<h1 style="text-align: center;"><strong><span style="color:#993366;">&Eacute;tude de quelques variantes in&eacute;dites dans le Psautier de Sedulius Scottus&nbsp;:&nbsp;une nouvelle &eacute;dition du texte des psaumes au IX<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;?</span></strong></h1> <p style="text-align: center;"><strong>Marie-No&euml;lle Diverchy-Gadd<sup><a href="#n*n" name="n*t">*</a></sup></strong></p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <h3 style="text-align: justify;"><strong>Pr&eacute;ambule&nbsp;: le philologue face au texte</strong></h3> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;&eacute;crit dans sa globalit&eacute;, que ce soit le support de l&rsquo;&eacute;criture, l&rsquo;&eacute;criture elle-m&ecirc;me ou le texte produit, laisse des traces&nbsp;; c&rsquo;est du moins ce que dit l&rsquo;adage <i>&laquo;&nbsp;scripta manent&nbsp;&raquo;</i>. Pour le philologue, c&rsquo;est l&rsquo;&eacute;tude de la tradition manuscrite qui permet de cerner puis d&rsquo;&eacute;valuer les enjeux de la transmission d&rsquo;un texte litt&eacute;raire ancien. Le philologue s&rsquo;int&eacute;resse aux multiples acteurs impliqu&eacute;s dans le processus de production et de diffusion d&rsquo;un manuscrit&nbsp;: il analyse les pratiques plurielles de l&rsquo;&eacute;criture et met en perspective la r&eacute;ception du texte copi&eacute; dans le temps et dans l&rsquo;espace.</p> <p style="text-align: justify;">Loin d&rsquo;&ecirc;tre immuable et fix&eacute; une fois pour toutes, le texte biblique, comme l&rsquo;ensemble des textes anciens, appara&icirc;t comme un objet vivant, mall&eacute;able, que les acteurs de la transmission manuscrite mod&egrave;lent et remod&egrave;lent sans cesse et de diverses fa&ccedil;ons. Bernard Cerquiglini (1989,&nbsp;p.111)&nbsp;insiste sur la mouvance intrins&egrave;que du texte m&eacute;di&eacute;val et observe que les nombreuses variantes sont &eacute;clairantes pour l&rsquo;histoire m&ecirc;me du texte&nbsp;qui se r&eacute;crit en permanence : &laquo;&nbsp;Or l&rsquo;&eacute;criture m&eacute;di&eacute;vale ne produit pas de variantes, elle est variance. La r&eacute;criture incessante &agrave; laquelle est soumise la textualit&eacute; m&eacute;di&eacute;vale, l&rsquo;appropriation joyeuse dont elle est l&rsquo;objet, nous invitent &agrave; faire une hypoth&egrave;se forte&nbsp;: la variante n&rsquo;est jamais ponctuelle.&nbsp;&raquo; Sous ce prisme, il faut consid&eacute;rer qu&rsquo;une variante textuelle fait partie int&eacute;grante d&rsquo;un &eacute;tat du texte, &agrave; prendre dans son ensemble. Il ne s&rsquo;agit donc pas seulement d&rsquo;analyser la variante <i>&agrave; part</i> et par comparaison avec celles relev&eacute;es dans d&rsquo;autres manuscrits, mais aussi de chercher &agrave; l&rsquo;inscrire dans la d&eacute;marche globale de copie dont elle proc&egrave;de.</p> <p style="text-align: justify;">D&egrave;s lors, la r&eacute;flexion invite &agrave; r&eacute;&eacute;valuer la place du copiste dans le processus de transmission du texte. Il est &eacute;vident que le copiste y d&eacute;tient une part essentielle puisqu&rsquo;il est &agrave; la fois le premier lecteur et le premier &laquo;&nbsp;auteur&nbsp;&raquo; du texte qu&rsquo;il a sous les yeux. Pierre Chastang (2008/2, p.252) remarque que &laquo;&nbsp;bien que d&eacute;savou&eacute;e par les disciplines de l&rsquo;&eacute;rudition traditionnelle des textes qui assimilent l&rsquo;activit&eacute; des copistes &agrave; une alt&eacute;ration, la transcription constitue au Moyen-&Acirc;ge une forme de production textuelle &agrave; part enti&egrave;re&nbsp;&raquo;. Il est admis dans les recherches actuelles qu&rsquo;on ne peut pas r&eacute;duire le copiste &agrave; n&rsquo;&ecirc;tre qu&rsquo;un simple &laquo;&nbsp;scripteur&nbsp;&raquo;. Le copiste agit d&rsquo;abord litt&eacute;ralement sur le manuscrit par l&rsquo;encre qu&rsquo;il y d&eacute;pose mais il intervient &eacute;galement sur le texte qu&rsquo;il est cens&eacute; recopier et dont la nouvelle reproduction n&rsquo;existe que par lui. Il est en quelque sorte le premier &laquo;&nbsp;manipulateur&nbsp;&raquo;<sup><a href="#n1n" name="N1T">1</a></sup> du texte. Jean-Baptiste Camps (2012, p.72) reprend l&rsquo;id&eacute;e amorc&eacute;e par Bernard Cerquiglini et interroge : &laquo;&nbsp;&quot;Qu&rsquo;une main f&ucirc;t premi&egrave;re, parfois, sans doute, importe moins que cette incessante r&eacute;&eacute;criture d&rsquo;une &oelig;uvre qui appartient &agrave; celui qui, de nouveau, la dispose et lui donne forme&quot;. Dans ce contexte mouvant, on peut se demander du <i>scriptor</i> &quot;quand et comment son activit&eacute; de scribe (<i>Schreibert&auml;tigkeit</i>) sur la copie d&rsquo;un texte va plus loin, et le qualifie comme <i>r&eacute;dacteur</i> ou, le cas &eacute;ch&eacute;ant, comme <i>auteur</i>&quot;&nbsp;&raquo;<sup><a href="#n2n" name="N2T">2</a></sup>. D&egrave;s lors, nous pouvons identifier des traditions manuscrites savantes qui ne r&eacute;pondent pas &agrave; une logique de transmission m&eacute;canique du texte. Le copiste, en choisissant d&rsquo;intervenir sur le texte, tend &agrave; en proposer une nouvelle &eacute;dition qu&rsquo;il veut plus juste, plus correcte ou plus vraie. &Agrave; ce type de d&eacute;marche, s&rsquo;appliquent alors les mots de Chastang (2008/2, p.252) : &laquo;&nbsp;Le travail du scribe est pour une part assimilable &agrave; une activit&eacute; d&rsquo;herm&eacute;neutique textuelle qui permet d&rsquo;actualiser, dans un nouveau contexte, le sens et la v&eacute;rit&eacute; du texte, sans pour autant r&eacute;sorber la signification attach&eacute;e aux versions ant&eacute;rieures&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align: justify;">C&rsquo;est dans cette perspective que nous observons, analysons et comprenons les variantes in&eacute;dites contenues dans le Psautier de Sedulius Scottus. Afin de mieux en appr&eacute;hender le caract&egrave;re particulier, nous proposons dans un premier temps de remettre en contexte et en perspective les diff&eacute;rentes versions du texte psalmique qui circulent sur le Continent au IX<sup>e&nbsp;</sup>si&egrave;cle. Nous pr&eacute;senterons ensuite quelques variantes textuelles de langue grecque contenues dans le manuscrit autographe de Sedulius Scottus, afin de formuler une nouvelle hypoth&egrave;se relative &agrave; la d&eacute;marche &laquo;&nbsp;latinisante&nbsp;&raquo; du copiste dont elles semblent r&eacute;sulter.</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <h3><strong>1. Le psautier et les textes psalmiques sur le Continent au IX<sup>e</sup> si&egrave;cle</strong></h3> <p style="text-align: justify;">La tradition manuscrite du texte des psaumes est particuli&egrave;rement complexe. Le texte, issu d&rsquo;une tradition orale, aurait &eacute;t&eacute; compos&eacute; au sein de la communaut&eacute; juive au X<sup>e</sup> si&egrave;cle avant J.-C., &agrave; l&rsquo;&eacute;poque du roi David. Les plus anciennes traces &eacute;crites en langue h&eacute;bra&iuml;que que nous avons conserv&eacute;es ont &eacute;t&eacute; dat&eacute;es des derniers si&egrave;cles de l&rsquo;&egrave;re pr&eacute;chr&eacute;tienne. Plusieurs traductions en langue grecque sont attest&eacute;es de cette m&ecirc;me &eacute;poque, dont celle des Septante<sup><a href="#n3n" name="N3T">3</a></sup> qui nous est parvenue le plus largement, notamment gr&acirc;ce &agrave; des t&eacute;moins importants datant des premiers si&egrave;cles. &Agrave; partir de la fin du IV<sup>e</sup> si&egrave;cle, plusieurs traductions latines ont circul&eacute; en Occident, parmi lesquelles deux traductions de J&eacute;r&ocirc;me&nbsp;: la version dite romaine (Weber, 1953)&nbsp;&eacute;tablie d&rsquo;apr&egrave;s le texte grec des Septante et la version dite gallicane<sup><a href="#n4n" name="N4T">4</a></sup>&nbsp;r&eacute;vis&eacute;e d&rsquo;apr&egrave;s le texte des Septante &eacute;mend&eacute; dans la recension hexaplaire d&rsquo;Orig&egrave;ne (Field, 1875)) au III<sup>e&nbsp;</sup>si&egrave;cle. Le fait que le texte soit tr&egrave;s ancien, qu&rsquo;il ait circul&eacute; tr&egrave;s largement dans le temps et dans l&rsquo;espace, et qu&rsquo;il ait &eacute;t&eacute; alt&eacute;r&eacute; par les copies successives et les interventions op&eacute;r&eacute;es par les diff&eacute;rents acteurs de sa transmission sont autant de facteurs qui ont donc conduit &agrave; une pluralit&eacute; de textes faisant autorit&eacute; localement. Samuel Berger (1893, p.VII) d&eacute;crit &laquo;&nbsp;ce qu&rsquo;&eacute;taient les textes bibliques qu&rsquo;on a copi&eacute;s jusqu&rsquo;au milieu du IX<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle&nbsp;&raquo;&nbsp;comme &laquo;&nbsp;un m&eacute;lange d&eacute;solant de textes excellents et de textes d&eacute;testables, quelquefois deux traductions du m&ecirc;me livre juxtapos&eacute;es, les anciennes versions m&ecirc;l&eacute;es &agrave; la Vulgate dans une confusion indicible et les livres de la Bible copi&eacute;s dans chaque&nbsp;manuscrit dans un ordre diff&eacute;rent&nbsp;&raquo;. Et on note en effet une diversit&eacute; des traductions faites &agrave; partir de diff&eacute;rentes langues et dans des langues diff&eacute;rentes, une multiplicit&eacute; des versions d&rsquo;un texte &eacute;crit dans une m&ecirc;me langue, une vari&eacute;t&eacute; des copies qui v&eacute;hiculent les variantes textuelles inh&eacute;rentes au processus de copie, sans compter les nombreux ph&eacute;nom&egrave;nes de contamination qui embrouillent la tradition manuscrite.</p> <p style="text-align: justify;">Dans la soci&eacute;t&eacute; chr&eacute;tienne du IX<sup>e</sup> si&egrave;cle, c&rsquo;est le psautier latin qui partage le premier rang avec les &Eacute;vangiles. Martin McNamara (2000, p.20) d&eacute;crit l&rsquo;engouement dont il a fait l&rsquo;objet en Europe en &eacute;voquant <i>&laquo; its central place in the early Irish monastic system, owing to its place in the divine office. Of all the books of the Bible the Psalter was the one read most. And because of the difficulties encountered in understanding its text it was also the book most studied&nbsp;</i>&raquo;<sup><a href="#n5n" name="N5T">5</a></sup>. Sur le Continent, outre la dimension spirituelle du texte, le psautier rev&ecirc;t une port&eacute;e politique et sociale particuli&egrave;re en devenant un instrument privil&eacute;gi&eacute; d&rsquo;unification de l&rsquo;Empire. Imposer le rite romain est un moyen de pacifier et de mettre en ordre les territoires conquis en int&eacute;grant les populations pa&iuml;ennes &agrave; la soci&eacute;t&eacute; chr&eacute;tienne francque qui se veut fond&eacute;e sur les valeurs des &Eacute;critures. En tant qu&rsquo;outil liturgique, le psautier devient alors le <i>medium</i> entre le corps eccl&eacute;siastique et le peuple, et t&eacute;moigne d&rsquo;un nouveau rapport &agrave; l&rsquo;&eacute;crit biblique. Dans le contexte de la <i>renouatio</i> carolingienne<i>,</i> la production de manuscrits est alors lanc&eacute;e &agrave; grande &eacute;chelle dans les <i>scriptoria</i>, la minuscule caroline se d&eacute;veloppe, le r&eacute;seau des abbayes se construit. L&rsquo;objectif est affich&eacute;&nbsp;: rassembler toute la communaut&eacute; autour de pratiques liturgiques r&eacute;gl&eacute;es et uniformis&eacute;es &agrave; partir du texte biblique.</p> <p style="text-align: justify;">Suite &agrave; la promulgation de l&rsquo;<i>Admonitio generalis</i><sup><a href="#n6n" name="N6T">6</a></sup>, le texte du psautier latin se trouve au c&oelig;ur de plusieurs entreprises d&rsquo;&eacute;mendation&nbsp;: &laquo;&nbsp;Charles a mis autant d&rsquo;ardeur &agrave; supprimer les incorrections des textes qu&rsquo;&agrave; vaincre ses ennemis sur le champ de bataille&nbsp;&raquo;<sup><a href="#n7n" name="N7T">7</a></sup>.&nbsp;Les nouvelles &eacute;ditions sont &eacute;clairantes&nbsp;: elles visent &agrave; &eacute;tablir une sorte de <i>ueritas</i> textuelle tant dans la forme que prend le texte que dans le message qu&rsquo;il v&eacute;hicule. Le capitulaire souligne la n&eacute;cessit&eacute; d&rsquo;&eacute;tablir un texte uniformis&eacute; et exempt de toute faute qui puisse servir &agrave; la diffusion de copies pour donner &agrave; lire et &agrave; &eacute;tudier un texte unique et promouvoir un texte juste. Le sacramentaire dit <i>Hadrianum</i><sup><a href="#n8n" name="N8T">8</a></sup> a &eacute;t&eacute; con&ccedil;u pour r&eacute;pondre &agrave; cette volont&eacute; d&rsquo;assurer une sorte de mod&egrave;le type. Quant aux interventions sur le texte lui-m&ecirc;me, elles doivent &eacute;galement permettre la compr&eacute;hension et le commentaire des &Eacute;critures et contribuer &agrave; son appropriation spirituelle<sup><a href="#n9n" name="N9T">9</a></sup> &ndash; qui est n&eacute;cessaire parce que le texte est porteur d&rsquo;un sens dont il faut pouvoir se saisir pleinement. On d&eacute;nombre sur le Continent, plusieurs tentatives de r&eacute;vision de la version romaine du psautier &agrave; partir de la seconde traduction de J&eacute;r&ocirc;me<sup><a href="#n10n" name="N10T">10</a></sup>.&nbsp;Alcuin est &agrave; l&rsquo;origine de la version corrig&eacute;e de la <i>Vulgata</i> et le texte qu&rsquo;il produit r&eacute;pond &agrave; un usage strictement liturgique. Theodulf, qui agit davantage en &eacute;diteur m&eacute;di&eacute;val, recense et fait appara&icirc;tre les diff&eacute;rentes le&ccedil;ons du texte biblique qui est alors plut&ocirc;t destin&eacute; aux &eacute;rudits pour un usage savant. D&rsquo;ailleurs, son texte ne comporte aucune image, puisque seules les &Eacute;critures doivent appara&icirc;tre au lecteur. On note &eacute;galement quelques entreprises de r&eacute;vision du texte latin faites &agrave; partir des versions &eacute;tablies en grec et en h&eacute;breu. Le <i>codex Monacensis</i> 343 en est un exemple&nbsp;: il contient un texte latin des psaumes, r&eacute;vis&eacute; &agrave; partir de plusieurs manuscrits grecs et latins. Si le r&eacute;viseur anonyme se permet d&rsquo;introduire des variantes extraordinaires (comme&nbsp;des ajouts ou des omissions), sa d&eacute;marche s&rsquo;inscrit toujours dans le projet g&eacute;n&eacute;ral de &laquo;&nbsp;restauration&nbsp;&raquo; du texte psalmique. Il cherche &agrave; se rapprocher de la r&eacute;vision faite par J&eacute;r&ocirc;me afin que le texte soit &laquo;&nbsp;avant tout conforme &agrave; la v&eacute;rit&eacute;&nbsp;&raquo; et explique dans sa pr&eacute;face qu&rsquo;il agit &laquo;&nbsp;pour supprimer ce qui est superflu et introduire ce qui est congruent&nbsp;[&hellip;] afin que dans la psalmodie, la v&eacute;rit&eacute; r&eacute;sonne davantage que le chant des strophes&nbsp;&raquo;<sup><a href="#n11n" name="N11T">11</a></sup>.</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <h3><strong>2. Le cas du Psautier grec de Sedulius Scottus</strong><sup><a href="#n12n" name="N12T">12</a></sup></h3> <p style="text-align: justify;">On conna&icirc;t surtout Sedulius Scottus gr&acirc;ce aux &oelig;uvres qu&rsquo;il a compos&eacute;es dans ce m&ecirc;me contexte. &Eacute;migr&eacute; sur le Continent dans le deuxi&egrave;me quart du IX<sup>e</sup> si&egrave;cle suite aux invasions des Normands en <i>Scotia</i><sup><a href="#n13n" name="N13T">13</a></sup>, l&rsquo;&icirc;le surnomm&eacute;e &laquo; des saints et des savants&nbsp;&raquo;, le ma&icirc;tre irlandais devient rapidement le prot&eacute;g&eacute; de plusieurs m&eacute;c&egrave;nes tel l&rsquo;&eacute;v&ecirc;que Hartgar &agrave; Li&egrave;ge. Il gravite dans les cercles doctes de l&rsquo;&eacute;poque et rayonne &agrave; la cour des grands princes d&rsquo;Europe. Jean Meyers (1994, p.11)&nbsp;le consid&egrave;re comme &laquo;&nbsp;l&rsquo;un des repr&eacute;sentants les plus brillants de la Renaissance carolingienne&nbsp;&raquo; en ce qu&rsquo;il &oelig;uvre activement &agrave; la propagation du savoir. En effet, en tant qu&rsquo;&eacute;rudit vers&eacute; dans la connaissance des lettres et des humanit&eacute;s, il est l&rsquo;auteur, entre autres, de plusieurs commentaires de grammaire et de nombreux po&egrave;mes inspir&eacute;s du style des po&egrave;tes antiques classiques. Il appara&icirc;t en outre comme un eccl&eacute;siastique ex&eacute;g&egrave;te, soucieux des &Eacute;critures, qui a notamment comment&eacute; les lettres de Paul. Mais ses connaissances en grec sont moins &eacute;tablies que celles de son contemporain Jean&nbsp;Scot &Eacute;rig&egrave;ne dont il nous est parvenu des traductions enti&egrave;res ainsi que des commentaires faits &agrave; partir de textes &eacute;crits dans cette langue. Pour autant, on a conserv&eacute; de Sedulius un recueil de citations savantes bilingues issues de la litt&eacute;rature classique et biblique ainsi qu&rsquo;un Psautier autographe qui contient le texte des psaumes d&rsquo;apr&egrave;s la version grecque des Septante, accompagn&eacute; de quelques traductions en latin des titres et des premiers mots. Il s&rsquo;agit du Ms-8407, conserv&eacute; &agrave; la biblioth&egrave;que de l&rsquo;Arsenal &agrave; Paris. Il est de petit format (220 &times; 150 mm) et la mise en page est &eacute;conomique. Outre le texte psalmique, il contient une version bilingue de plusieurs cantiques et hymnes, des pri&egrave;res et enfin les citations grecques des <i>Institutions divines </i>de Lactance, traduites en latin.</p> <p style="text-align: justify;">C&rsquo;est l&rsquo;analyse de la transcription du titre du psaume LXIV<sup><a href="#n14n" name="N14T">14</a></sup> qui a constitu&eacute; le point de d&eacute;part de notre r&eacute;flexion. Dans notre exemple, Sedulius note en grec&nbsp;<i>&laquo;&nbsp;&epsilon;&iota;&sigmaf; &tau;&omicron; &tau;&epsilon;&lambda;&omicron;&sigmaf; &psi;&alpha;&lambda;&mu;&omega;&sigmaf; &tau;&omega; &delta;&alpha;&upsilon;&epsilon;&iota;&delta; &omega;&delta;&eta; &tau;&omicron;&upsilon; &iuml;&epsilon;&rho;&epsilon;&mu;&iota;&omicron;&upsilon;</i><b><i> &kappa;&alpha;&iota; &alpha;&gamma;&gamma;&epsilon;&omicron;&upsilon;&nbsp;</i></b><i>&raquo;</i><sup><a href="#n15n" name="N15T">15</a></sup>, quand l&rsquo;&eacute;dition des Septante donne&nbsp;<i>&laquo;&nbsp;&epsilon;ἰ&sigmaf; &tau;ὸ &tau;έ&lambda;&omicron;&sigmaf; &psi;&alpha;&lambda;&mu;ὸ&sigmaf; &tau;ῷ &Delta;&alpha;&upsilon;&iota;&delta; ᾠ&delta;&eta; &Iota;&epsilon;&rho;&epsilon;&mu;&iota;&omicron;&upsilon; </i><b><i>&kappa;&alpha;ὶ &Iota;&epsilon;&zeta;&epsilon;&kappa;&iota;&eta;&lambda;</i></b><i>.&nbsp;&raquo;</i> Les apparats<sup><a href="#n16n" name="N16T">16</a></sup> ne signalent aucun manuscrit qui pr&eacute;sente cette variante dans le texte grec mais indiquent que la mention du proph&egrave;te Agg&eacute;e appara&icirc;t dans l&rsquo;une des versions latines du texte psalmique. En effet, si l&rsquo;on en compare les diff&eacute;rentes traductions en langue latine, il appara&icirc;t que seule la version gallicane t&eacute;moigne de cette variante&nbsp;:<i> &laquo;&nbsp;In finem psalmus David canticum ; Hieremiae </i><b><i>et Aggei </i></b><i>de verbo peregrinationis [&hellip;].&nbsp;&raquo;</i> Les autres traductions latines, que ce soient celles de la <i>Vetus latina</i> ou celles de J&eacute;r&ocirc;me, transcrivent <i>&laquo;&nbsp;</i><b><i>et</i></b><i> </i><b><i>Ezechiel</i></b><i>&nbsp;&raquo;</i> ou ne renvoient &agrave; aucun proph&egrave;te. Apr&egrave;s avoir v&eacute;rifi&eacute; qu&rsquo;il ne pouvait s&rsquo;agir d&rsquo;une particularit&eacute; de la recension d&rsquo;Orig&egrave;ne<sup><a href="#n17n" name="N17T">17</a></sup>, il appara&icirc;t que la mention d&rsquo;Ag&eacute;e dans le texte grec de l&rsquo;autographe de Sedulius r&eacute;sulte d&rsquo;une intervention r&eacute;fl&eacute;chie et peut s&rsquo;expliquer par une mise en conformit&eacute; faite d&rsquo;apr&egrave;s la seconde traduction hi&eacute;ronymienne.</p> <p style="text-align: justify;">Sous ce prisme, on observe de nombreuses variantes qui semblent proc&eacute;der d&rsquo;une d&eacute;marche de latinisation du texte grec. Nous avons choisi des extraits qui nous ont sembl&eacute; significatifs<sup><a href="#n18n" name="N18T">18</a></sup>. D&rsquo;une part, nous avons laiss&eacute; de c&ocirc;t&eacute; les exemples d&rsquo;omissions et d&rsquo;inversions de termes qui pourraient r&eacute;sulter d&rsquo;une faute m&eacute;canique. D&rsquo;autre part, nous avons pr&eacute;f&eacute;r&eacute; pr&eacute;senter des variantes in&eacute;dites dans l&rsquo;autographe de Sedulius, c&rsquo;est-&agrave;-dire pour lesquelles les apparats critiques de l&rsquo;&eacute;dition des Septante ne donne aucun autre t&eacute;moin manuscrit<sup><a href="#n19n" name="N19T">19</a></sup>. Voici d&rsquo;abord quelques exemples de variantes, rep&eacute;r&eacute;es dans le texte grec du Psautier, qui constituent des ajouts r&eacute;pondant litt&eacute;ralement &agrave; des termes &eacute;quivalents utilis&eacute;s dans la traduction latine de J&eacute;r&ocirc;me.</p> <ul> <li style="text-align: justify;">Dans le verset 14 du psaume LXVII, Sedulius note <i>&laquo;&nbsp;&kappa;&alpha;&iota; &tau;&alpha; &mu;&epsilon;&tau;&alpha;&phi;&rho;έ&nu;&alpha;</i><b><i> </i></b><u><i>&tau;&omicron;&upsilon; &nu;ό&tau;&omicron;&upsilon;</i></u><sup><a href="#n20n" name="N20T">20</a></sup><b><i> </i></b><i>&alpha;&upsilon;&tau;ή&sigmaf;</i>&nbsp;<i>&raquo;</i> quand l&rsquo;&eacute;dition des Septante donne seulement <i>&laquo;&nbsp;&kappa;&alpha;ὶ &tau;ὰ &mu;&epsilon;&tau;ά&phi;&rho;&epsilon;&nu;&alpha; &alpha;ὐ&tau;ῆ&sigmaf;&nbsp;&raquo;</i>.&nbsp;La version gallicane traduit <i>&laquo;&nbsp;et posteriora </i><u><i>dorsi</i></u><i> eius&nbsp;&raquo;</i>. On peut alors interpr&eacute;ter l&rsquo;ajout <i>&laquo;&nbsp;&tau;&omicron;&upsilon; &nu;ό&tau;&omicron;&upsilon;&nbsp;&raquo;</i> comme une tentative de r&eacute;tablir deux mots grecs pour traduire ce qui est compris des deux mots utilis&eacute;s en latin <i>&laquo;&nbsp;posteriora&nbsp;&raquo;</i> et <i>&laquo;&nbsp;dorsi&nbsp;&raquo;</i>.</li> <li style="text-align: justify;">De la m&ecirc;me fa&ccedil;on, dans le verset 18, Sedulius note <i>&laquo;&nbsp;&tau;&omicron; ά&rho;&mu;&alpha; &tau;&omicron;&upsilon; &theta;&epsilon;&omicron;&upsilon; </i><u><i>&mu;ύ&rho;&iota;&omicron;</i></u><i><i> </i></i><u><i>&pi;&lambda;ά&sigma;&sigma;&iota;&omicron;&nu;</i></u><i><i> </i></i><u><i>&pi;&omicron;&lambda;&lambda;&omicron;ί</i></u><i> &chi;&epsilon;&iota;&lambda;&epsilon;&iota;ά&delta;&epsilon;&sigmaf;&nbsp;&raquo;</i> quand l&rsquo;&eacute;dition des Septante donne <i>&laquo;&nbsp;&tau;ὸ ἅ&rho;&mu;&alpha; &tau;&omicron;ῦ &theta;&epsilon;&omicron;ῦ </i><u><i>&mu;&upsilon;&rho;&iota;&omicron;&pi;&lambda;ά&sigma;&iota;&omicron;&nu;</i></u><i>, &chi;&iota;&lambda;&iota;ά&delta;&epsilon;&sigmaf;&nbsp;&raquo;</i>. La version gallicane traduit <i>&laquo;&nbsp;currus Dei </i><u><i>decem</i></u><i><i>&nbsp;</i></i><u><i>milibus</i></u><i><i> </i></i><u><i>multiplex</i></u><i> milia&nbsp;&raquo;</i>. Dans le contexte de ce passage, la s&eacute;paration des mots <i>&laquo;&nbsp;&mu;ύ&rho;&iota;&omicron;&nbsp;&raquo;</i> et <i>&laquo;&nbsp;&pi;&lambda;ά&sigma;&sigma;&iota;&omicron;&nu;&nbsp;&raquo;</i> r&eacute;tablirait <i>&laquo;&nbsp;decem milibus&nbsp;&raquo; </i>et l&rsquo;ajout <i>&laquo;&nbsp;&pi;&omicron;&lambda;&lambda;&omicron;ί&nbsp;&raquo;</i> restituerait <i>&laquo;&nbsp;multiplex&nbsp;&raquo;</i>, quand le terme unique <i>&laquo;&nbsp;&mu;&upsilon;&rho;&iota;&omicron;&pi;&lambda;ά&sigma;&iota;&omicron;&nu;&nbsp;&raquo;</i> &eacute;dit&eacute; dans la version des Septante suffit, &agrave; lui seul, pour rendre le sens global des quatre mots latins.</li> <li style="text-align: justify;">Au verset 21, on trouve <i>&laquo;&nbsp;&tau;&omicron;&upsilon; &sigma;ώ&zeta;&epsilon;&iota;&nu; </i><u><i>&pi;&omicron;&iota;ή&sigma;&epsilon;&iota;&nu;</i></u><i>&nbsp;&raquo;</i> dans le Psautier de Sedulius quand on lit <i>&laquo;&nbsp;&tau;&omicron;ῦ &sigma;ῴ&zeta;&epsilon;&iota;&nu;&nbsp;&raquo;</i> dans la version des Septante, ce qui est traduit en latin par <i>&laquo;&nbsp;saluos </i><u><i>faciendi</i></u><i>&nbsp;&raquo;</i>. Plus loin dans le verset&nbsp;25, Sedulius note <i>&laquo;&nbsp;&tau;&omicron;&upsilon; </i><u><i>έ&sigma;&tau;&iota;&nu;</i></u><i> &epsilon;&nu; &tau;ώ &alpha;&gamma;ί&omega;&nbsp;&raquo;</i> qui traduit <i>&laquo;&nbsp;qui </i><u><i>est</i></u><i> in sancto&nbsp;&raquo;</i> alors que l&rsquo;&eacute;dition des Septante donne <i>&laquo;&nbsp;&tau;&omicron;ῦ ἐ&nu; &tau;ῷ ἁ&gamma;ίῳ&nbsp;&raquo;</i>. Pareillement, dans le verset 38 du psaume&nbsp;LXXVII, Sedulius &eacute;crit <i>&laquo;&nbsp;&eta;&lambda;ά&sigma;&sigma;έ&tau;&alpha;&iota;&nbsp;</i><u><i>&gamma;&epsilon;&nu;&eta;&theta;ή&tau;&omega;</i></u><i>&nbsp;&raquo; </i>lorsque J&eacute;r&ocirc;me traduit <i>&laquo;&nbsp;propitius </i><u><i>fiet</i></u><i>&nbsp;&raquo; </i>pour rendre <i>&laquo;&nbsp;ἱ&lambda;ά&sigma;&epsilon;&tau;&alpha;&iota;&nbsp;&raquo; </i>de la version des Septante. Pour chacun de ces trois exemples, les variantes touchent &agrave; une construction grecque particuli&egrave;re et peuvent s&rsquo;expliquer par la syntaxe latine.</li> <li style="text-align: justify;">En outre, dans le verset 17 du psaume lxxvii, Sedulius &eacute;crit <i>&laquo;&nbsp;</i><u><i>&epsilon;&nu; &tau;&eta; &omicron;&rho;&gamma;ή</i></u><i> &pi;&alpha;&rho;&epsilon;&pi;ί&kappa;&rho;&alpha;&nu;&alpha;&nu;&nbsp;&raquo;</i> qui traduit litt&eacute;ralement &laquo;&nbsp;<u>in ira</u> excitauerunt&nbsp;&raquo; quand l&rsquo;&eacute;dition des Septante donne simplement <i>&laquo;&nbsp;&pi;&alpha;&rho;&epsilon;&pi;ί&kappa;&rho;&alpha;&nu;&alpha;&nu;&nbsp;&raquo;</i>. Puis, dans le verset 18 du psaume xlix, on lit dans le Psautier <i>&laquo;&nbsp;&sigma;&upsilon;&nu;&epsilon;&tau;&rho;έ&chi;&epsilon;&sigmaf; </i><u><i>&mu;&epsilon;&tau;&alpha;</i></u><i> &alpha;&upsilon;&tau;ώ&nbsp;&raquo;</i> comme traduction litt&eacute;rale de <i>&laquo;&nbsp;currebas </i><u><i>cum</i></u><i> eo&nbsp;&raquo;</i> alors que l&rsquo;on trouve seulement <i>&laquo;&nbsp;&sigma;&upsilon;&nu;έ&tau;&rho;&epsilon;&chi;&epsilon;&sigmaf; &alpha;ὐ&tau;ῷ&nbsp;&raquo;</i> dans la version des Septante.</li> <li style="text-align: justify;">Quant au verset 3 du psaume&nbsp;lxv, alors qu&rsquo;on d&eacute;chiffre <i>&laquo;&nbsp;&tau;&alpha; έ&rho;&gamma;&alpha; &sigma;&omicron;&upsilon; </i><u><i>&kappa;&upsilon;&rho;&iota;&epsilon;</i></u><i>&nbsp;&raquo;</i> dans le Psautier, on d&eacute;couvre seulement <i>&laquo;&nbsp;&tau;ὰ ἔ&rho;&gamma;&alpha; &sigma;&omicron;&upsilon;&nbsp;&raquo;</i> dans la version des Septante. On observe en parall&egrave;le que les traductions latines de J&eacute;r&ocirc;me divergent puisque la version romaine rend <i>&laquo;&nbsp;opera tua&nbsp;&raquo;</i> quand la version gallicane donne <i>&laquo;&nbsp;opera tua </i><u><i>Domine</i></u><i>&nbsp;&raquo;</i>.</li> </ul> <p style="text-align: justify;">Outre les ajouts, on remarque des changements particuliers qui concernent soit des flexions nominales ou verbales, soit des mots entiers. De la m&ecirc;me mani&egrave;re que pr&eacute;c&eacute;demment, les mots grecs qui r&eacute;sultent de ces modifications concordent avec les mots latins utilis&eacute;s dans les traductions hi&eacute;ronymiennes. Il s&rsquo;agit le plus souvent d&rsquo;un synonyme grec qui semble rendre la traduction latine de mani&egrave;re plus exacte que la le&ccedil;on partag&eacute;e dans la version des Septante. C&rsquo;est ce qui, selon nous, explique et justifie ce type de variantes dans le Psautier.</p> <ul> <li style="text-align: justify;">Dans le verset 7 du psaume LXVII, le groupe pr&eacute;positionnel est modifi&eacute;, on lit <i>&laquo;&nbsp;</i><u><i>&epsilon;&nu;</i></u><i><i> </i></i><u><i>&mu;έ</i></u><i>&nbsp;&raquo;</i> dans le Psautier pour <i>&laquo;&nbsp;</i><u><i>in</i></u><i> </i><u><i>me</i></u><i>&nbsp;&raquo;</i> en latin, &agrave; la place de <i>&laquo;&nbsp;ἐ&pi;&rsquo;&nbsp;ἐ&mu;&omicron;ί&nbsp;&raquo;</i> dans la version des Septante.</li> <li style="text-align: justify;">Plus loin, dans le verset 29, Sedulius note <i>&laquo;&nbsp;&mu;&epsilon;&tau;&alpha; &delta;ί&kappa;&alpha;&iota;</i><u><i>&omicron;&iota;&sigmaf;</i></u><i> &omicron;&upsilon; &gamma;&rho;&alpha;&phi;ή&sigma;&omicron;</i><u><i>&nu;&tau;&alpha;&iota;</i></u><i>&nbsp;&raquo;</i> alors que la version des Septante donne &agrave; lire <i>&laquo;&nbsp;&mu;&epsilon;&tau;ὰ &delta;&iota;&kappa;&alpha;ί&omega;&nu; &mu;ὴ &gamma;&rho;&alpha;&phi;ή&tau;&omega;&sigma;&alpha;&nu;&nbsp;&raquo;</i>.<i> </i>Dans les versions latines de J&eacute;r&ocirc;me, on retrouve la d&eacute;sinence de datif pluriel et le suffixe du passif, <i>&laquo;&nbsp;cum iust</i><u><i>is</i></u><i> non scriba</i><u><i>ntur</i></u><i>&nbsp;&raquo;</i>. Par ailleurs, on lit <i>&laquo;&nbsp;&kappa;&alpha;&tau;&alpha; &tau;</i><u><i>&omicron;&nu;</i></u><i> &theta;&epsilon;</i><u><i>&omicron;&nu;</i></u><i>&nbsp;&raquo;</i> dans le Psautier, au verset 6 du psaume LXXIV, quand la version des Septante donne <i>&laquo;&nbsp;&kappa;&alpha;&tau;ὰ &tau;&omicron;ῦ &theta;&epsilon;&omicron;ῦ&nbsp;&raquo;</i>. On retrouve la d&eacute;sinence d&rsquo;accusatif en latin <i>&laquo;&nbsp;aduersus De</i><u><i>um</i></u><i>&nbsp;&raquo;</i>.</li> <li style="text-align: justify;">Puis, alors que dans le verset 15 du psaume LXVIII, on peut lire <i>&laquo;&nbsp;&sigma;ῶ&sigma;ό&nu; &mu;&epsilon;&nbsp;&raquo; </i>dans la version des Septante, Sedulius &eacute;crit <i>&laquo;&nbsp;</i><u><i>&epsilon;&rho;&rho;ύ&sigma;&omega;&nu;</i></u><i>&nbsp;&mu;&epsilon;&nbsp;&raquo;</i>. Nous y voyons une forme verbale fautive du verbe <i>&laquo;&nbsp;ῥύ&omicron;&mu;&alpha;&iota;&nbsp;&raquo; </i>&agrave; l&rsquo;imp&eacute;ratif aoriste, qui servirait comme &eacute;quivalent de <i>&laquo;&nbsp;</i><u><i>eripe</i></u><i> me&nbsp;&raquo; </i>dans les traductions de J&eacute;r&ocirc;me. Dans ce cas, le synonyme utilis&eacute; semble plus exact pour rendre la nuance de sens.</li> <li style="text-align: justify;">De m&ecirc;me, dans le verset 17 du psaume LXXIII, Sedulius &eacute;crit <i>&laquo;&nbsp;&tau;&alpha; </i><u><i>&pi;έ&rho;&alpha;&tau;&alpha;</i></u><i> &tau;&eta;&sigmaf; &gamma;ὴ&sigmaf;&nbsp;&raquo;</i>, quand la version des Septante donne<i> &laquo;&nbsp;&tau;ὰ ὅ&rho;&iota;&alpha; &tau;ῆ&sigmaf; &gamma;ῆ&sigmaf;&nbsp;&raquo;</i>. J&eacute;r&ocirc;me traduit en latin <i>&laquo;&nbsp;</i><u><i>terminos</i></u><i> terrae&nbsp;&raquo;</i>. On rel&egrave;ve seulement deux autres occurrences de cette expression dans les traductions hi&eacute;ronymiennes, dans les psaumes II&nbsp;et LXXI. Dans les deux cas, cette traduction correspond &agrave; <i>&laquo;&nbsp;&tau;ὰ &pi;έ&rho;&alpha;&tau;&alpha;&nbsp;&raquo; </i>dans la version des Septante.</li> <li style="text-align: justify;">Enfin, dans le verset 23, Sedulius note <i>&laquo;&nbsp;&tau;&omega;&nu; </i><u><i>&epsilon;&chi;&theta;&rho;ώ&nu;</i></u><i> &sigma;&omicron;&upsilon;&nbsp;&raquo; </i>quand la version des Septante choisit <i>&laquo;&nbsp;&tau;ῶ&nu; ἱ&kappa;&epsilon;&tau;ῶ&nu; &sigma;&omicron;&upsilon;&nbsp;&raquo;</i>. On peut remarquer qu&rsquo;&agrave; cet endroit, les traductions hi&eacute;ronymiennes diff&egrave;rent &eacute;galement puisque la version romaine restitue <i>&laquo;&nbsp;quaerentium te&nbsp;&raquo;</i> alors que la gallicane pr&eacute;f&egrave;re<i> &laquo;&nbsp;</i><u><i>inimicorum</i></u><i>&nbsp;eorum&nbsp;&raquo;.</i></li> </ul> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;analyse des diff&eacute;rentes variantes textuelles du manuscrit tend donc &agrave; conforter l&rsquo;hypoth&egrave;se selon laquelle le Psautier de Sedulius Scottus rend compte d&rsquo;un texte psalmique copi&eacute; sur la version grecque des Septante et latinis&eacute; &agrave; partir de la traduction gallicane de J&eacute;r&ocirc;me. Si l&rsquo;on ne peut pas affirmer que le ma&icirc;tre irlandais est lui-m&ecirc;me &agrave; l&rsquo;origine de ces variantes<sup><a href="#n21n" name="N21T">21</a></sup>, la d&eacute;marche observ&eacute;e est toutefois coh&eacute;rente avec le projet global de r&eacute;vision des textes bibliques entrepris au IX<sup>e</sup> si&egrave;cle dans le contexte de la <i>renouatio</i> carolingienne, et s&rsquo;inscrit dans la continuit&eacute; philologique de J&eacute;r&ocirc;me et partant, d&rsquo;Orig&egrave;ne.</p> <p>&nbsp;</p> <h3><strong>Conclusion</strong></h3> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;&eacute;tude textuelle du Psautier de Sedulius Scottus a permis d&rsquo;identifier la double tradition manuscrite &agrave; laquelle le texte appartient&nbsp;: d&rsquo;une part, celle de la version grecque des Septante et d&rsquo;autre part, celle de la traduction gallicane &eacute;tablie par J&eacute;r&ocirc;me. L&rsquo;analyse des variantes permet d&rsquo;inscrire la d&eacute;marche du copiste dans une entreprise plus globale de r&eacute;vision savante de l&rsquo;&eacute;crit biblique. Le texte produit est in&eacute;dit et, dans le contexte du ix<sup>e</sup> si&egrave;cle occidental, nous pensons qu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;une nouvelle &eacute;dition savante qui vise &agrave; permettre l&rsquo;&eacute;tude ou le commentaire ex&eacute;g&eacute;tique. En effet, le texte du Psautier est le r&eacute;sultat du travail d&rsquo;un copiste qui agit sur le texte non pas comme un simple scripteur mais comme un v&eacute;ritable auteur&nbsp;: il le r&eacute;ajuste, le remanie, le reconstruit.</p> <p style="text-align: justify;">Il est admis que l&rsquo;histoire d&rsquo;un manuscrit &agrave; travers le temps reste en partie obscure. Mais selon nous, le caract&egrave;re in&eacute;dit du texte grec que contient le Psautier de Sedulius&nbsp;Scottus apporte un nouvel &eacute;clairage sur la raison de sa conservation. La mention qui appara&icirc;t sur le verso de la garde du codex prend alors tout son sens&nbsp;:&nbsp;<i>&laquo;&nbsp;Codex iste Psalmorum ineunte saec. XII conscriptus magni est faciendus&nbsp;&raquo;</i><sup><a href="#n22n" name="N22T">22</a></sup><i>.</i></p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <p><span style="color:#95a5a6;"><i>_________________________________________________________________________________________________________________________________</i></span></p> <h3><b>Bibliographie</b></h3> <ul> <li>Berger, S. (1893).&nbsp;<i>Histoire de la Vulgate pendant les premiers si&egrave;cles du Moyen-&Acirc;ge</i>. Paris :&nbsp;Librairie Hachette.</li> <li><i>Biblia Sacra&nbsp;: iuxta latinam Vulgatam versionem ad codicum fidem, Liber Psalmorum ex recensione sancti Hieronymi (t. X)</i>, &eacute;d. Abbaye pontificale de Saint-J&eacute;r&ocirc;me, Rome, Typis Polyglottis Vaticanis, 1953.</li> <li>Camps, J-B. (2012).&nbsp;Le scribe face au texte. Regards sur quelques cas de doute et sur des formes de pens&eacute;e philologique au Moyen-&Acirc;ge.&nbsp;<i>Questes&nbsp;: bulletin des jeunes chercheurs m&eacute;di&eacute;vistes</i>, no.&nbsp;23, 65-84.</li> <li>Cerquiglini, B. (1989). <i>&Eacute;loge de la variante&nbsp;: histoire critique de la philologie</i>. Paris :&nbsp;&eacute;dition du Seuil.</li> <li>Chastang, P. (2008).&nbsp;L&rsquo;arch&eacute;ologie du texte m&eacute;di&eacute;val, autour de travaux r&eacute;cents sur l&rsquo;&eacute;crit au Moyen-&Acirc;ge.&nbsp;<i>Annales, Histoire, Sciences Sociales</i>, no.&nbsp;63/2, 245-269.</li> <li>Hubert, M.-C., Poulle, E.,&nbsp;Smith, M. (2000).&nbsp;<i>Le statut du scripteur au Moyen-&Acirc;ge, actes du XII</i><i><sup>e</sup></i><i> colloque scientifique du Comit&eacute; international de pal&eacute;ographie latine (Cluny, 17-20 juillet 1998).</i>&nbsp;Paris :&nbsp;&Eacute;cole des chartes.&nbsp;</li> <li>McKitterick, R. (1994)&nbsp;<i>Books, scribes and learning in the Frankish kingdoms, 6</i><i><sup>th</sup></i><i>-9</i><i><sup>th</sup></i><i> centuries</i>. Aldershot :&nbsp;Vario Variorum.</li> <li>McKitterick, R. (1995).&nbsp;<i>The Carolingians and the written word</i>. Cambridge : Cambridge University Press.</li> <li>McNamara, M. (2000).&nbsp;<i>The Psalms in the early Irish church</i>. Sheffield :&nbsp;Sheffield Academic Press.</li> <li>Meyers, J. (1994). <i>Le classicisme lexical dans la po&eacute;sie de Sedulius Scottus</i>. Gen&egrave;ve :&nbsp;Librairie Droz.</li> <li>Morard,&nbsp;M. (2008).&nbsp;<i>La harpe des clercs, r&eacute;ceptions m&eacute;di&eacute;vales du Psautier latin</i>, dir. Jacques&nbsp;Verger.&nbsp;Lille :&nbsp;Atelier national de reproduction des th&egrave;ses.</li> <li>Morsel, J.&nbsp;(2000).&nbsp;Ce qu&rsquo;&eacute;crire veut dire au Moyen-&Acirc;ge&hellip; Observations pr&eacute;liminaires &agrave; une &eacute;tude de la scripturalit&eacute; m&eacute;di&eacute;vale.&nbsp;<i>Memini, travaux et documents de la Soci&eacute;t&eacute; des &eacute;tudes m&eacute;di&eacute;vales du Qu&eacute;bec</i>, no. 4, 4-32.</li> <li>Origenes, <i>Origenis Hexaplorum quae supersunt siue ueterum interpretum Graecorum in totum Vetus Testamentum fragmenta (t. II)</i>, &eacute;d. Fr&eacute;d&eacute;rick Field, Oxonii, Clarendonianus, 1875.</li> <li>Petrucci, A. (1995).&nbsp;<i>Writers and readers in medieval Italy&nbsp;: Studies in the history of written culture</i>, trad. Charles M. Radding.&nbsp;New Haven :&nbsp;Yale University Press.</li> <li>Pirenne, H. (1882).&nbsp;<i>Sedulius de Li&egrave;ge</i>. Bruxelles : F. Hayez.</li> <li>Rich&eacute;, P.,&nbsp;Lobrichon G. (1984).&nbsp;<i>Le Moyen-&Acirc;ge et la Bible</i>. Paris :&nbsp;Beauchesne.</li> <li><i>Septuaginta, Psalmi cum Odis (t. X)</i>, &eacute;d. Alfred Rahlfs, G&ouml;ttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, 1931.</li> <li><i>Vetus Testamentum Graecum cum variis lectionibus (t. III)</i>, &eacute;d. Robert Holmes et Jacob Parsons, Oxonii, Clarendonianus, 1823.</li> <li>Vizkelety, A. (2000). Scriptor &ndash; redactor &ndash; autor.&nbsp;In :&nbsp;Hubert, M.-C., Poulle, E.,&nbsp;Smith, M. (&eacute;d.)&nbsp;<i>Le statut du scripteur au Moyen-&Acirc;ge, actes du XII</i><i><sup>e</sup></i><i> colloque scientifique du Comit&eacute; international de pal&eacute;ographie latine (Cluny, 17-20 juillet 1998).</i>&nbsp;Paris :&nbsp;&Eacute;cole des chartes,&nbsp;145-150.</li> <li>Weber, R. (1953).&nbsp;<i>Le Psautier romain et les autres anciens Psautier latins</i>. Rome :&nbsp;Abbaye Saint-J&eacute;r&ocirc;me.&nbsp;</li> </ul> <h3>&nbsp;</h3> <h3><strong>Notes</strong></h3> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#N1T" name="n1n">1</a>&nbsp;</sup>Nous entendons <i>manipulateur</i> sans connotation p&eacute;jorative et revenons &agrave; l&rsquo;&eacute;tymologie m&ecirc;me du mot pour d&eacute;crire le copiste comme celui qui, <i>dans sa main</i>, tient le texte &agrave; copier.</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#N2T" name="n2n">2</a>&nbsp;</sup>L&rsquo;auteur cite d&rsquo;abord Cerquiglini (1989,&nbsp;p. 62), puis Vizkelety (2000, p. 145).</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#N3T" name="n3n">3</a></sup>&nbsp;Pour la version grecque du texte psalmique, c&rsquo;est la traduction des Septante qui fait figure de r&eacute;f&eacute;rence et qui circule dans les cercles monastiques du IX<sup>e</sup> si&egrave;cle. Voir les &eacute;ditions&nbsp;: <i>Septuaginta, Psalmi cum Odis (t. X)</i>, Alfred&nbsp;Rahlfs (&eacute;d.), G&ouml;ttingen, Vandenhoeck und Ruprecht, 1931, et <i>Vetus Testamentum Graecum cum variis lectionibus (t. III)</i>, &eacute;d. Robert Holmes et Jacob Parsons, Oxonii, Clarendonianus, 1823.</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#N4T" name="n4n">4</a></sup>&nbsp;J&eacute;r&ocirc;me cherche alors &agrave; donner une version savante du texte psalmique, destin&eacute;e &agrave; servir pour l&rsquo;&eacute;tude du texte et non pour la pratique de la liturgie. Le texte, &agrave; l&rsquo;origine, aurait m&ecirc;me comport&eacute; les m&ecirc;mes signes diacritiques qu&rsquo;Orig&egrave;ne lui-m&ecirc;me aurait utilis&eacute;s dans sa recension. Pour l&rsquo;&eacute;dition, voir <i>Biblia Sacra&nbsp;: iuxta latinam Vulgatam versionem ad codicum fidem, Liber Psalmorum ex recensione sancti Hieronymi (t. X)</i>, Abbaye pontificale de Saint-J&eacute;r&ocirc;me (&eacute;d.), Rome, Typis Polyglottis Vaticanis, 1953.</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#N5T" name="n5n">5</a></sup> &laquo; Sa place centrale dans le premier syst&egrave;me monastique d&rsquo;Irlande, en raison de sa place dans la liturgie des heures. De tous les livres de la Bible, le Psautier est le livre le plus lu. Et en raison des difficult&eacute;s rencontr&eacute;es dans sa compr&eacute;hension, c&rsquo;&eacute;tait aussi le texte le plus &eacute;tudi&eacute;&nbsp;&raquo; (nous traduisons).</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#N6T" name="n6n">6</a></sup>&nbsp;Il s&rsquo;agit du capitulaire promulgu&eacute; par Charlemagne en 789 qui amorce le mouvement de r&eacute;formation culturelle de la <i>renouatio</i> carolingienne.</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#N7T" name="n7n">7</a></sup>&nbsp;Issu d&rsquo;un po&egrave;me compos&eacute; au IX<sup>e</sup> si&egrave;cle. Rich&eacute; &amp; Lobrichon&nbsp;(1984, p. 151).</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#N8T" name="n8n">8</a></sup>&nbsp;Il s&rsquo;agit du sacramentaire que le pape Adrien I<sup>er</sup> envoie &agrave; Charlemagne en 791 &agrave; sa demande. C&rsquo;est ce livre liturgique qui inscrit le texte biblique dans le rite romain.</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#N9T" name="n9n">9</a></sup>&nbsp;Nous entendons par &laquo;&nbsp;appropriation&nbsp;&raquo;, le fait de rendre le texte semblable &agrave; soi, de le faire sien, quelle que soit la mani&egrave;re adopt&eacute;e. La lecture est une fa&ccedil;on d&rsquo;y parvenir. Joseph Morsel invite &agrave; consid&eacute;rer l&rsquo;objet &eacute;crit comme un &laquo;&nbsp;objet graphique&nbsp;&raquo; &agrave; voir et rappelle le sens m&eacute;di&eacute;val de <i>&laquo;&nbsp;legere&nbsp;&raquo;</i> qui signifie en latin &laquo;&nbsp;interpr&eacute;ter&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;enseigner&nbsp;&raquo;. Joseph Morsel, &laquo;&nbsp;Ce qu&rsquo;&eacute;crire veut dire au Moyen-&Acirc;ge&hellip; Observations pr&eacute;liminaires &agrave; une &eacute;tude de la scripturalit&eacute; m&eacute;di&eacute;vale&nbsp;&raquo;, <i>Memini, travaux et documents de la Soci&eacute;t&eacute; des &eacute;tudes m&eacute;di&eacute;vales du Qu&eacute;bec</i>, n&deg;4, 2000, p. 23-24.</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#N10T" name="n10n">10</a></sup>&nbsp;C&rsquo;est la version gallicane qui circule dans les cercles monastiques&nbsp;et qui fait office de r&eacute;f&eacute;rence pour les diff&eacute;rentes entreprises de r&eacute;&eacute;dition du texte psalmique en latin.</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#N11T" name="n11n">11</a></sup>&nbsp;<i>&laquo;&nbsp;ut reprobare superflua et inserere congrua [&hellip;] ut in ore psallentis magis ueritas resonet, quam carmen strophorum&nbsp;&raquo;</i>, <i>cod. Monacensis </i>343, <i>praefatio</i> fol. 1 et 4.</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#N12T" name="n12n">12</a></sup>&nbsp;Sur Sedulius Scottus, voir Pirenne, 1882.</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#N13T" name="n13n">13</a></sup>&nbsp;La <em>Scotia</em> d&eacute;signe l&rsquo;Irlande actuelle.</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#N14T" name="n14n">14</a></sup>&nbsp;Dans ce document, le syst&egrave;me de num&eacute;rotation des psaumes est celui adopt&eacute; par la version des Septante.</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#N15T" name="n15n">15</a></sup>&nbsp;Toutes les citations qui sont issues du Psautier autographe de Sedulius sont des transcriptions fid&egrave;les du texte copi&eacute; sur le manuscrit. Nous avons syst&eacute;matiquement r&eacute;tabli un accent aigu l&agrave; o&ugrave; le copiste a inscrit un point audessus d&rsquo;une voyelle.</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#N16T" name="n16n">16</a></sup>&nbsp;Pour cet exemple, comme pour les suivants, nous avons consult&eacute; l&rsquo;apparat critique de l&rsquo;&eacute;dition de Holmes et Parsons ainsi que celui de l&rsquo;&eacute;dition de Rahlfs.</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#N17T" name="n17n">17</a></sup>&nbsp;La comparaison syst&eacute;matique des variantes in&eacute;dites contenues dans le Psautier de Sedulius aux fragments conserv&eacute;s de la recension d&rsquo;Orig&egrave;ne a montr&eacute; qu&rsquo;il n&rsquo;y avait pas de variantes partag&eacute;es entre ces diff&eacute;rentes versions du texte psalmique.</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#N18T" name="n18n">18</a></sup>&nbsp;Les variantes grecques &laquo;&nbsp;latinis&eacute;es&nbsp;&raquo; d&rsquo;apr&egrave;s la version gallicane concernent l&rsquo;ensemble du texte psalmique&nbsp;; il ne s&rsquo;agit pas de ph&eacute;nom&egrave;nes isol&eacute;s ou uniformes mais r&eacute;currents et vari&eacute;s. Nous attirons donc l&rsquo;attention sur le fait que les exemples que nous pr&eacute;sentons ici ne sont pas exhaustifs&nbsp;; cette analyse philologique constitue l&rsquo;objet de notre travail de th&egrave;se.</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#N19T" name="n19n">19</a></sup>&nbsp;Pour toutes les variantes que nous pr&eacute;sentons, les apparats critiques n&rsquo;indiquent aucune mention d&rsquo;une le&ccedil;on similaire dans un manuscrit autre que le Psautier de Sedulius.</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#N20T" name="n20n">20</a></sup>&nbsp;Le mot transcrit ici par Sedulius &laquo;&nbsp;&tau;&omicron;&upsilon; &nu;ό&tau;&omicron;&upsilon;&nbsp;&raquo; renvoie en r&eacute;alit&eacute; &agrave; &laquo;&nbsp;&tau;&omicron;ὺ &nu;ώ&tau;&omicron;&upsilon;&nbsp;&raquo; qui signifie le dos. Nous rappelons qu&rsquo;au IX<sup>e</sup> si&egrave;cle, la connaissance de l&rsquo;orthographe grecque fait d&eacute;faut et qu&rsquo;il n&rsquo;existe pas de contrainte orthographique norm&eacute;e.</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#N21T" name="n21n">21</a></sup>&nbsp;Il existe toutefois plusieurs &eacute;l&eacute;ments qui n&rsquo;interdisent pas de penser que Sedulius Scottus lui-m&ecirc;me est &agrave; l&rsquo;origine de ces variantes (sa connaissance de J&eacute;r&ocirc;me, sa formation classique et sa fr&eacute;quentation des cercles hell&eacute;nistes, les marques observ&eacute;es dans la marge du manuscrit, la signature autographe particuli&egrave;re, etc&hellip;). Mais cette question m&eacute;rite d&rsquo;&ecirc;tre d&eacute;velopp&eacute;e plus longuement&nbsp;; elle fera l&rsquo;objet d&rsquo;un autre article.</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#N22T" name="n22n">22</a></sup>&nbsp;&laquo;&nbsp;Il doit &ecirc;tre fait grand cas de ce livre des Psaumes, &eacute;crit au xii<sup>e</sup> si&egrave;cle&nbsp;&raquo; (nous traduisons). La date du XII<sup>e</sup>&nbsp;si&egrave;cle qui a &eacute;t&eacute; inscrite est ici fautive et a d&rsquo;ailleurs &eacute;t&eacute; ratur&eacute;e par une autre main.</p> <ul> </ul> <p>&nbsp;</p> <h3><strong><sup><a href="#n*t" name="n*n">*</a></sup>Biographie</strong></h3> <p style="text-align: justify;">Marie-No&euml;lle Diverchy-Gadd est actuellement doctorante contractuelle en troisi&egrave;me ann&eacute;e en Langues et litt&eacute;ratures anciennes et attach&eacute;e au laboratoire Hiscant-Ma de l&rsquo;Universit&eacute; de Lorraine. Sa th&egrave;se en philologie m&eacute;di&eacute;vale, plac&eacute;e sous la direction des Pr.&nbsp;C&eacute;cile&nbsp;Bertrand Dagenbach et Jean Meyers, consiste en l&rsquo;&eacute;dition critique du Psautier de Sedulius Scottus. Outre l&rsquo;&eacute;tablissement du texte, son travail tend &agrave; en identifier la tradition manuscrite et &agrave; y &eacute;tudier les diff&eacute;rentes manifestations du bilinguisme gr&eacute;colatin. Elle assure par ailleurs des heures d&rsquo;enseignement de version latine et de litt&eacute;rature ancienne &agrave; destination des &eacute;tudiant.e.s en licence de Lettres Classiques et de Lettres Modernes de l&rsquo;Universit&eacute; de Lorraine.</p>