<p>Entre la fin du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle et le d&eacute;but du XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, au moment o&ugrave; Eadweard Muybridge exp&eacute;rimente la chronophotographie et &Eacute;tienne-Jules Marey se consacre aux &eacute;tudes sur le mouvement, la culture europ&eacute;enne se montre fascin&eacute;e par l&rsquo;imaginaire de la vitesse en tant qu&rsquo;expression d&rsquo;&eacute;nergie et de progr&egrave;s. Le th&eacute;&acirc;tre r&eacute;agit &agrave; cette sensibilit&eacute; en d&eacute;veloppant une esth&eacute;tique de l&rsquo;acc&eacute;l&eacute;ration, qui se traduit entre autres par le genre prot&eacute;iforme des spectacles de vari&eacute;t&eacute;s, &agrave; savoir le music-hall, le vaudeville, la revue, la danse, la pantomime, le cirque et le caf&eacute;-concert. La vitesse s&rsquo;av&egrave;re &ecirc;tre, non seulement un th&egrave;me tr&egrave;s fr&eacute;quent des r&eacute;pertoires, mais aussi la condition essentielle d&rsquo;une esth&eacute;tique o&ugrave; priment les unit&eacute;s dramaturgiques br&egrave;ves et facilement modulables. Dans &laquo;&nbsp;Il teatro di variet&agrave;. Manifesto futurista&nbsp;&raquo; (1913), Filippo Tommaso Marinetti donne une d&eacute;finition r&eacute;v&eacute;latrice du th&eacute;&acirc;tre de vari&eacute;t&eacute;s&nbsp;: il serait caract&eacute;ris&eacute; par un &laquo;&nbsp;dynamisme de formes et de couleurs (mouvements simultan&eacute;s de jongleurs, danseurs, gymnastes, &eacute;cuyers multicolores, cyclones en spirale de danseurs tournoyants sur les pieds<a href="#nbp_1" id="footnoteref1_y7cfow1" name="lien_nbp_1" title="&amp;nbsp;«Dinamismo di forma e di colore (movimento simultaneo di giocolieri, ballerine, ginnasti, cavallerizzi multicolori, cicloni spiralici di danzatori trottolanti sulle punte dei piedi)». «Il teatro di varietà. Manifesto futurista», Lacerba, 29 novembre 1913. Publié pour la première fois dans Daily-Mail du 21 novembre 1913. Les citations italiennes et anglaises sont traduites par l’auteure de l’article.">1</a>).&nbsp;&raquo;</p> <p>Nous envisageons d&rsquo;&eacute;tudier des spectacles de vari&eacute;t&eacute;s fin-de-si&egrave;cle, qui s&rsquo;av&egrave;rent repr&eacute;sentatifs d&rsquo;une dramaturgie ax&eacute;e sur la vitesse en tant que th&egrave;me crucial des r&eacute;pertoires et condition essentielle de leurs esth&eacute;tiques. L&rsquo;&eacute;tude de quelques cas particuliers esquisse un parcours, qui met en &eacute;vidence une fascination progressive pour la vitesse sous toutes ses formes, scientifiques, th&eacute;&acirc;trales, artistiques et litt&eacute;raires. Les th&egrave;mes et les styles des r&eacute;pertoires de ces spectacles t&eacute;moignent en effet d&rsquo;un d&eacute;calage graduel de la simple fascination &agrave; une vraie obsession pour la vitesse, qui d&eacute;c&egrave;le d&rsquo;ailleurs des aspects troublants. Cet &eacute;cart th&eacute;matique et esth&eacute;tique se retrouve dans le jeu d&rsquo;Yvette Guilbert, dont les gestes rapides et allusifs visent &agrave; marquer une pr&eacute;sence sc&eacute;nique forte faisant appel &agrave; l&rsquo;imagination des spectateurs&nbsp;; mais aussi, dans les danses lumineuses de Lo&iuml;e Fuller ax&eacute;es sur un mouvement acc&eacute;l&eacute;r&eacute; hypnotiseur. Les transformations fr&eacute;n&eacute;tiques de Leopoldo Fregoli, qui se servent de l&rsquo;un des derniers r&eacute;sultats du progr&egrave;s, le cin&eacute;matographe, pour cr&eacute;er des illusions sc&eacute;niques hallucinatoires vient encore jouer sur ce d&eacute;calage&nbsp;; tout comme le choc troublant des drames en un seul acte du Grand Guignol, et enfin comme les pantomimes macabres des fr&egrave;res Hanlon-Lees, dont le jeu hyst&eacute;rique incarne le vertige ali&eacute;nant des rythmes impos&eacute;s par la soci&eacute;t&eacute; moderne.&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;&nbsp;</p> <p><strong>Yvette Guilbert&nbsp;: les gestes fugitifs</strong></p> <p>Dans&nbsp;<em>The Art of the Theatre. One or two Questions answered</em><a href="#nbp_2" id="footnoteref2_7qzp861" name="lien_nbp_2" title="&amp;nbsp;Edward Gordon Craig, Manuscrit B, The Art of the Theatre, f. 7, 1905.">2</a>, Edward Gordon Craig montre avec le music-hall des exemples de l&rsquo;art th&eacute;&acirc;tral, des formes de spectacle proches au Th&eacute;&acirc;tre id&eacute;al, parce qu&rsquo;autonomes, visuelles, cr&eacute;&eacute;es directement sur la sc&egrave;ne par les acteurs<a href="#nbp_3" id="footnoteref3_dohp25t" name="lien_nbp_3" title="&amp;nbsp;Cf. Lorenzo Mango, «&amp;nbsp;I manoscritti di The Art of the Theatre di Edward Gordon Craig&amp;nbsp;», Acting Archives Essays, Acting Archives Review Supplement, n°&amp;nbsp;7, 2011. Quand il était encore à Londres, en 1903, Craig était un spectateur passionné du Théâtre des Variétés de Chelsea, où se produisaient, entre autres, Marie Lloyd et Albert Chevalier.">3</a>. Le metteur en sc&egrave;ne cite d&rsquo;ailleurs certains repr&eacute;sentants de ce Th&eacute;&acirc;tre, telle Yvette Guilbert qui &laquo;&nbsp;utilise la parole, le son, la couleur, le trait, les actions mais dans leur emploi minimal plut&ocirc;t qu&rsquo;imposant<a href="#nbp_4" id="footnoteref4_e7b5ebe" name="lien_nbp_4" title="&amp;nbsp;«&amp;nbsp;She uses speech, sound, colour, line, actions, but she puts them to the lesser rather than to the greater use&amp;nbsp;», Ibidem, p.&amp;nbsp;117.">4</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p>Personnage principal des spectacles de vari&eacute;t&eacute;s, du Moulin Rouge et de l&rsquo;Eldorado, Yvette Guilbert se produit en &laquo;&nbsp;interpr&eacute;tant&nbsp;&raquo; des chansons populaires dans une robe jaune, mains et bras envelopp&eacute;s dans de longs gants, qu&rsquo;elle agite rapidement. Dans son essai&nbsp;<em>Vaudeville&nbsp;</em>(1914), Carolin Caffin qui admire Guilbert durant sa tourn&eacute;e am&eacute;ricaine en 1901 s&rsquo;attarde sur le style de l&rsquo;actrice dont le jeu est bas&eacute; sur des gestes suggestifs et tr&egrave;s rapides&nbsp;: &laquo;&nbsp;On distinguait sur son visage une image en perp&eacute;tuel changement, alors qu&rsquo;il s&rsquo;illuminait en interpr&eacute;tant ses chansons [&hellip;] ses sc&egrave;nes ressemblaient au croquis de l&rsquo;illustrateur contemporain qui est davantage dans la suggestion plut&ocirc;t que dans l&rsquo;affirmation des traits essentiels<a href="#nbp_5" id="footnoteref5_9urs74m" name="lien_nbp_5" title="&amp;nbsp;«&amp;nbsp;Her face showed an ever-changing picture, illuminating and interpreting her songs […] her sketches had something of the character of those of the modern cartoonist who suggests instead of drawing many of his most vital lines&amp;nbsp;», Caroline Caffin, Vaudeville, New York, Mitchell Kennerley, 1914, p.&amp;nbsp;58-59.">5</a>.&nbsp;&raquo; Yvette Guilbert ne cesse de solliciter le public &agrave; travers des gestes allusifs, r&eacute;v&eacute;lateurs d&rsquo;une pr&eacute;sence sc&eacute;nique forte et s&eacute;duisante. Pour Caffin l&rsquo;actrice fran&ccedil;aise est comme un peintre moderne qui sugg&egrave;re les formes en mouvement sans les figer. Loin d&rsquo;encadrer les gestes dans une repr&eacute;sentation d&eacute;finie, le jeu de Guilbert est toujours &laquo;&nbsp;en fuite&nbsp;&raquo;&nbsp;: il suspend le jeu par des gestes rapides &agrave; peine esquiss&eacute;s, qui font appel &agrave; l&rsquo;imagination des spectateurs sollicit&eacute;s &agrave; prendre part &agrave; la r&eacute;ussite du spectacle.</p> <figure><img alt="Mazzoleni1.jpg" data-entity-type="" data-entity-uuid="" height="381" src="http://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/pictures/Mazzoleni1.jpg" width="242" /> <figcaption>Henri de Toulouse Lautrec,&nbsp;<em>Yvette Guilbert</em>, 1893, Madrid, Museo Nacional Thyssen-Bornemisza.</figcaption> </figure> <p><strong>Lo&iuml;e Fuller&nbsp;: les danses acc&eacute;l&eacute;r&eacute;es</strong></p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Les spectacles du vaudeville et du music-hall, caract&eacute;ris&eacute;s par des chor&eacute;graphies rigides avec des pr&eacute;sences sc&eacute;niques marqu&eacute;es (comme celles de Guilbert), commencent &agrave; se renouveler avec les danses lumineuses de Lo&iuml;e Fuller ax&eacute;es sur la fascination du mouvement. L&rsquo;am&eacute;ricaine Mary Louise Fuller d&eacute;bute comme actrice, en se produisant dans des com&eacute;dies et des vaudevilles. En 1892, elle arrive &agrave; Paris o&ugrave;, pr&eacute;c&eacute;d&eacute;e par sa notori&eacute;t&eacute;, elle re&ccedil;oit un triomphe sans pr&eacute;c&eacute;dent. Bien avant qu&rsquo;elle soit engag&eacute;e aux Folies-Berg&egrave;re, ses danses sont d&eacute;j&agrave; amplement imit&eacute;es<a href="#nbp_6" id="footnoteref6_a4nrskm" name="lien_nbp_6" title="&amp;nbsp;Cf. entre autres Elena Mazzoleni, «&amp;nbsp;Loïe Fuller: il fascino della luce&amp;nbsp;», Elephant&amp;amp;Castle, n°&amp;nbsp;8, 2013, p.&amp;nbsp;5-27.">6</a>. Les chor&eacute;graphies de Fuller se caract&eacute;risent par le mouvement constant de larges voiles de soie blanche sur lesquels sont projet&eacute;es des lumi&egrave;res color&eacute;es.</p> <figure><img alt="2.jpg" data-entity-type="" data-entity-uuid="" height="446" src="http://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/pictures/2.jpg" width="580" /> <figcaption>Samuel Joshua Beckett,&nbsp;<em>Lo&iuml;e Fuller Dancing</em>, vers 1900, New York, The Metropolitan Museum of Art.</figcaption> </figure> <p>Autour de la danseuse ondulent des superficies fluides qui g&eacute;n&egrave;rent des formes changeantes dont le d&eacute;placement est rendu visible et accentu&eacute; par la projection de faisceaux de lumi&egrave;re provenant de divers endroits de la sc&egrave;ne. Ainsi, le public se retrouve face &agrave; un espace sc&eacute;nique plastique, envahi par des plis &agrave; l&rsquo;infini et par la projection de lumi&egrave;res changeantes qui mettent en sc&egrave;ne le mouvement acc&eacute;l&eacute;r&eacute;. En 1893 Jules Ch&eacute;ret r&eacute;alise un manifeste qui t&eacute;moigne de l&rsquo;identification de la danseuse &agrave; la vitesse. Fuller est prise dans un tourbillon de soie lumineuse qui la soul&egrave;ve du sol formant avec son corps la lettre &laquo;&nbsp;S&nbsp;&raquo;, signe incontestable du mouvement.</p> <figure><img alt="3.jpg" data-entity-type="" data-entity-uuid="" height="494" src="http://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/pictures/3.jpg" width="373" /> <figcaption>&nbsp;Jules Ch&eacute;ret,&nbsp;<em>Folies Berg&egrave;re&nbsp;: la Lo&iuml;e Fuller</em>, 1893, Paris, Biblioth&egrave;que nationale de France, Collection Dutailly.</figcaption> </figure> <p>Dans&nbsp;<em>Lo&iuml;e Fuller danseuse de la Belle &Eacute;poque</em>&nbsp;(1994), Giovanni Lista t&eacute;moigne de la s&eacute;duction de Fuller en tant que forme en mouvement&nbsp;: &laquo;&nbsp;La fascination exerc&eacute;e par Fuller sur la sc&egrave;ne est produite par la r&eacute;duction du corps humain &agrave; un rayon lumineux en mouvement<a href="#nbp_7" id="footnoteref7_x7srlwp" name="lien_nbp_7" title="&amp;nbsp;Giovanni Lista, Loïe Fuller danseuse de la Belle Époque, Paris, Éditions Stock, 1994, p. 119.">7</a>[&hellip;]&nbsp;&raquo;.</p> <p>Les danses de Fuller font r&eacute;f&eacute;rence aux th&eacute;ories sur le mouvement et sur les perceptions qui int&eacute;ressent beaucoup les intellectuels de l&rsquo;&eacute;poque attir&eacute;s par les exp&eacute;rimentations de la qualit&eacute; de la lumi&egrave;re et de ses effets sur les &eacute;motions. Dans ces ann&eacute;es-l&agrave;, Muybridge se d&eacute;die aux applications de chronophotographie, Marey &eacute;tudie la visualisation du mouvement &agrave; travers des points lumineux, Robert Vischer s&rsquo;int&eacute;resse au lien empathique entre mouvement et &eacute;motion, Aby Warburg d&eacute;veloppe le concept de&nbsp;<em>Pathosformel</em>&nbsp;&eacute;troitement li&eacute; au dynamisme des images et Bernard Berenson d&eacute;veloppe les th&eacute;ories sur la perception &eacute;motive du mouvement<a href="#nbp_8" id="footnoteref8_fa732oj" name="lien_nbp_8" title="&amp;nbsp;Les danses lumineuses évoquent aussi les pratiques d’hypnose très répandues à l’époque. Cf. Felicia McCarren, Dance Pathologies, Stanford, Stanford University Press, 1998.">8</a>. Fuller elle-m&ecirc;me fr&eacute;quente Thomas Edison, et s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; ses &eacute;tudes des mat&eacute;riaux fluorescents et des ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;incandescence et de persistance lumineuse. Il faut aussi remarquer que le &laquo;&nbsp;d&eacute;cor&nbsp;&raquo; des spectacles de Fuller est le Paris de l&rsquo;Exposition Universelle de 1900 consacr&eacute;e comme ville lumi&egrave;re, &eacute;picentre d&rsquo;une r&eacute;volution culturelle fond&eacute;e sur l&rsquo;imaginaire de la vitesse comme synonyme de progr&egrave;s.</p> <p>Sur le plan de la dramaturgie sc&eacute;nographique, les r&eacute;flexions de l&rsquo;&eacute;poque se traduisent, dans le cas de Fuller, par la tentative de rendre visible le mouvement &agrave; travers sa d&eacute;composition et la projection de la lumi&egrave;re color&eacute;e sur l&rsquo;&eacute;cran fluide de la draperie. L&rsquo;aspect dynamique, dans la forme du pli et du reflet, devient ainsi le catalyseur du regard et, lib&eacute;r&eacute; par l&rsquo;instance narrative, acquiert une pleine autonomie de sens. Dans son autobiographie&nbsp;<em>Quinze ans de ma vie&nbsp;</em>(1908), Fuller &eacute;voque une &laquo;&nbsp;th&eacute;orie du mouvement&nbsp;&raquo;, r&eacute;sultat d&rsquo;une r&eacute;flexion centr&eacute;e sur le rapport entre mouvement et perception, qui entend la danse comme l&rsquo;art du mouvement et de la sensation&nbsp;:</p> <p><q>Qu&rsquo;est-ce que la danse&nbsp;? Du mouvement. Qu&rsquo;est-ce que le mouvement&nbsp;? L&rsquo;expression d&rsquo;une sensation. Qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;une sensation&nbsp;? Le r&eacute;sultat que produit sur le corps humain une impression ou une id&eacute;e que per&ccedil;oit l&rsquo;esprit. [&hellip;] Pour donner l&rsquo;impression d&rsquo;une id&eacute;e, je t&acirc;che de la faire na&icirc;tre, par mes mouvements, dans l&rsquo;esprit des spectateurs, d&rsquo;&eacute;veiller leur imagination, qu&rsquo;elle soit pr&eacute;par&eacute;e &agrave; recevoir l&rsquo;image ou non. [&hellip;] De fait, le mouvement a &eacute;t&eacute; le point de d&eacute;part de tout effort d&rsquo;expression et il est fid&egrave;le &agrave; la nature<a href="#nbp_9" id="footnoteref9_9txwrtq" name="lien_nbp_9" title="&amp;nbsp;Loïe Fuller, Quinze ans de ma vie, Paris, Librairie Félix Juven, 1908, p.&amp;nbsp;68-70.">9</a>.</q></p> <p>La vitesse est &eacute;videmment ce qui caract&eacute;rise la c&eacute;l&egrave;bre danse serpentine&nbsp;: une succession de spirales de tissu blanc qui irradient en direction de tous les points p&eacute;riph&eacute;riques de la sc&egrave;ne. La r&eacute;p&eacute;tition de plis infinis et toujours diff&eacute;rents g&eacute;n&egrave;re des formes fluides qui finissent par cacher le corps de la danseuse en le substituant et en catalysant le regard. Pour la premi&egrave;re fois, le spectacle de danse abolit la sc&eacute;nographie d&eacute;corative et privil&eacute;gie des fonds uniformes qui font amplement partie de la mise en sc&egrave;ne. Elle &eacute;labore ainsi une mise en sc&egrave;ne plus dynamique et active par rapport &agrave; celle des spectacles de Guilbert&nbsp;: Fuller agit profond&eacute;ment sur les spectateurs, en les hypnotisant &agrave; travers le mouvement des spirales lumineuses de tissu. En effet, les chor&eacute;graphies de la danseuse ne se bornent pas &agrave; faire du mouvement acc&eacute;l&eacute;r&eacute; un moyen pour s&eacute;duire le public, mais elles commencent &agrave; incarner les fantasmes de l&rsquo;&eacute;poque moderne.</p> <p><strong>Leopoldo Fregoli&nbsp;: les transformations fr&eacute;n&eacute;tiques et leurs illusions</strong></p> <p>Dans les m&ecirc;mes ann&eacute;es, la danse serpentine de Fuller est reprise dans un style comique par le transformiste Leopoldo Fregoli. L&rsquo;acteur italien d&eacute;bute avec une compagnie, qui revisite des num&eacute;ros de magie mis en sc&egrave;ne par les fr&egrave;res am&eacute;ricains Davenport<a href="#nbp_10" id="footnoteref10_3k46nsx" name="lien_nbp_10" title="&amp;nbsp;Cf. Anna Maria Testaverde, L’Horreur théâtrale aux limites du possible&amp;nbsp;: les «&amp;nbsp;illusionnismes de scène&amp;nbsp;» entre XIXe et XXe siècles, dans Franca Franchi et Pierre Glaudes (dir.), Faire peur&amp;nbsp;: aux limites du visible. 16 réflexions entre histoire, littérature et arts, Cinisello Balsamo, Silvana, 2019, p.&amp;nbsp;208-223.">10</a>. Mais c&rsquo;est pendant son service militaire qu&rsquo;il monte son premier num&eacute;ro de transformisme pour distraire les soldats du corps exp&eacute;ditionnaire italien en Abyssinie, au th&eacute;&acirc;tre Margherita de Massaua. &Agrave; ce moment-l&agrave;, il met au point des tours pour changer les costumes rapidement et prendre des poses et jouer sur les tons de sa voix<a href="#nbp_11" id="footnoteref11_q2gsbf6" name="lien_nbp_11" title="&amp;nbsp;Cf. Leopoldo Fregoli, Fregoli raccontato da Fregoli, Milan, Rizzoli, 1936.">11</a>. De retour en Italie, il se produit dans des caf&eacute;s-concerts comme l&rsquo;Esedra de Rome (le 18 mars 1891) et il se fait remarquer pour le&nbsp;<em>Camaleonte</em>, un num&eacute;ro bas&eacute; sur des m&eacute;tamorphoses qui pr&eacute;voient de rapides mutations de gestes et de voix (il chante comme baryton, contralto, t&eacute;nor et basse). Inspir&eacute; par le monologue d&rsquo;Ermete Novelli,&nbsp;<em>Condensiamo</em>, il interpr&egrave;te seul, et presque simultan&eacute;ment, cinq personnages protagonistes d&rsquo;un triangle amoureux. Vers la fin des ann&eacute;es quatre-vingt-dix, le transformiste commence &agrave; se produire dans les principaux th&eacute;&acirc;tres italiens&nbsp;: l&rsquo;Eden et le Dal Verme de Milan, le Caff&egrave; Romano de Turin, le Donizetti de Bergamo, le Politeama de Palerme, o&ugrave; il propose&nbsp;<em>Maestri d&rsquo;operetta</em>. Il y appara&icirc;t derri&egrave;re un lutrin dans les r&ocirc;les de Wagner, Mascagni et Verdi.</p> <p>En 1893, sur l&rsquo;invitation de l&rsquo;impresario th&eacute;&acirc;tral Torquato Montelatici, il commence &agrave; diriger une compagnie de vari&eacute;t&eacute;s &laquo;&nbsp;Compagnia Fin di Secolo&nbsp;&raquo;, qui comprend des chansonniers, un chef d&rsquo;orchestre, deux acrobates et un metteur en sc&egrave;ne. Le r&eacute;pertoire associe des num&eacute;ros de vari&eacute;t&eacute; &agrave; des spectacles de transformisme, un sch&eacute;ma qui restera immuable durant toute la vie artistique de Fregoli. La m&ecirc;me ann&eacute;e, il entreprend les premi&egrave;res tourn&eacute;es internationales en Espagne, aux &Eacute;tats-Unis, en Am&eacute;rique latine, o&ugrave; il se produit pour la premi&egrave;re fois &agrave; l&rsquo;<em>Eldorado</em>, une &laquo;&nbsp;action comico-mimico-lyrico-dramaturgique&nbsp;&raquo; o&ugrave; l&rsquo;acteur ne fait pas seulement preuve de rapidit&eacute; dans la transformation, mais propose une parodie des spectacles de vari&eacute;t&eacute;. Le num&eacute;ro qui na&icirc;t comme une r&eacute;adaptation d&rsquo;un autre spectacle,&nbsp;<em>Eden-Concerto</em>, et comme la synth&egrave;se d&rsquo;autres num&eacute;ros (<em>Esperimenti di illusionismo</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Maestri d&rsquo;operetta</em>), comprend soixante transformations. L&rsquo;acteur se pr&eacute;sente d&rsquo;abord dans le r&ocirc;le d&rsquo;un impr&eacute;sario, de diff&eacute;rents artistes de vari&eacute;t&eacute; et de c&eacute;l&egrave;bres musiciens.&nbsp;<em>Teatro di ieri. Ritratti e ricordi</em>&nbsp;(1938) de Renato Simoni donne la confirmation de l&rsquo;&laquo;&nbsp;art fulgurant<a href="#nbp_12" id="footnoteref12_6i0ik88" name="lien_nbp_12" title="&amp;nbsp;Renato Simoni,« Fulmineità », dans Teatro di ieri. Ritratti e ricordi, Milan, Treves, 1938, p.&amp;nbsp;176.">12</a>&nbsp;&raquo; de Fregoli&nbsp;:</p> <p><q>Non pas dispara&icirc;tre illusoirement entre [les personnages] mais se faufiler entre les mains et rebondir &agrave; gauche quand on l&rsquo;avait vu s&rsquo;aplatir &agrave; droite, r&eacute;duisant le temps, augmentant le nombre de diversit&eacute;s, la rapidit&eacute;, la bri&egrave;vet&eacute;, l&rsquo;incr&eacute;dulit&eacute; de ses transformations, au fur et &agrave; mesure que le jeu de sc&egrave;ne se poursuivait f&eacute;roce et chantant, comme s&rsquo;il s&rsquo;emballait toujours plus, et sur le coup inventait des folies pittoresques retournant la garde-robe et l&rsquo;envers du d&eacute;cor<a href="#nbp_13" id="footnoteref13_kchydpf" name="lien_nbp_13" title="&amp;nbsp;«&amp;nbsp;Non già uno sparire illusorio entro di esse [figure] ma uno sgusciarci tra le mani e rimbalzare da sinistra quando l’avevamo veduto appiattirsi a destra, stringendo il tempo, accrescendo il numero di diversità, la prontezza, la brevità, l’incredulità delle sue trasformazioni, di mano in mano che il gioco scenico procedeva concitato e canoro, come se egli si infervorasse sempre di più, e lì per lì inventasse pittoresche follie, mettendo a soqquadro il guardaroba e il dietro scena.&amp;nbsp;» Ibidem, p.&amp;nbsp;178.">13</a>.</q></p> <p>En janvier 1900, Fregoli entame une tourn&eacute;e de sept ans &agrave; Paris. Il se produit au Trianon jusqu&rsquo;&agrave; la fin de f&eacute;vrier, lorsqu&rsquo;un incendie d&eacute;truit la salle et la totalit&eacute; de la garde-robe-r&eacute;pertoire de l&rsquo;artiste italien. Fregoli r&eacute;ussit toutefois &agrave; r&eacute;cup&eacute;rer rapidement ses objets de sc&egrave;ne et accepte un nouveau contrat &agrave; l&rsquo;Olympia dirig&eacute; alors par les fr&egrave;res Isola. Jules Claretie, qui assiste aux spectacles de Fregoli, d&eacute;crit la capacit&eacute; de l&rsquo;artiste &agrave; se multiplier &agrave; volont&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;Il faut le voir, dans les coulisses, lorsqu&rsquo;il substitue presque &eacute;lectriquement un costume ou un masque avec un autre<a href="#nbp_14" id="footnoteref14_4gysm7o" name="lien_nbp_14" title="&amp;nbsp;Jules Claretie, La Vie à Paris. 1910, Paris, Fasquelle, 1911, p.&amp;nbsp;77-79.">14</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p>Dans la derni&egrave;re partie de sa carri&egrave;re, Fregoli se rend compte de l&rsquo;effet spectaculaire de ses tours et cr&eacute;e le &laquo;&nbsp;th&eacute;&acirc;tre &agrave; l&rsquo;envers&nbsp;&raquo;, qui permet au public d&rsquo;assister &agrave; la repr&eacute;sentation depuis les coulisses. D&rsquo;ailleurs on chuchote qu&rsquo;il dispose d&rsquo;une doublure, un sosie, ce qui expliquerait la rapidit&eacute; de ses transformations. Durant ce spectacle, auquel on peut assister comme si on se trouve &agrave; l&rsquo;arri&egrave;re de la sc&egrave;ne, l&rsquo;artiste se pr&eacute;sente de dos, face &agrave; un public imaginaire peint sur une toile de fond. On peut le voir tour &agrave; tour sautant d&rsquo;un costume &agrave; l&rsquo;autre entre les mains des habilleurs, des perruquiers, d&rsquo;une vingtaine de personnes qui participent &agrave; l&rsquo;action en coulisse.</p> <p>Fregoli cr&eacute;e un art fait de rapides coups de th&eacute;&acirc;tre pens&eacute;s pour donner l&rsquo;illusion de la simultan&eacute;it&eacute; des actions de ses personnages sur la sc&egrave;ne. En mars 1903,&nbsp;<em>La Settimana</em>&nbsp;commente de fa&ccedil;on significative un spectacle de Fregoli au Politeama de Naples, mettant en &eacute;vidence la capacit&eacute; de l&rsquo;artiste &agrave; appara&icirc;tre sur sc&egrave;ne dans la peau de diff&eacute;rents personnages presque simultan&eacute;ment gr&acirc;ce &agrave; de rapides transformations&nbsp;:</p> <p><q>Fregoli est un kal&eacute;idoscope de genres, une quantit&eacute; vari&eacute;e, intarissable de styles [&hellip;] C&rsquo;est un seul homme qui fait tout cela&nbsp;: un seul homme qui r&eacute;ussit &agrave; &ecirc;tre cent personnes diff&eacute;rentes avec une telle rapidit&eacute;, qui r&eacute;ussit &agrave; r&eacute;aliser de petites actions sc&eacute;niques sans coupures ni interruptions, &agrave; tel point que vous avez l&rsquo;illusion que l&rsquo;un des personnages est encore sur sc&egrave;ne lorsque l&rsquo;autre arrive enfin&nbsp;: et pourtant il s&rsquo;agit toujours de la m&ecirc;me personne&nbsp;! Il tient le public en haleine, seul, tout seul, pendant trois heures, passant de la farce &agrave; la sc&egrave;ne musicale et de la chanson &agrave; la danse serpentine, sans une minute de repos<a href="#nbp_15" id="footnoteref15_ps5bapy" name="lien_nbp_15" title="&amp;nbsp;«&amp;nbsp;Fregoli è un caleidoscopio di tipi, è una quantità svariata, inesauribile di caratteri […] È un uomo solo, che fa tutto questo : un uomo solo che riesce a sembrare cento persone diverse con tale celerità, da poter svolgere delle piccole azioni sceniche che non soffrono affatto di sbalzi e di interruzioni, tanto che voi avete l’illusione che uno dei personaggi sia tuttora in scena mentre l’altro arriva allora: eppure, sono tutti e due la stessa persona! E quest’ultimo tien viva l’attenzione del pubblico, solo, solissimo, per tre ore, passando dalla farsetta alla scena musicale e dalla canzonetta alla danza serpentina, senza un minuto di riposo, senza tregua, senza che voi vi stanchiate, mai, senza che egli si stanchi, mai!&amp;nbsp;» Cf. Alex Rusconi, Fregoli, la biografia, Rome, Stampa Alternativa, 2011, p.&amp;nbsp;111.">15</a>[&hellip;]</q></p> <p>Les critiques de l&rsquo;&eacute;poque insistent sur le pouvoir de fascination de Fregoli&nbsp;: le public sort du th&eacute;&acirc;tre &laquo;&nbsp;bouche b&eacute;e, les oreilles remplies d&rsquo;&eacute;chos des musiques les plus diverses et la t&ecirc;te habit&eacute;e par une infinit&eacute; de personnes<a href="#nbp_16" id="footnoteref16_43ai4c5" name="lien_nbp_16" title="&amp;nbsp;«&amp;nbsp;Occhi imbambolati, orecchie piene di echi delle musiche più diverse e la testa zeppa di un’infinità di persone&amp;nbsp;». Ibidem, p.&amp;nbsp;71.">16</a>.&nbsp;&raquo; Il faut remarquer que Fregoli conclut ses num&eacute;ros avec la nouveaut&eacute; absolue de la projection cin&eacute;matographique (en 1898 il met en sc&egrave;ne pour la premi&egrave;re fois son &laquo;&nbsp;Fr&eacute;goligraphe&nbsp;&raquo; en Italie, au Gran Circo del Variet&agrave; de Naples). Les films sont ins&eacute;r&eacute;s dans les num&eacute;ros de transformation qui, &agrave; leur tour, invoquent les projections, cr&eacute;ant ainsi un lien entre cin&eacute;ma et num&eacute;ros de vari&eacute;t&eacute;. Avec sa pr&eacute;sence physique, en soi prot&eacute;iforme, Fregoli &laquo;&nbsp;d&eacute;passe&nbsp;&raquo; la fronti&egrave;re entre sc&egrave;ne et &eacute;cran, donnant le change &agrave; son double cin&eacute;matographique. De cette fa&ccedil;on, l&rsquo;effet d&rsquo;&eacute;merveillement chez le spectateur est assur&eacute;<a href="#nbp_17" id="footnoteref17_l8boel2" name="lien_nbp_17" title="&amp;nbsp;En 1897 Fregoli rencontre les frères Lumière à Lyon, au Théâtre des Célestins. Il achète un projecteur, qu’il rebaptise le Frégoligraphe, avec un droit d’exclusivité d’un ensemble de petits films. Le premier long métrage de Frégoli est dédié à Ermete Novelli et le second est interprété par Fregoli lui-même dans le rôle d’un prestidigitateur. Au même moment que Georges Méliès en France, Fregoli introduit le cinéma au théâtre.">17</a>.</p> <p>Les transformations de Fregoli vont encore plus loin tant par rapport au jeu allusif de Guilbert, qui marque une pr&eacute;sence sc&eacute;nique forte &agrave; travers la rapidit&eacute; de ses gestes, que par rapport aux danses lumineuses de Fuller, qui int&egrave;grent le mouvement acc&eacute;l&eacute;r&eacute; dans leur mise en sc&egrave;ne. L&rsquo;artiste italien associe la vitesse &agrave; la technologie du cin&eacute;ma pour repenser par l&agrave; m&ecirc;me le th&eacute;&acirc;tre. En effet, ses num&eacute;ros jouent avec l&rsquo;artifice th&eacute;&acirc;tral&nbsp;: le spectacle n&rsquo;est plus la sc&egrave;ne en elle-m&ecirc;me mais int&egrave;gre aussi les coulisses et ainsi met en question le rapport entre le th&eacute;&acirc;tre et la r&eacute;alit&eacute;. &laquo;&nbsp;Le th&eacute;&acirc;tre &agrave; l&rsquo;envers&nbsp;&raquo; joue avec l&rsquo;artifice et ses limites, en d&eacute;voilant les enjeux du transformisme ax&eacute;s justement sur la vitesse des gestes de l&rsquo;acteur. Fregoli incarne donc la fascination du public de l&rsquo;&eacute;poque pour la vitesse associ&eacute;e au progr&egrave;s.</p> <figure><img alt="4.jpg" data-entity-type="" data-entity-uuid="" height="495" src="http://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/pictures/4.jpg" width="363" /> <figcaption>Louis Geisler,&nbsp;<em>Transformations de Fr&eacute;goli</em>, 1900, Paris, Biblioth&egrave;que nationale de France.</figcaption> </figure> <p><strong>Le Grand Guignol&nbsp;: les &laquo;&nbsp;comprim&eacute;s&nbsp;&raquo; de terreur troublants</strong></p> <p>Au cours des m&ecirc;mes ann&eacute;es, aussi bien en France qu&rsquo;en Italie<a href="#nbp_18" id="footnoteref18_y082cws" name="lien_nbp_18" title="&amp;nbsp;À propos du Grand Guignol, voir Camillo Antona-Traversi, Théâtre de l’épouvante et du rire, Paris, Librairie théâtrale, 1933&amp;nbsp;; Agnès Pierron (dir.), Le Grand-Guignol. Le théâtre des peurs de la Belle Époque, Paris, Laffont, 1995. Du côté italien, signalons Corrado Augias, Teatro del Grand Guignol, Turin, Einaudi, 1976&amp;nbsp;; Carla Arduini, Teatro sinistro. Storia del Grand Guignol in Italia, Rome, Bulzoni, 2011&amp;nbsp;; Elena Mazzoleni, «&amp;nbsp;D’indicibles frissons de peur&amp;nbsp;»&amp;nbsp;: Alfredo Sainati et le Grand Guignol italien, dans Franca Franchi et Pierre Glaudes (dir), Faire peur&amp;nbsp;: aux limites du visible. 16 réflexions entre histoire, littérature et arts, Cinisello Balsamo, Silvana, 2019, p.&amp;nbsp;142-157 et Francesco Ruchin, Il paese delle oche, Prato, Pentalinea, 2013.">18</a>, on assiste &agrave; la m&ecirc;me implication &eacute;motive de la part du public du Grand Guignol. Durant pas moins de trente ans, des actes uniques tr&egrave;s courts, connus comme &laquo;&nbsp;&ldquo;comprim&eacute;s&rdquo; de terreur<a href="#nbp_19" id="footnoteref19_54wrq6t" name="lien_nbp_19" title="&amp;nbsp;André de Lorde, Théâtre d’épouvante, Paris, Fasquelle, 1909, p.&amp;nbsp;25.">19</a>&nbsp;&raquo;, fascinent un public large et transversal.</p> <p>Le 13 avril 1897, Maurice Magnier inaugure le th&eacute;&acirc;tre Salon &agrave; Paris. La salle propose une programmation &eacute;clectique, qui comprend des pi&egrave;ces en un acte, pr&eacute;c&eacute;d&eacute;es de prologues et suivies de vaudevilles et de pantomimes. Au bout d&rsquo;un an, la salle ferme puis est ouverte &agrave; nouveau sous le nom de Grand Guignol par Oscar M&eacute;t&eacute;nier, collaborateur d&rsquo;Andr&eacute; Antoine au Th&eacute;&acirc;tre Libre. En 1899, la direction du petit th&eacute;&acirc;tre passe aux mains de Max Maurey. L&rsquo;am&eacute;nagement de la salle est achev&eacute;, seules des pi&egrave;ces en un acte composent le r&eacute;pertoire et la programmation se fonde sur une alternance entre deux pi&egrave;ces d&rsquo;&eacute;pouvante et deux spectacles comiques. Cette formule th&eacute;&acirc;trale&nbsp;&ndash;&nbsp;appel&eacute;e &laquo;&nbsp;douche &eacute;cossaise&nbsp;&raquo; en r&eacute;f&eacute;rence aux variations m&eacute;t&eacute;orologiques &eacute;cossaises&nbsp;&ndash;, bas&eacute;e sur l&rsquo;association entre comique et dramatique, tient le public en &eacute;tat d&rsquo;alerte constante. Au cours de la soir&eacute;e, on assiste &agrave; des repr&eacute;sentations dramatiques entrecoup&eacute;es d&rsquo;interm&egrave;des comiques. Ce montage rapide, qui ne fait qu&rsquo;accro&icirc;tre l&rsquo;intensit&eacute; des actions agressives en les associant &agrave; des moments de d&eacute;tente, contribue &agrave; cr&eacute;er de la tension. Dans&nbsp;<em>Th&eacute;&acirc;tre d&rsquo;&eacute;pouvante</em>&nbsp;(1909), Andr&eacute; de Lorde, principal dramaturge du Grand Guignol fran&ccedil;ais, voit dans la bri&egrave;vet&eacute; de la pi&egrave;ce en un acte le dispositif th&eacute;&acirc;tral le plus &agrave; m&ecirc;me de troubler le public&nbsp;: &laquo;&nbsp;Pour que le sentiment de la peur soit violent chez le spectateur, il ne faut pas &eacute;crire des pi&egrave;ces o&ugrave; l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t puisse s&rsquo;&eacute;parpiller sur plusieurs incidents, au lieu de se fixer sur un seul. Si l&rsquo;on veut que le public se retire encore tout fr&eacute;missant, il faut &eacute;crire des pi&egrave;ces courtes, ramass&eacute;es<a href="#nbp_20" id="footnoteref20_xihh7mc" name="lien_nbp_20" title="&amp;nbsp;Ibid., p.&amp;nbsp;24.">20</a><sup><sup>&nbsp;</sup></sup>[&hellip;].&nbsp;&raquo;</p> <p>La mise en sc&egrave;ne, caract&eacute;ris&eacute;e par un savant recours aux effets sp&eacute;ciaux, participe bien s&ucirc;r de l&rsquo;atmosph&egrave;re angoissante. Les trucages et la machinerie du Grand Guignol, quoi qu&rsquo;extr&ecirc;mement simples, jouent un r&ocirc;le fondamental. D&rsquo;ailleurs, si le public est impressionn&eacute;, il s&rsquo;implique plus facilement dans le spectacle, comblant les trous de la trame et de la mise en sc&egrave;ne &agrave; l&rsquo;aide de son imagination. La peur s&rsquo;accro&icirc;t dans l&rsquo;attente d&rsquo;&eacute;v&eacute;nements effroyables ou sous l&rsquo;effet des allusions fugitives qui y sont faites.</p> <p>Entre la fin du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle et le d&eacute;but du XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, le progr&egrave;s scientifique impose de nouveaux styles de vie, qui acc&eacute;l&egrave;rent les rythmes en vigueur jusque-l&agrave;. De nombreux intellectuels signalent les transformations socioculturelles et critiquent leurs effets sur les hommes. Le Grand Guignol, inaugur&eacute; quelques ann&eacute;es apr&egrave;s la publication de&nbsp;<em>D&eacute;g&eacute;n&eacute;rescence</em>&nbsp;(1892) de Max Nordau, s&rsquo;inscrit clairement dans cet horizon et peut &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;, et pour ses th&egrave;mes et pour son esth&eacute;tique consacr&eacute;e &agrave; la vitesse (d&rsquo;ailleurs mod&egrave;le pour le th&eacute;&acirc;tre synth&eacute;tique futuriste centr&eacute; sur la repr&eacute;sentation des rythmes acc&eacute;l&eacute;r&eacute;s modernes), comme l&rsquo;un des sympt&ocirc;mes de la crise de la soci&eacute;t&eacute; fin-de-si&egrave;cle.</p> <figure><img alt="5.jpg" data-entity-type="" data-entity-uuid="" height="471" src="http://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/pictures/5.jpg" width="328" /> <figcaption>Le Grand Guignol &agrave; 9 h tous les soirs 20 rue Chaptal, Paris, Biblioth&egrave;que nationale de France.</figcaption> </figure> <p><strong>Les Hanlon-Lees&nbsp;: les pantomimes convulsives</strong></p> <p>Au cours des m&ecirc;mes ann&eacute;es, dans les principaux th&eacute;&acirc;tres de vari&eacute;t&eacute; et cirques am&eacute;ricains et europ&eacute;ens, le public d&eacute;couvre le m&ecirc;me &laquo;&nbsp;plaisir pervers en voyant les cascades du casse-cou que les Hanlons pr&eacute;sentaient chaque soir<a href="#nbp_21" id="footnoteref21_hhgqb7f" name="lien_nbp_21" title="&amp;nbsp;«&amp;nbsp;Perverse pleasure in seeing the daredevil stunts that the Hanlons presented on a nightly basis&amp;nbsp;». Mark Cosdon, The Hanlon brothers: from daredevil acrobatics to spectacle pantomime, 1833-1931, Carbondale, Southern Illinois University Press, 2010, p.&amp;nbsp;17.">21</a>.&nbsp;&raquo; Dans les ann&eacute;es soixante-dix, les fr&egrave;res irlandais Hanlon-Lees quittent les &Eacute;tats-Unis, leur terre d&rsquo;adoption, pour entamer une tourn&eacute;e de onze ans en Europe<a href="#nbp_22" id="footnoteref22_xqtifyy" name="lien_nbp_22" title="&amp;nbsp;Pour une étude approfondie sur les Hanlon-Lees voir Sophie Bash,&amp;nbsp;Le Cirque en 1879. Les Hanlon-Lees dans la littérature, dans André Guyau et Sophie Marchal (dir.), La Vie romantique, Paris, Presses Universitaires Paris-Sorbonne, 2002, p.&amp;nbsp;7-36&amp;nbsp;; Mark Cosdon, «&amp;nbsp;Prepping for Pantomime&amp;nbsp;: The Hanlon Brothers’ Fame and Tragedy 1863-1870&amp;nbsp;», Theatre History Studies, n°&amp;nbsp;20, juin 2000, p.&amp;nbsp;67-104, The Hanlons brothers&amp;nbsp;: from daredevil acrobatics to spectacle pantomime, cit. À propos de leur répertoire,&amp;nbsp;voir Richard Lesclide, Mémoires et pantomimes des frères Hanlon-Lees, Paris, Imprimerie de la Publicité Reverchon et Vollet, 1879.">22</a>. Ils se produisent dans de brefs spectacles appel&eacute;s &laquo;&nbsp;Soir&eacute;es de folie&nbsp;&raquo; aux Folies-Berg&egrave;re et au Th&eacute;&acirc;tre des Vari&eacute;t&eacute;s (gr&acirc;ce &agrave; la correspondance des s&oelig;urs Vesque nous savons que, le 10 avril 1903, ils sont de nouveau &agrave; Paris et qu&rsquo;ils se produisent &agrave; l&rsquo;Alhambra<a href="#nbp_23" id="footnoteref23_ailbtmh" name="lien_nbp_23" title="&amp;nbsp;Marthe et Julie Vesque, Journal. Les 23 carnets (1904-1947), Musée des civilisations Europe méditerranée&amp;nbsp;–&amp;nbsp;Mucem, Aix en Provence, (1913, côte 1-27). Les frères Hanlon-Lees, Fred et William, sont en Europe, de 1910 à 1914, pour une dernière tournée.">23</a>). Leurs interpr&eacute;tations consistent en des num&eacute;ros d&rsquo;acrobatie et des pantomimes macabres caract&eacute;ris&eacute;s par des&nbsp;<em>slapsticks&nbsp;</em>(br&egrave;ves sc&egrave;nes comiques et violentes) fulgurants, qui unissent des mouvements eurythmiques &agrave; des gestes f&eacute;briles, hyst&eacute;riques exactement comme ceux de la vie moderne. Se r&eacute;f&eacute;rant aux Hanlon-Lees comme aux &laquo;&nbsp;Edison de la pantomime<a href="#nbp_24" id="footnoteref24_xxczzr5" name="lien_nbp_24" title="&amp;nbsp;Jules Claretie, La Vie à Paris.1881, Paris, Havard, 1881, vol.&amp;nbsp;II, p. &amp;nbsp;358.">24</a>&nbsp;&raquo;, Jules Claretie &eacute;crit&nbsp;:</p> <p><q>Ils sont de leur temps, ceux-l&agrave;, d&rsquo;un temps o&ugrave; chaque seconde est une pi&egrave;ce de monnaie. Ils gambadent, ils tressautent, ils tombent, ils se rel&egrave;vent, ils meurent, ils ressuscitent, ils rient, ils pleurent, ils tirent le canon, tout cela &eacute;lectriquement. Leur pantomime a la vitesse d&rsquo;un train express. Elle est press&eacute;e comme un t&eacute;l&eacute;graphe. C&rsquo;est le mouvement perp&eacute;tuel, un mouvement insens&eacute;, affol&eacute;, furieux, f&eacute;roce, le&nbsp;<em>Go ahead</em>&nbsp;des Yankees mis en pratique par des gens qui ont d&ucirc; inventer la transfusion du vif-argent<a href="#nbp_25" id="footnoteref25_2yosdjq" name="lien_nbp_25" title="&amp;nbsp;Ibid.">25</a>.</q></p> <p>Dans la pr&eacute;face de&nbsp;<em>M&eacute;moires et pantomimes des fr&egrave;res Hanlon Lees</em>&nbsp;(1880) de Richard Lesclide, Th&eacute;odore de Banville aussi s&rsquo;attarde sur la vitesse, la convulsion des gestes des acrobates&nbsp;:</p> <p><q>Il se choquent, se heurtent, se brisent, se cognent, tombent les uns sur les autres, montent sur les glaces et en d&eacute;gringolent, ruissellent du fa&icirc;te des maisons, s&rsquo;aplatissent comme des louis d&rsquo;or, se rel&egrave;vent dans un orage de gifles, dans un tourbillonnement de coups et de torgnoles, gravissent les escaliers comme des balles sifflantes, les redescendent comme une cascade, rampent, se d&eacute;carcassent, se m&ecirc;lent, se d&eacute;chirent, se raccommodent, jaillissent et bariolent l&rsquo;air ambient, &eacute;perdus comme les rouges, vertes, bleues, jaunes, violettes d&rsquo;un kal&eacute;idoscope<a href="#nbp_26" id="footnoteref26_d61wmyn" name="lien_nbp_26" title="&amp;nbsp;Théodore de Banville, op. cit., p.&amp;nbsp;11.">26</a>&nbsp;[&hellip;].</q></p> <p>Du point de vue th&eacute;matique, leur r&eacute;pertoire, qui consiste essentiellement en une r&eacute;adaptation de la pantomime anglaise associ&eacute;e &agrave; une adaptation de la f&eacute;erie fran&ccedil;aise et des spectacles de Deburau, est centr&eacute; sur le personnage du clown lunatique et de ses crimes. Du point de vue stylistique, il est caract&eacute;ris&eacute; par l&rsquo;association d&rsquo;acrobaties, de dramaturgie, de sc&eacute;nographie et d&rsquo;illusionnisme<a href="#nbp_27" id="footnoteref27_hudzwpj" name="lien_nbp_27" title="&amp;nbsp;Leurs pantomimes sont&amp;nbsp;: Les cascades du Diable, Le duel, Une soirée en habit noir, Viande et farine, Le dentiste, Le Frater du village, Pierrot menuisier, Pierrot terrible, Do mi sol do, Singes et baigneuses et Les quatre pipelettes.">27</a>. Sauts et exercices au trap&egrave;ze s&rsquo;alternent, en effet, avec de br&egrave;ves sc&egrave;nes comiques et macabres dans le style du Grand Guignol, du cirque Molier et du Nouveau Cirque, dont le directeur, Henri Agoust, est par ailleurs &eacute;galement le collaborateur des Hanlon-Lees.</p> <p>Le cirque Molier, fond&eacute; en 1879 par Ernest Molier<a href="#nbp_28" id="footnoteref28_sw3gjx4" name="lien_nbp_28" title="&amp;nbsp;Ernest Molier est aussi l’auteur de volumes sur l’art équestre et sur l’élevage des chevaux, entre autres, L’Équitation et le cheval avec une préface de Paul Bourget (Paris, Lafitte, 1911). Pour une étude sur Molier voir Henri Le Roux, Les Jeux du cirque et la vie foraine, Paris, Plon, 1889&amp;nbsp;et le Baron de Vaux, Écuyers et écuyères, histoire des cirques d’Europe (1680-1891), Paris, Rothschild, 1893.">28</a>, s&rsquo;adresse &agrave; un public &eacute;troit d&rsquo;intellectuels. La piste somptueusement d&eacute;cor&eacute;e est con&ccedil;ue aussi bien pour l&rsquo;ex&eacute;cution des num&eacute;ros &eacute;questres et des funambules, que pour la mise en sc&egrave;ne des pantomimes. Le Nouveau Cirque, en activit&eacute; de 1886 &agrave; 1926, est &eacute;galement un cirque exclusif<a href="#nbp_29" id="footnoteref29_0c7ouwb" name="lien_nbp_29" title="&amp;nbsp;Les références bibliographiques au Nouveau Cirque sont rares et se mêlent à celles relatives au Cercle Funambulesque et aux théâtres boulevardiers.">29</a>. Quoique con&ccedil;ue pour accueillir des naumachies et des num&eacute;ros &eacute;questres, la vaste salle de trois mille places accueille aussi des pantomimes clownesques. De toute &eacute;vidence, les spectacles du Cirque Molier et du Nouveau Cirque ne visent pas seulement &agrave; susciter l&rsquo;&eacute;merveillement avec des num&eacute;ros &eacute;questres et acrobatiques, mais aussi &agrave; divertir le public avec des spectacles caract&eacute;ris&eacute;s par une composante dramatique marqu&eacute;e dans le style des pantomimes des Hanlon-Lees ou des f&eacute;eries comiques<a href="#nbp_30" id="footnoteref30_p309ff7" name="lien_nbp_30" title="&amp;nbsp;Pour une étude sur la féerie voir, entre autres, Roxane Martin, La Féerie romantique sur les scènes parisiennes 1791-1864, Paris, Champion, 2007.">30</a>. D&rsquo;ailleurs, d&egrave;s le d&eacute;but du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle, les cirques parisiens m&ecirc;laient l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment spectaculaire &agrave; la dimension dramaturgique, empi&eacute;tant sur la vari&eacute;t&eacute; (nous pensons au cas de l&rsquo;Empire Music-hall<a href="#nbp_31" id="footnoteref31_1xdq7ej" name="lien_nbp_31" title="&amp;nbsp;Ce music-hall-cirque est inauguré le 29 février 1924 et dirigé, jusqu’à 1932, par Oscar Dufrenne et Henri Varna. Ils engagent les plus grandes attractions de l’époque, comme Maurice Chevalier, l’écuyère australienne May Wirth et le trapéziste androgyne Barbette. En 1932, l’Empire est transformé en cinéma attraction.">31</a>), ou sur le genre de la com&eacute;die (comme dans le cas du Cirque Olympique des Franconi).</p> <p><em>Zampillaerostation</em>&nbsp;fait partie des num&eacute;ros d&rsquo;acrobatie les plus significatifs des Hanlon-Lees. Au c&oelig;ur des programmes des th&eacute;&acirc;tres et cirques internationaux, comme le Bailey Circus et le Cirque Chiarini, ce num&eacute;ro de William Hanlon-Lees est d&eacute;voil&eacute; en d&eacute;cembre 1861 &agrave; l&rsquo;Acad&eacute;mie de Musique de New York. Un podium est &eacute;rig&eacute;, &agrave; une vingtaine de m&egrave;tres du sol, au fond du th&eacute;&acirc;tre. Sur un signe de l&rsquo;orchestre, William bondit de la plateforme pour saisir le premier trap&egrave;ze et encha&icirc;ner les sauts p&eacute;rilleux d&rsquo;un trap&egrave;ze &agrave; l&rsquo;autre, jusqu&rsquo;&agrave; son atterrissage sur la sc&egrave;ne&nbsp;: &laquo;&nbsp;Les spectateurs assis en dessous de l&rsquo;athl&egrave;te partageaient le frisson et le danger d&rsquo;une d&eacute;monstration de trap&egrave;ze<a href="#nbp_32" id="footnoteref32_tbrb1nh" name="lien_nbp_32" title="&amp;nbsp;«&amp;nbsp;The spectators seated below the athlete became vicarious participants in the thrill and danger of a trapeze demonstration&amp;nbsp;». Mark Cosdon, The Hanlon brothers: from daredevil acrobatics to spectacle pantomime, 1833-1931, op.&amp;nbsp;cit., p.&amp;nbsp;19-20.">32</a>.&nbsp;&raquo;</p> <figure><img alt="6.jpg" data-entity-type="" data-entity-uuid="" height="528" src="http://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/pictures/6.jpg" width="367" /> <figcaption>&nbsp;Fr&eacute;d&eacute;ric R&eacute;gamey,&nbsp;<em>Les fr&egrave;res William et Frederick Hanlon-Lees et Little Bob, gymnastes am&eacute;ricains. Repr&eacute;sentation aux Folies-Berg&egrave;re</em>, 1872, dans Richard Lesclide,&nbsp;<em>M&eacute;moires et pantomimes&nbsp;des fr&egrave;res Hanlon-Lees</em>&nbsp;(1879), Paris, Biblioth&egrave;que nationale de France.</figcaption> </figure> <p><em>Voyage en Suisse</em>&nbsp;(1879) est en revanche la pantomime qui repr&eacute;sente le mieux &laquo;&nbsp;la vitesse d&rsquo;un train express<a href="#nbp_33" id="footnoteref33_b35uuuz" name="lien_nbp_33" title="&amp;nbsp;Jules Claretie, La Vie à Paris.1881, op.&amp;nbsp;cit., p.&amp;nbsp;358.">33</a>.&nbsp;&raquo; La pi&egrave;ce, qui contient une des premi&egrave;res sc&egrave;nes de poursuite de la com&eacute;die moderne, est &laquo;&nbsp;&eacute;crite dans une prose qui fait le saut p&eacute;rilleux et le saut de carpe, et m&ecirc;l&eacute;e de couplets dont les spirituelles rimes carillonnent comme une m&ecirc;l&eacute;e de grelots d&eacute;cha&icirc;n&eacute;e dans le vent furieux<a href="#nbp_34" id="footnoteref34_kcqo0u2" name="lien_nbp_34" title="&amp;nbsp;Richard Lesclide, op. cit., p.&amp;nbsp;178.">34</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p>Reprise lors de l&rsquo;Exposition Universelle de Paris en 1878, elle fait le succ&egrave;s des fr&egrave;res Hanlon-Lees en France comme aux &Eacute;tats-Unis. La pi&egrave;ce est donn&eacute;e durant pr&egrave;s de quatre mois &agrave; Paris, avant d&rsquo;&ecirc;tre transf&eacute;r&eacute;e &agrave; la Galerie Saint-Hubert de Bruxelles pour cinquante soir&eacute;es successives. L&rsquo;action, qui est une suite de pitreries, se d&eacute;roule dans l&rsquo;&eacute;poque contemporaine au public. Un jeune amant cherche &agrave; retrouver sa fianc&eacute;e enlev&eacute;e par un vieillard lubrique et conduite en Suisse. Deux Pierrots valets (Fred et William Hanlon-Lees) aident le jeune homme, leur ma&icirc;tre.</p> <figure><img alt="7.jpg" data-entity-type="" data-entity-uuid="" height="533" src="http://www.alepreuve.org/sites/alepreuve.org/files/pictures/7.jpg" width="349" /> <figcaption>Atelier Nadar,&nbsp;<em>Les Hanlon-Lees dans</em>&nbsp;Le Voyage en Suisse, vers 1910 d&rsquo;apr&egrave;s une prise de vue de 1879,Paris, Biblioth&egrave;que nationale de France.</figcaption> </figure> <p>Pendant le voyage en train, le public assiste aux basculements de la course de vitesse&nbsp;: les Pierrots sautent, tombent et mettent sens dessus dessous le wagon et soudainement, tout le monde est en l&rsquo;air. Les Pierrots qui se d&eacute;multiplient sur la sc&egrave;ne, suivent chacun leurs d&eacute;sirs pervers, sans se soucier des cons&eacute;quences de leurs actes. Mark Cosdon d&eacute;crit ainsi le second acte qui repr&eacute;sente les poursuites fr&eacute;n&eacute;tiques des personnages &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur du train en marche&nbsp;:</p> <p><q>Le second acte d&eacute;marre avec un des &eacute;l&eacute;ments sc&eacute;niques les plus surprenants pour le th&eacute;&acirc;tre de la fin du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle&nbsp;: une vue de coupe d&rsquo;un train Pullman grandeur nature. On voit la locomotive faire un bruit sourd sur les rails &agrave; destination de la Suisse, les roues tournent, le wagon est en mouvement sur les rails, l&rsquo;&eacute;chappement de vapeur est &eacute;mis depuis un moteur en coulisse reli&eacute; au train sur sc&egrave;ne. En regardant de plus pr&egrave;s, le public r&eacute;alise que le train est divis&eacute; en quatre compartiments<a href="#nbp_35" id="footnoteref35_gu2b0r7" name="lien_nbp_35" title="&amp;nbsp;«&amp;nbsp;The second act commences with one of the more startling scenic devices employed on the late-nineteenth-century stage: a cross-section of a full-sized Pullman train car. The locomotive appears to be rumbling down the tracks on its way to Switzerland. The wheels turn; the coach convulses as the tracks pass underneath; exhaust is emitted from an engine that appears to be just offstage, connected to the visible car. Upon closer inspection, the audience realizes that the car is divided into four compartments…&amp;nbsp;», Marc Cosdon, The Hanlon brother: from daredevil acrobatics to spectacle pantomime, 1833-1931, op.&amp;nbsp;cit., p.&amp;nbsp;59.">35</a>&hellip;</q></p> <p>Dans&nbsp;<em>Le Naturalisme au th&eacute;&acirc;tre. Les th&eacute;ories et les exemples</em>&nbsp;(1895), &Eacute;mile Zola s&rsquo;attarde sur&nbsp;<em>Voyage en Suisse</em>&nbsp;comme un exemple de la pantomime moderne, mettant en &eacute;vidence l&rsquo;esth&eacute;tique acc&eacute;l&eacute;r&eacute;e des spectacles des Hanlon-Lees&nbsp;:</p> <p><q>Leurs sc&egrave;nes sont r&eacute;gl&eacute;es &agrave; la seconde. Ils passent comme des tourbillons, avec des claquements de soufflets qui semblent les tic-tacs m&ecirc;mes du m&eacute;canisme de leurs exercices. [&hellip;] Ils bondissent, ils s&rsquo;assomment, ils sont &agrave; la fois aux quatre coins de la sc&egrave;ne&nbsp;; et ce sont des bouteilles vol&eacute;es avec une habilet&eacute; qui est la po&eacute;sie du larcin, des gifles qui s&rsquo;&eacute;garent, des innocents qu&#39;on b&acirc;tonne et des coupables qui vident les verres des braves gens, une n&eacute;gation absolue de toute justice, une absolution du crime par l&rsquo;adresse<a href="#nbp_36" id="footnoteref36_baq25m8" name="lien_nbp_36" title="&amp;nbsp;Émile Zola, Le Naturalisme au théâtre. Les théories et les exemples, Paris, Charpentier, 1895, p.&amp;nbsp;333.">36</a>.</q></p> <p>Zola souligne la capacit&eacute; des Hanlon-Lees &agrave; s&eacute;duire le public exactement comme le font Fregoli, les acteurs du Grand Guignol et Fuller. Mais pourquoi les spectateurs modernes sont-ils tellement attir&eacute;s par l&rsquo;imaginaire et l&rsquo;esth&eacute;tique de la vitesse&nbsp;? La r&eacute;ponse est peut-&ecirc;tre donn&eacute;e par Lesclide, quand il affirme &agrave; propos des Hanlon-Lees&nbsp;:</p> <p><q>Affranchis de la pesanteur, des obstacles, des temps, des lieux et de tout ce qui g&ecirc;ne et dompte l&rsquo;infirmit&eacute; humaine, on sent que les Hanlon Lees accomplissent leur fonction et agissent en vertu de lois in&eacute;luctables, lorsqu&rsquo;ils passent &agrave; travers des corps solides, s&rsquo;envolent comme des hirondelles, tombent comme la pluie [&hellip;] et ce qui nous semble insoutenable, ce serait qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;acte du sleeping-car ils ne fussent pas dans tous les wagons &agrave; la fois, et ne passassent pas &agrave; travers les plafonds, cloisons et dossiers capitonn&eacute;s, comme des muscades qui dansent et se multiplient sous ces doigts vertigineux de l&rsquo;escamoteur<a href="#nbp_37" id="footnoteref37_wtywdan" name="lien_nbp_37" title="&amp;nbsp;Richard Lesclide, op. cit., p. 176.">37</a>&nbsp;!</q></p> <p>C&rsquo;est donc par leur capacit&eacute; &agrave; interpr&eacute;ter la vitesse que les acrobates irlandais deviennent des &laquo;&nbsp;&ecirc;tres surnaturels<a href="#nbp_38" id="footnoteref38_w87ic44" name="lien_nbp_38" title="&amp;nbsp;Théodore de Banville, op. cit., p.&amp;nbsp;18-19.">38</a>&nbsp;&raquo;. Incarner la vitesse signifie atteindre l&rsquo;Id&eacute;al, que la modernit&eacute; reconna&icirc;t dans le progr&egrave;s. Peu importe, pour l&rsquo;instant, si ce mythe cache un c&ocirc;t&eacute; obscur, ce malaise que les Hanlon-Lees expriment &agrave; travers la cruaut&eacute; ali&eacute;nante de leurs gestes &laquo;&nbsp;exasp&eacute;r&eacute;s comme des vers coup&eacute;s<a href="#nbp_39" id="footnoteref39_7cqajw4" name="lien_nbp_39" title="&amp;nbsp;Ibid., p.&amp;nbsp;11.">39</a>.&nbsp;&raquo;</p> <p><strong>Conclusion</strong></p> <p>Le th&eacute;&acirc;tre, la litt&eacute;rature et les arts visuels fin-de-si&egrave;cle ne manquent donc pas de t&eacute;moigner d&rsquo;un imaginaire li&eacute; &agrave; la vitesse et &agrave; ses enjeux de plus en plus troublants. Les gestes fugitifs de Guilbert, les danses acc&eacute;l&eacute;r&eacute;es de Fuller, les transformations illusoires de Fregoli, la bri&egrave;vet&eacute; des drames grandguignolesques et la convulsion des pantomimes des Hanlon-Lees peuvent &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;s comme les signes d&rsquo;une dramaturgie qui non seulement pr&ocirc;ne la vitesse sous un double point de vue, th&eacute;matique et esth&eacute;tique, mais qui d&eacute;c&egrave;le le malaise ali&eacute;nant de la soci&eacute;t&eacute; moderne. En effet, ces spectacles r&eacute;v&egrave;lent, par l&agrave; m&ecirc;me, un aspect perturbant de l&rsquo;imaginaire li&eacute; &agrave; la vitesse, qui se fait de plus en plus manifeste. La s&eacute;duction des gestes en fuite de Guilbert, l&rsquo;hypnotisme des danses acc&eacute;l&eacute;r&eacute;es de Fuller, la fr&eacute;n&eacute;sie hallucin&eacute;e des transformations de Fregoli associ&eacute;es aux projections cin&eacute;matographiques, le choc troublant du montage rapide des drames grandguignolesques et le jeu hyst&eacute;rique des pantomimes des Hanlon-Lees s&rsquo;av&egrave;rent &ecirc;tre les points culminants d&rsquo;un parcours, qui marque une amplification au sein de l&rsquo;imaginaire de la vitesse fin-de-si&egrave;cle. Ces spectacles de vari&eacute;t&eacute;s mettent en &eacute;vidence un d&eacute;calage th&eacute;matique et esth&eacute;tique du mouvement acc&eacute;l&eacute;r&eacute; au vertige ali&eacute;nant et avouent ainsi l&rsquo;obsession de l&rsquo;homme moderne pour la vitesse. D&eacute;sormais il ne se contente plus d&rsquo;&ecirc;tre le nouveau Prom&eacute;th&eacute;e enfin muni du progr&egrave;s scientifique, mais il r&ecirc;ve d&rsquo;assujettir la vitesse et de devenir Mercure.</p> <hr /> <p><strong>Bibliographie</strong></p> <p>Antona-Traversi, Camillo,&nbsp;<em>Th&eacute;&acirc;tre de l&rsquo;&eacute;pouvante et du rire</em>, Paris, Librairie th&eacute;&acirc;trale, 1933.</p> <p>Basch, Sophie, &laquo;&nbsp;Le Cirque en 1879. Les Hanlon-Lees dans la litt&eacute;rature&nbsp;&raquo;, dans Andr&eacute; Guyau et Sophie Marchal (dir.),&nbsp;<em>La Vie romantique</em>, Paris, Presses Universitaires Paris-Sorbonne, 2002, p. 7-36.</p> <p>Caffin, Caroline,&nbsp;<em>Vaudeville</em>, NY, Mitchell Kennerley, 1914.</p> <p>Caradec Fran&ccedil;ois et Jean Nohain,&nbsp;<em>Fregoli (1868-1936)&nbsp;: sa vie et ses secrets</em>, Paris, La Jeune Parque, 1968.</p> <p>Caradec, Fran&ccedil;ois et Alain Weill,&nbsp;<em>Le Caf&eacute;-concert,</em>&nbsp;Paris, Hachette/Massin, 1980.</p> <p>Claretie, Jules,&nbsp;<em>La Vie &agrave; Paris.1910</em>, Paris, Fasquelle, 1911.</p> <p>Claretie, Jules,&nbsp;<em>La Vie &agrave; Paris.1881</em>, Paris, Havard, 1881.</p> <p>Cosdon, Mark, &laquo;&nbsp;Prepping for Pantomime: The Hanlon Brothers&rsquo; Fame and Tragedy 1863-1870&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Theatre History Studies</em>, n&deg; 20, juin 2000, p. 67-104.</p> <p>Cosdon, Mark, &laquo;&nbsp;Serving the Pourpose Amply&rdquo;: The Hanlon Brothers&rsquo;&nbsp;<em>Le Voyage en Suisse</em>&raquo;,&nbsp;<em>Journal of American Drama</em>, n&deg; 2, 2006, p. 71-100.</p> <p>Cosdon, Mark,&nbsp;<em>The Hanlon brothers: from daredevil acrobatics to spectacle pantomime, 1833-1931</em>, Carbondale, Southern Illinois University Press, 2010.</p> <p>Fregoli, Leopoldo,&nbsp;<em>Fregoli raccontato da Fregoli</em>, Milano, Rizzoli, 1936.</p> <p>Fuller, Lo&iuml;e<em>, Quinze ans de ma vie</em>, Paris, Librairie F&eacute;lix Juven, 1908.</p> <p>Fuller, Lo&iuml;e,&nbsp;<em>Fifteen Years of a Dancer&rsquo;s Life</em>, London, Jenkins, 1913.</p> <p>Gordon Mel,&nbsp;<em>The Grand Guignol. Theatre of Fear and Horror</em>, New York, Da Capo Press, 1997.</p> <p>Lesclide, Richard,&nbsp;<em>M&eacute;moires et pantomimes des Hanlon Lees</em>, Paris, Imprimerie de la Publicit&eacute;, 1880.</p> <p>Lista, Giovanni,&nbsp;<em>Lo&iuml;e Fuller danseuse de la Belle &Eacute;poque</em>, Paris, &Eacute;ditions Stock, 1994.</p> <p>Lorde, Andr&eacute; de,&nbsp;<em>Th&eacute;&acirc;tre d&rsquo;&eacute;pouvante</em>, Paris, Fasquelle, 1909.</p> <p>Mango, Lorenzo, &laquo;&nbsp;I manoscritti di The Art of the Theatre di Edward Gordon Craig&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Acting Archives Essays, Acting Archives Review Supplement</em>, n&deg;&nbsp;7, 2011.</p> <p>Marinetti, Tommaso Filippo, &laquo;Il teatro di variet&agrave;. Manifesto futurista&raquo;,&nbsp;<em>Lacerba</em>, 29 novembre 1913.</p> <p>Mazzoleni, Elena,&nbsp;<em>Pierrot sur sc&egrave;ne.&nbsp;</em><em>Anthologie de pi&egrave;ces et pantomimes fran&ccedil;aise du XIX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle</em>, Paris, Classiques Garnier, 2015.</p> <p>Mazzoleni, Elena, &laquo;Lo&iuml;e Fuller: il fascino della luce&raquo;<em>,</em>&nbsp;<em>Elephant&amp;Castle</em>, n&deg; 8, 2013, pp. 5-27.</p> <p>Mazzoleni, Elena,&nbsp;<em>&laquo;&nbsp;D&rsquo;indicibles frissons de peur&nbsp;&raquo;&nbsp;: Alfredo Sainati et le Grand Guignol italien</em>, dans Franca Franchi et Pierre Glaudes (dir.),&nbsp;<em>Faire peur&nbsp;: aux limites du visible. 16 r&eacute;flexions entre histoire, litt&eacute;</em><em>r</em><em>a</em><em>t</em><em>ure et arts</em>, Cinisello Balsamo, Silvana, 2019, pp. 142-157.</p> <p>McKinven, John,&nbsp;<em>The Hanlon Brothers: their amazing acrobatics, pantomimes and stage spectacles</em>, Glenwood, Mayer Magic Books, 1998.</p> <p>Pierron, Agn&egrave;s &laquo;&nbsp;Les Grand-Guignols&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Biblioteca teatrale</em>, n&deg;&nbsp;30-31-32, avril-d&eacute;cembre 1993, pp. 187-191.</p> <p>Pierron, Agn&egrave;s (dir.),&nbsp;<em>Le Grand-Guignol. Le th&eacute;&acirc;tre des peurs de la Belle &Eacute;poque</em>, Paris, Laffont, 1995.</p> <p>Possenti, Francesco,&nbsp;<em>I Teatri del primo Novecento</em>, Settimo Milanese, Orsa maggiore, 1987.</p> <p>Rambaud, Patrick,&nbsp;<em>Les mirobolantes aventures de Fregoli racont&eacute;es d&#39;apr&egrave;s ses m&eacute;moires et des t&eacute;moins</em>, Paris, Bourin, 1991.</p> <p>Rivi&egrave;re, Fran&ccedil;ois, Gabrielle Wittkop,&nbsp;<em>Grand-Guignol</em>, Paris, Veyrier, 1979.</p> <p>Rusconi, Alex,&nbsp;<em>Fregoli</em>, Milan, Stampa alternartiva, 2011.</p> <p>Simoni, Renato,&nbsp;<em>Teatro di ieri. Ritratti e ricordi</em>, Milan, Treves, 1938.</p> <p>Vesque, Marthe et Julie,&nbsp;<em>Journal. Les 23 carnets (1904-1947)</em>, Mus&eacute;e des civilisations Europe m&eacute;diterran&eacute;e &ndash; Mucem- Aix en Provence, (1913, c&ocirc;te 1-27).</p> <p>Zola, &Eacute;mile,&nbsp;<em>Le Naturalisme au th&eacute;&acirc;tre. Les exemples et les th&eacute;ories</em>, Paris, Charpentier, 1881.</p> <p><a href="#lien_nbp_1" name="nbp_1">1</a>&nbsp;&laquo;Dinamismo di forma e di colore (movimento simultaneo di giocolieri, ballerine, ginnasti, cavallerizzi multicolori, cicloni spiralici di danzatori trottolanti sulle punte dei piedi)&raquo;. &laquo;Il teatro di variet&agrave;. Manifesto futurista&raquo;,&nbsp;<em>Lacerba,</em>&nbsp;29 novembre 1913. Publi&eacute; pour la premi&egrave;re fois dans&nbsp;<em>Daily-Mail</em>&nbsp;du 21 novembre 1913. Les citations italiennes et anglaises sont traduites par l&rsquo;auteure de l&rsquo;article.</p> <p><a href="#lien_nbp_2" name="nbp_2">2</a>&nbsp;Edward Gordon Craig,&nbsp;<em>Manuscrit B</em>,&nbsp;<em>The Art of the Theatre</em>, f. 7, 1905.</p> <p><a href="#lien_nbp_3" name="nbp_3">3</a>&nbsp;<em>Cf.</em>&nbsp;Lorenzo Mango, &laquo;&nbsp;I manoscritti di&nbsp;<em>The Art of the Theatre</em>&nbsp;di Edward Gordon Craig&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Acting Archives Essays, Acting Archives Review Supplement</em>, n&deg;&nbsp;7, 2011. Quand il &eacute;tait encore &agrave; Londres, en 1903, Craig &eacute;tait un spectateur passionn&eacute; du Th&eacute;&acirc;tre des Vari&eacute;t&eacute;s de Chelsea, o&ugrave; se produisaient, entre autres, Marie Lloyd et Albert Chevalier.</p> <p><a href="#lien_nbp_4" name="nbp_4">4</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;She uses speech, sound, colour, line, actions, but she puts them to the lesser rather than to the greater use&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Ibidem</em>, p.&nbsp;117.</p> <p><a href="#lien_nbp_5" name="nbp_5">5</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Her face showed an ever-changing picture, illuminating and interpreting her songs [&hellip;] her sketches had something of the character of those of the modern cartoonist who suggests instead of drawing many of his most vital lines&nbsp;&raquo;, Caroline Caffin,&nbsp;<em>Vaudeville</em>, New York, Mitchell Kennerley, 1914, p.&nbsp;58-59.</p> <p><a href="#lien_nbp_6" name="nbp_6">6</a>&nbsp;<em>Cf.</em>&nbsp;entre autres Elena Mazzoleni, &laquo;&nbsp;Lo&iuml;e Fuller: il fascino della luce&nbsp;&raquo;<em>,</em>&nbsp;<em>Elephant&amp;Castle</em>, n&deg;&nbsp;8, 2013, p.&nbsp;5-27.</p> <p><a href="#lien_nbp_7" name="nbp_7">7</a>&nbsp;Giovanni Lista,&nbsp;<em>Lo&iuml;e Fuller danseuse de la Belle &Eacute;poque</em>, Paris, &Eacute;ditions Stock, 1994, p. 119.</p> <p><a href="#lien_nbp_8" name="nbp_8">8</a>&nbsp;Les danses lumineuses &eacute;voquent aussi les pratiques d&rsquo;hypnose tr&egrave;s r&eacute;pandues &agrave; l&rsquo;&eacute;poque.&nbsp;<em>Cf</em>. Felicia McCarren,&nbsp;<em>Dance Pathologies</em>, Stanford, Stanford University Press, 1998.</p> <p><a href="#lien_nbp_9" name="nbp_9">9</a>&nbsp;Lo&iuml;e Fuller,<em>&nbsp;Quinze ans de ma vie</em>, Paris, Librairie F&eacute;lix Juven, 1908, p.&nbsp;68-70.</p> <p><a href="#lien_nbp_10" name="nbp_10">10</a>&nbsp;<em>Cf.</em>&nbsp;Anna Maria Testaverde,&nbsp;<em>L&rsquo;Horreur th&eacute;&acirc;trale aux limites du possible&nbsp;: les &laquo;&nbsp;illusionnismes de sc&egrave;ne&nbsp;&raquo; entre XIX<sup>e</sup>&nbsp;et XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cles</em>, dans Franca Franchi et Pierre Glaudes (dir.),&nbsp;<em>Faire peur&nbsp;: aux limites du visible. 16 r&eacute;flexions entre histoire, litt&eacute;rature et arts</em>, Cinisello Balsamo, Silvana, 2019, p.&nbsp;208-223.</p> <p><a href="#lien_nbp_11" name="nbp_11">11</a>&nbsp;<em>Cf.</em>&nbsp;Leopoldo Fregoli,&nbsp;<em>Fregoli raccontato da Fregoli</em>, Milan, Rizzoli, 1936.</p> <p><a href="#lien_nbp_12" name="nbp_12">12</a>&nbsp;Renato Simoni,&laquo; Fulmineit&agrave; &raquo;, dans&nbsp;<em>Teatro di ieri. Ritratti e ricordi</em>, Milan, Treves, 1938, p.&nbsp;176.</p> <p><a href="#lien_nbp_13" name="nbp_13">13</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Non gi&agrave; uno sparire illusorio entro di esse [figure] ma uno sgusciarci tra le mani e rimbalzare da sinistra quando l&rsquo;avevamo veduto appiattirsi a destra, stringendo il tempo, accrescendo il numero di diversit&agrave;, la prontezza, la brevit&agrave;, l&rsquo;incredulit&agrave; delle sue trasformazioni, di mano in mano che il gioco scenico procedeva concitato e canoro, come se egli si infervorasse sempre di pi&ugrave;, e l&igrave; per l&igrave; inventasse pittoresche follie, mettendo a soqquadro il guardaroba e il dietro scena.&nbsp;&raquo;&nbsp;<em>Ibidem</em>, p.&nbsp;178.</p> <p><a href="#lien_nbp_14" name="nbp_14">14</a>&nbsp;Jules Claretie,&nbsp;<em>La Vie &agrave; Paris. 1910</em>, Paris, Fasquelle, 1911, p.&nbsp;77-79.</p> <p><a href="#lien_nbp_15" name="nbp_15">15</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Fregoli &egrave; un caleidoscopio di tipi, &egrave; una quantit&agrave; svariata, inesauribile di caratteri [&hellip;] &Egrave; un uomo solo, che fa tutto questo : un uomo solo che riesce a sembrare cento persone diverse con tale celerit&agrave;, da poter svolgere delle piccole azioni sceniche che non soffrono affatto di sbalzi e di interruzioni, tanto che voi avete l&rsquo;illusione che uno dei personaggi sia tuttora in scena mentre l&rsquo;altro arriva allora: eppure, sono tutti e due la stessa persona! E quest&rsquo;ultimo tien viva l&rsquo;attenzione del pubblico, solo, solissimo, per tre ore, passando dalla farsetta alla scena musicale e dalla canzonetta alla danza serpentina, senza un minuto di riposo, senza tregua, senza che voi vi stanchiate, mai, senza che egli si stanchi, mai!&nbsp;&raquo;<em>&nbsp;Cf.</em>&nbsp;Alex Rusconi,&nbsp;<em>Fregoli, la biografia</em>, Rome, Stampa Alternativa, 2011, p.&nbsp;111.</p> <p><a href="#lien_nbp_16" name="nbp_16">16</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Occhi imbambolati, orecchie piene di echi delle musiche pi&ugrave; diverse e la testa zeppa di un&rsquo;infinit&agrave; di persone&nbsp;&raquo;.&nbsp;<em>Ibidem</em>, p.&nbsp;71.</p> <p><a href="#lien_nbp_17" name="nbp_17">17</a>&nbsp;En 1897 Fregoli rencontre les fr&egrave;res Lumi&egrave;re &agrave; Lyon, au Th&eacute;&acirc;tre des C&eacute;lestins. Il ach&egrave;te un projecteur, qu&rsquo;il rebaptise le Fr&eacute;goligraphe, avec un droit d&rsquo;exclusivit&eacute; d&rsquo;un ensemble de petits films. Le premier long m&eacute;trage de Fr&eacute;goli est d&eacute;di&eacute; &agrave; Ermete Novelli et le second est interpr&eacute;t&eacute; par Fregoli lui-m&ecirc;me dans le r&ocirc;le d&rsquo;un prestidigitateur. Au m&ecirc;me moment que Georges M&eacute;li&egrave;s en France, Fregoli introduit le cin&eacute;ma au th&eacute;&acirc;tre.</p> <p><a href="#lien_nbp_18" name="nbp_18">18</a>&nbsp;&Agrave; propos du Grand Guignol, voir Camillo Antona-Traversi,&nbsp;<em>Th&eacute;&acirc;tre de l&rsquo;&eacute;pouvante et du rire</em>, Paris, Librairie th&eacute;&acirc;trale, 1933&nbsp;; Agn&egrave;s Pierron (dir.),&nbsp;<em>Le Grand-Guignol. Le th&eacute;&acirc;tre des peurs de la Belle &Eacute;poque</em>, Paris, Laffont, 1995. Du c&ocirc;t&eacute; italien, signalons Corrado Augias,&nbsp;<em>Teatro del Grand Guignol</em>, Turin, Einaudi, 1976&nbsp;; Carla Arduini,&nbsp;<em>Teatro sinistro.&nbsp;</em><em>Storia del Grand Guignol in Italia</em>, Rome, Bulzoni, 2011&nbsp;; Elena Mazzoleni,&nbsp;<em>&laquo;&nbsp;D&rsquo;indicibles frissons de peur&nbsp;&raquo;&nbsp;: Alfredo Sainati et le Grand Guignol italien,&nbsp;</em>dans Franca Franchi et Pierre Glaudes (dir),&nbsp;<em>Faire peur&nbsp;: aux limites du visible. 16 r&eacute;flexions entre histoire, litt&eacute;rature et arts,&nbsp;</em>Cinisello Balsamo, Silvana, 2019, p.&nbsp;142-157 et Francesco Ruchin,&nbsp;<em>Il paese delle oche</em>, Prato, Pentalinea, 2013.</p> <p><a href="#lien_nbp_19" name="nbp_19">19</a>&nbsp;Andr&eacute; de Lorde,&nbsp;<em>Th&eacute;&acirc;tre d&rsquo;&eacute;pouvante</em>, Paris, Fasquelle, 1909, p.&nbsp;25.</p> <p><a href="#lien_nbp_20" name="nbp_20">20</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;24.</p> <p><a href="#lien_nbp_21" name="nbp_21">21</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Perverse pleasure in seeing the daredevil stunts that the Hanlons presented on a nightly basis&nbsp;&raquo;. Mark Cosdon,&nbsp;<em>The Hanlon brothers: from daredevil acrobatics to spectacle pantomime, 1833-1931</em>, Carbondale, Southern Illinois University Press, 2010, p.&nbsp;17.</p> <p><a href="#lien_nbp_22" name="nbp_22">22</a>&nbsp;Pour une &eacute;tude approfondie sur les Hanlon-Lees voir Sophie Bash,&nbsp;<em>Le Cirque en 1879. Les Hanlon-Lees dans la litt&eacute;rature</em>, dans Andr&eacute; Guyau et Sophie Marchal (dir.),&nbsp;<em>La Vie romantique</em>, Paris, Presses Universitaires Paris-Sorbonne, 2002, p.&nbsp;7-36&nbsp;; Mark Cosdon, &laquo;&nbsp;Prepping for Pantomime&nbsp;: The Hanlon Brothers&rsquo; Fame and Tragedy 1863-1870&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Theatre History Studies</em>, n&deg;&nbsp;20, juin 2000, p.&nbsp;67-104,&nbsp;<em>The Hanlons brothers&nbsp;: from daredevil acrobatics to spectacle pantomime,&nbsp;</em>cit. &Agrave; propos de leur r&eacute;pertoire,&nbsp;voir Richard Lesclide,&nbsp;<em>M&eacute;moires et pantomimes des fr&egrave;res Hanlon-Lees</em>, Paris, Imprimerie de la Publicit&eacute; Reverchon et Vollet, 1879.</p> <p><a href="#lien_nbp_23" name="nbp_23">23</a>&nbsp;Marthe et Julie Vesque,&nbsp;<em>Journal. Les 23 carnets (1904-1947</em>), Mus&eacute;e des civilisations Europe m&eacute;diterran&eacute;e&nbsp;&ndash;&nbsp;Mucem, Aix en Provence, (1913, c&ocirc;te 1-27). Les fr&egrave;res Hanlon-Lees, Fred et William, sont en Europe, de 1910 &agrave; 1914, pour une derni&egrave;re tourn&eacute;e.</p> <p><a href="#lien_nbp_24" name="nbp_24">24</a>&nbsp;Jules Claretie,&nbsp;<em>La Vie &agrave; Paris.1881</em>, Paris, Havard, 1881, vol.&nbsp;II, p. &nbsp;358.</p> <p><a href="#lien_nbp_25" name="nbp_25">25</a>&nbsp;<em>Ibid.</em></p> <p><a href="#lien_nbp_26" name="nbp_26">26</a>&nbsp;Th&eacute;odore de Banville,&nbsp;<em>op. cit.</em>, p.&nbsp;11.</p> <p><a href="#lien_nbp_27" name="nbp_27">27</a>&nbsp;Leurs pantomimes sont&nbsp;:&nbsp;<em>Les cascades du Diable, Le duel, Une soir&eacute;e en habit noir, Viande et farine, Le dentiste, Le Frater du village, Pierrot menuisier, Pierrot terrible, Do mi sol do, Singes et baigneuses&nbsp;</em>et<em>&nbsp;Les quatre pipelettes.</em></p> <p><a href="#lien_nbp_28" name="nbp_28">28</a>&nbsp;Ernest Molier est aussi l&rsquo;auteur de volumes sur l&rsquo;art &eacute;questre et sur l&rsquo;&eacute;levage des chevaux, entre autres,&nbsp;<em>L&rsquo;&Eacute;quitation et le cheval</em>&nbsp;avec une pr&eacute;face de Paul Bourget (Paris, Lafitte, 1911). Pour une &eacute;tude sur Molier voir Henri Le Roux,&nbsp;<em>Les Jeux du cirque et la vie foraine</em>, Paris, Plon, 1889&nbsp;et le Baron de Vaux,&nbsp;<em>&Eacute;cuyers et &eacute;cuy&egrave;res, histoire des cirques d&rsquo;Europe (1680-1891),</em>&nbsp;Paris, Rothschild, 1893.</p> <p><a href="#lien_nbp_29" name="nbp_29">29</a>&nbsp;Les r&eacute;f&eacute;rences bibliographiques au Nouveau Cirque sont rares et se m&ecirc;lent &agrave; celles relatives au Cercle Funambulesque et aux th&eacute;&acirc;tres boulevardiers.</p> <p><a href="#lien_nbp_30" name="nbp_30">30</a>&nbsp;Pour une &eacute;tude sur la&nbsp;<em>f&eacute;erie</em>&nbsp;voir, entre autres, Roxane Martin,&nbsp;<em>La F&eacute;erie romantique sur les sc&egrave;nes parisiennes 1791-1864</em>, Paris, Champion, 2007.</p> <p><a href="#lien_nbp_31" name="nbp_31">31</a>&nbsp;Ce music-hall-cirque est inaugur&eacute; le 29 f&eacute;vrier 1924 et dirig&eacute;, jusqu&rsquo;&agrave; 1932, par Oscar Dufrenne et Henri Varna. Ils engagent les plus grandes attractions de l&rsquo;&eacute;poque, comme Maurice Chevalier, l&rsquo;&eacute;cuy&egrave;re australienne May Wirth et le trap&eacute;ziste androgyne Barbette. En 1932, l&rsquo;Empire est transform&eacute; en cin&eacute;ma attraction.</p> <p><a href="#lien_nbp_32" name="nbp_32">32</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;The spectators seated below the athlete became vicarious participants in the thrill and danger of a trapeze demonstration&nbsp;&raquo;. Mark Cosdon,&nbsp;<em>The Hanlon brothers: from daredevil acrobatics to spectacle pantomime, 1833-1931</em>,&nbsp;<em>op.&nbsp;cit</em>., p.&nbsp;19-20.</p> <p><a href="#lien_nbp_33" name="nbp_33">33</a>&nbsp;Jules Claretie,&nbsp;<em>La Vie &agrave; Paris.1881</em>, op.&nbsp;cit., p.&nbsp;358.</p> <p><a href="#lien_nbp_34" name="nbp_34">34</a>&nbsp;Richard Lesclide,&nbsp;<em>op. cit</em>., p.&nbsp;178.</p> <p><a href="#lien_nbp_35" name="nbp_35">35</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;The second act commences with one of the more startling scenic devices employed on the late-nineteenth-century stage: a cross-section of a full-sized Pullman train car. The locomotive appears to be rumbling down the tracks on its way to Switzerland. The wheels turn; the coach convulses as the tracks pass underneath; exhaust is emitted from an engine that appears to be just offstage, connected to the visible car. Upon closer inspection, the audience realizes that the car is divided into four compartments&hellip;&nbsp;&raquo;, Marc Cosdon,&nbsp;<em>The Hanlon brother: from daredevil acrobatics to spectacle pantomime, 1833-1931</em>,&nbsp;<em>op.&nbsp;cit.</em>, p.&nbsp;59.</p> <p><a href="#lien_nbp_36" name="nbp_36">36</a>&nbsp;&Eacute;mile Zola,&nbsp;<em>Le Naturalisme au th&eacute;&acirc;tre. Les th&eacute;ories et les exemples</em>, Paris, Charpentier, 1895, p.&nbsp;333.</p> <p><a href="#lien_nbp_37" name="nbp_37">37</a>&nbsp;Richard Lesclide,&nbsp;<em>op. cit</em>., p. 176.</p> <p><a href="#lien_nbp_38" name="nbp_38">38</a>&nbsp;Th&eacute;odore de Banville,&nbsp;<em>op. cit.</em>, p.&nbsp;18-19<em>.</em></p> <p><a href="#lien_nbp_39" name="nbp_39">39</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;11.</p> <nav aria-labelledby="book-label-197" role="navigation"> <ul> </ul> </nav>