<h1 style="text-align: center;"><font color="#993366"><span style="caret-color: rgb(153, 51, 102);"><b>Avant-propos</b></span></font></h1> <p style="text-align: center;"><strong>Sara Maddalena<sup><a href="#n*n" name="n*t">*</a></sup> et Caterina Manco<sup><a href="#n**n" name="n**t">**</a></sup></strong></p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <p style="text-align: right;"><i>&laquo; La vi fontaine clere et vive,</i></p> <p style="text-align: right;"><i>Sourdant d&rsquo;un gros dois qui l&rsquo;avive &raquo;</i></p> <p style="text-align: right;">(&laquo; L&agrave; je vis une fontaine claire et vive,</p> <p style="text-align: right;">Aliment&eacute;e par une source d&rsquo;un bon d&eacute;bit &raquo;)</p> <p style="text-align: right;">Christine de Pizan, <i>Le Livre du chemin de long estude</i>, 1402.</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">Toute activit&eacute; de recherche suppose un dialogue avec des sources (orales, &eacute;crites, figuratives, etc.)<sup><a href="#n1n" name="n1t">1</a></sup>. Lorsque nous les abordons, que nous racontent les registres, les journaux intimes, les dessins, les &eacute;difices, les po&egrave;mes, les guides de voyages, entre autres ? Ces sources ne sauraient &ecirc;tre un acc&egrave;s direct &agrave; la v&eacute;rit&eacute;, mais une m&eacute;diation entre un auteur et un ou plusieurs r&eacute;cepteurs (Carr, 1966, p.11-35).</p> <p style="text-align: justify;">La r&eacute;ception la plus correcte de la source d&eacute;pend de deux facteurs&nbsp;: d&rsquo;une part la fiabilit&eacute; de la source et d&rsquo;autre part de la lecture que l&rsquo;on en fait. En effet, une r&eacute;alit&eacute; donn&eacute;e se transforme au fur et &agrave; mesure des al&eacute;as de sa transmission. Au-del&agrave; de la cr&eacute;ation des faux (Bloch, 1993, p.126-139 ; Chabod, 2006,&nbsp;p.67-101), des alt&eacute;rations volontaires ou involontaires peuvent survenir. En outre, lorsque le chercheur s&rsquo;approche des sources, il doit essayer de se repr&eacute;senter et de comprendre les proc&eacute;d&eacute;s mentaux de leurs auteurs, ainsi que la mentalit&eacute; de l&rsquo;&eacute;poque qui impr&egrave;gne les faits qu&rsquo;il &eacute;tudie, sans que le &laquo;&nbsp;virus du moment&nbsp;&raquo;, pour reprendre l&rsquo;expression de Marc Bloch, laisse &laquo;&nbsp;filtrer [s]es toxines&nbsp;&raquo; dans le sujet de sa recherche (Bloch, 1993, p.91).</p> <p style="text-align: justify;">Ensuite, une fois que l&rsquo;on a r&eacute;solu l&rsquo;&eacute;nigme de la voix de l&rsquo;histoire et que l&rsquo;on parvient &agrave; d&eacute;terminer d&rsquo;o&ugrave; elle nous parle, comment elle nous regarde, ce qu&rsquo;elle veut nous dire par certaines reconstructions, etc., il devient possible de nous interroger sur les faits. Les faits sont les scintillements du pass&eacute; par lesquels on reconstruit la lumi&egrave;re d&rsquo;une salle inhabit&eacute;e, qui h&eacute;bergea autrefois une pr&eacute;sence momentan&eacute;e, subtile, parfois fugitive, mais qui garde toujours un int&eacute;r&ecirc;t pour le pr&eacute;sent. On s&rsquo;interroge donc sur ce que ces scintillements peuvent nous d&eacute;voiler de la r&eacute;alit&eacute; qu&rsquo;ils &eacute;voquent et des transformations qu&rsquo;elle a subies.</p> <p style="text-align: justify;">Ces probl&eacute;matiques ont pr&eacute;sid&eacute; au colloque international &laquo;&nbsp;<i>Scripta manent</i>. Sources, traces, t&eacute;moignages&nbsp;: la question de la transmission&nbsp;&raquo; que nous avons organis&eacute; &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry Montpellier&nbsp;3 les 23-24 mai 2019 avec Sandra Carabin, Thomas Robardet-Caffin et Fr&eacute;d&eacute;rique Tudoret-Puech. Les onze contributions qui&nbsp;suivent n&rsquo;ont pas l&rsquo;ambition de passer en revue toutes les questions concernant les sources, mais visent &agrave; approfondir quelques probl&egrave;mes inh&eacute;rents &agrave; leurs conservation et transmission, &agrave; la reconstruction d&rsquo;une r&eacute;alit&eacute;,&nbsp;et &agrave; leurs adaptation, d&eacute;figuration et perception.</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <h3 style="text-align: justify;"><b>1) Conservation et transmission des sources</b></h3> <p style="text-align: justify;">La conservation et la transmission des sources sont conditionn&eacute;es par les conjonctures historiques, culturelles et/ou mat&eacute;rielles, les pratiques et les mentalit&eacute;s des &eacute;poques, ainsi que par les modifications les plus sensibles de l&rsquo;esprit. Marc Bloch rappelle, par exemple, que &laquo;&nbsp;les deux guerres mondiales ont ray&eacute; d&rsquo;un sol, charg&eacute; de gloire, monuments et d&eacute;p&ocirc;ts d&rsquo;archives&nbsp;&raquo; (Bloch, 1993, p.115). Entre II<sup>e</sup> et IV<sup>e</sup> si&egrave;cles de notre &egrave;re, en revanche, le passage du rouleau au codex a oblig&eacute; les copistes &agrave; effectuer une s&eacute;lection parmi l&rsquo;ensemble de textes anciens &agrave; transmettre &agrave; la post&eacute;rit&eacute;&nbsp;: Leighton D.&nbsp;Reynolds et Nigel G.&nbsp;Wilson (1991, p.35)&nbsp;parlent, &agrave; ce propos, de &laquo;&nbsp;premier grand goulot d&rsquo;&eacute;tranglement par lequel la litt&eacute;rature classique a d&ucirc; passer &raquo;<sup><a href="#n2n" name="n2t">2</a></sup>. De la m&ecirc;me mani&egrave;re, si l&rsquo;on se penche sur les seules &oelig;uvres scientifiques grecques,</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">il semble qu&rsquo;il y ait deux crit&egrave;res de choix suivis par les Byzantins et les Arabes qui nous en ont conserv&eacute;s quelques-unes. Tout d&rsquo;abord, celui de privil&eacute;gier les auteurs d&rsquo;&eacute;poque imp&eacute;riale, dont les ouvrages sont, en g&eacute;n&eacute;ral, m&eacute;thodologiquement inf&eacute;rieurs, mais plus facilement utilisables. Ensuite, parmi les ouvrages de chaque auteur on a pr&eacute;f&eacute;r&eacute;, en g&eacute;n&eacute;ral, les plus accessibles et souvent seulement leurs parties initiales<em><sup><a href="#n3n" name="n3t">3</a></sup></em>&nbsp;(Russo,&nbsp;1997,&nbsp;p.25).</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Si le paradigme de la transmission semble consister &agrave; accepter que toute source enferme une v&eacute;rit&eacute; qui s&rsquo;explique ou s&rsquo;expliquera un jour de mani&egrave;re coh&eacute;rente, dans un dialogue traversant l&rsquo;histoire, il faut que les conditions de production s&rsquo;accordent avec les conditions de conservation, &agrave; savoir avec la possibilit&eacute; d&rsquo;acc&eacute;der &agrave; un ancien document deux mille ans apr&egrave;s. En ce sens, la question des diff&eacute;rents modes de conservation interpelle en m&ecirc;me temps la sph&egrave;re des m&eacute;thodes et des techniques, des protocoles et des lois permettant l&rsquo;acc&egrave;s aux documents disponibles. Dans son article, intitul&eacute; <i>&Eacute;tude de la taille de claveaux d&rsquo;arcs b&acirc;tis au XI</i><i><sup>e </sup></i><i>si&egrave;cle dans l&rsquo;ancien archidioc&egrave;se de Sens&nbsp;: proposition de protocoles arch&eacute;om&eacute;triques et traitements statistiques</i>, <b>Anne-Laure Morel</b> propose de combler le manque de connaissances sur la st&eacute;r&eacute;otomie des claveaux d&rsquo;arcs au XI<sup>e </sup>si&egrave;cle, p&eacute;riode de grandes transformations dans le b&acirc;ti, par une m&eacute;thode d&rsquo;investigation qui combine des relev&eacute;s arch&eacute;om&eacute;triques avec des statistiques multidimensionnelles pour prendre en compte l&rsquo;&eacute;cart entre l&rsquo;artefact originel et son &eacute;tat actuel alt&eacute;r&eacute;. <b>Thomas Robardet-Caffin</b> &ndash; <i>Le ch&acirc;teau de Montferrand, la mod&eacute;lisation d&rsquo;une forteresse ruin&eacute;e &agrave; partir des sources &eacute;crites et de l&rsquo;&eacute;tude du b&acirc;ti</i> &ndash;, en revanche, s&rsquo;interroge sur la possibilit&eacute; de combiner les informations obtenues &agrave; partir de l&rsquo;&eacute;tude des ruines du ch&acirc;teau de Montferrand avec des sources d&rsquo;autre nature pour comprendre ses transformations entre les XI<sup>e</sup> et XVII<sup>e</sup> si&egrave;cles et essayer de restituer son &eacute;tat originel avant son d&eacute;mant&egrave;lement au XVII<sup>e</sup> si&egrave;cle.</p> <p style="text-align: justify;">Toutefois, les questions de la conservation et de la transmission des sources, ainsi que celle de leur r&eacute;ception, interpellent &eacute;galement la sph&egrave;re des technologies de plus en plus puissantes permettant d&rsquo;approcher les sources d&rsquo;un regard nouveau. Il suffit de penser aux avanc&eacute;es dues &agrave; l&rsquo;application de la technologie &agrave; l&rsquo;&eacute;tude des &oelig;uvres d&rsquo;art (Dupouy, 1996)&nbsp;: les recherches actuellement men&eacute;es sur <i>Les Jeunes</i> et <i>Les Vieilles</i> de Francisco de Goya &agrave; l&rsquo;aide des rayons X sont en train de remettre en question l&rsquo;id&eacute;e selon laquelle les deux tableaux auraient &eacute;t&eacute; express&eacute;ment peints pour &ecirc;tre associ&eacute;s (Bind&eacute;, 2020). Et comment ne pas songer aux r&eacute;sultats dus au recours aux ultraviolets et &agrave; l&rsquo;imagerie multispectrale dans l&rsquo;&eacute;tude et le d&eacute;chiffrement, d&egrave;s la fin des ann&eacute;es 1990, du palimpseste d&rsquo;Archim&egrave;de, un codex cachant, derri&egrave;re des textes sacr&eacute;s copi&eacute;s &agrave; l&rsquo;&eacute;poque byzantine, plusieurs trait&eacute;s du c&eacute;l&egrave;bre physicien, dont <i>La M&eacute;thode</i> et le <i>Trait&eacute; des corps flottants</i> jusqu&rsquo;alors perdus&nbsp;?<sup><a href="#n4n" name="n4t">4</a></sup></p> <p style="text-align: justify;"><i>Eur&ecirc;ka&nbsp;!&nbsp;</i>: conserver c&rsquo;est &eacute;galement d&eacute;couvrir ou red&eacute;couvrir. S&rsquo;agissant toujours de textes classiques, si de nombreuses d&eacute;couvertes sont li&eacute;es &agrave; des humanistes tels que P&eacute;trarque, Coluccio Salutati ou Poggio Bracciolini (Reynolds &amp;&nbsp;Wilson, 1991,&nbsp;p.101-116), le pr&eacute;sent aussi continue de nous ouvrir des fen&ecirc;tres sur ce monde disparu, mais qui persiste encore aujourd&rsquo;hui&nbsp;: pour ne citer qu&rsquo;un exemple r&eacute;cent, il suffit de rappeler que de nouveaux aspects de la biographie du m&eacute;decin Galien de Pergame sont venus &agrave; la lumi&egrave;re en 2005, gr&acirc;ce &agrave; la d&eacute;couverte, par Antoine Pietrobelli, d&rsquo;un trait&eacute; jusqu&rsquo;alors perdu, le <i>Ne pas se chagriner&nbsp;</i>(Boudon-Millot, 2008). Conserver et transmettre &eacute;quivalent, donc, d&rsquo;une certaine mani&egrave;re, &agrave; r&eacute;sister, r&eacute;sister au <i>tempus edax rerum&nbsp;</i>(Ovide, <i>M&eacute;tamorphoses</i> XV, 234), <b>&laquo;&nbsp;</b>le temps qui d&eacute;vore tout &raquo;. Prenons, par exemple, un manuscrit.&nbsp;Sa valeur va bien au-del&agrave; de son contenu&nbsp;: s&rsquo;il existe, c&rsquo;est parce qu&rsquo;il y a eu un ou plusieurs copistes, puis des lecteurs et il n&rsquo;oublie pas de nous parler &eacute;galement de leur m&eacute;moire. Dans sa contribution <i>&Eacute;tude de quelques variantes in&eacute;dites dans le Psautier de Sedulius Scottus : une nouvelle &eacute;dition du texte des psaumes au IX</i><i><sup>e</sup></i><i> si&egrave;cle ?</i>, <b>Marie-No&euml;lle Diverchy-Gadd</b> offre un exemple de la mani&egrave;re dont &laquo;&nbsp;les acteurs de la transmission manuscrite mod&egrave;lent et remod&egrave;lent sans cesse et de diverses fa&ccedil;ons&nbsp;&raquo; les textes. L&rsquo;autrice se focalise, en particulier, sur quelques variantes caract&eacute;risant le texte des psaumes de Sedulius Scottus (IX<sup>e</sup> s.)&nbsp;: ces le&ccedil;ons, qui s&rsquo;inspirent de la traduction latine par J&eacute;r&ocirc;me, trouvent leur explication dans un contexte de r&eacute;vision des textes bibliques promue par Charlemagne.</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <h3 style="text-align: justify;"><b>2) Probl&egrave;mes de reconstruction (historique ou fictive) d&rsquo;une r&eacute;alit&eacute;</b></h3> <p style="text-align: justify;">&laquo;&nbsp;On sait bien que les com&eacute;dies ne sont faites que pour &ecirc;tre jou&eacute;es, et je ne conseille de lire celles-ci qu&rsquo;aux personnes qui ont des yeux pour d&eacute;couvrir dans la lecture tout le jeu du th&eacute;&acirc;tre&nbsp;&raquo; &eacute;crit Moli&egrave;re (1971, p.95).</p> <p style="text-align: justify;">Quelle responsabilit&eacute; est attribu&eacute;e au lecteur et &agrave; sa capacit&eacute; de reconstituer l&rsquo;intention de l&rsquo;auteur ? Que pouvons-nous savoir de la fa&ccedil;on dont un texte vit r&eacute;ellement sur sc&egrave;ne ?</p> <p style="text-align: justify;">Anne Ubersfeld (1977) s&rsquo;interroge au sujet des limites intrins&egrave;ques de la lecture d&rsquo;un texte th&eacute;&acirc;tral et, d&rsquo;apr&egrave;s ses r&eacute;flexions, on peut conclure qu&rsquo;un&nbsp;spectacle de th&eacute;&acirc;tre est bien plus que ce qui est &eacute;crit dans le texte&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">la lecture du th&eacute;&acirc;tre est pens&eacute;e comme un succ&eacute;dan&eacute;, une pratique de substitution par rapport au spectacle r&eacute;el. Ainsi, l&rsquo;inf&eacute;riorit&eacute; de la lecture par rapport au spectacle est souvent pos&eacute;e en termes ontologiques : le texte de th&eacute;&acirc;tre est un objet incomplet, tandis que le spectacle, lui, est complet ; c&rsquo;est donc par essence que la lecture du th&eacute;&acirc;tre serait moins l&eacute;gitime que la repr&eacute;sentation (De Guardia &amp;&nbsp;Parmentier, &nbsp;2009, p.131).</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">L&rsquo;interpr&eacute;tation correcte du texte pose d&eacute;j&agrave; de nombreux probl&egrave;mes (parfois nous ne saisissons pas certains doubles sens ou jeux de mots qui &eacute;taient clairs pour le public de l&rsquo;&eacute;poque : Richard, 2019), mais d&rsquo;autres questions doivent &eacute;galement &ecirc;tre abord&eacute;es. Si l&rsquo;on met en rapport le th&eacute;&acirc;tre avec les sources documentaires exploitables dans ce domaine, on constate que l&rsquo;historiographie th&eacute;&acirc;trale n&rsquo;a souvent pris en compte comme informateurs r&eacute;els que les sujets de la relation acteur-spectateur (Meldolesi, 1989). Certains &eacute;l&eacute;ments sont d&eacute;lib&eacute;r&eacute;ment invent&eacute;s, pour d&rsquo;autres vaut l&rsquo;adage selon lequel la connaissance qu&rsquo;un sujet peut construire d&rsquo;un r&eacute;el est celle de sa propre exp&eacute;rience du r&eacute;el (Le Moigne, 2012). Les auteurs de commentaires, de descriptions, de documents iconographiques sont consid&eacute;r&eacute;s comme des garants de v&eacute;rit&eacute;, alors qu&rsquo;on se r&eacute;f&egrave;re aux t&eacute;moignages des acteurs pour ce qui concerne les donn&eacute;es sur les aspects techniques des pratiques th&eacute;&acirc;trales. &Agrave; ce sujet il est int&eacute;ressant de souligner ce que Giorgio Strehler dit &agrave; propos de son travail sur les <i>M&eacute;moires</i> de Carlo Goldoni. Comme elles-m&ecirc;mes ne sont pas totalement fiables parce qu&rsquo;elles refl&egrave;tent en partie le d&eacute;sir de l&rsquo;auteur d&rsquo;ajuster son exp&eacute;rience comme bon lui semble, voici ce qu&rsquo;en fait le metteur en sc&egrave;ne&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">une sorte d&rsquo;histoire, une histoire tr&egrave;s r&eacute;elle et tr&egrave;s invent&eacute;e, o&ugrave; l&rsquo;on ne sait jamais si les choses se sont pass&eacute;es exactement comme je les ai pens&eacute;es, si elles sont historiquement et biographiquement exactes ou si elles sont simplement des paraphrases, ou des pens&eacute;es. Je pense que la biographie d&rsquo;un homme d&rsquo;art peut &ecirc;tre faite, non seulement par la v&eacute;rit&eacute; des choses, les choses incontournables, mais aussi par un acte d&rsquo;amour et d&rsquo;invention<sup><a href="#n5n" name="n5t">5</a></sup> (Strehler, 1997, p.41).</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Voici donc une s&eacute;rie de questions sur la r&eacute;alit&eacute;, le th&eacute;&acirc;tre et la biographie qui se croisent et se pr&eacute;supposent de mani&egrave;re complexe. Pour le th&eacute;&acirc;tre, comme pour la po&eacute;sie, la litt&eacute;rature, etc. de nombreux facteurs sont &agrave; prendre en compte pour analyser une &oelig;uvre, son sens, son but, sa fortune et ces probl&eacute;matiques sont explor&eacute;es par plusieurs auteurs.</p> <p style="text-align: justify;">Dans son article <i>D&eacute;construire le mythe de la chute des </i>Burgraves <i>de Hugo : r&eacute;alit&eacute; et repr&eacute;sentations du 7 mars 1843</i>, <b>Agathe Giraud </b>s&rsquo;est pench&eacute;e sur le mythe de l&rsquo;&eacute;chec de la repr&eacute;sentation des <i>Burgraves</i> de Victor Hugo en 1843, &eacute;chec qui a &eacute;t&eacute; consid&eacute;r&eacute; pendant longtemps comme l&rsquo;embl&egrave;me de la fin du drame romantique. Dans ce travail, elle nous montre que c&rsquo;est l&rsquo;emploi s&eacute;lectif des sources, influenc&eacute; par le patriotisme de l&rsquo;&eacute;poque, qui a men&eacute; &agrave; cette mystification, et que c&rsquo;est seulement en s&rsquo;appuyant sur l&rsquo;ensemble des sources disponibles sur le sujet (registres des recettes, lettres priv&eacute;es) que l&rsquo;on peut d&eacute;monter cette mystification et d&eacute;voiler une r&eacute;alit&eacute; diff&eacute;rente. <b>Francis Kay </b>&ndash; <i>Les </i>realia<i>&nbsp;ou comment nommer l&rsquo;en de&ccedil;&agrave; des sources&nbsp;?</i> &ndash; r&eacute;fl&eacute;chit &agrave; propos de la notion de <i>realia</i>, de leur diff&eacute;rence par rapport aux sources et de leur importance dans le processus de cr&eacute;ation d&rsquo;un texte. Lors de l&rsquo;interpr&eacute;tation d&rsquo;un texte, le chercheur doit tenir compte de ces <i>realia</i>. Pour ce faire, l&rsquo;auteur met en relation des textes du XIX<sup>e</sup> si&egrave;cle parisien avec le contexte o&ugrave; ils ont &eacute;t&eacute; produits et, en particulier, avec le monde des chiffonniers et des caf&eacute;s. La r&eacute;flexion de <b>Virginie Lecorchey</b>, dans l&rsquo;&eacute;tude <i>Le statut de la &laquo;&nbsp;biographie&nbsp;&raquo; et le traitement des documents historiques comme &eacute;l&eacute;ments de transmission</i>, s&rsquo;ancre sur la posture adopt&eacute;e par un historien/&eacute;crivain tel que Stephan Zweig lors de la reconstruction de la biographie de personnages ayant r&eacute;ellement v&eacute;cu pour en faire les protagonistes/h&eacute;ros de son ouvrage. L&rsquo;approche et la r&eacute;ception de la part du lecteur doivent toujours &ecirc;tre remis en cause. Pour ce faire, l&rsquo;autrice analyse la mani&egrave;re de se r&eacute;f&eacute;rer aux sources de Zweig en tant que biographe. <b>Teresa&nbsp;Malinowski </b>axe sa recherche &ndash; <i>Lectures et interpr&eacute;tations de la litt&eacute;rature de voyage : l&rsquo;exemple des r&eacute;cits de voyage en Pologne-Lituanie des XVII</i><i><sup>e</sup></i><i>-XVIII</i><i><sup>e</sup></i><i> si&egrave;cles</i> &ndash; sur les r&eacute;cits de voyage &ndash; notamment les r&eacute;cits des voyages en R&eacute;publique de Pologne par des Fran&ccedil;ais aux XVII<sup>e</sup> et XVIII<sup>e</sup> si&egrave;cles &ndash; abord&eacute;s comme sources historiques, compte tenu des facteurs qui les ont influenc&eacute;s (guides pr&eacute;c&eacute;dents, fascination de l&rsquo;exotique, etc.). En parall&egrave;le, elle reconna&icirc;t l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de ces r&eacute;cits pour la reconstruction des repr&eacute;sentations en tant que telles, ainsi qu&rsquo;en tant qu&rsquo;&eacute;manation du pays et de la p&eacute;riode qui les ont produits.</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <h3 style="text-align: justify;"><b>3) Adaptation, d&eacute;figuration, perception</b></h3> <p style="text-align: justify;">Un document sert d&rsquo;information ou de preuve. D&rsquo;un point de vue juridique, il est un instrument qui permet de formuler un jugement sur l&rsquo;existence d&rsquo;un fait ou d&rsquo;un acte, parfois sous r&eacute;serve de satisfaire certaines dispositions impos&eacute;es par la loi, comme c&rsquo;est le cas d&rsquo;un &eacute;crit <i>ad validitatem</i>. Cela semblerait fournir une certaine certitude et pourtant, comme Jacques Le Goff le rappelle,</p> <blockquote> <p style="text-align: justify;">le document n&rsquo;est pas innocent. Il est avant tout le r&eacute;sultat d&rsquo;un montage, conscient ou inconscient, de l&rsquo;histoire, de l&rsquo;&eacute;poque, de la soci&eacute;t&eacute; qui l&rsquo;ont produit, mais il l&rsquo;est &eacute;galement des &eacute;poques successives pendant lesquelles il a continu&eacute; &agrave; vivre, peut-&ecirc;tre oubli&eacute;, pendant lesquelles il a continu&eacute; &agrave; &ecirc;tre manipul&eacute;, si ce n&rsquo;est par le silence. Le document est ce qui reste, ce qui dure, et le t&eacute;moin, l&rsquo;enseignement (pour &eacute;voquer son &eacute;tymologie) qu&rsquo;il apporte doivent &ecirc;tre analys&eacute;s en premier lieu pour d&eacute;mythifier sa signification apparente (Le Goff, 1988, p. 63).</p> </blockquote> <p style="text-align: justify;">Souvent un document qui dort entre deux &eacute;poques, comme plaqu&eacute; entre deux horizons, entre deux mondes s&eacute;par&eacute;s par des archives, une biblioth&egrave;que ou une couche stratigraphique, entour&eacute; par un silence qui essaie d&rsquo;&ecirc;tre entendu, comme les silences entre les notes d&rsquo;une partition, n&eacute;cessaires aussi bien pour la musique que pour son interpr&eacute;tation, ne nous pose pas le probl&egrave;me de son authenticit&eacute; mais de la v&eacute;rit&eacute; qu&rsquo;il v&eacute;hicule, tout comme Le Goff l&rsquo;affirme.</p> <p style="text-align: justify;">Il existe de nombreux incidents susceptibles d&rsquo;affecter, intentionnellement ou non, les documents, tels que des manipulations ou des adaptations visant &agrave; donner une certaine vision des faits utile aux fins de l&rsquo;auteur ou des r&eacute;cepteurs, ou bien des modifications dues &agrave; des traductions ult&eacute;rieures. Dans son article <i>Ang&eacute;lique de Saint-Jean (1624-1684) : forger la m&eacute;moire de Port-Royal, montages et strat&eacute;gies d&rsquo;&eacute;criture</i>, <b>Sabria Chebli </b>se penche sur la figure de la religieuse jans&eacute;niste de Port-Royal Ang&eacute;lique de Saint-Jean Arnauld d&rsquo;Andilly et nous offre un exemple clair de manipulation des sources &agrave; des fins utilitaristes. En effet, par divers moyens tels que, par exemple, la destruction de quelques documents qui &eacute;taient encore disponibles de son &eacute;poque, la m&egrave;re Ang&eacute;lique essaie de construire le mythe d&rsquo;un Port-Royal jans&eacute;niste, apr&egrave;s la r&eacute;forme promue par sa tante, la m&egrave;re Ang&eacute;lique Arnauld (1591-1661), qu&rsquo;elle essaie &eacute;galement de faire canoniser. Contemporaine d&rsquo;Ang&eacute;lique de Saint-Jean est la carm&eacute;lite Louise de J&eacute;sus, religieuse &agrave; laquelle <b>Sandra Carabin</b> consacre l&rsquo;&eacute;tude <i>Une carm&eacute;lite &laquo; &agrave; demi-mots &raquo; : Louise de J&eacute;sus (1569-1628), de l&rsquo;autobiophonie aux </i>Fondations<i>, une &eacute;criture transfigur&eacute;e ? </i>Par l&rsquo;analyse du r&eacute;cit que Louise fait de son voyage en Espagne, de la <i>Vie de la v&eacute;n&eacute;rable M&egrave;re Louise de J&eacute;sus</i> par la s&oelig;ur Th&eacute;r&egrave;se de J&eacute;sus B&eacute;reur et de l&rsquo;abr&eacute;g&eacute; de vie inclus dans les <i>Fondations des carm&eacute;lites r&eacute;form&eacute;es de France</i>, l&rsquo;autrice montre que le r&eacute;cit de la biographie de la carm&eacute;lite a &eacute;t&eacute; adapt&eacute; en fonction des objectifs &agrave; atteindre&nbsp;: &eacute;difier ou construire une histoire de l&rsquo;ordre.</p> <p style="text-align: justify;">Il s&rsquo;ensuit que le chercheur doit int&eacute;grer dans son raisonnement de tels &eacute;v&eacute;nements et il est primordial qu&rsquo;il soit conscient de ces al&eacute;as pour &eacute;viter toute sorte d&rsquo;erreurs lorsqu&rsquo;il interpr&egrave;te les sources et lorsqu&rsquo;il reconstruit une r&eacute;alit&eacute; &agrave; partir de traces multiples. Mais il peut &eacute;galement arriver que des erreurs se produisent &agrave; l&rsquo;un des moments de la transmission et de la r&eacute;ception des sources et qu&rsquo;elles se r&eacute;percutent ensuite sur les documents qui en d&eacute;rivent&nbsp;: &laquo;&nbsp;L&rsquo;erreur presque toujours est orient&eacute;e d&rsquo;avance&hellip;elle ne prend vie qu&rsquo;&agrave; la condition de s&rsquo;accorder avec les partis pris de l&rsquo;opinion commune&nbsp;; elle devient alors [comme] le miroir o&ugrave; la conscience collective contemple ses propres traits &raquo;, nous dit M.&nbsp;Bloch (M.&nbsp;Bloch, 1993,<i>&nbsp;</i>p.136-137). La contribution de <b>Flavio Paredes Cruz</b>, <i>Des sources aux cases. Des repr&eacute;sentations des cultures autochtones de l&rsquo;Am&eacute;rique latine dans la BD europ&eacute;enne</i>, &eacute;tudie quelle image des cultures am&eacute;rindiennes v&eacute;hicule le neuvi&egrave;me art. Il en ressort que, malgr&eacute; la pr&eacute;occupation documentaire des auteurs, ce sont les imaginaires pr&eacute;construits, o&ugrave; l&rsquo;exotisme et l&rsquo;aventure jouent un r&ocirc;le de premier plan, qui l&rsquo;emportent et qui contribuent ainsi &agrave; la d&eacute;formation de la r&eacute;alit&eacute; d&eacute;crite. Le genre de la BD fait &eacute;galement l&rsquo;objet de l&rsquo;article <i>Le Souvenir s&rsquo;en va-t&rsquo;en guerre, Transmissions &amp; Repr&eacute;sentations du soldat de 14-18 par le 9</i><i><sup>&egrave;me</sup></i><i> Art</i> par <b>Brice Douffet, Val&eacute;rie Haas </b>et<b> Nikos Kalampalikis</b>. Les auteurs &eacute;tudient 84 bandes dessin&eacute;es afin de comprendre, plus de cent ans apr&egrave;s le conflit, quelle image du soldat de la Premi&egrave;re Guerre mondiale est transmise par l&rsquo;ensemble de ce corpus&nbsp;(ils s&rsquo;int&eacute;ressent &eacute;galement aux repr&eacute;sentations sociales qui pourraient en d&eacute;couler chez un public d&rsquo;adolescents de la ville de Reims, d&eacute;j&agrave; sensibilis&eacute;s sur le sujet). S&rsquo;il ne faut pas lire les sources avec le &laquo;&nbsp;virus du moment&nbsp;&raquo;, il est &eacute;galement vrai que la lecture des sources est influenc&eacute;e par la sensibilit&eacute; des lecteurs, qui change d&rsquo;une &eacute;poque &agrave; l&rsquo;autre.</p> <p style="text-align: justify;">La premi&egrave;re guerre mondiale a &eacute;galement &eacute;t&eacute; au c&oelig;ur de l&rsquo;exposition <i>Regards crois&eacute;s de deux m&eacute;decins narbonnais pendant la Premi&egrave;re guerre mondiale</i>, con&ccedil;ue par la M&eacute;diath&egrave;que du Grand Narbonne avec la collaboration d&rsquo;une doctorante de l&rsquo;UPVM, <b>Fr&eacute;d&eacute;rique Tudoret-Puech</b>, qu&rsquo;elle a &eacute;galement pr&eacute;sent&eacute;e aux intervenants au colloque <i>Scripta manent</i>. R&eacute;alis&eacute;e dans le cadre des comm&eacute;morations du Centenaire 14-18, l&rsquo;exposition mettait en lumi&egrave;re deux fonds d&rsquo;archives priv&eacute;s, l&eacute;gu&eacute;s &agrave; la Ville par les descendants des Docteurs Albarel et Pigassou.&nbsp;Ces <i>regards crois&eacute;s </i>apportent un t&eacute;moignage exceptionnel et compl&eacute;mentaire sur le Front d&rsquo;Orient m&eacute;connu et souvent oubli&eacute;<sup><a href="#n6n" name="n6t">6</a></sup>.</p> <p style="text-align: justify;">Les deux journ&eacute;es du colloque <i>Scripta manent </i>ont &eacute;t&eacute;, comme disait Walter Benjamin (1997,&nbsp;p.433-434), &laquo;&nbsp;un rendez-vous myst&eacute;rieux entre les g&eacute;n&eacute;rations d&eacute;funtes et celles dont nous faisons partie nous-m&ecirc;mes&nbsp;&raquo; et nous ont permis d&rsquo;aborder, depuis des perspectives diff&eacute;rentes, <i>la</i> <i>question de la transmission</i> de <i>sources, traces et t&eacute;moignages</i> et du dialogue avec eux. Nous esp&eacute;rons que les pages qui suivent pourront aider les lecteurs &agrave; &laquo;&nbsp;r&eacute;&eacute;couter ces voix qui nous rapprochent d&rsquo;univers lointains (&hellip;), de peuples (&hellip;) ternes, mais [qui], comme des &eacute;toiles &eacute;teintes, continuent d&rsquo;envoyer leur message de lumi&egrave;re&nbsp;&raquo;<sup><a href="#n7n" name="n7t">7</a>&nbsp;</sup>(Semerano, &nbsp;2011). Bonne lecture&nbsp;!</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;"><span style="color:#95a5a6;">_________________________________________________________________________________________________________________________________</span></p> <h3><strong>Bibliographie</strong></h3> <ul> <li>Benjamin, W.&nbsp;(1997).&nbsp;<i>&Eacute;crits fran&ccedil;ais</i>. Paris :&nbsp;Gallimard.</li> <li style="text-align: justify;">Bind&eacute;, J. (2020, 24 d&eacute;cembre).&nbsp;&ldquo;Les Jeunes&rdquo; et &ldquo;Les Vieilles&rdquo; de Goya : les myst&egrave;res d&rsquo;un duo grin&ccedil;ant.&nbsp;<i>BeauxArts</i>, disponible en ligne sur <a href="http://www.beauxarts.com/non-classe/les-jeunes-et-les-vieilles-de-goya-les-mysteres-dun-duo-grincant/">https://www.beauxarts.com/non-classe/les-jeunes-et-les-vieilles-de-goya-les-mysteres-dun-duo-grincant/</a>&nbsp;(consult&eacute; le 28 d&eacute;cembre 2020).</li> <li style="text-align: justify;">Bloch, M.&nbsp;(1993).&nbsp;<i>Apologie de l&rsquo;histoire ou M&eacute;tier d&rsquo;historien</i>. Paris :&nbsp;Armand Colin.&nbsp;</li> <li style="text-align: justify;">Boudon-Millot, V. (2008).&nbsp;Un trait&eacute; perdu de Galien miraculeusement retrouv&eacute;, le <i>Sur l</i><i>&rsquo;</i><i>inutilit&eacute; de se chagriner</i> : texte grec et traduction fran&ccedil;aise.&nbsp;<b>&nbsp;</b>In :<b> </b>Boudon-Millot, V.,&nbsp;Guardasole, A., Magdelaine, C. (dir.).&nbsp;<i>La science m&eacute;dicale antique : nouveaux regards : &eacute;tudes r&eacute;unies en l</i><i>&rsquo;</i><i>honneur de Jacques Jouanna</i>. Paris, Beauchesne, 73-123.&nbsp;</li> <li>Carr, E.&nbsp;H.&nbsp;(1966).&nbsp;<i>Sei lezioni sulla storia</i>. Torino :&nbsp;Einaudi.</li> <li>Chabod, F.&nbsp;&nbsp;(2006 [1969]).&nbsp;<i>Lezioni di metodo storico</i>. Roma-Bari :&nbsp;Laterza.</li> <li>De Guardia, J.,&nbsp;Parmentier, M. (2009). Les yeux du th&eacute;&acirc;tre. Pour une th&eacute;orie de la lecture du texte dramatique.&nbsp;<i>Po&eacute;tique</i>, vol.158, no.2,&nbsp;131-147.</li> <li>Dupouy, J.-M. (1996).&nbsp;Les rayons X et l&rsquo;&eacute;tude des &oelig;uvres d&rsquo;art.&nbsp;<i>Journal de Physique IV Proceedings. EDP Sciences</i>, no.6, 791-808.</li> <li style="text-align: justify;">Exposition <em>La grande guerre sur le front d&#39;Orient &agrave; travers les regards crois&eacute;s de deux m&eacute;decins Narbonnais&nbsp;</em>:<em>&nbsp;</em><a href="http://www.univ-montp3.fr/fr/communiques/la-grande-guerre-sur-le-front-dorient-à-travers-les-regards-croisés-de-deux">https://www.univ-montp3.fr/fr/communiques/la-grande-guerre-sur-le-front-dorient-&agrave;-travers-les-regards-crois&eacute;s-de-deux</a>&nbsp;(consult&eacute;&nbsp;le 29 d&eacute;cembre 2020).</li> <li style="text-align: justify;">Exposition <em>Regards crois&eacute;s de deux m&eacute;decins Narbonnais pendant la premi&egrave;re guerre mondiale&nbsp;</em>:<em>&nbsp;</em><a href="http://issuu.com/lamediathequedugrandnarbonne/docs/exposition_patrimonial_2016">https://issuu.com/lamediathequedugrandnarb onne/docs/exposition_patrimonial_2016</a>&nbsp;(consult&eacute;&nbsp;le 29 d&eacute;cembre 2020).</li> <li>Le Goff, J. (1988).&nbsp;<i>La Nouvelle histoire</i>. Paris :&nbsp;&Eacute;ditions Complexe.</li> <li style="text-align: justify;">Le Moigne, J.-L. (2012).&nbsp;Les hypoth&egrave;ses fondatrices des &eacute;pist&eacute;mologies constructivistes.&nbsp;<i>Les &eacute;pist&eacute;mologies constructivistes</i>. Paris : Presses Universitaires de France, 67-90<i>.</i></li> <li style="text-align: justify;">Meldolesi, C. (1989).&nbsp;L&rsquo;attore, le sue fonti e i suoi orizzonti.&nbsp;<i>Teatro e storia : orientamenti per una rifondazione degli studi teatrali</i>, A.4,&nbsp;&nbsp;no.7, 199-214.</li> <li>Moli&egrave;re (1971). <i>&OElig;uvres Compl&egrave;tes</i>, t.<i> </i>2.&nbsp;Paris :&nbsp;Gallimard, &laquo; Biblioth&egrave;que de la Pl&eacute;iade&nbsp;&raquo;.</li> <li>Ovide (1930).&nbsp;<em>M&eacute;tamorphoses</em>, tome III,&nbsp;<em>Livres XI-XV</em>, &eacute;dit&eacute;s et traduits&nbsp;par&nbsp;Le Bonniec, H., Lafaye, G.&nbsp;Paris : Les Belles Lettres.</li> <li>Palimpseste&nbsp;d&#39;Archim&egrave;de :&nbsp;<a href="http://archimedespalimpsest.org">http://archimedespalimpsest.org</a> (consult&eacute; le 27 d&eacute;cembre 2020).</li> <li style="text-align: justify;">Reynolds, L.&nbsp;D.,&nbsp;Wilson, N.&nbsp;G. (1991&nbsp;[1968]).&nbsp;<i>Scribes and Scholars. A Guide to the Transmission of Greek en Latin Literature</i>. Oxford :&nbsp;Clarendon Press.</li> <li style="text-align: justify;">Richard, J.-P. (2019).&nbsp;<i>Shakespeare pornographe : un th&eacute;&acirc;tre &agrave; double fond</i>. Paris :&nbsp;&Eacute;ditions Rue d&rsquo;Ulm.</li> <li style="text-align: justify;">Semerano, G. (2011, 17 mai).&nbsp;Le parole dell&rsquo;origine. Pi&ugrave; tenaci delle pietre [entrevue radiophonique]. In <i>Uomini e profeti&nbsp;</i>de G. Caramore, disponible&nbsp;au lien suivant&nbsp;: <a href="http://www.musil.it/incontri/Semerano/audio/Semerano_01.mp3">http://www.musil.it/incontri/Semerano/audio/Semerano_01.mp3</a> (consult&eacute; le 27 d&eacute;cembre 2020).</li> <li style="text-align: justify;">Strehler, G. (1997).&nbsp;Goldoni ed il Teatro.&nbsp;<i>Quaderns d&rsquo;Itali&agrave;</i>, no.2,&nbsp;39-46, disponible sur <a href="http://ddd.uab.cat/pub/qdi/11359730n2/11359730n2p39.pdf">https://ddd.uab.cat/pub/qdi/11359730n2/11359730n2p39.pdf</a>.</li> <li style="text-align: justify;">Russo, L. (1997 [1996]). <i>La rivoluzione dimenticata. Il pensiero scientifico greco e la scienza moderna</i>. Milano :&nbsp;Feltrinelli.</li> <li style="text-align: justify;">Ubersfeld, A. (1977).&nbsp;<i>Lire le th&eacute;&acirc;tre.&nbsp;</i>Paris :&nbsp;&Eacute;ditions sociales.</li> </ul> <h3 style="text-align: justify;">&nbsp;</h3> <h3 style="text-align: justify;"><strong>Notes</strong></h3> <p><sup><a href="#n1t" name="n1n">1</a></sup> Sur le caract&egrave;re purement pratique de telles distinctions, cf. Chabod (2006, p.54-60).</p> <p><sup><a href="#n2t" name="n2n">2</a></sup>&nbsp;&laquo;&nbsp;First major bottle-neck through which classical literature had to pass&nbsp;&raquo;&nbsp;(nous traduisons).</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#n3t" name="n3n">3</a></sup>&nbsp;&laquo;&nbsp;Due sembrano i criteri di scelta seguiti dai Bizantini e dagli Arabi che ce ne hanno conservate alcune. Innanzitutto quello di privilegiare gli autori di et&agrave; imperiale, le cui opere sono in genere metodologicamente inferiori ma pi&ugrave; facilmente utilizzabili. Tra le opere dei singoli autori si sono preferite poi in genere quelle pi&ugrave; accessibili e spesso solo le loro parti iniziali&nbsp;&raquo;&nbsp;(nous traduisons).</p> <p><sup><a href="#n4t" name="n4n">4</a></sup>&nbsp;Pour davantage de d&eacute;tails sur ce sujet, voir <a href="http://archimedespalimpsest.org">http://archimedespalimpsest.org</a> (consult&eacute; le 27 d&eacute;cembre 2020).</p> <p><sup><a href="#n5t" name="n5n">5</a></sup> &laquo; [...]&nbsp;una specie di racconto, un racconto molto vero e molto inventato, dove non si sa mai se le cose siano andate proprio cos&igrave; come io le ho pensate, se siano storicamente e biograficamente esatte o si tratti semplicemente delle parafrasi, oppure dei pensieri. Penso che la biografia di un uomo d&rsquo;arte si possa fare, non soltanto, per&ograve;, attraverso la verit&agrave; delle cose, quelle ineluttabili, ma anche con un atto d&rsquo;amore e di invenzione&nbsp;&raquo;&nbsp;(nous traduisons).</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#n6t" name="n6n">6</a></sup> Pour davantage de d&eacute;tails, voir la pr&eacute;sentation des exprositions&nbsp;<em>La grande guerre sur le front d&#39;Orient &agrave; travers les regards crois&eacute;s de deux m&eacute;decins Narbonnais&nbsp;</em>(<a href="http://www.univ-montp3.fr/fr/communiques/la-grande-guerre-sur-le-front-dorient-à-travers-les-regards-croisés-de-deux">https://www.univ-montp3.fr/fr/communiques/la-grande-guerre-sur-le-front-dorient-&agrave;-travers-les-regards-crois&eacute;s-de-deux</a>,&nbsp;consult&eacute;&nbsp;le 29 d&eacute;cembre 2020) et&nbsp;<em>Regards crois&eacute;s de deux m&eacute;decins Narbonnais pendant la premi&egrave;re guerre mondiale </em>(<a href="http://issuu.com/lamediathequedugrandnarbonne/docs/exposition_patrimonial_2016">https://issuu.com/lamediathequedugrandnarbonne/docs/exposition _patrimonial_2016</a>,&nbsp;consult&eacute;s le 29 d&eacute;cembre 2020).</p> <p style="text-align: justify;"><sup><a href="#n7t" name="n7n">7</a></sup>&nbsp;&laquo;&nbsp;Riascoltare quelle voci che ci fanno partecipi di lontani universi (&hellip;) di popoli (&hellip;) spenti, ma [che], come astri spenti, continuano a mandare il loro messaggio di luce&nbsp;&raquo; (nous traduisons).</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;</p> <ul> </ul> <h3><strong><sup><a href="#n*t" name="n*n">*</a></sup>Biographie</strong></h3> <p>Sara Maddalena est ATER en &Eacute;tudes Th&eacute;&acirc;trales &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry de Montpellier et&nbsp;Doctorante en Arts - sp&eacute;cialit&eacute; &Eacute;tudes th&eacute;&acirc;trales et spectacle vivant &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry de&nbsp;Montpellier, en cotutelle avec l&rsquo;Universit&eacute; de Padoue, doctorat en Histoire, critique et conservation des biens culturels.</p> <h3>&nbsp;</h3> <h3><strong><sup><a href="#n**t" name="n**n">**</a></sup>Biographie</strong></h3> <p style="text-align: justify;">Caterina Manco est&nbsp;Docteur de l&rsquo;Universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry Montpellier 3 (&Eacute;tudes grecques) et de l&rsquo;Universit&eacute; de Bologne (Philosophy, Science, Cognition, and Semiotics). Ses recherches portent sur la litt&eacute;rature grecque et, en particulier, sur les textes m&eacute;dicaux, sur l&rsquo;histoire du texte du trait&eacute; des&nbsp;<em>Simples</em>&nbsp;de Galien et sur sa r&eacute;ception.&nbsp;</p>