<p>&laquo;Tu m&rsquo;ennuies, Gaspard Winckler. Tu n&rsquo;&eacute;tais bon qu&rsquo;&agrave; faire des faux.&raquo;</p> <p>Georges Perec,&nbsp;<em>Le Condotti&egrave;re</em></p> <p>L&rsquo;&oelig;uvre de Georges Perec regorge de faussaires et d&rsquo;imposteurs, d&rsquo;escroqueries et de mystifications, d&rsquo;arnaqueurs et de mystificateurs, de forgeries et de plagiats. Le questionnement au sujet de l&rsquo;ambigu rapport entre le vrai et le faux est un trait fondamental de la po&eacute;tique de Perec, qu&rsquo;il d&eacute;veloppe tout au long de sa production, de son roman de jeunesse&nbsp;<em>Le Condotti&egrave;re</em>&nbsp;(1960, mais publi&eacute; en 2012), jusqu&rsquo;au dernier roman publi&eacute; de son vivant,&nbsp;<em>Un cabinet d&rsquo;amateur</em>&nbsp;(1979). La fascination de Perec pour les multiples figures du faux et de l&rsquo;imposture investit ses textes &agrave; tous les niveaux: les sujets des histoires racont&eacute;es, les th&egrave;mes abord&eacute;s par le r&eacute;cit, les choix formels de l&rsquo;agencement de la machinerie narrative. Pour mieux saisir l&rsquo;importance du th&egrave;me de l&rsquo;imposture chez Perec, trois &eacute;l&eacute;ments retiendront notre attention: la pr&eacute;sence de personnages de faussaires et d&rsquo;escrocs, et la multiplication des r&eacute;cits de mystification; le lien &eacute;troit qui est affich&eacute; entre imposture et identit&eacute;, qui se d&eacute;cline dans les th&egrave;mes de l&rsquo;auto-imposture, du sujet pris au pi&egrave;ge de ses propres duperies; enfin, le go&ucirc;t du faire-semblant, du trompe-l&rsquo;&oelig;il, de la forgerie, qui semble placer l&rsquo;imposture au c&oelig;ur de la cr&eacute;ation litt&eacute;raire.</p>