<blockquote> <address style="text-align: right;"><q>Combien nous appara&icirc;t rapide le fleuve des ans, lorsque, regardant vers sa source, nous reposons nos regards sur les terres qu&#39;il a fertilis&eacute;es.<br /> 1883-1933 &mdash; cinquante ann&eacute;es.<br /> Une fois et demie la dur&eacute;e que les tables de vie accordent &agrave; une g&eacute;n&eacute;ration.<br /> Cinquante ann&eacute;es : le signal donn&eacute; aux cloches des noces d&#39;or.<br /> ​Cinquante ans : la courte halte accord&eacute;e &agrave; certains pour consid&eacute;rer en arri&egrave;re si l&#39;on a tenu ce que l&#39;on s&#39;est promis<a href="#nbp1" id="footnoteref1_hi19eqh" name="liennbp1" title="P. Wauwermans, « Souvenirs d’un collaborateur de la première heure », La Libre Belgique, 1er et 2 janvier 1934, n° 1-2, p. 1.">1</a>.</q></address> </blockquote> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce &laquo;&nbsp;collaborateur de la premi&egrave;re heure&nbsp;&raquo; de <em>La Libre Belgique</em>, P. Wauwermans, revient par l&rsquo;&eacute;criture de ses souvenirs &agrave; la &laquo;&nbsp;terre&nbsp;&raquo; des origines du journal, en g&eacute;n&eacute;alogiste qui circonscrit le territoire de ses anc&ecirc;tres et se met en qu&ecirc;te d&rsquo;une histoire originelle. Il convoque un outil de mesure du temps de la vie humaine (&laquo;&nbsp;les tables de vie&nbsp;&raquo;) pour op&eacute;rer une lecture de la long&eacute;vit&eacute; du journal et de ses acteurs&nbsp;; les r&eacute;dacteurs de 1933 appartiennent alors &agrave; la deuxi&egrave;me &laquo;&nbsp;g&eacute;n&eacute;ration&nbsp;&raquo; de journalistes de la maison. Il autorise donc &agrave; questionner la transmission de valeurs d&rsquo;une g&eacute;n&eacute;ration &agrave; la suivante. L&rsquo;anniversaire du journal s&rsquo;apparente &agrave; celui d&rsquo;un mariage (les &laquo;&nbsp;noces d&rsquo;or&nbsp;&raquo;) ; c&rsquo;est donc que ces g&eacute;n&eacute;rations successives sont les garantes d&rsquo;une union et de promesses originelles. Ces deux m&eacute;taphores, g&eacute;n&eacute;alogique et maritale, invitent alors &agrave; questionner la permanence des identit&eacute;s journalistiques et de certains principes, tout autant que l&#39;attachement des journalistes &agrave; leur maison. Cette double symbolique permet &eacute;galement de prendre conscience du contrat moral que peut repr&eacute;senter l&#39;activit&eacute; de journaliste, ce contrat &eacute;tant exprim&eacute; non en termes de responsabilit&eacute; sociale (contrat pass&eacute; avec les lecteurs) mais d&#39;appartenance &agrave; un lignage qui engage (double contrat pass&eacute; avec une pr&eacute;c&eacute;dente g&eacute;n&eacute;ration et vis-&agrave;-vis des alliances fondatrices qu&#39;elle a conclues). Aussi, la c&eacute;l&eacute;bration de ce contrat originel peut &agrave; la fois &ecirc;tre le moment de rappeler l&#39;importance de certains (principes) fondateurs et de mesurer l&#39;h&eacute;ritage re&ccedil;u d&#39;un tel contrat.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; D&egrave;s lors, l&rsquo;enjeu d&rsquo;un num&eacute;ro jubilaire est d&rsquo;exercer un jugement sur le chemin parcouru&nbsp;; le discours d&rsquo;autoc&eacute;l&eacute;bration du journal est ainsi envisag&eacute; comme une mise &agrave; l&#39;&eacute;preuve de principes primitifs et de l&#39;attachement &agrave; un engagement vis-&agrave;-vis d&rsquo;une famille fondatrice.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Au-del&agrave; du seul cas de <em>La Libre Belgique</em>, la d&eacute;marche et le programme repr&eacute;sentationnel de la g&eacute;n&eacute;alogie ont &eacute;t&eacute; utilis&eacute;s par les journaux belges francophones pour penser leur propre histoire et pour envisager les rapports professionnels entre patrons, r&eacute;dacteurs et ouvriers du journal, &agrave; un moment de structuration et d&eacute;finition du statut professionnel du journaliste en Belgique. La question des comp&eacute;tences journalistiques et de la formation qui m&egrave;ne &agrave; un tel m&eacute;tier est alors au c&oelig;ur des pr&eacute;occupations puisqu&rsquo;est cr&eacute;&eacute; en 1921-1922 &agrave; Bruxelles le premier Institut pour journalistes. Des associations de journalistes existent depuis la fin du XIX<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;en Belgique&nbsp;; elles &eacute;cartent du journalisme les amateurs puis tendent &agrave; se dissocier des patrons de presse au cours du XX<sup>e</sup> si&egrave;cle, ce qui n&rsquo;est pas sans faire &eacute;cho &agrave; la situation de la profession en France <a famille="" href="#nbp2" id="footnoteref2_tdgp5xe" name="liennbp2" title="Lire à ce sujet Pierre Van den Dungen, « La professionnalisation des journalistes belges francophones au XIXe siècle », Revue belge de philologie et d’histoire, vol. 79, no 2, 2001, p. 643‑644. Dans leur article sur la mise en place de la carte de presse en Belgique francophone, Florence Le Cam et Cédric Tant indiquent que l’Association de la presse belge (APB), fondée en 1885-1886 et qui tente de définir un statut de journaliste, « se transforme en 1929 en Association Générale de la Presse Belge (AGPB) », à un moment où la question du contrat de travail des journalistes divise. « En parallèle, les patrons créent l’Entente des directeurs de journaux bruxellois et la Fédération belge des directeurs de journaux de province (après 1918). » F. Le Cam et C. Tant notent que « ces conditions matérielles d’exercice du journalisme vont animer de nombreux débats internes au groupe professionnel. Les congrès nationaux de la Presse Belge de 1921, 1923, 1924, 1925, 1928, 1929, 1930 abordent la question ; enfin le congrès de Spa-Verviers en 1937, en fait son objet principal : au statut matériel du journalisme est d’ailleurs rattachée la question de l’Ordre des journalistes. » Finalement, « le premier contrat-type qui consacre notamment le repos hebdomadaire est créé en 1937, après de longs pour-parlers [sic] entre l’AGPB et les groupements de directeurs de journaux. » (Florence Le Cam et Cédric Tant, « Premiers pas de la carte de presse en Belgique francophone (1885-1966) », Le Temps des médias, no 30, printemps 2018, p. 204-205.) À propos de la situation en France, Christian Delporte, Claire Blandin et François Robinet écrivent que « la crise des années 1920 a […] pour effet de rompre le mythe de la grande ">2</a>. Dans les ann&eacute;es 1920 et 1930, la &laquo;&nbsp;modernit&eacute;&nbsp;&raquo; se diffuse &agrave; tous les champs de l&rsquo;activit&eacute; humaine, de la litt&eacute;rature &agrave; l&rsquo;industrie&nbsp;; la presse belge se dit moderne et se pr&eacute;sente comme telle au monde entier lors de l&rsquo;Exposition internationale et universelle de Bruxelles en 1935. Les transformations m&eacute;caniques de la production de l&rsquo;information s&rsquo;accompagnent de la naissance d&rsquo;une communication d&rsquo;entreprise, qui permet de r&eacute;guler les rapports entre patronat et ouvriers&nbsp;: quelques journaux d&rsquo;entreprises sont cr&eacute;&eacute;s en Belgique &agrave; &laquo;&nbsp;la fin des ann&eacute;es &lsquo;20, o&ugrave; le th&egrave;me de la collaboration de classe est cultiv&eacute; dans les milieux patronaux catholiques, et [aux] lendemains de 1936, quand l&rsquo;opposition au mouvement ouvrier organis&eacute;, plus particuli&egrave;rement au communisme, mobilise plus fortement le patronat<a collaboration="" href="#nbp3" id="footnoteref3_e4o0trf" name="liennbp3" title="Eric Geerkens, La rationalisation de l’industrie belge de l’Entre-deux-guerres, Bruxelles, Palais des Académies, « Histoire quantitative et développement de la Belgique. 2e série, XXe siècle », vol. 1, t. 3 « Les forces de production », 2004, p. 502. « Pour l’Entre-deux-guerres, nous n’avons relevé que 24 titres de journaux propres à une entreprise » précise l’auteur. « La fin des années '20 connaît une conjonction entre un engouement pour l’organisation scientifique et une attention particulière portée par le patronat aux réalisations qui assurent la ">3</a> &raquo;. Ainsi, la communication d&rsquo;entreprise commence &agrave; &ecirc;tre comprise comme un moyen de pr&eacute;venir d&rsquo;&eacute;ventuels conflits sociaux et de maintenir un lien entre le patronat et les ouvriers. C&rsquo;est donc dans ce contexte de structuration du groupe professionnel des journalistes belges francophones, de la c&eacute;l&eacute;bration de la modernit&eacute; de la presse d&rsquo;information et de la cr&eacute;ation d&rsquo;une communication journalistique d&rsquo;entreprise, que paraissent les num&eacute;ros jubilaires de grands quotidiens nationaux, dont <em>L&rsquo;&Eacute;toile belge</em> (1925), <em>Le Peuple</em> (1925 et 1935), <em>La Libre Belgique</em> (1934) et <em>Le Soir</em> (1936-1937)<a href="#nbp4" id="footnoteref4_cqstbnf" name="liennbp4" title="Marc Reynebeau indique que dans les années 1930, « la conviction se développa [en Belgique] que la presse ne pouvait plus rester une entreprise artisanale, mais devait se professionnaliser. Les innovations techniques (rotatives, héliogravure, photogravure bélinographes) exigeaient de lourds investissements. » À cette époque, « la presse belge était essentiellement conservatrice : la tendance catholique occupait la première place (deux douzaines de titres), suivie des journaux libéraux » (M. Reynebeau, « L’homme sans qualités », dans Caisse générale d'épargne et de retraite de Belgique, Les Années 30 en Belgique : la séduction des masses, Bruxelles, Caisse générale d'épargne et de retraite, 1994, p. 45-46). Bien que née après la première guerre mondiale, La Libre Belgique fête ses cinquante ans en 1934 car elle est officiellement la suite du Patriote, créé en 1884 par Victor et Louis Jourdain, et qui relève d’une presse commerciale populaire d’opinion catholique. Le Patriote se présente comme le journal « d’une famille ou d’un petit clan », d’après Pierre Van den Dungen, au lieu d’être « une œuvre de propagande catholique », ce qui lui vaut les critiques d’éminentes personnalités politiques et cléricales belges. Le Patriote tente d’ « imiter » l’adversaire que représente alors L’Étoile belge, de tendance libérale (P. Van den Dungen, Milieux de presse et journalistes en Belgique (1828-1914), Bruxelles, Académie Royale de Belgique, 2005, p. 321-333). Celle-ci est fondée en 1850 par le journaliste français Marcellin Faure, qui a travaillé au développement d’une presse gouvernementale nationale belge depuis les années 1835. En 1858, la propriété du journal revient en partie à Denis Joseph Madoux, né en France et issu du milieu des affaires (Idem, p. 48 et 69-72). Fondé en 1887, Le Soir est d’abord un journal quotidien gratuit, financé par les annonces. Il est l’œuvre d’Émile Rossel, propriétaire d’une entreprise de publicité. Le quotidien populaire d’information veut être reconnu pour sa neutralité, ce qui passe pour être une « politique de combine » aux yeux des « défenseurs du journalisme d’opinion » (Ibidem, p. 148). Quant au Peuple, journal de masse créé en 1885, il est l’organe officiel du Parti Ouvrier Belge. Dans l’entre-deux-guerres, le P.O.B. devient « aussi puissant que le parti catholique » et « particip[e] aux premiers gouvernements d’union nationale » (Emmanuel Gerard, « La démocratie contestée », dans Caisse générale d'épargne et de retraite de Belgique, Les Années 30 en Belgique : la séduction des masses, p. 76). Le corpus est composé des numéros suivants : L’Étoile belge : 20-22 décembre 1925, n° 353 et 354-355. Le Peuple : 13 décembre 1925, n° 347 ; 5-17 décembre 1935, n° 339-351. La Libre Belgique : 1-3 janvier 1934, n° 1 et 2-3. Le Soir : 31 décembre 1936-2 et 3 janvier 1937, n° 366 et n° 1 de la nouvelle année. Ils ont été numérisés et sont accessibles après inscription sur le site Belgicapress, développé par la KBR (Bibliothèque royale de Belgique), que nous tenons à remercier pour les autorisations de reproductions accordées pour cet article. URL : https://www.belgicapress.be/index.php (consulté le 13 novembre 2020).">4</a>. Comment d&egrave;s lors ces num&eacute;ros rendent-ils lisible une identit&eacute; collective des journalistes attach&eacute;s &agrave; un titre de presse&nbsp;? Quels sont les enjeux de ce &laquo;&nbsp;social apprivois&eacute; par la &quot;mise en famille&quot;<a href="#nbp5" id="footnoteref5_rs2rxuk" name="liennbp5" title="Adeline Wrona, Face au portrait : de Sainte-Beuve à Facebook, Paris, Hermann, « Cultures numériques », 2012, p. 342.">5</a> &raquo;&nbsp;?</p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ces objets de comm&eacute;moration et de c&eacute;l&eacute;bration mettent en lumi&egrave;re un patrimoine historique familial, attest&eacute; par des documents d&rsquo;archives, au c&oelig;ur du r&eacute;cit d&rsquo;un pass&eacute; imagin&eacute;. L&rsquo;historiographie des journaux se trouve alors mise en tension entre la r&eacute;alit&eacute; et des strat&eacute;gies de communication, dans lesquelles l&rsquo;interpr&eacute;tation g&eacute;n&eacute;alogique du pass&eacute; est la cl&eacute;. Dans ce cadre, les identit&eacute;s professionnelles journalistiques apparaissent par cons&eacute;quent comme le fruit de filiations et de transmissions symboliques, des fondateurs aux collaborateurs des ann&eacute;es 1920 et 1930.</p> <h2>Des objets de comm&eacute;moration et de c&eacute;l&eacute;bration</h2> <h3>Une c&eacute;l&eacute;bration m&eacute;diatique de l&rsquo;histoire et du patrimoine des journaux</h3> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Les dispositifs &eacute;ditoriaux des quatre quotidiens pour c&eacute;l&eacute;brer leur anniversaire ont pour point commun de pr&eacute;senter deux principaux types de contenus&nbsp;: des contenus documentaires qui reviennent sur les grandes heures et figures de leur histoire, et le r&eacute;cit des c&eacute;l&eacute;brations en elles-m&ecirc;mes. &Agrave; cela s&rsquo;ajoute un troisi&egrave;me contenu&nbsp;pour deux journaux&nbsp;: la promotion d&rsquo;une entreprise de presse moderne, essentiellement gr&acirc;ce &agrave; de nombreuses photographies des ateliers.<br /> <em>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; L&rsquo;&Eacute;toile belge</em> c&eacute;l&egrave;bre en 1925 ses 75 ans &agrave; travers l&rsquo;&eacute;dition d&rsquo;un &laquo;&nbsp;suppl&eacute;ment gratuit&nbsp;&raquo; qui constitue le &laquo;&nbsp;num&eacute;ro jubilaire&nbsp;&raquo;&nbsp;; la &laquo;&nbsp;journ&eacute;e jubilaire&nbsp;&raquo; est racont&eacute;e en Une du num&eacute;ro du lendemain. En 1925 &eacute;galement, <em>Le Peuple</em> f&ecirc;te la sortie de son premier num&eacute;ro quarante ans auparavant en consacrant trois pages d&rsquo;un num&eacute;ro &agrave; cet &eacute;v&eacute;nement. Dix ans plus tard, il c&eacute;l&egrave;bre sa cinquanti&egrave;me ann&eacute;e d&rsquo;existence gr&acirc;ce &agrave; un dispositif transm&eacute;diatique de grande ampleur, constitu&eacute; d&rsquo;une succession d&rsquo;annonces et d&rsquo;articles sur neuf num&eacute;ros, accompagn&eacute;s de deux concerts retransmis &agrave; la radio et d&rsquo;une programmation de 46 conf&eacute;rences entre le 10 et le 29 d&eacute;cembre 1935. C&rsquo;est une v&eacute;ritable campagne de presse &agrave; la gloire du journal et du Parti Ouvrier. <em>La Libre Belgique</em> f&ecirc;te beaucoup plus modestement son cinquanti&egrave;me anniversaire en 1934 &agrave; travers deux pages sp&eacute;ciales et le r&eacute;cit des c&eacute;l&eacute;brations dans le num&eacute;ro du lendemain. Fin 1936, <em>Le Soir</em> consacre des pages sp&eacute;ciales &agrave; ses 50 ans d&rsquo;existence dans trois num&eacute;ros cons&eacute;cutifs. Dans ces dispositifs, les lecteurs deviennent spectateurs de f&ecirc;tes familiales&nbsp;; ainsi, &laquo;&nbsp;la maison de l&rsquo;&quot;&Eacute;toile belge&quot; devait &ecirc;tre belle pour f&ecirc;ter les noces de diamant de notre journal avec l&rsquo;actualit&eacute;<a href="#nbp6" id="footnoteref6_fw160n5" l="" name="liennbp6" title="[Anonyme], « Les 75 ans de ">6</a> &raquo;&nbsp;; &laquo;&nbsp;la grande famille du &quot;Soir&quot;&nbsp;&raquo; organise &laquo;&nbsp;une f&ecirc;te du c&oelig;ur et de l&rsquo;amiti&eacute;&nbsp;&raquo; destin&eacute;e &agrave; &laquo;&nbsp;tout le personnel, &mdash; direction, r&eacute;daction, administration, agence, ouvriers confondus dans une m&ecirc;me fraternit&eacute;<a href="#nbp7" id="footnoteref7_gh5f0iq" name="liennbp7" soir="" title="[Anonyme], « La célébration du cinquantenaire du ">7</a> &raquo;. <em>Le Peuple</em> se trouve pour sa part victime de son succ&egrave;s en devant se justifier aupr&egrave;s de ses lecteurs qui n&rsquo;auraient pas re&ccedil;u l&rsquo;une des 1400 cartes d&rsquo;invitation en circulation<a href="#nbp8" id="footnoteref8_rwgu1fo" la="" name="liennbp8" presse="" socialiste="" title="« La fête du 15 est une fête nationale, c'est-à-dire qu'elle est offerte aux représentants de l'ensemble de notre mouvement ouvrier du pays. Des invitations ont été envoyées aux membres du Conseil d'administration de ">8</a>. Toutefois, la pertinence de telles festivit&eacute;s d&rsquo;anniversaire est paradoxalement contest&eacute;e par P. Wauwermans pour <em>La Libre Belgique</em>&nbsp;:</p> <p><q><em>&laquo; La date de 1934 ne sera [&hellip;] c&eacute;l&eacute;br&eacute;e par des festivit&eacute;s en des atmosph&egrave;res d&#39;apoth&eacute;ose, mais par des souvenirs et des pri&egrave;res.<br /> Le journaliste assiste &agrave; trop de c&eacute;r&eacute;monies, entend, de par sa profession, trop de discours et de toasts, &mdash; dont le vide lui appara&icirc;t si souvent insondable lorsqu&#39;il doit les r&eacute;sumer &mdash; pour qu&#39;il soit enclin &agrave; des rites de ce genre. Le journaliste, juif-errant de l&#39;actualit&eacute;, n&#39;a pas le loisir de s&#39;arr&ecirc;ter, fut-ce [sic] m&ecirc;me tous les vingt-cinq ans, pour exalter son &oelig;uvre.<br /> &Agrave; peine peut-il, en continuant sa course, tourner un regard en arri&egrave;re pour mieux comparer la route &agrave; suivre &agrave; celle &agrave; poursuivre.<br /> 1934 : une date. Dieu prot&egrave;ge la &quot;Libre Belgique&quot; et la conserve telle que l&#39;on faite ses fondateurs<a href="#nbp9" id="footnoteref9_bwut1jx" name="liennbp9" title="P. Wauwermans, art. cit., p. 2.">9</a>. &raquo;</em></q></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le r&eacute;dacteur rejette un discours autot&eacute;lique de la presse (condamnable, selon lui, sur le plan &eacute;thique), associ&eacute; &agrave; une c&eacute;l&eacute;bration la&iuml;que du souvenir. <em>La Libre Belgique </em>organise plut&ocirc;t une messe solennelle d&rsquo;actions de gr&acirc;ces, c&eacute;l&eacute;br&eacute;e par le R. P. Robert Jourdain, fils de Louis Jourdain, et par son premier assistant, l&rsquo;abb&eacute; Georges Valentin, petit-fils de Victor Jourdain, Louis et Victor &eacute;tant les deux fondateurs du <em>Patriote</em>, pr&eacute;d&eacute;cesseur de <em>La Libre Belgique</em>. Ceux qui prennent en charge la c&eacute;l&eacute;bration ont donc une autorit&eacute; religieuse qui conf&egrave;rerait sa l&eacute;gitimit&eacute; &agrave; la c&eacute;r&eacute;monie, en m&ecirc;me temps qu&rsquo;ils ont une l&eacute;gitimit&eacute; naturelle (puisqu&rsquo;ils sont descendants des fondateurs) qui autorise d&egrave;s lors la prise de parole.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; La c&eacute;l&eacute;bration du journal est ancr&eacute;e dans la repr&eacute;sentation photographique de ses locaux, qui incarnent un patrimoine re&ccedil;u en h&eacute;ritage, solide et toujours vivant<a href="#nbp10" id="footnoteref10_lw9cnsm" name="liennbp10" soir="" title="L’Étoile belge présente son immeuble en Une du supplément du 20 décembre 1925 ; Le Peuple, en Une du numéro du 13 décembre 1925, puis à nouveau le 14 décembre 1935 et dans le numéro des 15 et 16 décembre ; Le Soir, en Une le 31 décembre 1936 à l’aide de trois photographies (« L'immeuble du ">10</a>. Pour les quatre journaux, les num&eacute;ros jubilaires permettent de dresser un bilan de leur existence (par des articles sur l&rsquo;histoire du journal, d&rsquo;autres &agrave; propos de sa situation dans le d&eacute;bat d&rsquo;id&eacute;es actuel) et de se projeter vers l&rsquo;avenir&nbsp;: &laquo;&nbsp;Vingt cinq [<em>sic</em>] ann&eacute;es de journalisme [depuis les noces d&#39;argent] de caract&egrave;re tout diff&eacute;rent, o&ugrave; la &quot;Libre&quot; a su conserver sa place. [&hellip;] Voici &agrave; pr&eacute;sent un nouveau cycle qui s&#39;ouvre. La course vers le Centenaire<a href="#nbp11" id="footnoteref11_y13c8wb" name="liennbp11" title="Idem, p. 2.">11</a>.&nbsp;&raquo; Les anniversaires sont aussi un moment comm&eacute;moratif de la disparition de journalistes. Dans des portraits tr&egrave;s &eacute;logieux, relevant presque de l&rsquo;hagiographie, <em>Le Peuple</em> rend hommage &agrave; ses &laquo;&nbsp;Disparus&nbsp;&raquo;. La m&eacute;moire d&rsquo;un des leurs &laquo;&nbsp;est rest&eacute;e ch&egrave;re aux camarades actuels de la r&eacute;daction qui ont eu le bonheur de vivre avec lui le coude &agrave; coude amical et fraternel du travail journalier&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est le souvenir des morts qui fonde l&rsquo;esprit de confraternit&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ils sont morts, aujourd&#39;hui, mais dans la maison qu&#39;ils aid&egrave;rent &agrave; b&acirc;tir, leur souvenir ne p&eacute;rit pas<a href="#nbp12" id="footnoteref12_l7y87ma" name="liennbp12" title="[Anonyme], « Les Disparus », Le Peuple, 13 décembre 1925, n° 347, p. 2.">12</a>.&nbsp;&raquo;<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ces num&eacute;ros jubilaires constituent par cons&eacute;quent aussi des archives pour l&rsquo;histoire du journal car ils sont une compilation d&rsquo;articles de souvenirs et de r&eacute;impressions. Une po&eacute;tique de l&rsquo;archive est mise au service de l&rsquo;<em>authentification</em><a href="#nbp13" id="footnoteref13_qc5tnmx" name="liennbp13" title="André Burguière, « La généalogie », dans Pierre Nora (dir.), Les Lieux de mémoire, Paris, Gallimard, « Quarto », vol. 3, 1997, p. 3887.">13</a> d&rsquo;un h&eacute;ritage et d&rsquo;une filiation, comme le ferait un g&eacute;n&eacute;alogiste en qu&ecirc;te de ses racines. Les r&eacute;impressions d&rsquo;articles r&eacute;activent les valeurs fondatrices et rappellent les mots de ralliement des premiers journalistes. <em>La Libre Belgique</em> republie en 1934 un article de Victor Jourdain &eacute;crit pour le 25<sup>e</sup> anniversaire du<em> Patriote</em>, pour rappeler l&rsquo;ind&eacute;pendance du journal vis-&agrave;-vis des hommes politiques et des financiers, tandis que <em>Le Peuple</em> r&eacute;imprime en 1935 le&nbsp;&laquo;&nbsp;Manifeste du Parti Ouvrier aux associations ouvri&egrave;res en 1885<a href="#nbp14" id="footnoteref14_gpue184" name="liennbp14" title="[Collectif], « Manifeste du Parti Ouvrier aux associations ouvrières en 1885 », Le Peuple, 14 décembre 1935, n° 348, p. 5.">14</a> &raquo;. Dans trois des quatre journaux, les fac-simil&eacute;s des premiers num&eacute;ros constituent des lieux de m&eacute;moire d&rsquo;une po&eacute;tique &eacute;ditoriale. <em>L&rsquo;&Eacute;toile belge</em> reproduit par exemple les quatre pages de son premier num&eacute;ro, sur chacune des pages du suppl&eacute;ment &laquo;&nbsp;anniversaire&nbsp;&raquo; [illustration 1]&nbsp;: &laquo;&nbsp;On y trouvera des indications curieuses sur la presse de l&rsquo;&eacute;poque<a href="#nbp15" id="footnoteref15_9fd9q53" l="" name="liennbp15" title="Arthur Boghaert-Vaché, « La fondation de ">15</a>.&nbsp;&raquo;</p> <figure> <p style="text-align: center;"><img alt="" data-entity-type="" data-entity-uuid="" height="741" src="https://alepreuve.org/sites/default/files/Vidalenche%201.jpg" width="500" /></p> <figcaption> <p style="text-align: center;">Reproduction en fac-simil&eacute; de la Une du premier num&eacute;ro de <em>L&#39;&Eacute;toile belge</em>, 20 d&eacute;cembre 1925, n&deg;&nbsp;353, p. 1, coll. KBR, Section des journaux et des m&eacute;dias contemporains.</p> </figcaption> </figure> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce dispositif graphique invite &agrave; une lecture historicis&eacute;e du premier num&eacute;ro (l&#39;int&eacute;r&ecirc;t de celui-ci s&rsquo;&eacute;tend manifestement au-del&agrave; de la seule actualit&eacute;) et fait des journaux &eacute;dit&eacute;s en 1850 un fonds convocable pour &eacute;crire l&#39;histoire d&#39;une entreprise de presse. <em>L&rsquo;&Eacute;toile belge</em> propose ici une filiation po&eacute;tique du support journalistique en ce que les lecteurs peuvent observer l&rsquo;&eacute;volution du rubriquage et de la quatri&egrave;me page de couverture, alors d&eacute;pourvue d&rsquo;annonces en 1850.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Dans cette convocation de l&rsquo;objet archivistique, les portraits photographiques sont une mati&egrave;re essentielle et occupent souvent des pages enti&egrave;res [illustration 2].</p> <figure> <p style="text-align: center;"><img alt="" data-entity-type="" data-entity-uuid="" height="702" src="https://alepreuve.org/sites/default/files/Vidalenche%202.jpg" width="500" /></p> <figcaption> <p style="text-align: center;">&laquo;&nbsp;La r&eacute;daction&nbsp;&raquo; du <em>Soir</em>. <em>Le Soir</em>, 31 d&eacute;cembre 1936, n&deg;&nbsp;366, p. 11, coll. KBR, Section des journaux et des m&eacute;dias contemporains.</p> </figcaption> </figure> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ils participent &agrave; la transmission d&rsquo;une image de la famille compos&eacute;e de peu de femmes<a href="#nbp16" id="footnoteref16_tyjo1qd" name="liennbp16" title="Les femmes sont très peu représentées dans les numéros jubilaires. Le Soir publie le portrait iconographique de la gérante Marie-Thérèse Rossel, ainsi que ceux de trois femmes journalistes citées pour leur participation à la « Tribune libre » et de trois autres collaboratrices. Seul un portrait de femme journaliste est publié dans Le Peuple (Emma Guillaume). L’Étoile belge mentionne les « femmes de ménage » et célèbre la plus ancienne ouvrière ainsi que la femme du directeur, qui incarne le réconfort maternel. Aucune mention de femmes journalistes n’apparaît dans les numéros jubilaires de La Libre Belgique. Ces numéros contribuent à la minimisation du rôle des femmes journalistes et confirment l’identité masculine du journaliste, de l’homme de presse, du patron de journal. L’analyse de la place des femmes journalistes sera développée dans un autre article, actuellement en cours de rédaction. Sur les femmes dans le monde du travail en Belgique, notamment dans les années 1920-1930, lire Éliane Gubin, « Les femmes d’une guerre à l’autre. Réalités et représentations 1918-1940 », Cahiers d’histoire du temps présent, 1998, no 4, 249-281. Sur les femmes journalistes, lire Vanessa Gemis, « Femmes écrivains-journalistes (1880-1940) : questions de genre(s). Pistes de recherche et réflexions autour de Marguerite Van de Wiele », Textyles. Revue des lettres belges de langue française, décembre 2010, no 39, p. 39‑50 ; et Marie-Ève Thérenty, Femmes de presse, femmes de lettres. De Delphine de Girardin à Florence Aubenas, Paris, CNRS éditions, 2019.">16</a>. La Une du <em>Peuple</em> du 13 d&eacute;cembre 1925 est une galerie de soixante portraits des fondateurs (au centre), r&eacute;dacteurs, collaborateurs et correspondants [illustration 3].</p> <figure> <p style="text-align: center;"><img alt="" data-entity-type="" data-entity-uuid="" height="702" src="https://alepreuve.org/sites/default/files/Vidalenche%203.jpg" width="500" /></p> <figcaption> <p style="text-align: center;"><em>Le Peuple</em>, 13 d&eacute;cembre 1925, n&deg;&nbsp;347, p. 1, coll. KBR, Section des journaux et des m&eacute;dias contemporains.</p> </figcaption> </figure> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ce sont la coh&eacute;sion des membres et la force d&rsquo;un collectif qui s&rsquo;expriment dans cette accumulation. Le num&eacute;ro jubilaire du <em>Soir</em> du 31 d&eacute;cembre 1936 contient jusqu&rsquo;&agrave; 111 portraits photographiques. Preuve de l&rsquo;importance du portrait pour la c&eacute;l&eacute;bration du journal comme groupe structur&eacute;, son absence est sentie comme un manque dans l&rsquo;historiographie de l&rsquo;entreprise de presse, ce qui accentue par contraste l&rsquo;importance du travail d&rsquo;enqu&ecirc;te et de recomposition g&eacute;n&eacute;alogique qu&rsquo;ex&eacute;cutent les journalistes dans les num&eacute;ros jubilaires&nbsp;:</p> <p><q><em>&nbsp;J&#39;aurais voulu illustrer mon article d&#39;un portrait de Marcellin Faure : j&#39;ai vainement recherch&eacute; ce portrait, j&#39;ai vainement fait appel &agrave; l&#39;Institut international de bibliographie, &agrave; mes confr&egrave;res de l&#39;&nbsp;&laquo;&nbsp;Interm&eacute;diaire des chercheurs et curieux&nbsp;&raquo;, aux lecteurs du &laquo;&nbsp;Soir&nbsp;&raquo;, &agrave; M. Paul Hymans. Sous le signe du daguerr&eacute;otype, on ne prodiguait point son image<a href="#nbp17" id="footnoteref17_h8md0jf" name="liennbp17" title="Idem, p. 1.">17</a> ! </em></q></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Dans <em>Le Peuple</em>, la sc&eacute;nographie auctoriale des journalistes est compl&eacute;t&eacute;e, comme sur un acte notarial, des signatures autographes des auteurs pour le num&eacute;ro des 15 et 16 d&eacute;cembre 1935. Objet m&eacute;moriel d&rsquo;une figure tut&eacute;laire, la m&eacute;daille grav&eacute;e parach&egrave;ve le kal&eacute;idoscope de la repr&eacute;sentation g&eacute;n&eacute;alogique&nbsp;: <em>La Libre Belgique</em> reproduit la m&eacute;daille jubilaire &agrave; l&rsquo;effigie des fondateurs du <em>Patriote</em>, Victor et Louis Jourdain, en Une du num&eacute;ro des 1<sup>er</sup> et 2 janvier 1934&nbsp;; <em>Le Soir</em> reproduit le profil grav&eacute; de D&rsquo;Arsac, qui lui est offert pendant la c&eacute;r&eacute;monie d&rsquo;anniversaire<a href="#nbp18" id="footnoteref18_eyjdjg0" name="liennbp18" soir="" title="Godefroid Devreese, « Le médaillon offert à M. D’Arsac par le personnel du ">18</a>. Comme s&rsquo;il &eacute;tait plus durable qu&rsquo;une pi&egrave;ce de monnaie, le journal enregistre l&rsquo;h&eacute;ritage sculpt&eacute; d&rsquo;une famille. La c&eacute;l&eacute;bration du pass&eacute; du journal s&rsquo;appuie donc sur tous les &laquo;&nbsp;f&eacute;tiches&nbsp;&raquo; d&rsquo;une archivistique familiale.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Pour autant, la modernit&eacute; technologique de l&rsquo;entreprise est elle aussi promue gr&acirc;ce &agrave; des photoreportages dans les ateliers, dans lesquels les employ&eacute;s posent devant leur poste de travail &mdash; avec plus ou moins de naturel. Les num&eacute;ros jubilaires c&eacute;l&egrave;brent la puissance &eacute;conomique du journal&nbsp;par des s&eacute;ries photographiques&nbsp;: &laquo;&nbsp;la salle de r&eacute;daction&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;la typographie&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;la clicherie&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;l&rsquo;administration&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;l&rsquo;atelier de photogravure&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;la rotative&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;l&rsquo;exp&eacute;dition&nbsp;&raquo; du <em>Peuple</em> sont d&eacute;voil&eacute;s aux lecteurs en 1925<a href="#nbp19" id="footnoteref19_zj51ma3" name="liennbp19" peuple="" title="[Collectif], « Les installations du ">19</a> ; les ateliers donneront lieu dix ans plus tard &agrave; un &laquo;&nbsp;Petit voyage autour du journal <em>Le Peuple</em><a href="#nbp20" id="footnoteref20_162a2t1" le="" name="liennbp20" peuple="" title="[Collectif], « Petit voyage autour du journal Le Peuple », Le Peuple, 15 et 16 décembre 1935, n° 349-350, p. 2. L’argument de la puissance économique du journal se déploie aussi à travers une rhétorique du gigantisme du travail du journal : « Le journal ">20</a> &raquo; constitu&eacute; d&rsquo;un photomontage pleine page&nbsp;[illustration 4] ; <em>Le Soir</em> pr&eacute;sente en 1937, entre autres, &laquo;&nbsp;la salle des d&eacute;p&ecirc;ches, rue Royale, avec vue sur les rotatives&nbsp;&raquo; et le bureau des &laquo;&nbsp;fils sp&eacute;ciaux<a href="#nbp21" id="footnoteref21_trg6wi1" name="liennbp21" soir="" title="[Anonyme], Le Soir, 1er janvier 1937, p. 7. Le journal accompagne la série de photographies de ses ateliers d’un encart rappelant « les tirages moyens du ">21</a> &raquo;.</p> <figure> <p style="text-align: center;"><img alt="" data-entity-type="" data-entity-uuid="" height="710" src="https://alepreuve.org/sites/default/files/Vidalenche%204.jpg" width="500" /></p> <figcaption> <p style="text-align: center;">&laquo;&nbsp;Petit voyage autour du journal <em>Le Peuple</em>&nbsp;&raquo;, <em>Le Peuple</em>, 15 et 16 d&eacute;cembre 1935, n&deg; 349-350, p. 2, coll. KBR, Section des journaux et des m&eacute;dias contemporains.</p> </figcaption> </figure> <p>Derri&egrave;re ces photographies, c&rsquo;est le message d&rsquo;une &eacute;quipe unie qui est d&eacute;fendu&nbsp;:</p> <p><q><em>&nbsp;Une des caract&eacute;ristiques du journal dont on f&ecirc;te aujourd&#39;hui le cinquanti&egrave;me anniversaire de la fondation, c&#39;est l&#39;admirable esprit d&#39;&eacute;quipe qui unit fraternellement les r&eacute;dacteurs, les ouvriers, les employ&eacute;s. Un esprit qui a l&#39;occasion, chaque jour, de se manifester et dont les preuves, invisibles cependant, s&#39;&eacute;talent quotidiennement dans le journal que l&#39;on confectionne<a href="#nbp22" id="footnoteref22_6te4r7e" name="liennbp22" title="[Collectif], « Petit voyage autour du journal Le Peuple », art. cit., p. 2.">22</a>. </em></q></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Ces photoreportages refl&egrave;tent un esprit de coh&eacute;sion interne et la conscience qu&#39;un collectif fait corps ; les limites du collectif ne sont alors pas celles de l&rsquo;activit&eacute; de journaliste mais de celles de tous les m&eacute;tiers du journal : &laquo;&nbsp;Cet esprit est sans doute provoqu&eacute; dans une large mesure, par le lien qui unit tous les services d&#39;une telle organisation. Tout se tient et on ne peut mieux comparer l&#39;ensemble de l&#39;&oelig;uvre qu&#39;en songeant &agrave; une main compos&eacute;e de ses cinq doigts<a href="#nbp23a" id="footnoteref23_q1jq5zy" name="liennbp23a" title="Idem, p. 2.">23</a>.&nbsp;&raquo; Dans cette repr&eacute;sentation collective textuelle et photographique, l&rsquo;entreprise de presse est aussi puissante que la main d&#39;un seul homme, qui est tout autant celle de l&rsquo;ouvrier que celle du journaliste qui &eacute;crit.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; La modernit&eacute; c&eacute;l&eacute;br&eacute;e du journal est &eacute;galement celle de la division et de la sp&eacute;cialisation du travail&nbsp;: &laquo;&nbsp;t&eacute;l&eacute;graphistes&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;r&eacute;dacteurs&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;secr&eacute;taire de r&eacute;daction&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;typographes&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;linotypistes&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;correcteurs&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;habilleurs&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;metteur en page&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;envoy&eacute;s sp&eacute;ciaux&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;r&eacute;dacteurs de province&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;homme de soupe &ndash; ainsi appel&eacute; en raison de la diversit&eacute; de sa t&acirc;che<a href="#nbp24" id="footnoteref24_3u5gykl" le="" name="liennbp24" peuple="" title="[Collectif], « Les sept éditions du journal ">24</a> &raquo; sont photographi&eacute;s. <em>Le Soir</em> consacre une page de cinq photographies de groupes d&rsquo;employ&eacute;s sp&eacute;cialement attach&eacute;s &agrave; la diffusion du journal&nbsp;: &laquo;&nbsp;le service des annonces&nbsp;&raquo;, le &laquo;&nbsp;Service de l&#39;affichage et de la publicit&eacute; dans les tramways&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;les porteurs de journaux du &quot;Soir&quot;&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;le personnel des services &quot;Journaux divers&quot; et &quot;Studio&quot; et les courtiers de l&#39;agence Rossel&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;le personnel m&eacute;caniciens et chauffeurs du service des transports&raquo;, le photoreportage &eacute;tant compl&eacute;t&eacute; par une vue en plong&eacute;e sur la foule attendant &laquo;&nbsp;la sortie d&#39;une &eacute;dition devant l&#39;immeuble du &quot;Soir&quot;<a href="#nbp25" id="footnoteref25_bu5zx2g" name="liennbp25" title="Le Soir, 1er janvier 1937, n° 1, p. 12.">25</a> &raquo;. Les photographies peuvent par ailleurs se pr&ecirc;ter &agrave; une interpr&eacute;tation familiale du collectif, puisqu&rsquo;elles rappellent notamment celles prises au moment des noces<a href="#nbp26" id="footnoteref26_lx7t35p" name="liennbp26" title="« La photographie elle-même n'a-t-elle pas pris la place de la mémoire ? En réalité, les photos de groupe tirées au moment des noces comme l'habitude s'en est prise surtout en milieu paysan, au lendemain de la Première Guerre mondiale, se présentent souvent, par la façon dont les invités se placent de part et d'autre des mariés, en respectant la hiérarchie des générations et des degrés de parenté, comme de véritables arbres généalogiques vivants. » (André Burguière, art. cit., p. 3905.)">26</a>.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Par la mise en sc&egrave;ne d&rsquo;un patrimoine familial qui para&icirc;t &ecirc;tre le socle d&rsquo;une l&rsquo;organisation actuelle moderne des firmes m&eacute;diatiques, les quatre journaux m&egrave;nent une v&eacute;ritable &laquo;&nbsp;action de propagande&nbsp;&raquo;<a href="#nbp27" id="footnoteref27_do94z2e" name="liennbp27" peuple="" title="L. S., « Les fêtes du Cinquantième Anniversaire du ">27</a>. Celle-ci s&rsquo;inscrit d&rsquo;ailleurs dans le discours de promotion de la presse belge face au monde entier lors de l&rsquo;Exposition universelle et internationale de Bruxelles en 1935, puisque le pr&eacute;sident de l&rsquo;Association G&eacute;n&eacute;rale de la Presse Belge, un certain Frans Fischer, fait le choix de ne pr&eacute;senter qu&rsquo;une exposition de la presse belge, plut&ocirc;t que de montrer l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; id&eacute;ologique et industrielle de la presse mondiale. Il loue alors pour la Belgique les &laquo;&nbsp;richesses mat&eacute;rielles et morales que repr&eacute;sentent dans l&#39;&eacute;conomie et la civilisation d&#39;un pays, les entreprises, les patrimoines techniques et les rayonnements culturels, &eacute;thiques et esth&eacute;tiques du journalisme d&#39;opinion et d&#39;information.&nbsp;&raquo;<a href="#nbp28" id="footnoteref28_7obogmz" name="liennbp28" title="Frans Fischer, « Une vision de la presse belge », 1935. Bulletin officiel de l’exposition universelle et internationale de Bruxelles, février 1935, no 20, p. 95.">28</a></p> <h3>La c&eacute;l&eacute;bration d&rsquo;un pass&eacute; imagin&eacute;</h3> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le pass&eacute; qui est comm&eacute;mor&eacute; est en r&eacute;alit&eacute; un pass&eacute; imagin&eacute;, qui permet l&rsquo;ancrage symbolique de la g&eacute;n&eacute;alogie du journal<a href="#nbp29" id="footnoteref29_oy2zz1p" name="liennbp29" title="Dans Les Lieux de mémoire, André Burguière parle de « passé imaginaire » dans lequel le généalogiste projette ses ancêtres (André Burguière, art. cit., p. 3882). Comme l’écrit François Caron à propos de l’entreprise comme lieu de mémoire, « la mémoire des hommes construit une histoire d'entreprise dramatisée, héroïsée, fortement marquée par quelques actions glorieuses, quelques grands moments, qui semblent la résumer par eux-mêmes. Le premier de ces moments, le plus chargé de légende, est sa création, à laquelle se trouve étroitement associée l'évocation de la ou des familles fondatrices. » (François Caron, « L’entreprise », dans Pierre Nora (dir.), Les Lieux de mémoire, Paris, Gallimard, « Quarto », vol. 3, 1997, p. 3311).">29</a>. Les articles au contenu historique empruntent &agrave; une mythologie des origines. &laquo;&nbsp;Le grain de senev&eacute; [<em>sic</em>] est devenu un grand arbre&nbsp;&raquo;,<a href="#nbp30" id="footnoteref30_5nod6iz" name="liennbp30" title="Émile Vandervelde, « Comment avons-nous chance d’être les premiers ? Par la Presse », Le Peuple, 15 et 16 décembre 1935, n° 349-350, p. 1.">30</a> &eacute;crit par exemple &Eacute;mile Vandervelde, qui parle de la prosp&eacute;rit&eacute; du <em>Peuple</em> gr&acirc;ce une m&eacute;taphore religieuse. Le pass&eacute; de la cr&eacute;ation d&rsquo;un journal fait r&eacute;f&eacute;rence &agrave; un &laquo;&nbsp;&acirc;ge d&rsquo;or&nbsp;&raquo; et au &laquo;&nbsp;feu&nbsp;&raquo;<a href="#nbp31" id="footnoteref31_iuassgu" name="liennbp31" patriote="" title="« Nous entendons parfois les anciens parler avec une émotion attendrie, de l'âge d'or, des temps héroïques, où les fondateurs, les premiers bataillons sacrés du Parti, ne connaissaient ni animosité, ni mésintelligences, ni querelles. Ils exagèrent un peu, mais ils n'ont pas tort, en gros [...] » (Idem, p. 3). Mais avant les années 1880, 1850 était déjà « l'âge d'or pour les journalistes qui avaient le feu sacré » (Arthur Boghaert-Vaché, s. t., L’Étoile belge, 20 décembre 1925, n° 353, supplément, p. 2). La métaphore du feu est aussi utilisée par un rédacteur de La Libre Belgique : « En nous replongeant un instant dans le passé, les anciennes passions que Le Patriote suscita en nous se réveillent. Le feu qui dormait sous une cendre de cinquante ans se ranime et les étincelles qui jaillissent nous enflamment encore aujourd'hui. » (Louis Verhaeghe, « Le ">31</a> originel des journalistes.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; La m&eacute;moire des origines se dit aussi avec des accents lyriques et &eacute;piques qui transfigurent les anc&ecirc;tres fondateurs. Pour son quaranti&egrave;me anniversaire, <em>Le Peuple</em> rend &laquo;&nbsp;aux survivants de ces temps h&eacute;ro&iuml;ques &mdash; &agrave; Louis Bertrand, &Eacute;douard Anseele, Joseph Milot, &Eacute;douard Bosiers, Romain Van Loo &mdash; [son] hommage &eacute;mu et reconnaissant &raquo;<a href="#nbp32" id="footnoteref32_duccj9a" name="liennbp32" peuple="" title="[Anonyme], s. t. [« Le ">32</a>. Il est aussi question de &laquo;&nbsp;l&rsquo;inoubliable phalange&nbsp;des r&eacute;dacteurs du &quot;Peuple&quot; &raquo;<a href="#nbp33" id="footnoteref33_ug1mjk6" name="liennbp33" peuple="" title="[Anonyme], s. t. [« De l’inoubliable phalange des rédacteurs du ">33</a> qui s&rsquo;est mise &laquo;&nbsp;en route pour une aussi grandiose aventure&nbsp;&raquo;, ayant &laquo;&nbsp;au poing les meilleures armes pour atteindre, frapper et &eacute;liminer l&#39;adversaire&nbsp;&raquo;<a href="#nbp34" id="footnoteref34_3nfwmzs" name="liennbp34" peuple="" title="Frans Fischer, « Il y a cinquante ans le ">34</a>. Journal catholique, <em>La Libre Belgique</em>&nbsp;convoque &eacute;galement cet imaginaire du combat pour d&eacute;signer ses journalistes : &laquo;&nbsp;<em>Le Patriote</em> [...] a cr&eacute;&eacute; des catholiques virils et fiers d&#39;eux-m&ecirc;mes, osant regarder l&#39;adversaire dans le blanc des yeux, il a form&eacute; des lutteurs, qui, &agrave; la force du poignet, ont fini par se faire respecter.&nbsp;&raquo;<a href="#nbp35" id="footnoteref35_app5m95" name="liennbp35" title="Louis Verhaeghe, art. cit., p. 2.">35</a><em> Le Patriote</em> &eacute;tait alors &laquo;&nbsp;anim&eacute; du d&eacute;sir de conqu&eacute;rir pour la presse catholique un plus vaste champ d&#39;action&nbsp;&raquo;<a href="#nbp36" id="footnoteref36_imw17o5" name="liennbp36" title="[Anonyme], « Comment naquit un grand journal », La Libre Belgique, 1er et 2 janvier 1934, n° 1-2, p. 1.">36</a>. La naissance du journal dans les ann&eacute;es 1880 s&rsquo;inscrit dans une aspiration (&eacute;pique) &agrave; la modernit&eacute;, elle-m&ecirc;me grand enjeu discursif des ann&eacute;es 1920 et 1930&nbsp;:</p> <p><q><em>&nbsp;Il fallait un journalisme nouveau, des troupes fra&icirc;ches et d&#39;attaque. La Belgique r&eacute;clamait un journal catholique, con&ccedil;u selon d&#39;autres m&eacute;thodes plus modernes et alertes<a href="#nbp37a" id="footnoteref37_1lqdza8" name="liennbp37a" title="P. Wauwermans, art. cit., p. 1.">37</a>. </em></q></p> <p><q><em>&nbsp;Ils avaient d&eacute;j&agrave; la vision de ce qu&#39;un journal &eacute;crit pour le peuple devait &ecirc;tre non seulement une feuille de combat, mais une sorte d&#39;immense magasin d&#39;id&eacute;es, une &laquo;&nbsp;wholesale&nbsp;&raquo; intellectuelle o&ugrave; rien de ce qui peut solliciter la curiosit&eacute; du lecteur ne lui f&ucirc;t refus&eacute;<a href="#nbp38" id="footnoteref38_pa2289y" name="liennbp38" peuple="" title="Frans Fischer, « Il y a cinquante ans le ">38</a>. </em></q></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Dans cette grandeur mythique du pass&eacute;, toute la troupe arm&eacute;e des r&eacute;dacteurs se masse dans le petit local des d&eacute;buts, lieu d&rsquo;ancrage &agrave; la fois r&eacute;el et symbolique d&rsquo;une m&eacute;moire. D&rsquo;apr&egrave;s Vandervelde, l&rsquo;id&eacute;e de la cr&eacute;ation du <em>Peuple</em> prend forme &agrave; &laquo;&nbsp;l&#39;estaminet du &quot;Cygne&quot;&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;dans un petit local, &agrave; c&ocirc;t&eacute; de la cuisine du patron&nbsp;&raquo;<a href="#nbp39" id="footnoteref39_tw7r235" name="liennbp39" title="Émile Vandervelde, art. cit., p. 1. Karl Marx a fréquenté l’estaminet du Cygne entre 1845 et 1848. En 1886, c'est le lieu de rendez-vous des associations ouvrières et des groupes socialistes (lire Louis Bertrand, Histoire de la coopération en Belgique : les hommes – les idées – les faits, Bruxelles, Dechenne &amp; Cie Libraires-éditeurs, vol. II, 1903, p. 297).">39</a>. La &laquo;&nbsp;Maison de la rue de Ligne&nbsp;&raquo; du <em>Patriote</em> &eacute;tait une &laquo;&nbsp;ruche&nbsp;&raquo;, dans laquelle &laquo;&nbsp;salle &agrave; manger, salons, vestibules, [&eacute;taient] encombr&eacute;s d&#39;affiches, circulaires, bulletins de souscription&nbsp;&raquo;<a href="#nbp40" id="footnoteref40_ixd469z" name="liennbp40" title="La Libre Belgique, 1er et 2 janvier 1934, n° 1-2, p. 1.">40</a>. <em>Le Soir</em>, quant &agrave; lui, &laquo;&nbsp;vit le jour vers la fin de d&eacute;cembre de l&#39;ann&eacute;e 1887, dans un modeste local de la rue d&#39;Isabelle, aujourd&#39;hui disparu.&nbsp;&raquo;<a href="#nbp41" id="footnoteref41_chxqosw" name="liennbp41" title="D’Arsac, « Le Soir », Le Soir, 31 décembre 1936, n° 366, p. 10.">41</a><br /> <br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le journal <em>Le Soir</em> en 1937 se d&eacute;marque des autres journaux en ce qu&rsquo;il ne pr&eacute;sente pas de reconstruction d&rsquo;un pass&eacute; mythique (bien qu&rsquo;il c&eacute;l&egrave;bre ponctuellement les grandes valeurs de ses fondateurs). Il retrace dans un article de fond tr&egrave;s document&eacute; l&rsquo;histoire et le d&eacute;veloppement de la presse belge. Toutefois, cet article r&eacute;utilise le biograph&egrave;me d&rsquo;un Marcellin Faure &laquo;&nbsp;r&eacute;dacteur st&eacute;nographe habile et intelligent&nbsp;&raquo;<a href="#nbp42" id="footnoteref42_4xfklko" name="liennbp42" title="[Anonyme], « La Presse », Le Soir, 1er janvier 1937, n° 351, p. 12.">42</a> (cit&eacute; entre guillemets), appel&eacute; de Paris, d&eacute;j&agrave; pr&eacute;sent dans le r&eacute;cit donn&eacute; par <em>L&rsquo;&Eacute;toile belge</em> de sa propre histoire en 1925, ce qui instille le doute quant &agrave; l&rsquo;objectivit&eacute; d&rsquo;un tel r&eacute;cit, peut-&ecirc;tre en r&eacute;alit&eacute; nourri d&rsquo;un imaginaire m&eacute;diatique collectif du journalisme. Mobilisant les m&ecirc;mes <em>topo&iuml;</em> d&rsquo;une &eacute;poque et d&rsquo;un lieu originel, les num&eacute;ros &laquo;&nbsp;anniversaire&nbsp;&raquo; sont donc le lieu d&rsquo;une m&eacute;moire mythique du journalisme, mais aussi celui de la fabrication d&rsquo;un <em>ethos</em> corporalisant<a href="#nbp43" id="footnoteref43_quwfxy4" name="liennbp43" title="Lire à ce sujet Roselyne Ringoot et Yvon Rochard, « Proximité éditoriale : normes et usages des genres journalistiques », Mots. Les langages du politique, 2005, n° 77, p. 78-81.">43</a> du journaliste combattant et engag&eacute;. L&rsquo;historiographie du journalisme belge francophone qui s&rsquo;&eacute;crit dans ces num&eacute;ros oscille entre comm&eacute;moration de la naissance des journaux, invention d&rsquo;une lecture &eacute;pique des d&eacute;buts et promotion d&rsquo;une modernit&eacute; technique. Ces trois aspects font l&rsquo;objet d&rsquo;une mise en r&eacute;cit m&eacute;diatique dont la g&eacute;n&eacute;alogie est la cl&eacute;.</p> <h2>L&rsquo;interpr&eacute;tation g&eacute;n&eacute;alogique et familiale de l&rsquo;historiographie du journal, entre r&eacute;alit&eacute;s et strat&eacute;gies</h2> <h3>Dire l&rsquo;histoire du journal en termes de relations familiales</h3> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; La m&eacute;moire g&eacute;n&eacute;alogique du journal s&rsquo;&eacute;crit &agrave; travers le vocabulaire m&eacute;taphorique de la filiation et des cat&eacute;gories de parent&eacute;s, qui sont deux &laquo;&nbsp;structures mentales&nbsp;&raquo;<a href="#nbp44" id="footnoteref44_qssrdqc" name="liennbp44" title="André Burguière, art. cit., p. 3882.">44</a> de la repr&eacute;sentation g&eacute;n&eacute;alogique de l&rsquo;histoire d&rsquo;une famille, ici convoqu&eacute;es comme cadre du r&eacute;cit journalistique de l&rsquo;histoire d&rsquo;une entreprise de presse. Outre la r&eacute;currence des termes &laquo;&nbsp;maison&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;fr&egrave;res&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;p&egrave;re&nbsp;&raquo;, etc. dans les quatre journaux, le journal est corporalis&eacute; &agrave; travers le r&eacute;cit de son <em>enfance</em>. <em>Le Patriote</em> &eacute;tait en 1884 un &laquo;&nbsp;nouveau-n&eacute;&nbsp;&raquo;<a href="#nbp45" id="footnoteref45_let9aik" name="liennbp45" title="[Anonyme], « Comment naquit un grand journal », art. cit., p. 2.">45</a>. Le journal est baptis&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;On peut dire que le &quot;Soir&quot; a eu deux fondateurs : &Eacute;mile Rossel, qui pr&eacute;sida &agrave; son bapt&ecirc;me, en 1887, et son fils Victor Rossel, qui, en novembre 1918, apr&egrave;s la guerre, lui redonna la vie.&nbsp;&raquo;<a href="#nbp46" id="footnoteref46_oa5smfs" name="liennbp46" soir="" title="[Collectif], « Les deux fondateurs du ">46</a> Puis l&rsquo;enfant grandit&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ses premiers pas furent quelque peu h&eacute;sitants, mais les difficult&eacute;s, inh&eacute;rentes aux d&eacute;buts, ne dur&egrave;rent pas longtemps.&nbsp;&raquo;<a href="#nbp47a" id="footnoteref47_27wg59y" name="liennbp47a" title="D’Arsac, art. cit., p. 10.">47</a> Le journal est aussi enfant des id&eacute;es et des partisans qui l&rsquo;ont vu na&icirc;tre&nbsp;: &laquo;&nbsp;Il a bien march&eacute;, le petit fils du socialisme et de la classe ouvri&egrave;re organis&eacute;e, pour la lutte &eacute;mancipatrice du Travail.&nbsp;&raquo;<a href="#nbp48" id="footnoteref48_haks1gw" name="liennbp48" peuple="" title="[Édouard Anseele], « Edouard Anseele raconte les Débuts du ">48</a> Les r&eacute;dacteurs du <em>Peuple</em> utilisent largement la m&eacute;taphore du journal &ecirc;tre vivant de papier, &laquo;&nbsp;rejeton&nbsp;&raquo; qui prend de la force au fil des ans&nbsp;sous le regard d&rsquo;un p&egrave;re fondateur :</p> <p><q><em>&nbsp;C&#39;est qu&#39;il a grandi, son gars, pris du muscle, &eacute;largi son c&oelig;ur et meubl&eacute; son cerveau. Si chaque dimanche, Louis Bertrand, en passe de devenir octog&eacute;naire, vient lui rendre visite, ce n&#39;est pas comme un bon a&iuml;eul, paterne et trop enclin &agrave; ne parler que de vieilles histoires du pass&eacute;, mais comme un rude et alerte compagnon de vie, l&#39;esprit en &eacute;veil, la plume toujours aux doigts, disant &agrave; tous comment il faut parler au peuple<a href="#nbp49" id="footnoteref49_7b7kdpy" name="liennbp49" peuple="" title="Frans Fischer, « Il y a cinquante ans le ">49</a>. </em></q></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; La relation familiale permet de d&eacute;crire le rapport d&rsquo;un ancien &agrave; la nouvelle r&eacute;daction, en contournant ce que cette repr&eacute;sentation de la filiation et de la transmission pourrait contenir de n&eacute;gatif (la figure de l&rsquo;a&iuml;eul radotant et donc d&eacute;bitant des informations peu pertinentes). L&rsquo;enfant devient finalement &laquo;&nbsp;un grand journal moderne malgr&eacute; son &acirc;ge&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <p><q><em>&nbsp;Le &laquo;&nbsp;Peuple&nbsp;&raquo; a cinquante ans. Il ne les para&icirc;t pas, car s&#39;il a grandi, il n&#39;a pas vieilli. Au contraire, pourrait-on dire. Il suffit de contempler le visage qu&#39;il a en ce jour anniversaire pour fonder sur son avenir les plus belles esp&eacute;rances. C&#39;est, en quelque sorte, un bel adulte qui promet et qui a l&#39;habitude de tenir ses promesses<a href="#nbp50" id="footnoteref50_yo2yap2" le="" name="liennbp50" peuple="" title="[Anonyme], « Le Cinquantenaire du journal ">50</a>. </em></q></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; La &laquo;&nbsp;promesse&nbsp;&raquo; est celle de l&rsquo;exp&eacute;rience de l&rsquo;adulte (et non celle de l&rsquo;enfant qui serait prometteur et dont les exploits resteraient encore &agrave; prouver). Elle fonde de mani&egrave;re imag&eacute;e la maturit&eacute; du journal. Celui-ci est engag&eacute; vis-&agrave;-vis de ses lecteurs par l&rsquo;h&eacute;ritage familial qu&rsquo;il a re&ccedil;u. Les motifs de la naissance et du passage &agrave; l&rsquo;&acirc;ge adulte construisent peut-&ecirc;tre dans le discours journalistique l&rsquo;id&eacute;e de la responsabilit&eacute; p&eacute;renne de la presse vis-&agrave;-vis de ses lecteurs qui ne peut &ecirc;tre reni&eacute;e parce que fond&eacute;e par un attachement <em>naturel</em> &agrave; des anc&ecirc;tres et &agrave; leurs id&eacute;es.</p> <h3>Strat&eacute;gies d&rsquo;&eacute;criture g&eacute;n&eacute;alogique</h3> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &laquo;&nbsp;Rh&eacute;torique de l&eacute;gitimation&nbsp;&raquo; <a href="#nbp51" id="footnoteref51_pl9n0gf" name="liennbp51" title="André Burguière, art. cit., p. 3889.">51</a>, la g&eacute;n&eacute;alogie est mall&eacute;able pour celui qui, cherchant des origines nobles, &eacute;carte de la lign&eacute;e un anc&ecirc;tre un peu trop roturier. Les strat&eacute;gies de certains journaux sont &agrave; cet &eacute;gard caract&eacute;ristiques. &Eacute;mile Rossel, d&rsquo;une &laquo;&nbsp;droiture int&eacute;grale&nbsp;&raquo;, n&rsquo;a &eacute;t&eacute; en effet &laquo;&nbsp;ma&icirc;tre&hellip; et du terrain, et du <em>Soir</em>&nbsp;&raquo; qu&rsquo;apr&egrave;s avoir r&eacute;gl&eacute; le conflit qui l&rsquo;a oppos&eacute; &agrave; ses premiers associ&eacute;s. Ceux-ci l&rsquo;avaient trahi en louant la quatri&egrave;me page &agrave; une soci&eacute;t&eacute; de publicit&eacute; financi&egrave;re. Le r&eacute;cit g&eacute;n&eacute;alogique est alors celui d&rsquo;une possession territoriale et de l&rsquo;exclusion des tra&icirc;tres de la lign&eacute;e : &laquo;&nbsp;le caract&egrave;re du journal fut, d&egrave;s ce jour, d&eacute;finitivement &eacute;tabli, sa voie d&eacute;finitivement trac&eacute;e. &mdash; Ce serait un journal honn&ecirc;te et pur de toute compromission financi&egrave;re, ou il ne serait pas.&nbsp;&raquo; L&rsquo;int&eacute;grit&eacute; morale devient l&rsquo;embl&egrave;me de la famille&nbsp;du &laquo;&nbsp;p&egrave;re Rossel&nbsp;&raquo; : &laquo;&nbsp;Il y a cinquante ans de cela et la r&egrave;gle n&#39;a pas chang&eacute;. Ce fut la devise d&#39;&Eacute;mile Rossel, ce fut celle de Victor Rossel, et ce sera celle de leurs successeurs. <em>Le Soir</em> restera honn&ecirc;te et pur, ou <em>Le Soir</em> cessera d&#39;exister.&nbsp;&raquo;<a href="#nbp52" id="footnoteref52_1h7tsno" name="liennbp52" title="M. Fuss, « Les Discours », Le Soir, 2 et 3 janvier 1937, n° 2-3, p. 7.">52</a><br /> <br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Lorsque l&rsquo;entreprise n&rsquo;est pas le fruit des efforts conjugu&eacute;s d&rsquo;une m&ecirc;me famille sur plusieurs g&eacute;n&eacute;rations, la lecture g&eacute;n&eacute;alogique devient un enjeu primordial pour donner des gages sur la solidit&eacute; des fondations de l&rsquo;entreprise. La recherche des anc&ecirc;tres s&rsquo;apparente &agrave; une explicitation, voire &agrave; une justification, de leur lien au journal. C&rsquo;est le discours que tient <em>L&rsquo;&Eacute;toile belge</em> &agrave; ses lecteurs &agrave; propos de Marcellin Faure, un Toulousain propri&eacute;taire fondateur du journal en 1850. D&rsquo;abord anonyme dans le r&eacute;cit de fondation, il est un &laquo;&nbsp;r&eacute;dacteur st&eacute;nographe habile et intelligent&nbsp;&raquo; &laquo;&nbsp;appel&eacute; de Paris&nbsp;&raquo; <a href="#nbp53" id="footnoteref53_ktbmpxs" name="liennbp53" title="Arthur Boghaert-Vaché, s. t., L’Étoile belge, 20 décembre 1925, n° 353, supplément, p. 1.">53</a> en 1830 pour rendre compte des s&eacute;ances du Congr&egrave;s National dans <em>L&rsquo;Union Belge</em>, journal officiel publi&eacute; aux frais du gouvernement. Dans ce &laquo;&nbsp;m&eacute;tier de gal&eacute;rien&nbsp;&raquo;<a href="#nbp23b" id="footnoteref23_nslrmw0" name="liennbp23b" title="Idem, p. 2.">23</a>, le travail est ingrat, la t&acirc;che est surhumaine pour un seul homme, le journaliste est peu aid&eacute; par les membres du Congr&egrave;s qui ne daignent pas lui envoyer la copie manuscrite de leurs discours. L&rsquo;intertitre &laquo;&nbsp;O&ugrave; Marcellin Faure appara&icirc;t&nbsp;&raquo; permet alors d&rsquo;identifier textuellement ce personnage du r&eacute;cit historique, que le r&eacute;dacteur qualifie par la prolepse de &laquo;&nbsp;futur fondateur de l&rsquo;&quot;&Eacute;toile Belge&quot; &raquo;. Si les racines belges du journal sont bel et bien &eacute;crites, l&rsquo;auteur se lance &eacute;galement dans une enqu&ecirc;te g&eacute;n&eacute;alogique en retranscrivant int&eacute;gralement l&rsquo;acte de naissance de Marcellin Faure. Cet acte permet en r&eacute;alit&eacute; de signaler la profession du p&egrave;re, &laquo;&nbsp;homme de loi&nbsp;&raquo;. Le fils Marcellin, lui, &laquo;&nbsp;fait son droit&nbsp;&raquo;, comme h&eacute;ritant d&rsquo;un choix professionnel&hellip; qu&rsquo;il renie finalement au profit du journalisme&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ce grade de licenci&eacute; permettait &agrave; Faure d&rsquo;entrer au barreau. Le b&acirc;tonnier de l&rsquo;ordre des avocats de Toulouse, le b&acirc;tonnier de l&rsquo;ordre des avocats de Paris, m&rsquo;ont fait savoir qu&rsquo;il ne s&rsquo;y fit point inscrire.&nbsp;&raquo; &Agrave; Paris, il se &laquo;&nbsp;passionn[e] surtout pour la &quot;tachygraphie&quot;, un syst&egrave;me d&rsquo;&eacute;criture rapide&nbsp;&raquo;. Et le voil&agrave; tout &agrave; coup arriv&eacute; en Belgique&nbsp;: &laquo;&nbsp;Faure fit donc, au Congr&egrave;s, le compte rendu des s&eacute;ances pour l&rsquo;&quot;Union Belge&quot;.&nbsp;&raquo;<a href="#nbp54" id="footnoteref54_2u6rbtu" name="liennbp54" title="Ibidem, p. 1.">54</a> On voit comment le portrait, sous la forme d&rsquo;une enqu&ecirc;te g&eacute;n&eacute;alogique incarn&eacute;e par le &laquo;&nbsp;je&nbsp;&raquo; du journaliste, permet d&rsquo;&eacute;crire la trajectoire de Marcellin Faure jusqu&rsquo;&agrave; la Belgique et de faire un sort dans le r&eacute;cit &agrave; ses racines fran&ccedil;aises. Ce portrait, ainsi que le r&eacute;cit de carri&egrave;re qui le suit, ont une fonction de cheville narrative pour l&#39;histoire du journal. Ils r&eacute;solvent le paradoxe de la cr&eacute;ation d&rsquo;un journal belge par un Fran&ccedil;ais. Autrement dit, ce portrait est la g&eacute;n&eacute;alogie d&rsquo;une adoption (celle de Faure par la Belgique)<a href="#nbp55" id="footnoteref55_29frc06" name="liennbp55" title="La transcription dans ce numéro anniversaire des hommages rendus à Marcellin Faure à sa mort confirment cette impression : il est rappelé qu’il a été « sincèrement dévoué au Roi et aux institutions de la Belgique, dont il fut en maintes occasions le zélé défenseur. […] Il avait mis au service de la cause constitutionnelle et de l’indépendance du pays le ferme bon sens dont il était doué et cet esprit de justice et de modération dont il a donné tant de preuves pendant sa longue et utile carrière. » (Philippe Bourson, cité par Arthur Boghaert-Vaché, ibidem, p. 2.)">55</a>, plus que d&rsquo;une naissance.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Une strat&eacute;gie d&rsquo;&eacute;criture de la filiation est aussi perceptible dans le num&eacute;ro &laquo;&nbsp;anniversaire&nbsp;&raquo; de <em>La Libre Belgique</em>. Propri&eacute;t&eacute; de la famille Jourdain, <em>Le Patriote</em>, quotidien commercial populaire d&rsquo;opinion catholique, dispara&icirc;t en 1915 du fait de la guerre et c&rsquo;est une <em>Libre Belgique</em> clandestine qui para&icirc;t le 1<sup>er</sup> f&eacute;vrier 1915, sous la direction secr&egrave;te de Victor Jourdain. Pendant la guerre, un groupe de catholiques se manifeste par l&rsquo;interm&eacute;diaire d&rsquo;un &laquo;&nbsp;alli&eacute; de la famille Jourdain&nbsp;&raquo; pour reprendre le titre de <em>La Libre Belgique.</em> Mourant, Victor Jourdain se voit contraint de d&eacute;cider ce que lui et son fr&egrave;re avaient toujours refus&eacute;, c&eacute;der leur journal et le faire para&icirc;tre non plus sous le titre originel du <em>Patriote</em>, mais sous celui de <em>La Libre Belgique</em>. L&rsquo;article fait alors le r&eacute;cit des tractations, qui sont de v&eacute;ritables pourparlers tels que l&rsquo;on pourrait en rencontrer lors de l&rsquo;alliance de deux familles : &laquo;&nbsp;Sur son lit de mort, questionn&eacute; une derni&egrave;re fois, presqu&rsquo;en rendant [son] dernier soupir, il c&eacute;da [&hellip;] et d&eacute;clara qu&rsquo;on pouvait s&rsquo;en [r&eacute;f&eacute;rer&nbsp;?], pour une d&eacute;cision &agrave; prendre, [&agrave;] l&rsquo;avis du cardinal Mercier.&nbsp;&raquo; Alors que les deux fr&egrave;res meurent en 1918, le tiers d&eacute;sign&eacute; pour r&eacute;gler la succession autorise la reprise du titre par le groupe de catholiques. Et l&rsquo;auteur de l&rsquo;article de conclure&nbsp;en avalisant la transmission du titre sur le plan des valeurs : &laquo;&nbsp;Victor et Louis Jourdain sont morts. Leurs successeurs sont p&eacute;n&eacute;tr&eacute;s du m&ecirc;me esprit qui les animaient [:] ils s&#39;efforcent de servir au mieux les int&eacute;r&ecirc;ts de la Religion et du Pays, ils conservent une ind&eacute;pendance un peu farouche...&nbsp;&raquo;<a href="#nbp56" id="footnoteref56_cdbojz9" name="liennbp56" title="[Anonyme], « La Libre Belgique, pourquoi nous avons adopté ce titre », La Libre Belgique, 1er et 2 janvier 1934, n° 1-2, p. 2.">56</a><br /> Rien n&rsquo;est dit sur le retour de Paul, l&rsquo;un des deux fils de Victor Jourdain, pass&eacute; en Angleterre pendant la guerre et qui prend finalement la direction du titre &laquo;&nbsp;au lendemain de la guerre&nbsp;&raquo;<a href="#nbp57" id="footnoteref57_rjx9zfr" name="liennbp57" title="André Gyselinx et Pierre Stephany, Quand « La Libre » s’appelait « Le Patriote ». 1884-1914, Paris, Gembloux, Éditions Duculot, 1984, p. 55.">57</a>. La transmission ainsi racont&eacute;e n&rsquo;est pas celle d&rsquo;un h&eacute;ritage familial mais celle d&rsquo;une alliance de principe entre une famille et un groupe de partisans de la cause catholique. Les num&eacute;ros jubilaires am&eacute;nagent la r&eacute;alit&eacute; de la transmission de l&rsquo;entreprise gr&acirc;ce &agrave; une lecture g&eacute;n&eacute;alogique des faits, la g&eacute;n&eacute;alogie &eacute;tant entendue comme un syst&egrave;me repr&eacute;sentationnel de l&rsquo;authenticit&eacute; d&rsquo;une filiation. Si la famille et les liens de sang sont une cl&eacute; de compr&eacute;hension et de promotion de l&rsquo;histoire du journal, ils permettent &eacute;galement d&rsquo;expliciter une transmission de valeurs et de contribuer &agrave; forger des identit&eacute;s professionnelles par-del&agrave; les g&eacute;n&eacute;rations.</p> <h2>Des g&eacute;n&eacute;alogies professionnelles&nbsp;: filiations et transmissions symboliques d&rsquo;identit&eacute;s professionnelles</h2> <h3>Permanence des id&eacute;aux et r&eacute;activation des valeurs fondatrices</h3> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Comme les g&eacute;n&eacute;alogistes qui s&rsquo;int&eacute;ressent &agrave; la transmission d&rsquo;une identit&eacute; familiale, les num&eacute;ros jubilaires sont le r&eacute;ceptacle d&rsquo;un discours sur la transmission de valeurs dans lequel l&rsquo;id&eacute;e de filiation permet de valider les orientations &eacute;ditoriales du journal. Frans Fischer &eacute;voque une fid&eacute;lit&eacute; aux principes originels du <em>Peuple</em>&nbsp;: &laquo;&nbsp;Un journal qui se respecte n&#39;a pas le droit de c&eacute;ler [<em>sic</em>] ni ses origines, ni ses ressources. Il ne doit surtout n&#39;avoir jamais &agrave; en rougir. Nous sommes fiers d&#39;habiter une maison b&acirc;tie par le sacrifice de la multitude des pauvres.&nbsp;&raquo;<a href="#nbp58" id="footnoteref58_8emqtyg" le="" name="liennbp58" peuple="" title="Frans Fischer, « MERCI. Ce que les travailleurs belges ont fait pour leur journal ">58</a><em> La Libre Belgique</em> insiste &agrave; plusieurs reprises sur le programme initial du <em>Patriote</em>. Celui-ci est r&eacute;imprim&eacute; dans le num&eacute;ro anniversaire de 1934&nbsp;: il appelait cinquante ans plus t&ocirc;t au &laquo;&nbsp;retour des traditions d&#39;union et de libert&eacute; de 1830&nbsp;&raquo; pour le r&eacute;tablissement des droits constitutionnels des citoyens et &agrave; la non-intervention de l&rsquo;&Eacute;tat &laquo;&nbsp;dans tous les actes les plus intimes de la vie morale des citoyens&nbsp;&raquo;<a href="#nbp59" id="footnoteref59_f54y2in" name="liennbp59" title="[Anonyme], « Comment naquit un grand journal », art. cit., p. 2.">59</a>. La ligne &eacute;ditoriale de <em>La Libre Belgique</em> est donc une r&eacute;activation des id&eacute;aux de 1830 qui ont &eacute;t&eacute; fix&eacute;s dans la Constitution belge. La solidit&eacute; id&eacute;ologique du journal est attest&eacute;e par les m&ecirc;mes fondations que celles de l&rsquo;&Eacute;tat belge.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Des articles comme les &laquo;&nbsp;&Eacute;ph&eacute;m&eacute;rides des Campagnes men&eacute;es par le <em>Peuple</em> depuis 1885&nbsp;&raquo;<a href="#nbp60" id="footnoteref60_lxefu1x" name="liennbp60" title="[Anonyme], « Éphémérides des Campagnes menées par le Peuple depuis 1885 », Le Peuple, 13 décembre 1925, n° 347, p. 3 &amp; 6.">60</a>, qui listent ann&eacute;e apr&egrave;s ann&eacute;e les combats dans lesquels s&rsquo;est engag&eacute;e la r&eacute;daction, ou &laquo;&nbsp;Les grandes enqu&ecirc;tes du Soir&nbsp;&raquo;, d&eacute;montrent en r&eacute;alit&eacute; beaucoup plus pr&eacute;cis&eacute;ment la permanence des valeurs que les d&eacute;clarations de principe &eacute;voqu&eacute;es pr&eacute;c&eacute;demment, celles-ci apparaissant peut-&ecirc;tre davantage comme une r&eacute;solution discursive du paradoxe inh&eacute;rent au journal, c&rsquo;est-&agrave;-dire un perp&eacute;tuel renouvellement qui doit pourtant assurer la permanence d&rsquo;une identit&eacute; &eacute;ditoriale. Voulant d&eacute;montrer que <em>Le Soir</em> a parfaitement rempli son devoir d&rsquo;informateur, un r&eacute;dacteur d&eacute;taille les grandes enqu&ecirc;tes men&eacute;es par les reporters &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger et conclut&nbsp;: &laquo;&nbsp;Ajouterons-nous que succ&egrave;s oblige et que demain, comme hier, le &laquo;&nbsp;Soir&nbsp;&raquo; sera pr&eacute;sent partout o&ugrave; quelque chose de neuf sera signal&eacute;, qu&rsquo;il continuera &agrave; tenir impartialement, compl&egrave;tement, ses lecteurs au courant des grands &eacute;v&eacute;nements internationaux.&nbsp;&raquo;<a href="#nbp61" id="footnoteref61_c6db4m3" name="liennbp61" soir="" title="[Anonyme], « Les grandes enquêtes du ">61</a><br /> <br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Cet affichage ostensible d&rsquo;une permanence des valeurs para&icirc;t &ecirc;tre le r&eacute;sultat d&rsquo;une injonction des discours de comm&eacute;moration retranscrits dans ces num&eacute;ros jubilaires&nbsp;: si l&rsquo;on comm&eacute;more les fondateurs, l&rsquo;on comm&eacute;more aussi les valeurs h&eacute;rit&eacute;es. La c&eacute;l&eacute;bration se transforme en &eacute;dification morale qui acte ainsi l&rsquo;impossibilit&eacute; de se d&eacute;partir d&rsquo;un h&eacute;ritage familial et engage les journalistes dans leur attachement &agrave; l&rsquo;entreprise&nbsp;:</p> <p><q><em>&nbsp;Messieurs, l&#39;exemple d&#39;&Eacute;mile Rossel et de son fils doit demeurer dans nos m&eacute;moires. Il illustre ce que peuvent r&eacute;aliser la volont&eacute; et la droiture humaines, unies dans une action pers&eacute;v&eacute;rante. &mdash; Vous ne les oublierez jamais, et surtout si nous traversions &agrave; nouveau des heures d&#39;&eacute;preuves, et si vous deviez vous-m&ecirc;me consentir des sacrifices, vous songerez, &agrave; ce qu&#39;ils furent pour vous. &mdash; Leur bont&eacute;, leur pr&eacute;occupation de vous consid&eacute;rer comme des amis, ces qualit&eacute;s bienfaisantes, vous les retrouverez chez leurs descendants. &mdash; Demain comme hier, faire partie de la Grande Famille du Soir, doit vous inspirer confiance et r&eacute;confort, ainsi qu&#39;affection et d&eacute;vouement ; tous les grands sentiments de la vie doivent &ecirc;tre r&eacute;ciproques<a href="#nbp62a" id="footnoteref62_0qsp58t" name="liennbp62a" title="M. Fuss, art. cit., p. 7.">62</a>. </em></q></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; L&rsquo;on peut conclure que la d&eacute;monstration d&rsquo;une fid&eacute;lit&eacute; est tout autant la cons&eacute;quence d&rsquo;une r&eacute;alit&eacute; historique (les titres de journaux ont bel et bien perdur&eacute;) qu&rsquo;une condition discursive de cette r&eacute;alit&eacute;&nbsp;: c&rsquo;est parce les journaux savent dire leur attachement aux valeurs de leurs fondateurs qu&rsquo;ils d&eacute;montrent leur capacit&eacute; &agrave; perdurer dans le champ m&eacute;diatique. Les num&eacute;ros jubilaires participent d&rsquo;une r&eacute;activation constante des valeurs qui justifie la mission d&rsquo;information des journaux &agrave; destination de publics qui leur restent ainsi attach&eacute;s par-del&agrave; les g&eacute;n&eacute;rations. La m&eacute;taphore de la filiation permet de <em>naturaliser</em> un processus qui est enti&egrave;rement socioculturel (la permanence d&rsquo;une ligne &eacute;ditoriale) et donc soumis &agrave; des changements id&eacute;ologiques. Comme l&rsquo;&eacute;voque Andr&eacute; Burgui&egrave;re dans son article qu&rsquo;il consacre &agrave; la g&eacute;n&eacute;alogie comme un des <em>Lieux de m&eacute;moire</em>,</p> <p><q><em>&nbsp;l&#39;anciennet&eacute; comporte aussi une autre signification. Elle ne traduit pas un pur d&eacute;sir de durer, une puissance biologique de la lign&eacute;e qui sous-tendrait sa puissance morale. Elle affirme un droit &agrave; demeurer l&agrave;, au sein de la bonne soci&eacute;t&eacute;, qui a &eacute;t&eacute; acquis par l&#39;anc&ecirc;tre responsable de l&#39;&eacute;tablissement [en un lieu] et confirm&eacute; par la suite gr&acirc;ce au maintien des qualit&eacute;s que la ville d&#39;accueil avait reconnues chez le nouvel arrivant. Ce r&eacute;cit g&eacute;n&eacute;alogique &eacute;nonce en forme de parabole un droit de bourgeoisie<a href="#nbp63" id="footnoteref63_ykcsesi" name="liennbp63" title="André Burguière, art. cit., p. 3895.">63</a>. </em></q></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Se souvenir des valeurs fondatrices et retracer leur transmission &agrave; travers les portraits de plusieurs g&eacute;n&eacute;rations de journalistes, c&rsquo;est donc r&eacute;affirmer un droit de cit&eacute; dans le paysage belge francophone des ann&eacute;es 1930.</p> <h3>Les portraits, des lieux symboliques de la transmission d&rsquo;un h&eacute;ritage professionnel</h3> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Quelles sont donc les valeurs professionnelles admir&eacute;es chez les journalistes des ann&eacute;es 1850 et 1880&nbsp;? Une des mati&egrave;res essentielles des num&eacute;ros jubilaires est le portrait, textuel ou iconographique, de grandes figures du journalisme. Ces portraits sont envisag&eacute;s comme des mod&egrave;les de vertu journalistique&nbsp;: &laquo;&nbsp;Et je ne les &eacute;voquerai, en d&eacute;pit de l&#39;&eacute;motion qui nous &eacute;treint tous, que dans ce que leur existence magnifique eut d&#39;exemplaire et de r&eacute;confortant&nbsp;&raquo;<a href="#nbp62b" id="footnoteref62_94xees4" name="liennbp62b" title="M. Fuss, art. cit., p. 7.">62</a>, pr&eacute;cise le directeur du <em>Soir</em> &agrave; propos d&rsquo;&Eacute;mile Rossel et fils, quand son confr&egrave;re P. Wauwermans se souvient, pour <em>La Libre Belgique</em>, &laquo;&nbsp;de visages aim&eacute;s &mdash; dont des croix rappellent les noms et les exemples&nbsp;&raquo;<a href="#nbp37b" id="footnoteref37_rfc6043" name="liennbp37b" title="P. Wauwermans, art. cit., p. 1.">37</a>: le journaliste Moulinasse, dont Wauwermans se rappelle &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;rudition&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;criture nette&nbsp;&raquo; et qui ne &laquo;&nbsp;pactis[ait] ni avec l&rsquo;ennemi, ni avec l&rsquo;hypocrisie&nbsp;&raquo;&nbsp;; &laquo;&nbsp;Ryckmans &mdash; c&oelig;ur d&rsquo;or &mdash; qui &eacute;crivait &laquo;&nbsp;des chroniques sur tout, puis&eacute;es dans un fond in&eacute;puisable de souvenirs&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;encyclop&eacute;die vivante du journalisme&nbsp;&raquo;.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le portrait du r&eacute;dacteur en chef du <em>Soir</em> en 1937 est caract&eacute;ristique de la transfiguration de certains hommes de presse en personnalit&eacute;s tut&eacute;laires dans ces num&eacute;ros jubilaires. D&rsquo;Arsac (pseudonyme d&rsquo;Auguste Cavin) est encens&eacute; par le directeur du quotidien&nbsp;: il &eacute;tait un &laquo;&nbsp;journaliste document&eacute; et intr&eacute;pide&nbsp;&raquo; avant m&ecirc;me d&#39;entrer au <em>Soir</em>, lui qui a &eacute;crit dans le premier num&eacute;ro du journal le 3 d&eacute;cembre 1888. Il surpasse tous ses confr&egrave;res, &eacute;tant &agrave; la fois &laquo;&nbsp;inform&eacute; sur toutes les choses avec cette pr&eacute;cision scientifique&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;infiniment lettr&eacute;&nbsp;&raquo;. D&rsquo;un voyage au Br&eacute;sil, &laquo;&nbsp;il en avait gard&eacute; des visions aigu&euml;s des gouffres o&ugrave; l&#39;exploitation de l&#39;homme par l&#39;homme peut conduire la mis&egrave;re et la na&iuml;vet&eacute; humaines.&nbsp;&raquo; L&rsquo;exp&eacute;rience personnelle est &eacute;lev&eacute;e au rang de connaissance quasi philosophique de la nature humaine et est d&egrave;s lors affich&eacute;e comme une aptitude proprement journalistique, l&rsquo;&eacute;vocation du voyage exemplifiant le caract&egrave;re &laquo;&nbsp;document&eacute; et intr&eacute;pide&nbsp;&raquo; du journaliste. Lors de l&rsquo;affaire Dreyfus, &laquo;&nbsp;il fut parmi les hommes de c&oelig;ur de l&#39;&eacute;poque un des premiers clairvoyants qui alert&egrave;rent l&#39;opinion publique contre l&#39;effroyable erreur qu&#39;elle &eacute;tait en train de commettre&nbsp;&raquo; : le journaliste a &eacute;t&eacute; un visionnaire conscient de sa responsabilit&eacute; sociale. Il incarne une forme de parole &eacute;clair&eacute;e et impartiale qui caract&eacute;rise le m&eacute;tier de journaliste dans les repr&eacute;sentations. M. Fuss, directeur du <em>Soir</em>, est v&eacute;ritablement un pr&ecirc;tre devant ses fid&egrave;les qui leur permet d&rsquo;approcher cette figure tut&eacute;laire&nbsp;: &laquo;&nbsp;Qu&#39;il me soit permis [...] de me faire l&#39;interpr&egrave;te de l&#39;adoration unanime dont il est ici l&#39;objet&nbsp;&raquo;. Les qualit&eacute;s proprement journalistiques sont alors indistinctement fondues dans un discours satur&eacute; d&rsquo;un lexique religieux. D&rsquo;Arsac semble &ecirc;tre une ic&ocirc;ne dont &laquo;&nbsp;le pur acier de son &acirc;me ne s&#39;est pas terni. Il brille aujourd&#39;hui d&#39;un &eacute;clat plus impressionnant encore&nbsp;&raquo;, et &laquo;&nbsp;sa plume lance toujours les &eacute;tincelles de la jeunesse&nbsp;&raquo;. Du point de vue de l&rsquo;identit&eacute; professionnelle, une telle repr&eacute;sentation favorise l&rsquo;id&eacute;e que l&rsquo;expertise journalistique ne s&rsquo;explique pas clairement et r&eacute;sulte d&rsquo;une sorte d&rsquo;alchimie ou du &laquo;&nbsp;rayonnement&nbsp;&raquo;<a href="#nbp62c" id="footnoteref62_2r0dbq3" name="liennbp62c" title="M. Fuss, art. cit., p. 7.">62</a> de l&rsquo;&acirc;me qui donne ses lettres de noblesse et sa puissance &agrave; l&rsquo;&eacute;criture journalistique. Ce portrait signale qu&rsquo;on ne devient pas journaliste, on l&rsquo;est dans son &acirc;me et par une sacralisation par ses pairs&nbsp;<a href="#nbp64" id="footnoteref64_y6mpn97" name="liennbp64" title="M. Fuss emploie la même idée d’une connaissance innée pour parler de la science du fils du fondateur du Soir, Victor Rossel, qui semble recevoir par le sang ses aptitudes journalistiques : « Les hommes et les machines l'avaient vu enfant... Il avait acquis sa science de la technique du journalisme, encore en culottes courtes. Nul n'avait dû se préoccuper de lui enseigner la tradition de la Maison ; il était cette tradition même, cette tradition d'honneur faite homme. » (Idem, p. 7.) Cette identité professionnelle est complémentaire à une autre représentation selon laquelle le journalisme s’apprend, notamment dans un lieu comme l’Institut pour journalistes à Bruxelles.">64</a>.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; D&rsquo;autres portraits soulignent l&rsquo;incroyable force de travail dont certains fondateurs&nbsp;ont fait preuve&nbsp;: &laquo;&nbsp;Faure, d&rsquo;ailleurs, se d&eacute;vouait tout entier &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre. Il passait ses journ&eacute;es dans son cabinet, faisant l&rsquo;&quot;&Eacute;toile Belge&quot; avec la seule pr&eacute;occupation, chaque jour, de ce que le public dirait [&hellip;]&nbsp;&raquo;<a href="#nbp65a" id="footnoteref65_lsge0jw" name="liennbp65a" title="Arthur Boghaert-Vaché, s. t., L’Étoile belge, 20 décembre 1925, n° 353, supplément, p. 2.">65</a>. La polyvalence est la qualit&eacute; principale du patron de presse&nbsp;: &laquo;&nbsp;Pendant vingt-cinq ans, de 1887 &agrave; 1912, &Eacute;mile Rossel fut sur la br&egrave;che. C&#39;&eacute;tait un travailleur inlassable. Administration, r&eacute;daction, il menait tout de front. C&#39;&eacute;tait un homme dou&eacute; d&#39;un sang-froid et d&#39;un bon sens sans pareils.&nbsp;&raquo; Son fil Victor a fait preuve de la m&ecirc;me opini&acirc;tret&eacute; : &laquo;&nbsp;Gr&acirc;ce &agrave; une puissance de travail consid&eacute;rable, il r&eacute;ussit &agrave; mener sa t&acirc;che &agrave; bonne fin.&nbsp;&raquo;<a href="#nbp66" id="footnoteref66_hfsczgz" name="liennbp66" soir="" title="[Collectif], « Les deux fondateurs du ">66</a> Ce sont des hommes dont on dit qu&rsquo;ils &laquo;&nbsp;connaiss[ent] le &quot;m&eacute;tier&quot;&nbsp;&raquo; et qu&rsquo;ils ont &laquo;&nbsp;en plus l&#39;instinct et l&#39;amour du journalisme.&nbsp;&raquo;<a href="#nbp62d" id="footnoteref62_i0cqr5l" name="liennbp62d" title="M. Fuss, art. cit., p. 7.">62</a> Comme D&rsquo;Arsac &eacute;tait &laquo;&nbsp;document&eacute;&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;lettr&eacute;&nbsp;&raquo;, Marcellin Faure &eacute;tait &laquo;&nbsp;instruit, &eacute;l&eacute;gant, nourri de fortes &eacute;tudes, [il] connaissait &agrave; fond la politique de la France et celle de la Belgique, qu&rsquo;il avait suivi de tr&egrave;s pr&egrave;s depuis 1830.&nbsp;&raquo;<a href="#nbp65b" id="footnoteref65_b5f6u1b" name="liennbp65b" title="Arthur Boghaert-Vaché, s. t., L’Étoile belge, 20 décembre 1925, n° 353, supplément, p. 2.">65</a><br /> <br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Au-del&agrave; de la circulation des motifs, la mise en s&eacute;rie des portraits des membres d&rsquo;une m&ecirc;me entreprise de presse fait na&icirc;tre l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;un h&eacute;ritage continu&eacute; et d&eacute;ploy&eacute; sur plusieurs g&eacute;n&eacute;rations, soit l&rsquo;id&eacute;e m&ecirc;me du progr&egrave;s. Alfred-Casimir Madoux, directeur de <em>L&rsquo;&Eacute;toile belge</em> en 1878 &laquo;&nbsp;&eacute;largit, assouplit et perfectionna l&#39;instrument qu&#39;il tenait des mains paternelles, modernisant l&#39;organisation du journal, cr&eacute;ant des rubriques, s&#39;entourant de collaborateurs dont il avait flair&eacute; les aptitudes et dont il excitait les talents, communiquant &agrave; toute la maison l&#39;&eacute;lan et l&#39;ardeur de sa nature.&nbsp;&raquo; La repr&eacute;sentation familiale assure finalement la stabilit&eacute; de l&rsquo;entreprise et l&rsquo;attachement de son personnel&nbsp;: &laquo;&nbsp;Quand il disparut, son fils lui succ&eacute;da comme lui-m&ecirc;me avait succ&eacute;d&eacute; &agrave; son p&egrave;re. Le troisi&egrave;me Madoux a recueilli et d&eacute;velopp&eacute; l&#39;&oelig;uvre de sa famille. Il est rest&eacute; fid&egrave;le aux traditions de la maison et, comme son p&egrave;re, il est aussi notre patron.&nbsp;&raquo;<a href="#nbp67" id="footnoteref67_obapa6p" name="liennbp67" title="[Anonyme], « Le deuxième Madoux », L’Étoile belge, 20 décembre 1925, n° 353, supplément, p. 2.">67</a> L&rsquo;identit&eacute; journalistique dans ces num&eacute;ros jubilaires est en r&eacute;alit&eacute; bien plus en prise sur les figures de patrons de presse que sur les journalistes des quotidiens, m&ecirc;me si ceux-ci sont ponctuellement &eacute;voqu&eacute;s.</p> <h3>Les le&ccedil;ons de journalisme des num&eacute;ros jubilaires&nbsp;: une identit&eacute; journalistique en actes</h3> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; En parall&egrave;le des hommages contenus dans les portraits, les num&eacute;ros jubilaires sont l&rsquo;occasion de diffuser un discours prescriptif qui r&eacute;gule l&rsquo;identit&eacute; id&eacute;ale du journaliste des ann&eacute;es 1920 et 1930. La fronti&egrave;re de l&rsquo;identit&eacute; journalistique est notamment celle qu&rsquo;elle partage avec l&rsquo;&eacute;crivain. En t&eacute;moigne le contraste entre la vision de <em>L&rsquo;&Eacute;toile belge</em> et celle du <em>Peuple</em>. Dans <em>L&rsquo;&Eacute;toile belge</em>, pour Arthur Boghart-Vach&eacute;, un bon journaliste en 1850 comme en 1925 ne pourrait pas se contenter d&rsquo;&ecirc;tre un tr&egrave;s bon &eacute;crivain&nbsp;:</p> <p><q><em>&nbsp;Celui qui sait &eacute;crire un article &agrave; loisir dans son cabinet, ciseler un feuilleton, faire le compte rendu d&rsquo;une c&eacute;r&eacute;monie, d&rsquo;une repr&eacute;sentation dramatique, peut &ecirc;tre un excellent &eacute;crivain, mais il n&rsquo;est pas ce qu&rsquo;on appelle un journaliste. Le journaliste doit savoir composer, au besoin, un journal &agrave; lui tout seul, depuis le titre jusqu&rsquo;au nom de l&rsquo;imprimeur. Il doit savoir tout ce qui se trouve dans les quatre pages, depuis les d&eacute;p&ecirc;ches jusqu&rsquo;aux annonces, s&rsquo;occuper de dix besognes &agrave; la fois, surveiller la correction, la mise en page, la mise sous presse, avoir l&rsquo;&oelig;il &agrave; tout, pr&eacute;venir le plus l&eacute;ger retard, &eacute;viter les erreurs et au besoin en tirer parti, mettre &agrave; profit la science et le concours de tout le monde, faire quelque chose avec rien, &ecirc;tre toujours au poste et ne jamais bouder l&rsquo;ouvrage&hellip; Le journaliste doit &ecirc;tre au courant de tout, savoir tout saisir et tout appr&eacute;cier, avoir des notions g&eacute;n&eacute;rales de toutes choses, pouvoir r&eacute;pondre &agrave; toutes les demandes, avoir un arsenal de ressources pour toutes les situations, savoir ob&eacute;ir lorsqu&rsquo;il est en sous-ordre, savoir commander s&rsquo;il est chef&nbsp;<a href="#nbp68" id="footnoteref68_e8x7px9" name="liennbp68" title="Arthur Boghaert-Vaché, « Sept années de la vie d’un journal », L’Étoile belge, 20 décembre 1925, n° 353, supplément, p. 2.">68</a>. </em></q></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; La multiplicit&eacute; des missions &agrave; r&eacute;aliser distinguerait le journaliste de l&rsquo;&eacute;crivain. Or, en 1925, la sp&eacute;cialisation des t&acirc;ches au sein du journal est bien avanc&eacute;e, comme en t&eacute;moigne les nombreuses photographies des diff&eacute;rents ateliers et services des maisons de presse dans les num&eacute;ros jubilaires. C&rsquo;est donc une diff&eacute;renciation des deux m&eacute;tiers qui est toute symbolique plus que r&eacute;aliste mais qui n&rsquo;en construit pas moins les fronti&egrave;res d&rsquo;un imaginaire du groupe professionnel des journalistes. C&rsquo;est l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t pour la fabrication technique du journal qui fonderait l&rsquo;identit&eacute; journalistique, d&rsquo;apr&egrave;s la prescription de Boghaert-Vach&eacute;, alors m&ecirc;me que tous les journalistes ne s&rsquo;occupent pas de mise en page ou d&rsquo;impression. La diff&eacute;rence de m&eacute;tier entre &eacute;crivain et journaliste r&eacute;siderait dans la capacit&eacute; &agrave; projeter son texte dans la forme du journal et son esprit dans les diverses rubriques du quotidien. Le journaliste serait celui qui ma&icirc;trise &agrave; tous les niveaux son support de communication&nbsp;; il est celui qui d&eacute;tient une comp&eacute;tence m&eacute;diatique ou, autrement dit, la ma&icirc;trise d&rsquo;une po&eacute;tique du journal.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Mais la figure de l&rsquo;&eacute;crivain n&rsquo;est pas pour autant d&eacute;finitivement repouss&eacute;e, puisqu&rsquo;elle permet aux r&eacute;dacteurs du <em>Peuple</em> de motiver leur ind&eacute;pendance r&eacute;dactionnelle en 1935&nbsp;: le Parti Ouvrier, dont <em>Le Peuple</em> est l&rsquo;organe officiel, les Coop&eacute;ratives et les Syndicats &laquo; ont compris qu&rsquo;ils ne pouvaient obtenir l&#39;&eacute;lan g&eacute;n&eacute;reux et spontan&eacute; de notre plume qu&#39;&agrave; la condition de respecter notre libert&eacute; d&#39;&eacute;crivain dont nous sommes fort ombrageux. C&#39;est pourquoi, jamais, ils n&#39;ont voulu nous traiter en valets de plume ni en courtisans&nbsp;&raquo;<a href="#nbp69" id="footnoteref69_nkoz85o" name="liennbp69" peuple="" title="[Anonyme], « Les fêtes du cinquantenaire du ">69</a>. La r&eacute;solution du conflit &eacute;thique qui se pose au journaliste engag&eacute; par la double mission de propagande pour le Parti Ouvrier et d&rsquo;information pour un large public, passe par la figure de l&rsquo;&eacute;crivain souverain sur sa propre expression. L&#39;image de l&rsquo;&eacute;crivain vient nourrir la figure du journaliste impartial et incorruptible&nbsp;<a href="#nbp70" id="footnoteref70_egsxa3l" name="liennbp70" title="La Libre Belgique, journal ouvertement catholique, confirme elle aussi l’importance de l’indépendance dans l’éthique journalistique par le truchement de la figure de la star : « Encourageons les journalistes qui obéissent à leur conscience. » « Il leur faut de la vertu pour subir une pluie de récriminations, alors qu'ils pourraient recueillir une pluie d'or. Un journaliste qui ne se laisse pas acheter touche moins pendant toute sa vie que tel cabotin ou telle star en quinze jours. » (Georges Hoornaert, « C’est chic ! », La Libre Belgique, 1er et 2 janvier 1934, n° 1-2, p. 2).">70</a> et permet aussi de diff&eacute;rencier le journaliste du publiciste ou du propagandiste.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Paradoxe&nbsp;: sans &ecirc;tre &eacute;crivain, le journaliste a en pourtant le talent litt&eacute;raire. Le directeur du <em>Soir</em> fait m&ecirc;me de cette qualit&eacute; l&rsquo;avenir du journalisme dans un discours prescriptif qui r&eacute;gule l&rsquo;&eacute;criture journalistique et ses genres&nbsp;:</p> <p><q><em>&nbsp;L&#39;information, l&#39;explication et le commentaire doivent plus que jamais &ecirc;tre color&eacute;s par la personnalit&eacute;, l&#39;originalit&eacute; et, n&#39;ayons pas peur de l&#39;exiger, par le talent litt&eacute;raire. </em></q></p> <p><q><em>&nbsp;Plus de relations omnibus. &Agrave; la porte, Monsieur Communiqu&eacute; ; au panier, le papier r&eacute;dig&eacute; en style proc&egrave;s-verbal. Et pas de complaisance pour le copain qui veut faire passer sa prose dans le journal et ne sait pas &eacute;crire. </em></q></p> <p><q><em>&nbsp;Il n&#39;est d&#39;ailleurs pas de rubrique mineure. On peut mettre autant d&#39;int&eacute;r&ecirc;t, de style, d&#39;&eacute;motivit&eacute;, de cran ou d&#39;humeur, voire de philosophie dans la relation d&#39;un &quot;Fait-Divers&quot; ou d&#39;un match de rugby que dans la plus &eacute;blouissante des chroniques&nbsp;<a href="#nbp71" id="footnoteref71_1wyga3u" name="liennbp71" peuple="" title="Frans Fischer, « Il y a cinquante ans le ">71</a>. </em></q></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; D&rsquo;autres points permettent de donner corps &agrave; l&rsquo;identit&eacute; journalistique dans ces num&eacute;ros jubilaires, et principalement la responsabilit&eacute; sociale du journaliste, &laquo;&nbsp;le journaliste [&eacute;tant], en somme, un des principaux magistrats de la d&eacute;mocratie.&nbsp;&raquo;<a href="#nbp72" id="footnoteref72_e6bogzh" name="liennbp72" title="Louis de Brouckère, « Cinquante ans. Comment instruire en amusant et entraîner le lecteur vers la réflexion », Le Peuple, 15 et 16 décembre 1935, n° 349-350, p. 3. « Le rôle essentiellement critique de celui-ci est aussi indispensable [que celui de l'homme politique] pour la formation d'une opinion civique éclairée que l'intervention et les votes du député par la formation d'une résolution législative et gouvernementale judicieuse. Mais sa position et ses devoirs sont différents. [...] Il doit être un point d'appui moral, pour ceux-ci comme pour ceux-là, solide, permanent, [illisible], soustrait aux petites influences et aux hommes. » ([Collectif], « Cinquante ans… », La Libre Belgique, 1er et 2 janvier 1934, n° 1-2, p. 1).">72</a><br /> <br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Les num&eacute;ros jubilaires sont aussi un espace d&rsquo;affirmation et de r&eacute;gulation d&rsquo;une &eacute;thique et de pratiques journalistiques. Un article de D&rsquo;Arsac dans <em>Le Soir</em> du 31 d&eacute;cembre 1936 est &agrave; ce propos exemplaire. Les trois valeurs essentielles de son journal, &laquo;&nbsp;Neutralit&eacute; &ndash; Objectivit&eacute; &ndash; Impartialit&eacute;&nbsp;&raquo;, sont d&rsquo;abord d&eacute;finies&nbsp;: &laquo;&nbsp;La neutralit&eacute; d&#39;un journal doit &ecirc;tre entendue dans le sens d&#39;objectivit&eacute;, d&#39;impartialit&eacute;. On n&#39;est pas neutre devant l&#39;injustice, on n&#39;est pas neutre devant le crime.&nbsp;&raquo; Puis il d&eacute;ploie une le&ccedil;on de d&eacute;ontologie journalistique&nbsp;:</p> <p><q><em>&nbsp;Avec de la bonne foi, le respect d&#39;autrui et du talent, quand on en a, il est possible de discuter des probl&egrave;mes les plus ardus et les plus &eacute;pineux, sans froisser les honn&ecirc;tes gens. [&hellip;] </em></q></p> <p><q><em>&nbsp;Il est des v&eacute;rit&eacute;s qu&#39;il faut avoir le courage de dire. Ce faisant, on remplit un v&eacute;ritable devoir. </em></q></p> <p><q><em>&nbsp;[&hellip;] [L]a neutralit&eacute; du journal neutre ne doit pas consister &agrave; cacher les fautes de ceux-ci ou de ceux-l&agrave;<a href="#nbp47b" id="footnoteref47_znq6fdy" name="liennbp47b" title="D’Arsac, art. cit., p. 10.">47</a>. </em></q></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; D&rsquo;Arsac poursuit par un &laquo;&nbsp;classement des journaux&nbsp;&raquo;&nbsp;: il critique le &laquo;&nbsp;journal d&rsquo;un homme&nbsp;&raquo;, le &laquo;&nbsp;journal d&rsquo;opinion&nbsp;&raquo; et le &laquo;&nbsp;journal standardis&eacute;&nbsp;&raquo; (dans les pays &agrave; r&eacute;gime totalitaire), et met en valeur le &laquo;&nbsp;journal d&rsquo;information&nbsp;&raquo;, en comparant <em>Le Soir</em> au <em>Corriere della Sera</em> italien.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Sont alors d&eacute;battues dans le paysage de la presse belge des ann&eacute;es 1930 l&rsquo;id&eacute;e de la neutralit&eacute; dans la r&eacute;daction du journal, ainsi que celle de la partition entre opinion et information. Pour D&rsquo;Arsac, il s&rsquo;agit donc de positionner <em>Le Soir</em> dans cet &eacute;cosyst&egrave;me qui se donne de nouvelles r&egrave;gles. En 1935, lors de l&rsquo;Exposition universelle et internationale de Bruxelles, Joseph Demarteau, pr&eacute;sident de l&rsquo;Union des Journaux Catholiques de Belgique, affirme que &laquo;&nbsp;la neutralit&eacute; ainsi con&ccedil;ue ne comporte pas, pour le journal, une renonciation &agrave; formuler un avis : en dehors de ces domaines r&eacute;serv&eacute;s, combien reste-t-il encore d&#39;id&eacute;es &agrave; d&eacute;fendre ou &agrave; combattre !&nbsp;&raquo; Cette construction d&rsquo;une neutralit&eacute; journalistique compatible avec la formulation d&rsquo;un jugement est le r&eacute;sultat de l&rsquo;&eacute;volution de la place de l&rsquo;information dans le journal&nbsp;:</p> <p><q><em>&nbsp;Le souci de certains directeurs a m&ecirc;me &eacute;t&eacute; plus loin [&hellip;], ils ont, au cours de ces derni&egrave;res ann&eacute;es, d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment att&eacute;nu&eacute; leur mentalit&eacute; de journal d&#39;opinion, s&#39;int&eacute;ressant de moins en moins aux luttes d&#39;id&eacute;es et notamment aux querelles de parti : ainsi les avantages pris par l&#39;information sur l&#39;opinion ne se marquent plus seulement sur une question d&#39;emplacement plus ou moins large ; ils se traduisent par une modification dans le caract&egrave;re m&ecirc;me de plusieurs journaux importants. </em></q></p> <p><q><em>&nbsp;La presse, fond&eacute;e nagu&egrave;re pour l&#39;information, bient&ocirc;t r&eacute;quisitionn&eacute;e par l&#39;opinion, puis reprise peu &agrave; peu par l&#39;information, va-t-elle longtemps encore accentuer son &eacute;volution dans ce dernier sens&nbsp;<a href="#nbp73" id="footnoteref73_m9qxa2c" name="liennbp73" title="Joseph Demarteau, « Presse d’opinion et presse d’information », 1935. Bulletin officiel de l’exposition universelle et internationale de Bruxelles, février 1935, no 20, p. 101.">73</a>? </em></q></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; La neutralit&eacute; journalistique telle que formul&eacute;e par un Demarteau ou un D&rsquo;Arsac tente de r&eacute;soudre l&rsquo;ambivalente mission du journal moderne. Mais la r&eacute;affirmation de la neutralit&eacute; assortie de la possibilit&eacute; de jugement sonne diff&eacute;remment sous la plume de D&rsquo;Arsac &agrave; la veille de 1937&nbsp;: la Belgique a connu depuis novembre 1935 la mont&eacute;e du mouvement rexiste, emmen&eacute; par L&eacute;on Degrelle, qui tente une r&eacute;g&eacute;n&eacute;ration du Parti catholique. Cette intervention dans la politique belge est violente et spectaculaire. La presse belge est alors contrainte &agrave; des prises de positions complexes, la presse catholique &eacute;tant la premi&egrave;re g&ecirc;n&eacute;e par l&rsquo;irruption de ce r&eacute;formateur<a href="#nbp74" id="footnoteref74_21fn2bg" name="liennbp74" title="Le programme du mouvement d’extrême-droite de Léon Degrelle est d’épurer le Parti catholique, de dévoiler les scandales politico-financiers et de réformer l’État. Il cherche la « propreté » et veut « chasser les pourris » (Renée Grabinier, « La montée du Rexisme : étude de la presse bruxelloise non rexiste, octobre 1935-mai 1936 », Res Publica, vol. XI, no 4, 1969, p. 717‑756.)">74</a>. Pour D&rsquo;Arsac au <em>Soir</em>, red&eacute;finir en d&eacute;cembre 1936 la neutralit&eacute; comme une forme d&rsquo;engagement envers la v&eacute;rit&eacute; et r&eacute;affirmer la valeur du journal d&rsquo;information pour la formation de l&rsquo;opinion publique, c&rsquo;est rappeler des principes d&eacute;ontologiques questionn&eacute;s par la mont&eacute;e du rexisme. Ce rappel n&rsquo;est pas purement symbolique, il est avant tout pragmatique. D&egrave;s lors, le manuel qu&rsquo;il fournit &agrave; ses journalistes dans la suite de son article, titr&eacute; &laquo;&nbsp;Directives&nbsp;&raquo;, est l&rsquo;explicitation concr&egrave;te d&rsquo;une marche &agrave; suivre qui est plus que jamais d&rsquo;actualit&eacute;. Elle assoit aussi la cr&eacute;dibilit&eacute; du journal aupr&egrave;s des lecteurs&nbsp;:</p> <p><q><em>&nbsp;Rien nier &laquo;&nbsp;a priori&nbsp;&raquo;. Rien admettre sans preuves. &Agrave; l&#39;annonce d&#39;une nouvelle douteuse, d&#39;une d&eacute;couverte d&eacute;concertante, au lieu de s&#39;&eacute;crier tout d&#39;abord : &laquo;&nbsp;C&#39;est impossible ! C&#39;est absurde !&nbsp;&raquo;, dites-vous : &laquo;&nbsp;Et si c&#39;&eacute;tait vrai ?&nbsp;&raquo; Souvenez-vous que presque toutes les d&eacute;couvertes, toutes les inventions ont &eacute;t&eacute; ni&eacute;es.&nbsp;[&hellip;] </em></q></p> <p><q><em>&nbsp;Le t&eacute;moin peut varier, se tromper de la meilleure foi du monde<a href="#nbp75" id="footnoteref75_3doqhgu" name="liennbp75" title="D’Arsac, art. cit., p. 10-11.">75</a>. </em></q></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; L&#39;anniversaire de la fondation du <em>Soir</em> est l&#39;occasion d&#39;un partage avec les lecteurs d&#39;un savoir-faire, &agrave; tel point que l&#39;on peut se demander si les lecteurs ne sont pas consid&eacute;r&eacute;s comme des journalistes en puissance. La mission de formation du public est assum&eacute;e par une s&eacute;rie de bonnes pratiques exemplifi&eacute;es. L&rsquo;&eacute;criture g&eacute;n&eacute;alogique de l&rsquo;histoire de l&rsquo;entreprise de presse permet de construire une identit&eacute; professionnelle du journaliste qui se transmet de g&eacute;n&eacute;ration en g&eacute;n&eacute;ration. Les valeurs qui fondent cette identit&eacute; sont constamment convoqu&eacute;es pour souligner la puissance des fondations du journal et donner une l&eacute;gitimit&eacute; et une coh&eacute;rence historique aux pratiques journalistiques. Mais &agrave; travers ce r&eacute;cit mythique et consensuel de l&rsquo;&eacute;volution d&rsquo;une entreprise de presse, se dessinent en creux d&rsquo;autres identit&eacute;s professionnelles que celles d&rsquo;un journaliste fondateur travailleur et visionnaire. Les relations professionnelles ne sont pas enti&egrave;rement solubles dans une repr&eacute;sentation g&eacute;n&eacute;alogique.</p> <h2>Conclusion&nbsp;: patrons, r&eacute;dacteurs et employ&eacute;s&nbsp;: repr&eacute;sentations textuelles et graphiques d&rsquo;identit&eacute;s professionnelles en concurrence&nbsp;?</h2> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Les num&eacute;ros jubilaires t&eacute;moignent d&rsquo;une conscience discursive&nbsp;de l&rsquo;histoire collective d&rsquo;une entreprise de presse, qui sc&eacute;narise dans ses propres pages, ses acteurs, ses pratiques et ses valeurs. Peut-&ecirc;tre est-ce l&agrave;, dans l&rsquo;utilisation du cadre repr&eacute;sentationnel primitif qu&rsquo;est le mod&egrave;le familial, la concr&eacute;tisation journalistique d&rsquo;une condition discursive n&eacute;cessaire &agrave; la r&eacute;gulation du statut de journaliste professionnel en Belgique francophone. &Agrave; la question de savoir qui est journaliste et qui ne l&rsquo;est pas, les num&eacute;ros jubilaires r&eacute;pondent qu&rsquo;un journaliste est celui qui appartient &agrave; une entreprise de presse (&agrave; un collectif) et ne fait pas ce m&eacute;tier en dilettante&nbsp;; il occupe un poste pr&eacute;cis dans l&rsquo;entreprise, et par cons&eacute;quent il a droit &agrave; son portrait-vignette dans le num&eacute;ro &laquo;&nbsp;anniversaire&nbsp;&raquo; du journal pour lequel il travaille. Un individu est aussi journaliste en tant qu&rsquo;il h&eacute;rite son savoir-faire d&rsquo;un ensemble de valeurs et de pratiques ancestrales (m&ecirc;mes si elles n&rsquo;ont que quelques d&eacute;cennies), dont la r&eacute;ussite &eacute;conomique du journal et la lecture g&eacute;n&eacute;alogique de l&rsquo;histoire en attestent le bien-fond&eacute; et l&rsquo;efficacit&eacute;.<br /> &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Mais &agrave; travers ces g&eacute;n&eacute;alogies pseudo-familiales d&rsquo;entreprises de presse se jouent d&rsquo;autres liens que ceux polic&eacute;s, aim&eacute;s et ordonn&eacute;s de la parent&eacute; &mdash; r&eacute;elle ou imagin&eacute;e &mdash; qui structure un collectif. Si l&rsquo;id&eacute;e de famille fait sens et appara&icirc;t comme un enjeu de communication d&rsquo;entreprise, elle attire aussi l&rsquo;attention, en sous-main, sur un enjeu interne de diff&eacute;renciation des m&eacute;tiers et de hi&eacute;rarchisation des statuts au sein de la production du journal. Si l&rsquo;entreprise a recours &agrave; la m&eacute;taphore des liens de parent&eacute; et &agrave; l&rsquo;imaginaire m&eacute;diatique de la photographie de famille pour v&eacute;hiculer une image valorisante de ses activit&eacute;s, c&rsquo;est bien parce qu&rsquo;elle est structur&eacute;e selon des logiques qui ne sont pas celles de l&rsquo;unit&eacute; familiale, mais des rapports professionnels. &laquo;&nbsp;Faire famille&nbsp;&raquo; appara&icirc;t comme un enjeu discursif paradoxal au moment o&ugrave; se cr&eacute;&eacute; une presse sp&eacute;cialis&eacute;e diff&eacute;renci&eacute;e pour journalistes et pour patrons de presse<a href="#nbp76" id="footnoteref76_om09b86" name="liennbp76" title="En 1920 est créé Le Journaliste, « véritable organe des groupements professionnels de la presse quotidienne. Il s’adresse aux collaborateurs et rédacteurs à l’exclusion des directeurs désormais réunis, pour cause d’intérêts de classe divergents – autre manifestation de la hiérarchisation et donc de la structuration de la profession – dans une Association belge des éditeurs de journaux ayant La Presse pour périodique d’information. » (Pierre Van Den Dungen, art. cit., p. 644.)">76</a>. Ainsi, une place pr&eacute;pond&eacute;rante est accord&eacute;e dans les num&eacute;ros jubilaires aux figures de directeurs et de r&eacute;dacteurs en chef. <em>La Libre Belgique</em> ne donne par exemple aucune repr&eacute;sentation de ses ateliers ou de ses ouvriers. Le discours se concentre sur les fr&egrave;res fondateurs et sur quelques figures de journalistes pr&eacute;sent&eacute;s dans leur rapport &agrave; l&rsquo;&eacute;criture<a href="#nbp77" id="footnoteref77_qu70uqb" name="liennbp77" title="P. Wauwermans, art. cit., p. 1. Un certain Ryckmans est décrit « griffonnant sur des revers d'enveloppes, des fragments de lettres de faire part, et, qui sait, peut-être même des billets de tramways, des chroniques sur tout, puisées dans un fond inépuisable de souvenirs » ; en un mot, il était « l'encyclopédie vivante du journalisme ».">77</a>, ce qui laisse impens&eacute; tout un collectif de collaborateurs et d&rsquo;ouvriers indispensable &agrave; sa fabrication. Lorsque les ateliers sont mentionn&eacute;s, ce ne sont que les chefs qui r&eacute;coltent les lauriers<a href="#nbp78" id="footnoteref78_cctdmmx" name="liennbp78" title="Le numéro anniversaire fait mention des décorations décernées par le Roi à un directeur d'administration, un chef de service, un chef d'atelier, un chef clicheur et un chef conducteur de rotative ([Anonyme], « Distinctions honorifiques », La Libre Belgique, 1er et 2 janvier 1934, n° 1-2, p. 3).">78</a>. Le groupe professionnel des journalistes de <em>La Libre Belgique</em> est donc r&eacute;duit &agrave; ses fonctions les plus symboliques et prestigieuses. Derri&egrave;re l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une famille compos&eacute;e de quelques grands journalistes, le lecteur peut donc percevoir une stricte hi&eacute;rarchisation des fonctions et une valorisation dans l&rsquo;imaginaire collectif de la figure du journaliste&nbsp;au d&eacute;triment de subalternes. <em>Le Soir</em> laisse en revanche une grande place &agrave; la repr&eacute;sentation des employ&eacute;s, m&ecirc;me si ceux-ci ne b&eacute;n&eacute;ficient pas d&rsquo;une mise en lumi&egrave;re &agrave; la hauteur des journalistes et des fondateurs. La hi&eacute;rarchisation des statuts d&eacute;crit la sp&eacute;cialisation des m&eacute;tiers valoris&eacute;e par la photographie [illustration 5].</p> <figure> <p style="text-align: center;"><img alt="" data-entity-type="" data-entity-uuid="" height="683" src="https://alepreuve.org/sites/default/files/Vidalenche%205.jpg" width="500" /></p> <figcaption> <p style="text-align: center;">Illustration 5 &laquo;&nbsp;Le &quot;marbre&quot;&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;Vue d&#39;ensemble des linotypes&nbsp;&raquo; et deux portraits, le &laquo;&nbsp;chef d&#39;atelier&nbsp;&raquo; et le &laquo;&nbsp;sous-chef d&#39;atelier&nbsp;&raquo;,<br /> <em>Le Soir</em>, 1<sup>er</sup> janvier 1937, n&deg;&nbsp;1, p.&nbsp;9, coll. KBR, Section des journaux et des m&eacute;dias contemporains.</p> </figcaption> </figure> <p><em>Le Peuple</em> insiste quant &agrave; lui sur l&rsquo;&eacute;gale importance de chaque membre du personnel, &laquo;&nbsp;sans faire de distinction entre eux, ne songeant qu&#39;aux services rendus par chacun dans la mesure de ses capacit&eacute;s, les englobant tous dans le m&ecirc;me sentiment de gratitude&nbsp;&raquo;<a href="#nbp79" id="footnoteref79_x7znk30" name="liennbp79" title="[Anonyme], « In memoriam », Le Peuple, 14 décembre 1935, n° 348, p. 1.">79</a>, mais publie une liste hi&eacute;rarchis&eacute;e des disparus, des r&eacute;dacteurs en chef aux r&eacute;dacteurs. Ainsi, la communication d&rsquo;entreprise de presse produit une segmentation des identit&eacute;s professionnelles qui entame l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une coh&eacute;sion familiale dans le cas de <em>La Libre Belgique</em> mais qui la fortifie dans <em>Le Soir</em> puisqu&rsquo;elle d&eacute;montre la puissance organisatrice de l&rsquo;entreprise.</p> <p>Cette segmentation des identit&eacute;s professionnelles dans le monde du journalisme, lisible &agrave; travers les photographies des diff&eacute;rents services au sein de l&rsquo;entreprise et la c&eacute;l&eacute;bration des grandes figures patronales, para&icirc;t &ecirc;tre le r&eacute;sultat d&rsquo;une s&eacute;dimentation de valeurs et de pratiques continu&eacute;es de g&eacute;n&eacute;ration en g&eacute;n&eacute;ration, exprim&eacute;e sous la forme d&rsquo;un discours historique et patrimonial. Toutefois, le d&eacute;roulement &eacute;trangement t&eacute;l&eacute;ologique des r&eacute;cits g&eacute;n&eacute;alogiques invite &agrave; &ecirc;tre critique. Plut&ocirc;t que l&rsquo;affirmation d&rsquo;une continuit&eacute;, ces num&eacute;ros ne sont-ils pas plut&ocirc;t la c&eacute;l&eacute;bration de la conscience collective d&rsquo;une rupture avec le pass&eacute;, conscience de rupture n&eacute;cessaire &agrave; la stabilisation des fronti&egrave;res du groupe professionnel des journalistes (les amateurs du XIX<sup>e</sup> si&egrave;cle ne sont plus les bienvenus dans le groupe du XX<sup>e</sup> si&egrave;cle), au moment o&ugrave; toute une soci&eacute;t&eacute;, par ailleurs, se pense et se dit moderne ? Que sont ces reportages photographiques dans les ateliers, sinon la repr&eacute;sentation journalistique d&rsquo;une rupture technologique et professionnelle avec le pass&eacute;&nbsp;? Les num&eacute;ros jubilaires semblent ainsi r&eacute;ussir le tour de force d&rsquo;envisager le renouveau du journal dans l&rsquo;affichage d&rsquo;une permanence des valeurs et des identit&eacute;s journalistiques.</p> <p>&nbsp;</p> <hr /> <p><strong>Notes et r&eacute;f&eacute;rences :</strong></p> <p>&nbsp;</p> <p><strong>Bibliographie</strong></p> <p><strong><em>Corpus primaire</em></strong></p> <p><em>L&rsquo;&Eacute;toile belge</em>, 20-22 d&eacute;cembre 1925, n&deg; 353 et 354-355.</p> <p><em>La Libre Belgique</em>, 1-3 janvier 1934, n&deg;&nbsp;1 et 2-3.</p> <p><em>Le Peuple</em>, 13 d&eacute;cembre 1925, n&deg; 347&nbsp;; 5-17 d&eacute;cembre 1935, n&deg; 339-351.</p> <p><em>Le Soir</em>&nbsp;: 31 d&eacute;cembre 1936-2 et 3 janvier 1937, n&deg; 366 et n&deg; 1 de la nouvelle ann&eacute;e.</p> <p><strong><em>Sources critiques</em></strong></p> <p>Baland, Lionel, <em>L&eacute;on Degrelle et la presse rexiste</em>, Coulommiers, &Eacute;ditions D&eacute;terna, &laquo;&nbsp;Documents pour l&rsquo;Histoire&nbsp;&raquo;, 2008.</p> <p>Burgui&egrave;re, Andr&eacute;, &laquo;&nbsp;La g&eacute;n&eacute;alogie&nbsp;&raquo;, dans Pierre Nora (dir.), <em>Les Lieux de m&eacute;moire</em>, Paris, Gallimard, &laquo;&nbsp;Quarto&nbsp;&raquo;, vol. 3, 1997, p. 3879‑3907.</p> <p>Caron, Fran&ccedil;ois, &laquo;&nbsp;L&rsquo;entreprise&nbsp;&raquo;, dans Pierre Nora (dir.), <em>Les Lieux de m&eacute;moire</em>, Paris, Gallimard, &laquo;&nbsp;Quarto&nbsp;&raquo;, vol. 3, 1997, p. 3307‑3350.</p> <p>Delporte, Christian, Blandin, Claire et Robinet Fran&ccedil;ois (dir.), <em>Histoire de la presse en France. XX<sup>e</sup>-XXI<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cles</em>, Paris, Armand Colin, 2016.</p> <p>Demarteau, Joseph, &laquo;&nbsp;Presse d&rsquo;opinion et presse d&rsquo;information&nbsp;&raquo;, <em>1935. Bulletin officiel de l&rsquo;exposition universelle et internationale de Bruxelles</em>, n<sup>o</sup> 20, f&eacute;vrier 1935, p. 99‑101.</p> <p>Fischer, Frans, &laquo;&nbsp;Une vision de la presse belge&nbsp;&raquo;, <em>1935. Bulletin officiel de l&rsquo;exposition universelle et internationale de Bruxelles</em>, n<sup>o</sup> 20, f&eacute;vrier 1935, p. 95‑96.</p> <p>Geerkens, Eric, <em>La rationalisation de l&rsquo;industrie belge de l&rsquo;Entre-deux-guerres</em>, Bruxelles, Palais des Acad&eacute;mies, &laquo;&nbsp;Histoire quantitative et d&eacute;veloppement de la Belgique. 2e s&eacute;rie, XXe si&egrave;cle&nbsp;&raquo;, vol. 1, t. 3 &laquo;&nbsp;Les forces de production&nbsp;&raquo;, 2004.</p> <p>Gemis, Vanessa, &laquo;&nbsp;Femmes &eacute;crivains-journalistes (1880-1940) : questions de genre(s). Pistes de recherche et r&eacute;flexions autour de Marguerite Van de Wiele&nbsp;&raquo;, <em>Textyles. Revue des lettres belges de langue fran&ccedil;aise</em>, n<sup>o</sup> 39, d&eacute;cembre 2010, p. 39‑50.</p> <p>Gerard, Emmanuel, &laquo;&nbsp;La d&eacute;mocratie contest&eacute;e&nbsp;&raquo;, dans Caisse g&eacute;n&eacute;rale d&#39;&eacute;pargne et de retraite de Belgique, <em>Les Ann&eacute;es 30 en Belgique&nbsp;: la s&eacute;duction des masses</em>, Bruxelles, Caisse g&eacute;n&eacute;rale d&#39;&eacute;pargne et de retraite, 1994, p. 75-123.</p> <p>Grabinier, Ren&eacute;e, &laquo;&nbsp;La mont&eacute;e du Rexisme : &eacute;tude de la presse bruxelloise non rexiste, octobre 1935-mai 1936&nbsp;&raquo;, <em>Res Publica</em>, vol. XI, n<sup>o</sup> 4, 1969, p. 717‑756.</p> <p>Gubin, &Eacute;liane, &laquo;&nbsp;Les femmes d&rsquo;une guerre &agrave; l&rsquo;autre. R&eacute;alit&eacute;s et repr&eacute;sentations 1918-1940&nbsp;&raquo;, <em>Cahiers d&rsquo;histoire du temps pr&eacute;sent</em>, n<sup>o</sup> 4, 1998, p. 249‑281.</p> <p>Gyselinx, Andr&eacute; et Stephany, Pierre, <em>Quand &laquo;&nbsp;La Libre&nbsp;&raquo; s&rsquo;appelait &laquo;&nbsp;Le Patriote&nbsp;&raquo;. 1884-1914</em>, Paris, Gembloux, &Eacute;ditions Duculot, 1984.</p> <p>Reynebeau, Marc, &laquo;&nbsp;L&#39;homme sans qualit&eacute;s&nbsp;&raquo;, dans Caisse g&eacute;n&eacute;rale d&#39;&eacute;pargne et de retraite de Belgique, <em>Les Ann&eacute;es 30 en Belgique&nbsp;: la s&eacute;duction des masses</em>, Bruxelles, Caisse g&eacute;n&eacute;rale d&#39;&eacute;pargne et de retraite, 1994, p. 13-73.</p> <p>Ringoot, Roselyne et Rochard, Yvon, &laquo;&nbsp;Proximit&eacute; &eacute;ditoriale : normes et usages des genres journalistiques&nbsp;&raquo;, <em>Mots. Les langages du politique</em>, n&deg; 77, 2005, p. 73-90.</p> <p>Th&eacute;renty, Marie-&Egrave;ve, <em>Femmes de presse, femmes de lettres. De Delphine de Girardin &agrave; Florence Aubenas</em>, Paris, CNRS &eacute;ditions, 2019.</p> <p>Van den Dungen, Pierre, &laquo;&nbsp;La professionnalisation des journalistes belges francophones au XIX<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;&raquo;, <em>Revue belge de philologie et d&rsquo;histoire</em>, vol. 79, n<sup>o</sup> 2, 2001, p. 629‑644.</p> <p>Van den Dungen, Pierre, <em>Dictionnaire des journalistes belges</em>, dactylographi&eacute; et non publi&eacute;, conserv&eacute; par le LaPIJ (Universit&eacute; libre de Bruxelles), 2002.</p> <p>Van den Dungen, Pierre, <em>Milieux de presse et journalistes en Belgique (1828-1914)</em>, Bruxelles, Acad&eacute;mie Royale de Belgique, 2005.</p> <p>Wrona, Adeline, <em>Face au portrait : de Sainte-Beuve &agrave; Facebook</em>, Paris, Hermann, &laquo;&nbsp;Cultures num&eacute;riques&nbsp;&raquo;, 2012.</p> <p>&nbsp;</p> <hr /> <p><a href="#liennbp1" name="nbp1">1</a> P. Wauwermans, &laquo;&nbsp;Souvenirs d&rsquo;un collaborateur de la premi&egrave;re heure&nbsp;&raquo;, <em>La Libre Belgique</em>, 1<sup>er</sup> et 2 janvier 1934, n&deg; 1-2, p.&nbsp;1.</p> <p><a href="#liennbp2" name="nbp2">2</a> Lire &agrave; ce sujet Pierre Van den Dungen, &laquo;&nbsp;La professionnalisation des journalistes belges francophones au XIX<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;&raquo;, <em>Revue belge de philologie et d&rsquo;histoire</em>, vol. 79, n<sup>o</sup> 2, 2001, p.&nbsp;643‑644. Dans leur article sur la mise en place de la carte de presse en Belgique francophone, Florence Le Cam et C&eacute;dric Tant indiquent que l&rsquo;Association de la presse belge (APB), fond&eacute;e en 1885-1886 et qui tente de d&eacute;finir un statut de journaliste, &laquo;&nbsp;se transforme en 1929 en Association G&eacute;n&eacute;rale de la Presse Belge (AGPB)&nbsp;&raquo;, &agrave; un moment o&ugrave; la question du contrat de travail des journalistes divise. &laquo;&nbsp;En parall&egrave;le, les patrons cr&eacute;ent l&rsquo;Entente des directeurs de journaux bruxellois et la F&eacute;d&eacute;ration belge des directeurs de journaux de province (apr&egrave;s 1918).&nbsp;&raquo; F. Le Cam et C. Tant notent que &laquo;&nbsp;ces conditions mat&eacute;rielles d&rsquo;exercice du journalisme vont animer de nombreux d&eacute;bats internes au groupe professionnel. Les congr&egrave;s nationaux de la Presse Belge de 1921, 1923, 1924, 1925, 1928, 1929, 1930 abordent la question&nbsp;; enfin le congr&egrave;s de Spa-Verviers en 1937, en fait son objet principal&nbsp;: au statut mat&eacute;riel du journalisme est d&rsquo;ailleurs rattach&eacute;e la question de l&rsquo;Ordre des journalistes.&nbsp;&raquo; Finalement, &laquo;&nbsp;le premier contrat-type qui consacre notamment le repos hebdomadaire est cr&eacute;&eacute; en 1937, apr&egrave;s de longs pour-parlers [<em>sic</em>] entre l&rsquo;AGPB et les groupements de directeurs de journaux.&nbsp;&raquo; (Florence Le Cam et C&eacute;dric Tant, &laquo;&nbsp;Premiers pas de la carte de presse en Belgique francophone (1885-1966)&nbsp;&raquo;, <em>Le Temps des m&eacute;dias</em>, n<sup>o</sup> 30, printemps 2018, p. 204-205.) &Agrave; propos de la situation en France, Christian Delporte, Claire Blandin et Fran&ccedil;ois Robinet &eacute;crivent que &laquo;&nbsp;la crise des ann&eacute;es 1920 a [&hellip;] pour effet de rompre le mythe de la grande &quot;famille&quot; de la presse, en &eacute;loignant les journalistes des patrons de journaux&nbsp;&raquo;, les premiers faisant un &laquo;&nbsp;sentiment d&rsquo;appauvrissement&nbsp;&raquo;. &laquo;&nbsp;Le journaliste est d&rsquo;autant plus conduit &agrave; s&rsquo;interroger sur sa condition sociale que, contrairement aux ouvriers de l&rsquo;imprimerie, il ne b&eacute;n&eacute;ficie pas des avantages n&eacute;s des combats syndicaux et de la l&eacute;gislation sociale de l&rsquo;imm&eacute;diat d&rsquo;apr&egrave;s-guerre&nbsp;&raquo;&nbsp;; &laquo;&nbsp;socialement d&eacute;class&eacute;, il doit aussi subir le regard d&eacute;sapprobateur de la soci&eacute;t&eacute; choqu&eacute;e par la r&eacute;p&eacute;tition des scandales. Du coup, le journaliste n&rsquo;h&eacute;site plus &agrave; se d&eacute;marquer de son patron [&hellip;]&nbsp;&raquo;. En 1918&nbsp;na&icirc;t en France le Syndicat des journalistes, qui compte 1200 membres dix ans plus tard (Christian Delporte, Claire Blandin, Fran&ccedil;ois Robinet (dir.), <em>Histoire de la presse en France. XX<sup>e</sup>-XXI<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cles</em>, Paris, Armand Colin, 2016, p.88-90).</p> <p><a href="#liennbp3" name="nbp3">3</a> Eric Geerkens, <em>La rationalisation de l&rsquo;industrie belge de l&rsquo;Entre-deux-guerres</em>, Bruxelles, Palais des Acad&eacute;mies, &laquo;&nbsp;Histoire quantitative et d&eacute;veloppement de la Belgique. 2<sup>e</sup> s&eacute;rie, XX<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;&raquo;, vol. 1, t. 3 &laquo;&nbsp;Les forces de production&nbsp;&raquo;, 2004, p.&nbsp;502. &laquo;&nbsp;Pour l&rsquo;Entre-deux-guerres, nous n&rsquo;avons relev&eacute; que 24 titres de journaux propres &agrave; une entreprise&nbsp;&raquo; pr&eacute;cise l&rsquo;auteur. &laquo;&nbsp;La fin des ann&eacute;es &#39;20 conna&icirc;t une conjonction entre un engouement pour l&rsquo;organisation scientifique et une attention particuli&egrave;re port&eacute;e par le patronat aux r&eacute;alisations qui assurent la &quot;collaboration&quot; de classe [...]&nbsp;&raquo; (p.&nbsp;501-502).</p> <p><a href="#liennbp4" name="nbp4">4</a> Marc Reynebeau indique que dans les ann&eacute;es 1930, &laquo;&nbsp;la conviction se d&eacute;veloppa [en Belgique] que la presse ne pouvait plus rester une entreprise artisanale, mais devait se professionnaliser. Les innovations techniques (rotatives, h&eacute;liogravure, photogravure b&eacute;linographes) exigeaient de lourds investissements.&nbsp;&raquo; &Agrave; cette &eacute;poque, &laquo;&nbsp;la presse belge &eacute;tait essentiellement conservatrice&nbsp;: la tendance catholique occupait la premi&egrave;re place (deux douzaines de titres), suivie des journaux lib&eacute;raux&nbsp;&raquo;&nbsp;(M. Reynebeau, &laquo;&nbsp;L&rsquo;homme sans qualit&eacute;s&nbsp;&raquo;, dans Caisse g&eacute;n&eacute;rale d&#39;&eacute;pargne et de retraite de Belgique, <em>Les Ann&eacute;es 30 en Belgique&nbsp;: la s&eacute;duction des masses</em>, Bruxelles, Caisse g&eacute;n&eacute;rale d&#39;&eacute;pargne et de retraite, 1994, p. 45-46). Bien que n&eacute;e apr&egrave;s la premi&egrave;re guerre mondiale, <em>La Libre Belgique</em> f&ecirc;te ses cinquante ans en 1934 car elle est officiellement la suite du <em>Patriote</em>, cr&eacute;&eacute; en 1884 par Victor et Louis Jourdain, et qui rel&egrave;ve d&rsquo;une presse commerciale populaire d&rsquo;opinion catholique. <em>Le Patriote</em> se pr&eacute;sente comme le journal &laquo;&nbsp;d&rsquo;une famille ou d&rsquo;un petit clan&nbsp;&raquo;, d&rsquo;apr&egrave;s Pierre Van den Dungen, au lieu d&rsquo;&ecirc;tre &laquo;&nbsp;une &oelig;uvre de propagande catholique&nbsp;&raquo;, ce qui lui vaut les critiques d&rsquo;&eacute;minentes personnalit&eacute;s politiques et cl&eacute;ricales belges. <em>Le</em> <em>Patriote</em> tente d&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;imiter&nbsp;&raquo; l&rsquo;adversaire que repr&eacute;sente alors <em>L&rsquo;&Eacute;toile belge</em>, de tendance lib&eacute;rale (P. Van den Dungen, <em>Milieux de presse et journalistes en Belgique (1828-1914)</em>, Bruxelles, Acad&eacute;mie Royale de Belgique, 2005, p. 321-333). Celle-ci est fond&eacute;e en 1850 par le journaliste fran&ccedil;ais Marcellin Faure, qui a travaill&eacute; au d&eacute;veloppement d&rsquo;une presse gouvernementale nationale belge depuis les ann&eacute;es 1835. En 1858, la propri&eacute;t&eacute; du journal revient en partie &agrave; Denis Joseph Madoux, n&eacute; en France et issu du milieu des affaires (<em>Idem</em>, p. 48 et 69-72). Fond&eacute; en 1887, <em>Le Soir</em> est d&rsquo;abord un journal quotidien gratuit, financ&eacute; par les annonces. Il est l&rsquo;&oelig;uvre d&rsquo;&Eacute;mile Rossel, propri&eacute;taire d&rsquo;une entreprise de publicit&eacute;. Le quotidien populaire d&rsquo;information veut &ecirc;tre reconnu pour sa neutralit&eacute;, ce qui passe pour &ecirc;tre une &laquo;&nbsp;politique de combine&nbsp;&raquo; aux yeux des &laquo;&nbsp;d&eacute;fenseurs du journalisme d&rsquo;opinion&nbsp;&raquo; (<em>Ibidem</em>, p. 148). Quant au <em>Peuple</em>, journal de masse cr&eacute;&eacute; en 1885, il est l&rsquo;organe officiel du Parti Ouvrier Belge. Dans l&rsquo;entre-deux-guerres, le P.O.B. devient &laquo;&nbsp;aussi puissant que le parti catholique&nbsp;&raquo;&nbsp;et &laquo;&nbsp;particip[e] aux premiers gouvernements d&rsquo;union nationale&nbsp;&raquo; (Emmanuel Gerard, &laquo;&nbsp;La d&eacute;mocratie contest&eacute;e&nbsp;&raquo;, dans Caisse g&eacute;n&eacute;rale d&#39;&eacute;pargne et de retraite de Belgique, <em>Les Ann&eacute;es 30 en Belgique&nbsp;: la s&eacute;duction des masses</em>, p. 76). Le corpus est compos&eacute; des num&eacute;ros suivants&nbsp;: <em>L&rsquo;&Eacute;toile belge</em>&nbsp;: 20-22 d&eacute;cembre 1925, n&deg; 353 et 354-355. <em>Le Peuple</em>&nbsp;: 13 d&eacute;cembre 1925, n&deg; 347&nbsp;; 5-17 d&eacute;cembre 1935, n&deg; 339-351. <em>La Libre Belgique</em>&nbsp;: 1-3 janvier 1934, n&deg;&nbsp;1 et 2-3. <em>Le Soir</em>&nbsp;: 31 d&eacute;cembre 1936-2 et 3 janvier 1937, n&deg; 366 et n&deg; 1 de la nouvelle ann&eacute;e. Ils ont &eacute;t&eacute; num&eacute;ris&eacute;s et sont accessibles apr&egrave;s inscription sur le site <em>Belgicapress</em>, d&eacute;velopp&eacute; par la KBR (Biblioth&egrave;que royale de Belgique), que nous tenons &agrave; remercier pour les autorisations de reproductions accord&eacute;es pour cet article. URL&nbsp;: <a href="https://www.belgicapress.be/index.php">https://www.belgicapress.be/index.php</a> (consult&eacute; le 13 novembre 2020).</p> <p><a href="#liennbp5" name="nbp5">5</a> Adeline Wrona, <em>Face au portrait : de Sainte-Beuve &agrave; Facebook</em>, Paris, Hermann, &laquo;&nbsp;Cultures num&eacute;riques&nbsp;&raquo;, 2012, p.&nbsp;342.</p> <p><a href="#liennbp6" name="nbp6">6</a> [Anonyme], &laquo;&nbsp;Les 75 ans de &quot;L&rsquo;&Eacute;toile belge&quot;. La journ&eacute;e jubilaire&nbsp;&raquo;, <em>L&rsquo;&Eacute;toile belge</em>, 21 et 22 d&eacute;cembre 1925, n&deg;&nbsp;354-355, p.&nbsp;1.</p> <p><a href="#liennbp7" name="nbp7">7</a> [Anonyme], &laquo;&nbsp;La c&eacute;l&eacute;bration du cinquantenaire du &quot;Soir&quot;&nbsp;&raquo;, <em>Le Soir</em>, 2 et 3 janvier 1937, n&deg; 2-3, p. 7.</p> <p><a href="#liennbp8" name="nbp8">8</a> &laquo;&nbsp;La f&ecirc;te du 15 est une f&ecirc;te nationale, c&#39;est-&agrave;-dire qu&#39;elle est offerte aux repr&eacute;sentants de l&#39;ensemble de notre mouvement ouvrier du pays. Des invitations ont &eacute;t&eacute; envoy&eacute;es aux membres du Conseil d&#39;administration de &quot;La Presse Socialiste&quot; ; aux membres de notre personnel ; &agrave; nos correspondants et &agrave; nos pensionn&eacute; ; aux membres du Comit&eacute; national de presse et des comit&eacute;s de presse et de propagande des diverses f&eacute;d&eacute;rations ; aux repr&eacute;sentants des journaux socialistes belges et &eacute;trangers ; aux d&eacute;l&eacute;gu&eacute;s du Conseil g&eacute;n&eacute;ral du P.O.B., de la Commission Syndicale, de l&#39;Union nationale des F&eacute;d&eacute;rations de Mutualit&eacute;s, de Coop&eacute;ratives, des J.G.S., de la Centrale d&#39;&Eacute;ducation Ouvri&egrave;re; de la Centrale sportive, de Resef, du Comit&eacute; d&#39;Action f&eacute;minine, etc.&nbsp;&raquo; ([Anonyme], &laquo;&nbsp;Cinquanti&egrave;me Anniversaire du &quot;Peuple&quot;. Toutes les cartes pour la F&ecirc;te du &quot;Peuple&quot; sont en circulation&nbsp;&raquo;, <em>Le Peuple</em>, 8 d&eacute;cembre 1935, n&deg; 342, p. 1).</p> <p><a href="#liennbp9" name="nbp9">9</a> P. Wauwermans, art. cit., p. 2.</p> <p><a href="#liennbp10" name="nbp10">10</a><em> L&rsquo;&Eacute;toile belge</em> pr&eacute;sente son immeuble en Une du suppl&eacute;ment du 20 d&eacute;cembre 1925&nbsp;; <em>Le Peuple</em>, en Une du num&eacute;ro du 13 d&eacute;cembre 1925, puis &agrave; nouveau le 14 d&eacute;cembre 1935 et dans le num&eacute;ro des 15 et 16 d&eacute;cembre&nbsp;;&nbsp;<em>Le Soir</em>, en Une le 31 d&eacute;cembre 1936 &agrave; l&rsquo;aide de trois photographies (&laquo;&nbsp;L&#39;immeuble du &quot;Soir&quot;, rue d&#39;Isabelle, en 1887&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;La fa&ccedil;ade du &quot;Soir&quot;, rue Royale&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;La fa&ccedil;ade du &quot;Soir&quot;, place de Louvain, et les camions automobiles du service des transports&nbsp;&raquo;).</p> <p><a href="#liennbp11" name="nbp11">11</a><em> Idem</em>, p.&nbsp;2.</p> <p><a href="#liennbp12" name="nbp12">12</a> [Anonyme], &laquo;&nbsp;Les Disparus&nbsp;&raquo;, <em>Le Peuple</em>, 13 d&eacute;cembre 1925, n&deg; 347, p. 2.</p> <p><a href="#liennbp13" name="nbp13">13</a> Andr&eacute; Burgui&egrave;re, &laquo;&nbsp;La g&eacute;n&eacute;alogie&nbsp;&raquo;, dans Pierre Nora (dir.), <em>Les Lieux de m&eacute;moire</em>, Paris, Gallimard, &laquo;&nbsp;Quarto&nbsp;&raquo;, vol. 3, 1997, p.&nbsp;3887.</p> <p><a href="#liennbp14" name="nbp14">14</a> [Collectif], &laquo;&nbsp;Manifeste du Parti Ouvrier aux associations ouvri&egrave;res en 1885&nbsp;&raquo;, <em>Le Peuple</em>, 14 d&eacute;cembre 1935, n&deg; 348, p. 5.</p> <p><a href="#liennbp15" name="nbp15">15</a> Arthur Boghaert-Vach&eacute;, &laquo;&nbsp;La fondation de &quot;L&rsquo;&Eacute;toile belge&quot;&nbsp;&raquo;, <em>L&rsquo;&Eacute;toile belge</em>, 20 d&eacute;cembre 1925, n&deg; 353, suppl&eacute;ment, p. 2.</p> <p><a href="#liennbp16" name="nbp16">16</a> Les femmes sont tr&egrave;s peu repr&eacute;sent&eacute;es dans les num&eacute;ros jubilaires. <em>Le Soir</em> publie le portrait iconographique de la g&eacute;rante Marie-Th&eacute;r&egrave;se Rossel, ainsi que ceux de trois femmes journalistes cit&eacute;es pour leur participation &agrave; la &laquo;&nbsp;Tribune libre&nbsp;&raquo; et de trois autres collaboratrices. Seul un portrait de femme journaliste est publi&eacute; dans <em>Le Peuple</em> (Emma Guillaume). <em>L&rsquo;&Eacute;toile belge</em> mentionne les &laquo;&nbsp;femmes de m&eacute;nage&nbsp;&raquo; et c&eacute;l&egrave;bre la plus ancienne ouvri&egrave;re ainsi que la femme du directeur, qui incarne le r&eacute;confort maternel. Aucune mention de femmes journalistes n&rsquo;appara&icirc;t dans les num&eacute;ros jubilaires de <em>La Libre Belgique</em>. Ces num&eacute;ros contribuent &agrave; la minimisation du r&ocirc;le des femmes journalistes et confirment l&rsquo;identit&eacute; masculine du journaliste, de l&rsquo;homme de presse, du patron de journal. L&rsquo;analyse de la place des femmes journalistes sera d&eacute;velopp&eacute;e dans un autre article, actuellement en cours de r&eacute;daction. Sur les femmes dans le monde du travail en Belgique, notamment dans les ann&eacute;es 1920-1930, lire &Eacute;liane Gubin, &laquo;&nbsp;Les femmes d&rsquo;une guerre &agrave; l&rsquo;autre. R&eacute;alit&eacute;s et repr&eacute;sentations 1918-1940&nbsp;&raquo;, <em>Cahiers d&rsquo;histoire du temps pr&eacute;sent</em>, 1998, n<sup>o</sup> 4, 249-281. Sur les femmes journalistes, lire Vanessa Gemis, &laquo;&nbsp;Femmes &eacute;crivains-journalistes (1880-1940) : questions de genre(s). Pistes de recherche et r&eacute;flexions autour de Marguerite Van de Wiele&nbsp;&raquo;, <em>Textyles. Revue des lettres belges de langue fran&ccedil;aise</em>, d&eacute;cembre 2010, n<sup>o</sup> 39, p. 39‑50&nbsp;; et Marie-&Egrave;ve Th&eacute;renty, <em>Femmes de presse, femmes de lettres. De Delphine de Girardin &agrave; Florence Aubenas</em>, Paris, CNRS &eacute;ditions, 2019.</p> <p><a href="#liennbp17" name="nbp17">17</a><em> Idem</em>, p. 1.</p> <p><a href="#liennbp18" name="nbp18">18</a> Godefroid Devreese, &laquo;&nbsp;Le m&eacute;daillon offert &agrave; M. D&rsquo;Arsac par le personnel du &quot;Soir&quot;&nbsp;&raquo;, <em>Le Soir</em>, 2 et 3 janvier 1937, n&deg; 2-3, p. 7.</p> <p><a href="#liennbp19" name="nbp19">19</a> [Collectif], &laquo;&nbsp;Les installations du &quot;Peuple&quot;&nbsp;&raquo;, <em>Le Peuple</em>, 13 d&eacute;cembre 1925, n&deg; 347, p. 3.</p> <p><a href="#liennbp20" name="nbp20">20</a> [Collectif], &laquo;&nbsp;Petit voyage autour du journal <em>Le Peuple</em>&nbsp;&raquo;, <em>Le Peuple</em>, 15 et 16 d&eacute;cembre 1935, n&deg; 349-350, p. 2. L&rsquo;argument de la puissance &eacute;conomique du journal se d&eacute;ploie aussi &agrave; travers une rh&eacute;torique du gigantisme du travail du journal&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le journal &quot;Le Peuple&quot; a sept &eacute;ditions quotidiennes, c&rsquo;est-&agrave;-dire en d&rsquo;autres qu&rsquo;il sort, chaque soir, de notre immeuble de la rue des Sables, sept journaux diff&eacute;rents. Sept journaux compos&eacute;s, imprim&eacute;s en sept heures &agrave; peine&nbsp;! Sait-on assez dans le grand public ce qu&rsquo;un tel travail repr&eacute;sente d&rsquo;efforts patients et obstin&eacute;s, de t&eacute;nacit&eacute;, d&rsquo;attention, de rapidit&eacute; et de fi&egrave;vre&nbsp;?&nbsp;&raquo;&nbsp;; &laquo;&nbsp;Mais [que lecteurs] essaient de se repr&eacute;senter le travail gigantesque, les conditions &eacute;nervantes dans lesquelles il doit s&rsquo;effectuer [&hellip;]&nbsp;&raquo; ([Collectif], &laquo;&nbsp;Les sept &eacute;ditions du journal &quot;Le Peuple&quot;&nbsp;&raquo;, <em>Le Peuple</em>, 15 et 16 d&eacute;cembre 1935, n&deg; 349-350, p. 4).</p> <p><a href="#liennbp21" name="nbp21">21</a> [Anonyme], <em>Le Soir</em>, 1<sup>er</sup> janvier 1937, p. 7. Le journal accompagne la s&eacute;rie de photographies de ses ateliers d&rsquo;un encart rappelant &laquo;&nbsp;les tirages moyens du &quot;Soir&quot;&nbsp;&raquo; entre 1920 et 1936 (p. 8), liant ainsi efficacit&eacute; technique et r&eacute;ussite &eacute;conomique.</p> <p><a href="#liennbp22" name="nbp22">22</a> [Collectif], &laquo;&nbsp;Petit voyage autour du journal <em>Le Peuple</em>&nbsp;&raquo;, art. cit., p. 2.</p> <p>23 <a href="#liennbp23a" name="nbp23a">a</a> <a href="#liennbp23b" name="nbp23b">b</a><em> Idem</em>, p. 2.</p> <p><a href="#liennbp24" name="nbp24">24</a> [Collectif], &laquo;&nbsp;Les sept &eacute;ditions du journal &quot;Le Peuple&quot;&nbsp;&raquo;, 15 et 16 d&eacute;cembre 1935, n&deg; 349-350, p. 4. &laquo;&nbsp;L&rsquo;homme de soupe&nbsp;&raquo; est notamment celui qui coupe ce qui n&#39;entre pas dans la forme du journal.</p> <p><a href="#liennbp25" name="nbp25">25</a><em> Le Soir</em>, 1<sup>er</sup> janvier 1937, n&deg; 1, p. 12.</p> <p><a href="#liennbp26" name="nbp26">26</a> &laquo;&nbsp;La photographie elle-m&ecirc;me n&#39;a-t-elle pas pris la place de la m&eacute;moire ? En r&eacute;alit&eacute;, les photos de groupe tir&eacute;es au moment des noces comme l&#39;habitude s&#39;en est prise surtout en milieu paysan, au lendemain de la Premi&egrave;re Guerre mondiale, se pr&eacute;sentent souvent, par la fa&ccedil;on dont les invit&eacute;s se placent de part et d&#39;autre des mari&eacute;s, en respectant la hi&eacute;rarchie des g&eacute;n&eacute;rations et des degr&eacute;s de parent&eacute;, comme de v&eacute;ritables arbres g&eacute;n&eacute;alogiques vivants.&nbsp;&raquo; (Andr&eacute; Burgui&egrave;re, art. cit., p. 3905.)</p> <p><a href="#liennbp27" name="nbp27">27</a> L. S., &laquo; Les f&ecirc;tes du Cinquanti&egrave;me Anniversaire du &quot;Peuple&quot; ont commenc&eacute;, jeudi, au Pays-Noir par une s&eacute;ance remarquable &agrave; Radio-Ch&acirc;telineau&nbsp;&raquo;, <em>Le Peuple</em>, 8 d&eacute;cembre 1935, n&deg; 342, p. 1.</p> <p><a href="#liennbp28" name="nbp28">28</a> Frans Fischer, &laquo;&nbsp;Une vision de la presse belge&nbsp;&raquo;, <em>1935. Bulletin officiel de l&rsquo;exposition universelle et internationale de Bruxelles</em>, f&eacute;vrier 1935, n<sup>o</sup> 20, p. 95.</p> <p><a href="#liennbp29" name="nbp29">29</a> Dans <em>Les Lieux de m&eacute;moire</em>, Andr&eacute; Burgui&egrave;re parle de &laquo;&nbsp;pass&eacute; imaginaire&nbsp;&raquo; dans lequel le g&eacute;n&eacute;alogiste projette ses anc&ecirc;tres (Andr&eacute; Burgui&egrave;re, art. cit., p. 3882). Comme l&rsquo;&eacute;crit Fran&ccedil;ois Caron &agrave; propos de l&rsquo;entreprise comme lieu de m&eacute;moire, &laquo;&nbsp;la m&eacute;moire des hommes construit une histoire d&#39;entreprise dramatis&eacute;e, h&eacute;ro&iuml;s&eacute;e, fortement marqu&eacute;e par quelques actions glorieuses, quelques grands moments, qui semblent la r&eacute;sumer par eux-m&ecirc;mes. Le premier de ces moments, le plus charg&eacute; de l&eacute;gende, est sa cr&eacute;ation, &agrave; laquelle se trouve &eacute;troitement associ&eacute;e l&#39;&eacute;vocation de la ou des familles fondatrices.&nbsp;&raquo; (Fran&ccedil;ois Caron, &laquo;&nbsp;L&rsquo;entreprise&nbsp;&raquo;, dans Pierre Nora (dir.), <em>Les Lieux de m&eacute;moire</em>, Paris, Gallimard, &laquo;&nbsp;Quarto&nbsp;&raquo;, vol. 3, 1997, p. 3311).</p> <p><a href="#liennbp30" name="nbp30">30</a> &Eacute;mile Vandervelde, &laquo;&nbsp;Comment avons-nous chance d&rsquo;&ecirc;tre les premiers&nbsp;? Par la Presse&nbsp;&raquo;, <em>Le Peuple</em>, 15 et 16 d&eacute;cembre 1935, n&deg; 349-350, p. 1.</p> <p><a href="#liennbp31" name="nbp31">31</a> &laquo;&nbsp;Nous entendons parfois les anciens parler avec une &eacute;motion attendrie, de l&#39;&acirc;ge d&#39;or, des temps h&eacute;ro&iuml;ques, o&ugrave; les fondateurs, les premiers bataillons sacr&eacute;s du Parti, ne connaissaient ni animosit&eacute;, ni m&eacute;sintelligences, ni querelles. Ils exag&egrave;rent un peu, mais ils n&#39;ont pas tort, en gros [...]&nbsp;&raquo; (<em>Idem</em>, p. 3). Mais avant les ann&eacute;es 1880, 1850 &eacute;tait d&eacute;j&agrave; &laquo;&nbsp;l&#39;&acirc;ge d&#39;or pour les journalistes qui avaient le feu sacr&eacute;&nbsp;&raquo; (Arthur Boghaert-Vach&eacute;, s. t., <em>L&rsquo;&Eacute;toile belge</em>, 20 d&eacute;cembre 1925, n&deg; 353, suppl&eacute;ment, p. 2). La m&eacute;taphore du feu est aussi utilis&eacute;e par un r&eacute;dacteur de <em>La Libre Belgique</em>&nbsp;: &laquo;&nbsp;En nous replongeant un instant dans le pass&eacute;, les anciennes passions que <em>Le Patriote</em> suscita en nous se r&eacute;veillent. Le feu qui dormait sous une cendre de cinquante ans se ranime et les &eacute;tincelles qui jaillissent nous enflamment encore aujourd&#39;hui.&nbsp;&raquo; (Louis Verhaeghe, &laquo;&nbsp;Le &quot;Patriote&quot; et le renouveau de la fiert&eacute; catholique&nbsp;&raquo;, <em>La Libre Belgique</em>, 1<sup>er</sup> et 2 janvier 1934, n&deg; 1-2, p. 2).</p> <p><a href="#liennbp32" name="nbp32">32</a> [Anonyme], s. t. [&laquo;&nbsp;Le &quot;Peuple&quot; parut pour la premi&egrave;re fois le 13 d&eacute;cembre 1885, &hellip;&nbsp;&raquo;], <em>Le Peuple</em>, 13 d&eacute;cembre 1925, n&deg; 347, p. 2.</p> <p><a href="#liennbp33" name="nbp33">33</a> [Anonyme], s. t. [&laquo;&nbsp;De l&rsquo;inoubliable phalange des r&eacute;dacteurs du &quot;Peuple&quot; de la premi&egrave;re ann&eacute;e&hellip;&nbsp;&raquo;], <em>Le Peuple</em>, 13 d&eacute;cembre 1925, n&deg; 347, p. 2.</p> <p><a href="#liennbp34" name="nbp34">34</a> Frans Fischer, &laquo;&nbsp;Il y a cinquante ans le &quot;Peuple&quot; naissait&nbsp;&raquo;, <em>Le Peuple</em>, 13 d&eacute;cembre 1935, n&deg; 347, p. 2.</p> <p><a href="#liennbp35" name="nbp35">35</a> Louis Verhaeghe, art. cit., p. 2.</p> <p><a href="#liennbp36" name="nbp36">36</a> [Anonyme], &laquo;&nbsp;Comment naquit un grand journal&nbsp;&raquo;, <em>La Libre Belgique</em>, 1<sup>er</sup> et 2 janvier 1934, n&deg; 1-2, p. 1.</p> <p>37 <a href="#liennbp37a" name="nbp37a">a</a> <a href="#liennbp37b" name="nbp37b">b</a> P. Wauwermans, art. cit., p. 1.</p> <p><a href="#liennbp38" name="nbp38">38</a> Frans Fischer, &laquo;&nbsp;Il y a cinquante ans le &quot;Peuple&quot; naissait&nbsp;&raquo;, art. cit., p. 2.</p> <p><a href="#liennbp39" name="nbp39">39</a> &Eacute;mile Vandervelde, art. cit., p. 1. Karl Marx a fr&eacute;quent&eacute; l&rsquo;estaminet du Cygne entre 1845 et 1848. En 1886, c&#39;est le lieu de rendez-vous des associations ouvri&egrave;res et des groupes socialistes (lire Louis Bertrand, <em>Histoire de la coop&eacute;ration en Belgique&nbsp;: les hommes &ndash; les id&eacute;es &ndash; les faits</em>, Bruxelles, Dechenne &amp; Cie Libraires-&eacute;diteurs, vol. II, 1903, p. 297).</p> <p><a href="#liennbp40" name="nbp40">40</a><em> La Libre Belgique</em>, 1<sup>er</sup> et 2 janvier 1934, n&deg; 1-2, p. 1.</p> <p><a href="#liennbp41" name="nbp41">41</a> D&rsquo;Arsac, &laquo;&nbsp;Le Soir&nbsp;&raquo;, <em>Le Soir</em>, 31 d&eacute;cembre 1936, n&deg; 366, p. 10.</p> <p><a href="#liennbp42" name="nbp42">42</a> [Anonyme], &laquo;&nbsp;La Presse&nbsp;&raquo;, <em>Le Soir</em>, 1<sup>er</sup> janvier 1937, n&deg; 351, p. 12.</p> <p><a href="#liennbp43" name="nbp43">43</a> Lire &agrave; ce sujet Roselyne Ringoot et Yvon Rochard, &laquo;&nbsp;Proximit&eacute; &eacute;ditoriale&nbsp;: normes et usages des genres journalistiques&nbsp;&raquo;, <em>Mots. Les langages du politique</em>, 2005, n&deg; 77, p. 78-81.</p> <p><a href="#liennbp44" name="nbp44">44</a> Andr&eacute; Burgui&egrave;re, art. cit., p. 3882.</p> <p><a href="#liennbp45" name="nbp45">45</a> [Anonyme], &laquo;&nbsp;Comment naquit un grand journal&nbsp;&raquo;, art. cit., p. 2.</p> <p><a href="#liennbp46" name="nbp46">46</a> [Collectif], &laquo;&nbsp;Les deux fondateurs du &quot;Soir&quot;&nbsp;&raquo;, <em>Le Soir</em>, 31 d&eacute;cembre 1936, n&deg; 366, p. 10.</p> <p>47 <a href="#liennbp47a" name="nbp47a">a</a> <a href="#liennbp47b" name="nbp47b">b</a> D&rsquo;Arsac, art. cit., p. 10.</p> <p><a href="#liennbp48" name="nbp48">48</a> [&Eacute;douard Anseele], &laquo;&nbsp;<em>Edouard Anseele raconte les D&eacute;buts du &quot;Peuple&quot;</em>&nbsp;&raquo;, <em>Le Peuple</em>, 15 et 16 d&eacute;cembre 1935, n&deg; 349-350, p. 3.</p> <p><a href="#liennbp49" name="nbp49">49</a> Frans Fischer, &laquo;&nbsp;Il y a cinquante ans le &quot;Peuple&quot; naissait&nbsp;&raquo;, art. cit., p. 1.</p> <p><a href="#liennbp50" name="nbp50">50</a> [Anonyme], &laquo;&nbsp;Le Cinquantenaire du journal &quot;Le Peuple&quot; sera c&eacute;l&eacute;br&eacute; &agrave; Bruxelles et en province par des grandes f&ecirc;tes qui marqueront d&#39;un &eacute;clat particulier ce jour anniversaire&nbsp;&raquo;, <em>Le Peuple</em>, 15 et 16 d&eacute;cembre 1935, n&deg; 349-350, p. 1.</p> <p><a href="#liennbp51" name="nbp51">51</a> Andr&eacute; Burgui&egrave;re, art. cit., p. 3889.</p> <p><a href="#liennbp52" name="nbp52">52</a> M. Fuss, &laquo;&nbsp;Les Discours&nbsp;&raquo;, <em>Le Soir</em>, 2 et 3 janvier 1937, n&deg; 2-3, p. 7.</p> <p><a href="#liennbp53" name="nbp53">53</a> Arthur Boghaert-Vach&eacute;, s. t., <em>L&rsquo;&Eacute;toile belge</em>, 20 d&eacute;cembre 1925, n&deg; 353, suppl&eacute;ment, p. 1.</p> <p><a href="#liennbp54" name="nbp54">54</a><em> Ibidem</em>, p. 1.</p> <p><a href="#liennbp55" name="nbp55">55</a> La transcription dans ce num&eacute;ro anniversaire des hommages rendus &agrave; Marcellin Faure &agrave; sa mort confirment cette impression&nbsp;: il est rappel&eacute; qu&rsquo;il a &eacute;t&eacute; &laquo;&nbsp;sinc&egrave;rement d&eacute;vou&eacute; au Roi et aux institutions de la Belgique, dont il fut en maintes occasions le z&eacute;l&eacute; d&eacute;fenseur. [&hellip;] Il avait mis au service de la cause constitutionnelle et de l&rsquo;ind&eacute;pendance du pays le ferme bon sens dont il &eacute;tait dou&eacute; et cet esprit de justice et de mod&eacute;ration dont il a donn&eacute; tant de preuves pendant sa longue et utile carri&egrave;re.&nbsp;&raquo; (Philippe Bourson, cit&eacute; par Arthur Boghaert-Vach&eacute;, <em>ibidem</em>, p. 2.)</p> <p><a href="#liennbp56" name="nbp56">56</a> [Anonyme], &laquo;&nbsp;La Libre Belgique, pourquoi nous avons adopt&eacute; ce titre&nbsp;&raquo;, <em>La Libre Belgique</em>, 1<sup>er</sup> et 2 janvier 1934, n&deg; 1-2, p. 2.</p> <p><a href="#liennbp57" name="nbp57">57</a> Andr&eacute; Gyselinx et Pierre Stephany, <em>Quand &laquo;&nbsp;La Libre&nbsp;&raquo; s&rsquo;appelait &laquo;&nbsp;Le Patriote&nbsp;&raquo;. 1884-1914</em>, Paris, Gembloux, &Eacute;ditions Duculot, 1984, p. 55.</p> <p><a href="#liennbp58" name="nbp58">58</a> Frans Fischer, &laquo;&nbsp;MERCI. Ce que les travailleurs belges ont fait pour leur journal &quot;Le Peuple&quot;&nbsp;&raquo;, <em>Le Peuple</em>, 15 et 16 d&eacute;cembre 1935, n&deg; 349-350, p. 3.</p> <p><a href="#liennbp59" name="nbp59">59</a> [Anonyme], &laquo;&nbsp;Comment naquit un grand journal&nbsp;&raquo;, art. cit., p. 2.</p> <p><a href="#liennbp60" name="nbp60">60</a> [Anonyme], &laquo;&nbsp;&Eacute;ph&eacute;m&eacute;rides des Campagnes men&eacute;es par le <em>Peuple</em> depuis 1885&nbsp;&raquo;, <em>Le Peuple</em>, 13 d&eacute;cembre 1925, n&deg; 347, p. 3 &amp; 6.</p> <p><a href="#liennbp61" name="nbp61">61</a> [Anonyme], &laquo;&nbsp;Les grandes enqu&ecirc;tes du &quot;Soir&quot;&nbsp;&raquo;, <em>Le Soir</em>, 1<sup>er</sup> janvier 1937, n&deg; 1, p. 7.</p> <p>62 <a href="#liennbp62a" name="nbp62a">a</a> <a href="#liennbp62b" name="nbp62b">b</a> <a href="#liennbp62c" name="nbp62c">c</a> <a href="#liennbp62d" name="nbp62d">d</a> M. Fuss, art. cit., p. 7.</p> <p><a href="#liennbp63" name="nbp63">63</a> Andr&eacute; Burgui&egrave;re, art. cit., p. 3895.</p> <p><a href="#liennbp64" name="nbp64">64</a> M. Fuss emploie la m&ecirc;me id&eacute;e d&rsquo;une connaissance inn&eacute;e pour parler de la science du fils du fondateur du <em>Soir</em>, Victor Rossel, qui semble recevoir par le sang ses aptitudes journalistiques : &laquo;&nbsp;Les hommes et les machines l&#39;avaient vu enfant... Il avait acquis sa science de la technique du journalisme, encore en culottes courtes. Nul n&#39;avait d&ucirc; se pr&eacute;occuper de lui enseigner la tradition de la Maison ; il &eacute;tait cette tradition m&ecirc;me, cette tradition d&#39;honneur faite homme.&nbsp;&raquo; (<em>Idem</em>, p. 7.) Cette identit&eacute; professionnelle est compl&eacute;mentaire &agrave; une autre repr&eacute;sentation selon laquelle le journalisme s&rsquo;apprend, notamment dans un lieu comme l&rsquo;Institut pour journalistes &agrave; Bruxelles.</p> <p>65 <a href="#liennbp65a" name="nbp65a">a</a> <a href="#liennbp65b" name="nbp65b">b</a> Arthur Boghaert-Vach&eacute;, s. t., <em>L&rsquo;&Eacute;toile belge</em>, 20 d&eacute;cembre 1925, n&deg; 353, suppl&eacute;ment, p. 2.</p> <p><a href="#liennbp66" name="nbp66">66</a> [Collectif], &laquo;&nbsp;Les deux fondateurs du &quot;Soir&quot;&nbsp;&raquo;, art. cit., p. 10.</p> <p><a href="#liennbp67" name="nbp67">67</a> [Anonyme], &laquo;&nbsp;Le deuxi&egrave;me Madoux&nbsp;&raquo;, <em>L&rsquo;&Eacute;toile belge</em>, 20 d&eacute;cembre 1925, n&deg; 353, suppl&eacute;ment, p. 2.</p> <p><a href="#liennbp68" name="nbp68">68</a> Arthur Boghaert-Vach&eacute;, &laquo;&nbsp;Sept ann&eacute;es de la vie d&rsquo;un journal&nbsp;&raquo;, <em>L&rsquo;&Eacute;toile belge</em>, 20 d&eacute;cembre 1925, n&deg; 353, suppl&eacute;ment, p. 2.</p> <p><a href="#liennbp69" name="nbp69">69</a> [Anonyme], &laquo;&nbsp;Les f&ecirc;tes du cinquantenaire du &quot;Peuple&quot; se sont d&eacute;roul&eacute;es dans une atmosph&egrave;re d&#39;enthousiasme et de fraternit&eacute;&nbsp;&raquo;, <em>Le Peuple</em>, 17 d&eacute;cembre 1935, n&deg; 351, p. 1.</p> <p><a href="#liennbp70" name="nbp70">70</a><em> La Libre Belgique</em>, journal ouvertement catholique, confirme elle aussi l&rsquo;importance de l&rsquo;ind&eacute;pendance dans l&rsquo;&eacute;thique journalistique par le truchement de la figure de la star&nbsp;: &laquo;&nbsp;Encourageons les journalistes qui ob&eacute;issent &agrave; leur conscience.&nbsp;&raquo; &laquo;&nbsp;Il leur faut de la vertu pour subir une pluie de r&eacute;criminations, alors qu&#39;ils pourraient recueillir une pluie d&#39;or. Un journaliste qui ne se laisse pas acheter touche moins pendant toute sa vie que tel cabotin ou telle star en quinze jours.&nbsp;&raquo; (Georges Hoornaert, &laquo;&nbsp;C&rsquo;est chic&nbsp;!&nbsp;&raquo;, <em>La Libre Belgique</em>, 1<sup>er</sup> et 2 janvier 1934, n&deg; 1-2, p. 2).</p> <p><a href="#liennbp71" name="nbp71">71</a> Frans Fischer, &laquo;&nbsp;Il y a cinquante ans le &quot;Peuple&quot; naissait&nbsp;&raquo;, art. cit., p. 2.</p> <p><a href="#liennbp72" name="nbp72">72</a> Louis de Brouck&egrave;re, &laquo;&nbsp;Cinquante ans. Comment instruire en amusant et entra&icirc;ner le lecteur vers la r&eacute;flexion&nbsp;&raquo;, <em>Le Peuple</em>, 15 et 16 d&eacute;cembre 1935, n&deg; 349-350, p. 3. &laquo;&nbsp;Le r&ocirc;le essentiellement critique de celui-ci est aussi indispensable [que celui de l&#39;homme politique] pour la formation d&#39;une opinion civique &eacute;clair&eacute;e que l&#39;intervention et les votes du d&eacute;put&eacute; par la formation d&#39;une r&eacute;solution l&eacute;gislative et gouvernementale judicieuse. Mais sa position et ses devoirs sont diff&eacute;rents. [...] Il doit &ecirc;tre un point d&#39;appui moral, pour ceux-ci comme pour ceux-l&agrave;, solide, permanent, [illisible], soustrait aux petites influences et aux hommes.&nbsp;&raquo; ([Collectif], &laquo;&nbsp;Cinquante ans&hellip;&nbsp;&raquo;, <em>La Libre Belgique</em>, 1<sup>er</sup> et 2 janvier 1934, n&deg; 1-2, p. 1).</p> <p><a href="#liennbp73" name="nbp73">73</a> Joseph Demarteau, &laquo;&nbsp;Presse d&rsquo;opinion et presse d&rsquo;information&nbsp;&raquo;, <em>1935. Bulletin officiel de l&rsquo;exposition universelle et internationale de Bruxelles</em>, f&eacute;vrier 1935, n<sup>o</sup> 20, p. 101.</p> <p><a href="#liennbp74" name="nbp74">74</a> Le programme du mouvement d&rsquo;extr&ecirc;me-droite de L&eacute;on Degrelle est d&rsquo;&eacute;purer le Parti catholique, de d&eacute;voiler les scandales politico-financiers et de r&eacute;former l&rsquo;&Eacute;tat. Il cherche la &laquo;&nbsp;propret&eacute;&nbsp;&raquo; et veut &laquo;&nbsp;chasser les pourris&nbsp;&raquo; (Ren&eacute;e Grabinier, &laquo;&nbsp;La mont&eacute;e du Rexisme : &eacute;tude de la presse bruxelloise non rexiste, octobre 1935-mai 1936&nbsp;&raquo;, <em>Res Publica</em>, vol. XI, n<sup>o</sup> 4, 1969, p. 717‑756.)</p> <p><a href="#liennbp75" name="nbp75">75</a> D&rsquo;Arsac, art. cit., p. 10-11.</p> <p><a href="#liennbp76" name="nbp76">76</a> En 1920 est cr&eacute;&eacute; <em>Le Journaliste</em>, &laquo;&nbsp;v&eacute;ritable organe des groupements professionnels de la presse quotidienne. Il s&rsquo;adresse aux collaborateurs et r&eacute;dacteurs &agrave; l&rsquo;exclusion des directeurs d&eacute;sormais r&eacute;unis, pour cause d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;ts de classe divergents &ndash; autre manifestation de la hi&eacute;rarchisation et donc de la structuration de la profession &ndash; dans une Association belge des &eacute;diteurs de journaux ayant <em>La Presse</em> pour p&eacute;riodique d&rsquo;information.&nbsp;&raquo; (Pierre Van Den Dungen, art. cit., p. 644.)</p> <p><a href="#liennbp77" name="nbp77">77</a> P. Wauwermans, art. cit., p. 1. Un certain Ryckmans est d&eacute;crit &laquo;&nbsp;griffonnant sur des revers d&#39;enveloppes, des fragments de lettres de faire part, et, qui sait, peut-&ecirc;tre m&ecirc;me des billets de tramways, des chroniques sur tout, puis&eacute;es dans un fond in&eacute;puisable de souvenirs&nbsp;&raquo;&nbsp;; en un mot, il &eacute;tait &laquo;&nbsp;l&#39;encyclop&eacute;die vivante du journalisme&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#liennbp78" name="nbp78">78</a> Le num&eacute;ro anniversaire fait mention des d&eacute;corations d&eacute;cern&eacute;es par le Roi &agrave; un&nbsp;directeur d&#39;administration, un chef de service, un chef d&#39;atelier, un chef clicheur et un chef conducteur de rotative ([Anonyme], &laquo;&nbsp;Distinctions honorifiques&nbsp;&raquo;, <em>La Libre Belgique</em>, 1<sup>er</sup> et 2 janvier 1934, n&deg; 1-2, p. 3).</p> <p><a href="#liennbp79" name="nbp79">79</a> [Anonyme], &laquo;&nbsp;In memoriam&nbsp;&raquo;, <em>Le Peuple</em>, 14 d&eacute;cembre 1935, n&deg; 348, p. 1.</p>