<p>Le 24 mars 1875, l&rsquo;H&ocirc;tel Drouot accueille la premi&egrave;re vente impressionniste. Le m&eacute;diocre succ&egrave;s financier de l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement r&eacute;v&egrave;le pourtant un soutien important entre artistes&nbsp;: Gustave Caillebotte ach&egrave;te <em>Un coin d&rsquo;appartement</em> (1875) de Claude Monet, Edgar Degas obtient une <em>T&ecirc;te de femme</em> d&rsquo;Auguste Renoir, tandis qu&rsquo;Henri Rouart acquiert deux &oelig;uvres de Monet et deux autres de Berthe Morisot. La fin du XIX<sup>e</sup> si&egrave;cle, p&eacute;riode de basculement durant laquelle le rejet de l&rsquo;Acad&eacute;misme et l&rsquo;av&egrave;nement d&rsquo;une nouvelle modernit&eacute; cohabitent, repr&eacute;sente un moment cl&eacute; pour comprendre les enjeux des collections d&rsquo;artistes. En effet, si l&rsquo;historiographie retient les impressionnistes comme figure de proue de cette &eacute;poque &ndash; et dont plusieurs sont collectionneurs comme Caillebotte, Cassatt, Degas, Gauguin, Monet, Morisot, Pissarro, Renoir, Rodin, Rouart &ndash; d&rsquo;autres artistes tels que Bonnat, C&eacute;zanne, Dubourg, Flameng, Jacquemart ou Moreau-N&eacute;laton collectionnent aussi et &agrave; la m&ecirc;me p&eacute;riode. Ils acqui&egrave;rent des &oelig;uvres de leurs contemporains, mais aussi de ma&icirc;tres anciens ou modernes, en rapport avec les voies dans lesquelles ils s&rsquo;inscrivent. En ce sens, de quelles mani&egrave;res les artistes collectionneurs, par les &oelig;uvres qu&rsquo;ils rassemblent, construisent-ils leur propre g&eacute;n&eacute;alogie artistique&nbsp;? Les collections d&rsquo;artistes mettent en effet en lumi&egrave;re des liens de filiations r&eacute;currents ou diff&eacute;rents en fonction des r&eacute;seaux dans lesquels ils &eacute;voluent. Quels sont-ils et comment influencent-ils les artistes collectionneurs&nbsp;?</p>