<p style="text-align: right;"><q><em>&nbsp;Quelle est ta route, mon pote ? C&rsquo;est la route du saint, la route du fou, la route d&rsquo;arc-en-ciel, la route idiote, n&rsquo;importe quelle route. C&rsquo;est une route de n&rsquo;importe o&ugrave; pour n&rsquo;importe qui, n&rsquo;importe comment. O&ugrave; qui comment&nbsp;? </em></q></p> <p style="text-align: right;">Jack Kerouac, <em>Sur la route</em>, Paris, Gallimard, 1960, p. 356.</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <p>Confront&eacute; &agrave; un ph&eacute;nom&egrave;ne observable, l&rsquo;&ecirc;tre humain proc&egrave;de naturellement &agrave; une combinaison d&rsquo;op&eacute;rations cognitives qui tend &agrave; le rattacher &agrave; un ensemble partageant des caract&eacute;ristiques similaires. Par ce travail de mise en s&eacute;rie, il se dote d&rsquo;un outil dont la dimension associative s&rsquo;effectue aussi sur la base de crit&egrave;res discriminants, afin de parvenir &agrave; un principe de r&eacute;currence qui peut &ecirc;tre par la suite codifi&eacute; ou institutionnalis&eacute;. C&rsquo;est l&agrave; un geste &eacute;l&eacute;mentaire de la pens&eacute;e que d&rsquo;organiser en cat&eacute;gories &agrave; la fois les &ecirc;tres, les choses ou les entit&eacute;s abstraites. Karl Canvat l&rsquo;affirme d&rsquo;ailleurs de fa&ccedil;on p&eacute;remptoire&nbsp;: &laquo;&nbsp;[l]a raison est classificatoire&nbsp;: classer, c&rsquo;est conna&icirc;tre, conna&icirc;tre, c&rsquo;est classer<a href="#nbp1" id="footnoteref1_wrmcyme" name="liennbp1" title="Karl Canvat, Enseigner la littérature par les genres. Pour une approche théorique et didactique de la notion de genre littéraire, Bruxelles, De Boeck &amp; Larcier, 1999, p. 102.">1</a> &raquo;. R&eacute;duite &agrave; sa plus simple expression, la question des genres litt&eacute;raires se pr&eacute;sente &eacute;galement, d&rsquo;apr&egrave;s Jean-Marie Schaeffer, comme un ph&eacute;nom&egrave;ne logique d&rsquo;&eacute;laboration des savoirs qui repose sur un besoin fondamental de classification<a href="#nbp2" id="footnoteref2_9sn7tc0" name="liennbp2" title="Jean-Marie Schaeffer, « Des genres discursifs aux genres littéraires : quelles catégorisations pour quels faits textuels ? », dans Raphaël Baroni et Marielle Macé (dir.), Le savoir des genres, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007, p. 360-361.">2</a>. D&rsquo;o&ugrave; le paradoxe de la critique g&eacute;n&eacute;rique soulign&eacute; par Philippe Lejeune, qui conforte le genre &eacute;tudi&eacute; en &eacute;tablissant temporairement sa stabilit&eacute; pour le constituer en objet de savoir<a href="#nbp3" id="footnoteref3_4hfgb4m" name="liennbp3" title="Philippe Lejeune, Le pacte autobiographique, Paris, Seuil, 1996, p. 327.">3</a>.</p> <p>Mais plusieurs ambigu&iuml;t&eacute;s des genres litt&eacute;raires viennent pr&eacute;cis&eacute;ment de ce qu&rsquo;ils impliquent des aspects diff&eacute;rents,&nbsp;vue la logique s&eacute;miotique complexe de l&rsquo;&oelig;uvre. Par cons&eacute;quent, les &eacute;tiquettes g&eacute;n&eacute;riques offrent des param&egrave;tres classificatoires qui ressortissent &agrave; de multiples niveaux d&rsquo;une m&ecirc;me &eacute;chelle de conventions discursives et, de toute &eacute;vidence, les classes elles-m&ecirc;mes m&eacute;ritent d&rsquo;&ecirc;tre class&eacute;es, ne serait-ce que pour apporter un peu de lumi&egrave;re aux relations complexes d&rsquo;ench&acirc;ssement dont elles participent.</p> <p>Suivant les recommandations programmatiques de Schaeffer, toute &eacute;tude de genre devrait donc proc&eacute;der par une premi&egrave;re op&eacute;ration m&eacute;ta-g&eacute;n&eacute;rique qui consiste &agrave; saisir la nature des crit&egrave;res de cat&eacute;gorisation<a href="#nbp4" id="footnoteref4_6a8menc" name="liennbp4" title="Jean-Marie Schaeffer, op. cit., p. 362.">4</a>. Cela rejoint l&rsquo;id&eacute;e de Patrick Tort selon laquelle toute classification organise entre eux non seulement des objets, mais tout autant des sch&egrave;mes classificatoires<a href="#nbp5" id="footnoteref5_1lftxm4" name="liennbp5" title="Patrick Tort, La raison classificatoire, Alençon, Aubier, 1989, p. 13.">5</a>. On ne saurait donc faire l&rsquo;&eacute;conomie d&rsquo;une telle mise au point pr&eacute;liminaire sans risquer de sombrer dans ces taxonomies &eacute;chevel&eacute;es raill&eacute;es par Jorge Luis Borges, puis&eacute;es &agrave; m&ecirc;me une obscure et lointaine encyclop&eacute;die animali&egrave;re chinoise&nbsp;:</p> <p><q><em>&nbsp;Les animaux se divisent en&nbsp;: a) appartenant &agrave; l&rsquo;Empereur, b) embaum&eacute;s, c)&nbsp;apprivois&eacute;s, d) cochons de lait, e) sir&egrave;nes, f) fabuleux, g) chiens en libert&eacute;, h) inclus dans la pr&eacute;sente classification, i) qui s&rsquo;agitent comme des fous, j) innombrables, k) dessin&eacute;s avec un pinceau tr&egrave;s fin en poils de chameau, l) et cetera, m) qui viennent de casser la cruche, n) qui de loin semblent des mouches<a href="#nbp6" id="footnoteref6_2tk7dg2" name="liennbp6" title="Jorge Luis Borges, « La langue analytique de John Wilkins », Enquêtessuivi de Entretiens, Paris, Gallimard, 1967, p. 141.">6</a>. </em></q></p> <p>L&rsquo;ironie de cette nomenclature farfelue ne doit pourtant pas masquer son attachement profond pour les genres litt&eacute;raires. Auteur de plusieurs m&eacute;tafictions, l&rsquo;&eacute;crivain est trop inform&eacute; du r&ocirc;le de ces &laquo;&nbsp;utiles arch&eacute;types de Platon<a href="#nbp7" id="footnoteref7_3wc5tho" name="liennbp7" title="Jorge Luis Borges cité par Raphaël Baroni, « Généricités borgésiennes », dans Raphaël Baroni et Marielle Macé (dir.), op.cit., p. 156.">7</a> &raquo; au cours des processus de cr&eacute;ation et de lecture pour les rejeter aussi innocemment. Il ne manque toutefois pas de faire ressortir, par le voisinage suspect de ces &eacute;l&eacute;ments disparates, l&rsquo;importance d&rsquo;un terrain commun pour l&rsquo;ordination des connaissances, dont la question fondamentale est de savoir, pour emprunter les mots de Michel Foucault, &laquo;&nbsp;[s]ur quelle &ldquo;table&rdquo;, selon quel espace d&rsquo;identit&eacute;s, de similitudes, d&rsquo;analogies, avons-nous pris l&rsquo;habitude de distribuer tant de choses diff&eacute;rentes et pareilles<a href="#nbp8" id="footnoteref8_r3d4h4t" name="liennbp8" title="Michel Foucault, Les mots et les choses : une archéologie des sciences humaines, Paris, Gallimard, 1966, p. 11.">8</a> ?&raquo;. Je propose de r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; cette question en la rattachant &agrave; l&rsquo;utilisation du genre en litt&eacute;rature, afin d&rsquo;appr&eacute;cier les divers aspects des productions culturelles ou langagi&egrave;res qu&rsquo;il r&eacute;gule. Au terme d&rsquo;une courte synth&egrave;se th&eacute;orique, je poursuivrai la r&eacute;flexion en adoptant le concept de g&eacute;n&eacute;ricit&eacute; et proc&eacute;derai &agrave; l&rsquo;analyse de premi&egrave;res de couverture de romans de la route qu&eacute;b&eacute;cois, ce genre romanesque dont le r&eacute;cit, pour le r&eacute;sumer trop simplement, est construit autour d&rsquo;un voyage sur la route. Mais comme l&rsquo;exergue de Kerouac en fait foi, les routes litt&eacute;raires sont nombreuses et dissemblables ; elles s&rsquo;inscrivent dans un espace mouvant d&rsquo;identit&eacute;s et d&rsquo;analogies o&ugrave; j&rsquo;esp&egrave;re parvenir &agrave; planter quelques balises.</p> <p>&nbsp;</p> <h2><strong>1. Les types de conventions discursives</strong></h2> <p>&nbsp;</p> <p>Mikha&iuml;l Bakhtine est l&rsquo;un des premiers &agrave; avoir d&eacute;cloisonn&eacute; la question des genres litt&eacute;raires en l&rsquo;ouvrant sur une probl&eacute;matique plus vaste des genres du discours. D&eacute;j&agrave;, l&rsquo;id&eacute;e traverse <em>Le Marxisme et la philosophie du langage </em>et les premiers lin&eacute;aments d&rsquo;une entreprise de translinguistique&nbsp;&agrave; laquelle il se livre, en compagnie de Valentin Volochinov<a href="#nbp9" id="footnoteref9_ptes4ed" name="liennbp9" title="Loin de moi l’idée de rouvrir ici le débat quant à la paternité intellectuelle de Le Marxisme et la philosophie du langage, qui demeure à ce jour encore nébuleuse. Je me contenterai de me rallier à Sheila Vieira de Camardo Grillo – elle rejoint Marc Angenot sur ce point – pour qui, en dépit d’une hypothétique contribution de Bakhtine à l’ouvrage de Volochinov, « la diversité des auteurs n’empêche pas l’identification d’un projet commun de recherche dont le genre serait partie intégrante » (Sheila Vieira de Camargo Grillo, « Épistémologie et genres du discours dans le cercle de Bakhtine », Linx, n° 56, 2007, p. 20).">9</a>. Une des id&eacute;es ma&icirc;tresses de cet ouvrage veut d&rsquo;ailleurs que les &eacute;changes verbaux se forgent sur le mod&egrave;le d&rsquo;&eacute;nonciations ant&eacute;rieures en entrant en dialogue avec elles. Le livre, de quelque nature qu&rsquo;il soit, ne d&eacute;roge pas &agrave; la r&egrave;gle du dialogisme, parce qu&rsquo;un auteur &eacute;crit en r&eacute;ponse &agrave; quelque chose, propose le fruit de r&eacute;flexions emprunt&eacute;es tant &agrave; son &oelig;uvre pr&eacute;c&eacute;dente qu&rsquo;&agrave; la pens&eacute;e d&rsquo;autres &eacute;crivains qu&rsquo;il r&eacute;fute, ent&eacute;rine ou discute. Il suscite en retour des r&eacute;ponses sous forme de critiques, commentaires, et est repris au sein de productions langagi&egrave;res nouvelles. &Agrave; la fa&ccedil;on des &eacute;changes oraux, le discours &eacute;crit s&rsquo;ins&egrave;re dans la cha&icirc;ne d&rsquo;une discussion socio-id&eacute;ologique sans fin, o&ugrave; trouvent place plusieurs courants de communication qui ont trait tant &agrave; la litt&eacute;rature et &agrave; la politique qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;id&eacute;ologie du quotidien. Volochinov-Bakhtine voient dans les rapports sociaux un facteur de d&eacute;termination de la forme et des moyens potentiels de la communication verbale entre interlocuteurs. Plus largement, ce qu&rsquo;ils nomment la &laquo;&nbsp;psychologie du corps social &raquo; informe selon eux les aspects de l&rsquo;&eacute;nonciation par l&rsquo;emprunt de modes de discours tributaires de l&rsquo;&laquo;&nbsp;<em>horizon social</em> d&rsquo;une &eacute;poque et d&rsquo;un groupe social donn&eacute;<a href="#nbp10" id="footnoteref10_k81um08" name="liennbp10" title="Valentin Volochinov et Mikhaïl Bakhtine, Le Marxisme et la philosophie du langage, Paris, Minuit, 1970, p. 41. Leurs italiques.">10</a>&raquo;. Par cons&eacute;quent, chaque groupe social d&rsquo;une p&eacute;riode pr&eacute;cise b&eacute;n&eacute;ficie dans son r&eacute;pertoire de formules st&eacute;r&eacute;otyp&eacute;es auxquelles r&eacute;pondent des th&egrave;mes particuliers, qui permettent non seulement au locuteur d&rsquo;adopter une forme de communication appropri&eacute;e &agrave; la situation d&rsquo;&eacute;nonciation, mais orientent par leurs qualit&eacute;s dialogiques la compr&eacute;hension responsive<a href="#nbp11" id="footnoteref11_7luezpz" name="liennbp11" title="Le terme de « compréhension responsive » est de Mikhail Bakhtine. Voir Esthétique et théorie du roman, Paris, Gallimard, 1984, p. 304.">11</a> du r&eacute;cepteur.</p> <p>C&rsquo;est ce que Bakhtine nommera plusieurs ann&eacute;es plus tard les genres du discours, dans son essai du m&ecirc;me nom : &laquo; [t]out &eacute;nonc&eacute; pris isol&eacute;ment est, bien entendu, individuel, mais chaque sph&egrave;re d&rsquo;utilisation de la langue &eacute;labore ses <em>types relativement stables</em> d&rsquo;&eacute;nonc&eacute;s, et c&rsquo;est ce que nous appelons les <em>genres du discours</em><a href="#nbp12" id="footnoteref12_ebpfnzm" name="liennbp12" title="Mikhaïl Bakhtine, Esthétique de la création verbale, Paris, Gallimard, 1984, p. 265. L’auteur souligne.">12</a>&raquo;. Ce qu&rsquo;il importe de retenir de la le&ccedil;on bakhtinienne, c&rsquo;est que les r&egrave;gles du genre (comme du langage<a href="#nbp13" id="footnoteref13_op01sxx" name="liennbp13" title="« Les mots désignent des genres », écrit en ce sens Gérard Genette à la suite de Bergson (Henri Bergson cité par Gérard Genette, « Des genres et des œuvres », Figures V, Paris, Seuil, 2002, p. 38).">13</a>) sont de nature conventionnelle, c&rsquo;est-&agrave;-dire qu&rsquo;elles sont forg&eacute;es dans un cadre intersubjectif d&eacute;termin&eacute; par l&rsquo;horizon social de communication. Je rappelle &agrave; ce propos que la convention, concept utilis&eacute; entre autres dans les travaux de logiciens comme Thomas Pavel ou par le courant de l&rsquo;interactionnisme symbolique auquel se rattache le sociologue des arts Howard S. Becker, d&eacute;signe cette structure contractuelle, consciente ou non, portant sur des &eacute;l&eacute;ments pr&eacute;cis qui coordonnent la &laquo;&nbsp;coop&eacute;ration &raquo; du public au travail de l&rsquo;artiste<a href="#nbp14" id="footnoteref14_p1tso9e" name="liennbp14" title="Voir Thomas Pavel, « Des conventions », Univers de la fiction, Paris, Seuil, 1988, p. 145-163 et Howard S. Becker, « Conventions », Les mondes de l’art, Paris, Flammarion, 1988, p. 65-88.">14</a>. S&rsquo;appuyant sur un ensemble de pr&eacute;c&eacute;dents discursifs ou de types d&rsquo;&eacute;nonc&eacute;s, un groupe d&eacute;finit peu &agrave; peu un syst&egrave;me de pr&eacute;f&eacute;rences et d&rsquo;attentes mutuelles qui conditionnent une r&eacute;gularit&eacute; dans sa conduite, dans les solutions adopt&eacute;es pour se soumettre aux r&egrave;gles du jeu litt&eacute;raire. Ce syst&egrave;me est mouvant&nbsp;: chaque innovation artistique d&eacute;place les conventions, mais la nouveaut&eacute; est assimil&eacute;e pour ensuite faire place &agrave; la familiarit&eacute;. Pour Thomas Pavel, la mobilit&eacute; des conventions est d&rsquo;ailleurs un signe de ce qu&rsquo;elles sont peu contraignantes<a href="#nbp15" id="footnoteref15_9c9oqaf" name="liennbp15" title="Thomas Pavel, op. cit., p. 156.">15</a>. Jean-Marie Schaeffer apporte toutefois un b&eacute;mol. Puisque les conventions concernent diff&eacute;rents niveaux discursifs qui se rapportent tant &agrave; la situation de communication qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;nonc&eacute;, il faudrait par cons&eacute;quent distinguer deux r&eacute;gimes de relation g&eacute;n&eacute;rique qui impliquent chacun ses types sp&eacute;cifiques de conventions discursives, &agrave; savoir celui d&rsquo;exemplification (conventions fondatrices) et ceux de modulation (conventions r&eacute;gulatrices et de tradition)<a href="#nbp16" id="footnoteref16_52b0xqe" name="liennbp16" title="Voir Jean-Marie Schaeffer, « Régimes et logiques génériques », Qu’est-ce qu’un genre littéraire ?, Paris, Seuil, 1989, p. 156-185.">16</a>.</p> <p>Les conventions fondatrices rel&egrave;vent du cadre communicationnel de l&rsquo;&eacute;nonc&eacute; sur le triple plan de son &eacute;nonciation, de sa destination et de sa fonction. Ces principes fondent litt&eacute;ralement l&rsquo;acte verbal et rel&egrave;vent de divers choix li&eacute;s, en autres, &agrave; l&rsquo;adoption de modes d&rsquo;&eacute;nonciation. &Agrave; ce degr&eacute; de g&eacute;n&eacute;ralit&eacute;, l&rsquo;&eacute;cart aux r&egrave;gles n&rsquo;est pas admis ; soit le genre exemplifie une convention constituante, qui &agrave; la fois institue et r&egrave;gle l&rsquo;acte communicationnel, soit il &eacute;choue, comme l&rsquo;affirme Jean-Marie Schaeffer&nbsp;: &laquo; [o]n peut donc dire qu&rsquo;une relation g&eacute;n&eacute;rique est exemplifiante d&egrave;s lors que la d&eacute;finition de la classe g&eacute;n&eacute;rique se r&eacute;f&egrave;re &agrave; des propri&eacute;t&eacute;s partag&eacute;es par tous ses membres<a href="#nbp17" id="footnoteref17_b0ymjhi" name="liennbp17" title="Ibid., p. 154.">17</a>&raquo;. Le principe qui sert de base aux conventions fondatrices est par cons&eacute;quent <em>identitaire</em>&nbsp;: soit un texte est un r&eacute;cit, soit il ne l&rsquo;est pas. En revanche, le r&eacute;gime g&eacute;n&eacute;rique de modulation est quant &agrave; lui bas&eacute; sur des principes de prescription et de ressemblance.</p> <p>En ce qui concerne le r&eacute;gime de modulation, les &eacute;l&eacute;ments g&eacute;n&eacute;riques de l&rsquo;&oelig;uvre ne sont plus organis&eacute;s par rapport &agrave; l&rsquo;attitude discursive qui lui donne forme, mais dans ses structures textuelles, compositionnelles, th&eacute;matiques ou stylistiques. Ce type de r&eacute;gime ne peut en toute logique d&eacute;terminer l&rsquo;ensemble des structures textuelles, auquel cas le genre motiverait chaque fois la cr&eacute;ation d&rsquo;une copie conforme &agrave; une pr&eacute;c&eacute;dente, si tant est qu&rsquo;elles soient produites dans un m&ecirc;me contexte. Il cible plut&ocirc;t certains segments en les modifiant sensiblement, en les modulant de sorte que la convention soit toujours reconnaissable. Les conventions r&eacute;gulatrices ajoutent en quelque sorte des r&egrave;gles &agrave; la forme de communication adopt&eacute;e. Elles qualifient des prescriptions qui r&eacute;gentent des cas de formes fixes &eacute;labor&eacute;es de longue date, notamment durant le r&egrave;gne classique du genre o&ugrave; il tient ni plus ni moins le r&ocirc;le de police dans les arts. Ainsi des formes du sonnet, dont les contraintes m&eacute;triques sont rigides, mais peuvent &ecirc;tre alt&eacute;r&eacute;es sans que cela affecte leur reconnaissance ; de la r&egrave;gle des trois unit&eacute;s (temps/lieu/action) du drame classique, dont Victor Hugo a montr&eacute; avec retentissement qu&rsquo;elle pouvait &ecirc;tre transgress&eacute;e.</p> <p>Contrairement aux conventions r&eacute;gulatrices, les conventions de tradition sont beaucoup plus souples et ne rel&egrave;vent pas de l&rsquo;application d&rsquo;une r&egrave;gle pr&eacute;cise, mais d&rsquo;un rapport de ressemblance et de dissemblance, de d&eacute;placement conventionnel sujet &agrave; des nuances consid&eacute;rables. Se pencher sur les conventions de tradition revient &agrave; d&eacute;tecter entre un nombre d&rsquo;&oelig;uvres ind&eacute;fini le partage d&rsquo;&laquo; airs de famille &raquo;, selon l&rsquo;expression fort r&eacute;pandue depuis Wittgenstein. Celles-ci concernent le probl&egrave;me que posent les classes textuelles &agrave; proprement parler, auxquelles se rattache d&rsquo;ailleurs le roman de la route qui sera abord&eacute; plus loin. Moins contraignantes que les normes r&eacute;gulatrices, les conventions de tradition se subdivisent encore selon Jean-Marie Schaeffer en deux groupes&nbsp;extensionnels : les classes g&eacute;n&eacute;alogiques et analogiques. Tandis que les premi&egrave;res reposent sur des relations hypertextuelles ou sur une d&eacute;rivation &laquo;&nbsp;massive &raquo; et ostensiblement marqu&eacute;e d&rsquo;un texte premier par un second, les secondes sont d&eacute;termin&eacute;es en fonction de ressemblances causalement ind&eacute;finies. Au mode de constitution historique progressive des classes g&eacute;n&eacute;alogiques, Schaeffer oppose donc la classification r&eacute;trospective des classes analogiques, fond&eacute;es sur des liens textuels qui font fi de toute logique causale historiquement transmise.</p> <p>Sa distinction n&rsquo;est toutefois pas sans soulever quelques questions. D&rsquo;abord celle des liens g&eacute;n&eacute;riques postul&eacute;s par une filiation hypertextuelle et le fait que l&rsquo;hypotexte ne puisse garantir &agrave; lui seul une affiliation de son hypertexte qui engagerait une totale correspondance. D&rsquo;ailleurs, l&rsquo;exemple du roman picaresque, &laquo;&nbsp;genre massivement hypertextuel &raquo; selon Schaeffer, n&rsquo;est-il pas pass&eacute;, lui aussi, &agrave; la fa&ccedil;on des classes analogiques, par la construction d&rsquo;un &laquo; <em>type textuel id&eacute;al</em><a href="#nbp18" id="footnoteref18_5qhgloz" name="liennbp18" title="Ibid., p. 178-179.">18</a>&raquo; ou d&rsquo;un mod&egrave;le m&eacute;tatextuel, lequel aurait &eacute;t&eacute;, par r&eacute;alisations successives, institutionnalis&eacute; et reconnu pour tel ? Autrement dit, la d&eacute;finition purement statistique que Schaeffer attribue aux classes analogiques n&rsquo;a-t-elle pas &eacute;galement servie de base &agrave; la constitution des classes g&eacute;n&eacute;alogiques&nbsp;? Il semble que ces interrogations de m&ecirc;me que la nature des classes soumises par Schaeffer ram&egrave;nent &agrave; la dichotomie pos&eacute;e par Tzvetan Todorov entre genres historiques et genres th&eacute;oriques, que Schaeffer commente pourtant avec suspicion. Je rappelle que pour Todorov, les genres dits historiques seraient attribuables &agrave; une observation de la &laquo;&nbsp;r&eacute;alit&eacute; litt&eacute;raire &raquo;, alors que les genres th&eacute;oriques seraient d&eacute;duits &agrave; partir d&rsquo;une th&eacute;orie de la litt&eacute;rature<a href="#nbp19" id="footnoteref19_0knr0a7" name="liennbp19" title="Voir Tzvetan Todorov, Introduction à la littérature fantastique, Paris, Seuil, 1976, p. 25.">19</a>. Or, comme le remarque Schaeffer &agrave; ce propos, les genres historiques sont eux aussi le fruit d&rsquo;une construction s&eacute;lective de crit&egrave;res textuels et les genres historiques n&rsquo;ont, de fait, &laquo; aucun privil&egrave;ge &eacute;pist&eacute;mologique sur les genres th&eacute;oriques, loin de l&agrave;<a href="#nbp20" id="footnoteref20_pwn01l6" name="liennbp20" title="Jean-Marie Schaeffer, Qu’est-ce qu’un genre littéraire ?, op. cit., p. 69. Spécialiste des genres cinématographiques, Rick Altman abonde dans le même sens : « Tous les genres historiques ont été à un moment donné des genres théoriques définis par les critiques d’une culture passée […]. Les théories de référence alors en usage n’étaient peut-être pas des théories qui se présentaient comme telles ainsi que celles élaborées par Todorov, mais elles n’en étaient pas moins des théories » (Rick Altman, La comédie musicale hollywoodienne. Les problèmes de genre au cinéma, Paris, Armand Colin, 1992, p. 16).">20</a>&raquo;. Il ajoute que tout genre th&eacute;orique peut, en tant que mod&egrave;le de lecture, &ecirc;tre reconduit par le p&ocirc;le de production, puisque le genre est une abstraction continuellement retravaill&eacute;e &agrave; la fois par l&rsquo;auteur et le lecteur.</p> <p>Selon toute vraisemblance, Schaeffer reproduit cette &eacute;quivoque dans l&rsquo;&eacute;laboration de ses classes g&eacute;n&eacute;alogiques et analogiques. Car la reconnaissance d&rsquo;un hypotexte, au sens large que lui conf&egrave;re Schaeffer, s&rsquo;effectue toujours par l&rsquo;&eacute;lection d&rsquo;une ou plusieurs caract&eacute;ristiques parmi d&rsquo;autres qui sont discrimin&eacute;es. De m&ecirc;me, comme je viens de le sugg&eacute;rer, tous les hypotextes ne poss&egrave;dent pas une valeur &eacute;gale quant &agrave; l&rsquo;identification g&eacute;n&eacute;rique de l&rsquo;hypertexte. Certains sont &laquo; narcotis&eacute;s<a href="#nbp21" id="footnoteref21_fgtb50c" name="liennbp21" title="Umberto Eco, Lector in fabula. Le rôle du lecteur ou la Coopération interprétative dans les textes narratifs, Paris, Grasset, 1985, p. 116.">21</a>&raquo;, alors que d&rsquo;autres sont jug&eacute;s plus pertinents. Tout d&eacute;pend au fond de la comp&eacute;tence transtextuelle du lecteur et du contenu de son &laquo;&nbsp;encyclop&eacute;die g&eacute;n&eacute;rique<a href="#nbp22" id="footnoteref22_ykcnb8n" name="liennbp22" title="Paul Bleton, Ça se lit comme un roman policier. Comprendre la lecture sérielle, Québec, Nota Bene, 1999, p. 110.">22</a>&raquo;. Aussi, dans le cas des conventions analogiques, le rep&eacute;rage d&rsquo;une ressemblance ne peut se passer d&rsquo;un mod&egrave;le de r&eacute;f&eacute;rence, puisqu&rsquo;une ressemblance exprime n&eacute;cessairement un rapport de similitude entre deux objets. Toute classe g&eacute;n&eacute;alogique est fond&eacute;e sur des liens d&rsquo;analogie et chaque classe analogique pose dans son principe m&ecirc;me l&rsquo;influence d&rsquo;une g&eacute;n&eacute;alogie<a href="#nbp23" id="footnoteref23_fgbnoqq" name="liennbp23" title="Comme le soutient Patrick Tort, « [d]ès qu’un engendrement est possible, il est porteur de ressemblance; dès que la ressemblance existe, elle existe comme ressemblance génétique. Indissolublement » (Patrick Tort, op. cit., p. 25. Tort souligne).">23</a>. Mais d&eacute;j&agrave;, le terme &laquo; g&eacute;n&eacute;alogie &raquo; est lourd de connotations et indique l&rsquo;origine de cette confusion pourtant lumineusement d&eacute;voil&eacute;e par Schaeffer lui-m&ecirc;me, quand il signale les d&eacute;rapages du mod&egrave;le biologique dans la th&eacute;orie des genres&nbsp;: &laquo; Alors que la relation g&eacute;n&eacute;rique biologique va de la classe &agrave; l&rsquo;individu, la relation g&eacute;n&eacute;rique artefactuelle va des individus &agrave; la classe<a href="#nbp24" id="footnoteref24_x9po7gj" name="liennbp24" title="Jean-Marie Schaeffer, Qu’est-ce qu’un genre littéraire ?, op. cit., p. 72.">24</a>&raquo;. Pour r&eacute;sumer, il ne saurait y avoir un lien total de cause &agrave; effet dans la d&eacute;termination d&rsquo;un genre, non plus que de g&eacute;n&eacute;alogie au sens strict du terme. Un genre n&rsquo;engendre pas directement les &oelig;uvres, qui lui correspondraient &agrave; leur tour en tout et en parties. Le principal probl&egrave;me ici semble li&eacute; au fait que le genre, dans le cas o&ugrave; il sert &agrave; d&eacute;signer des classes textuelles, ne participe pas d&rsquo;une appartenance pl&eacute;ni&egrave;re d&rsquo;identit&eacute;, au sens o&ugrave; le feraient les genres &laquo; r&eacute;cit &raquo; ou &laquo; drame &raquo;. Pour le dire autrement, aucune classe textuelle fond&eacute;e sur des conventions de tradition ne peut &ecirc;tre exclusivement g&eacute;n&eacute;alogique ou analogique. Mieux vaudrait alors adopter, comme le fait Jean-Michel Adam sur le mod&egrave;le de la g&eacute;n&eacute;ricit&eacute; auctoriale/g&eacute;n&eacute;ricit&eacute; lectoriale de Schaeffer, les notions de g&eacute;n&eacute;ricit&eacute; et d&rsquo;effets de g&eacute;n&eacute;ricit&eacute;.</p> <p>&nbsp;</p> <h2><strong>2. Du genre &agrave; la g&eacute;n&eacute;ricit&eacute;&nbsp;: l&rsquo;hypoth&egrave;se du scalaire</strong></h2> <p>&nbsp;</p> <p>Quand il r&eacute;f&egrave;re &agrave; une classe textuelle, on a vu que le genre d&eacute;signe moins une donn&eacute;e imm&eacute;diate qu&rsquo;une esp&egrave;ce d&rsquo;&laquo; algorithme &raquo; conventionnel servant &agrave; la fois &agrave; la cr&eacute;ation des &oelig;uvres et &agrave; leur lecture. Afin de rompre avec cette image de &laquo; texte id&eacute;al &raquo; qu&rsquo;il suppose pour qualifier des classes textuelles, Jean-Michel Adam propose d&rsquo;adopter le concept de g&eacute;n&eacute;ricit&eacute;, dans le but de marquer une distance entre un mod&egrave;le virtuel et les relations m&eacute;diatrices de familiarit&eacute;s entretenues par des &oelig;uvres individuelles. L&rsquo;expression fait valoir que les classes utilis&eacute;es sont avant toute chose des projections attributives et regroupent des crit&egrave;res selon une &eacute;chelle de r&eacute;gularit&eacute;s fluctuantes. Surtout, il sous-entend l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un Jacques Derrida, pour qui un texte n&rsquo;appartient &agrave; aucun genre, mais participe plut&ocirc;t &agrave; plusieurs<a href="#nbp25" id="footnoteref25_xjhu07m" name="liennbp25" title="Jacques Derrida, « La loi du genre », Parages, Paris, Galilée, 1986, p. 264.">25</a>. Pour Adam, ce glissement terminologique invite &agrave; ne plus raisonner en termes de &laquo; crit&egrave;res d&eacute;finitoires &raquo; ou de &laquo;&nbsp;conditions n&eacute;cessaires et suffisantes<a href="#nbp26" id="footnoteref26_fosniek" name="liennbp26" title="Jean-Michel Adam, « Six propositions pour l’étude de la généricité », dans Raphaël Baroni et Marielle Macé (dir.), op.cit., p. 26.">26</a> &raquo;, mais sur la saisie de groupements de proc&eacute;d&eacute;s narratifs et de traits th&eacute;matiques r&eacute;currents. L&rsquo;id&eacute;e se trouve d&eacute;j&agrave; en germe dans l&rsquo;article &laquo;&nbsp;Du texte au genre &raquo; de Schaeffer&nbsp;:</p> <p><q><em>&nbsp;Si nous en restons au niveau de la ph&eacute;nom&eacute;nalit&eacute; empirique, la th&eacute;orie g&eacute;n&eacute;rique est tout simplement cens&eacute;e rendre compte d&rsquo;un ensemble de ressemblances textuelles, formelles et surtout th&eacute;matiques : or, ces ressemblances peuvent parfaitement &ecirc;tre expliqu&eacute;es en d&eacute;finissant la g&eacute;n&eacute;ricit&eacute; comme un ensemble de r&eacute;investissements (plus ou moins transformateurs) de cette m&ecirc;me composante textuelle<a href="#nbp27" id="footnoteref27_othdea7" name="liennbp27" title="Jean-Marie Schaeffer, « Du texte au genre », op. cit., p. 186.">27</a>. </em></q></p> <p>Ces propositions rencontrent celles de Walter Moser sur le <em>road movie</em>, qui discerne &eacute;galement entre &laquo;&nbsp;un <em>road movie</em> &raquo; et &laquo; du <em>road movie</em>&nbsp;&raquo;, sans pour autant user de la m&ecirc;me souplesse dans l&rsquo;attribution de ses cat&eacute;gories<a href="#nbp28" id="footnoteref28_4x3d4bp" name="liennbp28" title="En témoignent ces formulations : « Pour faire un road movie, il faut », ou encore « dans la version “pure” du road movie ». Voir Walter Moser, « Présentation. Le road movie : un genre issu d’une constellation moderne de locomotion et de médiamotion », Cinémas : revue d’études cinématographiques/ Cinemas : Journal of Film Studies, vol. 18, n° 2-3, 2008, p. 17-18.">28</a>. La difficult&eacute;, voire l&rsquo;impossibilit&eacute; pratique d&rsquo;&eacute;tablir avec fermet&eacute; des cat&eacute;gories p&eacute;rennes tient d&rsquo;une part &agrave; ce que le genre est constamment travaill&eacute; par des forces antagonistes, li&eacute;es &agrave; un double principe d&rsquo;inertie et de changement. Chaque fois qu&rsquo;une &oelig;uvre nouvelle est publi&eacute;e, elle modifie par le fait m&ecirc;me son genre, d&rsquo;o&ugrave; le statut pr&eacute;caire et purement abstrait de ce dernier.</p> <p>La g&eacute;n&eacute;ricit&eacute; agit principalement dans trois domaines qui redynamisent la question du genre au sein d&rsquo;une interaction entre autant d&rsquo;instances discursives, dont celles de la production et de la r&eacute;ception-interpr&eacute;tation, mais aussi, ajoute Adam, celle du p&ocirc;le &eacute;ditorial qui peut intervenir sur le texte lors de r&eacute;&eacute;ditions cons&eacute;cutives ou de traductions. Ces trois p&ocirc;les de m&eacute;diation g&eacute;n&eacute;rique ont le pouvoir de participer aux diff&eacute;rents plans de la transcendance textuelle ou de ce que G&eacute;rard Genette nomme la transtextualit&eacute;, soit ce qui met un texte &laquo; en relation, manifeste ou secr&egrave;te, avec d&rsquo;autres textes<a href="#nbp29" id="footnoteref29_3s9ln2s" name="liennbp29" title="Gérard Genette, Palimpsestes : la littérature au second degré, Paris, Seuil, 1982, p. 7.">29</a>&raquo;. Pour Adam, le plan paratextuel est le principal lieu d&rsquo;ing&eacute;rence de la g&eacute;n&eacute;ricit&eacute; &eacute;ditoriale&nbsp;: titre, sous-titre, pri&egrave;re d&rsquo;ins&eacute;rer, jaquette et autres &laquo;&nbsp;seuils<a href="#nbp30" id="footnoteref30_8n070cy" name="liennbp30" title="Gérard Genette, Seuils, Paris, Seuil, 1987, 377 p.">30</a> &raquo; du texte, selon l&rsquo;expression consacr&eacute;e de Genette, sont quelques-uns des aspects qui orientent la coordination g&eacute;n&eacute;rique et le contrat du lecteur avec le texte. Le plan m&eacute;tatextuel est un second facteur de g&eacute;n&eacute;ricit&eacute;. Relation d&rsquo;un texte &agrave; son commentaire, la m&eacute;tatextualit&eacute; regroupe les articles, monographies et autres discours critiques portant sur le genre d&rsquo;un texte particulier. Enfin, vus les nombreux recoupements que rec&egrave;lent les notions d&rsquo;architexte, d&rsquo;hypotexte et d&rsquo;intertexte, je sugg&egrave;re plut&ocirc;t d&rsquo;utiliser essentiellement cette derni&egrave;re, &eacute;tant entendu avec Rapha&euml;l Baroni que les deux autres d&eacute;pendent &laquo;&nbsp;ontologiquement des textes concrets dont le sujet a fait l&rsquo;exp&eacute;rience, donc d&rsquo;une certaine forme d&rsquo;intertextualit&eacute;<a href="#nbp31" id="footnoteref31_k25rpba" name="liennbp31" title="Raphaël Baroni, La tension narrative. Suspense, curiosité et surprise, Paris, Seuil, 2007, p. 240.">31</a> &raquo;. D&eacute;finie par Genette au plan de la microstructure comme la r&eacute;cup&eacute;ration d&rsquo;un texte sous forme de <em>plagiat</em>, de <em>citation</em> ou de simple <em>allusion</em>, l&rsquo;intertextualit&eacute;, en tant que relation de copr&eacute;sence d&rsquo;un texte A &agrave; un texte B, peut tout autant s&rsquo;&eacute;tendre &agrave; l&rsquo;analyse des composantes po&eacute;tiques. Indicateur de g&eacute;n&eacute;ricit&eacute;, cette forme de transtextualit&eacute; investit les diff&eacute;rents niveaux de textualit&eacute;, qui font ainsi l&rsquo;objet de conventions. Alors que la textualit&eacute; assure au texte coh&eacute;sion et singularit&eacute;, la transtextualit&eacute; am&eacute;nage sa compr&eacute;hension en regard d&rsquo;une n&eacute;buleuse de pratiques litt&eacute;raires composant la biblioth&egrave;que virtuelle d&rsquo;une &eacute;poque et d&rsquo;un milieu, l&rsquo;ouvrant sur l&rsquo;interdiscours social et litt&eacute;raire. En adoptant une telle approche scalaire de la g&eacute;n&eacute;ricit&eacute;, on peut aborder une &oelig;uvre en la soumettant &agrave; l&rsquo;examen d&rsquo;aspects localis&eacute;s (construction et caract&eacute;risation des personnages, &eacute;l&eacute;ments de l&rsquo;intrigue, repr&eacute;sentations de l&rsquo;espace), en la consid&eacute;rant comme un feuillet&eacute; de conventions provenant de divers horizons g&eacute;n&eacute;riques. Encore une fois, l&rsquo;id&eacute;e n&rsquo;est pas de proposer une &eacute;chelle rigide de conventions &laquo; essentielles &raquo;, mais un outil pour mieux penser la participation d&rsquo;une &oelig;uvre singuli&egrave;re &agrave; un genre. Afin de donner corps &agrave; ce qui pr&eacute;c&egrave;de, je vais maintenant analyser des premi&egrave;res de couverture de romans de la route publi&eacute;s depuis les ann&eacute;es 1980 jusqu&rsquo;&agrave; aujourd&rsquo;hui. S&rsquo;il concerne strictement la production qu&eacute;b&eacute;coise, je crois que le panorama qui suit peut sans peine trouver des &eacute;chos du c&ocirc;t&eacute; du <em>road novel</em> am&eacute;ricain ou &eacute;tranger.</p> <p>&nbsp;</p> <h2><strong>3. Avant la route&nbsp;: le pr&eacute;cadrage g&eacute;n&eacute;rique du texte</strong></h2> <p>&nbsp;</p> <p>En amont de toute lecture, avant m&ecirc;me de tourner la premi&egrave;re page d&rsquo;un roman, le lecteur effectue entre autres op&eacute;rations pr&eacute;alables celle que Jean-Louis Dufays nomme le pr&eacute;cadrage g&eacute;n&eacute;rique du texte<a href="#nbp32" id="footnoteref32_y646b6m" name="liennbp32" title="Jean-Louis Dufays, Stéréotypes et lecture : essai sur la réception littéraire, Bruxelles, P. I. E. Peter Lang, 2010, p. 121 et s. Voir également Karl Canvat, op. cit., p. 115 et s.">32</a>. &Eacute;tabli sur la base d&rsquo;informations qui sont autant de conventions paratextuelles, le pr&eacute;cadrage g&eacute;n&eacute;rique consiste &agrave; &eacute;mettre un certain nombre d&rsquo;hypoth&egrave;ses quant au genre du livre en question et d&rsquo;ainsi formuler des inf&eacute;rences sur son contenu. Il s&rsquo;agit en fait d&rsquo;embrasser une posture de lecture par rapport &agrave; un horizon d&rsquo;attente familier form&eacute; d&rsquo;&oelig;uvres fr&eacute;quent&eacute;es par le pass&eacute;, de projeter l&rsquo;artefact textuel sur l&rsquo;arri&egrave;re-plan de lectures ant&eacute;rieures. Les seuils servent ici d&rsquo;indices de g&eacute;n&eacute;ricit&eacute; co-textuels qui rel&egrave;vent des instances &eacute;ditoriale et auctoriale, lieux de n&eacute;gociation par rapport auxquels un contrat de lecture est adopt&eacute;. Parmi ces indices, la premi&egrave;re de couverture offre une des composantes mat&eacute;rielles les plus significatives. Elle assume d&rsquo;apr&egrave;s Karl Canvat des fonctions r&eacute;f&eacute;rentielles, par ses &eacute;l&eacute;ments picturaux et ce qu&rsquo;ils apprennent ou font mine de nous apprendre sur l&rsquo;univers du r&eacute;cit<a href="#nbp33" id="footnoteref33_8ms6bof" name="liennbp33" title="Karl Canvat, op. cit., p. 116.">33</a>. Quelques strat&eacute;gies iconographiques permettent ainsi de postuler l&rsquo;existence de repr&eacute;sentations r&eacute;currentes agissant comme des embrayeurs de g&eacute;n&eacute;ricit&eacute;.</p> <p>On ne verra rien de surprenant &agrave; ce que la route subisse un traitement de faveur sur bon nombre de couvertures. &Agrave; ce propos, dans son <em>Court trait&eacute; du paysage</em>, Alain Roger convient un peu h&acirc;tivement du fait que les autoroutes n&rsquo;ont pas encore su retenir l&rsquo;attention des artistes, que l&rsquo;acte cr&eacute;ateur n&rsquo;a toujours pas saisi leur &laquo;&nbsp;puissance paysag&egrave;re<a href="#nbp34" id="footnoteref34_3b9chr6" name="liennbp34" title="Alain Roger, Court traité du paysage, Paris, Gallimard, 1997, p. 113.">34</a> &raquo;. Plusieurs romans de la route d&eacute;mentissent cette id&eacute;e. Au Qu&eacute;bec, <em>Les Faux Fuyants</em><a href="#nbp35" id="footnoteref35_coagfpc" name="liennbp35" title="Monique LaRue, Les faux fuyants, Montréal, Québec Amérique, 2003, 208 p.">35</a> et <em>Volkswagen blues</em><a href="#nbp36" id="footnoteref36_96m6xdp" name="liennbp36" title="Jacques Poulin, Volkswagen blues, Montréal, Leméac, 2015, 328 p.">36</a>, publi&eacute;s respectivement en 1982 et 1985, sont au rang des premiers &agrave; d&eacute;montrer une volont&eacute; de mise en valeur de l&rsquo;imagerie routi&egrave;re.</p> <p style="text-align: center;"><img alt="faux fuyants" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/faux-fuyants.jpg" /></p> <p style="text-align: center;"><a href="https://alepreuve.com/content/uploads/2016/07/poulin.jpg"><img alt="poulin" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/poulin.jpg" /></a></p> <p>Chaque jaquette expose une perspective itin&eacute;rante sur la route, envisag&eacute;e depuis un v&eacute;hicule en mouvement, ce que sugg&egrave;re la ligne pointill&eacute;e de l&rsquo;exemple de gauche, qui entra&icirc;ne le regard vers le point de fuite de l&rsquo;image. De son c&ocirc;t&eacute;, la perception frontale de la route rectiligne, au milieu des paysages lunaires de <em>Volkswagen blues</em>, reprend le prototype du genre &eacute;labor&eacute; en 1938 par la photographe Dorothea Lange avec <em>The road West, New Mexico</em>, qui fera par la suite &eacute;cole<a href="#nbp37" id="footnoteref37_8ing3fb" name="liennbp37" title="Jean Arrouye, « L’imaginaire de la route américaine », Revue Française d’Études Américaines, n°48-49, avril-juillet 1991, p. 323. Quelques années après Lange, Robert Frank participe lui aussi à « l’artialisation » des paysages routiers, pour employer la terminologie d’Alain Roger. Consignées dans son ouvrageThe Americans, ses photographies bénéficient d’une préface signée par nul autre que Jack Kerouac. Voir Robert Frank, The Americans, New York, Rapaport Printing Corporation, 1958, 179 p.">37</a>.</p> <p style="text-align: center;"><img alt="lange" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/lange.jpg" /></p> <p>Genre par excellence des grands espaces, d&rsquo;apr&egrave;s une id&eacute;e bien entretenue<a href="#nbp38" id="footnoteref38_xi8bga5" name="liennbp38" title="Voir entres autres Jean Morency, « Un voyage à travers les mots et les images. Sur la piste des romans de la route au Québec », La littérature québécoise dans le contexte américain, Québec, Nota Bene, 2012, p. 51-66.">38</a>, le roman de la route met ici l&rsquo;accent sur la profondeur du champ, l&rsquo;horizontalit&eacute; &eacute;tant contrebalanc&eacute;e par la verticalit&eacute; minimale de la for&ecirc;t ou des lointains contreforts montagneux. La sobri&eacute;t&eacute; de la composition, r&eacute;duite &agrave; la lin&eacute;arit&eacute; de la route, &agrave; la nature et au ciel, insiste sur le sentiment de solitude que d&eacute;gagent les espaces et sur leur vacuit&eacute; qui, selon le g&eacute;ographe Marc Bureau, est une des raisons de cette impression de gigantisme spatial<a href="#nbp39" id="footnoteref39_s68xhh5" name="liennbp39" title="Luc Bureau, La terre et moi, Montréal, Boréal, 1991, p. 61.">39</a>. Paysages a priori aux antipodes, la plaine d&eacute;sertique de l&rsquo;Ouest et l&rsquo;autoroute foresti&egrave;re du Nord se rejoignent donc dans leur configuration et dans les significations sommaires qui peuvent en &ecirc;tre tir&eacute;es.</p> <p>Lorsqu&rsquo;elle n&rsquo;est pas explicitement mise en images, la route peut encore &ecirc;tre figur&eacute;e par des proc&eacute;d&eacute;s de repr&eacute;sentation m&eacute;tonymiques ou synecdochiques. Les cartes topographiques de <em>Dessins et cartes du territoire</em><a href="#nbp40" id="footnoteref40_xzws34r" name="liennbp40" title="Pierre Gobeil, Dessins et cartes du territoire, Montréal, L’Hexagone, 1993, 138 p.">40</a> et des trois premiers tomes des <em>Aventures de Benjamin Tardif</em><a href="#nbp41" id="footnoteref41_4w5kgql" name="liennbp41" title="François Barcelo, Nulle part au Texas, Montréal, Libre Expression, 1989, 162 p.; Ailleurs en Arizona, Montréal, Libre Expression, 1991, 154 p.; Pas tout à fait en Californie, Montréal, Libre Expression, 1992, 179 p.">41</a> en t&eacute;moignent. Dans un court essai sur la carte g&eacute;ographique, Italo Calvino observe le rapport intime que celle-ci entretient &agrave; l&rsquo;origine avec le voyage&nbsp;: &laquo; Le premier besoin de fixer les lieux sur la carte est li&eacute; au voyage&nbsp;: c&rsquo;est le m&eacute;mento de la succession des &eacute;tapes, le trac&eacute; d&rsquo;un parcours. Il s&rsquo;agit donc d&rsquo;une image lin&eacute;aire, telle qu&rsquo;elle peut &ecirc;tre donn&eacute;e seulement sur un long rouleau<a href="#nbp42" id="footnoteref42_fsgoaji" name="liennbp42" title="Italo Calvino, « Le voyageur dans la carte », Collection de sable, Paris, Seuil, 1984, p. 31. Le lien est frappant entre l’organisation archaïque des premières cartes et le mythique « rouleau original » sur lequel, d’après la légende, Kerouac aurait écrit d’un jet le manuscrit de Sur la route.">42</a>&raquo;.</p> <p style="text-align: center;"><img alt="Gobeil" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/Gobeil.jpg" /></p> <p style="text-align: center;"><img alt="texas2" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/texas2.jpg" /></p> <p>Cela s&rsquo;av&egrave;re d&rsquo;autant plus vrai pour les &oelig;uvres qui joignent au r&eacute;cit l&rsquo;itin&eacute;raire de leurs personnages.</p> <p>L&rsquo;&eacute;diteur de Marie-&Egrave;ve Gosemick ins&egrave;re par exemple dans <em>Poutine pour emporter</em>, &eacute;trangement qualifi&eacute; de <em>road movie</em> sur le pri&egrave;re d&rsquo;ins&eacute;rer, une carte de la Colombie et des villes travers&eacute;es; la quatri&egrave;me de couverture d&rsquo;<em>Autour des trois Am&eacute;riques : quatorze mois sur la route panam&eacute;ricaine, en auto</em> de Jacques H&eacute;bert reproduit le parcours Nord-Sud de l&rsquo;auteur et de ses acolytes. Condensation mat&eacute;rielle d&rsquo;une trajectoire fictive, ce dispositif visuel t&eacute;moigne non seulement d&rsquo;un souci d&rsquo;enraciner le r&eacute;cit dans une forme de r&eacute;f&eacute;rentialit&eacute;, mais pr&eacute;suppose aussi, comme le note Calvino, une id&eacute;e de narration consubstantielle au trac&eacute;. Plus qu&rsquo;une quadrature pure et simple d&rsquo;un territoire rationalis&eacute;, la carte s&rsquo;interpose entre le lecteur et le r&eacute;cit comme m&eacute;diation qui lui fait miroiter une succession d&rsquo;actions possibles en des lieux o&ugrave; se projettent ses r&ecirc;veries<a href="#nbp43" id="footnoteref43_61lgwc6" name="liennbp43" title="Rachel Bouvet, « Cartographie du lointain : lecture croisée entre la carte et le texte », L’espace en toutes lettres, Québec, Nota Bene, 2003, p. 280.">43</a>. En plus de favoriser la familiarisation avec un ailleurs lointain, l&rsquo;int&eacute;gration cartographique atteste les liens historiques entre le roman de la route et le r&eacute;cit de voyage de d&eacute;couvreurs ou d&rsquo;aventuriers. En ce sens, la proposition d&rsquo;Anne Hurault-Paupe quant au <em>road movie</em> am&eacute;ricain, qu&rsquo;elle qualifie de genre au service de la &laquo;&nbsp;red&eacute;couverte du r&eacute;el<a href="#nbp44" id="footnoteref44_f9nhdnu" name="liennbp44" title="Anne Hurault-Paupe, Le road movie : définitions, structures, antécédents et évolution, Ph. D. (langues, littératures anglaises et anglo-saxonnes), Université Paris X, 2006, p. 366.">44</a>&raquo;, un r&eacute;el au demeurant d&eacute;j&agrave; parcouru et codifi&eacute;, s&rsquo;applique tout autant au roman de la route, ce que conforte l&rsquo;usage de la carte.</p> <p>En contrepartie de cette strat&eacute;gie rh&eacute;torique qui consiste &agrave; adopter le tout (la carte) pour la partie (la route) s&rsquo;ajoutent celles qui d&eacute;signent la partie pour l&rsquo;ensemble. En effet, la civilisation des transports a su d&eacute;velopper des postes de ravitaillement dans le but de r&eacute;pondre aux besoins du voyageur, dont les d&eacute;ambulations prolong&eacute;es finissent par le ramener &agrave; la satisfaction de ses besoins primaires&nbsp;: manger, se reposer, dormir. Dans son <em>Introduction &agrave; une anthropologie de la surmodernit&eacute;</em>, Marc Aug&eacute; a propos&eacute; de d&eacute;nommer &laquo;&nbsp;non-lieux &raquo; ces espaces de transit qui &laquo; ne cr&eacute;e[nt] ni identit&eacute; singuli&egrave;re, ni relation, mais solitude et similitude<a href="#nbp45" id="footnoteref45_pqdniqx" name="liennbp45" title="Marc Augé, Non-lieux : introduction à une anthropologie de la surmodernité, Paris, Seuil, 1992, p. 130.">45</a>&raquo;. L&rsquo;effloraison de ces non-lieux vou&eacute;s &agrave; la consommation dessine selon lui une &laquo;&nbsp;cosmologie objectivement universelle<a href="#nbp46" id="footnoteref46_8jqmp76" name="liennbp46" title="Ibid., p. 133.">46</a>&raquo;, dont il y a fort &agrave; parier, selon les exemples retenus, qu&rsquo;elle calque son mod&egrave;le sur la nouvelle <em>american way of life</em> de l&rsquo;apr&egrave;s-guerre.</p> <p style="text-align: center;"><img alt="major" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/major.jpg" /></p> <p style="text-align: center;"><img alt="dorais" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/dorais.jpg" /></p> <p>Apr&egrave;s les ann&eacute;es de privation de la Seconde Guerre mondiale, le Qu&eacute;bec entre dans une p&eacute;riode faste marqu&eacute;e par la hausse fulgurante du taux de croissance &eacute;conomique<a href="#nbp47" id="footnoteref47_88igmyl" name="liennbp47" title="Jean Provencher, Ils ont bâti le Québec, Québec, Septentrion, 1994, p. 33.">47</a>. Le r&eacute;seau routier se d&eacute;veloppe, les ventes automobiles explosent, favorisant dans leur sillage l&rsquo;essor du secteur touristique. Avec l&rsquo;accroissement de l&rsquo;automobilisme, une panoplie de services adapt&eacute;s est peu &agrave; peu offerte aux usagers de la voiture et aux fervents de vill&eacute;giature. Le motel, contraction des expressions anglophones <em>motor</em> et <em>hotel</em>, se r&eacute;pand alors &agrave; un rythme continu au cours des ann&eacute;es 1950 &agrave; 1970<a href="#nbp48" id="footnoteref48_ag4xac7" name="liennbp48" title="Olga Duhamel-Noyer et David Olivier, Motel univers, Montréal, Éditions Héliotrope, 2006, p. 86.">48</a>. &laquo; Il y a un motel dans le c&oelig;ur de tout homme &raquo;, &eacute;crit &agrave; ce sujet l&rsquo;am&eacute;ricain Don DeLillo, &laquo; [l]&agrave; o&ugrave; l&rsquo;autoroute commence &agrave; dominer le paysage, par del&agrave; les limites d&rsquo;une grande ville se r&eacute;p&eacute;tant &agrave; l&rsquo;infini, pr&egrave;s d&rsquo;un point important d&rsquo;arriv&eacute;e et de d&eacute;part<a href="#nbp49" id="footnoteref49_7w4qwfq" name="liennbp49" title="Don DeLillo, Americana, Arles, Actes Sud, 1992, p. 310.">49</a>&raquo;. En accusant d&rsquo;innombrables variations, l&rsquo;imagerie motelli&egrave;re se situe au carrefour de plusieurs influences g&eacute;n&eacute;riques qui font du motel un endroit parfaitement glauque aussi pris&eacute; par le roman noir<a href="#nbp50" id="footnoteref50_jzmdky2" name="liennbp50" title="Voir sur le sujet Viviane Sobchack, « Lounge Time. Postwar Crises and the Chronotope of Film Noir », Refiguring American Film Genres. History and Theory, Berkeley, Los Angeles et Londres, University of California Press, 1998, p. 129-170.">50</a>: comme le r&eacute;sume Olga Duhamel-Noyer, celui-ci &laquo;&nbsp;fonctionne &agrave; la mani&egrave;re d&rsquo;un hologramme, tant&ocirc;t accueillant, simple et chaleureux, tant&ocirc;t angoissant ; il co&iuml;ncide avec l&rsquo;Am&eacute;rique<a href="#nbp51" id="footnoteref51_31x60zt" name="liennbp51" title="Olga Duhamel-Noyer et David Olivier, op. cit., p. 18.">51</a>&raquo;. L&rsquo;am&eacute;ricanisation des bords de route qu&eacute;b&eacute;cois passe aussi par l&rsquo;apparition de <em>fast food</em>, cin&eacute;-parcs, restauvolants (<em>drive-in</em>) et stations-services, qui essaiment bient&ocirc;t et modifient le paysage.</p> <p>Les &eacute;diteurs ont bien saisi la puissance d&rsquo;&eacute;vocation de ces innovations ; plusieurs premi&egrave;res de couverture tablent sur ces dimensions modernes de la route plut&ocirc;t que sur celles de la nature grandiose ou de la rase campagne.</p> <p>Une derni&egrave;re cat&eacute;gorie de repr&eacute;sentations m&eacute;tonymiques s&rsquo;appuie sur les affiches routi&egrave;res. Ces id&eacute;ogrammes r&eacute;f&egrave;rent &agrave; un ensemble de codes, font de la route un espace de libert&eacute; et de d&eacute;couverte certes, mais balis&eacute; par des rep&egrave;res g&eacute;ographiques, des normes de s&eacute;curit&eacute; et de bonne conduite. En ce sens, les panneaux de signalisation sont un autre indice de g&eacute;n&eacute;ricit&eacute; qu&rsquo;exploitent les &eacute;diteurs, notamment ceux de <em>Plus loin</em><a href="#nbp52" id="footnoteref52_ctxh7go" name="liennbp52" title="David Dorais et Marie-Ève Mathieu, Plus loin, Montréal, Boréal, 312 p.">52</a> et de <em>Vendredi-Friday</em><a href="#nbp53" id="footnoteref53_84ycqb8" name="liennbp53" title="Alain Poissant, Vendredi-Friday, Montréal, Les Éditions du Roseau, 1988, 131 p.">53</a>.</p> <p style="text-align: center;"><img alt="doraisplusloin" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/doraisplusloin.jpg" /></p> <p style="text-align: center;"><img alt="friday" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/friday.jpg" /></p> <p>Dans les deux exemples ci-dessus, ils indiquent litt&eacute;ralement des avenues de lectures possibles. &Agrave; gauche, l&rsquo;assemblage de panneaux vierges sur lesquels des fl&egrave;ches pointent en des directions oppos&eacute;es peut laisser pr&eacute;sager le r&eacute;cit d&rsquo;un voyage sans destination pr&eacute;cise, une errance sans but, sinon celui d&rsquo;aller &laquo; plus loin &raquo;. Le signal routier de <em>Vendredi-Friday</em>, qui signifie &laquo; demi-tour interdit &raquo;, renvoie quant &agrave; lui &agrave; l&rsquo;obligation du voyage, &agrave; la n&eacute;cessit&eacute; de poursuivre un chemin. Ainsi, l&rsquo;iconographie de la route se d&eacute;cline en une gamme appr&eacute;ciable de repr&eacute;sentations autour d&rsquo;un m&ecirc;me th&egrave;me, qui immanquablement entra&icirc;nent des conjectures sur la nature du r&eacute;cit. L&rsquo;inventaire de ces indications g&eacute;n&eacute;riques demeurerait cependant inachev&eacute; s&rsquo;il fallait passer sous silence l&rsquo;importance d&eacute;terminante de l&rsquo;automobile pour l&rsquo;horizon d&rsquo;attente.</p> <p>Route et voiture sont en quelque sorte l&rsquo;Alpha et l&rsquo;Om&eacute;ga du roman de la route. &Agrave; ce titre, Jean-Fran&ccedil;ois Chassay note qu&rsquo;avec l&rsquo;influence de <em>Sur la route</em> et <em>Les anges vagabonds</em>, l&rsquo;automobile s&rsquo;impose dans les lettres d&rsquo;ici par l&rsquo;entremise de Jack Kerouac, avatar moderne de la r&eacute;inscription d&rsquo;une app&eacute;tence tout am&eacute;ricaine pour l&rsquo;errance et le voyage<a href="#nbp54" id="footnoteref54_kfa7qli" name="liennbp54" title="Jean-François Chassay, L’ambiguïté américaine. Le romanquébécois face aux États-Unis, Montréal, XYZ éditeur, 1995, p. 71.">54</a>. Par la suite, de tels rapprochements ont pu para&icirc;tre suspects &agrave; Jean-S&eacute;bastien M&eacute;nard qui, en t&eacute;moin avis&eacute; de la filiale locale de la <em>beat generation</em>, insiste sur l&rsquo;ironie d&rsquo;un tel sort pour un homme pr&eacute;f&eacute;rant de loin les d&eacute;placements en autobus, tant dans sa vie quotidienne que dans son &oelig;uvre<a href="#nbp55" id="footnoteref55_zwz1t66" name="liennbp55" title="Jean-Sébastien Ménard, Une certaine Amérique à lire : la Beat generation et la littérature québécoise, Ph. D. (langue et littérature françaises), Montréal, Université McGill, 2008, p. 89.">55</a>. Cela dit, que Kerouac ait appr&eacute;ci&eacute; ou non l&rsquo;automobile n&rsquo;a pas emp&ecirc;ch&eacute; ses &eacute;diteurs d&rsquo;en faire la t&ecirc;te d&rsquo;affiche d&rsquo;une op&eacute;ration de s&eacute;duction aupr&egrave;s du public. Le plus &eacute;tonnant n&rsquo;est pas d&rsquo;appr&eacute;cier la voiture en couverture de romans comme <em>Sur la route</em> et <em>Visions de Cody</em> o&ugrave;, sans &eacute;gards &agrave; qui la conduit, elle occupe un r&ocirc;le central, mais plut&ocirc;t de la retrouver en premi&egrave;re page de romans dans lesquels elle brille par son absence. La majorit&eacute; des r&eacute;&eacute;ditions de l&rsquo;&oelig;uvre kerouacienne en version Folio chez Gallimard et Deno&euml;l y fait d&rsquo;ailleurs appel, recyclage trompeur s&rsquo;il en est. C&rsquo;est dire tout le pouvoir d&rsquo;attraction qu&rsquo;on lui attribue, dans ce cas-ci au d&eacute;triment d&rsquo;un aiguillage fid&egrave;le au contenu du r&eacute;cit.</p> <p>Les &eacute;diteurs qu&eacute;b&eacute;cois ne sont pas en reste. La voiture, ici comme ailleurs, exerce ses charmes rustiques et tapageurs, dans une mise en sc&egrave;ne qui opte la plupart du temps pour d&rsquo;antiques mod&egrave;les. Si un historien comme Mathieu Flonneau a toutes les raisons de penser que l&rsquo;automobile est avec le temps devenue un instrument de confort quotidien aussi trivial que la machine &agrave; laver ou le rasoir &eacute;lectrique, la sublimer en objet esth&eacute;tique rel&egrave;ve alors du d&eacute;fi<a href="#nbp56" id="footnoteref56_6ojq7ap" name="liennbp56" title="Mathieu Flonneau, Les cultures du volant XXe-XXIe siècles. Essai sur les mondes de l’automobilisme, Paris, Éditions Autrement, 2008, p. 28.">56</a>.</p> <p style="text-align: center;"><img alt="heureuxquicommeulysse" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/heureuxquicommeulysse.png" /></p> <p style="text-align: center;"><img alt="filion" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/filion.jpg" /></p> <p>Un des moyens d&rsquo;y parvenir est d&rsquo;&eacute;veiller le sentiment de nostalgie du lecteur, ce vers quoi tend l&rsquo;&eacute;cran rougeoyant et chaleureux du roman de Poissant, proche en cela de l&rsquo;album de famille aux photos d&eacute;color&eacute;es par le passage du temps. La stylisation de la couverture tend de la sorte &agrave; solliciter la sentimentalit&eacute; du consommateur, en agissant sur sa m&eacute;moire affective. <em>Heureux qui comme Ulysse</em><a href="#nbp57" id="footnoteref57_hu6ulg3" name="liennbp57" title="Alain Poissant, Heureux qui comme Ulysse, Montréal, Les Éditions Sémaphore, 2010, 102 p.">57</a> tente en plus de piquer sa fibre masculine, en situant la voiture au sein d&rsquo;un imaginaire h&eacute;ro&iuml;que, solaire, dont le rouge pompier est un rappel efficace. Le roman de Nicole Filion illustre quant &agrave; lui le proc&eacute;d&eacute; typique de surcadrage que l&rsquo;on peut aussi observer plus haut sur celui d&rsquo;Andr&eacute; Major. Cette convention picturale consiste &agrave; superposer un premier cadre, form&eacute; dans ce cas-ci par le contour de la porti&egrave;re, &agrave; un second, soit celui de l&rsquo;image.</p> <p>On retrouve ce m&ecirc;me proc&eacute;d&eacute; chez Marie-Christine Lemieux-Couture et Fran&ccedil;ois Barcelo. Le ludisme de leurs illustrations participe&nbsp;toutefois &agrave; fa&ccedil;onner l&rsquo;attente d&rsquo;un r&eacute;cit humoristique, trait&eacute; avec l&eacute;geret&eacute;. &Agrave; premi&egrave;re vue, les jaquettes des deux auteurs poursuivent cette intention, mais &agrave; l&rsquo;aide de moyens diff&eacute;rents, voire m&ecirc;me oppos&eacute;s. Les lignes sont droites, franches et sobres d&rsquo;une part et les visages demeurent ind&eacute;finis ; elles sont d&rsquo;autre part plut&ocirc;t sinueuses, enveloppantes et les traits physiques sont prononc&eacute;s jusqu&rsquo;&agrave; la caricature.</p> <p style="text-align: center;"><img alt="ta mere" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/ta-mere.jpg" /></p> <p style="text-align: center;"><img alt="barceloroutebarree" data-entity-type="" data-entity-uuid="" src="https://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/barceloroutebarree.jpg" /></p> <p>Contrairement&nbsp;&agrave;&nbsp;<em>Toutes mes solitudes!</em><a href="#nbp58" id="footnoteref58_upen8hq" name="liennbp58" title="Marie-Christine Lemieux-Couture, Toutes mes solitudes !, Montréal, Éditions de Ta mère, 2012, 304 p.">58</a>, <em>Route barr&eacute;e en Mont&eacute;r&eacute;gie</em><a href="#nbp59" id="footnoteref59_o79pod9" name="liennbp59" title="François Barcelo, Route barrée en Montérégie, Montréal, Libre expression, 2003, 172 p.">59</a> joue d&rsquo;exc&egrave;s afin de sugg&eacute;rer des personnages fortement typ&eacute;s&nbsp;: la beaut&eacute; d&rsquo;&eacute;b&egrave;ne pulpeuse et par extension na&iuml;ve, le patriotard rondelet arborant sur son chapeau un drapeau am&eacute;ricain en sont des indices notoires. Vu le d&eacute;pouillement de la couverture de Lemieux-Couture, les accessoires occupent une importance accrue. Comme chez Barcelo, le drapeau canadien se veut l&rsquo;indice d&rsquo;une attitude chauvine, alors que le Stetson pointe vers une r&eacute;cup&eacute;ration de l&rsquo;imaginaire western, dont on retrouve toute la port&eacute;e symbolique dans d&rsquo;autres romans de la route inspir&eacute;s de l&rsquo;immortel appel de l&rsquo;Ouest, tels que <em>Le Soleil des gouffres </em>et les parodies <em>Vers l&rsquo;Est</em> et <em>Attends-moi</em>, pour ne nommer qu&rsquo;eux. Les proportions du v&eacute;hicule sont dans les deux cas d&eacute;s&eacute;quilibr&eacute;es. Hypertrophi&eacute; par rapport &agrave; l&rsquo;habitacle et aux personnages, le capot du tracteur routier reproduit une esp&egrave;ce de mastodonte de t&ocirc;le animalis&eacute; et fantastique. Le Westfalia ovo&iuml;de de Benjamin Tardif est quant &agrave; lui miniaturis&eacute;, ce qui d&eacute;cuple l&rsquo;effet de promiscuit&eacute; entre les personnages et fait ressortir le potentiel comique de cette &oelig;uvre illustrant la veine parodique du genre.</p> <p>&nbsp;</p> <p>Ce tour d&rsquo;horizon de la premi&egrave;re de couverture a permis d&rsquo;appr&eacute;cier la multitude de choix iconographiques envisag&eacute;s par les p&ocirc;les &eacute;ditorial et auctorial de g&eacute;n&eacute;ricit&eacute;, non seulement dans le but d&rsquo;enj&ocirc;ler leur lectorat, mais aussi de lui faire miroiter les virtualit&eacute;s d&rsquo;un univers de r&eacute;f&eacute;rence li&eacute; au roman de la route. Multitude qui tend cependant, tel &eacute;tait le but de l&rsquo;exercice pr&eacute;sent&eacute;, vers une certaine unit&eacute;, pour ne pas dire vers une unit&eacute; certaine. Car les images analys&eacute;es se laissent apr&egrave;s tout regrouper en une cat&eacute;gorie qui les f&eacute;d&egrave;re&nbsp;: la route, la carte, les panneaux indicateurs et la voiture forment le r&eacute;seau des principales repr&eacute;sentations de l&rsquo;imagerie routi&egrave;re.</p> <p>Ensemble, elles dessinent un principe de coh&eacute;rence derri&egrave;re une apparente diversit&eacute;, montrent cette double tension centrip&egrave;te-centrifuge qui permet &agrave; la fois la reconnaissance et l&rsquo;&eacute;volution g&eacute;n&eacute;riques. Ayant l&rsquo;avantage de rompre avec la logique du &laquo; tout ou rien&nbsp;&raquo; trop souvent postul&eacute;e par la critique g&eacute;n&eacute;rique, l&rsquo;approche scalaire de la g&eacute;n&eacute;ricit&eacute; se veut plus op&eacute;ratoire sur le terrain de l&rsquo;empirisme. Parce que l&rsquo;expression &laquo;&nbsp;roman de la route &raquo; r&eacute;f&egrave;re au fond, ainsi que toutes les &eacute;tiquettes accol&eacute;es aux genres romanesques (romans d&rsquo;aventures, policier, sentimental, et autres classes textuelles), &agrave; un mod&egrave;le abstrait utilis&eacute; par commodit&eacute;, une m&eacute;ta-cat&eacute;gorie virtuelle dont la r&eacute;alisation id&eacute;ale subsumerait l&rsquo;ensemble des &eacute;l&eacute;ments &eacute;pars &eacute;clair&eacute;s par la pratique concr&egrave;te des textes. Une po&eacute;tique plus ambitieuse du roman de la route pourrait donc s&rsquo;efforcer de mettre en relief la gamme des conventions li&eacute;es aux multiples dimensions&nbsp;du r&eacute;cit&nbsp;: le personnage (couple d&eacute;pareill&eacute;, couple alter ego, vagabond solitaire, m&eacute;nag&egrave;re en fuite, etc.); l&rsquo;action (les &laquo;&nbsp;<em>fabulae</em> pr&eacute;fabriqu&eacute;es &raquo; comme la qu&ecirc;te et la cavale, les <em>topo&iuml; </em>de l&rsquo;accident, de la rencontre ou de la halte) ; les fonctions narratives et symboliques des repr&eacute;sentations spatiales (l&rsquo;espace v&eacute;hiculaire, la route et ses non-lieux, l&rsquo;Ouest mythique). Or, voil&agrave; autant de pistes qui d&eacute;passent largement le cadre de cette contribution et il faudra, pour les suivre, emprunter de nouveau les routes du roman qu&eacute;b&eacute;cois.</p> <p>&nbsp;</p> <p>&nbsp;(<em>Universit&eacute; du Qu&eacute;bec &agrave; Trois-Rivi&egrave;res</em>)</p> <p>&nbsp;</p> <hr /> <h2>Notes et r&eacute;f&eacute;rences</h2> <p><a href="#liennbp1" name="nbp1">1</a> Karl Canvat,&nbsp;<em>Enseigner la litt&eacute;rature par les genres. Pour une approche th&eacute;orique et didactique de la notion de genre litt&eacute;raire</em>, Bruxelles, De Boeck &amp; Larcier, 1999, p. 102.</p> <p><a href="#liennbp2" name="nbp2">2</a> Jean-Marie Schaeffer, &laquo; Des genres discursifs aux genres litt&eacute;raires&nbsp;: quelles cat&eacute;gorisations pour quels faits textuels ? &raquo;, dans Rapha&euml;l Baroni et Marielle Mac&eacute; (dir.),&nbsp;<em>Le savoir des genres</em>, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2007, p. 360-361.</p> <p><a href="#liennbp3" name="nbp3">3</a> Philippe Lejeune,&nbsp;<i>Le pacte autobiographique</i>, Paris, Seuil, 1996, p. 327.</p> <p><a href="#liennbp4" name="nbp4">4</a> Jean-Marie Schaeffer,&nbsp;<em>op. cit</em>., p. 362.</p> <p><a href="#liennbp5" name="nbp5">5</a> Patrick Tort,&nbsp;<i>La raison classificatoire</i>, Alen&ccedil;on, Aubier, 1989, p. 13.</p> <p><a href="#liennbp6" name="nbp6">6</a> Jorge Luis Borges, &laquo; La langue analytique de John Wilkins &raquo;,&nbsp;<i>Enqu&ecirc;tes</i>suivi de&nbsp;<i>Entretiens</i>, Paris, Gallimard, 1967, p. 141.</p> <p><a href="#liennbp7" name="nbp7">7</a> Jorge Luis Borges cit&eacute; par Rapha&euml;l Baroni, &laquo; G&eacute;n&eacute;ricit&eacute;s borg&eacute;siennes &raquo;, dans Rapha&euml;l Baroni et Marielle Mac&eacute; (dir.),&nbsp;<em>op.cit.</em>, p. 156.</p> <p><a href="#liennbp8" name="nbp8">8</a> Michel Foucault,&nbsp;<em>Les mots et les choses&nbsp;: une arch&eacute;ologie des sciences humaines</em>, Paris, Gallimard, 1966, p.&nbsp;11.</p> <p><a href="#liennbp9" name="nbp9">9</a> Loin de moi l&rsquo;id&eacute;e de rouvrir ici le d&eacute;bat quant &agrave; la paternit&eacute; intellectuelle de&nbsp;<i>Le Marxisme et la philosophie du langage</i>, qui demeure &agrave; ce jour encore n&eacute;buleuse. Je me contenterai de me rallier &agrave; Sheila Vieira de Camardo Grillo &ndash; elle rejoint Marc Angenot sur ce point &ndash; pour qui, en d&eacute;pit d&rsquo;une hypoth&eacute;tique contribution de Bakhtine &agrave; l&rsquo;ouvrage de Volochinov, &laquo; la diversit&eacute; des auteurs n&rsquo;emp&ecirc;che pas l&rsquo;identification d&rsquo;un projet commun de recherche dont le genre serait partie int&eacute;grante &raquo; (Sheila Vieira de Camargo Grillo, &laquo;&nbsp;&Eacute;pist&eacute;mologie et genres du discours dans le cercle de Bakhtine&nbsp;&raquo;,&nbsp;<i>Linx</i>, n&deg; 56, 2007, p. 20).</p> <p><a href="#liennbp10" name="nbp10">10</a> Valentin Volochinov et Mikha&iuml;l Bakhtine,&nbsp;<em>Le Marxisme et la philosophie du langage</em>, Paris, Minuit, 1970, p.&nbsp;41. Leurs italiques.</p> <p><a href="#liennbp11" name="nbp11">11</a> Le terme de &laquo;&nbsp;compr&eacute;hension responsive&nbsp;&raquo; est de Mikhail&nbsp;Bakhtine. Voir&nbsp;<em>Esth&eacute;tique et th&eacute;orie du roman</em>, Paris, Gallimard,&nbsp;1984, p. 304.</p> <p><a href="#liennbp12" name="nbp12">12</a> Mikha&iuml;l Bakhtine,&nbsp;<em>Esth&eacute;tique de la cr&eacute;ation verbale</em>, Paris, Gallimard, 1984, p. 265. L&rsquo;auteur souligne.</p> <p><a href="#liennbp13" name="nbp13">13</a> &laquo; Les mots d&eacute;signent des genres &raquo;, &eacute;crit en ce sens G&eacute;rard Genette &agrave; la suite de Bergson (Henri Bergson cit&eacute; par G&eacute;rard Genette, &laquo; Des genres et des &oelig;uvres &raquo;,&nbsp;<em>Figures V</em>, Paris, Seuil, 2002, p. 38).</p> <p><a href="#liennbp14" name="nbp14">14</a> Voir Thomas Pavel, &laquo; Des conventions &raquo;,&nbsp;<em>Univers de la fiction</em>, Paris, Seuil, 1988, p. 145-163 et Howard S. Becker, &laquo; Conventions &raquo;,&nbsp;<em>Les mondes de l&rsquo;art</em>, Paris, Flammarion, 1988, p. 65-88.</p> <p><a href="#liennbp15" name="nbp15">15</a> Thomas Pavel,&nbsp;<i>op. cit</i>., p. 156.</p> <p><a href="#liennbp16" name="nbp16">16</a> Voir Jean-Marie Schaeffer, &laquo; R&eacute;gimes et logiques g&eacute;n&eacute;riques &raquo;,&nbsp;<em>Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;un genre litt&eacute;raire&nbsp;?</em>, Paris, Seuil, 1989, p.&nbsp;156-185.</p> <p><a href="#liennbp17" name="nbp17">17</a><i> Ibid</i>., p. 154.</p> <p><a href="#liennbp18" name="nbp18">18</a><em> Ibid</em>., p. 178-179.</p> <p><a href="#liennbp19" name="nbp19">19</a> Voir Tzvetan Todorov,&nbsp;<em>Introduction &agrave; la litt&eacute;rature fantastique</em>, Paris, Seuil, 1976, p. 25.</p> <p><a href="#liennbp20" name="nbp20">20</a> Jean-Marie Schaeffer,&nbsp;<em>Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;un genre litt&eacute;raire&nbsp;?</em>,&nbsp;<em>op. cit</em>., p. 69. Sp&eacute;cialiste des genres cin&eacute;matographiques, Rick Altman abonde dans le m&ecirc;me sens&nbsp;: &laquo; Tous les genres historiques ont &eacute;t&eacute; &agrave; un moment donn&eacute; des genres th&eacute;oriques d&eacute;finis par les critiques d&rsquo;une culture pass&eacute;e [&hellip;]. Les th&eacute;ories de r&eacute;f&eacute;rence alors en usage n&rsquo;&eacute;taient peut-&ecirc;tre pas des th&eacute;ories qui se pr&eacute;sentaient comme telles ainsi que celles &eacute;labor&eacute;es par Todorov, mais elles n&rsquo;en &eacute;taient pas moins des th&eacute;ories &raquo; (Rick Altman,&nbsp;<em>La com&eacute;die musicale hollywoodienne</em>.&nbsp;<em>Les probl&egrave;mes de genre au cin&eacute;ma</em>, Paris, Armand Colin, 1992, p. 16).</p> <p><a href="#liennbp21" name="nbp21">21</a> Umberto Eco,&nbsp;<em>Lector in fabula</em>.&nbsp;<em>Le r&ocirc;le du lecteur ou la Coop&eacute;ration interpr&eacute;tative dans les textes narratifs</em>, Paris, Grasset, 1985, p. 116.</p> <p><a href="#liennbp22" name="nbp22">22</a> Paul Bleton,&nbsp;<em>&Ccedil;a se lit comme un roman policier. Comprendre la lecture s&eacute;rielle</em>, Qu&eacute;bec, Nota Bene, 1999, p.&nbsp;110.</p> <p><a href="#liennbp23" name="nbp23">23</a> Comme le soutient Patrick Tort, &laquo; [d]&egrave;s qu&rsquo;un engendrement est possible, il est porteur de ressemblance; d&egrave;s que la ressemblance existe, elle existe comme ressemblance g&eacute;n&eacute;tique.&nbsp;<em>Indissolublement&nbsp;</em>&raquo; (Patrick Tort,&nbsp;<em>op. cit</em>., p. 25. Tort souligne).</p> <p><a href="#liennbp24" name="nbp24">24</a> Jean-Marie Schaeffer,&nbsp;<i>Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;un genre litt&eacute;raire&nbsp;?</i>,&nbsp;<i>op. cit</i>., p. 72.</p> <p><a href="#liennbp25" name="nbp25">25</a> Jacques Derrida, &laquo; La loi du genre &raquo;,&nbsp;<em>Parages</em>, Paris, Galil&eacute;e, 1986, p. 264.</p> <p><a href="#liennbp26" name="nbp26">26</a> Jean-Michel Adam, &laquo; Six propositions pour l&rsquo;&eacute;tude de la g&eacute;n&eacute;ricit&eacute; &raquo;, dans Rapha&euml;l Baroni et Marielle Mac&eacute; (dir.),&nbsp;<em>op.cit.</em>, p. 26.</p> <p><a href="#liennbp27" name="nbp27">27</a> Jean-Marie Schaeffer, &laquo; Du texte au genre &raquo;,&nbsp;<em>op. cit</em>., p. 186.</p> <p><a href="#liennbp28" name="nbp28">28</a> En t&eacute;moignent ces formulations&nbsp;: &laquo; Pour faire un road movie, il faut &raquo;, ou encore &laquo; dans la version &ldquo;pure&rdquo; du road movie &raquo;. Voir Walter Moser, &laquo;&nbsp;Pr&eacute;sentation. Le&nbsp;<em>road movie</em>&nbsp;: un genre issu d&rsquo;une constellation moderne de locomotion et de m&eacute;diamotion &raquo;,&nbsp;<em>Cin&eacute;mas&nbsp;: revue d&rsquo;&eacute;tudes cin&eacute;matographiques/ Cinemas&nbsp;: Journal of Film Studies</em>, vol. 18, n&deg; 2-3, 2008, p. 17-18.</p> <p><a href="#liennbp29" name="nbp29">29</a> G&eacute;rard Genette,&nbsp;<i>Palimpsestes&nbsp;: la litt&eacute;rature au second degr&eacute;</i>, Paris, Seuil, 1982, p. 7.</p> <p><a href="#liennbp30" name="nbp30">30</a> G&eacute;rard Genette,&nbsp;<i>Seuils</i>, Paris, Seuil, 1987, 377 p.</p> <p><a href="#liennbp31" name="nbp31">31</a> Rapha&euml;l Baroni,&nbsp;<i>La tension narrative. Suspense, curiosit&eacute; et surprise</i>, Paris, Seuil, 2007, p. 240.</p> <p><a href="#liennbp32" name="nbp32">32</a> Jean-Louis Dufays,&nbsp;<em>St&eacute;r&eacute;otypes et lecture&nbsp;: essai sur la r&eacute;ception litt&eacute;raire</em>, Bruxelles, P. I. E. Peter Lang, 2010, p. 121 et s. Voir &eacute;galement Karl Canvat,&nbsp;<em>op. cit.</em>, p. 115 et s.</p> <p><a href="#liennbp33" name="nbp33">33</a> Karl Canvat,&nbsp;<em>op. cit</em>., p. 116.</p> <p><a href="#liennbp34" name="nbp34">34</a> Alain Roger,&nbsp;<em>Court trait&eacute; du paysage</em>, Paris, Gallimard, 1997, p. 113.</p> <p><a href="#liennbp35" name="nbp35">35</a> Monique LaRue,&nbsp;<em>Les faux fuyants</em>, Montr&eacute;al, Qu&eacute;bec Am&eacute;rique, 2003, 208 p.</p> <p><a href="#liennbp36" name="nbp36">36</a> Jacques Poulin,&nbsp;<i>Volkswagen blues</i>, Montr&eacute;al, Lem&eacute;ac, 2015, 328 p.</p> <p><a href="#liennbp37" name="nbp37">37</a> Jean Arrouye, &laquo; L&rsquo;imaginaire de la route am&eacute;ricaine &raquo;,&nbsp;<em>Revue Fran&ccedil;aise d&rsquo;&Eacute;tudes Am&eacute;ricaines</em>, n&deg;48-49, avril-juillet 1991, p. 323. Quelques ann&eacute;es apr&egrave;s Lange, Robert Frank participe lui aussi &agrave; &laquo;&nbsp;l&rsquo;artialisation &raquo; des paysages routiers, pour employer la terminologie d&rsquo;Alain Roger. Consign&eacute;es dans son ouvrage<em>The Americans</em>, ses photographies b&eacute;n&eacute;ficient d&rsquo;une pr&eacute;face sign&eacute;e par nul autre que Jack Kerouac. Voir Robert Frank,&nbsp;<em>The Americans</em>, New York, Rapaport Printing Corporation, 1958, 179 p.</p> <p><a href="#liennbp38" name="nbp38">38</a> Voir entres autres Jean Morency, &laquo; Un voyage &agrave; travers les mots et les images. Sur la piste des romans de la route au Qu&eacute;bec &raquo;,&nbsp;<em>La litt&eacute;rature qu&eacute;b&eacute;coise dans le contexte am&eacute;ricain</em>, Qu&eacute;bec, Nota Bene, 2012, p. 51-66.</p> <p><a href="#liennbp39" name="nbp39">39</a> Luc Bureau,&nbsp;<em>La terre et moi</em>, Montr&eacute;al, Bor&eacute;al, 1991, p. 61.</p> <p><a href="#liennbp40" name="nbp40">40</a> Pierre Gobeil,&nbsp;<i>Dessins et cartes du territoire</i>, Montr&eacute;al, L&rsquo;Hexagone, 1993, 138 p.</p> <p><a href="#liennbp41" name="nbp41">41</a> Fran&ccedil;ois Barcelo,&nbsp;<em>Nulle part au Texas</em>, Montr&eacute;al, Libre Expression, 1989, 162 p.;&nbsp;<em>Ailleurs en Arizona</em>, Montr&eacute;al, Libre Expression, 1991, 154 p.;&nbsp;<em>Pas tout &agrave; fait en Californie</em>, Montr&eacute;al, Libre Expression, 1992, 179&nbsp;p.</p> <p><a href="#liennbp42" name="nbp42">42</a> Italo Calvino, &laquo; Le voyageur dans la carte &raquo;,&nbsp;<em>Collection de sable</em>, Paris, Seuil, 1984, p. 31. Le lien est frappant entre l&rsquo;organisation archa&iuml;que des premi&egrave;res cartes et le mythique &laquo; rouleau original &raquo; sur lequel, d&rsquo;apr&egrave;s la l&eacute;gende, Kerouac aurait &eacute;crit d&rsquo;un jet le manuscrit de&nbsp;<em>Sur la route</em>.</p> <p><a href="#liennbp43" name="nbp43">43</a> Rachel Bouvet, &laquo; Cartographie du lointain&nbsp;: lecture crois&eacute;e entre la carte et le texte &raquo;,&nbsp;<em>L&rsquo;espace en toutes lettres</em>, Qu&eacute;bec, Nota Bene, 2003, p. 280.</p> <p><a href="#liennbp44" name="nbp44">44</a> Anne Hurault-Paupe,&nbsp;<em>Le road movie&nbsp;: d&eacute;finitions, structures, ant&eacute;c&eacute;dents et &eacute;volution</em>, Ph. D. (langues, litt&eacute;ratures anglaises et anglo-saxonnes), Universit&eacute; Paris X, 2006, p. 366.</p> <p><a href="#liennbp45" name="nbp45">45</a> Marc Aug&eacute;,&nbsp;<em>Non-lieux&nbsp;: introduction &agrave; une anthropologie de la surmodernit&eacute;</em>, Paris, Seuil, 1992, p. 130.</p> <p><a href="#liennbp46" name="nbp46">46</a><em> Ibid</em>., p. 133.</p> <p><a href="#liennbp47" name="nbp47">47</a> Jean Provencher,&nbsp;<em>Ils ont b&acirc;ti le Qu&eacute;bec</em>, Qu&eacute;bec, Septentrion, 1994, p. 33.</p> <p><a href="#liennbp48" name="nbp48">48</a> Olga Duhamel-Noyer et David Olivier,&nbsp;<em>Motel univers</em>, Montr&eacute;al, &Eacute;ditions H&eacute;liotrope, 2006, p. 86.</p> <p><a href="#liennbp49" name="nbp49">49</a> Don DeLillo,&nbsp;<em>Americana</em>, Arles, Actes Sud, 1992, p. 310.</p> <p><a href="#liennbp50" name="nbp50">50</a> Voir sur le sujet Viviane Sobchack, &laquo; Lounge Time. Postwar Crises and the Chronotope of Film Noir&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Refiguring American Film Genres. History and Theory</em>, Berkeley, Los Angeles et Londres, University of California Press, 1998, p. 129-170.</p> <p><a href="#liennbp51" name="nbp51">51</a> Olga Duhamel-Noyer et David Olivier,&nbsp;<i>op. cit</i>., p. 18.</p> <p><a href="#liennbp52" name="nbp52">52</a> David Dorais et Marie-&Egrave;ve Mathieu,&nbsp;<em>Plus loin</em>, Montr&eacute;al, Bor&eacute;al, 312 p.</p> <p><a href="#liennbp53" name="nbp53">53</a> Alain Poissant,&nbsp;<i>Vendredi-Friday</i>, Montr&eacute;al, Les &Eacute;ditions du Roseau, 1988, 131 p.</p> <p><a href="#liennbp54" name="nbp54">54</a> Jean-Fran&ccedil;ois Chassay,&nbsp;<i>L&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute; am&eacute;ricaine. Le roman</i><i>qu&eacute;b&eacute;cois face aux &Eacute;tats-Unis</i>, Montr&eacute;al, XYZ &eacute;diteur, 1995, p. 71.</p> <p><a href="#liennbp55" name="nbp55">55</a> Jean-S&eacute;bastien M&eacute;nard,&nbsp;<em>Une certaine Am&eacute;rique &agrave; lire&nbsp;: la Beat generation et la litt&eacute;rature qu&eacute;b&eacute;coise</em>, Ph. D. (langue et litt&eacute;rature fran&ccedil;aises), Montr&eacute;al, Universit&eacute; McGill, 2008, p. 89.</p> <p><a href="#liennbp56" name="nbp56">56</a> Mathieu Flonneau,&nbsp;<em>Les cultures du volant XXe-XXIe si&egrave;cles. Essai sur les mondes de l&rsquo;automobilisme</em>, Paris, &Eacute;ditions Autrement, 2008, p. 28.</p> <p><a href="#liennbp57" name="nbp57">57</a> Alain Poissant,&nbsp;<em>Heureux qui comme Ulysse</em>, Montr&eacute;al, Les &Eacute;ditions S&eacute;maphore, 2010, 102 p.</p> <p><a href="#liennbp58" name="nbp58">58</a> Marie-Christine Lemieux-Couture,&nbsp;<em>Toutes mes solitudes&nbsp;!</em>, Montr&eacute;al, &Eacute;ditions de Ta m&egrave;re, 2012, 304&nbsp;p.</p> <p><a href="#liennbp59" name="nbp59">59</a> Fran&ccedil;ois Barcelo,&nbsp;<em>Route barr&eacute;e en Mont&eacute;r&eacute;gie</em>, Montr&eacute;al,&nbsp;Libre expression, 2003, 172 p.</p>