<div> <p>Si toute soci&eacute;t&eacute; rec&egrave;le en son sein des germes de conflits et de contestations, les formes particuli&egrave;res par lesquelles ceux-ci s&rsquo;expriment varient d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; et d&rsquo;une &eacute;poque &agrave; l&rsquo;autre. Ainsi, guerres, palabres, r&eacute;voltes, coups d&rsquo;&Eacute;tat, r&eacute;volutions, p&eacute;titions, manifestations, bref le r&eacute;pertoire de contestation politique d&rsquo;un &Eacute;tat, sont le produit de l&rsquo;histoire. La manifestation constitue de nos jours le principal mode de protestation dans presque tous les &Eacute;tats du monde. En C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire, cette forme pacifique de protestation appara&icirc;t durant la colonisation fran&ccedil;aise. Depuis, ind&eacute;pendamment de l&rsquo;&eacute;volution du r&eacute;gime politique, les forces vou&eacute;es au maintien de l&rsquo;ordre ont chang&eacute; de nature, de m&ecirc;me que devenait plus fr&eacute;quent l&rsquo;usage des manifestations. Sch&eacute;matiquement, on peut d&eacute;gager quatre &eacute;poques distinctes&nbsp;: l&rsquo;&eacute;poque coloniale lorsque l&rsquo;autoritarisme impose une expression passive des dissentiments (1893-1960), le temps du parti unique qui ne peut emp&ecirc;cher les agitations estudiantines (1960-1990), la transition d&eacute;mocratique o&ugrave; le retour au multipartisme s&rsquo;accompagne d&rsquo;une augmentation des manifestations (1990-2000), enfin au XXIe si&egrave;cle, une militarisation de la soci&eacute;t&eacute; avec des manifestations calamiteuses (2000-2010).</p> <p>&nbsp;</p> <h2>I. L&rsquo;autoritarisme colonial et l&rsquo;expression passive des dissentiments (1893-1960)</h2> <p>La C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire devint une colonie fran&ccedil;aise en 1893. Elle fait partie int&eacute;grante de l&rsquo;Afrique Occidentale fran&ccedil;aise (AOF), une f&eacute;d&eacute;ration de huit colonies dont le chef-lieu se trouve &agrave; Dakar au S&eacute;n&eacute;gal. Entre 1893 et 1920, les derniers foyers de r&eacute;sistance, situ&eacute;s dans l&rsquo;ouest et le sud du pays se sont &eacute;teints (Loucou, 2007). La &laquo;&nbsp;mise en valeur de la colonie&nbsp;&raquo; s&rsquo;acc&eacute;l&egrave;re avec le d&eacute;ploiement progressif de l&rsquo;administration coloniale, &agrave; travers un maillage dont l&rsquo;unit&eacute; est le cercle, &eacute;quivalent actuel d&rsquo;un d&eacute;partement.</p> <p>Le maintien de l&rsquo;ordre est assur&eacute; conjointement par les polices, notamment les garde-cercles et les troupes coloniales. Les forces de police sont recrut&eacute;es localement. La fonction n&rsquo;exige ni instruction pr&eacute;alable ni formation sp&eacute;cifique, la seule aptitude recherch&eacute;e &eacute;tant l&rsquo;ob&eacute;issance totale aux ordres. Selon Brunschvicg (1983&nbsp;: 135)&nbsp;: &laquo;&nbsp;leurs agents ont port&eacute; divers noms, gardes de suret&eacute;, gendarmes, miliciens, gardes r&eacute;gionaux, gardes civils, gardes indig&egrave;nes, gardes de cercles. Leur caract&egrave;re sp&eacute;cifique &eacute;tait de d&eacute;pendre uniquement des autorit&eacute;s civiles (gouverneurs, administrateurs) qui leur confiaient des missions civiles&nbsp;: police, transmission des ordres des administrateurs, escortes, garde des convois et, en cas de troubles, sauvegarde de la vie et, si possible, des biens des Europ&eacute;ens et des prot&eacute;g&eacute;s indig&egrave;nes, en attendant l&rsquo;arriv&eacute;e de la troupe charg&eacute;e d&rsquo;assurer le r&eacute;tablissement de l&rsquo;ordre&nbsp;&raquo;. La troupe est constitu&eacute;e de quelques officiers fran&ccedil;ais et de soldats indig&egrave;nes, appel&eacute;s tirailleurs s&eacute;n&eacute;galais (Dram&eacute;, 2007). Les garde-cercles et les tirailleurs, plac&eacute;s directement sous l&rsquo;autorit&eacute; des administrateurs coloniaux, assurent le maintien de l&rsquo;ordre, notamment la lev&eacute;e de l&rsquo;imp&ocirc;t de capitation, le recrutement de militaires et la r&eacute;quisition de la main-d&rsquo;&oelig;uvre devant servir aux travaux forc&eacute;s.</p> <p>Les motifs de m&eacute;contentement contre l&rsquo;administration coloniale sont nombreux pour ces raisons et pour bien d&rsquo;autres comme l&rsquo;obligation faite aux indig&egrave;nes de s&rsquo;adonner aux cultures d&rsquo;exportation (caf&eacute;, cacao, coton). Pourtant, l&rsquo;expression des dissentiments reste passive. Les oppositions sont g&eacute;n&eacute;rales, mais non concert&eacute;es&nbsp;: elles empruntent la forme de la d&eacute;sertion, plus de 60&thinsp;000 habitants de l&rsquo;AOF ont fui vers les colonies anglophones limitrophes&thinsp;; de l&rsquo;indolence, les travaux obligatoires sont ex&eacute;cut&eacute;s avec paresse&thinsp;; de la religion, avec apparition des courants mill&eacute;naristes, notamment la religion Harris au sud de la C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire (Mazenot, 2005). Aucune libert&eacute; civique ou syndicale n&rsquo;est conc&eacute;d&eacute;e aux habitants de ce territoire. De toute la f&eacute;d&eacute;ration de l&rsquo;AOF, seuls les habitants des quatre communes du S&eacute;n&eacute;gal (Dakar, Saint-Louis, Rufisque et Gor&eacute;e) ont le statut de citoyens fran&ccedil;ais et poss&egrave;dent les droits politiques qui y sont rattach&eacute;s. Les autres habitants rel&eacute;gu&eacute;s au rang de sujets ressortent d&rsquo;un statut juridique discriminant, le r&eacute;gime de l&rsquo;indig&eacute;nat, qui donne des pouvoirs exorbitants &agrave; l&rsquo;administrateur colonial. Celui-ci peut punir les indig&egrave;nes de fa&ccedil;on individuelle ou collective, sans proc&egrave;s contradictoire et sans possibilit&eacute; de faire appel pour des infractions sp&eacute;cifiques en mati&egrave;re d&rsquo;hygi&egrave;ne, d&rsquo;occupation anarchique de l&rsquo;espace et surtout de manifestation de r&eacute;sistance &agrave; l&rsquo;autorit&eacute;&nbsp;: d&eacute;sob&eacute;issance, r&eacute;volte, etc.</p> <p>Cependant, &agrave; partir de 1944, le r&eacute;gime colonial va progressivement &eacute;voluer vers une d&eacute;contraction autoritaire. Le r&eacute;gime de l&rsquo;indig&eacute;nat est aboli le 20 f&eacute;vrier 1945. La libert&eacute; d&rsquo;association et de r&eacute;union est proclam&eacute;e en avril (Gbagbo, 1982). Ainsi, de 1945 &agrave; 1950, la colonie de C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire exp&eacute;rimente un r&eacute;gime lib&eacute;ral de type multipartite&nbsp;: plusieurs journaux coexistent sur un terrain que se disputent six formations politiques indig&egrave;nes. Le RDA, parti apparent&eacute; au Parti communiste fran&ccedil;ais est la plus importante force politique. Lorsque d&eacute;bute la guerre froide, ce parti sera l&rsquo;objet d&rsquo;une pers&eacute;cution de la part de l&rsquo;administration coloniale. Huit responsables de ce parti seront arr&ecirc;t&eacute;s &agrave; la suite d&rsquo;une &eacute;meute en f&eacute;vrier 1949, d&eacute;clenchant les premi&egrave;res grandes &agrave; manifestations &agrave; travers tout le pays. Le bilan des &laquo;&nbsp;&eacute;v&egrave;nements de 1949&nbsp;&raquo; fait &eacute;tat de cinquante morts, dont trente fusill&eacute;s par la troupe de tirailleurs s&eacute;n&eacute;galais et vingt provoqu&eacute;es par la p&eacute;nibilit&eacute; des conditions de d&eacute;tention. On d&eacute;nombre &eacute;galement des centaines de bless&eacute;s et pr&egrave;s de cinq mille arrestations (Amondji, 1986&thinsp;; Gbagbo, 1982). L&rsquo;historiographie nationale retiendra &eacute;galement de cette &eacute;poque la marche h&eacute;ro&iuml;que d&rsquo;environ 1&nbsp;&thinsp;500 femmes sur la prison de Grand-Bassam le 24 d&eacute;cembre 1949 pour exiger la lib&eacute;ration des d&eacute;tenus politiques (Diabat&eacute;, 1975).</p> <p>&nbsp;</p> <h2>II. Le monopartisme et les agitations estudiantines de 1960 &agrave; 1990</h2> <p>&nbsp;Durant les dix premi&egrave;res ann&eacute;es de l&rsquo;ind&eacute;pendance, on assiste &agrave; une acc&eacute;l&eacute;ration de la normalisation de l&rsquo;administration du pays sur le mod&egrave;le de la France m&eacute;tropolitaine. Le corps des tirailleurs s&eacute;n&eacute;galais est remplac&eacute; en 1960 par les Forces arm&eacute;es nationales de C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire (FANCI). Les garde-cercles sont remplac&eacute;s par la police nationale en ville et la gendarmerie dans les campagnes. L&rsquo;&Eacute;cole de police, cr&eacute;&eacute;e en 1967, forme les gardiens de la paix et les officiers, dont une partie des effectifs est affect&eacute;e dans les Compagnies r&eacute;publicaines de s&eacute;curit&eacute; (CRS), une force sp&eacute;cialis&eacute;e dans le maintien de l&rsquo;ordre. Au plan l&eacute;gal, le mim&eacute;tisme est total avec la France. La loi r&eacute;gissant le maintien de l&rsquo;ordre reprend les dispositions fran&ccedil;aises&nbsp;: le d&eacute;cret-loi de 1935 sur les attroupements en vertu de laquelle, toute manifestation doit obtenir une autorisation pr&eacute;alable de l&rsquo;administration au risque d&rsquo;&ecirc;tre ill&eacute;gale.</p> <p>Les institutions politiques de l&rsquo;apr&egrave;s-ind&eacute;pendance contrastent toutefois avec le lib&eacute;ralisme fran&ccedil;ais. Les dirigeants du pays optent pour un r&eacute;gime de monopartisme. Le PDCI RDA est la seule formation politique du pays. Sa main mise s&rsquo;&eacute;tend aux organisations syndicales. L&rsquo;unique centrale syndicale des travailleurs est affili&eacute;e au parti au pouvoir, de m&ecirc;me que la seule organisation estudiantine autoris&eacute;e, le mouvement des &eacute;l&egrave;ves et des &eacute;tudiants de C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire (MEECI). Les manifestations de l&rsquo;&eacute;poque du parti unique comportent trois caract&eacute;ristiques majeures. Premi&egrave;rement, les droits politiques parmi lesquels la libert&eacute; d&rsquo;association et de r&eacute;union sont limit&eacute;s. Toutes les manifestations de protestation contre le r&eacute;gime en place sont d&rsquo;embl&eacute;e interdites. Deuxi&egrave;mement, et par voie de cons&eacute;quence, les manifestations sont rares. L&rsquo;Universit&eacute; d&rsquo;Abidjan, cr&eacute;&eacute; en 1964, constitue le principal foyer de contestation de l&rsquo;ordre. Hors de cet univers, ce sont quelques &eacute;meutes&nbsp;: celles de 1980 contre les Mauritaniens et celle de 1985 contre la communaut&eacute; burkinab&eacute;. Troisi&egrave;mement&nbsp;: face &agrave; cette client&egrave;le particuli&egrave;rement rebelle que constituent les &eacute;tudiants, l&rsquo;arm&eacute;e est constamment r&eacute;quisitionn&eacute;e pour r&eacute;tablir l&rsquo;ordre et ch&acirc;tier les r&eacute;calcitrants. La r&eacute;action du pouvoir consiste presque invariablement en la fermeture de l&rsquo;Universit&eacute; et des grandes &eacute;coles, &eacute;touffant ainsi les mouvements dans l&rsquo;&oelig;uf. Quant aux meneurs, ils sont renvoy&eacute;s dans des camps militaires pour subir des s&eacute;ances dites de &laquo;&nbsp;r&eacute;&eacute;ducations&nbsp;&raquo; destin&eacute;es &agrave; leur inculquer le civisme. Ces s&eacute;vices de dur&eacute;es variables d&eacute;pendent de l&rsquo;arbitraire du prince et la r&eacute;sistance des sujets (Gbagbo, 1983).</p> <h2>&nbsp;</h2> <h2>III. Le retour au multipartisme et la profusion des manifestations (1990-2000)</h2> <p>Le multipartisme est r&eacute;instaur&eacute; en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire le 3 mai 1990. Plusieurs formations politiques sont cr&eacute;&eacute;es dans la foul&eacute;e&nbsp;: on en compte 29 en janvier 1991 et 40 &agrave; la fin de l&rsquo;ann&eacute;e&nbsp;1992 (Fraternit&eacute; Matin, 2010). Au plan syndical, de nouvelles organisations et faiti&egrave;res font leurs apparitions, de m&ecirc;me qu&rsquo;est lib&eacute;ralis&eacute;e la presse &eacute;crite. Cependant, la manifestation reste encore, en vertu de l&rsquo;ordonnance de 1935, soumise &agrave; l&rsquo;autorisation pr&eacute;alable des autorit&eacute;s de police que sont le chef de l&rsquo;&Eacute;tat et par voie de d&eacute;l&eacute;gation le ministre de l&rsquo;Int&eacute;rieur, les pr&eacute;fets et les maires. Dans les situations qu&rsquo;il estime graves, le chef de l&rsquo;&Eacute;tat peut encore d&eacute;cr&eacute;ter l&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;urgence ou l&rsquo;&eacute;tat de si&egrave;ge suspendant ainsi le droit de manifester. Si la lettre des interdictions est g&eacute;n&eacute;rale et applicable &agrave; tous, la mesure est appliqu&eacute;e de fa&ccedil;on s&eacute;lective &agrave; l&rsquo;opposition naissante.</p> <p>Tous les corps habilit&eacute;s, c&rsquo;est-&agrave;-dire l&rsquo;ensemble des forces de s&eacute;curit&eacute;, avec au premier rang l&rsquo;arm&eacute;e, sont utilis&eacute;s pour ch&acirc;tier ces nouveaux opposants qui cumulent plusieurs crimes de l&egrave;se-majest&eacute; envers le &laquo;&nbsp;p&egrave;re de la nation&nbsp;&raquo;. Le leitmotiv des &eacute;tudiants en ce d&eacute;but d&rsquo;ann&eacute;e&nbsp;1990 n&rsquo;est-il pas &laquo;&nbsp;Houphou&euml;t voleur&nbsp;&raquo;&thinsp;? Ainsi, 18 f&eacute;vrier 1991, vers 2 heures du matin, les &eacute;tudiants de la cit&eacute; universitaire de Yopougon (baptis&eacute;e le Kwazulu-Natal), &eacute;picentre de toutes les protestations contre le r&eacute;gime, sont r&eacute;veill&eacute;s par les bruits de bottes de la Force d&rsquo;intervention rapide paras commandos (FIRPAC). S&rsquo;en suivra, bastonnades, d&eacute;fenestrations et viols. &Agrave; la commission d&rsquo;enqu&ecirc;te qui exigeait que la hi&eacute;rarchie militaire soit sanctionn&eacute;e, notamment le chef d&rsquo;&Eacute;tat-major, le colonel Robert Guei, Houphou&euml;t-Boigny aurait prononc&eacute; cette boutade&nbsp;: &laquo;&nbsp;Je ne prendrai pas de sanctions&hellip; quand un couteau vous blesse, est-ce que vous le jetez ? Vous essuyez le sang et vous le remettez &agrave; la maison&hellip; &raquo;. Le principal mis en cause sera plut&ocirc;t promu au grade de g&eacute;n&eacute;ral. Le 18 f&eacute;vrier 1992, un an jour pour jour apr&egrave;s les incidents, environ 20&thinsp;000 personnes participent &agrave; une marche pour exiger des sanctions contre les auteurs des violences. Les organisateurs de la manifestation seront bastonn&eacute;s par les militaires, puis plac&eacute;s sous mandat de d&eacute;p&ocirc;t avec quelque trois cents autres compagnons.</p> <p>Le scandale suscit&eacute; par cette histoire aura toutefois des r&eacute;percussions profondes sur le fonctionnement du syst&egrave;me de maintien d&rsquo;ordre. En effet, lorsque le chef de l&rsquo;&Eacute;tat Henry Konan B&eacute;di&eacute; (1993-1999), successeur de F&eacute;lix Houphou&euml;t-Boigny, demande &agrave; l&rsquo;arm&eacute;e d&rsquo;intervenir pour maintenir l&rsquo;ordre pendant &laquo;&nbsp;le boycott-actif&nbsp;&raquo;, du nom des manifestations de l&rsquo;opposition visant &agrave; &laquo;&nbsp;emp&ecirc;cher par tous les moyens&nbsp;&raquo;, y compris par la violence, la tenue des &eacute;lections pr&eacute;sidentielles d&rsquo;octobre 1995, celle-ci par la voix de son chef d&rsquo;&eacute;tat-major (le g&eacute;n&eacute;ral Robert Guei) s&rsquo;en abstiendra. Depuis lors, le maintien de l&rsquo;ordre est assur&eacute; par des forces sp&eacute;cialis&eacute;es, notamment les policiers de la CRS et les gendarmes mobiles. Ceux-ci seront appuy&eacute;s &agrave; partir de 1998 par une escouade polici&egrave;re, mieux &eacute;quip&eacute;e et aguerrie, la brigade anti &eacute;meutes (BAE). Les forces sp&eacute;cialis&eacute;es ont une formation sp&eacute;cifique en mati&egrave;re de maintien d&rsquo;ordre et sont &eacute;quip&eacute;es des moyens conventionnels (combinaison de protection, b&acirc;ton de d&eacute;fense, grenades lacrymog&egrave;nes, etc.). La doctrine du maintien de l&rsquo;ordre se pr&eacute;cise et se clarifie, une distinction est op&eacute;r&eacute;e dor&eacute;navant entre forces de premi&egrave;re cat&eacute;gorie&nbsp;: police et gendarmerie, plac&eacute;es directement sous l&rsquo;autorit&eacute; du ministre de l&rsquo;Int&eacute;rieur et intervenant &agrave; la demande de celui-ci pour tous types de manifestations&thinsp;; et forces de secondes cat&eacute;gories&nbsp;: l&rsquo;arm&eacute;e, intervenant uniquement dans les cas de troubles graves et seulement apr&egrave;s qu&rsquo;une lettre de r&eacute;quisition ait &eacute;t&eacute; adress&eacute;e au chef d&rsquo;&Eacute;tat-major de l&rsquo;arm&eacute;e.</p> <p>Les manifestations de la d&eacute;cennie&nbsp;1990 ne peuvent plus se compter sur le bout des doigts&nbsp;: les partis d&rsquo;opposition et les syndicats &eacute;tudiants bravent all&egrave;grement les interdictions de manifester. De plus, la rue n&rsquo;est plus l&rsquo;apanage des milieux universitaires et scolaires&nbsp;: la pratique s&rsquo;est g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;e et banalis&eacute;e&nbsp;: tous les secteurs professionnels y recourent, y compris les policiers et les militaires. De janvier 1990 &agrave; d&eacute;cembre 1999, la F&eacute;d&eacute;ration estudiantine et scolaire de C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire (FESCI) est l&rsquo;organisation qui affiche le plus grand nombre d&rsquo;affrontements violents avec la police. Vient ensuite le Rassemblement des r&eacute;publicains (RDR), formation politique qui, depuis sa cr&eacute;ation en 1994, est en campagne contre l&rsquo;&eacute;viction &agrave; la course &agrave; la pr&eacute;sidence de la R&eacute;publique de son candidat, Alassane Dramane Ouattara. Le 24 d&eacute;cembre 1999, le pr&eacute;sident B&eacute;di&eacute; est chass&eacute; du pouvoir par un coup d&rsquo;&Eacute;tat. Une nouvelle Constitution est &eacute;crite&nbsp;: elle pr&eacute;voit la cr&eacute;ation d&rsquo;une commission &eacute;lectorale ind&eacute;pendante. Mais le probl&egrave;me de l&rsquo;&eacute;ligibilit&eacute; de Ouattara reste entier.</p> <h1>&nbsp;</h1> <h2>IV. La militarisation de la soci&eacute;t&eacute; et les manifestations calamiteuses (2000-2010)</h2> <p>Le d&eacute;bat sur l&rsquo;ivoirit&eacute; (la quiddit&eacute; ivoirienne) va se cristalliser autour de la candidature de Alassane Dramane Ouattara &agrave; la pr&eacute;sidence de la r&eacute;publique. Le RDR se pr&eacute;sente comme le d&eacute;fenseur des &laquo;&nbsp;gens du nord&nbsp;&raquo; contre l&rsquo;exclusion et ses militants se recrutent massivement parmi les ressortissants de cette r&eacute;gion. De m&ecirc;me, les deux autres principaux partis politiques de l&rsquo;&eacute;chiquier national, le Parti d&eacute;mocratique de C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire (PDCI) et le Front populaire ivoirien (FPI) disposent d&rsquo;un bassin ethnor&eacute;gional de recrutement, l&rsquo;un dans le pays baoul&eacute;, situ&eacute; au centre de la C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire&thinsp;; et l&rsquo;autre dans l&rsquo;ouest et le sud lagunaire. Du point de vue des perceptions populaires, les identification ethnique et politique sont presque &eacute;quivalentes, d&rsquo;o&ugrave; le d&eacute;bordement des manifestations en conflits interethniques. La mobilisation identitaire n&rsquo;est pas une particularit&eacute; ivoirienne. Elle s&rsquo;observe dans de nombreux &Eacute;tats africains. Comme l&rsquo;affirme Otayek (1998&nbsp;: 14)&nbsp;: &laquo;&nbsp;la mobilisation identitaire est donc l&rsquo;instrument le plus efficace et le moins co&ucirc;teux pour n&eacute;gocier le partage du &laquo;&nbsp;g&acirc;teau national&nbsp;&raquo; ou pour conqu&eacute;rir le pouvoir dans l&rsquo;hypoth&egrave;se d&rsquo;un jeu &agrave; somme non nulle dans lequel le vainqueur remporte toute la mise alors que le vaincu perd tout, y compris sa vie parfois&nbsp;&raquo;.</p> <p>L&rsquo;exclusion de Alassane Dramane Ouattara, candidat du RDR aux &eacute;lections, provoque l&rsquo;intrusion des hommes en armes sur la sc&egrave;ne politique. La bo&icirc;te de pandore est ouverte le 24 d&eacute;cembre 1999, par le coup d&rsquo;&Eacute;tat militaire qui renverse le pr&eacute;sident Henry Konan Bedi&eacute;. Plusieurs autres tentatives de putsch s&rsquo;en suivront. Dans la nuit du 17 au 18 septembre 2000, une tentative de coup d&rsquo;&Eacute;tat &eacute;choue contre le g&eacute;n&eacute;ral Robert Gue&iuml;&nbsp;: c&rsquo;est le complot du cheval blanc. Le g&eacute;n&eacute;ral &eacute;tant absent de son domicile au moment des faits, c&rsquo;est son cheval qui essuie le courroux des assaillants&nbsp;: la b&ecirc;te sera immol&eacute;e. Les 7 et 8 janvier 2001, une autre tentative de coup d&rsquo;&Eacute;tat vise le r&eacute;gime civil du pr&eacute;sident Laurent Gbagbo. Les assaillants sont mis en d&eacute;route mais r&eacute;ussissent &agrave; quitter le pays au bord d&rsquo;une Mercedes noire. Le 19 septembre 2002, des assaillants tentent encore de s&rsquo;emparer du pouvoir. Le coup d&rsquo;&Eacute;tat manqu&eacute; se transforme en r&eacute;bellion. Les assaillants occupent le nord et l&rsquo;ouest de la C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire et demeureront en arme jusqu&rsquo;en 2011.</p> <p>Les accointances entre les auteurs de ces diff&eacute;rents coups de force, notamment le d&eacute;nomm&eacute; IB, ancien garde de corps d&rsquo;Alassane Ouattara, et le Rassemblement des r&eacute;publicains (RDR) provoquent les rigueurs du pouvoir vis-&agrave;-vis des manifestations de cette formation politique &agrave; Abidjan. Depuis l&rsquo;&eacute;clatement de la guerre en 2002, les militants de ce parti sont per&ccedil;us par une certaine frange de la population comme des &laquo;&nbsp;ennemis int&eacute;rieurs&nbsp;&raquo; (Ban&eacute;gas &amp; Losch, 2002). Ces coups de force r&eacute;p&eacute;t&eacute;s ont des incidences sur la contraction des libert&eacute;s. Des interdictions &agrave; port&eacute;e g&eacute;n&eacute;rale sont prises par le pouvoir. C&rsquo;est toute l&rsquo;opposition politique qui p&acirc;tit de ces mesures. Ainsi, Le 18 ao&ucirc;t 2000, la junte militaire durcit les conditions d&rsquo;autorisation pour manifester&nbsp;: il faut d&eacute;sormais obtenir deux autorisations&nbsp;: l&rsquo;une du minist&egrave;re de l&rsquo;Int&eacute;rieur et l&rsquo;autre du minist&egrave;re de la s&eacute;curit&eacute;. Apr&egrave;s le complot du cheval blanc, toutes les manifestations des partis politiques sont interdites, sauf celles qui se tiennent &agrave; leur si&egrave;ge. Ces interdictions seront reconduites de fa&ccedil;on r&eacute;guli&egrave;re par le r&eacute;gime civil du pr&eacute;sident Laurent Gbagbo jusqu&rsquo;en 2010.</p> <p>Cet &eacute;tat d&rsquo;exception permanent a pour effet de mobiliser toutes les forces de s&eacute;curit&eacute; disponibles. Des troupes d&rsquo;&eacute;lite de l&rsquo;arm&eacute;e, form&eacute;es uniquement pour la guerre, sont sollicit&eacute;es&nbsp;: le 24 octobre 2000, la garde pr&eacute;torienne du g&eacute;n&eacute;ral Robert Guei, les Brigades rouges, une force de deux cents &agrave; trois cents hommes d&eacute;fend, avec des kalachnikovs le palais pr&eacute;sidentiel contre l&rsquo;assaut de manifestants aux mains nues. De m&ecirc;me, depuis sa cr&eacute;ation en 2005 pour lutter contre les bandits arm&eacute;s, le Centre de commandement des op&eacute;rations (CECOS) est associ&eacute; au maintien de l&rsquo;ordre. &Agrave; ces acteurs formels, non form&eacute;s au maintien de l&rsquo;ordre, se joignent des civils. D&rsquo;abord, les milices progouvernementales qui pullulent depuis le d&eacute;but de la guerre en 2002. Le Groupement des patriotes pour la paix (GPP), une milice de pr&egrave;s de 20&thinsp;000 hommes, effectue des patrouilles &agrave; Abidjan. Les &eacute;tudiants de la F&eacute;d&eacute;ration estudiantine et scolaire de C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire (FESCI) en font de m&ecirc;me autour des cit&eacute;s universitaires. Dans ses bastions, le parti au pouvoir met &agrave; contribution ses militants. Ainsi, les forces de coercition durant la crise sont constitu&eacute;es par l&rsquo;ensemble des forces publiques de s&eacute;curit&eacute;, que suppl&eacute;ent des civils.</p> <p>Dans ce contexte de militarisation, peu favorable &agrave; l&rsquo;expression des libert&eacute;s d&eacute;mocratiques, rares sont ceux qui osent d&eacute;fier cette armada de forces de s&eacute;curit&eacute;. Dans de telles conditions, on ne s&rsquo;&eacute;tonnera pas que la majorit&eacute; des participants &agrave; ces manifestations de haut risque pr&eacute;sentent une certaine disponibilit&eacute; biographique (McAdam, 1986). Ce sont en effet des jeunes en situation de pr&eacute;carit&eacute; et qui ont le sentiment de ne plus rien avoir &agrave; perdre. Ce sont &eacute;galement des jeunes qui appartiennent &agrave; une culture de rue abidjanaise, valorisant la force physique (Marie, 1997).</p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: center;">*</p> <p style="text-align: center;">* *</p> <p>&nbsp;</p> <p>Les manifestations organis&eacute;es par le RDR depuis l&rsquo;an&nbsp;2000 constituent les plus meurtri&egrave;res de l&rsquo;histoire de la C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire. En octobre 2000, les &eacute;lections pr&eacute;sidentielles se terminent par un bain de sang. La contestation des r&eacute;sultats est violemment r&eacute;prim&eacute;e. Le pr&eacute;sident Laurent Gbagbo, &eacute;lu &agrave; la suite de ces incidents, et en y faisant r&eacute;f&eacute;rence, affirmera avoir &eacute;t&eacute; &eacute;lu dans des &laquo;&nbsp;conditions calamiteuses&nbsp;&raquo; (Gbagbo, 2004). Ces conditions chaotiques se r&eacute;p&egrave;teront &agrave; quatre reprises au cours des dix prochaines ann&eacute;es&nbsp;: en novembre et en d&eacute;cembre 2000, en 2004 et en 2010.</p> <p>&nbsp;-Les 24 et 26 octobre 2000&nbsp;: le 24, manifestations des militants du FPI contre le hold-up &eacute;lectoral du g&eacute;n&eacute;ral Robert Guei, suivies le 25 par celles du RDR pour r&eacute;clamer la reprise des &eacute;lections&nbsp;: 170 morts&thinsp;;</p> <p>-Les 4 et 5 d&eacute;cembre 2000&nbsp;: manifestations des militants du RDR pour protester contre le rejet par la Cour supr&ecirc;me de la candidature aux &eacute;lections l&eacute;gislatives de leur leader Alassane Ouattara&nbsp;: 42 morts&thinsp;;</p> <p>-Le 26 mars 2004&nbsp;: l&rsquo;opposition politique conteste la l&eacute;gitimit&eacute; du pr&eacute;sident et sa d&eacute;cision de d&eacute;mettre certains ministres du gouvernement d&rsquo;union nationale&nbsp;: 120 morts&thinsp;;</p> <p>-Le 16 janvier 2011&nbsp;: contestation des r&eacute;sultats de l&rsquo;&eacute;lection pr&eacute;sidentielle&nbsp;: 32 morts et basculement dans la guerre civile.</p> <p>Ces &laquo;&nbsp;manifestations calamiteuses&nbsp;&raquo; pr&eacute;sentent certaines particularit&eacute;s.</p> <p>Premi&egrave;rement&nbsp;: elles ont pour enjeu les &eacute;lections. Dans les soci&eacute;t&eacute;s de type n&eacute;opatrimoniales, parmi lesquels on peut vraisemblablement ranger la C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire, les &eacute;lections sont la source de conflits violents, car le pouvoir d&rsquo;&Eacute;tat est le principal sinon l&rsquo;unique lieu d&rsquo;accumulation et de redistribution des ressources n&eacute;cessaires &agrave; la survie (M&rsquo;bemb&eacute;, 1988). Le choix des opposants de recourir &agrave; la force de la rue en lieu et place du droit pour vider le contentieux &eacute;lectoral est li&eacute; au discr&eacute;dit dont souffrent la justice et l&rsquo;administration publique de fa&ccedil;on g&eacute;n&eacute;rale, soup&ccedil;onn&eacute;es de connivence avec les dirigeants politiques dans l&rsquo;organisation des fraudes (Meledje, 2009). Les forces de s&eacute;curit&eacute; dans ces conditions de contestation du pouvoir p&acirc;tissent du m&ecirc;me discr&eacute;dit&nbsp;: leur l&eacute;gitimit&eacute; indirecte (Houngnikpo, 2012) d&eacute;riv&eacute;e de la l&eacute;gitimit&eacute; du pouvoir qui les met en branle se trouve ainsi contest&eacute;e en m&ecirc;me temps que celle de l&rsquo;ordonnateur. Les participants aux manifestations suscit&eacute;es par les contentieux &eacute;lectoraux sont de ce fait moins enclins &agrave; se soumettre &agrave; l&rsquo;autorit&eacute; des forces de s&eacute;curit&eacute;, et pr&ecirc;ts &agrave; s&rsquo;y opposer&thinsp;; aspect qui rompt avec la routine habituelle faite de d&eacute;f&eacute;rence ou de peur du gendarme.</p> <p>Deuxi&egrave;mement&nbsp;: ces manifestations se d&eacute;roulent en violation des mesures d&rsquo;exception prises, &eacute;tat de si&egrave;ge et &eacute;tat d&rsquo;urgence, qui constituent, sur l&rsquo;&eacute;chelle de gravit&eacute;, le plus haut niveau d&rsquo;interdiction qu&rsquo;un &Eacute;tat puisse &eacute;mettre &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de ses fronti&egrave;res. La violation de ces interdictions met directement en cause la puissance de l&rsquo;&Eacute;tat. De plus, les mesures d&rsquo;exception octroient aux forces de s&eacute;curit&eacute; des pouvoirs qui en temps normal constitueraient des violations flagrantes des droits de l&rsquo;homme&nbsp;: interdiction formelle de manifester, perquisition sans mandat, etc. L&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;exception dans son origine et sa fonction est une disposition de guerre (Agamben, 2003).</p> <p>Troisi&egrave;mement, au cours de ces manifestations, participent au maintien et au r&eacute;tablissement de l&rsquo;ordre, des acteurs peu ou pas form&eacute;s au maintien de l&rsquo;ordre et munis d&rsquo;armes non conventionnelles. Il en est ainsi des militaires arm&eacute;s uniquement de kalachnikov et des miliciens et autres contre-manifestants, arm&eacute;s de gourdins et de machettes. &Agrave; l&rsquo;oppos&eacute;, dans les rangs des marcheurs, se retrouvent des jeunes gens pr&ecirc;ts &agrave; en d&eacute;coudre avec les forces de l&rsquo;ordre et munis pour quelques-uns d&rsquo;armes blanches ou &agrave; feu, brouillant ainsi les distinctions entre manifestation pacifique et hostilit&eacute; ouverte.</p> <p>En conclusion, les manifestations et les acteurs du maintien de l&rsquo;ordre en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire ont &eacute;volu&eacute; d&eacute;pendamment de la nature du r&eacute;gime politique. Dans les r&eacute;gimes autoritaires coloniaux et postcoloniaux, les manifestations de protestation sont rares par peur de la r&eacute;pression. Le passage de l&rsquo;autocratie &agrave; la d&eacute;mocratie a permis de lever cette inhibition. Les manifestations sont plus fr&eacute;quentes et moins l&eacute;tales, sauf lorsqu&rsquo;elles ont pour objet les contentieux &eacute;lectoraux. Lorsque la lutte pour le pouvoir d&eacute;borde des urnes pour se retrouver dans la rue, la violence est &laquo;&nbsp;paroxysmale&nbsp;&raquo;.</p> <p>&nbsp;</p> <h2>Bibliographie</h2> <p>&nbsp;</p> <p>-R. Ban&eacute;gas &amp; Losch B. (2002). &laquo;&nbsp;La C&ocirc;te d&rsquo;ivoire au bord de l&rsquo;implosion&nbsp;&raquo;, Politique africaine (87), p.&nbsp;139-160.</p> <p>-H. Brunschvicg (1983). Noirs et blancs dans l&rsquo;Afrique noire fran&ccedil;aise. Comment le colonis&eacute; devient colonisateur (1870-1914). Paris&nbsp;: Flammarion.</p> <p>-H. Diabat&eacute; (1975). La marche des femmes sur Grand-Bassam. Abidjan&nbsp;: NEA.</p> <p>-P. P. Dram&eacute; (2007). L&rsquo;imp&eacute;rialisme colonial fran&ccedil;ais en Afrique. L&rsquo;Harmattan, Paris.</p> <p>-Fraternit&eacute; Matin. (2010). 50 ans de souverainet&eacute;, les moments cl&eacute;s. Abidjan&nbsp;: Fraternit&eacute; Matin.</p> <p>-L. Gbagbo (1982). La C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire. &Eacute;conomie et soci&eacute;t&eacute; &agrave; la veille de l&rsquo;ind&eacute;pendance. Paris&nbsp;: L&rsquo;harmattan.</p> <p>-L. Gbagbo (2004, D&eacute;cembre 21). Le pr&eacute;sident Gbagbo aux jeunes africains&nbsp;: je vous laisserai demain un pays debout. Consult&eacute; le Janvier&nbsp;1, 2014, sur Ambassade de C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire en Suisse&nbsp;: www.acibe.org</p> <p>-M. C. Houngnipko (2012). &laquo;&nbsp;Arm&eacute;es africaines&nbsp;: cha&icirc;non manquant des transitions d&eacute;mocratiques&nbsp;&raquo;, Bulletin de la s&eacute;curit&eacute; africaine, p. 1-8.</p> <p>-J.-N. Loucou (2007). C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire&nbsp;: les r&eacute;sistances &agrave; la conqu&ecirc;te coloniale. Abidjan&nbsp;: CERAP.</p> <p>-A. Marie (1997). &quot;L&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; urbaine&nbsp;: l&rsquo;engrenage des violences&quot;, dans G. H&eacute;rault, &amp; A. Puis, Jeunes, culture de la rue et violence urbaine en Afrique (p.&nbsp;413-417). Ibadan&nbsp;: IFRA.</p> <p>-G. Mazenot (2005). Sur le pass&eacute; de l&rsquo;Afrique noire. Paris&nbsp;: L&rsquo;harmattan.</p> <p>-A. Mbemb&eacute; (1988). Afriques indociles, christianisme, pouvoir et &Eacute;tat en soci&eacute;t&eacute; postcoloniale. Paris&nbsp;: Karthala.</p> <p>-D. McAdam (1986). &ldquo;Recruitment to high-risk activism: The case of freedom summer&rdquo; American Journal of Sociology, 64-90.</p> <p>-D. F. Meledje (2009). &laquo;&nbsp;Le contentieux &eacute;lectoral en Afrique&nbsp;&raquo;, Pouvoirs, 139-155.</p> </div>