<p>Depuis sa fondation en 1648 l&rsquo;Acad&eacute;mie royale de peinture et de sculpture juge sup&eacute;rieure &agrave; toute autre peinture la repr&eacute;sentation de sujets historiques, mythologiques ou religieux. En 1667, dans la pr&eacute;face des <em>Conf&eacute;rences</em>, F&eacute;libien d&eacute;finit le grand peintre comme celui qui parvient &agrave; m&ecirc;ler l&rsquo;histoire et la fable : &laquo; il faut repr&eacute;senter les grandes actions comme les Historiens, ou des sujets agr&eacute;ables comme les Po&euml;tes &raquo;. La peinture d&rsquo;histoire, aur&eacute;ol&eacute;e de prestige, a pour obligation de r&eacute;pondre &agrave; trois pr&eacute;ceptes <em>placere, movere, docere</em>, mais au XVIII<sup>e </sup>si&egrave;cle s&rsquo;amorce un d&eacute;sint&eacute;r&ecirc;t pour les tableaux qui mettent en sc&egrave;ne les grandes actions. D&rsquo;une part, l&rsquo;&eacute;volution des savoirs laisse de plus en plus de place aux sciences, au d&eacute;triment des humanit&eacute;s, et conduit progressivement &agrave; la m&eacute;connaissance des mythes antiques. D&rsquo;autre part, le public qui fr&eacute;quente, d&egrave;s 1737, les Salons au Louvre est de moins en moins r&eacute;ceptif aux grands sujets historiques. A cela, il faut ajouter pour les peintres l&rsquo;&eacute;rosion des commandes royales prestigieuses. Ces contraintes obligent l&rsquo;artiste &agrave; modifier ses th&egrave;mes mais aussi &agrave; limiter les genres. Le sujet qui se pr&ecirc;te le mieux &agrave; cette hybridation des genres est celui qui &eacute;tait jusqu&rsquo;alors consid&eacute;r&eacute; comme le plus noble, &agrave; savoir l&rsquo;all&eacute;gorie. Dans ce renouvellement des arts les femmes veulent tenir un r&ocirc;le, d&rsquo;autant plus qu&rsquo;elles sont exclues du programme th&eacute;orique de l&rsquo;Acad&eacute;mie et par l&agrave; m&ecirc;me de la peinture d&rsquo;histoire puisqu&rsquo;elles ne poss&egrave;dent pas les rudiments anatomiques.</p> <p>Quelle strat&eacute;gie les acad&eacute;miciennes mettent-elles en place pour contourner les barri&egrave;res sociales et th&eacute;oriques&nbsp;? Comment parviennent-elles &agrave; s&rsquo;inscrire dans la peinture d&rsquo;histoire&nbsp;?</p> <p>La r&eacute;appropriation de la sc&egrave;ne artistique par les femmes sera abord&eacute;e dans une premi&egrave;re partie, puis nous analyserons dans une seconde partie, la strat&eacute;gie mise en place pour s&rsquo;imposer dans la peinture mythologique.</p>