<h2><span style="font-size:20px"><span style="color:black"><strong>Introduction</strong></span></span></h2> <p style="margin-left:120px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><span style="font-size:10.0pt">Les peintres engag&eacute;s dans la Grande Guerre ont, comme tous les t&eacute;moins du conflit, une exp&eacute;rience singuli&egrave;re. [&hellip;] Certains, comme Dix, ont une exp&eacute;rience combattante, d&rsquo;autres comme Beckmann, une exp&eacute;rience aupr&egrave;s des soignants, d&rsquo;autres encore, de peintres missionn&eacute;s. Leur relation &agrave; la guerre &mdash;&nbsp;et plus sp&eacute;cialement &agrave; la mort, n&rsquo;est pas la m&ecirc;me. Ce que Dix repr&eacute;sente ce n&rsquo;est pas le traumatisme de la Grande Guerre mais bien son <em>trauma</em>, en particulier dans son cycle <em>Der Krieg</em>. Les 4/5<sup>e</sup> de ses eaux-fortes y repr&eacute;sentent la mort<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:10.0pt">[1]</span></sup></sup></a>&nbsp;!</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Sensibilis&eacute; &agrave; l&rsquo;art par sa m&egrave;re et son cousin auquel il sert de mod&egrave;le, Otto Dix suit une formation de peintre et entre &agrave; l&rsquo;&eacute;cole des Arts D&eacute;coratifs de Dresde&nbsp;; il s&rsquo;y &eacute;tablira de 1909 jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;mergence du premier conflit mondial, pour lequel il se porte volontaire dans l&rsquo;artillerie. En effet, en 1914, lorsque le jeune peintre part &agrave; la guerre, il n&rsquo;est pas encore question d&rsquo;&ecirc;tre critique envers le conflit&nbsp;: le sentiment g&eacute;n&eacute;ralement partag&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;poque, est celui d&rsquo;une purification de la soci&eacute;t&eacute;, d&rsquo;un espoir en l&rsquo;homme nouveau. Le style pictural de l&rsquo;artiste &agrave; ce moment-l&agrave; est &agrave; la mesure de cet &eacute;tat d&rsquo;esprit&nbsp;: une esth&eacute;tique cubo-futuriste aux couleurs expressives, &agrave; la composition empreinte de dynamisme et aux contrastes saisissants<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[2]</span></sup></sup></a>. Pour lui, la guerre s&rsquo;apparente &agrave; une exp&eacute;rience qu&rsquo;il se devait d&rsquo;appr&eacute;hender et de vivre, afin de pouvoir en t&eacute;moigner avec exactitude. C&rsquo;est une volont&eacute; sinc&egrave;re de conna&icirc;tre l&rsquo;&ecirc;tre humain sous tous ses aspects qui transpara&icirc;t &agrave; travers ses propos relat&eacute;s en 1963&nbsp;:</span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">&nbsp;&laquo; Il fallait [&hellip;] que je voie comment un type &agrave; c&ocirc;t&eacute; de moi, tombe soudain &agrave; la renverse et termin&eacute;, il s&rsquo;est pris une balle de plein fouet. Il fallait que je voie tout &ccedil;a exactement comme c&rsquo;est. Je le voulais, donc je n&rsquo;ai rien d&rsquo;un pacifiste. Ou peut-&ecirc;tre que j&rsquo;&eacute;tais quelqu&rsquo;un de curieux. Il fallait que je voie tout moi-m&ecirc;me. Je suis un tel r&eacute;aliste, vous savez, que je dois tout voir de mes propres yeux pour v&eacute;rifier que c&rsquo;est bien comme &ccedil;a que &ccedil;a se passe<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[3]</span></sup></sup></a>. &raquo; </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">D&egrave;s lors, immerg&eacute; au c&oelig;ur du conflit, Dix r&eacute;alise dans les tranch&eacute;es des croquis pris sur le vif. Au total ce sont &agrave; peu pr&egrave;s six cents &eacute;bauches de ces visions d&eacute;sol&eacute;es qu&rsquo;il reprendra dans son cycle de gravures &agrave; l&rsquo;eau-forte intitul&eacute; <em>Der Krieg &mdash;&nbsp;La Guerre</em> en fran&ccedil;ais. &Eacute;dit&eacute;e en 1924<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[4]</span></sup></sup></a> par Otto Felsing sous la direction m&ecirc;me de l&rsquo;artiste et publi&eacute;e par le galeriste et marchand d&rsquo;art Karl Nierendorf, la s&eacute;rie compte cinq albums de dix gravures chacun, &eacute;dit&eacute;s en soixante-dix exemplaires. Contenant cinquante-et-une gravures &agrave; l&rsquo;origine, le portfolio comportait une estampe montrant le viol d&rsquo;une nonne par un soldat, intitul&eacute;e <em>Soldat und Nonne</em>&nbsp;; cette derni&egrave;re sera retir&eacute;e sur les conseils de l&rsquo;&eacute;diteur, jug&eacute;e trop choquante en ce qu&rsquo;elle entachait la vision du soldat h&eacute;ros de la guerre. Pour autant, ces eaux-fortes ne sont pas la simple transposition des croquis qu&rsquo;il dessinait sur le front&nbsp;: dans ces derniers en effet, les th&egrave;mes du combat, de la mort et de l&rsquo;horreur ne constituent pas des sujets r&eacute;currents&nbsp;; ils repr&eacute;sentent plus volontiers des paysages, des d&eacute;tails du terrain, des villages, et s&rsquo;ils figurent des soldats et parfois des sc&egrave;nes de combat, ces motifs ne sont pas encore devenus une obsession pour l&rsquo;artiste. Si ces croquis n&rsquo;ont apparemment qu&rsquo;un r&ocirc;le mn&eacute;motechnique dans l&rsquo;&eacute;laboration des gravures guerri&egrave;res, ce qui inspire surtout Otto Dix dans l&rsquo;&eacute;poque d&rsquo;apr&egrave;s-guerre, ce sont les photographies du conflit, prises par les combattants eux-m&ecirc;mes&nbsp;: des photographies extr&ecirc;mement crues, qui n&rsquo;h&eacute;sitent pas &agrave; montrer les corps, les blessures et les cadavres sans complexe ou restriction&nbsp;; celles-ci n&rsquo;&eacute;tant cependant pas aussi pr&eacute;cises que le souhaitait l&rsquo;artiste. Afin d&rsquo;aller plus loin dans sa d&eacute;marche et satisfaire sa qu&ecirc;te obstin&eacute;e de r&eacute;alisme, Dix va alors trouver son inspiration dans l&rsquo;imagerie m&eacute;dicale des Gueules cass&eacute;es, allant m&ecirc;me jusqu&rsquo;&agrave; travailler directement &laquo;&nbsp;sur le motif, d&rsquo;apr&egrave;s des organes humains qui lui sont accessibles dans des salles de dissection ou des morgues [&hellip;]<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[5]</span></sup></sup></a> &raquo;.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Revenu &agrave; la vie civile, toujours pouss&eacute; par sa volont&eacute; de connaissance et de r&eacute;alisme, il s&rsquo;attache &agrave; repr&eacute;senter la mis&egrave;re sociale qui d&eacute;coule de la guerre, notamment ces anciens combattants mutil&eacute;s, transform&eacute;s par la chirurgie r&eacute;paratrice en pantins d&eacute;shumanis&eacute;s. D&egrave;s lors, face &agrave; ces hommes m&eacute;canis&eacute;s et aux corps mis en pi&egrave;ces, face &agrave; ce tiraillement pour d&eacute;celer l&rsquo;individu cach&eacute; derri&egrave;re ces visages an&eacute;antis, un trouble de la perception s&rsquo;installe, comme un sentiment d&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; voire d&rsquo;<em>inqui&eacute;tante &eacute;tranget&eacute;. </em>Pour autant, ce concept est-il l&eacute;gitimement applicable &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre de Dix sur la Grande Guerre&nbsp;? Et par quels proc&eacute;d&eacute;s picturaux l&rsquo;artiste parvient-il &agrave; faire de l&rsquo;offense faite au corps et au visage, un embl&egrave;me de la d&eacute;shumanisation qui corrompt le rapport au vivant ? </span></span></p> <h2 style="text-align:justify"><strong><span style="font-size:20px"><span style="color:black"><a name="_1fob9te"></a>1.&nbsp;Otto Dix et l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; de la chair mutil&eacute;e&nbsp;: une &laquo;&nbsp;manipulation virtuose<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup>[6]</sup></sup></a>&nbsp;&raquo; de l&rsquo;inqui&eacute;tante &eacute;tranget&eacute;&nbsp;? </span></span></strong></h2> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Dans son article intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Le t&eacute;moin d&rsquo;Otto Dix<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[7]</span></sup></sup></a>&nbsp;&raquo;, le sociologue Pierre Le Qu&eacute;au s&rsquo;appuie sur l&rsquo;iconographie des Gueules cass&eacute;es au sein de l&rsquo;&oelig;uvre de Dix afin d&rsquo;&eacute;tablir une comparaison entre la blessure au visage de ces soldats et le masque de la Gorgone M&eacute;duse &mdash;&nbsp;<em>Gorg&ocirc;</em>. En posant ce masque comme la repr&eacute;sentation de &laquo;&nbsp;l&rsquo;extr&ecirc;me alt&eacute;rit&eacute;, l&rsquo;horreur terrifiante de ce qui est absolument autre, l&rsquo;indicible, l&rsquo;impensable, le pur chaos<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[8]</span></sup></sup></a>&nbsp;&raquo;, il poursuit sa r&eacute;flexion jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;vocation du concept freudien de l&rsquo;inqui&eacute;tante &eacute;tranget&eacute; et s&rsquo;exprime en ces termes&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le motif de l&rsquo;homme sans visage devient finalement assez repr&eacute;sentatif de l&rsquo;interrogation lancinante d&rsquo;Otto Dix sur l&rsquo;inqui&eacute;tante &eacute;tranget&eacute; <em>(Unheimlich)</em> de l&rsquo;Autre, qui traverse l&rsquo;ensemble de ses portraits<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[9]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo;</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">En 1919, Freud publie un essai o&ugrave; il reprend le concept de l&rsquo;<em>Unheimlich</em>, d&eacute;j&agrave; probl&eacute;matis&eacute; en 1906 par le psychiatre allemand Ernst Jentsch<em>, </em>dans un article intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Zur Psychologie des Unheimlichen<a href="#_ftn10" name="_ftnref10" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[10]</span></sup></sup></a>&nbsp;&raquo;. Cette expression, qui ne trouve pas de v&eacute;ritable &eacute;quivalent en fran&ccedil;ais, est commun&eacute;ment reconnue sous la traduction d&rsquo;<em>inqui&eacute;tante &eacute;tranget&eacute;,</em> &eacute;tablie par Marie Bonaparte<em>. </em>&Eacute;tymologiquement, la langue allemande utilise le mot <em>Heim</em> &mdash;&nbsp;le foyer, pour d&eacute;signer ce qui se trouve <em>chez soi, </em>ce qui nous est <em>familier, </em>ce que l&rsquo;on <em>cache</em>.<em> </em>Cependant, le pr&eacute;fixe <em>un-</em> est utilis&eacute; pour souligner un antonyme. Ce qui &eacute;tait <em>heimlich</em>, c&rsquo;est-&agrave;-dire intime et rassurant, se transforme alors en une situation suscitant malaise et angoisse, face &agrave; ce qui aurait d&ucirc; rester dissimul&eacute; dans l&rsquo;intimit&eacute;. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Ainsi, il est un aspect de l&rsquo;inqui&eacute;tante &eacute;tranget&eacute; qui serait &agrave; m&ecirc;me de mettre en lumi&egrave;re, ces sentiments troubl&eacute;s que nous &eacute;prouvons face aux &oelig;uvres d&rsquo;Otto Dix&nbsp;: </span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Jentsch analyse le sentiment de malaise et de trouble que suscite, par exemple, la vue d&rsquo;un objet anim&eacute; dont on peut se demander s&rsquo;il est ou non un &ecirc;tre vivant [&hellip;]. Il cite de nombreux exemples, de la visite de mus&eacute;es de figures de cire aux automates en passant par d&rsquo;autres cas o&ugrave; s&rsquo;installe le doute quant au statut, vivant ou non, que l&rsquo;on doit attribuer&nbsp;&agrave; l&rsquo;objet. Si les cas de &ldquo;dissonance cognitive&rdquo; sont nombreux dans la vie quotidienne, Jentsch emprunte beaucoup de ses exemples &agrave; la litt&eacute;rature et aux arts pour montrer que le maniement de l&rsquo;&eacute;tranget&eacute; est un &ldquo;artifice psychologique&rdquo; qui peut faire l&rsquo;objet d&rsquo;un usage tr&egrave;s contr&ocirc;l&eacute;, voire d&rsquo;une &ldquo;manipulation virtuose<a href="#_ftn11" name="_ftnref11" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[11]</span></sup></sup></a>&rdquo;.&nbsp;&raquo;</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Les corps mutil&eacute;s repr&eacute;sent&eacute;s par Dix s&rsquo;accordent parfaitement &agrave; cette d&eacute;finition&nbsp;: si l&rsquo;artiste s&rsquo;applique &agrave; montrer les d&eacute;g&acirc;ts caus&eacute;s par la guerre &mdash;&nbsp;tant physiques que psychologiques, il d&eacute;peint aussi les cicatrices laiss&eacute;es par la chirurgie r&eacute;paratrice, ainsi que ces empreintes visibles que sont les proth&egrave;ses, utilis&eacute;es dans la vie courante<a href="#_ftn12" name="_ftnref12" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[12]</span></sup></sup></a>. Suivant toujours le fil rouge de l&rsquo;inqui&eacute;tante &eacute;tranget&eacute; du corps estropi&eacute;, J&eacute;r&ocirc;me Thomas, dans son article &laquo;&nbsp;Passion de la mort et du monstrueux dans la peinture expressionniste allemande (1919-1930)<a href="#_ftn13" name="_ftnref13" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[13]</span></sup></sup></a>&nbsp;&raquo;, d&eacute;signe les mutil&eacute;s repr&eacute;sent&eacute;s par Dix comme des &laquo;&nbsp;&ecirc;tres &agrave; la limite de l&rsquo;humanit&eacute;<a href="#_ftn14" name="_ftnref14" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[14]</span></sup></sup></a>&nbsp;&raquo;. Plus loin, il ajoute&nbsp;: &laquo;&nbsp;D&rsquo;ailleurs, la minutie avec laquelle il s&rsquo;applique &agrave; repr&eacute;senter les mutilations oblige le spectateur &agrave; un effort de repr&eacute;sentation du r&eacute;el pour tenter de discerner l&rsquo;humanit&eacute; de ces hommes<a href="#_ftn15" name="_ftnref15" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[15]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo;</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">De fait, en regardant la toile <em>Die Skatspieler</em><a href="#_ftn16" name="_ftnref16" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[16]</span></sup></sup></a> arrivons-nous encore &agrave; discerner l&rsquo;humain derri&egrave;re l&rsquo;homme-machine qui se pr&eacute;sente &agrave; nous&nbsp;? Ici, l&rsquo;utilisation du collage, qui instaure un frein suppl&eacute;mentaire &agrave; la reconnaissance de ce qui nous est familier, semble aussi co&iuml;ncider avec la d&eacute;finition de l&rsquo;inqui&eacute;tante &eacute;tranget&eacute;. En int&eacute;grant un &eacute;l&eacute;ment mat&eacute;riel au sein de la repr&eacute;sentation, Dix souligne de mani&egrave;re encore plus &eacute;vidente la d&eacute;shumanisation caus&eacute;e par la guerre et cette alt&eacute;rit&eacute; manifeste. Tout comme la proth&egrave;se, l&rsquo;objet ins&eacute;r&eacute; gr&acirc;ce au collage s&rsquo;apparente ici, non plus seulement &agrave; l&rsquo;<em>artifice psychologique</em> tel que le d&eacute;finit Jentsch, mais bien &agrave; l&rsquo;artifice tout court, &agrave; ce subterfuge technique visant &agrave; remplacer le membre amput&eacute;. Otto Dix op&egrave;re donc bien une &laquo;&nbsp;manipulation virtuose<a href="#_ftn17" name="_ftnref17" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[17]</span></sup></sup></a>&nbsp;&raquo; dans ses repr&eacute;sentations, en faisant de l&rsquo;inqui&eacute;tante &eacute;tranget&eacute; un r&eacute;v&eacute;lateur de l&rsquo;absurdit&eacute; du conflit.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Une absurdit&eacute; &eacute;galement rendue visible dans la gravure intitul&eacute;e <em>Tote vor der Stellung bei Tahure</em>, o&ugrave; deux cr&acirc;nes d&eacute;charn&eacute;s semblent osciller entre la vie et la mort. Bien s&ucirc;r, le titre <em>Tote vor der Stellung bei Tahure</em> &mdash;&nbsp;litt&eacute;ralement <em>Des morts devant la position pr&egrave;s de Tahure</em>&nbsp;&mdash; indique clairement que ces soldats ne font d&eacute;j&agrave; plus partie de notre monde&nbsp;; mais Dix les repr&eacute;sente de telle sorte qu&rsquo;ils semblent, de mani&egrave;re surprenante, continuer &agrave; se sourire et se parler. Alors que le cr&acirc;ne &agrave; gauche de l&rsquo;estampe d&eacute;voile un sourire franc, la bouche grande ouverte, l&rsquo;autre semble esquisser une grimace douloureuse de ses l&egrave;vres d&eacute;chir&eacute;es. Certes d&eacute;rangeantes, ces &oelig;uvres n&rsquo;en sont pas moins fascinantes&nbsp;: l&rsquo;artiste joue d&rsquo;une dualit&eacute; propre &agrave; sans cesse faire h&eacute;siter le spectateur entre attraction et r&eacute;pulsion devant ces images de mutil&eacute;s devenus mi-hommes mi-machines, ou ces gravures de cr&acirc;nes &eacute;maci&eacute;s. D&egrave;s lors, il convient de souligner dans l&rsquo;&oelig;uvre de Dix cette particularit&eacute; donn&eacute;e &agrave; l&rsquo;outrage fait au visage&nbsp;; cette blessure tellement &eacute;vidente aux yeux de tous, deviendrait-elle synonyme d&rsquo;une perte d&rsquo;humanit&eacute;&nbsp;?</span></span></p> <h2 style="text-align:justify"><span style="font-size:20px"><strong><span style="color:black"><a name="_3znysh7"></a>2. L&rsquo;homme sans visage&nbsp;: de la d&eacute;shumanisation &agrave; la d&eacute;n&eacute;gation du vivant</span></strong></span></h2> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Parce que le visage est tout sp&eacute;cialement charg&eacute; de significations dans la culture occidentale moderne, et sa peinture notamment, la d&eacute;figuration redouble et surd&eacute;termine en quelque sorte l&rsquo;atteinte faite au corps, aussi bien individuel que social. Car, et c&rsquo;est l&agrave; tout l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t que peut avoir le sociologue &agrave; m&eacute;diter ce &laquo; d&eacute;tail &raquo; de l&rsquo;&oelig;uvre de Dix, le personnage de l&rsquo;handicap&eacute; de la face permet de souligner la dimension symbolique de toute blessure qui, parce qu&rsquo;elle est trop visible, perturbe gravement, quand elle ne les interdit pas tout &agrave; fait, l&rsquo;&eacute;change social et la compr&eacute;hension r&eacute;ciproque qui constituent le fondement &eacute;l&eacute;mentaire de la vie sociale<a href="#_ftn18" name="_ftnref18" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[18]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo;</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Les repr&eacute;sentations que Dix fait des&nbsp;bless&eacute;s de la face sont effectivement d&rsquo;un r&eacute;alisme &eacute;difiant, d&eacute;nu&eacute; de jugement ou d&rsquo;empathie&nbsp;; par l&agrave; m&ecirc;me, elles rev&ecirc;tent un caract&egrave;re tr&egrave;s d&eacute;stabilisant pour le spectateur, confront&eacute; &agrave; ce que l&rsquo;on ne peut presque plus appeler un <em>visage</em>. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">En se penchant sur la gravure <em>Leiche im Drahtverhau &mdash;&nbsp;</em>litt&eacute;ralement<em> Cadavre dans les barbel&eacute;s&nbsp;&mdash;</em> tir&eacute;e du portfolio <em>Der Krieg,&nbsp;</em>il est saisissant de voir avec quelle minutie Dix grave les mutilations sur les corps, comment il entaille la chair au point d&rsquo;en d&eacute;figurer totalement les individus qu&rsquo;il repr&eacute;sente. L&rsquo;utilisation de l&rsquo;eau-forte et de l&rsquo;aquatinte appara&icirc;t &agrave; ce propos comme un choix affirm&eacute; de l&rsquo;artiste&nbsp;: on peut y d&eacute;celer une v&eacute;ritable symbolique, l&rsquo;eau-forte &eacute;tant un proc&eacute;d&eacute; qui utilise de l&rsquo;acide pour ronger le cuivre. Celui-ci meurtrit la plaque, la blesse et la d&eacute;chire, tout comme la guerre mutile et &eacute;reinte le corps des hommes. Nous avons m&ecirc;me l&rsquo;impression de voir les os des cadavres, de ressentir leur texture blanche et rugueuse&nbsp;; nous pouvons imaginer la chair, rong&eacute;e, en train de se putr&eacute;fier ainsi que les d&eacute;chirures des v&ecirc;tements et l&rsquo;impuret&eacute; du champ de bataille. Le travail ex&eacute;cut&eacute; par Dix ici sur le bras et le cr&acirc;ne du soldat est aussi remarquable que terrifiant.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Mais l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment le plus troublant est probablement ce tiraillement entre le monde du vivant et celui de la mort, et qui s&rsquo;incarne dans l&rsquo;habit du soldat encore visible, presque en bon &eacute;tat, alors que l&rsquo;homme, lui, n&rsquo;est plus qu&rsquo;un cadavre au milieu de fils barbel&eacute;s. Pr&eacute;sent physiquement par le biais de ses ossements, et par son statut de soldat que lui conf&egrave;re son uniforme, il n&rsquo;a cependant plus de visage&nbsp;: il n&rsquo;est plus identifiable, il est impersonnel. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">De plus, le cadrage tr&egrave;s serr&eacute; utilis&eacute; par l&rsquo;artiste dans cette &oelig;uvre appara&icirc;t comme un artifice suppl&eacute;mentaire vou&eacute; &agrave; la monstration d&rsquo;une certaine alt&eacute;rit&eacute;&nbsp;: centr&eacute;e sur les cadavres et sur les visages souffrants, cette focalisation pourrait traduire ce sentiment de douleur qui accapare totalement non seulement le corps repr&eacute;sent&eacute; par Dix, mais aussi le spectateur qui ne peut d&eacute;tacher ses yeux de l&rsquo;image, comme fascin&eacute;. Les propos de David Le Breton dans son ouvrage <em>Anthropologie de la douleur</em><a href="#_ftn19" name="_ftnref19" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[19]</span></sup></sup></a> viennent alors &agrave; l&rsquo;esprit&nbsp;:</span></span></p> <p style="margin-left:40px; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;La douleur est un moment de l&rsquo;existence o&ugrave; se scelle pour l&rsquo;individu l&rsquo;impression que son corps est autre que lui. Une dualit&eacute; insurmontable et intol&eacute;rable l&rsquo;enferme dans une chair rebelle qui le contraint &agrave; une souffrance dont il est le propre creuset. Si la joie est expansion, &eacute;largissement de la relation au monde, la douleur est accaparement, int&eacute;riorit&eacute;, fermeture, d&eacute;tachement de tout ce qui n&rsquo;est pas elle<a href="#_ftn20" name="_ftnref20" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[20]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo;</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Le rapprochement avec le propos de Le Breton semble d&rsquo;autant plus justifi&eacute;, tandis que ce dernier explique que&nbsp;: &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;mergence de la douleur est une menace redoutable pour le sentiment d&rsquo;identit&eacute;<a href="#_ftn21" name="_ftnref21" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[21]</span></sup></sup></a>&nbsp;&raquo;. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Mais Dix ne r&eacute;v&egrave;le pas seulement l&rsquo;outrage fait au corps&nbsp;: il m&eacute;taphorise une d&eacute;ch&eacute;ance aussi bien physique que morale, une d&eacute;tresse qui transpara&icirc;t par exemple dans une gravure comme <em>Transplantation, </em>o&ugrave; il devient difficile de d&eacute;celer l&rsquo;humain derri&egrave;re la blessure qui s&rsquo;impose dans un premier temps &agrave; notre regard. Ainsi, en privant partiellement ou totalement ses cadavres et ses bless&eacute;s de visage, Dix nous montre non seulement les ravages caus&eacute;s par la guerre, mais interroge aussi la soci&eacute;t&eacute; allemande d&rsquo;apr&egrave;s-guerre qui se refuse &agrave; avoir de la consid&eacute;ration pour ces mutil&eacute;s&nbsp;: priv&eacute;s de physionomie, nous sommes &eacute;vinc&eacute;s de la soci&eacute;t&eacute;, et la plaie au visage appara&icirc;t comme la plus cruelle. Mutiler un faci&egrave;s, l&rsquo;occulter jusqu&rsquo;&agrave; ne repr&eacute;senter que des cr&acirc;nes, des lambeaux de chair, des orbites vides ou des figures d&eacute;form&eacute;es par la douleur et la peur, signifie en r&eacute;alit&eacute; d&eacute;truire l&rsquo;humanit&eacute; de la personne, &agrave; l&rsquo;instar de ce que la guerre a pu faire comme ravages. Il est par ailleurs int&eacute;ressant de rappeler que durant les ann&eacute;es 1920-1930, Otto Dix s&rsquo;attache &agrave; peindre beaucoup de portraits&nbsp;; or ici, la volont&eacute; d&rsquo;occulter volontairement cette reconnaissance du vivant est &eacute;vidente.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Le philosophe et anthropologue Henri-Jacques Stiker s&rsquo;appuie aussi sur l&rsquo;exemple de Dix pour parler de l&rsquo;infirmit&eacute;, de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; et du handicap. Dans son article &laquo;&nbsp;Le d&eacute;tournement et le retournement de l&rsquo;infirmit&eacute; dans l&rsquo;art pictural<a href="#_ftn22" name="_ftnref22" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[22]</span></sup></sup></a>&nbsp;&raquo;, il se sert de la toile <em>Die Skatspieler</em> pour montrer comment Dix repr&eacute;sente ce qu&rsquo;il nomme &laquo;&nbsp;le corps (social) absurde<a href="#_ftn23" name="_ftnref23" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[23]</span></sup></sup></a>&nbsp;&raquo;. Nous pourrions penser &agrave; premi&egrave;re vue que l&rsquo;auteur aurait pu se baser sur n&rsquo;importe quelle repr&eacute;sentation de mutil&eacute; peinte ou grav&eacute;e par Dix&nbsp;; en effet nous avons pu constater qu&rsquo;elles concourent toutes &agrave; montrer explicitement la violence, la douleur et l&rsquo;aspect profond&eacute;ment d&eacute;shumanisant des offenses faites au corps. Mais il n&rsquo;en est rien et le choix de cette toile n&rsquo;est pas hasardeux. Au contraire, c&rsquo;est sur un d&eacute;tail bien pr&eacute;cis que s&rsquo;appuie ici l&rsquo;argumentation&nbsp;: celui du jeu de cartes, et plus pr&eacute;cis&eacute;ment, celui du <em>jeu de l&rsquo;&eacute;cart&eacute;</em>. Henri-Jacques Stiker argumente alors&nbsp;: &laquo;&nbsp;[&hellip;] qu&rsquo;est-ce qu&rsquo;un jeu de cartes sinon des pi&egrave;ces d&eacute;tach&eacute;es reli&eacute;es par des r&egrave;gles arbitraires, conventionnelles, artificielles. Les cartes renvoient aux corps. On est dans l&rsquo;agencement m&eacute;canique, et non dans le vivant<a href="#_ftn24" name="_ftnref24" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[24]</span></sup></sup></a>.&nbsp;&raquo; En mettant en avant le fait que&nbsp;: &laquo;&nbsp;Les deux cartes les plus en vue sont celles que l&rsquo;on appelle des jokers, ou des Mat, c&rsquo;est-&agrave;-dire des pi&egrave;ces hors-jeu, non num&eacute;rot&eacute;es<a href="#_ftn25" name="_ftnref25" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><sup><span style="font-size:12.0pt">[25]</span></sup></sup></a>&nbsp;&raquo;, l&rsquo;auteur confirme ce que nous avons montr&eacute; jusqu&rsquo;ici&nbsp;: les mutil&eacute;s de guerre et les gueules cass&eacute;es m&eacute;taphorisent l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, l&rsquo;exclusion de l&rsquo;Autre du domaine social, alors m&ecirc;me qu&rsquo;ils ont combattu au front pour d&eacute;fendre leur patrie. Ils ne sont plus que des stigmates, des r&eacute;miniscences d&rsquo;un mauvais souvenir auquel la soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;apr&egrave;s-guerre tenterait vainement d&rsquo;&eacute;chapper.</span></span></p> <h2 style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:20px"><span style="color:black"><strong>Conclusion&nbsp;</strong></span></span></h2> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">De fait, m&ecirc;me si elle ne constitue pas un motif r&eacute;current dans l&rsquo;&oelig;uvre de Dix, la symbolique de l&rsquo;homme sans visage rev&ecirc;t une importance particuli&egrave;re dans ce questionnement sur la notion d&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;. La mani&egrave;re dont Dix grave les mutilations sur les corps, dont il entaille la chair au point d&rsquo;en d&eacute;figurer totalement les individus qu&rsquo;il d&eacute;peint, modifie notre perception&nbsp;: nous sommes tent&eacute;s de reconstituer un visage, de reconna&icirc;tre un homme, l&agrave; o&ugrave; l&rsquo;artiste souhaite justement d&eacute;peindre ce qui n&rsquo;est plus. Mais s&rsquo;il utilise cette image d&eacute;shumanis&eacute;e, ce n&rsquo;est pas pour exprimer un rejet de la mort et du handicap caus&eacute; par les blessures, mais plut&ocirc;t pour d&eacute;noncer le syst&egrave;me qui les a produits et qui &agrave; pr&eacute;sent les rejette. &Agrave; l&rsquo;aide de ce que l&rsquo;on ose &agrave; peine appeler un <em>visage </em>et par l&rsquo;offense qui lui est faite, Dix d&eacute;nonce la laideur qui s&rsquo;est empar&eacute;e du monde&nbsp;; il d&eacute;sacralise les corps et la chair, m&eacute;taphorisant ainsi, l&rsquo;alt&eacute;ration du vivant.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <h2 style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:20px"><span style="color:black"><strong>Bibliographie</strong></span></span></h2> <p><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><u>Catalogues d&rsquo;expositions</u></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><em>Dix&nbsp;: Otto Dix, peintures, aquarelles, gouaches, dessins et gravures du cycle de &laquo;&nbsp;La guerre&nbsp;&raquo;,</em> cat.exp., Paris, Mus&eacute;e d&rsquo;Art Moderne de la Ville de Paris, du 4 f&eacute;vrier au 9 avril 1972, trad. Georges Roux, Stuttgart, La Galerie de la Ville de Stuttgart, 1972. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><em>Otto Dix, Der Krieg = La Guerre, Cycle de 50 eaux-fortes,</em> Helmut R. Leppien, cat.exp., Bruxelles, Hamburger Kunsthalle : Goethe-Institut Br&uuml;ssel Deutsche Bibliothek, du 4 au 29 mars 1980, Hamburg, Kunsthalle, 1979. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><em>Otto Dix</em>, cat.exp., L&rsquo;Isle-sur-la-Sorgue, H&ocirc;tel Campredon, 1987, L&rsquo;Isle-sur-la-Sorgue, Association Campredon art et culture, 1987. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><em>Otto Dix : un monde effroyable et beau</em>, cat.exp., Peters Olaf (dir.), Neue Galerie New York du 11 mars au 30 ao&ucirc;t 2010 / Mus&eacute;e des beaux-arts de Montr&eacute;al du 24 septembre 2010 au 2 janvier 2011. Trad. Lucie Chevalier, Julie Desgagn&eacute;, Fran&ccedil;ois-Marie Gu&eacute;rin, <em>et alii</em>., Munich ; Berlin ; Londres, Prestel, 2010. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><u>Ouvrages</u></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Becker Annette, Thomas Comp&egrave;re-Morel et Philippe Dagen, <em>Otto Dix&nbsp;: La guerre [Der Krieg],</em> P&eacute;ronne, Historial de la Grande Guerre ; Milan, 5 continents, 2003.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Le Breton David, <em>Anthropologie de la douleur</em>, Paris, M&eacute;taili&eacute;, 1995.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><u>Articles et chapitres</u></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Blanc Alain et Stiker Henri-Jacques, &laquo;&nbsp;Laideur et monstruosit&eacute;&nbsp;: l&rsquo;insupportable / fascinant<em>&nbsp;</em>&raquo;,<em> </em>dans <em>Le handicap en images</em>, Toulouse, &Eacute;r&egrave;s, coll. &laquo;&nbsp;Connaissances de la diversit&eacute;&nbsp;&raquo;, 2003, p.&nbsp;139-140. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Cassou Jean, &laquo;&nbsp;Otto Dix parle de la guerre, de la religion, de l&rsquo;art&nbsp;&raquo;, trad. Michel Vallois, dans <em>Cahiers du mus&eacute;e d&rsquo;art moderne</em>, n&deg;1, 1979, p. 62-63. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Delaporte Sophie, &laquo;&nbsp;Les joueurs de Skat d&rsquo;Otto Dix&nbsp;: le corps, entre guerre et m&eacute;decine&nbsp;&raquo;, publi&eacute; &agrave; l&rsquo;occasion de la 2&egrave;me journ&eacute;e d&rsquo;&eacute;tude du colloque <em>Guerre et m&eacute;decine</em>, organis&eacute; &agrave; la Biblioth&egrave;que inter-universitaire de m&eacute;decine de Paris, le 7 f&eacute;vrier 2004, p. 1-5, [En ligne&nbsp;: <span style="color:blue"><u><a href="http://www.biusante.parisdescartes.fr/ressources/pdf/histmed-guerre-journee2004-x11delaporte.pdf" style="color:blue; text-decoration:underline">http://www.biusante.parisdescartes.fr/ressources/pdf/histmed-guerre-journee2004-x11delaporte.pdf</a></u></span> ]. Consult&eacute; le 10 janvier 2016. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Grimaud Emmanuel et Vidal Denis, &laquo;&nbsp;Aux fronti&egrave;res de l&rsquo;humain&nbsp;&raquo;, dans <em>Gradhiva</em>, n&deg;1, 2012, p. 5-25. </span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Jentsch Ernst, &laquo;&nbsp;Zur Psychologie des Unheimlichen&nbsp;&raquo;, dans <em>Psychiatrisch-neurologische Wochenschrift</em>, n&deg;22, 1906, p. 203-205.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Le Qu&eacute;au, Pierre, &laquo;&nbsp;Le t&eacute;moin d&rsquo;Otto Dix&nbsp;&raquo;<em>, </em>dans <em>Le handicap en images, </em>Toulouse, &Eacute;r&egrave;s, coll. &laquo;&nbsp;Connaissances de la diversit&eacute;&nbsp;&raquo;, 2003, p. 111-123.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Stiker Henri-Jacques, &laquo;&nbsp;Le d&eacute;tournement et le retournement de l&rsquo;infirmit&eacute; dans l&rsquo;art pictural&nbsp;&raquo;, dans <em>Le handicap en images</em>, Toulouse, &Eacute;r&egrave;s, coll. &laquo;&nbsp;Connaissances de la diversit&eacute;&nbsp;&raquo;, 2003, p.&nbsp;125-137.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Thomas J&eacute;r&ocirc;me, &laquo;&nbsp;Passion de la mort et du monstrueux dans la peinture expressionniste allemande (1919-1930)&nbsp;&raquo;,<em> Champs psychosomatique</em>, n&deg;57, 2010, p.&nbsp;175-195.</span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><u>Entretien</u></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Entretien &eacute;crit accord&eacute; par Sophie Delaporte, Historienne, Ma&icirc;tre de conf&eacute;rence &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Picardie &ndash; Jules Verne et Membre du comit&eacute; scientifique de l&rsquo;Historial de la Grande Guerre, le 8 mai 2013.</span></span></p> <h2 style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:20px"><span style="color:black"><strong>Biographie de l&rsquo;auteure</strong></span></span></h2> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Tha&iuml;s Bihour est doctorante en histoire &agrave; l&rsquo;universit&eacute; Paris I &ndash; Panth&eacute;on Sorbonne. Son projet de th&egrave;se s&rsquo;intitule &laquo;&nbsp;&ldquo;&Agrave; feu ! &Agrave; poils ! Et &agrave; sang !&rdquo;&nbsp;: approches culturelles de l&rsquo;iconographie des atrocit&eacute;s allemandes durant la Grande Guerre&nbsp;&raquo;. </span></span></p> <div>&nbsp; <hr /> <div id="ftn1"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[1]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Propos rapport&eacute;s durant l&rsquo;entretien &eacute;crit accord&eacute; par Sophie Delaporte, Historienne, Ma&icirc;tre de conf&eacute;rences &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Picardie &ndash; Jules Verne et Membre du comit&eacute; scientifique de l&rsquo;Historial de la Grande Guerre, le 8 mai 2013.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[2]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Dans sa contribution au catalogue d&rsquo;exposition <em>Otto Dix </em>&eacute;dit&eacute; en 1987, l&rsquo;historien d&rsquo;art Rainer Beck utilise l&rsquo;exemple de l&rsquo;huile sur papier <em>Sterbender Krieger &mdash;&nbsp;</em>peinte en 1915&nbsp;&mdash; pour illustrer cette id&eacute;e&nbsp;; il explique ainsi&nbsp;: &laquo;&nbsp;Cette attitude extatique au d&eacute;part s&rsquo;exprime dans un traitement de la couleur comme p&acirc;te tr&egrave;s expressive, aux contrastes primaires pleins de vie, ainsi qu&rsquo;on peut le voir dans son &ldquo;combattant agonisant&rdquo; (<em>Sterbender Krieger</em>), 1915.&nbsp;&raquo;. Rainer Beck, &laquo;&nbsp;Otto Dix. Remarques sur sa conception du monde et de l&rsquo;homme&nbsp;&raquo;, in <em>Otto Dix</em>, cat.exp., (L&rsquo;Isle-sur-la-Sorgue, H&ocirc;tel Campredon, 1987). L&rsquo;Isle-sur-la-Sorgue : Association Campredon art et culture, 1987, p. 11.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[3]</span></sup></span></sup></a> <span style="font-size:10.0pt">Otto Dix cit&eacute; dans&nbsp;: Jean Cassou, &laquo;&nbsp;Otto Dix parle de la guerre, de la religion, de l&rsquo;art&nbsp;&raquo;, dans <em>Cahiers du mus&eacute;e d&rsquo;art moderne</em>, n&deg;1, 1979, p. 62-63. Trad. Michel Vallois. Transcription d&rsquo;une conservation spontan&eacute;e enregistr&eacute;e sur disque microsillon, 30-317, Saint-Gall, Erker Verlag, 1963.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[4]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> La s&eacute;rie de gravures <em>Der Krieg</em> fut publi&eacute;e &agrave; l&rsquo;occasion de l&rsquo;ann&eacute;e &laquo; Contre la guerre &raquo;.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[5]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Philippe Dagen, &laquo;&nbsp;La morale de l&rsquo;horreur&nbsp;&raquo;, dans Annette Becker, Thomas Comp&egrave;re-Morel et Philippe Dagen, <em>Otto Dix&nbsp;: La Guerre &ndash; Der Krieg</em>, P&eacute;ronne : Historial de la Grande Guerre ; Milano : 5 continents, 2003, p.21.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[6]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Nous empruntons ici l&rsquo;expression &agrave; l&rsquo;article suivant&nbsp;: Emmanuel Grimaud et Denis Vidal, &laquo; Aux fronti&egrave;res de l&rsquo;humain &raquo;, <em>Gradhiva</em>, n&deg;15, 2012, p. 6.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[7]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Pierre Le Qu&eacute;au, &laquo; Le t&eacute;moin d&rsquo;Otto Dix &raquo;, dans Alain Blanc et Henri-Jacques Stiker, <em>Le Handicap en images&nbsp;:</em> <em>les repr&eacute;sentations de la d&eacute;ficience dans les &oelig;uvres d&rsquo;art</em>, Toulouse, &Eacute;r&egrave;s, coll. &laquo;&nbsp;Connaissances de la diversit&eacute; &raquo;, 2003, p. 111-123.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[8]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> <em>Op. cit.,</em> p.111. Cit&eacute; d&rsquo;apr&egrave;s Jean-Pierre Vernant, <em>La mort dans les yeux</em>, Paris, Hachette, 1998, p. 12.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn9"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[9]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Pierre Le Qu&eacute;au, <em>ibid.,</em> p. 111.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn10"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[10]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Ernst Jentsch, &laquo;&nbsp;Zur Psychologie des Unheimlichen&nbsp;&raquo;, dans <em>Psychiatrisch-neurologische Wochenschrift</em>, n&deg;22, 1906, p. 203-205.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn11"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[11]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Emmanuel Grimaud et Denis Vidal, &laquo; Aux fronti&egrave;res de l&rsquo;humain &raquo;, <em>op.cit</em>., p.6.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn12"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[12]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> De nombreuses &eacute;volutions dans le domaine du m&eacute;dical ont pu &ecirc;tre observ&eacute;es durant la Grande Guerre et dans les ann&eacute;es qui suivirent la fin du conflit. Si dans le cas des proth&egrave;ses de mains ou de jambes entre autres, le m&eacute;tal vient remplacer le bois, d&rsquo;autres innovations peuvent &ecirc;tre soulign&eacute;es&nbsp;: en effet, certaines proth&egrave;ses, &agrave; l&rsquo;instar des goutti&egrave;res de contention, visent &agrave; att&eacute;nuer les d&eacute;formations caus&eacute;es par la guerre et les lourdes op&eacute;rations chirurgicales subies par les victimes. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn13"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[13]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> J&eacute;r&ocirc;me Thomas, &laquo; Passion de la mort et du monstrueux dans la peinture expressionniste allemande (1919-1930)&nbsp;&raquo;, dans <em>Champ psychosomatique</em>, n&deg; 57, 2010/1, p. 175-195. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn14"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[14]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> <em>Op. cit</em>., p.192.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn15"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref15" name="_ftn15" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[15]</span></sup></span></sup></a><em><span style="font-size:10.0pt"> Ibid.,</span></em><span style="font-size:10.0pt"> p.192.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn16"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref16" name="_ftn16" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[16]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Otto Dix, <em>Die Skatspieler (Les joueurs de skat)</em>, 1920, huile et collage sur toile, 110 x 87 cm, Stuttgart, Galerie der Stadt Stuttgart. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn17"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref17" name="_ftn17" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[17]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Emmanuel Grimaud et Denis Vidal, &laquo; Aux fronti&egrave;res de l&rsquo;humain &raquo;, <em>op.cit</em>., p. 6.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn18"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref18" name="_ftn18" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[18]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Pierre Le Qu&eacute;au, <em>op.cit</em>., p. 111-112.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn19"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref19" name="_ftn19" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[19]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> David Le Breton, <em>Anthropologie de la douleur</em>, Paris, M&eacute;taili&eacute;, 1995.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn20"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref20" name="_ftn20" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[20]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> David Le Breton, <em>op. cit.</em>, p. 24. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn21"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref21" name="_ftn21" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[21]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> <em>Ibid.,</em> p.25.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn22"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref22" name="_ftn22" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[22]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> Henri-Jacques Stiker, &laquo; Le d&eacute;tournement et le retournement de l&rsquo;infirmit&eacute; dans l&rsquo;art pictural &raquo;, dans Alain Blanc et Henri-Jacques Stiker, <em>Le Handicap en images</em>, Toulouse, &Eacute;r&egrave;s, coll. &laquo; Connaissances de la diversit&eacute; &raquo;, 2003, p. 125-137.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn23"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref23" name="_ftn23" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[23]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> <em>Ibid.,</em> p. 133.</span></span></span></p> </div> <div id="ftn24"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref24" name="_ftn24" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[24]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> <em>Ibid.,</em> p. 134. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn25"> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black"><a href="#_ftnref25" name="_ftn25" style="color:blue; text-decoration:underline" title=""><sup><span style="font-size:10.0pt"><sup><span style="font-size:10.0pt">[25]</span></sup></span></sup></a><span style="font-size:10.0pt"> <em>Ibid.,</em> p. 134.</span></span></span></p> </div> </div>