;exposition portant sur les personnes se faisant peindre, mais aussi sur l&rsquo;artiste m&ecirc;me. Le go&ucirc;t du public est particuli&egrave;rement d&eacute;nonc&eacute; par La Font de Saint-Yenne, critique d&rsquo;art, dans ses <em>R&eacute;flexions </em>(1747), puis ses <em>Sentiments</em> (1754)<sup><a href="#nbp40" id="note_40" name="liennbp40" title="Aller à la note de bas de page n°40">40</a></sup>. Selon lui, le d&eacute;veloppement du portrait est la preuve de la d&eacute;cadence de la peinture et l&rsquo;effet du peu d&rsquo;encouragement pour le &laquo;&nbsp;Grand Genre&nbsp;&raquo;, tel qu&rsquo;il existait au Grand Si&egrave;cle. Les peintres, tenus par l&rsquo;app&acirc;t du gain, se tournent facilement vers le portrait dont la client&egrave;le est nombreuse&nbsp;: chacun veut en effet poss&eacute;der son effigie ou la donner &agrave; son entourage<sup><a href="#nbp41" id="note_41" name="liennbp41" title="Aller à la note de bas de page n°41">41</a></sup>. La Font de Saint-Yenne s&rsquo;en prend alors aux portraitistes figurant des mod&egrave;les peu int&eacute;ressants pour la soci&eacute;t&eacute; pour gagner plus d&rsquo;argent&nbsp;: l&rsquo;artiste &laquo;&nbsp;sacrifiera &agrave; ses besoins son go&ucirc;t favori et ses talents naturels, pour ne pas voir sa fortune rampante malgr&eacute; sa science et ses travaux, vis-&agrave;-vis de la rapide opulence de ses Confr&egrave;res en Portraits<sup><a href="#nbp42" id="note_42" name="liennbp42" title="Aller à la note de bas de page n°42">42</a></sup>&nbsp;&raquo;. Guid&eacute;s par leur int&eacute;r&ecirc;t pour l&rsquo;expression des passions, la disposition, la valeur &eacute;difiante d&rsquo;un sujet, les critiques d&rsquo;art valorisent la peinture d&rsquo;histoire<sup><a href="#nbp43" id="note_43" name="liennbp43" title="Aller à la note de bas de page n°43">43</a></sup>. &Agrave; l&rsquo;inverse, le public des expositions s&rsquo;arr&ecirc;te davantage devant les portraits ou les sc&egrave;nes galantes. Son absence d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t pour des tableaux qui devraient pourtant lui inspirer des sentiments nobles et sublimes est d&eacute;nonc&eacute;e, tout comme sa curiosit&eacute; envers les effigies de ses contemporains. Un auteur anonyme &eacute;crivant &agrave; propos de l&rsquo;exposition de 1755 d&eacute;crie par exemple des femmes dont l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t principal est de reconna&icirc;tre les personnes peintes<sup><a href="#nbp44" id="note_44" name="liennbp44" title="Aller à la note de bas de page n°44">44</a></sup>. En outre, il se moque d&rsquo;une dame ajustant ses mouches et son maquillage devant un portrait au pastel de La Tour, soulignant sa vanit&eacute;<sup><a href="#nbp45" id="note_45" name="liennbp45" title="Aller à la note de bas de page n°45">45</a></sup>. Selon La Font de Saint-Yenne, l&rsquo;amour-propre, c&rsquo;est-&agrave;-dire &laquo;&nbsp;une excellente opinion de nous-m&ecirc;me et fort au-dessus de notre valeur&nbsp;&raquo;, explique le go&ucirc;t pour le portrait<sup><a href="#nbp46" id="note_46" name="liennbp46" title="Aller à la note de bas de page n°46">46</a></sup>. Mais comme il ne suffit pas de nous admirer nous-m&ecirc;me, il faut persuader les autres que notre image &laquo;&nbsp;m&eacute;rite non seulement les regards et une attention particuli&egrave;re du public, mais encore celle de la post&eacute;rit&eacute;<sup><a href="#nbp47" id="note_47" name="liennbp47" title="Aller à la note de bas de page n°47">47</a></sup>&nbsp;&raquo;. D&rsquo;apr&egrave;s lui, les bourgeois et les financiers sont des individus &laquo;&nbsp;indiff&eacute;rents au Public, &agrave; leur post&eacute;rit&eacute;, &agrave; leurs h&eacute;ritiers m&ecirc;me&nbsp;&raquo; et n&rsquo;ont pas leur place au Salon<sup><a href="#nbp48" id="note_48" name="liennbp48" title="Aller à la note de bas de page n°48">48</a></sup>. Les femmes sont elles aussi particuli&egrave;rement vis&eacute;es par cette d&eacute;nonciation de l&rsquo;orgueil. En 1755, l&rsquo;amateur Baillet de Saint-Julien souligne la tyrannie de celles d&eacute;sirant &laquo;&nbsp;se contempler dans un tableau&nbsp;&raquo; mais sans accepter leurs d&eacute;fauts<sup><a href="#nbp49" id="note_49" name="liennbp49" title="Aller à la note de bas de page n°49">49</a></sup>. En r&eacute;alit&eacute;, ce qui d&eacute;range ces auteurs, c&rsquo;est la pr&eacute;sence au Salon d&rsquo;effigies d&rsquo;individus plus vaniteux qu&rsquo;exemplaires et la quasi-absence, au contraire, de ceux des grands hommes. R&eacute;alis&eacute;s <em>a priori </em>pour les int&eacute;rieurs de particuliers, des portraits priv&eacute;s se retrouvent &agrave; la vue de tous dans l&rsquo;espace public qu&rsquo;est le Salon. Les artistes doivent donc offrir l&rsquo;image de personnages importants de par leur rang social ou leur r&ocirc;le dans la soci&eacute;t&eacute;, et non des &laquo;&nbsp;&ecirc;tres obscurs sans caract&egrave;re, sans nom, sans place, et sans m&eacute;rite<sup><a href="#nbp50" id="note_50" name="liennbp50" title="Aller à la note de bas de page n°50">50</a></sup>&nbsp;&raquo;. La Font de Saint-Yenne instaure alors une sorte de droit au portrait, autorisant dans les expositions&nbsp;&laquo;&nbsp;ceux des bons Rois, des Reines vertueuses&nbsp;&raquo;, des Ministres, &laquo;&nbsp;de ces h&eacute;ros de valeur et d&rsquo;humanit&eacute;, de ces g&eacute;n&eacute;raux d&eacute;fenseurs de nos fronti&egrave;res et de nos fortunes au m&eacute;pris de leur sang et de leur vie&nbsp;<sup><a href="#nbp51" id="note_51" name="liennbp51" title="Aller à la note de bas de page n°51">51</a></sup>&nbsp;&raquo;. Ces tableaux sont appr&eacute;ciables et n&eacute;cessaires &agrave; la soci&eacute;t&eacute; car ils montrent des individus exemplaires&nbsp;:</p> <p><q><em>&nbsp;Mais pour cette foule d&rsquo;hommes obscurs, sans nom, sans talent, sans r&eacute;putation, m&ecirc;me sans physionomie ; tous ces &ecirc;tres qui n&rsquo;ont de m&eacute;rite que celui d&rsquo;exister, ou dont la vue de l&rsquo;existence n&rsquo;est due qu&rsquo;aux erreurs de la fortune&nbsp;; enfin tous ces personnages g&eacute;ants &agrave; leurs propres yeux et atomes &agrave; ceux du public par leur enti&egrave;re inutilit&eacute; &agrave; l&rsquo;&Eacute;tat et aux citoyens, quel droit ont-ils d&rsquo;y &ecirc;tre plac&eacute;s ? Ce peuvent &ecirc;tre des p&egrave;res de famille, me direz-vous, dont les traits consoleront un jour leurs descendants de leur perte, d&rsquo;accord, mais que leurs fils exposent chez eux en bordures superbes ces visages si indiff&eacute;rents aux curieux, sans embarrasser le salon et sans usurper la place des portraits qui nous int&eacute;ressent, ou des tableaux qui nous amusent<sup><a href="#nbp52" id="note_52" name="liennbp52" title="Aller à la note de bas de page n°52">52</a></sup>. </em></q></p> <p>&nbsp;De m&ecirc;me, en 1781, Mercier s&rsquo;insurge de voir tant de portraits &laquo;&nbsp;de ces financiers, de ces traitants, de ces premiers ou seconds commis, de ces dolentes marquises, de ces inconnues comtesses, de ces pr&eacute;sidentes nulles<sup><a href="#nbp53" id="note_53" name="liennbp53" title="Aller à la note de bas de page n°53">53</a></sup>&nbsp;&raquo;. Il se moque des &laquo;&nbsp;joues enlumin&eacute;es&nbsp;&raquo; de ces dames trop maquill&eacute;es et de leur sourire feint<sup><a href="#nbp54" id="note_54" name="liennbp54" title="Aller à la note de bas de page n°54">54</a></sup>. Selon lui, &laquo;&nbsp;le salon a l&rsquo;air d&rsquo;une assembl&eacute;e de fous, grotesquement habill&eacute;s, qui se rient au nez, et se moquent les uns des autres<sup><a href="#nbp55" id="note_55" name="liennbp55" title="Aller à la note de bas de page n°55">55</a></sup>&nbsp;&raquo;. Le m&eacute;rite de figurer dans une exposition devrait n&rsquo;&ecirc;tre accord&eacute; <strong>&laquo;&nbsp;</strong>qu&rsquo;aux personnes distingu&eacute;es par leurs vertus, leurs talents ou par des services rendus &agrave; la patrie<sup><a href="#nbp56" id="note_56" name="liennbp56" title="Aller à la note de bas de page n°56">56</a></sup>&nbsp;&raquo;. Mercier souligne &agrave; son tour l&rsquo;importance des images montr&eacute;es au Salon et leur r&ocirc;le dans une forme d&rsquo;&eacute;ducation du public.</p> <p>Cependant, les critiques du portrait apparaissant dans la litt&eacute;rature artistique du XVIII<sup>e</sup> si&egrave;cle sont &agrave; nuancer. Si quelqu&rsquo;un comme La Font de Saint-Yenne d&eacute;nonce ce type d&rsquo;&oelig;uvres, ce n&rsquo;est pas parce qu&rsquo;il les consid&egrave;re sans int&eacute;r&ecirc;t, mais parce qu&rsquo;il pr&ocirc;ne une peinture instructive. Il d&eacute;nonce surtout ses contemporains et leurs int&eacute;r&ecirc;ts frivoles, mais reconna&icirc;t l&rsquo;utilit&eacute; des portraits dans certains cas. Dans ses <em>R&eacute;flexions</em> et ses <em>Sentiments</em>, il n&rsquo;en demeure pas moins &eacute;logieux envers les tableaux de Tocqu&eacute; ou de Nattier<sup><a href="#nbp57" id="note_57" name="liennbp57" title="Aller à la note de bas de page n°57">57</a></sup>. Il rapporte entre autres &laquo;&nbsp;l&rsquo;admiration de tous les spectateurs et des plus fins connaisseurs&nbsp;&raquo; devant le<em> Portrait de M<sup>me</sup> Dang&eacute;</em>, ex&eacute;cut&eacute; par Tocqu&eacute;, &laquo;&nbsp;&eacute;tonn&eacute;s des recherches singuli&egrave;res et de son attention &agrave; mettre une perfection de v&eacute;rit&eacute; dans toutes les parties qui le composent et dans le d&eacute;tail des meubles [&hellip;]<sup><a href="#nbp58" id="note_58" name="liennbp58" title="Aller à la note de bas de page n°58">58</a></sup>&nbsp;&raquo;. De m&ecirc;me, rien n&rsquo;est, selon ses mots, &laquo;&nbsp;plus aimable en portraits que celui de Madame, fille de M. le Dauphin&nbsp;&raquo;, r&eacute;alis&eacute; par Nattier&nbsp;: il s&rsquo;agit &laquo; [d&rsquo;]un chef-d&rsquo;&oelig;uvre de l&rsquo;art<sup><a href="#nbp59" id="note_59" name="liennbp59" title="Aller à la note de bas de page n°59">59</a></sup>&nbsp;&raquo;. La critique de ce type de toiles chez La Font de Saint-Yenne semble avant tout sociale.</p> <p>&nbsp;</p> <h2><strong>3.&nbsp;Entre portrait histori&eacute; et &laquo;&nbsp;portrait bien peint&nbsp;&raquo;&nbsp;: l&eacute;gitimation et valorisation d&rsquo;un genre pictural</strong></h2> <p>&nbsp;</p> <p>L&rsquo;utilit&eacute; sociale du portrait est donc affirm&eacute;e&nbsp;: il doit montrer l&rsquo;image d&rsquo;individus exemplaires en particulier pour transmettre &laquo;&nbsp;proprement l&rsquo;histoire actuelle, celle du moment<sup><a href="#nbp60" id="note_60" name="liennbp60" title="Aller à la note de bas de page n°60">60</a></sup>&nbsp;&raquo;. Le r&ocirc;le des effigies des grands hommes t&eacute;moigne de la mise en valeur de ce genre pictural et de l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t que les contemporains ont pour lui. Mais, cela ne suffit pas pour contrer les critiques li&eacute;es &agrave; l&rsquo;aspect pr&eacute;tendument facile et m&eacute;canique. Certains peintres cr&eacute;ent alors des grands portraits collectifs ou histori&eacute;s afin de mettre en parall&egrave;le leur production avec la peinture d&rsquo;histoire et de l&eacute;gitimer leur production<sup><a href="#nbp61" id="note_61" name="liennbp61" title="Aller à la note de bas de page n°61">61</a></sup>. Le portrait histori&eacute; demeure cependant critiqu&eacute; pour son caract&egrave;re faux, immodeste et &laquo;&nbsp;enchanteur<sup><a href="#nbp62" id="note_62" name="liennbp62" title="Aller à la note de bas de page n°62">62</a></sup>&nbsp;&raquo;. En effet, les femmes se faisant peindre sous les traits flatteurs de V&eacute;nus, d&rsquo;H&eacute;b&eacute; ou encore de Diane, sont souvent ridiculis&eacute;es, notamment sous la plume de Cochin, dans son <em>Mercure du mois de juin de l&rsquo;ann&eacute;e 2355</em>. Le narrateur fictif, M. Findfault, vivant au XXIV<sup>e </sup>si&egrave;cle et confront&eacute; aux &oelig;uvres du si&egrave;cle des Lumi&egrave;res, tourne en d&eacute;rision ces toiles, qui, selon lui, font passer les Fran&ccedil;ais pour &laquo;&nbsp;une nation de fous<sup><a href="#nbp63" id="note_63" name="liennbp63" title="Aller à la note de bas de page n°63">63</a></sup>&nbsp;&raquo;. Ce type de tableaux ne semble donc pouvoir l&eacute;gitimer totalement le portrait malgr&eacute; son rapport &agrave; la peinture d&rsquo;histoire, m&ecirc;me s&rsquo;il s&rsquo;en rapproche clairement. En 1704, Fran&ccedil;ois de Troy ex&eacute;cute par exemple une grande toile intitul&eacute;e <em>Le festin de Didon et &Eacute;n&eacute;e</em> et figurant des membres de la cour de Sceaux de mani&egrave;re d&eacute;guis&eacute;e : la duchesse du Maine est peinte sous les traits de la reine carthaginoise, tandis que son &eacute;poux appara&icirc;t en &Eacute;n&eacute;e<sup><a href="#nbp64" id="note_64" name="liennbp64" title="Aller à la note de bas de page n°64">64</a></sup>. De Troy &eacute;tablit une narration en illustrant un &eacute;pisode de l&rsquo;<em>&Eacute;n&eacute;ide</em>, et rapproche de fait cette &oelig;uvre du &laquo;&nbsp;Grand Genre<sup><a href="#nbp65" id="note_65" name="liennbp65" title="Aller à la note de bas de page n°65">65</a></sup>&nbsp;&raquo;.</p> <p>Les portraits collectifs permettent eux aussi le d&eacute;veloppement d&rsquo;une action et de fait un parall&egrave;le avec l&rsquo;histoire<sup><a href="#nbp66" id="note_66" name="liennbp66" title="Aller à la note de bas de page n°66">66</a></sup>. C&rsquo;est ce que sugg&egrave;re l&rsquo;auteur des <em>M&eacute;moires secrets</em> lorsqu&rsquo;il &eacute;crit, en 1785, que les portraitistes &laquo;&nbsp;semblent avoir tous voulu cette fois prendre un vol plus haut et se rapprocher autant qu&rsquo;ils peuvent de l&rsquo;histoire<sup><a href="#nbp67" id="note_67" name="liennbp67" title="Aller à la note de bas de page n°67">67</a></sup>&raquo;.&nbsp;Le salonnier donne l&rsquo;exemple d&rsquo;Ad&eacute;la&iuml;de Labille-Guiard et de son <em>Autoportrait avec deux de ses &eacute;l&egrave;ves</em><sup><a href="#nbp68" id="note_68" name="liennbp68" title="Aller à la note de bas de page n°68">68</a></sup>. Il expose &laquo;&nbsp;l&rsquo;action&nbsp;&raquo;, en notant que l&rsquo;artiste a v&eacute;ritablement respect&eacute; la r&egrave;gle d&rsquo;unit&eacute; et d&eacute;crit le tableau comme un &laquo;&nbsp;portrait histori&eacute;<sup><a href="#nbp69" id="note_69" name="liennbp69" title="Aller à la note de bas de page n°69">69</a></sup>&nbsp;&raquo;. L&rsquo;adjectif histori&eacute; signifie alors la repr&eacute;sentation des peintres avec leurs outils de travail, pinceaux et toiles, en train d&rsquo;ex&eacute;cuter une &oelig;uvre et inscrivant le tableau dans l&rsquo;Histoire<sup><a href="#nbp70" id="note_70" name="liennbp70" title="Aller à la note de bas de page n°70">70</a></sup>. Le lien avec la peinture d&rsquo;histoire est d&egrave;s lors &eacute;vident. L&rsquo;auteur &eacute;voque &eacute;galement &agrave; propos de cet autoportrait la vari&eacute;t&eacute; des actions, &laquo;&nbsp;l&rsquo;intelligence du clair-obscur&nbsp;&raquo; ou encore &laquo;&nbsp;l&rsquo;accord de la gr&acirc;ce&nbsp;&raquo;, indiquant que ces &eacute;l&eacute;ments peuvent s&rsquo;appliquer autant au portrait qu&rsquo;au &laquo;&nbsp;Grand Genre&nbsp;&raquo;.</p> <p>La valorisation du portrait passe en outre par les textes et discours acad&eacute;miques. Afin de montrer qu&rsquo;il n&rsquo;est pas seulement la copie d&rsquo;une personne, des amateurs prennent la plume pour exposer ses difficult&eacute;s propres. Ainsi, en 1708, Roger de Piles &ndash; le premier en France qui consacre toute une partie de son <em>Cours de peinture </em>au portrait &ndash; affirme que pour &ecirc;tre r&eacute;ussi, il doit rendre l&rsquo;expression, la vivacit&eacute; et l&rsquo;individualit&eacute; de chaque mod&egrave;le&nbsp;: il ne s&rsquo;agit donc pas d&rsquo;une simple imitation, mais l&rsquo;esprit doit transpara&icirc;tre<sup><a href="#nbp71" id="note_71" name="liennbp71" title="Aller à la note de bas de page n°71">71</a></sup>. L&rsquo;une des difficult&eacute;s est d&rsquo;accorder ensemble toutes les parties du visage naturellement&nbsp;: une &laquo;&nbsp;bouche riante&nbsp;&raquo; ne peut aller avec &laquo;&nbsp;des yeux tristes<sup><a href="#nbp72" id="note_72" name="liennbp72" title="Aller à la note de bas de page n°72">72</a></sup>&nbsp;&raquo;. Le peintre doit en outre ma&icirc;triser le coloris, partie&nbsp;capable de faire &laquo; conna&icirc;tre le v&eacute;ritable temp&eacute;rament des personnes&nbsp;&raquo;, et demeurant une chose &laquo;&nbsp;rare et difficile<sup><a href="#nbp73" id="note_73" name="liennbp73" title="Aller à la note de bas de page n°73">73</a></sup>&nbsp;&raquo;. Il faut aussi savoir placer et accorder les teintes entre elles&nbsp;: une femme blonde ne doit &ecirc;tre v&ecirc;tue d&rsquo;une robe jaune, mais plut&ocirc;t porter des tenues vertes, bleues ou grises qui &laquo;&nbsp;par leur opposition&nbsp;&raquo; donnent &laquo;&nbsp;plus de chair&nbsp;&raquo; &agrave; celle-ci<sup><a href="#nbp74" id="note_74" name="liennbp74" title="Aller à la note de bas de page n°74">74</a></sup>. De Piles donne un ensemble de conseils sur la mani&egrave;re de traiter les mains, la coiffure ou encore l&rsquo;attitude, avant de terminer sur ce qu&rsquo;il nomme &laquo;&nbsp;la politique&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire le comportement que l&rsquo;artiste doit avoir avec son mod&egrave;le et le public, et qui demande &laquo;&nbsp;beaucoup d&rsquo;art<sup><a href="#nbp75" id="note_75" name="liennbp75" title="Aller à la note de bas de page n°75">75</a></sup>&nbsp;&raquo;. Il d&eacute;conseille par exemple de montrer l&rsquo;&eacute;bauche du tableau ou de demander l&rsquo;avis d&rsquo;ignorants. Peindre l&rsquo;image d&rsquo;un individu demande ainsi des qualit&eacute;s artistiques, tout autant qu&rsquo;une certaine diplomatie dans son rapport &agrave; la client&egrave;le et &agrave; son entourage.</p> <p>Louis Tocqu&eacute;, portraitiste et acad&eacute;micien, prononce en 1750 une conf&eacute;rence enti&egrave;rement consacr&eacute;e &agrave; sa sp&eacute;cialit&eacute; &ndash;&nbsp;par ailleurs la seule &agrave; l&rsquo;Acad&eacute;mie<sup><a href="#nbp76" id="note_76" name="liennbp76" title="Aller à la note de bas de page n°76">76</a></sup>. Indiquant dans un premier temps avoir choisi le portrait &laquo;&nbsp;n&rsquo;ayant pas fait d&rsquo;&eacute;tudes assez consid&eacute;rables pour esp&eacute;rer de pouvoir me distinguer dans l&rsquo;histoire&nbsp;&raquo;, Tocqu&eacute; ajoute s&rsquo;&ecirc;tre tromp&eacute; car &laquo;&nbsp;chaque talents a [ses difficult&eacute;s] lorsque l&rsquo;on veut l&rsquo;exercer de mani&egrave;re &agrave; se faire un nom<sup><a href="#nbp77" id="note_77" name="liennbp77" title="Aller à la note de bas de page n°77">77</a></sup> &raquo;. Tr&egrave;s rapidement, il pose la question de la ressemblance du mod&egrave;le et indique que cette partie, bien que &laquo;&nbsp;n&eacute;cessaire&nbsp;&raquo;, est loin d&rsquo;&ecirc;tre la seule. Tout d&rsquo;abord, elle ne touche pas seulement le corps, mais l&rsquo;esprit et le temp&eacute;rament du mod&egrave;le. Pour ce faire, des &laquo;&nbsp;recherches fines&nbsp;&raquo; sont indispensables et &laquo;&nbsp;caract&eacute;risent le vrai peintre de portrait<sup><a href="#nbp78" id="note_78" name="liennbp78" title="Aller à la note de bas de page n°78">78</a></sup>&nbsp;&raquo;. Tocqu&eacute; donne &eacute;galement une s&eacute;rie de conseils tr&egrave;s pr&eacute;cis quant &agrave; la composition, &agrave; la touche, au traitement du coloris, de la lumi&egrave;re ou encore sur la mani&egrave;re dont le caract&egrave;re d&rsquo;un individu peut &ecirc;tre exprim&eacute; en travaillant son poignet<sup><a href="#nbp79" id="note_79" name="liennbp79" title="Aller à la note de bas de page n°79">79</a></sup>. Son but est de montrer, &agrave; travers son exp&eacute;rience, qu&rsquo;un portrait demande de profondes r&eacute;flexions, &eacute;tudes et applications, de m&ecirc;me qu&rsquo;un certain g&eacute;nie lorsque l&rsquo;on veut faire une &oelig;uvre notable.</p> <p>Par la suite, Diderot s&rsquo;int&eacute;resse lui aussi &agrave; la question de la ressemblance d&rsquo;un mod&egrave;le en expliquant que si elle est plut&ocirc;t facile &agrave; attraper, un &laquo;&nbsp;beau pinceau&nbsp;&raquo; demeure rare<sup><a href="#nbp80" id="note_80" name="liennbp80" title="Aller à la note de bas de page n°80">80</a></sup>. Or, les &laquo;&nbsp;gens du monde [&hellip;] ne sont arr&ecirc;t&eacute;s que par les portraits dont ils ont les originaux pr&eacute;sents&nbsp;&raquo;, ce que ne fait pas &laquo;&nbsp;l&rsquo;homme de lettres<sup><a href="#nbp81" id="note_81" name="liennbp81" title="Aller à la note de bas de page n°81">81</a></sup>&nbsp;&raquo;. Une appr&eacute;ciation diff&eacute;rente du portrait semble alors appara&icirc;tre entre un public seulement int&eacute;ress&eacute; par la ressemblance ou l&rsquo;identit&eacute; du mod&egrave;le et les artistes et amateurs qui en admirent les qualit&eacute;s picturales, telles que le coloris ou la touche, montrant de fait que ces peintures sont dignes de passer &agrave; la post&eacute;rit&eacute;<sup><a href="#nbp82" id="note_82" name="liennbp82" title="Aller à la note de bas de page n°82">82</a></sup>. Diderot explique en effet&nbsp;:</p> <p><q><em>&nbsp;Il s&rsquo;est &eacute;lev&eacute; ici une contestation singuli&egrave;re entre les artistes et les gens du monde. Ceux-ci ont pr&eacute;tendu que le m&eacute;rite principal d&rsquo;un portrait &eacute;tait de ressembler, les artistes, que c&rsquo;&eacute;tait d&rsquo;&ecirc;tre bien dessin&eacute; et bien peint. [&hellip;]. Le m&eacute;rite de ressembler est passager ; c&rsquo;est celui du pinceau qui &eacute;merveille dans le moment, et qui &eacute;ternise l&rsquo;ouvrage. C&rsquo;est une chose bien douce pour nous, leur a-t-on r&eacute;pondu, que de retrouver sur la toile l&rsquo;image vraie de nos p&egrave;res. [&hellip;] D&rsquo;o&ugrave; je conclus avec vous qu&rsquo;il faut qu&rsquo;un portrait soit ressemblant pour moi, et bien peint pour la post&eacute;rit&eacute;. Ce qu&rsquo;il y a de certain, c&rsquo;est que rien n&rsquo;est plus rare qu&rsquo;un beau pinceau, plus commun qu&rsquo;un barbouilleur qui fait ressembler, et quand l&rsquo;homme n&rsquo;est plus, nous supposons la ressemblance<sup><a href="#nbp83" id="note_83" name="liennbp83" title="Aller à la note de bas de page n°83">83</a></sup>.&nbsp; </em></q></p> <p>La litt&eacute;rature artistique du XVIII<sup>e</sup> si&egrave;cle d&eacute;veloppe ainsi des crit&egrave;res d&rsquo;appr&eacute;ciation du portrait. Plus que le simple plaisir de la ressemblance, les amateurs et les artistes affirment que l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de ces toiles peut se porter vers ses qualit&eacute;s picturales et esth&eacute;tiques : un portrait bien peint a plus de valeur qu&rsquo;un portrait copiant seulement le mod&egrave;le. Il peut donc passer &agrave; la post&eacute;rit&eacute; &ndash; qui ne pourra de toute fa&ccedil;on pas t&eacute;moigner de la similitude avec l&rsquo;individu, comme le rappelle Cochin &ndash; et l&eacute;gitimer ce genre pictural<sup><a href="#nbp84" id="note_84" name="liennbp84" title="Aller à la note de bas de page n°84">84</a></sup>. Finalement, seul le peintre &laquo;&nbsp;m&eacute;diocre&nbsp;&raquo; se borne &agrave; copier l&rsquo;apparence physique, alors que l&rsquo;artiste savant cr&eacute;e un chef-d&rsquo;&oelig;uvre<sup><a href="#nbp85" id="note_85" name="liennbp85" title="Aller à la note de bas de page n°85">85</a></sup>.</p> <p>Pour valoriser et l&eacute;gitimer le portrait, les artistes et amateurs montrent que celui-ci peut contenir des &eacute;l&eacute;ments picturaux travaill&eacute;s et donc appr&eacute;ciables &ndash; action, clair-obscur, coloris, touche, etc. &ndash;, pouvant le rapprocher de la peinture d&rsquo;histoire. Ils insistent &eacute;galement sur les difficult&eacute;s inh&eacute;rentes au portrait, prouvant qu&rsquo;un certain talent est n&eacute;cessaire. Ainsi, la hi&eacute;rarchie des genres ou du moins la pr&eacute;&eacute;minence de la peinture d&rsquo;histoire demeurent perceptibles durant le si&egrave;cle des Lumi&egrave;res. Le &laquo;&nbsp;Grand Genre&nbsp;&raquo; continue d&rsquo;&ecirc;tre la r&eacute;f&eacute;rence et peut m&ecirc;me &ecirc;tre utilis&eacute; comme faire-valoir lorsque l&rsquo;on veut louer un portrait. N&eacute;anmoins, des auteurs et artistes mettent en place un certain nombre de crit&egrave;res esth&eacute;tiques et picturaux permettant d&rsquo;appr&eacute;cier un portrait &agrave; sa juste valeur, au-del&agrave; de la transcription d&rsquo;une simple ressemblance physique, tant appr&eacute;ci&eacute;e du public. Auparavant surtout valoris&eacute; parce qu&rsquo;il immortalise des individus allant parfois jusqu&rsquo;&agrave; les &eacute;riger en exemples, le portrait se voit alors peu &agrave; peu l&eacute;gitim&eacute; d&rsquo;un point de vue pictural et esth&eacute;tique gr&acirc;ce aux amateurs, notamment pour r&eacute;pondre &agrave; une critique sociale manifeste.</p> <p>&nbsp;(CRISES, Universit&eacute; Paul Val&eacute;ry)</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <hr /> <p><strong>Notes et r&eacute;f&eacute;rences</strong></p> <p><a href="#liennbp1" name="nbp1">1</a> L&rsquo;expression &laquo;&nbsp;genres picturaux mineurs&nbsp;&raquo; se retrouve d&egrave;s l&rsquo;Antiquit&eacute;, chez Pline l&rsquo;Ancien (<em>Histoire naturelle, XXXV. La peinture</em>, Paris, Les Belles Lettres, 1997, XXXVII, p. 99).</p> <p><a href="#liennbp2" name="nbp2">2</a> Leon Battista Alberti, <em>La peinture</em> [1436], Paris, Seuil, 2004, p. 195. Concernant la hi&eacute;rarchie des genres dans la th&eacute;orie artistique italienne, voir &Eacute;douard Pommier, <em>Th&eacute;ories du portrait : de la Renaissance aux Lumi&egrave;res</em>, Paris, Gallimard, 1998, p. 169 et suivantes.</p> <p><a href="#liennbp3" name="nbp3">3</a> Sur l&rsquo;histoire de l&rsquo;Acad&eacute;mie, voir Christian Michel, <em>L&rsquo;Acad&eacute;mie royale de peinture et de sculpture, 1648-1793 : la naissance de l&rsquo;&Eacute;cole fran&ccedil;aise</em>, Gen&egrave;ve, Droz, 2012. Sur l&rsquo;influence de la th&eacute;orie italienne des arts en France, voir &Eacute;douard Pommier, <em>op. cit.</em>, en particulier p. 209-221.</p> <p><a href="#liennbp4" name="nbp4">4</a> Andr&eacute; F&eacute;libien, &laquo;&nbsp;Pr&eacute;face&nbsp;&raquo;, <em>Conf&eacute;rences de l&rsquo;Acad&eacute;mie royale de peinture et de sculpture, pendant l&rsquo;ann&eacute;e 1667</em>, Paris, L&eacute;onard, 1668, non pagin&eacute;. Nous n&rsquo;&eacute;tudions pas en d&eacute;tail ce texte, d&eacute;j&agrave; analys&eacute; dans un certain nombre d&rsquo;articles. Voir notamment Alain M&eacute;rot, &laquo;&nbsp;Hi&eacute;rarchie des genres picturaux et expression au XVII<sup>e </sup>si&egrave;cle&nbsp;&raquo;, dans <em>De la rh&eacute;torique des passions &agrave; l&rsquo;expression du sentiment</em>, Paris, Mus&eacute;e de la Musique, 2003, p. 20-25&nbsp;; Ren&eacute; D&eacute;moris, &laquo;&nbsp;La hi&eacute;rarchie des genres en peinture de F&eacute;libien aux Lumi&egrave;res&nbsp;&raquo;, dans <em>Majeur ou mineur ? Les Hi&eacute;rarchies en art</em>, N&icirc;mes, Chambon, 2000, p.&nbsp;53-66 ; Thomas Kirchner, &laquo;&nbsp;La n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;une hi&eacute;rarchie des genres&nbsp;&raquo;, <em>Revue d&rsquo;esth&eacute;tique</em>, vol. 31-32, 1997, p. 187-196. Selon T. Kirchner, F&eacute;libien s&rsquo;appuie aussi sur l&rsquo;ordre de la cr&eacute;ation dans la Gen&egrave;se pour d&eacute;velopper son syst&egrave;me hi&eacute;rarchique.</p> <p><a href="#liennbp5" name="nbp5">5</a> Apr&egrave;s le portrait, on retrouve le paysage, la peinture animali&egrave;re et la nature morte (Andr&eacute; F&eacute;libien, <em>op. cit</em>.). Sur l&rsquo;absence de la peinture de genre dans ce texte, voir Alain M&eacute;rot, <em>op. cit., </em>p.&nbsp;24.</p> <p><a href="#liennbp6" name="nbp6">6</a> Andr&eacute; F&eacute;libien, <em>op. cit</em>.</p> <p><a href="#liennbp7" name="nbp7">7</a> &Agrave; propos de l&rsquo;<em>Ut pictura poesis</em>, voir Rensselaer Wright Lee, <em>Ut pictura poesis : humanisme et th&eacute;orie de la peinture</em>, Paris, Macula, 1991.</p> <p><a href="#liennbp8" name="nbp8">8</a> Voir &agrave; ce propos &Eacute;douard Pommier, <em>op. cit.</em>, p. 41, 120-126 et 132.</p> <p><a href="#liennbp9" name="nbp9">9</a> L&rsquo;id&eacute;e se retrouve chez Alberti (<em>op. cit.</em>, p. 97-99), mais aussi dans certains romans comme <em>La Princesse de Cl&egrave;ves</em> de M<sup>me</sup> de Lafayette, publi&eacute; en 1678, o&ugrave; M. de Nemours d&eacute;robe le portrait de sa bien-aim&eacute;e pour conserver son image aupr&egrave;s de lui (t. II, Paris, Larousse, 1995, p. 118-120).</p> <p><a href="#liennbp10" name="nbp10">10</a> Alain M&eacute;rot, <em>op. cit.</em>, p. 20.</p> <p><a href="#liennbp11" name="nbp11">11</a> L&rsquo;article XIII des statuts de 1663-1664 pr&eacute;cise en effet que seuls les peintres d&rsquo;histoire et les sculpteurs peuvent enseigner. Cet apprentissage &ndash; qui se fait notamment par le biais de conf&eacute;rences et de cours de dessin &ndash; est de fait, surtout destin&eacute; aux futurs peintres d&rsquo;histoire. On peut en outre noter le peu de conf&eacute;rences sur les autres genres picturaux. Christian&nbsp;Michel, <em>op. cit</em>., p. 49, 262 et 370.</p> <p><a href="#liennbp12" name="nbp12">12</a> Lors de sa r&eacute;ception en 1700, Rigaud promet un tableau d&rsquo;histoire qu&rsquo;il ne remettra qu&rsquo;en 1742, apr&egrave;s avoir &eacute;t&eacute; nomm&eacute; directeur (Christian Michel, <em>op. cit.</em>, p. 196). Sur Largillierre, voir notamment <em>Nicolas de Largillierre, 1656-1746</em>, Paris, Phileas Fogg, 2003.</p> <p><a href="#liennbp13" name="nbp13">13</a> Le Vrac Tourni&egrave;res, <em>Dibutades ou l&rsquo;invention du dessin</em>, 1714-1716, huile sur toile, 49,5 x 34, 5 cm, Paris, &Eacute;cole nationale des Beaux-Arts. Contrairement &agrave; Rigaud, Tourni&egrave;res a peint un certain nombre de tableaux d&rsquo;histoire. Sur cet artiste, voir <em>Robert Le Vrac Tourni&egrave;res</em>, cat. exp., Gand, Snoeck, 2014.</p> <p><a href="#liennbp14" name="nbp14">14</a> Pline l&rsquo;Ancien, <em>op. cit.</em>, V, p. 15-16. Sur les origines de l&rsquo;art, voir &Eacute;douard, Pommier, <em>op. cit.</em>, p. 18.</p> <p><a href="#liennbp15" name="nbp15">15</a> Dezallier d&rsquo;Argenville rapporte par ailleurs une raillerie de Jean Jouvenet qui aurait dit le jour de la r&eacute;ception de Tourni&egrave;res&nbsp;: &laquo;&nbsp;Il n&rsquo;est gu&egrave;re difficile d&rsquo;&ecirc;tre admis peintre d&rsquo;histoire puisqu&rsquo;en voil&agrave; un de re&ccedil;u pour un bout de chandelle&nbsp;&raquo; (<em>Abr&eacute;g&eacute; de la vie des plus fameux peintres</em>, t. IV, Paris, De Bure l&rsquo;a&icirc;n&eacute;, 1762, p. 362). N&eacute;anmoins, d&rsquo;apr&egrave;s les proc&egrave;s-verbaux de l&rsquo;Acad&eacute;mie, Jouvenet &eacute;tait absent ce jour-l&agrave;. Voir <em>Robert Le Vrac Tourni&egrave;res, op. cit.</em>, p. 54-55.</p> <p><a href="#liennbp16" name="nbp16">16</a> Pour &ecirc;tre re&ccedil;u, l&rsquo;artiste se pr&eacute;sente dans un premier temps devant l&rsquo;assembl&eacute;e acad&eacute;mique avec des &oelig;uvres de sa main. Cette derni&egrave;re peut lui demander de fournir d&rsquo;autres toiles dont elle choisit le sujet&nbsp;: il s&rsquo;agit des morceaux de r&eacute;ception &ndash; l&rsquo;artiste est alors agr&eacute;&eacute;, ce qui l&rsquo;autorise &agrave; pr&eacute;senter des peintures aux expositions de l&rsquo;Acad&eacute;mie. Lorsqu&rsquo;il apporte les toiles qui lui ont &eacute;t&eacute; demand&eacute;es, il devient acad&eacute;micien si l&rsquo;assembl&eacute;e l&rsquo;accepte. Sur la r&eacute;ception des portraitistes, voir Hannah Williams, <em>Acad&eacute;mie Royale: A History in Portraits</em>, Farnham, Ashgate Publishing Limited, 2015, p. 77-117.</p> <p><a href="#liennbp17" name="nbp17">17</a> Christian Michel, <em>op. cit.</em>, p. 79-89. La r&eacute;ception de Watteau &agrave; l&rsquo;Acad&eacute;mie est par ailleurs caract&eacute;ristique de cette ouverture puisque l&rsquo;assembl&eacute;e lui laisse choisir le sujet de son morceau de r&eacute;ception. En 1717, il soumet ainsi le <em>P&egrave;lerinage &agrave; l&rsquo;&icirc;le de Cyth&egrave;re</em> (huile sur toile, 129&nbsp;&times;&nbsp;294 cm, Paris, Mus&eacute;e du Louvre). L&rsquo;Acad&eacute;mie le re&ccedil;oit dans ses rangs comme peintre de &laquo;&nbsp;f&ecirc;tes galantes&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#liennbp18" name="nbp18">18</a> Sur les rangs hi&eacute;rarchiques de l&rsquo;Acad&eacute;mie, voir Hannah Williams, <em>op. cit.</em>, p. 82.</p> <p><a href="#liennbp19" name="nbp19">19</a> Christian Michel, <em>op. cit.</em>, p. 115-116.</p> <p><a href="#liennbp20" name="nbp20">20</a> En 1747, le nouveau Directeur des B&acirc;timents du Roi, Lenormant de Tournehem, lance un concours afin de &laquo;&nbsp;s&eacute;lectionner les meilleurs peintres d&rsquo;histoire&nbsp;&raquo;. Les acad&eacute;miciens se seraient toutefois sentis humili&eacute;s &laquo;&nbsp;d&rsquo;&ecirc;tre ainsi soumis &raquo; &agrave; une telle &eacute;preuve. Au d&eacute;but des ann&eacute;es 1750, Lenormant de Tournehem, augmente en outre les prix des peintures d&rsquo;histoire et diminue ceux des portraits. Selon C. Michel, cette augmentation n&rsquo;a toutefois pas pour but d&rsquo;am&eacute;liorer le statut des peintres d&rsquo;histoire (Christian Michel, <em>op. cit.</em>, p. 106-107 et 115-116).</p> <p><a href="#liennbp21" name="nbp21">21</a> Ses encouragements semblent avoir port&eacute;s leurs fruits puisqu&rsquo;entre 1777 et 1789, le nombre de peintres d&rsquo;histoire agr&eacute;&eacute;s et re&ccedil;us &agrave; l&rsquo;Acad&eacute;mie n&rsquo;est pas n&eacute;gligeable. Sur la commande de 1777, voir Thomas Crow, <em>op. cit.</em>, p. 209-211.</p> <p><a href="#liennbp22" name="nbp22">22</a> La citation provient d&rsquo;un m&eacute;moire adress&eacute; &agrave; Louis XVI le 12 mars 1785 &agrave; propos de la fondation d&rsquo;un Club des arts pr&eacute;voyant de donner des aides financi&egrave;res aux peintres de genres &laquo;&nbsp;mineurs&nbsp;&raquo; (Archives Nationales, O1 1918, pi&egrave;ce 18&nbsp;; reproduit dans Udolpho Van de Sandt, <em>La Soci&eacute;t&eacute; des amis des arts</em>, Paris, ENSBA, 2006, p. 106-107). Le mot en italique est soulign&eacute; dans le manuscrit.</p> <p><a href="#liennbp23" name="nbp23">23</a> Udolpho Van de Sandt, &laquo;&nbsp;&ldquo;<em>Grandissimma opera del pittore sara l&rsquo;istoria</em>&rdquo;. Notes sur la hi&eacute;rarchie des genres sous la R&eacute;volution&nbsp;&raquo;, <em>Revue de l&rsquo;art</em>, vol. 83, 1989, p. 71. Sur le comte d&rsquo;Angiviller, voir Christian Michel, <em>op. cit.</em>, p. 123-132.</p> <p><a href="#liennbp24" name="nbp24">24</a> Mark Lebdury, &laquo;&nbsp;<em>The Hierarchy of Genre in the Theory and Practice of Painting in 18th Century France</em>&nbsp;&raquo;, dans <em>Th&eacute;ories et d&eacute;bats esth&eacute;tiques au XVIII<sup>e </sup>si&egrave;cle</em>, Paris, Champion, 2001, p. 187-191.</p> <p><a href="#liennbp25" name="nbp25">25</a> Ren&eacute; D&eacute;moris, <em>op. cit.</em>, p. 57. Cet auteur &eacute;tudie plus en d&eacute;tail les positions de l&rsquo;abb&eacute; Du Bos, La Font de Saint-Yenne et Diderot.</p> <p><a href="#liennbp26" name="nbp26">26</a> Roger de Piles, <em>Cours de peinture par principes</em> [1709], N&icirc;mes, Chambon, 1990, p. 19. Voir la pr&eacute;face de Thomas Puttfarken au <em>Cours de peinture</em>, p. 11. Ce dernier indique que pour de Piles, l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t d&rsquo;une peinture r&eacute;side dans &laquo;&nbsp;sa capacit&eacute; &agrave; cr&eacute;er une illusion convaincante&nbsp;&raquo; et non pas dans le fait qu&rsquo;elle soit &eacute;mouvante ou instructive.</p> <p><a href="#liennbp27" name="nbp27">27</a> Jean-Baptiste Mass&eacute;, &laquo;&nbsp;Examen qu&rsquo;il faut faire pour conna&icirc;tre ses dispositions&nbsp;&raquo;, dans <em>Conf&eacute;rences de l&rsquo;Acad&eacute;mie royale de peinture et de sculpture</em>, vol. V, t. II, Paris, ENSBA, 2012, p. 468-469. On retrouve cette id&eacute;e dans une conf&eacute;rence prononc&eacute;e par Roger de Piles en 1706 (&laquo;&nbsp;De l&rsquo;ordre qu&rsquo;il faut tenir dans l&rsquo;&eacute;tude&nbsp;&raquo;, <em>Conf&eacute;rences de l&rsquo;Acad&eacute;mie royale [&hellip;]</em>, t. III, p. 172), chez l&rsquo;abb&eacute; Du Bos en 1719 (<em>R&eacute;flexions critiques sur la po&eacute;sie et sur la peinture</em>, Paris, ENSBA, 1993, p. 26), tout comme en 1752-1754, chez Dezallier d&rsquo;Argenville (<em>op. cit.</em>, vol. I, p. ix)</p> <p><a href="#liennbp28" name="nbp28">28</a> Les <em>Lettres sur les peintures, sculptures et gravures de Messieurs de l&rsquo;Acad&eacute;mie royale</em>, publi&eacute;es dans<em> Les M&eacute;moires secrets</em>, chroniques de la vie culturelle parisienne du XVIII<sup>e</sup> si&egrave;cle, ont souvent &eacute;t&eacute; attribu&eacute;es &agrave; l&rsquo;amateur d&rsquo;art Bachaumont. N&eacute;anmoins, plusieurs raisons tendent &agrave; prouvent qu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;une autre personne (Bachaumont meurt en 1771, tandis que les <em>M&eacute;moires</em> sont publi&eacute;s jusqu&rsquo;en 1789). Voir Bernadette Fort, &laquo;&nbsp;Introduction&nbsp;&raquo;, dans <em>Les Salons des &laquo;&nbsp;M&eacute;moires&nbsp;secrets&nbsp;&raquo;</em>, Paris, ENSBA, 1999, p. 9-23.</p> <p><a href="#liennbp29" name="nbp29">29</a> Vig&eacute;e-Lebrun, <em>Marie-Antoinette et ses enfants</em>, 1787, huile sur toile, 275,2 x 216,5 cm, Versailles, Mus&eacute;e National des Ch&acirc;teaux de Versailles et Trianon. La citation provient de la lettre sur le Salon de 1787, publi&eacute;e dans Louis Petit de Bachaumont, <em>Les Salons des &laquo;&nbsp;M&eacute;moires&nbsp;secrets&nbsp;&raquo;</em>, <em>op. cit.</em>, p. 323.</p> <p><a href="#liennbp30" name="nbp30">30</a> Anonyme, <em>Lettre &agrave; Monsieur de Poiresson-Chamarande, [&hellip;]. Au Sujet des Tableaux expos&eacute;s au Salon du Louvre. Paris le 5 septembre 1741</em>, s.l., s.n., 1741.</p> <p><a href="#liennbp31" name="nbp31">31</a> L&rsquo;exposition de 1704 semble &ecirc;tre celle o&ugrave; la part du portrait est la plus &eacute;lev&eacute;e&nbsp;: ils recouvrent en effet 44,55% des &oelig;uvres expos&eacute;es (sculptures, miniatures et gravures exclues), soit pr&egrave;s de la moiti&eacute;, tandis que les peintures d&rsquo;histoire seulement 39,25%. En 1746, les portraits repr&eacute;sentent environ 32,4% des tableaux expos&eacute;es, tandis que la peinture d&rsquo;histoire s&rsquo;&eacute;l&egrave;ve &agrave; pr&egrave;s de 44%. De m&ecirc;me, en 1761, les peintures d&rsquo;histoire sont plus nombreuses&nbsp;: environ 36% contre 17% pour les portraits. La situation est diff&eacute;rente dans les expositions de l&rsquo;Acad&eacute;mie de Saint-Luc o&ugrave; le portrait pr&eacute;domine largement. Voir &Agrave;ngela Julibert Jim&eacute;nez,<em> &laquo;</em>Les Salons de l&rsquo;Acad&eacute;mie de Saint-Luc (1751-1774)&raquo;, <em>La valeur de l&rsquo;art : exposition, march&eacute;, critique et public au XVIII<sup>e </sup>si&egrave;cle</em>, Paris, Champion, 2009, p.&nbsp;193&nbsp;; Dominique Br&ecirc;me, &laquo;&nbsp;Quelques chiffres pour comprendre une exposition&nbsp;&raquo;, &gt;<em>1704, le Salon les Arts et le Roi</em>, cat. exp., Milan, Silvana Editoriale, 2014, p. 59-60.</p> <p><a href="#liennbp32" name="nbp32">32</a> Louis Petit de Bachaumont, <em>op. cit.</em>, p. 56-57.</p> <p><a href="#liennbp33" name="nbp33">33</a> Louis Petit de Bachaumont, <em>op. cit.</em>, p. 73-75. Roslin, <em>Gustave de Su&egrave;de dans son cabinet d&rsquo;&eacute;tude avec ses fr&egrave;res,</em> 1771, huile sur toile, 162 x 203 cm, Stockholm, Nationalmuseum.</p> <p><a href="#liennbp34" name="nbp34">34</a> Denis Diderot, &laquo;&nbsp;Essais sur la peinture &raquo;, dans <em>&OElig;uvres, t. IV</em>, Paris, Laffont, 1996, p. 506. Voir aussi l&rsquo;article &laquo;&nbsp;Genre&nbsp;&raquo; de l&rsquo;<em>Encyclop&eacute;die [&hellip;]</em>, r&eacute;dig&eacute; par Watelet (t. 7, 1751-1765, p. 597-598). Sur Diderot, voir <em>Le Go&ucirc;t de Diderot</em>, cat. exp., Paris, Hazan, 2013 et Michael Fried, <em>La place du spectateur</em>, Paris, Gallimard, 1990, en particulier p. 67-112.</p> <p><a href="#liennbp35" name="nbp35">35</a> Alain M&eacute;rot, <em>op. cit.</em>, p. 20.</p> <p><a href="#liennbp36" name="nbp36">36</a> Durant la R&eacute;volution fran&ccedil;aise, le d&eacute;bat sur la hi&eacute;rarchie des genres demeure vif. Bien que certains, tel Andr&eacute; Ch&eacute;nier, expliquent que cette hi&eacute;rarchie &laquo;&nbsp;est ce qu&rsquo;il y a au monde de plus futile et de plus &eacute;tranger &agrave; l&rsquo;esprit et &agrave; la perfection de l&rsquo;art&nbsp;&raquo;, d&rsquo;autres affirment encore que la peinture d&rsquo;histoire &laquo;&nbsp;est l&rsquo;ART proprement dit&nbsp;&raquo;. Voir Udolpho Van de Sandt, <em>op. cit</em>.&nbsp;; sur la hi&eacute;rarchie au XIX<sup>e </sup>si&egrave;cle, voir Paul Duro, &laquo;&nbsp;<em>Giving up on History? Challenges to the Hierarchy of the Genres in Early 19th France</em>&nbsp;&raquo;, <em>Art History</em>, vol. 28, n&deg;5, novembre 2005, p. 689-711.</p> <p><a href="#liennbp37" name="nbp37">37</a> La p&eacute;riode r&eacute;volutionnaire n&rsquo;est pas analys&eacute;e en d&eacute;tail ici. Se r&eacute;f&eacute;rer &agrave; Jon Whiteley, &laquo;&nbsp;Art, hi&eacute;rarchie et R&eacute;volution fran&ccedil;aise&nbsp;&raquo;, dans <em>Majeur ou mineur ? Les Hi&eacute;rarchies en art</em>, N&icirc;mes, Chambon, 2000, p.&nbsp;67-77.</p> <p><a href="#liennbp38" name="nbp38">38</a> Les expositions de l&rsquo;Acad&eacute;mie royale de peinture et de sculpture, ou &laquo;&nbsp;Salons&nbsp;&raquo;, nom provenant du lieu o&ugrave; elles se d&eacute;roulent &agrave; partir de 1737, deviennent r&eacute;guli&egrave;res cette m&ecirc;me ann&eacute;e. Elles rassemblent un public important et constituent un v&eacute;ritable &eacute;v&eacute;nement social. Pour plus de d&eacute;tails, voir Thomas Crow, <em>op. cit.</em> ; Martin Schieder, &laquo;&nbsp;&ldquo;Les portraits sont devenus un spectacle n&eacute;cessaire &agrave; chaque Fran&ccedil;ais&rdquo;. Le discours esth&eacute;tique sur le portrait au milieu du XVIII<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;&raquo;, dans <em>Penser l&rsquo;art dans la seconde moiti&eacute; du XVIII<sup>e </sup>si&egrave;cle : th&eacute;orie, critique, philosophie, histoire</em>, Paris, Somogy, 2013, p. 43 et suivantes.</p> <p><a href="#liennbp39" name="nbp39">39</a> Martin Schieder, <em>op. cit.</em>, p. 43.</p> <p><a href="#liennbp40" name="nbp40">40</a> Sur ce critique, voir Ren&eacute; D&eacute;moris, &laquo;&nbsp;Les enjeux de la critique d&rsquo;art en sa naissance : les <em>R&eacute;flexions</em> de La Font de Saint-Yenne (1747)&nbsp;&raquo;, dans <em>&Eacute;crire la peinture : entre XVIII<sup>e </sup>et XIX<sup>e </sup>si&egrave;cles</em>, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise-Pascal, 2003, p. 23-38&nbsp;; Dorit Kluge, &laquo;&nbsp;La Font de Saint-Yenne (1688-1771), un penseur des Lumi&egrave;res&nbsp;&raquo;, dans <em>Penser l&rsquo;art dans la seconde moiti&eacute; du XVIII<sup>e </sup>si&egrave;cle : th&eacute;orie, critique, philosophie, histoire</em>, Paris, Somogy, 2013, p. 205-219<em>.</em></p> <p><a href="#liennbp41" name="nbp41">41</a> Il faut ici mentionner rapidement une pratique sociale tr&egrave;s r&eacute;pandue&nbsp;alors&nbsp;: l&rsquo;&eacute;change de portraits entre amis, membres d&rsquo;une m&ecirc;me famille ou amants. Nombreux sont ceux qui d&eacute;sirent conserver aupr&egrave;s d&rsquo;eux l&rsquo;image d&rsquo;un &ecirc;tre cher, gr&acirc;ce &agrave; une miniature ou un portrait de dimensions plus grandes.</p> <p><a href="#liennbp42" name="nbp42">42</a> &Eacute;tienne de La Font de Saint-Yenne, &laquo;&nbsp;R&eacute;flexions sur quelques causes de l&rsquo;Etat pr&eacute;sent de la peinture en France, avec un Examen des principaux Ouvrages expos&eacute;s au Louvre&nbsp;&raquo;<strong>,</strong> dans <em>&OElig;uvre critique</em>, &eacute;d. &eacute;tablie par &Eacute;tienne Jollet, Paris, ENSBA, 2001, p. 51-52.</p> <p><a href="#liennbp43" name="nbp43">43</a> Christian Michel, <em>op. cit.</em>, p. 317-320.</p> <p><a href="#liennbp44" name="nbp44">44</a> Anonyme, <em>Lettre sur le Salon de 1755, adress&eacute;e &agrave; ceux qui la liront</em>, s.l., s.n., 1755, p. 7.</p> <p><a href="#liennbp45" name="nbp45">45</a><em> Idem.</em></p> <p><a href="#liennbp46" name="nbp46">46</a> &Eacute;tienne de La Font de Saint-Yenne, <em>op. cit.</em>, p. 77. La m&ecirc;me id&eacute;e est d&eacute;velopp&eacute;e chez Louis-S&eacute;bastien Mercier, <em>Tableau de Paris </em>[1781], Paris, Mercure de France, 1994, t. 6, p. 1264.</p> <p><a href="#liennbp47" name="nbp47">47</a> &Eacute;tienne de La Font de Saint-Yenne, <em>op. cit</em>., p. 77.</p> <p><a href="#liennbp48" name="nbp48">48</a> &Eacute;tienne de La Font de Saint-Yenne, <em>op. cit., </em>p. 52. Cette id&eacute;e se retrouve dans plusieurs textes th&eacute;oriques ou litt&eacute;raires publi&eacute;s pr&eacute;c&eacute;demment, comme dans le <em>Trattato dell&rsquo; arte </em>de Lomazzo (1584), pour qui la dignit&eacute; du portrait diminue &agrave; cause des mod&egrave;les ignorants. De m&ecirc;me, en 1659, Sorel, dans sa <em>Description de l&rsquo;&icirc;le de portraiture</em>, imagine une &icirc;le dont toute l&rsquo;activit&eacute; d&eacute;pend du portrait et insiste sur la vanit&eacute; des mod&egrave;les, ces derniers pensant m&eacute;riter qu&rsquo;on conserve leur image (&eacute;d. critique par Michel Jeanneret et Martine Debaisieux, Gen&egrave;ve, Droz, 2006). Sur ces textes, voir &Eacute;douard Pommier, <em>op. cit.</em>, p. 132-133 et 257-261.</p> <p><a href="#liennbp49" name="nbp49">49</a> Guillaume Baillet de Saint-Julien, <em>Caract&egrave;res des peintres fran&ccedil;ois, actuellement vivans</em>, Paris, s.n., 1755, p. 10.</p> <p><a href="#liennbp50" name="nbp50">50</a> &Eacute;tienne de La Font de Saint-Yenne, <em>op. cit.</em>, p. 52.</p> <p><a href="#liennbp51" name="nbp51">51</a><em> Ibidem, </em>p.77.</p> <p><a href="#liennbp52" name="nbp52">52</a> &Eacute;tienne de La Font de Saint-Yenne, &laquo;&nbsp;Sentiments sur quelques ouvrages de peinture, sculpture et gravure [&hellip;]&nbsp;&raquo;,<em> <em>&OElig;uvre critique, op. cit., </em></em>p. 311-319. En 1769, l&rsquo;auteur des<em> <em>M&eacute;moires secrets</em> </em>d&eacute;nonce aussi la &laquo;&nbsp;vanit&eacute; de tous ces petits personnages&nbsp;&raquo;<em> (<em>op. cit.</em></em>, p. 56-57)<em>.</em></p> <p><a href="#liennbp53" name="nbp53">53</a> Louis-S&eacute;bastien Mercier, <em>op. cit.</em>, p. 1233.</p> <p><a href="#liennbp54" name="nbp54">54</a><em> Idem.</em></p> <p><a href="#liennbp55" name="nbp55">55</a><em> Id.</em></p> <p><a href="#liennbp56" name="nbp56">56</a><em> Id.</em></p> <p><a href="#liennbp57" name="nbp57">57</a> &Eacute;tienne de La Font de Saint-Yenne, <em>op. cit.</em>, notamment p. 77-82 et p. 321-325.</p> <p><a href="#liennbp58" name="nbp58">58</a> &Eacute;tienne de La Font de Saint-Yenne, <em>op. cit.</em>, p. 222. Tocqu&eacute;, <em>Madame Dang&eacute; faisant des n&oelig;uds</em>, 1753, huile sur toile, 83 x 63 cm, Paris, Mus&eacute;e du Louvre.</p> <p><a href="#liennbp59" name="nbp59">59</a> &Eacute;tienne de La Font de Saint-Yenne, <em>op. cit.</em>, p. 232. Nattier, <em>Marie-Z&eacute;phirine de France</em>, v. 1751, huile sur toile, 70 &times; 82 cm, Florence, Galerie des Offices.</p> <p><a href="#liennbp60" name="nbp60">60</a> Anonyme, <em>Affiches, annonces et avis divers</em>, Paris, s.n., mercredi 25 octobre 1768, p. 171.</p> <p><a href="#liennbp61" name="nbp61">61</a> Un portrait histori&eacute; est une &oelig;uvre figurant un mod&egrave;le d&eacute;guis&eacute; en personnage historique, mythologique ou encore biblique. Voir Imola Kiss, &laquo;&nbsp;Consid&eacute;rations sur le portrait histori&eacute;&nbsp;&raquo;, dans <em>Les genres picturaux. Gen&egrave;se, m&eacute;tamorphoses et transpositions</em>, Gen&egrave;ve, M&eacute;tisPresses, 2010, p. 103-123. L&rsquo;auteur explique en outre les diff&eacute;rents sens accord&eacute;s selon les &eacute;poques &agrave; l&rsquo;adjectif &laquo;&nbsp;histori&eacute;&nbsp;&raquo;. Voir aussi Marlen Schneider, &ldquo;Belle comme V&eacute;nus&rdquo;. <em>Das portrait histori&eacute; zwischen Grand Si&egrave;cle und Zeitalter der Aufkl&auml;rung</em>, th&egrave;se de doctorat, Universit&auml;t Leipzig, Universit&eacute; Lumi&egrave;re Lyon 2, 2014.</p> <p><a href="#liennbp62" name="nbp62">62</a> &Eacute;tienne de La Font-de Saint-Yenne, <em>op. cit.</em>, p. 52.</p> <p><a href="#liennbp63" name="nbp63">63</a> Charles-Nicolas Cochin, &laquo;&nbsp;Mercure du mois de juin de l&rsquo;ann&eacute;e 2355&nbsp;&raquo;, <em>&OElig;uvres diverses de M. Cochin</em>, <em>op. cit.</em>, 1771, t. I, p. 144-166. Ce texte est originellement publi&eacute; en 1755, dans le <em>Mercure de France</em>.</p> <p><a href="#liennbp64" name="nbp64">64</a> Fran&ccedil;ois de Troy, <em>Le festin de Didon et &Eacute;n&eacute;e</em>, 1704, huile sur toile, 160,2 x 202,5 cm, Sceaux, Mus&eacute;e de l&rsquo;&Icirc;le-de-France. Sur cette &oelig;uvre, voir <em>1704, le Salon les Arts et le Roi, op. cit., </em>p. 170-175.</p> <p><a href="#liennbp65" name="nbp65">65</a> Il s&rsquo;agit du moment o&ugrave; Ascagne, fils d&rsquo;&Eacute;n&eacute;e, est pr&eacute;sent&eacute; &agrave; Didon. Virgile, <em>&Eacute;n&eacute;ide</em>, livre I, Paris, Gallimard, 1991, p. 71-74, vers 657-748.</p> <p><a href="#liennbp66" name="nbp66">66</a> Sur la r&eacute;ception des portraits collectifs, voir Marie Trope-Podell, &laquo;&nbsp;&ldquo;Portraits histori&eacute;s&rdquo; et portraits collectifs dans la critique fran&ccedil;aise du XVIII<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;&raquo;, <em>Revue de l&rsquo;art</em>, n&deg;109, 1995, p. 40-45.</p> <p><a href="#liennbp67" name="nbp67">67</a> Louis Petit de Bachaumont, <em>op. cit.</em>, p. 297.</p> <p><a href="#liennbp68" name="nbp68">68</a> Labille-Guiard, <em>Autoportrait avec Marie-Gabrielle Capet et Marie-Marguerite Carreaux de Rosemond</em>, 1785, huile sur toile, 210,8 x 151,1 cm, New-York, Metropolitan Museum of Art.</p> <p><a href="#liennbp69" name="nbp69">69</a><em> Idem</em>.</p> <p><a href="#liennbp70" name="nbp70">70</a> Imola Kiss, <em>op. cit.</em>, p. 105.</p> <p><a href="#liennbp71" name="nbp71">71</a> Sur de Piles, voir Thomas Puttfarken, <em>Roger de Piles&rsquo; Theory of Art</em>, New Haven, Londres, Yale University Press, 1985.</p> <p><a href="#liennbp72" name="nbp72">72</a> Roger de Piles, <em>op. cit.</em>, p. 127.</p> <p><a href="#liennbp73" name="nbp73">73</a><em> Ibidem</em>, p.129.</p> <p><a href="#liennbp74" name="nbp74">74</a><em> Ibid., </em>p.131.</p> <p><a href="#liennbp75" name="nbp75">75</a><em> Ibid.</em>, p. 139-141.</p> <p><a href="#liennbp76" name="nbp76">76</a> Selon M. Schieder, cette conf&eacute;rence correspond &agrave; la position officielle de l&rsquo;Acad&eacute;mie en mati&egrave;re de portraits notamment car elle a &eacute;t&eacute; relue par Cochin au moins une seconde fois, le 9 avril 1763 (Martin Schieder, <em>op. cit.</em>, p. 49).</p> <p><a href="#liennbp77" name="nbp77">77</a> Louis Tocqu&eacute;, &laquo; Sur la peinture et le genre du portrait&nbsp;&raquo;, dans <em>Conf&eacute;rences de l&rsquo;Acad&eacute;mie royale de peinture et de sculpture [&hellip;]</em>, t. V, vol. 2, 2012, p. 449-450.</p> <p><a href="#liennbp78" name="nbp78">78</a> Louis Tocqu&eacute;, <em>op. cit.</em>, p. 462-463.</p> <p><a href="#liennbp79" name="nbp79">79</a> Tocqu&eacute; donne l&rsquo;exemple de Rigaud et de ses portraits de Pierre Mignard (1691, huile sur toile, 148,5 x 115,5 cm, Versailles, Mus&eacute;e National des Ch&acirc;teaux de Versailles et Trianon) et de Martin Desjardins (1692, huile sur toile, 141 x 106 cm, Paris, Mus&eacute;e du Louvre).</p> <p><a href="#liennbp80" name="nbp80">80</a> Denis Diderot, &laquo;&nbsp;Salon de 1763&nbsp;&raquo;, dans <em>&OElig;uvres, op. cit.</em>, t. IV, p.&nbsp;245-246.</p> <p><a href="#liennbp81" name="nbp81">81</a> Denis Diderot, <em>op. cit.</em>, p. 245.</p> <p><a href="#liennbp82" name="nbp82">82</a> La s&eacute;paration nette entre un public seulement int&eacute;ress&eacute; par la ressemblance et l&rsquo;apparence physique du mod&egrave;le, et les connaisseurs, capables d&rsquo;une vision moins superficielle, mais surtout de d&eacute;celer les beaut&eacute;s d&rsquo;un portrait est particuli&egrave;rement d&eacute;velopp&eacute;e par Cochin dans un texte intitul&eacute; &laquo;&nbsp;De la diversit&eacute; des jugemens sur la ressemblance des portraits&nbsp;&raquo; et originellement publi&eacute; dans le <em>Mercure de France</em> de 1759 (Charles-Nicolas Cochin, <em>op. cit.</em>, t. II, p. 71-87.</p> <p><a href="#liennbp83" name="nbp83">83</a> Denis Diderot, <em>op. cit.</em>, p. 245-246.</p> <p><a href="#liennbp84" name="nbp84">84</a> Charles-Nicolas Cochin, <em>op. cit.</em>, t. II, p.&nbsp;71-72.</p> <p><a href="#liennbp85" name="nbp85">85</a> Cette id&eacute;e se retrouve d&eacute;j&agrave; dans le 7<sup>e</sup> Entretien de F&eacute;libien (<em>Entretiens sur les vies et sur les ouvrages des plus excellens peintres anciens et modernes. Quatri&egrave;me partie</em>, Paris, S. Marbre-Cramoisy, 1666-1688, p. 143-145). L&rsquo;adjectif &laquo;&nbsp;m&eacute;diocre&nbsp;&raquo; est souvent utilis&eacute; dans ce contexte&nbsp;: il se retrouve dans deux d&eacute;finitions du portrait, l&rsquo;une par Fran&ccedil;ois-Marie Marsy (<em>Dictionnaire abr&eacute;g&eacute; de peinture [&hellip;]</em>, t. II, Paris, Nyon fils, 1746, p. 123-124), et l&rsquo;autre par Pernety (<em>Dictionnaire portatif de peinture</em>, Paris, Onfroy, 1757, p. 475-476).</p>