<h1 style="text-align: center;"><span style="color:#993366;"><strong>Le statut de la &laquo;&nbsp;biographie&nbsp;&raquo; et le traitement des documents historiques&nbsp;comme &eacute;l&eacute;ments de transmission</strong></span></h1> <p style="text-align: center;"><strong>Virginie Lecorchey<sup><a href="#n*n" name="n*t">*</a></sup></strong></p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">La notion de t&eacute;moignage inclut n&eacute;cessairement la m&eacute;thode de traitement des sources, l&rsquo;historicit&eacute; des documents, le probl&egrave;me de la v&eacute;racit&eacute; des faits. Comment transmettre et pourquoi t&eacute;moigner sont deux p&ocirc;les imbriqu&eacute;s. Comment utiliser les sources se r&eacute;v&egrave;le &ecirc;tre un probl&egrave;me &eacute;pineux qui a longtemps fait d&eacute;bat.</p> <p style="text-align: justify;">En &eacute;crivant sur certaines figures de l&rsquo;Histoire, Stefan Zweig, auteur autrichien de la premi&egrave;re moiti&eacute; du 20<sup>&egrave;me&nbsp;</sup>si&egrave;cle, s&rsquo;est n&eacute;cessairement confront&eacute; au probl&egrave;me du traitement des sources et du respect de la v&eacute;rit&eacute; historique. Certaines &oelig;uvres ont une vis&eacute;e avant tout historico-romanesque, d&rsquo;autres ont pour but d&rsquo;expliquer le pr&eacute;sent en mettant le pass&eacute; sous une lumi&egrave;re nouvelle. Il existe ainsi des diff&eacute;rences entre les biographies &eacute;crites par Zweig, selon les personnages dont il est question. Nous prendrons comme exemples les biographies de deux reines, Marie-Antoinette et Marie Stuart, et les r&eacute;cits de vie &agrave; vis&eacute;e symbolique, notamment Erasme ou encore Castellion. Chacune de ces &oelig;uvres est respectueuse de la v&eacute;rit&eacute; et soucieuse de d&eacute;voiler l&rsquo;&acirc;me humaine au lecteur. Nous allons voir dans quelle mesure Stefan Zweig se r&eacute;v&egrave;le pr&eacute;curseur de la biographie moderne et de quelle mani&egrave;re l&rsquo;&eacute;crivain-historien se fait le m&eacute;diateur entre les sources et le r&eacute;cepteur.</p> <p style="text-align: justify;">Jan Romein (<span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">1948, p.63)</span></span></span></span></span></span></span></span></span> d&eacute;finit la biographie moderne ainsi&nbsp;: &laquo;&nbsp;Parmi les caract&eacute;ristiques les plus importantes de la biographie moderne, nous en distinguons trois&nbsp;: 1. Le d&eacute;tachement du biographe, 2. sa capacit&eacute; psychologique &agrave; faire preuve d&rsquo;empathie, 3. la structure complexe de l&rsquo;image morale&nbsp;&raquo;<sup><a href="#n1n" name="n1t">1</a></sup>. Impartialit&eacute;, v&eacute;racit&eacute;, analyse psychologique et complexit&eacute; de l&rsquo;&acirc;me sont les th&egrave;mes centraux, les points-cl&eacute;s sur lesquels s&rsquo;accordent les chercheurs pour d&eacute;finir la biographie moderne. Romein tend donc un parall&egrave;le entre le collectif et l&rsquo;individuel, ce qui est un aspect moderne de la biographie, et Zweig, quant &agrave; lui, tisse une toile ou s&rsquo;imbrique esprit individuel et esprit collectif.&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">Entre ces points cruciaux de la biographie dite &laquo;&nbsp;moderne&nbsp;&raquo; et les biographies litt&eacute;raires de Zweig, la concordance est enti&egrave;re. Comprendre le h&eacute;ros, comprendre la complexit&eacute; de l&rsquo;&ecirc;tre, mais aussi mieux comprendre l&rsquo;&acirc;me humaine en g&eacute;n&eacute;ral afin d&rsquo;&eacute;clairer le pr&eacute;sent et pourquoi pas le futur&nbsp;: &laquo;&nbsp;[&hellip;] la biographie est non seulement importante pour la compr&eacute;hension du pass&eacute;, mais aussi pour la constitution de l&rsquo;avenir&nbsp;&raquo;<sup><a href="#n2n" name="n2t">2</a></sup> (Romein,&nbsp;<span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">1948, p.13)</span></span></span></span></span></span></span></span></span>. Concernant cet aspect,&nbsp;<em>Erasme&nbsp;et&nbsp;Castellion</em>&nbsp;jouent un r&ocirc;le pr&eacute;pond&eacute;rant. Il est alors possible de d&eacute;fendre la biographie comme moyen d&rsquo;expliquer le pass&eacute; pour mieux comprendre l&rsquo;&eacute;poque dans laquelle nous vivons. Elle joue donc en partie un r&ocirc;le didactique.&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">Les biographies de Zweig semblent, avec une certaine modernit&eacute;, suivre le sch&eacute;ma d&eacute;taill&eacute; par Romein, notamment avec une articulation autour de la notion de psychologie&nbsp;: le personnage, sa personne, son destin, autant de myst&egrave;res et de zones d&rsquo;ombres &agrave; &eacute;claircir, &agrave; expliquer et &agrave; d&eacute;tailler. La biographie moderne inclut les r&eacute;cits biographiques de Zweig&nbsp;; elle ne contente pas de faire l&rsquo;&eacute;talage de dates et de faits, mais elle souhaite avoir une port&eacute;e heuristique dans l&rsquo;analyse de l&rsquo;&ecirc;tre, du moi&nbsp;. Le projet biographique, bien que moderne et avec des ambitions nouvelles, reste cependant une entreprise parfois p&eacute;rilleuse car les t&eacute;moignages peuvent &ecirc;tre subjectifs. Ainsi, restituer la substance de la vie d&rsquo;un personnage, tout en suivant le fil de son existence et en interpr&eacute;tant ses choix, repose sur un certain nombre de paradoxes et de difficult&eacute;s, r&eacute;sidant en partie dans l&rsquo;art et la mani&egrave;re de lier histoire et po&eacute;sie, mais aussi dans l&rsquo;articulation des liens entre objectivit&eacute; et subjectivit&eacute;, et enfin dans choix des sources soumis au probl&egrave;me d&rsquo;authenticit&eacute;.</p> <p style="text-align: justify;">La m&eacute;thode employ&eacute;e par le biographe &ndash; m&eacute;thode qui rel&egrave;ve d&rsquo;une certaine scientificit&eacute; &ndash; est un point essentiel dans l&rsquo;analyse d&rsquo;un ouvrage biographique et la question centrale est de savoir ce que la biographie apporte dans la recherche historique. Quelles sont les intentions du biographe&nbsp;? Comment se situe ce dernier&nbsp;? Comment transforme-t-il son mat&eacute;riau&nbsp; ? Et comment fonctionne l&rsquo;intertextualit&eacute;&nbsp;? Autant de question qui sont en lien &eacute;troit avec la th&eacute;matique &lsquo;histoire et processus d&rsquo;&eacute;criture&rsquo;, mais aussi avec la dimension psycho-analytique que Zweig porte &agrave; ses personnages.</p> <h3 style="text-align: justify;">&nbsp;</h3> <h3 style="text-align: justify;"><strong>1. Histoire et po&eacute;sie</strong></h3> <p style="text-align: justify;">Dans son essai&nbsp;<em>Historie und Dichtung</em>, Emil Ludwig, &eacute;crivain et journaliste, contemporain de Zweig, essaie de d&eacute;finir quelles sont les intentions de l&rsquo;artiste-biographe et en quoi son travail est l&eacute;gitime. Il part d&rsquo;un postulat&nbsp;: historiens et artistes sont en opposition quant &agrave; la mani&egrave;re d&rsquo;&eacute;crire l&rsquo;Histoire. D&rsquo;embl&eacute;e, il pose ce combat entre les deux comme invalide. Le travail de l&rsquo;historien, comme celui de l&rsquo;artiste, court les m&ecirc;mes dangers et est soumis aux m&ecirc;mes &eacute;cueils&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;Le talent po&eacute;tique met l&rsquo;historien en danger aussi facilement qu&rsquo;il peut le stimuler&nbsp;; cela reste toujours une question de m&eacute;lange proportionnel, de discipline et de v&eacute;racit&eacute;, et donc aussi une question morale, &agrave; savoir jusqu&rsquo;o&ugrave; l&rsquo;artiste se laisse s&eacute;duire lorsqu&rsquo;il travaille en tant qu&rsquo;historien&nbsp;&raquo;<sup><a href="#n3n" name="n3t">3</a></sup> (Ludwig, 1929, p.2)<font color="#0782c1"><span style="caret-color: rgb(0, 0, 0);">.</span></font></p> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;historien et l&rsquo;artiste sont tous deux soucieux de respecter les faits, et le travail de l&rsquo;artiste est tout aussi l&eacute;gitime que celui de l&rsquo;historien, m&ecirc;me si chacun a ses propres intentions et ses propres m&eacute;thodes pour &eacute;crire sur l&rsquo;Histoire. Le danger de se perdre dans les d&eacute;tails est soulign&eacute; par Ludwig, et ce danger existe pour les chercheurs comme pour les &eacute;crivains. Le choix des sources est &eacute;pineux : &laquo;&nbsp;[&hellip;] lire des sources est un art qui ne peut s&rsquo;enseigner et pas une science qui s&rsquo;apprend&nbsp;&raquo;<sup><a href="#n4n" name="n4t">4</a></sup>&nbsp; (Ludwig, 1929, <span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">p.8</span></span></span></span></span></span></span></span></span>). Pourquoi l&rsquo;historien serait-il plus apte &agrave; choisir ses sources que l&rsquo;artiste&nbsp;? Ce choix est forc&eacute;ment subjectif, m&ecirc;me si chacun est &agrave; la recherche d&rsquo;impartialit&eacute; et d&rsquo;objectivit&eacute; dans le r&eacute;cit des &eacute;v&eacute;nements. Il ne s&rsquo;agit pas d&rsquo;&ecirc;tre un sp&eacute;cialiste pour &ecirc;tre autoris&eacute; &agrave; &eacute;crire sur un sujet. L&rsquo;homme politique n&rsquo;est pas le seul &agrave; pouvoir &eacute;crire sur la politique, l&rsquo;&eacute;conomiste n&rsquo;est pas le seul apte &agrave; &eacute;crire sur l&rsquo;&eacute;conomie, ... Ce qu&rsquo;il faut, c&rsquo;est conna&icirc;tre son sujet, avoir choisi des sources dignes d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t, mais aussi &ecirc;tre proche de son sujet.</p> <p style="text-align: justify;">Ludwig induit ainsi la notion d&rsquo;empathie. Il faut comprendre les &eacute;v&eacute;nements, mais aussi comprendre le personnage et son &acirc;me afin de concevoir une &oelig;uvre qui puisse &eacute;clairer le lecteur et de traiter au mieux les sources. Les historiens de l&rsquo;ancienne &eacute;cole revendiquent avant tout l&rsquo;objectivit&eacute;&nbsp;; ceux de la nouvelle &eacute;cole revendiquent la notion d&rsquo;&laquo;&nbsp;intuition&nbsp;&raquo;<sup><a href="#n5n" name="n5t">5</a></sup> (Ludwig, 1929, <span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">p.10</span></span></span></span></span></span></span></span></span>). Si nous avons vu pr&eacute;c&eacute;demment le lien entre Histoire et art, Ludwig va plus loin cette fois-ci en &eacute;non&ccedil;ant que la biographie est un troisi&egrave;me genre, entre&nbsp;histoire et po&eacute;sie.</p> <p style="text-align: justify;">&laquo;&nbsp;Le chercheur trouve, le romancier invente, le biographe ressent&nbsp;&raquo;<sup><a href="#n6n" name="n6t">6</a></sup> ​​​<span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">p.10</span></span></span></span></span></span></span></span></span>).&nbsp;Cette phrase r&eacute;sume clairement les intentions de chacun et met en avant la l&eacute;gitimit&eacute; du biographe qui souhaite apporter un &eacute;clairage nouveau sur un personnage historique en s&rsquo;int&eacute;ressant &agrave; ce que ce dernier a pu vivre et ressentir. En lisant les &eacute;crits de Zweig et en s&rsquo;int&eacute;ressant &agrave; ses recherches de mat&eacute;riaux, il s&rsquo;av&egrave;re que le travail du biographe recoupe aussi celui du chercheur, en ajoutant au mat&eacute;riau brut une analyse humaine. Une figure historique n&rsquo;est pas seulement un &ecirc;tre ayant agi sur l&rsquo;Histoire ou ayant subi le cours des &eacute;v&eacute;nements, c&rsquo;est avant tout un &ecirc;tre humain dot&eacute; d&rsquo;un caract&egrave;re, de sentiments et il est impossible de dissocier l&rsquo;&acirc;me des &eacute;v&eacute;nements.&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">Revenons &agrave; pr&eacute;sent &agrave; la m&eacute;thode et au choix des sources. Ludwig les classe en diff&eacute;rentes cat&eacute;gories&nbsp;: images, conversations, lettres, journaux intimes. Concernant le premier type de documents, Ludwig s&rsquo;appuie sur la peinture qu&rsquo;il qualifie d&rsquo;infaillible et qu&rsquo;il d&eacute;crit comme &eacute;tant une source inestimable pour le psychologue<sup><a href="#n7n" name="n7t">7</a></sup>&nbsp;(Ludwig, 1929, ​​​​<span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">p.13)</span></span></span></span></span></span></span></span></span>. Un visage permet de cerner le caract&egrave;re d&rsquo;un homme. De plus, la mani&egrave;re de peindre d&rsquo;une &eacute;poque donne aussi des informations sur la p&eacute;riode de l&rsquo;histoire trait&eacute;e. Un tableau permet de d&eacute;celer les traits caract&eacute;ristiques d&rsquo;une &acirc;me.&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">Ensuite, les conversations&nbsp;: dans la retranscription de celles-ci, c&rsquo;est la nature humaine qui se d&eacute;voile (Ludwig, 1929, ​​​​<span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">p.13)</span></span></span></span></span></span></span></span></span><sup><a href="#n8n" name="n8t">8</a></sup>.&nbsp;Travail difficile pour le biographe que de trier et de choisir les conversations qui ne sont pas &lsquo;vraies&rsquo;&nbsp;: il s&rsquo;agit d&rsquo;&eacute;liminer ce qui rel&egrave;ve de l&rsquo;&eacute;loge de soi, ce qui ne sonne pas vrai, ce qui a &eacute;t&eacute; falsifi&eacute;. Le biographe se doit d&rsquo;&ecirc;tre rigoureux, de s&eacute;lectionner des documents authentiques et de rester objectif. En &eacute;non&ccedil;ant cela, Ludwig insiste sur la v&eacute;racit&eacute; des documents utilis&eacute;s par le biographe et l&eacute;gitime ainsi son travail.&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">Les lettres et correspondances constituent un troisi&egrave;me type de documents. Il faut savoir les interpr&eacute;ter, les choisir et les utiliser &agrave; bon escient&nbsp;; ce proc&eacute;d&eacute; ne s&rsquo;apprend pas, et c&rsquo;est ce qui fera de l&rsquo;&oelig;uvre du biographe une &lsquo;&lsquo;bonne biographie&rsquo;&rsquo;&nbsp;(Ludwig, 1929, ​​​​<span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">p.13-14)</span></span></span></span></span></span></span></span></span><sup><a href="#n9n" name="n9t">9</a></sup>. Le biographe doit conna&icirc;tre son domaine, avoir acquis une certaine exp&eacute;rience, plus particuli&egrave;rement en ce qui concerne la psychologie.&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">Enfin, Ludwig s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; un dernier type de sources essentielles&nbsp;: les journaux intimes, m&ecirc;me si cette source n&rsquo;est pas sans danger. Il ne faut pas se laisser charmer, il ne faut pas se laisser d&eacute;tourner par la subjectivit&eacute; de ce type de documents. En effet, le biographe doit alors se poser quelques questions&nbsp;: Pourquoi certaines choses sont-elles tues&nbsp;? Qu&rsquo;est-ce qui est tu&nbsp;? Pourquoi certains silences, parfois pendant de longues p&eacute;riodes&nbsp;? Ainsi, le biographe dispose de nombreuses sources, mais il doit savoir faire la part des choses.&nbsp;&nbsp;Il doit savoir faire des choix, et prendre aussi en compte des param&egrave;tres tels que l&rsquo;&acirc;ge de son personnage au moment de certaines actions, de certaines pens&eacute;es, de certaines aspirations. C&rsquo;est ce que fait Zweig dans&nbsp;<em>Marie-Antoinette</em>&nbsp;une fois qu&rsquo;il explique la frivolit&eacute; de la reine par son jeune &acirc;ge&nbsp;; en revanche, il se montre moins indulgent quand elle est devenue femme, plus particuli&egrave;rement apr&egrave;s la naissance de ses enfants. Le fait de s&rsquo;int&eacute;resser aux correspondances et aux journaux intimes est &eacute;galement important car ce n&rsquo;est pas que la vie publique, mais aussi la vie priv&eacute;e qui doivent &ecirc;tre &eacute;tudi&eacute;es et analys&eacute;es. Les deux doivent &ecirc;tre trait&eacute;es sur le m&ecirc;me plan, c&rsquo;est selon Zweig le &laquo;&nbsp;secret de la biographie moderne&nbsp;&raquo;<sup><a href="#n10n" name="n10t">10</a>&nbsp;</sup>(Ludwig, 1929, ​​​​<span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">p.16)</span></span></span></span></span></span></span></span></span>.</p> <p style="text-align: justify;">Ainsi, le dramaturge se trouve tr&egrave;s bien plac&eacute; pour narrer la vie d&rsquo;un personnage historique car il sait percer les caract&egrave;res. Le biographe fait preuve de psychologie, mais aussi d&rsquo;empathie&nbsp;: &laquo;&nbsp;Afin d&rsquo;&eacute;crire au mieux l&rsquo;histoire d&rsquo;une &acirc;me, l&rsquo;auteur doit avoir v&eacute;cu passionn&eacute;ment avec son h&eacute;ros&nbsp;&raquo;<sup><a href="#n11n" name="n11t">11</a></sup> (Ludwig, 1929, ​​​​<span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">p.16).</span></span></span></span></span></span></span></span></span>&nbsp;Les mouvements de l&rsquo;&acirc;me sont encore une fois au centre du travail du biographe et constituent une des composantes essentielles qui permettent de comprendre l&rsquo;homme&nbsp;; se montrer psychologue dans le traitement des sources est une donn&eacute;e essentielle. Le biographe doit proc&eacute;der de mani&egrave;re psycho-analytique, comprendre ce qui anime l&rsquo;&acirc;me et utiliser les documents &agrave; sa disposition afin de donner une image pr&eacute;cise, sensible et humaine du personnage qu&rsquo;il met au centre de son &oelig;uvre. L&rsquo;essai d&rsquo;Emil Ludwig apporte un &eacute;clairage non n&eacute;gligeable sur le travail des artistes des ann&eacute;es 1920 qui ont choisi d&rsquo;&eacute;crire sur des figures de l&rsquo;Histoire. En &eacute;non&ccedil;ant une argumentation claire et construite, il explique en quoi une &lsquo;&lsquo;biographie litt&eacute;raire&rsquo;&rsquo; est une &oelig;uvre aussi exacte qu&rsquo;un essai r&eacute;dig&eacute; par un historien&nbsp;; et surtout, il am&egrave;ne le lecteur &agrave; comprendre les intentions de l&rsquo;artiste et les techniques que ce dernier utilise pour manipuler ses sources et jouer son r&ocirc;le de m&eacute;diateur. Pour Zweig, le c&ocirc;t&eacute; historique a toute son importance, mais c&rsquo;est le personnage historique en tant que tel qui est au centre&nbsp;(<span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">Larcati, A., Renoldner, K., W&ouml;rg&ouml;tter, M.,&nbsp;2018 ;&nbsp;Strigl, 1932)</span></span></span></span></span></span></span></span></span><sup><a href="#n12n" name="n12t">12</a></sup>.</p> <p style="text-align: justify;">Toutefois, il ne faut pas oublier la port&eacute;e heuristique de ce type d&rsquo;ouvrages. Si les crit&egrave;res de d&eacute;finition des textes biographiques sont nombreux, les angles d&rsquo;approche le sont &eacute;galement. Le biographie a un regard transversal, une vision panoramique de son sujet, et pourtant Zweig s&rsquo;int&eacute;resse davantage au d&eacute;tail. Il y a une n&eacute;cessaire distorsion entre les &eacute;v&eacute;nements et leur rapport au temps, ce qui est cependant justifi&eacute; dans certaines biographies de Zweig, notamment celle de Marie Stuart de Marie-Antoinette, o&ugrave; l&rsquo;auteur explique qu&rsquo;il n&rsquo;y a rien d&rsquo;&eacute;tonnant au fait que des d&eacute;cennies puissent occuper un petit volume de pages, et quelques jours &ecirc;tre racont&eacute;s et d&eacute;crits sur plusieurs chapitres. Le biographe est alors artiste et &laquo;&nbsp;il n&rsquo;a qu&rsquo;&agrave; s&rsquo;efforcer de mettre en relief [&hellip;] cette courbe vitale&nbsp;&raquo; (Zweig,&nbsp;<span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">1935,&nbsp;p.18)</span></span></span></span></span></span></span></span></span>. Portrait clinique, analyse d&rsquo;une vie, &eacute;tude des mouvements de l&rsquo;&acirc;me et des motivations int&eacute;rieures, tous ces aspects participent au processus de cr&eacute;ation embrass&eacute; par Zweig. &laquo;&nbsp;C&rsquo;est en romancier qu&rsquo;il d&eacute;crit les [personnages] et les fait vivre, leur restituant cette dimension de v&eacute;rit&eacute; intime dont l&rsquo;histoire qui se fonde sur les seuls faits ne saurait compl&egrave;tement rendre compte&nbsp;&raquo; (Zweig,&nbsp;<span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">1935,&nbsp;p.9)</span></span></span></span></span></span></span></span></span>. Zweig endosse &agrave; la fois, dans son travail de biographe, le r&ocirc;le de chercheur et celui d&rsquo;artiste.</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <h3 style="text-align: justify;"><strong>2. M&eacute;thodes et techniques</strong></h3> <p style="text-align: justify;">Int&eacute;ressons-nous &agrave; pr&eacute;sent au c&ocirc;t&eacute; purement formel, &agrave; la mani&egrave;re de r&eacute;diger une biographie. Dans les biographies des deux reines, Zweig adopte une attitude initialement impartiale. C&rsquo;est un int&eacute;r&ecirc;t surgi inopin&eacute;ment qui l&rsquo;am&egrave;ne &agrave; s&rsquo;int&eacute;resser &agrave; ces deux figures f&eacute;minines. Il ne s&rsquo;agit pas d&rsquo;&ecirc;tre historien, ni expert de la R&eacute;volution fran&ccedil;aise ou de la royaut&eacute; britannique pour &ecirc;tre autoris&eacute; &agrave; &eacute;crire sur ces sujets. Ce n&rsquo;est pas une affaire d&rsquo;&eacute;rudition&nbsp;; ce qui prime, c&rsquo;est la libert&eacute; de l&rsquo;esprit. Et le fait de n&rsquo;&ecirc;tre justement pas un connaisseur chevronn&eacute; de ces domaines a une influence positive sur deux points. D&rsquo;une part, Zweig m&egrave;ne des recherches pr&eacute;cises, minutieuses, ne n&eacute;glige aucun document, aucune source, afin de ne pas commettre d&rsquo;erreurs. D&rsquo;autre part, une certaine fra&icirc;cheur dans le traitement des sujets existe&nbsp;; c&rsquo;est une des qualit&eacute;s de ces deux biographies, et cela permet &agrave; Zweig de traiter le sujet avec finesse et psychologie et d&rsquo;expliquer le destin de ces deux reines comme il le fait pour les personnages de ses nouvelles.&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">&laquo;&nbsp;La personne d&eacute;crite ne doit pas [&hellip;] seulement &ecirc;tre &lsquo;un&rsquo; individu, mais une personnalit&eacute;, elle doit avoir accompli quelque chose de significatif sur terre et laiss&eacute; des traces derri&egrave;re elle&nbsp;&raquo;<sup><a href="#n13n" name="n13t">13</a></sup> (Romein,&nbsp;<span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">1948,&nbsp;p.108)</span></span></span></span></span></span></span></span></span>.&nbsp;Cette condition pos&eacute;e par Romein &agrave; toute bonne biographie est enti&egrave;rement respect&eacute;e par Zweig. Romein ajoute une seconde condition&nbsp;: &laquo;&nbsp;La deuxi&egrave;me condition n&eacute;cessite un traitement ad&eacute;quat du sujet&nbsp;&raquo;<sup><a href="#n14n" name="n14t">14</a></sup> (Romein, 1948,&nbsp;<span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">p.109).</span></span></span></span></span></span></span></span></span>&nbsp;Dans&nbsp;<em>Marie-Antoinette</em>&nbsp;et&nbsp;<em>Marie Stuart</em>, Zweig s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; la femme, en tant que reine, en tant qu&rsquo;&ecirc;tre humain, en tant qu&rsquo;&ecirc;tre passionn&eacute;, et ce traitement correspond &agrave; l&rsquo;analyse psychologique. La politique joue un r&ocirc;le, in&eacute;vitablement, mais ce n&rsquo;est pas l&rsquo;essentiel, il suffit de regarder ce dont Marie-Antoinette &eacute;tait capable et de son d&eacute;sint&eacute;r&ecirc;t total pour les affaires de l&rsquo;Etat et envers le peuple pour en &ecirc;tre convaincu. Mais le destin de ces deux reines illustre le c&ocirc;t&eacute; impitoyable de la politique que Zweig a en aversion.&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">Zweig op&egrave;re une reconstruction historique et dresse simultan&eacute;ment un portait essentiellement psychologique. Pensons, par exemple, au chapitre&nbsp;&laquo;&nbsp;<em>Secret d&rsquo;alc&ocirc;ve&nbsp;</em>&raquo;&nbsp;dans lequel il explique que le manque de confiance en soi de Louis XVI et son incapacit&eacute; &agrave; agir sont dus &agrave; son impuissance sexuelle qui a marqu&eacute; la premi&egrave;re partie de sa vie. De m&ecirc;me, cette union entre Marie-Antoinette et Louis XVI, encore chaste bien des ann&eacute;es apr&egrave;s leur mariage, expliquerait selon Zweig l&rsquo;inconstance de la reine et son besoin d&rsquo;amusement&nbsp;:&nbsp;</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">Il n&rsquo;est donc pas n&eacute;cessaire d&rsquo;&ecirc;tre neurologue pour affirmer que son funeste &eacute;nervement, son &eacute;ternelle agitation, sa constante insatisfaction, sa course effr&eacute;n&eacute;e aux plaisirs, sont les cons&eacute;quences typiques d&rsquo;une perp&eacute;tuelle excitation sexuelle inassouvie. Parce qu&rsquo;elle n&rsquo;a jamais &eacute;t&eacute; &eacute;mue et apais&eacute;e au plus profond d&rsquo;elle-m&ecirc;me, cette femme, inconquise encore apr&egrave;s sept ans de mariage, a toujours besoin de mouvement et de bruit autour d&rsquo;elle. Ce qui au d&eacute;but n&rsquo;&eacute;tait que joyeux enfantillage est peu &agrave; peu devenu une soif de plaisirs, nerveuse et maladive [&hellip;]&nbsp;<sup><a href="#n15n" name="n15t">15</a>&nbsp;</sup><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">(Zweig, 2011a,&nbsp;p.41-42).</span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Certes, nous pourrions ici souligner que l&rsquo;analyse freudienne de la vie de la reine est assez caricaturale. Toutefois, il me semble que Zweig fait preuve d&rsquo;audace dans cette analyse qui a choqu&eacute; une partie de son public &agrave; l&rsquo;&eacute;poque, et je pense que cette pr&eacute;sentation de la reine, bien qu&rsquo;assez sch&eacute;matique, rev&ecirc;t &eacute;galement une profondeur et expose un portrait incontournable de la reine, Zweig se distinguant ainsi des &eacute;crits sur la reine parus auparavant, qui soit la diabolisaient, soit la divinisaient. Zweig se d&eacute;tache des enjeux historiographiques&nbsp;; il ne veut ni accuser, ni d&eacute;livrer Marie-Antoinette. Le corps de la reine joue un r&ocirc;le lui aussi. La scientificit&eacute; de cette analyse ne rel&egrave;ve plus de la recherche en tant que telle, mais de l&rsquo;analyse (th&eacute;rapeutique&nbsp;?) d&rsquo;une femme et de son corps, corps qui a son importance non seulement chez Zweig, mais aussi les Goncourt ou d&rsquo;autres biographes. Le corps de femme qui apparemment n&rsquo;&eacute;veille pas l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t du roi,&nbsp;&nbsp;le corps accus&eacute; d&rsquo;inceste, le corps soup&ccedil;onn&eacute; d&rsquo;infid&eacute;lit&eacute;, le corps condamn&eacute; &agrave; mort et conduit &agrave; l&rsquo;&eacute;chafaud&hellip; L&rsquo;interpr&eacute;tation freudienne de Zweig est pos&eacute;e assez rapidement et de fa&ccedil;on relativement sch&eacute;matique, et pourtant elle englobe une notion de f&eacute;minit&eacute; et de sexualit&eacute; qui a in&eacute;vitablement un lien avec le pouvoir. Zweig donne au corps de Marie-Antoinette une dimension historique. Nous pouvons ici citer les propos de C&eacute;cile Berly (2005) dans son analyse sur les corps de la reine et les enjeux biographiques et historiographiques&nbsp;:&nbsp;</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">La nature de l&rsquo;&eacute;criture du corps de la reine propose une image et une m&eacute;moire biographiques de Marie-Antoinette mais impose aussi (surtout peut-&ecirc;tre) une relecture de la R&eacute;volution fran&ccedil;aise aupr&egrave;s du grand public. Le corps de la reine entretient les passions entre les partisans de Marie-Antoinette et ceux de la R&eacute;volution, et s&rsquo;impose comme un r&eacute;el enjeu historiographique entre les &eacute;critures de la &laquo;&nbsp;petite&nbsp;&raquo; histoire et de l&rsquo;Histoire.</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Au-del&agrave; de cet &eacute;pisode interpr&eacute;t&eacute; selon la m&eacute;thode freudienne, Zweig montre durant tout le r&eacute;cit les forces de l&rsquo;inconscient et tente de comprendre la reine. Cette capacit&eacute; &agrave; comprendre l&rsquo;autre, &agrave; se mettre &agrave; sa place, &agrave; expliquer ce qu&rsquo;il a ressenti &agrave; certains moments, lors de certains &eacute;v&eacute;nements de sa vie, est une qualit&eacute; n&eacute;cessaire de l&rsquo;auteur qui doit cependant veiller &agrave; rester objectif dans l&rsquo;analyse et ne pas op&eacute;rer de distorsion de la v&eacute;rit&eacute;. Zweig donne l&rsquo;impression de vouloir tout conna&icirc;tre de son h&eacute;ros, de vouloir avoir acc&egrave;s &agrave; tout ce qui peut composer la personnalit&eacute; de ce dernier, &agrave; sa psychologie toute enti&egrave;re. La relation du biographe &agrave; son personnage est essentielle dans l&rsquo;analyse des &oelig;uvres de Zweig. Incompr&eacute;hension, antipathie, empathie, miroir de l&rsquo;auteur, autant de points &agrave; ne pas n&eacute;gliger. Comme dans le genre autobiographique, c&rsquo;est une sorte de contrat qui est scell&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;Il semble n&eacute;cessaire que le biographe puisse conclure une sorte de contrat avec l&rsquo;objet de son &eacute;tude&nbsp;&raquo; (Lhermitte,&nbsp;<span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">2002).</span></span></span></span></span></span></span></span></span>&nbsp;Ce contrat existe dans les biographies de Zweig.</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <div> <h3 style="text-align: justify;"><strong>3. Le travail de l&rsquo;historien</strong></h3> <p style="text-align: justify;">La situation entre le m&eacute;tier d&rsquo;historien et celui d&rsquo;&eacute;crivain n&rsquo;est pas toujours facile &agrave; assumer. Certains &eacute;crivains deviennent historiens &laquo;&nbsp;par hasard&nbsp;&raquo; (Jaeghere,&nbsp;2015, p.1), &agrave; l&rsquo;instar de Jean Tulard<sup><a href="#n16n" name="n16t">16</a></sup>&nbsp;; pour d&rsquo;autres, c&rsquo;est d&rsquo;abord le m&eacute;tier d&rsquo;historien qui les m&egrave;ne ensuite &agrave; celui d&rsquo;&eacute;crivain. Jean Tulard d&eacute;finit le r&ocirc;le de l&rsquo;&eacute;crivain de l&rsquo;histoire comme celui d&rsquo;un &laquo;&nbsp;d&eacute;tective&nbsp;&raquo; (Jaeghere,&nbsp;2015, p.1). Il s&rsquo;agit de mener une enqu&ecirc;te. A ce travail de d&eacute;tective s&rsquo;ajoute le devoir d&rsquo;impartialit&eacute; dont nous avons parl&eacute; &eacute;galement auparavant&nbsp;: &laquo;&nbsp;[&hellip;] je ne tranche pas, je m&rsquo;efforce d&rsquo;&ecirc;tre &eacute;quitable en instruisant &agrave; charge et &agrave; d&eacute;charge&nbsp;&raquo;&nbsp;(Jaeghere,&nbsp;2015, p.2)&nbsp;; Zweig, lui, se qualifie dans&nbsp;<em>Marie Stuart</em>&nbsp;d&rsquo;&laquo;&nbsp;historien impartial&nbsp;&raquo;<sup><a href="#n17n" name="n17t">17</a>&nbsp;</sup>(Zweig, 2011c,&nbsp;<span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">p.190)<span calibri="" light="">.</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span>&nbsp;Le parall&egrave;le avec l&rsquo;enqu&ecirc;te va plus loin, en int&eacute;grant la dimension du &laquo;&nbsp;juge d&rsquo;instruction&nbsp;&raquo; (Jaeghere,&nbsp;2015, p.2). Cependant, l&rsquo;historien, ou l&rsquo;&eacute;crivain-historien, doit donner des conclusions&nbsp;: son travail a pour but d&rsquo;&eacute;clairer les lecteurs, mais aussi de donner implicitement une direction et d&rsquo;amener le lecteur &agrave; des conclusions qui sont les siennes. Ainsi, si le r&eacute;cit est en lui-m&ecirc;me objectif, c&rsquo;est-&agrave;-dire qu&rsquo;il exclut l&rsquo;introduction d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments fictifs ou romanesques, il n&rsquo;en demeure pas moins un r&eacute;cit d&eacute;pendant de son auteur, lequel a des intentions, et chaque r&eacute;cit, m&ecirc;me en s&rsquo;attachant aux m&ecirc;mes &eacute;pisodes, ne pourra aboutir aux m&ecirc;mes analyses et interpr&eacute;tations &agrave; partir du moment o&ugrave; l&rsquo;auteur est diff&eacute;rent, mais &eacute;galement du fait que l&rsquo;&eacute;poque dans laquelle il vit est diff&eacute;rente. Ne rien avancer sans preuve reste le mot d&rsquo;ordre, le fil d&rsquo;Ariane &agrave; suivre, sans en d&eacute;roger, pour livrer un r&eacute;cit authentique. D&eacute;pouiller les archives et ne rien introduire de plus. Prendre soin de diff&eacute;rencier faits historiques et interpr&eacute;tations psychologiques. Emettre des hypoth&egrave;ses, bien entendu, mais toujours en laissant la question ouverte. L&rsquo;auteur suppose, ouvre la critique, comprend, sans anachronisme, &eacute;value la fiabilit&eacute; des sources.&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">Des anecdotes av&eacute;r&eacute;es pourraient-elles nuire &agrave; la biographie&nbsp;? Ou bien r&eacute;v&egrave;lent-elles au contraire l&rsquo;aspect plus humain du personnage dont il est question&nbsp;? Il semble que les anecdotes soient n&eacute;cessaires afin de rendre le r&eacute;cit non seulement plus vivant, mais aussi plus vrai, pour en r&eacute;v&eacute;ler l&rsquo;authenticit&eacute;. Cr&eacute;er un r&eacute;cit vrai, en ce sens qu&rsquo;un &ecirc;tre humain ne vit pas que dans la sph&egrave;re politique ou historique, il n&rsquo;est pas qu&rsquo;un membre d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute; donn&eacute;e&nbsp;; le collectif a son importance, mais l&rsquo;individu encore plus. Et ces anecdotes, d&rsquo;un ordre plus priv&eacute; que des &eacute;v&eacute;nements historiques, font partie int&eacute;grante de la vie personnelle du personnage. Un seul mot d&rsquo;ordre&nbsp;: les anecdotes doivent &ecirc;tre authentiques&nbsp;; c&rsquo;est peut-&ecirc;tre une t&acirc;che fastidieuse pour l&rsquo;auteur, car les rumeurs doivent &ecirc;tre analys&eacute;es, il faut recouper les sources, faire preuve de discernement. Mais c&rsquo;est un point sur lequel Zweig a toujours insist&eacute;. Utiliser des documents authentiques, de quelque ordre qu&rsquo;il soit&nbsp;:&nbsp;</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">[...] dans un ouvrage biographique, j&rsquo;utilise d&rsquo;abord toutes les particularit&eacute;s documentaires qui sont &agrave; ma disposition ; pour une biographie comme &quot;Marie-Antoinette&quot;, j&rsquo;ai r&eacute;ellement v&eacute;rifi&eacute; chaque facture pour &eacute;tablir le compte des d&eacute;penses personnelles de la reine, j&rsquo;ai &eacute;tudi&eacute; tous les journaux et tous les pamphlets de l&rsquo;&eacute;poque, &eacute;pluch&eacute; toutes les pi&egrave;ces du proc&egrave;s, de la premi&egrave;re &agrave; la derni&egrave;re ligne&nbsp;<sup><a href="#n18n" name="n18t">18</a>&nbsp;</sup><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">(Zweig, 2011d,&nbsp;p.375-376).</span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Rumeurs, pamphlets, comptabilit&eacute;, articles de presse, documents judiciaires. Rien n&rsquo;est &eacute;cart&eacute;. Le personnage doit &ecirc;tre pris en compte dans son ensemble.</p> <p style="text-align: justify;">Mais quel est le statut du personnage biographique&nbsp;? C&rsquo;est un personnage r&eacute;el, dont l&rsquo;existence est attest&eacute;e, mais en m&ecirc;me temps, il devient personnage litt&eacute;raire &agrave; partir du moment o&ugrave; un auteur &eacute;crit sa vie. Le personnage est donc historique, mais aussi une cr&eacute;ation de l&rsquo;&eacute;crivain. L&rsquo;auteur-biographe doit ainsi construire non seulement un personnage, mais organiser son r&eacute;cit, en r&eacute;v&eacute;lant l&rsquo;identit&eacute; de la personne en question. D&rsquo;o&ugrave; l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de l&rsquo;analyse psychologique &agrave; laquelle se livre Zweig.</p> <p style="text-align: justify;">Cependant, il faut ne pas prendre de libert&eacute; quant &agrave; la v&eacute;racit&eacute; des &eacute;v&eacute;nements et respecter ses sources. Une sorte de pacte biographique<sup><a href="#n19n" name="n19t">19</a></sup>. L&rsquo;auteur doit se montrer rigoureux et respecter la r&eacute;alit&eacute; historique. Le personnage biographique est le h&eacute;ros, mais pas le h&eacute;ros d&rsquo;une fiction. Le h&eacute;ros d&rsquo;un r&eacute;cit, mais pas d&rsquo;un roman. La limite entre les deux peut cependant devenir floue, et seul l&rsquo;auteur peut &ecirc;tre le garant de la conservation de cette fronti&egrave;re. C&rsquo;est toute la probl&eacute;matique du r&eacute;cit biographique en tant que source t&eacute;moignant de l&rsquo;Histoire.&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;&eacute;mergence de la psychanalyse et des th&eacute;ories freudiennes au d&eacute;but du XX&egrave;me&nbsp;si&egrave;cle ont pour Zweig une rigueur scientifique qu&rsquo;il applique &agrave; ses r&eacute;cits de vie. Analyser, tant au niveau historique qu&rsquo;au niveau psychique, ce n&rsquo;est pas romancer. La notion de fid&eacute;lit&eacute; de la repr&eacute;sentation commence avant m&ecirc;me la r&eacute;daction de la biographie, d&egrave;s le travail de recherche. En premier lieu, s&eacute;lectionner les &eacute;v&eacute;nements et les organiser. Mais d&egrave;s cette premi&egrave;re t&acirc;che, l&rsquo;auteur prend des d&eacute;cisions qui lui sont propres, qui tiennent partiellement &agrave; lui, qui d&eacute;pendent de ses choix et de ses intentions. Mais en choisissant certaines perspectives plut&ocirc;t que d&rsquo;autre, nous pouvons nous demander si l&rsquo;image qui sera transmise au lecteur sera celle qui correspondait exactement &agrave; la personnalit&eacute; du personnage&nbsp;?&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">Nous pouvons nous r&eacute;f&eacute;rer &agrave; Hippolyte Taine<sup><a href="#n20n" name="n20t">20</a></sup>, philosophe et historien fran&ccedil;ais du 19&egrave;me&nbsp;si&egrave;cle, auquel Zweig consacra sa th&egrave;se de doctorat. Selon Taine, chaque fait historique d&eacute;pend de trois conditions&nbsp;: le milieu, la race et le moment. Ce sont des conditions auxquelles Zweig s&rsquo;attache, m&ecirc;me s&rsquo;il proc&egrave;de de mani&egrave;re moins stricte. De m&ecirc;me que toute biographie int&egrave;gre ces param&egrave;tres dans un r&eacute;cit de vie. Pour Zweig, le milieu peut &ecirc;tre assimil&eacute; &agrave; la soci&eacute;t&eacute; dans laquelle le personnage &eacute;volue&nbsp;; la race tient au statut d&rsquo;homme ou de femme et &agrave; son r&ocirc;le (artiste, homme de pouvoir, penseur, &hellip;)&nbsp;; le moment correspond &agrave; l&rsquo;&eacute;poque dans laquelle vit le personnage. Zweig prend ensuite ses distances avec les positions de Taine. D&rsquo;apr&egrave;s Zweig, Taine a sous-estim&eacute; l&rsquo;individualit&eacute;, aussi bien l&rsquo;individualit&eacute; de la personne qui est objet d&rsquo;&eacute;tude que celle de la personne qui m&egrave;ne l&rsquo;&eacute;tude&nbsp;; la responsabilit&eacute; de la volont&eacute; n&rsquo;a que peu de latitude d&rsquo;apr&egrave;s les th&eacute;ories de Taine. En choisissant des axes d&rsquo;&eacute;tude diff&eacute;rents et en &eacute;rigeant certains personnages au statut de symboles, Zweig prend le parti oppos&eacute; de la philosophie de Taine<sup><a href="#n21n" name="n21t">21</a></sup>.</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <h3 style="text-align: justify;"><strong>Conclusion</strong></h3> <p style="text-align: justify;">La construction des personnages biographiques de Zweig est tr&egrave;s travaill&eacute;e. Nous pourrions parler, dans le travail du biographe, de &lsquo;&lsquo;re-construction&rsquo;&rsquo; du personnage biographique. Une personne qui existe, et que le biographe remod&egrave;le, tel un sculpteur, en se voulant le proche possible de la r&eacute;alit&eacute; et de ce qu&rsquo;il voit et lit, au plus pr&egrave;s de la v&eacute;rit&eacute;. En reconstruisant ses personnages, Zweig offre cependant une image - trop&nbsp;? - parfaite, un encha&icirc;nement limpide de la vie du h&eacute;ros, une coh&eacute;rence peut-&ecirc;tre trop &eacute;vidente pour &ecirc;tre vraisemblable.&nbsp;</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">Le r&eacute;cit qui comprend le personnage est comme guid&eacute; par cette constance. L&rsquo;image ainsi produite est litt&eacute;raire, mais trop &lsquo;&lsquo;lisse&rsquo;&rsquo; pour &ecirc;tre totalement conforme &agrave; la r&eacute;alit&eacute; [&hellip;]&nbsp;; qui en effet, parmi les personnes r&eacute;elles se vanterait d&rsquo;une coh&eacute;rence dans sa vie aussi totale qu&rsquo;un biographe pourrait en relier facilement tous les &eacute;l&eacute;ments et les expliquer par la seule pouss&eacute;e int&eacute;rieure&nbsp;?<sup><a href="#n22n" name="n22t">22</a></sup><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none"><span style="color:#2ecc71;">&nbsp;</span>(Zweig, 2011c, p.6).</span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Ce n&rsquo;est plus tant le probl&egrave;me d&rsquo;authenticit&eacute; ou de rigueur scientifique auquel nous sommes confront&eacute;s, mais bien plus le probl&egrave;me de la mise en r&eacute;cit d&rsquo;une vie, un probl&egrave;me donc litt&eacute;raire et historique &agrave; la fois. Mais en m&ecirc;me temps, c&rsquo;est la construction litt&eacute;raire du r&eacute;cit qui permet de distinguer la biographie du simple expos&eacute; historique, du document didactique brut. Le choix des sources et le traitement des documents posent, en litt&eacute;rature, une probl&eacute;matique double&nbsp;: la limite entre personnage litt&eacute;raire et personnage historique, ainsi que la limite entre histoire et fiction. &laquo;&nbsp;[&hellip;] le mode biographique nous conduit &agrave; appr&eacute;hender l&rsquo;&eacute;criture de l&rsquo;expression de soi, tout autant que la fa&ccedil;on dont la&nbsp;&nbsp;vie se glisse dans la fiction par l&rsquo;&eacute;criture&nbsp;&raquo; (<span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none"><span style="line-height:normal">Broqua &amp;&nbsp;Marche,&nbsp;2010, p.6).</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span>&nbsp;La biographie est une forme de t&eacute;moignage&nbsp;: t&eacute;moignage d&rsquo;une vie, d&rsquo;une histoire, de l&rsquo;Histoire. Elle rev&ecirc;t une dimension scientifique, mais le lecteur doit avoir &agrave; l&rsquo;esprit que ce&nbsp;&nbsp;genre d&rsquo;ouvrage pose n&eacute;cessairement la question du rapport entre objectivit&eacute; et subjectivit&eacute; dans le traitement des sources utilis&eacute;es par l&rsquo;auteur.</p> <p style="text-align: justify;">La m&eacute;thode biographique et le mat&eacute;riel li&eacute; aux sources sont des proc&eacute;d&eacute;s et des outils qui op&egrave;rent dans le cadre d&rsquo;une d&eacute;marche sociologique et pla&ccedil;ant au centre de la r&eacute;flexion diff&eacute;rents processus. La m&eacute;thode biographique permet de penser la construction d&rsquo;un personnage, la gen&egrave;se des certains &eacute;v&eacute;nements ou ph&eacute;nom&egrave;nes, &agrave; travers la reconstruction analytique des dispositions d&rsquo;un individu, et permet ainsi de saisir le collectif ou le social, voire l&rsquo;historique, sous sa forme individuelle. Ces &eacute;tapes et cette m&eacute;thode sont ensuite soumises &agrave; la pr&eacute;sentation du biographe et aux conditions pratiques qui rel&egrave;vent de l&rsquo;&eacute;criture, du traitement des sources, et de la v&eacute;racit&eacute; des t&eacute;moignages.&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;"><meta charset="UTF-8" />La m&eacute;thode biographique employ&eacute;e par Zweig nous permet de d&eacute;crire les propri&eacute;t&eacute;s qui structurent un individu ainsi que la mani&egrave;re dont ces propri&eacute;t&eacute;s constituent l&rsquo;individu. La notion de t&eacute;moignage permet ici, en litt&eacute;rature et gr&acirc;ce &agrave; la biographie, l&rsquo;&eacute;tude de la gen&egrave;se empirique d&rsquo;un personnage. Le biographe permet au lecteur d&rsquo;observer ce personnage dans un autre espace et dans un autre cadre temporel. La biographie litt&eacute;raire laisse ainsi le champ libre &agrave; de multiples investigations, soumises aux t&eacute;moignages et aux sources &agrave; disposition. Les biographies litt&eacute;raires, gr&acirc;ce au travail du biographe mais aussi gr&acirc;ce aux qualit&eacute;s d&rsquo;artistes et d&rsquo;&eacute;crivain de ce dernier, proposent, &agrave; mon avis, une production de r&eacute;sultats heuristiques, dans diff&eacute;rents domaines, qui permettent d&rsquo;avoir une vision et donc une analyse d&rsquo;un&nbsp;&nbsp;homme ou d&rsquo;une femme qui s&rsquo;est distingu&eacute; &agrave; un moment pr&eacute;cis, sans porter de jugement sur la nature des ses actes, mais tout en liant le collectif et l&rsquo;individuel et en faisant des sources un outil pr&eacute;cieux permettant d&rsquo;aborder l&rsquo;Histoire et d&rsquo;apporter des conclusions qui font avancer l&rsquo;historiographie et la recherche.</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> </div> <div style="text-align:start; text-indent:0px; -webkit-text-stroke-width:0px"> <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="edn1"> <h3 style="margin-bottom: 11px; text-align: justify;"><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none"><span new="" roman="" times=""><span style="line-height:24px"><span style="background-color:white"><b>Bibliographie</b></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></h3> <p style="margin-bottom: 11px; text-align: justify;"><u><em>Sources</em></u></p> <ul> <li style="text-align: justify;">Zweig, S. (2011a [1932]).&nbsp;Marie-Antoinette [trad. de l&rsquo;allemand <em>Marie Antoinette, Bildnis eines mittleren Charakters&nbsp;</em>par A.&nbsp;Hella]. Paris&nbsp;: Bernard Grasset, Les Cahiers Rouges.</li> <li style="text-align: justify;">--- (2011b [1934]).<em>&nbsp;Erasme. Grandeur et d&eacute;cadence d&rsquo;une id&eacute;e</em> [trad. de l&rsquo;allemand <em>Triumph und Tragik des Erasmus von Rotterdam&nbsp;</em>par A.&nbsp;Hella, H. Bloch, J. Pary et al.].&nbsp;In : Zweig, S.&nbsp;<em>Essais</em>.&nbsp;Paris :&nbsp;La Pochoth&egrave;que, vol. III,&nbsp;Collection&nbsp;Le Livre de Poche,&nbsp;1019-1139</li> <li style="text-align: justify;">--- (2011c [1935]).&nbsp;<em>Marie Stuart&nbsp;</em>[trad. de l&rsquo;allemand<em> Maria Stuart </em>par A.&nbsp;Hella]. Paris&nbsp;: Bernard Grasset, Les Cahiers Rouges.&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;</li> <li style="text-align: justify;">--- (2014 [1936]).&nbsp;<em>Conscience contre violence&nbsp;: ou Castellion contre Calvin&nbsp;</em>[trad. de l&rsquo;allemand&nbsp;<em>Castellio gegen Calvin oder Ein Gewissen gegen die Gewalt&nbsp;</em>par A.&nbsp;Hella].&nbsp;La Fl&egrave;che (Sarthe)&nbsp;:&nbsp;Le Livre de Poche, Edition 06.</li> <li style="text-align: justify;">--- (2011d [1942]).&nbsp;<em>Le Monde d&rsquo;hier. Souvenirs d&rsquo;un Europ&eacute;en</em> [trad. de l&rsquo;allemand<em> </em><em>Die Welt von gestern. Erinnerungen eines Europ&auml;ers</em>].&nbsp;Espagne :&nbsp;Le Livre de Poche, Edition 1 coffret.</li> </ul> <p><em><u>&Eacute;tudes</u></em></p> <ul> <li style="text-align: justify;">Broqua, V., Marche, G. (2010).<em>&nbsp;L&rsquo;&eacute;puisement du biographique&nbsp;?</em>&nbsp;Cambridge : Cambridge Scholars Publishing.&nbsp;</li> <li style="text-align: justify;">Larcati, A.,&nbsp;Renoldner, K.,&nbsp;W&ouml;rg&ouml;tter, M. (2018).&nbsp;<em>Stefan Zweig Handbuch</em>. Berlin-Boston :&nbsp;De&nbsp;Gruyter.</li> <li style="text-align: justify;">Lhermitte, A.&nbsp;(2002).&nbsp;<em>La Biographie &ndash; Anthologie</em>. Paris : GF Flammarion. Collection Etonnants Classiques,&nbsp;&laquo;&nbsp;La position du biographe face &agrave; son personnage&nbsp;&raquo;.</li> <li style="text-align: justify;">Ludwig, E.&nbsp;(1929).&nbsp;<em>Historie und Dichtung</em>. Berlin :&nbsp;Ernst Rowohlt Verlag. Sonderdruck aus der &laquo;&nbsp;Neuen Rundschau&nbsp;&raquo;.</li> <li style="text-align: justify;">Romein, J. (1946).&nbsp;<em>Die Biographie. Einf&uuml;hrung in ihre Geschichte und ihre Problematik</em>. Berlin :&nbsp;A. Francke AG. Verlag.&nbsp;Sammlung Dalp.</li> <li style="text-align: justify;">Strigl, D. (2018). <em>Marie Antoinette. Bildnis eines mittleren Charakters (1932).</em> In :&nbsp;Larcati, A.,&nbsp;Renoldner, K.,&nbsp;W&ouml;rg&ouml;tter, M. (dir).&nbsp;<em>Stefan Zweig Handbuch</em>. Berlin-Boston,&nbsp;De&nbsp;Gruyter, 398-405.</li> </ul> <p><em><u>Articles en ligne</u></em></p> <ul> <li>Jaeghere,&nbsp;M. de.&nbsp;&laquo;&nbsp;Jean Tulard, le m&eacute;tier d&rsquo;historien&nbsp;&raquo;, disponible sur&nbsp;:&nbsp;<a href="http://www.lefigaro.fr/histoire/2015/07/06/26001-20150706ARTFIG00303-jean-tulard-le-metierdhistorien.php">http://www.lefigaro.fr/histoire/2015/07/06/26001-20150706ARTFIG00303-jean-tulard-le-metierdhistorien.php</a></li> <li>&laquo;&nbsp;Die Philosophie des Hippolyte Taine, traduction de F. Perdrix, in&nbsp;L&rsquo;Outrance comme proc&eacute;d&eacute; esth&eacute;tique. La Crise identitaire chez les personnages de Stefan Zweig&nbsp;&raquo;, par C. Anth&eacute;rieu-Yagbasan (2017),&nbsp;disponible sur&nbsp;:&nbsp;<a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01476523">https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01476523</a></li> <li>Berly, C. (2005). Le corps &eacute;crit de Marie-Antoinette : entre jeux biographiques et enjeux historiographiques. In:&nbsp;<em>Cahiers Edmond et Jules de Goncourt&nbsp;</em>no.&nbsp;12,&nbsp;Les Goncourt historiens, 61-77. DOI&nbsp;:&nbsp;<a href="https://doi.org/10.3406/cejdg.2005.950">https://doi.org/10.3406/cejdg.2005.950</a>&nbsp;<a href="http://www.persee.fr/doc/cejdg_1243-8170_2005_num_1_12_950">www.persee.fr/doc/cejdg_1243-8170_2005_num_1_12_950</a></li> </ul> <h3 class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><strong>Notes</strong></h3> </div> </div> <div style="text-align:start; text-indent:0px; -webkit-text-stroke-width:0px"> <div id="edn1"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none"><span calibri="" lang="DE" light=""><sup><a href="#n1t" name="n1n">1</a></sup><em><sup>&nbsp;</sup></em>&laquo;&nbsp;Als wichtigste Kennzeichen der modernen Biographie unterscheiden wir deren drei&nbsp;: 1. die Unbefangenheit des Biographen, 2. Sein psychologisches Einf&uuml;hlungsverm&ouml;gen, 3. Die komplizierte Struktur des seelischen Bildes&nbsp;&raquo;</span>&nbsp;(nous traduisons).</span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><sup><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none"><a href="#n2t" name="n2n">2</a></span></span></span></span></span></span></span></span></span></sup><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">&nbsp;&laquo;&nbsp;<span calibri="" lang="DE" light="">[&hellip;] die Biographie [ist] n&auml;mlich wichtig nicht nur zum Verst&auml;ndnis der Vergangenheit, sondern auch zur Bildung der Zukunft&nbsp;&raquo;.</span>&nbsp;</span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> <div id="edn1"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none"><sup><a href="#n3t" name="n3n">3</a>&nbsp;</sup>&laquo;&nbsp;<span calibri="" lang="DE" light="">Das dichterische Talent gef&auml;hrdet den Historiker so leicht, wie es ihn f&ouml;rdern kann&nbsp;; immer bleibt es eine Frage der prozentualen Mischung, der Disziplin und Wahrhaftigkeit, also zugleich eine moralische Frage, wie weit sich der K&uuml;nstler verf&uuml;hren l&auml;</span><span calibri="" light="">&beta;</span><span calibri="" lang="DE" light="">t, wenn er als Historiker arbeitet&nbsp;&raquo;</span>&nbsp;(nous traduisons).</span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> </div> <div id="edn2"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none"><sup><a href="#n4t" name="n4n">4</a></sup>&nbsp;<span calibri="" lang="DE" light="">&laquo;&nbsp;Freilich ist es eine unlehrbare Kunst und keine lehrbare Wissenschaft, Quellen zu lesen&nbsp;&raquo;</span>.&nbsp;</span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none"><sup><a href="#n5t" name="n5n">5</a></sup>&nbsp;<span calibri="" lang="DE" light="">&laquo;&nbsp;Jeder Historiker der alten Schule r&uuml;hmt sich seiner Objektivit&auml;t, jeder der neuen bekennt sich zum Vorgef&uuml;hl&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> </div> </div> </div> <p style="text-align: justify;"><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none"><sup><a href="#n6t" name="n6n">6</a></sup>&nbsp;&laquo;&nbsp;<span calibri="" lang="DE" light="">Der Forscher findet, der Romancier erfindet, der Biograph empfindet&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> <div id="edn1"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none"><sup><a href="#n7t" name="n7n">7</a></sup>&nbsp;<span calibri="" lang="DE" light="">&laquo;&nbsp;Kein Dokument ist untr&uuml;glicher als das Anlitz des Menschen&nbsp;; man mu</span><span calibri="" light="">&beta;</span><span calibri="" lang="DE" light="">&nbsp;nur darin zu lesen verstehen. [&hellip;] eine unsch&auml;tzbare Quelle des Psychologen&nbsp;&raquo;</span>.</span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> </div> <div id="edn2"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none"><sup><a href="#n8t" name="n8n">8</a></sup>&nbsp;<span calibri="" lang="DE" light="">&laquo;&nbsp;Hier &ouml;ffnet sich das Wesen eines Menschen unmittelbarer, es ist fast, als ob man ihn im Selbstgespr&auml;ch belauscht&nbsp;; aber ihre Auswahl ist schwierig&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> </div> <div id="edn3"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none"><sup><a href="#n9t" name="n9n">9</a></sup>&nbsp;<span calibri="" lang="DE" light="">&laquo;&nbsp;Den Gespr&auml;chen folgen die Briefe, und hier ist die Deutung, Auswahl und Anwendung vollends unerlernbar&nbsp;; auf Stil- und Weltgef&uuml;hl, auf Empfindung und Erfahrung, ganz auf Kenntnis des menschlichen Herzens, besonders der Frauen gestellt&nbsp;&raquo;</span>.</span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none"><sup><a href="#n10t" name="n10n">10</a></sup>&nbsp;<span calibri="" lang="DE" light="">&laquo;&nbsp;Das &ouml;ffentliche und das private, das t&auml;tige und das unt&auml;tige Leben eines bedeutenden Mannes im Gleichschritt, in ihrer steten Koinzidenz&nbsp;&nbsp;darzustellen, keines von beiden wichtiger zu nehmen als das andere, ist das Geheimnis der modernen Biographie&nbsp;&raquo;</span>.</span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> <div id="edn1"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none"><sup><a href="#n11t" name="n11n">11</a></sup>&nbsp;&laquo;&nbsp;<span calibri="" lang="DE" light="">Um so die Geschichte einer Seele zu schreiben, mu</span><span calibri="" light="">&beta;</span><span calibri="" lang="DE" light="">&nbsp;der Autor mit seinem Helden in Leidenschaft gelebt haben&nbsp;&raquo;.</span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> </div> <div id="edn2"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none"><sup><a href="#n12t" name="n12n">12</a></sup>&nbsp;Dans l&rsquo;article de D. Strigl,&nbsp;des notes du Journal de Zweig sont cit&eacute;es&nbsp;; il s&rsquo;agit de notes sur sa conception de l&rsquo;ouvrage biographique qu&rsquo;il entreprend, dans lesquelles il entend insister non pas sur le c&ocirc;t&eacute; historique, mais sur le personnage en tant que tel&nbsp;:&nbsp;<span calibri="" light="">&laquo;&nbsp;M. A. wird volumin&ouml;s&nbsp;: das Historische mu&beta; daraus wieder zur&uuml;ckgedr&auml;ngt werden, damit man das Bild im Auge be, pr&eacute;faceh&auml;lt, die Gestalt.&nbsp;&raquo;</span>&nbsp;(p.398). L&rsquo;utilisation des termes&nbsp;<i>&laquo;&nbsp;Bild&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;et&nbsp;<i>&laquo;&nbsp;Gestalt&nbsp;&raquo;</i>&nbsp;est &agrave; souligner.</span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> </div> <div id="edn2"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none"><sup><a href="#n13t" name="n13n">13</a></sup>&nbsp;&laquo;&nbsp;<span calibri="" lang="DE" light="">Der Beschriebene soll [&hellip;] nicht nur &lsquo;&lsquo;ein&rsquo;&rsquo; Individuum sein, sondern eine Pers&ouml;nlichkeit sein, er muss ferner in der Welt etwas Bedeutendes geleistet und deutliche Spuren hinterlassen haben&nbsp;&raquo;</span>.</span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> <div id="edn2"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none"><sup><a href="#n14t" name="n14n">14</a></sup>&nbsp;<span calibri="" lang="DE" light="">&laquo;&nbsp;Die zweite Forderung geht dahin, dass die Behandlung dem Thema ad&auml;quat sei&nbsp;&raquo;</span>.</span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none"><sup><a href="#n15t" name="n15n">15</a></sup>&nbsp;<span calibri="" lang="DE" light="">&laquo;&nbsp;So bedarf es keines Nervenarztes, um festzustellen, da</span>&beta;<span calibri="" lang="DE" light="">&nbsp;ihre so verh&auml;ngnisvolle &Uuml;berlebendigkeit, dieses ewige Hin und Her und Niezufriedensein, dieses fahrige Jagen von Vergn&uuml;gung zu Vergn&uuml;gung, geradezu klinisch-typische Folgen jener st&auml;ndigen sexuellen Aufreizung und sexuellen Unbefriedigtheit durch ihren Gatten darstellen. Weil nicht im tiefsten bewegt und beruhigt, mu</span>&beta;<span calibri="" lang="DE" light="">&nbsp;die nach sieben Ehejahren noch immer nicht eroberte Frau st&auml;ndig Bewegung und Unruhe um sich haben, und allm&auml;hlich wird, was anfangs blo</span>&beta;<span calibri="" lang="DE" light="">&nbsp;kindisch muntere Verspieltheit gewesen, zu einer krampfigen, krankhaften [&hellip;] Vergn&uuml;gungswut [...]. &raquo;</span>&nbsp;<i>(Marie Antoinette. Bildnis eines mittleren Charakters.</i>&nbsp;Frankfurt am Main, Fischer Taschenbuch Verlag, 29. Auflage, 2012,&nbsp;p.41-42).</span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> <div style="text-align:start; text-indent:0px; -webkit-text-stroke-width:0px"> <div id="edn2"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none"><sup><a href="#n16t" name="n16n">16</a></sup>&nbsp;Jean Tulard, n&eacute; le 22 d&eacute;cembre 1933, est un historien fran&ccedil;ais, sp&eacute;cialiste de Napol&eacute;on 1<sup>er</sup>&nbsp;et de l&rsquo;&eacute;poque napol&eacute;onienne et de l&rsquo;histoire du cin&eacute;ma. Il a publi&eacute; un ouvrage intitul&eacute;&nbsp;<i>D&eacute;tective de l&rsquo;Histoire</i>.&nbsp;<i>Jean Tulard, entretiens avec Yves Bruley</i>, Paris, Ecriture, collection &laquo;&nbsp;Entretiens&nbsp;&raquo;, 2012.</span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> </div> <div id="edn3"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><sup><a href="#n17t" name="n17n">17</a></sup><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">&nbsp;<span calibri="" lang="DE" light="">&laquo;&nbsp;Und so darf der Unbefangene einzig Maria Stuart, welche immer nur die Not und der innerste Druck der Seele zur Dichterin schuf, guten Gewissens als die Verfasserin jener Briefe und Gedichte anerkennen und als sicherste Zeugin ihrer bittersten Stunde anrufen.&nbsp;&raquo;</span>&nbsp;<i>(Maria Stuart.</i>&nbsp;Frankfurt am Main, Fischer Taschenbuch Verlag, 2012,&nbsp;p.209).</span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> </div> <div id="edn6"> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none"><sup><a href="#" name="n18n">18</a></sup>&nbsp;<span calibri="" lang="DE" light="">&laquo;&nbsp;[&hellip;] bei einer Biographie wie &lsquo;&lsquo;Marie Antoinette&rsquo;&rsquo;&nbsp;habe ich tats&auml;chlich jede einzelne Rechnung nachgepr&uuml;ft, um ihren pers&ouml;nlichen Verbrauch festzustellen, alle zeitgen&ouml;ssischen Zeitungen und Pamphlete studiert, alle Proze</span><span calibri="" light="">&beta;</span><span calibri="" lang="DE" light="">akten bis auf die letzte Zeile durchgeackert. &raquo;</span>&nbsp;(<i>Die Welt von gestern&nbsp;: Erinnerungen eines Europ&auml;ers</i>.&nbsp;Berlin und Weimar&nbsp;: Aufbau-Verlag, 1.&nbsp;Auflage, 1981, p.340).</span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> <p class="MsoEndnoteText" style="text-align: justify;"><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none"><sup><a href="#n19t" name="n19n">19</a></sup>&nbsp;Dans la pr&eacute;face de&nbsp;<i>Marie Stuart</i>, Zweig donne certaines indications &agrave; son lecteur afin que ce dernier puisse comprendre ses choix narratologiques. Il explique par exemple les distances qu&rsquo;il prend quant &agrave; la chronologie afin de mettre en relief certains moments de vie&nbsp;:&nbsp;<span calibri="" light="">&laquo;&nbsp;[&hellip;] toute repr&eacute;sentation de Marie Stuart a sa forme et son rythme fix&eacute;s d&rsquo;avance&nbsp;[&hellip;]. Qu&rsquo;on ne prenne donc pas pour un paradoxe le fait que la p&eacute;riode de ses vingt-trois premi&egrave;res ann&eacute;es et celle de ses vingt ans ou presque de captivit&eacute; ne tiennent gu&egrave;re ensemble dans ce livre plus de place que les deux ans de sa trag&eacute;die amoureuse.&nbsp;&raquo;&nbsp;</span>Zweig noue ainsi implicitement un pacte avec le lecteur en justifiant ses choix.</span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> <div id="edn1"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;"><sup><a href="#n20t" name="n20n">20</a></sup><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">&nbsp;Stefan Zweig soutient sa th&egrave;se de philosophie en 1904&nbsp;; elle porte sur Hippolyte Taine, historien du d&eacute;terminisme.&nbsp;Zweig est du m&ecirc;me avis que l&rsquo;historien, concernant le r&ocirc;le de la &lsquo;Nature&rsquo;, &agrave; savoir qu&rsquo;un &ecirc;tre a des traits qui sont d&eacute;termin&eacute;s par son milieu. Cependant, Zweig diverge de la th&eacute;orie d&eacute;velopp&eacute;e par Taine, en ce sens que Zweig insiste davantage sur le r&ocirc;le de la libert&eacute;, de la libert&eacute; int&eacute;rieure, et de la &lsquo;Culture&rsquo;&nbsp;: l&rsquo;individu existe ind&eacute;pendamment du milieu. Eternel d&eacute;bat entre &laquo;&nbsp;Nature et Culture&nbsp;&raquo;, et m&ecirc;me entre l&rsquo;inn&eacute; et l&rsquo;acquis. Zweig reste d&rsquo;avis que le d&eacute;terminisme joue un r&ocirc;le, mais la responsabilit&eacute; individuelle &eacute;galement, la subjectivit&eacute; fait partie int&eacute;grante de l&rsquo;individu.</span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> </div> <div id="edn2"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;"><sup><a href="#n21t" name="n21n">21</a></sup><span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">&nbsp;<span calibri="" lang="DE" light="">&laquo;&nbsp;In Taines Philosophie, die der Individualit&auml;t so wenig Spielraum gelassen hat, schrumpft auch die freie Kraft und die Responsabilit&auml;t des Willens auf ein Minimum zusammen. Der Determinismus, der in seinem System mit seinen dominierenden Gesetzen alles umklammert, umschliesst auch die Moral und ihre Evolutionen&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></span></span></span></span></span></span>In :&nbsp;<span style="caret-color:#000000"><span style="font-style:normal"><span style="font-variant-caps:normal"><span style="font-weight:normal"><span style="letter-spacing:normal"><span style="text-transform:none"><span style="white-space:normal"><span style="word-spacing:0px"><span style="text-decoration:none">Anth&eacute;rieu-Yagbasan (2017).</span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align: justify;">&nbsp;</p> </div> </div> </div> </div> </div> </div> <h3 style="text-align: justify;"><strong>Annexe : Pr&eacute;sentation de l&#39;auteur</strong></h3> <p style="text-align: justify;">Stefan Zweig, &eacute;crivain autrichien de la premi&egrave;re moiti&eacute; du XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle (1881-1942), s&rsquo;est int&eacute;ress&eacute; &agrave; ne nombreux genres litt&eacute;raires&nbsp;: po&eacute;sie, nouvelle, essai, biographie, discours, autobiographie, roman&hellip; Vivant dans l&rsquo;Empire Austro-Hongrois, il a vou&eacute; sa vie &agrave; l&rsquo;art et &agrave; la litt&eacute;rature, pr&ocirc;nant d&egrave;s la Premi&egrave;re Guerre Mondiale le pacifisme et la culture comme vecteurs de paix et de concorde. Zweig connut le succ&egrave;s d&egrave;s les ann&eacute;es 1900 et commen&ccedil;a, au d&eacute;but du XX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle &agrave; voyager &agrave; travers le monde, en Europe, en Inde, en Am&eacute;rique&hellip;</p> <p style="text-align: justify;">Zweig est connu de nos jours principalement pour ses nouvelles, notamment&nbsp;Le Joueur d&rsquo;&eacute;chec, ou&nbsp;Vingt-quatre Heures dans la vie d&rsquo;une femme, mais aussi pour ses biographies, la plus vendue &eacute;tant celle sur Marie-Antoinette.</p> <p style="text-align: justify;">A partir des ann&eacute;es 1930, Zweig s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; l&rsquo;Histoire et plus particuli&egrave;rement &agrave; certaines grandes figures, cr&eacute;ant &agrave; sa mani&egrave;re un nouveau type de h&eacute;ros&nbsp;: des h&eacute;ros qui sont des perdants, mais qui lui permettent de v&eacute;hiculer certains messages de tol&eacute;rance et de pacifisme, dans une Europe o&ugrave; le fascisme et le nazisme prennent pied. Pendant les ann&eacute;es 1930, Zweig plaide pour une Europe unie, une Europe des cultures, et insiste sur le fait que l&rsquo;Histoire doit &ecirc;tre transmise dans une optique humaine et humaniste, et non pas faire l&rsquo;&eacute;talage de guerres, de batailles et de conqu&ecirc;tes. Il quitte d&eacute;finitivement l&rsquo;Autriche en 1934, voyage et s&rsquo;installe au Royaume-Uni avec sa seconde &eacute;pouse. Puis, tous deux &eacute;migrent aux Etats-Unis et enfin au Br&eacute;sil, &agrave; Petr&oacute;polis. C&rsquo;est au Br&eacute;sil qu&rsquo;il &eacute;crit notamment&nbsp;Le Monde d&rsquo;hier. Souvenirs d&rsquo;un Europ&eacute;en, &oelig;uvre &agrave; la fois autobiographique et historique.&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">Ayant perdu ses illusions et sa foi en l&rsquo;Europe et en l&rsquo;humanit&eacute;, ne voyant pas d&rsquo;issue possible au nazisme, victime de l&rsquo;antis&eacute;mitisme qui l&rsquo;a contraint &agrave; quitter sa patrie, Zweig se suicide avec sa femme Lotte dans la nuit du 22 au 23 f&eacute;vrier 1942.</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <h3 style="text-align: justify;"><strong><sup><a href="#n*t" name="n*n">*</a></sup> Biographie</strong></h3> <p style="text-align: justify;">Virginie Lecorchey,&nbsp;professeure agr&eacute;g&eacute;e d&rsquo;Allemand, docteure en Langues et Litt&eacute;ratures &eacute;trang&egrave;res,&nbsp;Universit&eacute; Paris-Est-Cr&eacute;teil,&nbsp;Laboratoire IMAGER &ndash; Groupe CAECE.</p>