<h2>Introduction</h2> <p style="text-align:justify">Le CARAP (<a href="http://carap.ecml.at/">http://carap.ecml.at/</a>) fait partie des &eacute;l&eacute;ments didactiques qui s&#39;inscrivent dans la lign&eacute;e du CECR. Il &eacute;mane d&#39;un projet soutenu par le CELV de Graz (Conseil de l&#39;Europe) et se r&eacute;f&egrave;re de mani&egrave;re constante au CECR.</p> <p style="text-align:justify">Le CARAP joue un r&ocirc;le particulier, qui lui vaut d&#39;&ecirc;tre analys&eacute; ici. Son ambition est d&#39;&ecirc;tre en quelque sorte l&#39;aboutissement du CECR en mati&egrave;re de didactique du plurilinguisme.</p> <p style="text-align:justify">En effet, le CECR, on l&#39;a montr&eacute; (Maurer, 2011), ne s&#39;inscrit pas dans l&#39;optique de l&#39;enseignement de langues de mani&egrave;re s&eacute;par&eacute;es mais vise bien &agrave; la construction a priori de comp&eacute;tences plurilingues (et non &agrave; un plurilinguisme r&eacute;sultant <em>a posteriori</em> de l&#39;apprentissage de diff&eacute;rentes langues). Mais l&#39;essentiel de son effort, parce qu&#39;il vise avant tout &agrave; la mise en place de certifications (lesquelles se font,&nbsp;pour des raisons bien compr&eacute;hensibles de march&eacute; de la certification, dans une langue, pas sur quelque hypoth&eacute;tique comp&eacute;tence plurilingue), ignore la construction de descripteurs qui r&eacute;aliseraient, concr&eacute;tiseraient cette optique plurilingue tr&egrave;s particuli&egrave;re. Le constat est du reste fait par un des universitaires qui conna&icirc;t le mieux le CECR, Daniel Coste.</p> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;C&#39;est d&rsquo;une certaine mani&egrave;re pour pallier ce manque que les auteurs du CARAP ont travaill&eacute; dans le m&ecirc;me esprit que les auteurs du CECR, en produisant &agrave; leur tour un &laquo;&nbsp;cadre de r&eacute;f&eacute;rence&nbsp;&raquo; dont le c&oelig;ur est &eacute;galement un &quot;R&eacute;f&eacute;rentiel de comp&eacute;tences et ressources&quot;, qui &quot;peuvent &ecirc;tre d&eacute;velopp&eacute;es par les approches plurielles&quot;.&nbsp;&raquo;</p> <p style="text-align:justify">Si l&#39;on veut reprendre une m&eacute;taphore spatiale devenue commune, le CECR serait le premier &eacute;tage de la fus&eacute;e &laquo;&nbsp;didactique du plurilinguisme&nbsp;&raquo;, le CARAP en serait le second, port&eacute; par le premier et destin&eacute; &agrave; &ecirc;tre mis en orbite.</p> <p style="text-align:justify">Il importe donc d&#39;analyser la composition de ce document, son ambition et sa port&eacute;e, sa conception &eacute;galement, pour en appr&eacute;cier didactiquement l&#39;int&eacute;r&ecirc;t. Cet examen sera sous-tendu par deux interrogations&nbsp;:</p> <ul> <li style="text-align:justify">est-il possible de construire a priori des comp&eacute;tences plurilingues dans le cadre d&#39;une politique des langues (on ne peut plus r&eacute;ellement parler ici d&#39;enseignement des langues car il s&#39;agit d&#39;autre chose, d&#39;&eacute;ducation aux langues, voire de sensibilisation &agrave; des dimensions sociolinguistiques, identitaires des langues...) ? En d&#39;autres termes, l&#39;examen du CARAP devrait achever de nous convaincre du bien-fond&eacute; (ou de l&#39;impasse&nbsp;?) de la didactique du plurilinguisme telle qu&#39;elle est promue par le CECR et le Conseil de l&#39;Europe ?</li> <li>la construction de cadres de r&eacute;f&eacute;rence est-elle int&eacute;ressante, pertinente, pour orienter l&#39;enseignement des langues ?</li> </ul> <h2 style="text-align:justify">1. Le CARAP et les langues&nbsp;: peut-on toujours parler d&#39;enseignement des langues&nbsp;?</h2> <h3 style="text-align:justify">1.1. Pr&eacute;sentation du CARAP</h3> <p style="text-align:justify">Pour pr&eacute;senter rapidement le CARAP, on peut dire qu&#39;il s&#39;agit d&#39;un travail de synth&egrave;se qui cherche &agrave; mettre &agrave; la disposition de la communaut&eacute; &eacute;ducative un r&eacute;f&eacute;rentiel de comp&eacute;tences et de ressources concernant ce que nous appellerons du terme le plus large possible des &laquo;&nbsp;attitudes&nbsp;&raquo; face aux langues, aux cultures, &agrave; l&#39;apprentissage des langues. Le CARAP est con&ccedil;u comme une tentative de mise en coh&eacute;rence de quatre courants didactiques qui ne visent pas directement &agrave; l&#39;enseignement proprement dit de langues particuli&egrave;res (mis &agrave; part peut-&ecirc;tre la didactique int&eacute;gr&eacute;e)&nbsp;:</p> <ul> <li>&eacute;veil aux langues&nbsp;;</li> <li>intercompr&eacute;hension des langues parentes&nbsp;;</li> <li>didactique int&eacute;gr&eacute;e des langues apprises&nbsp;;</li> <li>approche interculturelle.</li> </ul> <p style="text-align:justify">Ces quatre courants se sont d&eacute;velopp&eacute;s de mani&egrave;re s&eacute;par&eacute;e, ayant en commun le souci de travailler &agrave; la mise en relation de plusieurs univers linguistiques dans le cadre de la classe.</p> <p style="text-align:justify">Le CARAP s&#39;est construit sur l&#39;analyse des diff&eacute;rentes comp&eacute;tences que visaient &agrave; travailler ces courants, &agrave; partir des travaux et publications de chacun pour en tirer en quelque sorte la substantifique moelle, les &eacute;l&eacute;ments communs ou pouvant &ecirc;tre mutualis&eacute;s.</p> <p style="text-align:justify">Il est constitu&eacute;, &agrave; la mani&egrave;re du CECR, d&#39;un r&eacute;f&eacute;rentiel de comp&eacute;tences (et ressources)&nbsp;; en ligne, le site du CARAP propose en outre des exemples de s&eacute;ances pouvant &ecirc;tre men&eacute;es et des outils de formation &agrave; son utilisation.</p> <p style="text-align:justify">Nous concentrerons notre &eacute;tude sur le document principal, <em>CARAP</em>, <em>Un Cadre de R&eacute;f&eacute;rence pour les Approches Plurielles des Langues et des Cultures</em>. <em>Comp&eacute;tences et ressources</em>, que l&#39;on trouve sur le site <a href="http://carap.ecml.at/">http://carap.ecml.at</a>. Il sera &eacute;clair&eacute; de deux autres documents disponibles sur le m&ecirc;me site.</p> <h3>1.2. Le CARAP, un r&eacute;f&eacute;rentiel de comp&eacute;tences aux proportions d&eacute;mesur&eacute;es</h3> <p>Au niveau le plus g&eacute;n&eacute;ral, le CARAP pr&eacute;sente deux grands ensembles de comp&eacute;tences, appel&eacute;es &laquo;&nbsp;zones de comp&eacute;tences&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <ol> <li>la comp&eacute;tence &agrave; g&eacute;rer la communication linguistique et culturelle en contexte d&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; ;</li> <li>la comp&eacute;tence de construction et d&rsquo;&eacute;largissement d&rsquo;un r&eacute;pertoire linguistique et culturel pluriel.</li> </ol> <p>Un tableau du CARAP fournit la liste des comp&eacute;tences que l&#39;on peut qualifier de deuxi&egrave;me niveau, qui d&eacute;clinent ces comp&eacute;tences de premier niveau, et o&ugrave; l&#39;on voit que pas moins de cinq ensembles de comp&eacute;tences (de C3 &agrave; C7) sont communs aux deux zones&nbsp;:</p> <p><img alt="" src="/img/6/images/70-graph01.png" style="display:block; height:485px; margin-left:auto; margin-right:auto; width:510px" /></p> <p style="text-align:justify">En observant les d&eacute;nominations de ces comp&eacute;tences, sur pas moins de sept domaines, on remarque la pr&eacute;valence de comp&eacute;tences comportementales g&eacute;n&eacute;rales, que l&#39;on nomme d&#39;ordinaire des savoir-&ecirc;tre. Il appara&icirc;t ainsi que les approches plurielles, et avec elles la didactique du plurilinguisme, ne visent pas le d&eacute;veloppement de comp&eacute;tences linguistiques, au sens classique du terme en didactique des langues, mais des comp&eacute;tences de gestion de la communication interculturelle et des comp&eacute;tences m&eacute;tacommunicatives et m&eacute;tacognitives.</p> <p style="text-align:justify">Ensuite, la formulation de ces comp&eacute;tences marque clairement l&#39;influence de certaines disciplines scientifiques sur la question de l&#39;enseignement des langues. Si dans les ann&eacute;es 60 et 70, la r&eacute;f&eacute;rence &eacute;tait &agrave; chercher du c&ocirc;t&eacute; de la linguistique, notamment structurale, le centre de gravit&eacute; s&#39;est clairement d&eacute;plac&eacute; du c&ocirc;t&eacute; des sciences de la communication, de la sociolinguistique, de l&#39;interculturalit&eacute;, du m&eacute;tacognitif. Les savoirs de r&eacute;f&eacute;rence ne sont plus du tout ceux qui s&#39;attachaient &agrave; d&eacute;crire les langues, mais ceux qui servent &agrave; analyser la communication (inter-)culturelle.</p> <p>Ces comp&eacute;tences sont d&eacute;clin&eacute;es ensuite en trois ensembles de &laquo;&nbsp; ressources&nbsp;&raquo; &nbsp;:</p> <ul> <li>savoir&nbsp;;</li> <li>savoir-&ecirc;tre ;</li> <li>savoir faire.</li> </ul> <p style="text-align:justify">Ces &laquo;&nbsp;ressources&nbsp;&raquo; sont pr&eacute;sent&eacute;es sous forme de listes de descripteurs. Les descripteurs C1 concernent les savoirs sur les langues et les cultures&nbsp;: ils sont au nombre de 211&nbsp;; puis vient la cat&eacute;gorie C2 &ndash; les savoir-&ecirc;tre &ndash; qui compte 169 ressources et la C3, celle des savoir-faire, avec 153 ressources, etc.&nbsp;: au total, la passion quasi entomologiste du CARAP conduit &agrave; proposer un r&eacute;f&eacute;rentiel compos&eacute; de 7 grandes comp&eacute;tences pour lesquelles sont distingu&eacute;es pas moins de 533 ressources, diff&eacute;rentes et compl&eacute;mentaires.</p> <p>Cette pr&eacute;sentation quantitative appelle d&#39;embl&eacute;e quelques commentaires :</p> <ul> <li style="text-align:justify">sur l&#39;enseignabilit&eacute; de ces ressources&nbsp;: s&#39;il s&#39;agit de former les apprenants &agrave; l&#39;ensemble de ces &eacute;l&eacute;ments, le temps scolaire risque d&#39;&ecirc;tre satur&eacute; par les approches plurielles et l&#39;on risque de manquer un peu de temps pour les approches singuli&egrave;res, dont il est affirm&eacute; qu&#39;elles ne sauraient s&#39;effacer&nbsp;;</li> <li style="text-align:justify">sur la lisibilit&eacute; de l&#39;ensemble&nbsp;: un r&eacute;f&eacute;rentiel compos&eacute; de 533 ressources est une machinerie tr&egrave;s complexe&nbsp;; on laissera le lecteur faire son chemin dans le syst&egrave;me de r&eacute;f&eacute;rences et renvois utilis&eacute;s&nbsp;;</li> <li style="text-align:justify">sur le s&eacute;rieux de l&#39;entreprise&nbsp;: peut-on r&eacute;ellement distinguer 533 ressources (dont, rappelons-le, aucune ne concerne les comp&eacute;tences linguistiques enseign&eacute;es dans les approches singuli&egrave;res) au service de 7 comp&eacute;tences m&eacute;tacommunicatives et m&eacute;tacognitives&nbsp;? N&#39;est-on pas dans une entreprise scientiste qui r&eacute;alise des inventaires infinis, se grise de l&rsquo;affichage de sa scientificit&eacute; et qui finit par perdre de vue le r&eacute;el dans son entreprise de dissection&nbsp;?</li> </ul> <p style="text-align:justify">De fait, il ne faut pas consid&eacute;rer le CARAP comme un instrument d&rsquo;enseignement des langues. Le syntagme n&rsquo;est du reste pas utilis&eacute; par ses auteurs qui &eacute;vitent d&rsquo;employer le mot enseignement dans le nom de l&rsquo;outil et pr&eacute;f&egrave;rent parler de &laquo;&nbsp;cadre de r&eacute;f&eacute;rence pour les approches plurielles&nbsp;des langues et des cultures&nbsp;&raquo;, en utilisant soigneusement le terme &quot;approche&quot; pour &eacute;viter la r&eacute;f&eacute;rence &agrave; &quot;l&rsquo;enseignement&quot; des langues.</p> <p style="text-align:justify">En revanche, ces &laquo;&nbsp;approches plurielles&nbsp;&raquo; ont vocation &agrave; &ecirc;tre articul&eacute;es &ndash; on verra si la mani&egrave;re est pr&eacute;cis&eacute;e &ndash; aux &laquo;&nbsp;enseignements&nbsp;&raquo; traditionnels&nbsp;:</p> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Si, dans un premier temps, leurs promoteurs, pr&eacute;occup&eacute;s de d&eacute;fricher des terrains nouveaux, ont pu se &quot;contenter&quot; de suivre leur piste particuli&egrave;re (l&rsquo;une des quatre approches mentionn&eacute;es), c&rsquo;est bien l&rsquo;ensemble du champ qu&rsquo;il convient de prendre aujourd&rsquo;hui en consid&eacute;ration, y compris pour<strong> relier ce champ aux enseignements de langues particuli&egrave;res</strong> et aux autres disciplines &eacute;ducatives&nbsp;&raquo;. (CARAP, p.9)</p> <p style="text-align:justify">En r&eacute;alit&eacute;, on y reviendra, la mani&egrave;re dont les approches plurielles sont articul&eacute;es aux approches singuli&egrave;res n&#39;est pas explicit&eacute;e dans le CARAP et reste vague, en termes d&#39;importance quantitative notamment, dans les documents d&#39;accompagnement.</p> <h2 style="text-align:justify">2. Les apparences d&#39;un discours scientifique</h2> <p style="text-align:justify">De plusieurs mani&egrave;res, le CARAP cherche &agrave; donner des gages du c&ocirc;t&eacute; de la scientificit&eacute; de sa d&eacute;marche.</p> <h3>2.1. Une m&eacute;thode de travail qui a les apparences de la rigueur scientifique</h3> <p style="text-align:justify">L&#39;effort de scientificit&eacute; commence par l&rsquo;affichage de la m&eacute;thodologie de travail.</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;La d&eacute;marche retenue pour l&rsquo;&eacute;laboration du r&eacute;f&eacute;rentiel CARAP peut &ecirc;tre qualifi&eacute;e de d&eacute;marche inductive syst&eacute;matique.</p> <p style="text-align:justify">Les auteurs ont d&eacute;cid&eacute; de prendre comme point de d&eacute;part l&rsquo;analyse syst&eacute;matique du contenu d&rsquo;une centaine de publications (que nous appellerons ici publications-sources), dont on trouvera la liste ici en annexe et dont ils ont collect&eacute; les extraits d&eacute;crivant des comp&eacute;tences vis&eacute;es.</p> <p style="text-align:justify">Les publications-sources sont constitu&eacute;es principalement de travaux th&eacute;oriques et r&eacute;flexifs d&rsquo;ordre didactique ayant pour objet les approches plurielles (ouvrages de pr&eacute;sentation de ces approches, mat&eacute;riaux didactiques, rapports d&rsquo;innovation, articles portant sur certains de leurs aspects&hellip;) auxquels on a ajout&eacute; quelques <em>curricula</em> / programmes scolaires dans lesquels certaines dimensions des approches plurielles avaient d&eacute;j&agrave; pu trouver un &eacute;cho, ainsi qu&rsquo;un nombre limit&eacute; de travaux d&rsquo;orientation plus psycholinguistique ou acquisitionnelle cherchant &agrave; d&eacute;crire le fonctionnement d&rsquo;une comp&eacute;tence plurilingue et pluriculturelle en acte. Il s&rsquo;agit de publications r&eacute;dig&eacute;es majoritairement en fran&ccedil;ais (environ 60%), mais aussi en anglais (21 publications), en allemand (15 publications) et en portugais (2 publications).</p> <p style="text-align:justify">Les extraits collect&eacute;s ont &eacute;t&eacute; ins&eacute;r&eacute;s en un seul et unique tableau sous Word, de tr&egrave;s grande dimension (pr&egrave;s de 120 pages, soit environ 1800 entr&eacute;es), sur lequel diverses op&eacute;rations de regroupement (&agrave; l&rsquo;aide de la fonction &laquo; tri &raquo; de Word) puis de synth&egrave;se (et parfois d&rsquo;ajout) ont &eacute;t&eacute; effectu&eacute;es, qui ont progressivement conduit aux listes de savoirs, savoir-&ecirc;tre et savoir-faire qu&rsquo;on trouvera plus loin&nbsp;&raquo;. (CARAP, 14)</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">De quelle d&eacute;marche s&#39;agit-il&nbsp;?</p> <p style="text-align:justify">D&#39;un travail de compilation de travaux r&eacute;alis&eacute;s dans le domaine. L&#39;exercice lui-m&ecirc;me repose sur une circularit&eacute; des r&eacute;f&eacute;rences. Les auteurs du CARAP analysent et compilent des publications r&eacute;alis&eacute;s par eux-m&ecirc;mes ou par des coll&egrave;gues travaillant dans le m&ecirc;me domaine. La compilation dans un tableau ne saurait masquer les arbitraires et la subjectivit&eacute; qui pr&eacute;sident ensuite au choix des donn&eacute;es pertinentes&nbsp;: on r&eacute;alise des &laquo;&nbsp;tris&nbsp;&raquo;, des &laquo;&nbsp;synth&egrave;ses&nbsp;&raquo;, des &laquo;&nbsp;ajouts&nbsp;&raquo; sans savoir sur quelles bases... On n&#39;a ainsi jamais retenu &ndash; et donc &eacute;cart&eacute; - dans la liste des ressources les savoirs propres &agrave; la didactique int&eacute;gr&eacute;e et qui pourraient concerner des comp&eacute;tences proprement linguistiques (et non des savoirs relatifs aux langues en g&eacute;n&eacute;ral)&nbsp;: pourquoi&nbsp;? Parce que ceux-ci ne correspondaient pas &agrave; la vision tr&egrave;s particuli&egrave;re du plurilinguisme qui est celle du Conseil de l&#39;Europe.</p> <h3 style="text-align:justify">2.2. Une tentative (vaine) d&rsquo;inscription de l&rsquo;&eacute;tude des comp&eacute;tences dans la dur&eacute;e d&rsquo;un curriculum</h3> <p style="text-align:justify">La qu&ecirc;te de scientificit&eacute; est &eacute;galement pr&eacute;sente dans la n&eacute;cessit&eacute;, ressentie par les auteurs, de proposer des rep&egrave;res sur les niveaux d&rsquo;enseignement auxquels ont peut/doit travailler ces comp&eacute;tences. L&rsquo;exigence est compr&eacute;hensible&nbsp;: tout enseignement doit pouvoir &ecirc;tre rep&eacute;r&eacute; par rapport &agrave; un ou plusieurs niveaux, dans des logiques de programmation (logiques assez peu contraignantes) ou de progressions (qui supposent des apprentissages qui s&rsquo;encha&icirc;nent).</p> <p style="text-align:justify">Qu&rsquo;en est-il au juste&nbsp;?</p> <p style="text-align:justify">Le lecteur du CARAP ne trouvera aucun &eacute;l&eacute;ment lui disant ce qu&rsquo;il doit/peut commencer &agrave; travailler au pr&eacute;scolaire, au primaire ou au secondaire. Ce manque est d&eacute;j&agrave; tr&egrave;s important en ce que le &laquo;&nbsp;r&eacute;f&eacute;rentiel&nbsp;&raquo; n&#39;est donc pas un outil qui se suffit &agrave; lui-m&ecirc;me.</p> <p style="text-align:justify">Pour trouver ces indications, le lecteur doit se reporter &agrave; l&rsquo;annexe d&rsquo;un document compl&eacute;mentaire de Michel Candelier, Jean-Fran&ccedil;ois de Pietro, Raymond Facciol, Ildik&oacute; Lőrincz, Xavier Pascual, intitul&eacute; <em>Le CARAP</em> &ndash; <em>Une introduction &agrave; l&rsquo;usage,</em> qui peut &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute; comme un document d&rsquo;accompagnement, un mode d&rsquo;emploi. A la fin, se trouve une annexe compos&eacute;e de 4 tableaux, aux pages 64-65-66-67.</p> <p>Nous reproduisons ici celui de la page 64, qui est un tableau portant sur les savoirs sur les langues.</p> <p><img alt="" src="/img/6/images/70-graph02.png" style="display:block; height:760px; margin-left:auto; margin-right:auto; width:510px" /></p> <p style="text-align:justify">Quand doit-on &eacute;tudier les diff&eacute;rentes ressources&nbsp;? Et &agrave; quels niveaux&nbsp;?</p> <p style="text-align:justify">Chaque ressource &agrave; &eacute;tudier se pr&eacute;sente sous la forme d&rsquo;un trap&egrave;ze de hauteur et de longueur variables. La hauteur doit sans doute correspondre au volume d&#39;&eacute;tude, toujours croissant &agrave; mesure que les ann&eacute;es passent&nbsp;; la longueur est proportionnelle au nombre d&rsquo;ann&eacute;es pendant lesquelles il conviendrait de travailler ces ressources.</p> <p style="text-align:justify">On notera d&#39;abord que l&#39;&eacute;tude de la plupart des ressources est quasiment programm&eacute;e en m&ecirc;me temps pour se terminer &agrave; la fin du secondaire 2&hellip;. ou plut&ocirc;t ne jamais se &laquo;&nbsp;terminer&nbsp;&raquo; puisque figure la mention d&rsquo;un &laquo;&nbsp;au-del&agrave;&nbsp;&raquo; qui correspondrait dans un tableau d&rsquo;&eacute;tude de fonctions math&eacute;matiques au symbole de l&rsquo;infini. Cela signifie qu&rsquo;on n&rsquo;en a jamais fini de travailler ces questions&hellip; On sent l&agrave; l&#39;influence de l&#39;id&eacute;ologie de &laquo;&nbsp;l&#39;apprentissage tout au long de la vie&nbsp;&raquo; qui tend &agrave; s&#39;imposer partout<sup><a href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc">1</a></sup>. Voil&agrave; au passage qui est fort discutable&nbsp;: prenons n&rsquo;importe laquelle de ces ressources, K6 par exemple &laquo;&nbsp;savoir qu&rsquo;il existe des diff&eacute;rences et des ressemblances entre les langues/les vari&eacute;t&eacute;s linguistiques&nbsp;&raquo;&hellip; Ce savoir, qui correspond &agrave; une prise de conscience, n&rsquo;est-il pas acquis une fois pour toutes apr&egrave;s quelques exp&eacute;riences/contacts avec une autre langue, que ce soit dans une approche plurielle ou singuli&egrave;re&nbsp;? Il va certes s&rsquo;enrichir toujours de nouveaux exemples au fur et &agrave; mesure qu&rsquo;on &eacute;tudiera d&rsquo;autres langues, mais doit-on consid&eacute;rer que son apprentissage n&rsquo;est jamais termin&eacute;&nbsp;? Une fois que je sais que les langues sont diff&eacute;rentes et ressemblantes, je le sais&hellip; Je peux passer &agrave; autre chose, non&nbsp;? Quel sens a le fait de poursuivre ind&eacute;finiment la qu&ecirc;te de ce savoir tout au long d&rsquo;un curriculum&nbsp;? Dans le m&ecirc;me ordre d&#39;id&eacute;es, s&#39;agissant de d&eacute;velopper des attitudes par rapport aux langues, on ne voit pas pourquoi ce volume irait toujours croissant... Logiquement, on pourrait m&ecirc;me attendre le contraire&nbsp;: une fois les grandes d&eacute;couvertes faites, au moment des premiers contacts, on pourrait consid&eacute;rer que les volumes d&#39;&eacute;tudes consacr&eacute;s aux ressources baissent ou, &agrave; tout le moins qu&#39;ils se pr&eacute;sentent comme des losanges, avec un volume maximum atteint au bout de quelques ann&eacute;es d&#39;&eacute;tudes, puis une d&eacute;croissance une fois l&#39;essentiel des &eacute;l&eacute;ments install&eacute;s.</p> <p style="text-align:justify">On remarquera ensuite l&rsquo;arbitraire extr&ecirc;me, et sans aucune justification, qui conduit les auteurs &agrave; proposer le d&eacute;but de tel apprentissage en pr&eacute;-scolaire (ex&nbsp;: K2&nbsp;: Conna&icirc;tre le r&ocirc;le de la soci&eacute;t&eacute; dans le fonctionnement des langues / des langues dans le fonctionnement de la soci&eacute;t&eacute;&hellip; o&ugrave; l&rsquo;on n&rsquo;h&eacute;site pas &agrave; faire d&eacute;j&agrave; de la sociolinguistique en maternelle donc) mais &agrave; r&eacute;server pour le d&eacute;but du primaire le fait que &laquo;&nbsp;les langues sont en constante &eacute;volution&nbsp;&raquo; (K4&hellip; o&ugrave; l&rsquo;on pr&eacute;pare des linguistes diachronistes cette fois), tout en sachant qu&rsquo;entre temps on juge bon de commencer l&rsquo;apprentissage d&rsquo;un autre savoir, le K6, l&eacute;g&egrave;rement avant le K4 donc&nbsp;: &laquo;&nbsp;savoir qu&rsquo;il existe des diff&eacute;rences et des ressemblances entre les langues/les vari&eacute;t&eacute;s linguistiques&nbsp;&raquo;&hellip;</p> <p style="text-align:justify">Enfin, on notera que si les trap&egrave;zes n&rsquo;ont pas tous la m&ecirc;me forme, c&rsquo;est sans doute que dans l&rsquo;esprit des concepteurs du CARAP le volume de travail &agrave; y consacrer est sensiblement diff&eacute;rent. On aimerait savoir en quoi et pourquoi&hellip;</p> <p style="text-align:justify">On me r&eacute;torquera sans doute que je m&rsquo;amuse &agrave; chicaner, que ce ne sont l&agrave; que des indications&hellip; Le probl&egrave;me est que ces indications sont sans valeur, sans aucune justification, et qu&rsquo;&agrave; la fin du secondaire on travaille sur tout en m&ecirc;me temps... Ne rien pouvoir programmer r&eacute;ellement signifie l&rsquo;impasse th&eacute;orique m&ecirc;me d&rsquo;un r&eacute;f&eacute;rentiel incapable de penser des apprentissages en progression et qui ne remplit donc pas du tout son r&ocirc;le.</p> <p style="text-align:justify">Tout est cens&eacute; se faire en m&ecirc;me temps&nbsp;: en r&eacute;alit&eacute;, ces tableaux ne sont l&agrave; que pour jouer le r&ocirc;le de garant de scientificit&eacute;.</p> <p style="text-align:justify">Le tableau de la page 65 se pr&eacute;sente sous les m&ecirc;mes aspects, &agrave; ceci pr&egrave;s que des rectangles apparaissent myst&eacute;rieusement &agrave; la place de trap&egrave;zes (signe non &eacute;quivoque du fait que le m&ecirc;me volume d&rsquo;effort doit &ecirc;tre maintenu du d&eacute;but &agrave; la fin sur certaines ressources) et que certains trap&egrave;zes s&rsquo;interrompent bizarrement en milieu de secondaire et ne sont donc pas dignes d&rsquo;acc&eacute;der &agrave; &laquo;&nbsp;l&rsquo;au-del&agrave;&nbsp;&raquo;, celui de l&rsquo;&eacute;ducation tout au long de la vie. On se demande bien pourquoi et l&rsquo;on n&rsquo;a pas non plus de r&eacute;ponse.</p> <p style="text-align:justify"><img alt="" src="/img/6/images/70-graph03.png" style="display:block; height:757px; margin-left:auto; margin-right:auto; width:510px" /></p> <p style="text-align:justify">En comparant les deux tableaux, on s&rsquo;aper&ccedil;oit que le K7, &laquo;&nbsp;savoir comment on apprend/acquiert une langue&nbsp;&raquo; ne saurait commencer avant le primaire 2, mais que le K13 &laquo;&nbsp;savoir on comment on acquiert/apprend un culture&nbsp;&raquo; est suppos&eacute; beaucoup plus accessible puisqu&rsquo;envisageable d&egrave;s le d&eacute;but du primaire 1&hellip; La notion de culture serait-elle plus simple que la notion de langue&nbsp;? Sans doute&hellip; Et les auteurs du CARAP dissocieraient-ils &agrave; cette occasion langue et culture&nbsp;? Ce serait surprenant&hellip;</p> <p style="text-align:justify">Cette tentative impossible d&rsquo;inscription dans le temps des savoir, savoir-faire et savoir-&ecirc;tre relevant des approches plurielles montre l&rsquo;impasse dans laquelle se trouve ce r&eacute;f&eacute;rentiel. Impasse qui se retrouve dans de graves probl&egrave;mes de coh&eacute;rence interne.</p> <h2>3. Probl&egrave;mes de coh&eacute;rence</h2> <h3 style="text-align:justify">3.1. Les approches sont plurielles&hellip; mais peut-on r&eacute;ellement les rapprocher&nbsp;?</h3> <p style="text-align:justify">Les auteurs du CARAP demandent &agrave; leur lecteur de consid&eacute;rer comme un ensemble coh&eacute;rent ce qu&rsquo;ils nomment approches plurielles. Nous allons regarder de plus pr&egrave;s ce qui est ainsi rapproch&eacute;.</p> <p style="text-align:justify">Examinons pour commencer la d&eacute;finition en compr&eacute;hension de ces approches dites &laquo;&nbsp;plurielles&nbsp;&raquo;. O&ugrave; commence le &laquo;&nbsp;pluriel&nbsp;&raquo;&nbsp;?</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Nous appelons &quot;Approches plurielles des langues et des cultures&quot; des approches didactiques qui mettent en &oelig;uvre des activit&eacute;s d&rsquo;enseignement-apprentissage qui impliquent &agrave; la fois plusieurs (= plus d&rsquo;une) vari&eacute;t&eacute;s linguistiques et culturelles.<br /> Nous les opposons aux approches que l&rsquo;on pourrait appeler &quot;singuli&egrave;res&quot; dans lesquelles le seul objet d&rsquo;attention pris en compte dans la d&eacute;marche didactique est une langue ou une culture particuli&egrave;re, prise isol&eacute;ment. Ces approches singuli&egrave;res ont &eacute;t&eacute; tout particuli&egrave;rement valoris&eacute;es lorsque les m&eacute;thodes structurales puis &quot;communicatives&quot; se sont d&eacute;velopp&eacute;es et que toute traduction, tout recours &agrave; la langue premi&egrave;re &eacute;taient bannis de l&rsquo;enseignement.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Notons d&rsquo;abord que la d&eacute;finition propos&eacute;e met en jeu, &agrave; c&ocirc;t&eacute; de &laquo;&nbsp;vari&eacute;t&eacute;s linguistiques&nbsp;&raquo;, concept qui fait l&rsquo;objet d&rsquo;un relatif consensus en linguistique (on parle de vari&eacute;t&eacute;s dialectales, sociolectales, diachroniques, etc.), des r&eacute;alit&eacute;s &agrave; l&rsquo;existence beaucoup moins &eacute;vidente nomm&eacute;es &laquo;&nbsp;vari&eacute;t&eacute;s culturelles&nbsp;&raquo;, sortes de projection sur l&rsquo;axe culturel de l&rsquo;id&eacute;e de variation linguistique mais dont la d&eacute;finition, qui n&rsquo;est jamais donn&eacute;e dans le CARAP, nous para&icirc;t tr&egrave;s probl&eacute;matique. Qu&#39;est-ce donc qu&#39;une &laquo;&nbsp;vari&eacute;t&eacute; culturelle&nbsp;&raquo;&nbsp;?</p> <p style="text-align:justify">Ensuite, on remarque que la d&eacute;finition s&rsquo;appuie sur l&rsquo;id&eacute;e qu&rsquo;il y a approche plurielle d&egrave;s qu&rsquo;il y a plus d&rsquo;une vari&eacute;t&eacute; en pr&eacute;sence dans la classe. On pourrait penser que tout enseignement de langue qui utilise de quelque mani&egrave;re la langue des apprenants serait donc pluriel&hellip; Les auteurs, pour ne pas &eacute;largir ainsi leur d&eacute;finition au point de la rendre inop&eacute;rante, se servent en fait d&rsquo;une caricature des enseignements de langue structuraux puis communicatifs&nbsp;: la langue &eacute;trang&egrave;re y aurait r&eacute;gn&eacute; et y r&eacute;gnerait exclusivement, sans aucun recours &agrave; la ou aux langues premi&egrave;res des apprenants&hellip; d&rsquo;o&ugrave; le fait que tout enseignement de langue particuli&egrave;re serait dit &laquo;&nbsp;singulier&nbsp;&raquo;. Mais de quelle r&eacute;alit&eacute; didactique parle-t-on ici&nbsp;? Des classes effectives de primaire, de coll&egrave;ge, de lyc&eacute;e, de cours pour adultes dans lesquelles la langue &eacute;trang&egrave;re occupe souvent moins de place que la L1 ou d&rsquo;un id&eacute;al de classe de langue &eacute;trang&egrave;re qui n&#39;existe &agrave; peu pr&egrave;s nulle part, sans aucun recours &agrave; un mot de L1&nbsp;? Cette caricature a une utilit&eacute;&nbsp;: si l&rsquo;on voulait bien consid&eacute;rer la r&eacute;alit&eacute; des classes de langue en Europe, celles-ci rel&egrave;veraient dans leur tr&egrave;s grande majorit&eacute; de la d&eacute;finition des approches plurielles&hellip; &agrave; tel point que le concept m&ecirc;me d&rsquo;approche plurielle se viderait de son sens.</p> <p style="text-align:justify">Celui-ci est du reste &agrave; ce point si peu pertinent que les auteurs du CARAP ont recours &agrave; une contorsion pour en exclure l&rsquo;enseignement-traduction et faire na&icirc;tre (&agrave; toute force) les approches plurielles apr&egrave;s la mode de l&rsquo;enseignement structural&nbsp;: on trouve les consid&eacute;rations suivantes &agrave; la note 4 de la page 6.</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;L&#39;enseignement-traduction n&#39;est pas &quot;pluriel&quot; car il ne va pas au-del&agrave; de deux.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">On est en face de rien de moins que d&rsquo;une contradiction manifeste, absolue, exprim&eacute;e au sein de la m&ecirc;me page &agrave; quelques lignes d&rsquo;&eacute;cart. Alors que la d&eacute;finition, que nous venons de rappeler, posait que les approches plurielles commen&ccedil;aient d&egrave;s que l&rsquo;on mettait deux vari&eacute;t&eacute;s en pr&eacute;sence, voil&agrave; qu&rsquo;il s&rsquo;agirait &agrave; pr&eacute;sent d&rsquo;aller au-del&agrave;&nbsp;? Et les auteurs de tenter de justifier l&rsquo;exclusion de l&rsquo;enseignement-traduction&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Puisque la traduction est une activit&eacute; qui implique &quot;plus d&rsquo;une&quot; vari&eacute;t&eacute; linguistique, on pourrait consid&eacute;rer que nous devrions compter la m&eacute;thodologie &quot;grammaire-traduction&quot; classique au nombre des approches plurielles. Nous ne le ferons pas, dans la mesure o&ugrave; le terme que nous avons choisi (&quot;approche&quot;) implique une prise en compte plus globale de deux (ou plus) langues (et cultures) que ne le fait traditionnellement le simple exercice de traduction dans cette m&eacute;thodologie&nbsp;&raquo;.</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Voil&agrave; l&rsquo;enseignement-traduction &eacute;cart&eacute; des approches plurielles. La raison donn&eacute;e est que celui-ci ne serait pas assez &laquo;&nbsp;global&nbsp;&raquo;, sans que ce terme soit du reste d&eacute;fini&hellip;Ne serait-ce pas parce qu&rsquo;il serait au contraire trop &laquo;&nbsp;linguistique&nbsp;&raquo;, trop centr&eacute; sur les langues-cultures comme syst&egrave;mes, sur les savoirs linguistiques&nbsp;? C&rsquo;est notre hypoth&egrave;se en tout cas.</p> <p style="text-align:justify">Que sont alors les &laquo;&nbsp;approches plurielles&nbsp;&raquo;&nbsp;? Un m&eacute;lange de courants n&eacute;s ind&eacute;pendamment les uns des autres et qui n&rsquo;ont pas grand-chose &agrave; voir. On trouve d&#39;abord l&rsquo;&eacute;veil aux langues, qui ne pr&eacute;tend pas enseigner de langue pr&eacute;cise mais sensibiliser &agrave; la diversit&eacute; linguistique et culturelle&hellip; Puis l&rsquo;intercompr&eacute;hension, qui n&rsquo;a pas encore &agrave; ce jour une r&eacute;alit&eacute; didactique tr&egrave;s pr&eacute;cise &ndash; je veux dire par l&agrave; qu&rsquo;on &laquo;&nbsp;n&rsquo;enseigne pas&nbsp;&raquo; (encore&nbsp;?) l&rsquo;intercompr&eacute;hension - et reste surtout une philosophie de la communication, int&eacute;ressante, positive&hellip; Ensuite, la didactique int&eacute;gr&eacute;e qui est, elle, tr&egrave;s diff&eacute;rente des deux premi&egrave;res&nbsp;: en effet, elle se situe clairement du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;enseignement de deux ou plus de deux langues-cultures dans une d&eacute;marche &agrave; la fois comparative et m&eacute;tacognitive&hellip; Pour finir, voil&agrave; qu&rsquo;est invit&eacute;e au bal des approches plurielles une r&eacute;alit&eacute; aux contours tr&egrave;s peu d&eacute;finis, tr&egrave;s impr&eacute;cise, que les auteurs du CARAP nomment &laquo;&nbsp;l&rsquo;approche interculturelle&nbsp;&raquo; (au singulier) et qu&rsquo;ils peinent tellement &agrave; d&eacute;finir qu&rsquo;ils ne lui consacrent en tout et pour tout que deux lignes :</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;La premi&egrave;re, l&rsquo;approche interculturelle, a eu une influence certaine sur la didactique des langues et semble de ce fait assez bien connue, m&ecirc;me si ce n&rsquo;est pas toujours de fa&ccedil;on explicite et r&eacute;ellement conforme &agrave; ses orientations fondamentales.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Le fait qu&rsquo;elle &laquo;&nbsp;semble de ce fait assez bien connue&nbsp;&raquo; les dispensera d&rsquo;en parler&hellip; Quand on connait les d&eacute;bats qui agitent ce champ, on ne peut qu&rsquo;&ecirc;tre frapp&eacute; par la l&eacute;g&egrave;ret&eacute; avec laquelle ceux-ci sont &eacute;vacu&eacute;s au profit de l&rsquo;usage du singulier et d&rsquo;un enr&ocirc;lement dans les &laquo;&nbsp;approches plurielles&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align:justify">En conclusion, l&rsquo;objet m&ecirc;me qui constitue la raison d&rsquo;&ecirc;tre du CARAP n&rsquo;est d&eacute;fini de mani&egrave;re satisfaisante ni de mani&egrave;re abstraite ni par l&rsquo;addition des termes &ndash; bien trop h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes - qui le composent.</p> <h3 style="text-align:justify">3.2. Le flou des concepts</h3> <p style="text-align:justify">Ce vaste travail de construction d&rsquo;un r&eacute;f&eacute;rentiel ne repose sur aucune assise th&eacute;orique solide. Quelles que soient les diff&eacute;rentes approches par les comp&eacute;tences, toutes reposent sur l&rsquo;id&eacute;e qu&rsquo;un r&eacute;f&eacute;rentiel de comp&eacute;tences repose sur la distinction entre des comp&eacute;tences &agrave; atteindre et des ressources &agrave; mettre en &oelig;uvre pour y parvenir. Quand il s&rsquo;agissait d&rsquo;enseigner les langues, les choses &eacute;taient encore assez simples&nbsp;: on visait des <strong>comp&eacute;tences</strong> communicatives (actes de paroles) et on proposait l&rsquo;&eacute;tude de <strong>ressources</strong> (grammaticales, phon&eacute;tiques, lexicales, culturelles).</p> <p style="text-align:justify">Le CARAP tente lui aussi de faire cette distinction, essentielle pour son existence m&ecirc;me. Mais les notions qu&rsquo;il manipule qui sont des attitudes vis-&agrave;-vis des langues &ndash; ne les appelons ni comp&eacute;tences ni ressources parce que cette distinction n&#39;est en fait pas fond&eacute;e &ndash; sont si probl&eacute;matiques que les auteurs s&rsquo;av&egrave;rent incapables de d&eacute;finir pr&eacute;cis&eacute;ment les buts (comp&eacute;tences) et les moyens (ressources) et que les &eacute;l&eacute;ments d&eacute;finis &agrave; un niveau pourraient tout aussi bien se retrouver &agrave; l&rsquo;autre&nbsp;! Reconnaissons aux auteurs un m&eacute;rite&nbsp;: leur honn&ecirc;tet&eacute; intellectuelle sur ce plan. Eux-m&ecirc;mes reconnaissent qu&rsquo;ils devraient pouvoir faire cette distinction mais qu&rsquo;ils en sont incapables.</p> <p>Une premi&egrave;re approche est tent&eacute;e page 11&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Pour nous, les comp&eacute;tences repr&eacute;sentent &ndash; en quelque sorte constitutivement &ndash; des unit&eacute;s d&rsquo;une certaine complexit&eacute;, impliquant l&lsquo;individu dans sa totalit&eacute; et li&eacute;es &agrave; des t&acirc;ches socialement pertinentes dans le contexte desquelles elles sont activ&eacute;es; elles consistent, dans ces situations, en la mobilisation de ressources diverses qui peuvent &ecirc;tre internes (relevant de savoirs, de savoir-faire et de savoir-&ecirc;tre) ou externes (usage d&lsquo;un dictionnaire, recours &agrave; un m&eacute;diateur&hellip;)</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Les choses seraient donc &laquo;&nbsp;simples&nbsp;&raquo;&nbsp;: les comp&eacute;tences &laquo;&nbsp;repr&eacute;sentent&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;constitutivement&nbsp;&raquo;, des &laquo;&nbsp;unit&eacute;s&nbsp;&raquo;&hellip; &laquo;&nbsp;d&rsquo;une certaine complexit&eacute;&nbsp;&raquo;&hellip; Notons qu&#39;on n&rsquo;a l&agrave; encore aucun &eacute;l&eacute;ment de d&eacute;finition. Poursuivons&hellip; &laquo;&nbsp;impliquant l&rsquo;individu dans sa totalit&eacute; et li&eacute;es &agrave; des t&acirc;ches socialement complexes&nbsp;&raquo;&nbsp;: ce sont peut-&ecirc;tre l&agrave; des <em>caract&eacute;ristiques</em>, tr&egrave;s floues &eacute;galement, mais pas des &eacute;l&eacute;ments de d&eacute;finition. On termine la &laquo;&nbsp;d&eacute;finition&nbsp;&raquo;&hellip;&nbsp;: &laquo;&nbsp;elles consistent (&hellip;) en la mobilisation de ressources diverses (&hellip;)&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align:justify">Que sont donc les <em>comp&eacute;tences</em>&nbsp;? Des unit&eacute;s complexes qui mobilisent des ressources. Que sont alors les ressources&nbsp;? Les voici &laquo;&nbsp;d&eacute;finies&nbsp;&raquo; &agrave; la note 13 de la m&ecirc;me page&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Par commodit&eacute;, nous parlerons simplement de &laquo; ressources&raquo; pour r&eacute;f&eacute;rer aux &laquo;ressources internes&raquo; (savoirs, savoir-&ecirc;tre et savoir-faire) qui sont les seules qui ont &agrave; &ecirc;tre list&eacute;es dans un r&eacute;f&eacute;rentiel tel que le n&ocirc;tre, qui n&rsquo;a pas pour fonction de lister des instruments ou appuis externes &agrave; l&rsquo;individu.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Les ressources sont donc des savoirs, des savoir-&ecirc;tre et des savoir-faire, listables et utilis&eacute;s par les comp&eacute;tences. On n&rsquo;a pas avanc&eacute; d&rsquo;un pouce. Le probl&egrave;me est que les &laquo;&nbsp;comp&eacute;tences&nbsp;&raquo; ressemblent comme deux gouttes d&rsquo;eau&hellip; &agrave; des ressources : elles sont strictement de m&ecirc;me nature. Le lecteur s&rsquo;en convaincra ais&eacute;ment en se reportant &agrave; la liste des &laquo;&nbsp;comp&eacute;tences&nbsp;&raquo;, de C1 &agrave; C7 que nous avons reprise plus haut. Les auteurs du CARAP ne peuvent faire autrement que le reconna&icirc;tre, par exemple &agrave; la note 14 de la page 12&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Nous verrons toutefois (<em>infra</em>, chapitre D-2.2), d&rsquo;une part, que la distinction propos&eacute;e n&rsquo;est pas toujours si ais&eacute;e &agrave; &eacute;tablir et, d&rsquo;autre part, que l&rsquo;affirmation du caract&egrave;re d&eacute;contextualis&eacute; des ressources est, d&rsquo;une certaine mani&egrave;re, une id&eacute;alisation n&eacute;cessaire&nbsp;&raquo;.</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Un autre passage de la page 13 confesse le caract&egrave;re &laquo;&nbsp;fourre-tout&nbsp;&raquo; de la notion de ressources, si fourre-tout qu&rsquo;on ne peut lui accorder le statut de concept et qu&rsquo;elle est pr&eacute;cis&eacute;ment choisie parce qu&rsquo;on peut y mettre toutes sortes de r&eacute;alit&eacute;s&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Notons encore que ces &quot;ressources&quot; sont parfois nomm&eacute;es capacit&eacute;s, dispositions, ou encore connaissances ou composantes. Pour notre part, nous avons retenu le terme ressources, car c&rsquo;est celui qui est le moins connot&eacute; et qui pr&eacute;juge le moins de ce que l&rsquo;on sera amen&eacute; &agrave; y placer.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">On pense toucher le fond de la confusion &agrave; la page 20 avec ce passage&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp; Il n&rsquo;est pas facile de d&eacute;finir le niveau de g&eacute;n&eacute;ralit&eacute; auquel on doit situer les comp&eacute;tences figurant dans un tel r&eacute;f&eacute;rentiel. Il n&rsquo;existe pas de crit&egrave;re absolu et objectif; notre choix est fond&eacute; avant tout sur des crit&egrave;res pragmatiques&nbsp;: les comp&eacute;tences doivent &ecirc;tre suffisamment g&eacute;n&eacute;rales pour s&rsquo;appliquer &agrave; de nombreuses situations et t&acirc;ches, mais pas si g&eacute;n&eacute;rales qu&rsquo;elles en deviendraient vides de tout contenu&hellip; Comme nous l&rsquo;avons vu (cf. chapitre 4 de la partie A &ndash; Pr&eacute;sentation g&eacute;n&eacute;rale), ressources et comp&eacute;tences forment en fait un continuum, des capacit&eacute;s les plus &eacute;l&eacute;mentaires aux comp&eacute;tences les plus g&eacute;n&eacute;rales. D&rsquo;une certaine mani&egrave;re, nous semble-t-il, tout arrangement de ressources est susceptible de fonctionner, dans une situation concr&egrave;te, en tant que comp&eacute;tence, que celle-ci puisse &ecirc;tre explicitement d&eacute;nomm&eacute;e ou non.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Comme cela avait &eacute;t&eacute; rapidement formul&eacute; dans la note 16 de la page 13, les auteurs, apr&egrave;s avoir pos&eacute; &ndash; ou tent&eacute; de le faire - la diff&eacute;rence entre comp&eacute;tences et ressources, finissent par avancer le contraire en &eacute;tablissant qu&rsquo;il y a un continuum des unes aux autres et qu&rsquo;elles sont, par cons&eacute;quent&hellip; de m&ecirc;me nature&nbsp;!</p> <p style="text-align:justify">Le point de non-retour de la confusion est atteint quand les auteurs reconnaissent honn&ecirc;tement que leurs distinctions ne fonctionnent pas, &agrave; la page 86, dans une sorte de conclusion sur &hellip;l&rsquo;absence de fondement th&eacute;orique de leur travail qui ne se fonde sur aucun concept stable&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Manifestement, nous devons donc admettre que nous nous trouvons devant un continuum o&ugrave; toute d&eacute;limitation reste partiellement arbitraire et renvoie plus &agrave; la coh&eacute;rence et &agrave; la pertinence didactiques des ensembles constitu&eacute;s qu&lsquo;&agrave; une application de crit&egrave;res totalement objectivables. Nous n&rsquo;en avons pas moins continu&eacute; &agrave; distinguer &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur du r&eacute;f&eacute;rentiel des ressources et des comp&eacute;tences.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Bref, on ne parvient pas &agrave; d&eacute;finir ce que sont respectivement comp&eacute;tences et ressources, on reconna&icirc;t que la distinction repose sur un artefact (&laquo;&nbsp;id&eacute;alisation n&eacute;cessaire&nbsp;&raquo;, p. 12&nbsp;; pas de &laquo;&nbsp;crit&egrave;res objectivables&nbsp;&raquo;, p. 86), mais ce n&rsquo;est pas grave, on poursuit. La maison n&rsquo;a pas de fondation, mais montons tout de m&ecirc;me les murs... On sait que cela ne fonctionne pas mais on va quand m&ecirc;me essayer de faire semblant. O&ugrave; est pass&eacute;e la rigueur scientifique revendiqu&eacute;e&nbsp;? Est-on toujours dans un produit de la recherche ou fondamentalement dans &laquo;&nbsp;autre chose&nbsp;&raquo;&nbsp;?</p> <h3 style="text-align:justify">3.3. Le marteau-pilon et la mouche</h3> <p style="text-align:justify">Des comp&eacute;tences vis&eacute;es que ne renieraient pas des sociolinguistes, des acquisitionnistes, des dialectologues, des anthropologues, des dizaines de pages de tableaux de ressources, des codages complexes&hellip;. Et tout cela pour quoi, dans le fond&nbsp;? Pour que les &eacute;l&egrave;ves comprennent que chacun a sa culture, que les langues sont diff&eacute;rentes entre elles, qu&rsquo;elles &eacute;voluent, que tout le monde ne les parle pas de la m&ecirc;me mani&egrave;re, qu&rsquo;il faut respecter son prochain, qu&rsquo;il faut accepter de se tromper quand on parle une langue &eacute;trang&egrave;re&hellip;</p> <p style="text-align:justify">Pour cela, le CARAP organise les ressources en trois &eacute;chelles&nbsp;:</p> <p style="text-align:justify"><img alt="" src="/img/6/images/70-graph04.png" style="display:block; height:192px; margin-left:auto; margin-right:auto; width:510px" /></p> <p style="text-align:justify">La colonne de gauche pose trois adjectifs, en gradation&nbsp;: utile, important, n&eacute;cessaire.</p> <p style="text-align:justify">Il y aurait donc <em>toujours</em> un apport des approches plurielles&nbsp;; la chose est normale, attendu qu&rsquo;on a soigneusement omis de proposer une quatri&egrave;me cat&eacute;gorie de ressources qui serait&nbsp;: &laquo;&nbsp;l&rsquo;apport des approches plurielles est inutile car on peut parfaitement atteindre la ressource sans les approches plurielles&nbsp;&raquo;. Comment&nbsp;? En enseignant la langue premi&egrave;re dans une optique m&eacute;talinguistique bien comprise, en enseignant une, puis deux langues &eacute;trang&egrave;res ou r&eacute;gionales. Et en disant &quot;ensegnant la langue &eacute;trang&egrave;re ou r&eacute;gionale&quot;, je parle bien de langue-culture, sous tous ses aspects, en ne renon&ccedil;ant pas &agrave; &laquo;&nbsp;l&rsquo;enseigner&nbsp;&raquo; au profit d&rsquo;une sensibilisation&hellip;</p> <p style="text-align:justify">Tout lecteur qui se souvient de son premier contact avec une langue-culture &eacute;trang&egrave;re, le tout premier, sait que ce jour-l&agrave;, dans ces moments-l&agrave;, il a d&eacute;couvert d&rsquo;un coup ou presque l&rsquo;essentiel de ce que les approches plurielles veulent installer au cours de plusieurs ann&eacute;es de &laquo;&nbsp;r&eacute;flexion&nbsp;&raquo;, sans &laquo;&nbsp;apprentissage&nbsp;&raquo; des langues&nbsp;: on d&eacute;couvre que la langue &eacute;trang&egrave;re a d&rsquo;autres sons, d&rsquo;autres lettres, que les mots ne correspondent pas, que l&rsquo;ordre des mots n&rsquo;est pas le m&ecirc;me, que la politesse ne prend pas partout les m&ecirc;mes formes, que pour me faire comprendre de l&rsquo;autre, je dois faire des efforts, que je dois aussi en faire pour le comprendre, que pour apprendre une langue je peux utiliser certaines strat&eacute;gies, plus ou moins appropri&eacute;es&hellip; Tout cela ne se fait pas en un jour quand on APPREND une langue &eacute;trang&egrave;re. Mais &agrave; mon tour de faire un pari&nbsp;: je fais le pari que si l&rsquo;on &eacute;value des &eacute;l&egrave;ves seulement soumis &agrave; un enseignement des langues &laquo;&nbsp;singulier&nbsp;&raquo;, ils auront sur toutes les comp&eacute;tences et ressources list&eacute;es ici des scores aussi bons que ceux qui auront d&ucirc; passer par les approches plurielles et le CARAP. Mais entre temps, les premiers auront commenc&eacute; &agrave; apprendre des langues&nbsp;! Langues dont l&rsquo;apprentissage pourra se poursuivre, plus ais&eacute;ment, tout au long de la vie...</p> <p style="text-align:justify">On admirera les nuances de la colonne de droite, qui ne peut que reconna&icirc;tre que les m&ecirc;mes effets sont atteints aussi par les approches &laquo;&nbsp;singuli&egrave;res&nbsp;&raquo;, qui ne sont pas nomm&eacute;es&nbsp;: on pr&eacute;f&egrave;re dire pudiquement &laquo;&nbsp;sans les approches plurielles&nbsp;&raquo;. On admirera les contorsions rh&eacute;toriques&nbsp;: &laquo;&nbsp;ressources que l&rsquo;on peut certes atteindre sans les approches plurielles mais beaucoup moins facilement&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;ressources que l&rsquo;on ne peut probablement pas atteindre sans les approches plurielles&nbsp;&raquo;&nbsp;: on est toujours dans l&rsquo;ordre du pari&hellip; on n&rsquo;en sait rien mais on fait comme si.</p> <p style="text-align:justify">En fait, la didactique du plurilinguisme, du moins telle que comprise dans le CARAP, rel&egrave;ve d&rsquo;une erreur logique, celle de vouloir mettre la charrue avant les b&oelig;ufs.</p> <p style="text-align:justify">Le probl&egrave;me de l&rsquo;entreprise est que l&rsquo;on veut travailler d&rsquo;embl&eacute;e &agrave; l&rsquo;exercice de comp&eacute;tences/ressources qui caract&eacute;risent la personne <strong>effectivement</strong> plurilingue, c&rsquo;est-&agrave;-dire connaissant et pratiquant &agrave; des degr&eacute;s divers plusieurs langues, sans forc&eacute;ment les ma&icirc;triser du reste. Les auteurs du CARAP ont en t&ecirc;te les comportements d&rsquo;individus r&eacute;ellement plurilingues, leurs savoirs sur les langues, sur la communication, la culture, leur suppos&eacute;e mani&egrave;re d&rsquo;&ecirc;tre (ouverte, etc.) et ils font le pari que l&rsquo;on peut acc&eacute;der &agrave; ces comportements directement sans passer par la case &laquo;&nbsp;apprentissage de la langue X, puis de la langue Y, de la langue Z&nbsp;&raquo;. Comme si l&rsquo;on pouvait aller directement au pluri- sans passer par le 1+1+1.</p> <p style="text-align:justify">La note 57, page 75 est assez explicite &agrave; ce propos&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Ainsi, par exemple, il y aurait les langues X, Y, Z, la diversit&eacute; des langues dans la classe &ndash; autrement dit un certain nombre de langues concr&egrave;tes, mais envisag&eacute;es dans leur globalit&eacute; &ndash; et la diversit&eacute; en tant que telle, pour ainsi dire en tant que valeur (cf. la biodiversit&eacute;). Nous supposons que ces trois types doivent &ecirc;tre distingu&eacute;s lorsqu&rsquo;on parle d&rsquo;attitudes: c&rsquo;est ainsi qu&rsquo;une personne raciste pourra critiquer certaines &quot;races&quot;&hellip; tout en ayant un ami appartenant &agrave; l&rsquo;une de celles-ci. Ces distinctions ont &eacute;galement des cons&eacute;quences p&eacute;dagogiques: <strong>on peut se demander par exemple s&rsquo;il est n&eacute;cessaire de passer d&rsquo;abord par la d&eacute;couverte de langues concr&egrave;tes avant d&rsquo;&ecirc;tre en situation de construire une notion de diversit&eacute; des langues, puis de diversit&eacute; en tant que telle</strong>.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">&Eacute;tait-on d&eacute;j&agrave; all&eacute; aussi loin dans l&rsquo;id&eacute;alisme, la d&eacute;connexion du r&eacute;el&nbsp;?</p> <p style="text-align:justify">&Agrave; c&ocirc;t&eacute; des d&eacute;clarations sur la n&eacute;cessaire articulation avec les approches singuli&egrave;res, on trouve donc des affirmations de ce type, nettement plus inqui&eacute;tantes et qui pourraient, si elles venaient &agrave; &ecirc;tre d&eacute;velopp&eacute;es, l&eacute;gitimer une baisse future des enseignements de langue au profit de ces approches plurielles. Nous ne disons pas que cela se fait actuellement, ni m&ecirc;me que cela se fera&nbsp;: nous remarquons que cela est consid&eacute;r&eacute; comme possible et cela suffit &agrave; nous inqui&eacute;ter.</p> <p style="text-align:justify">Le CARAP tient en effet un discours par rapport aux approches dites &laquo;&nbsp;singuli&egrave;res&nbsp;&raquo;.</p> <p style="text-align:justify">Les rares fois o&ugrave; il en est question dans le CARAP (deux mentions seulement), elles sont d&eacute;valoris&eacute;es&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Car comment assurer que les &quot;vari&eacute;t&eacute;s&quot; ne seront pas &quot;abord&eacute;es de mani&egrave;re isol&eacute;e&quot; si on s&rsquo;en tient &agrave; des approches &quot;singuli&egrave;res&quot; ?&nbsp;&raquo; (page 8)</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Logiquement, le CARAP devrait pr&eacute;voir une articulation entre approches plurielles et singuli&egrave;res, sauf &agrave; penser que dor&eacute;navant les approches plurielles occuperaient tout l&rsquo;espace d&eacute;volu aux langues dans les syst&egrave;mes scolaires&hellip; ce qui n&rsquo;est pas (encore&hellip;&nbsp;?) &agrave; l&rsquo;ordre du jour. Mais dans l&rsquo;ensemble du CARAP, on cherchera en vain trace de cette articulation. Pour trouver quelques indications, il faut se reporter au document d&rsquo;accompagnement, <em>Le CARAP &ndash; Une introduction &agrave; l&rsquo;usage</em>.</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Elles ne se substituent pas aux apprentissages de langues existants, elles les facilitent en aidant l&rsquo;apprenant &agrave; faire des liens avec ce qu&rsquo;il conna&icirc;t ou maitrise d&eacute;j&agrave;.&nbsp;&raquo; (page 7)</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Le point 4. 2. Approches plurielles et singuli&egrave;res dans l&#39;enseignement y est consacr&eacute;, une demi-page&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Nous devons &ecirc;tre clairs sur ce point: le curriculum doit aussi accorder de la place &agrave; ce qui peut / doit rester sp&eacute;cifique &agrave; chaque enseignement de langue consid&eacute;r&eacute; pour lui-m&ecirc;me. C&#39;est d&#39;ailleurs, essentiellement, ce qu&#39;on trouve dans le CECR. Pour le dire autrement encore, un curriculum int&eacute;gr&eacute; &quot;situe chaque enseignement par rapport aux autres enseignements et favorise les ponts, les mises en relations entre les enseignements&quot; mais, par ailleurs, &quot;chaque enseignement de langue est pris dans une dialectique entre des moments d&rsquo;approches sp&eacute;cifiques, singuli&egrave;res (travail dans la langue, communication et r&eacute;flexion) et des moments d&rsquo;approches plurielles (travail dans/avec plusieurs langues et/ou cultures). &raquo; (page 28)</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Mais rien n&rsquo;est dit de la mani&egrave;re dont on va articuler les deux approches, ni des volumes respectifs des deux. En revanche, on revient sur les probl&egrave;mes des approches singuli&egrave;res&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Et, &agrave; l&#39;inverse, quels sont les &quot;risques&quot; d&#39;une approche singuli&egrave;re, en termes de repr&eacute;sentation (de la langue X, du langage en g&eacute;n&eacute;ral&hellip;) par exemple.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Une piste tr&egrave;s int&eacute;ressante est propos&eacute;e dans ce document&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Un curriculum orient&eacute; vers la comp&eacute;tence plurilingue et interculturelle doit par cons&eacute;quent, selon les langues concern&eacute;es, planifier ces synergies, d&#39;une part en organisant et coordonnant la progression des apprentissages, et d&#39;autre part en pr&eacute;voyant des mises en relation &ndash; au moyen des approches plurielles &ndash; entre toutes les langues concern&eacute;es.&nbsp;&raquo; (page 32)</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Nous ne pouvons que souscrire &agrave; un tel programme&hellip; mais en faisant remarquer qu&#39;il rel&egrave;ve purement et simplement d&rsquo;une d&eacute;marche de didactique int&eacute;gr&eacute;e et non d&rsquo;une didactique du plurilinguisme telle que la pr&eacute;voit le CARAP &agrave; partir de ses comp&eacute;tences et ressources, &laquo;&nbsp;au moyen des approches plurielles&nbsp;&raquo;. Un curriculum int&eacute;gr&eacute; des diff&eacute;rentes langues enseign&eacute;es ne peut &ecirc;tre qu&#39;un progr&egrave;s par rapport &agrave; un curriculum qui n&#39;&eacute;tablit jamais de lien... Mais il y a loin de cet exercice n&eacute;cessaire au r&eacute;f&eacute;rentiel CARAP.</p> <p style="text-align:justify">Combien de ressources retient finalement le r&eacute;f&eacute;rentiel CARAP&nbsp;? Dans la cat&eacute;gorie C1 &ndash; les savoirs sur les langues, elles sont au nombre de 211&nbsp;! Pour les C2 &ndash; les savoir-&ecirc;tre, ce sont 169 ressources et les C3, les savoir-faire, en regroupent 153 autres.</p> <p style="text-align:justify">Au total, la passion entomologiste et taxinomiste des auteurs du CARAP les conduit &agrave; trouver pas moins de 533 ressources&nbsp;diff&eacute;rentes...</p> <p style="text-align:justify">Examinons donc le c&oelig;ur du CARAP, la cat&eacute;gorie,</p> <p style="text-align:justify"><img alt="" src="/img/6/images/70-graph05.png" style="display:block; height:53px; margin-left:auto; margin-right:auto; width:273px" /></p> <p style="text-align:justify">Si l&rsquo;on s&rsquo;en tient &agrave; la cat&eacute;gorie C1, on trouve 60 ressources pour lesquelles l&rsquo;apport des approches plurielles est n&eacute;cessaire, 60 sur un total de 211&nbsp;ressources.</p> <p style="text-align:justify">Ainsi, si l&rsquo;on reste &agrave; un crit&egrave;re purement quantitatif et en suivant les auteurs eux-m&ecirc;mes, on voit que finalement, les approches plurielles ne seraient n&eacute;cessaires que pour &agrave; peine un tiers des ressources. Corollairement, cela signifie que pour plus des deux tiers, les approches plurielles seront au mieux importantes, voire simplement utiles.</p> <p style="text-align:justify">Je pr&eacute;f&egrave;re le formuler autrement&nbsp;: les approches singuli&egrave;res, selon le diagnostic des auteurs du CARAP, permettraient d&rsquo;atteindre pas moins de 151 ressources sur 211, ce qui est d&eacute;j&agrave; consid&eacute;rable. Elles jouent donc un r&ocirc;le majeur dans la construction des attitudes plurilingues sur les langues-cultures&hellip; ce que la pr&eacute;sentation adopt&eacute;e ne met pas du tout en &eacute;vidence. A-t-on r&eacute;ellement besoin du CARAP&nbsp;?</p> <p style="text-align:justify">Et si l&rsquo;on avait construit un marteau-pilon pour &eacute;craser une mouche&nbsp;?</p> <h3 style="text-align:justify">3.4. Les limites du CARAP d&#39;apr&egrave;s ses auteurs</h3> <p style="text-align:justify">Le CARAP est un outil qui ne sert pas vraiment &agrave; enseigner&nbsp;: le fait qu&rsquo;il puisse proposer s&eacute;rieusement plus de 500 ressources, sans un d&eacute;but de programmation tout au long de la scolarit&eacute;, m&ecirc;me minimal, suffit &agrave; le d&eacute;montrer. Les auteurs ne disent d&#39;ailleurs pas autre chose, s&#39;en remettant aux didacticiens pour le traduire en une s&eacute;rie d&rsquo;activit&eacute;s mises en coh&eacute;rence.</p> <p style="text-align:justify">Le CARAP est en fait une construction <em>a posteriori</em>, faite par de bons praticiens qui ont d&eacute;velopp&eacute; des pratiques de terrain int&eacute;ressantes &ndash; d&rsquo;&eacute;veil aux langues essentiellement, d&rsquo;intercompr&eacute;hension ensuite &ndash; et qui aimeraient bien comprendre ce qu&rsquo;ils ont fait et m&ecirc;me essayer de lui donner une rationalit&eacute; apr&egrave;s coup. Et si par chance l&#39;entreprise pouvait en plus donner corps &agrave; une didactique du plurilinguisme qui peine &agrave; se trouver&nbsp;? Et si elle pouvait parachever le travail du CECR&nbsp;? D&rsquo;o&ugrave; la production d&rsquo;un appareil pseudo-th&eacute;orique et les apparences scientifiques d&rsquo;une taxinomie complexe avec des tableaux, des codages (le formalisme math&eacute;matique de la page 19&hellip;), des &eacute;chelles, des syst&egrave;mes de renvois, dans un ensemble qui compose une immense usine &agrave; gaz.</p> <p style="text-align:justify">&Eacute;coutons les auteurs, encore une fois, parler des limites de leur travail, &agrave; la page 16.</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;L&rsquo;ambition du r&eacute;f&eacute;rentiel n&rsquo;est pas de fournir une description scientifiquement &eacute;labor&eacute;e de (parties de) la comp&eacute;tence plurilingue des individus, ou des ressources internes auxquelles elle fait appel. La m&eacute;thodologie adopt&eacute;e, bas&eacute;e sur les objectifs formul&eacute;s dans la litt&eacute;rature didactique concernant la comp&eacute;tence plurilingue et interculturelle (cf.A-5), le montre bien&nbsp;&raquo;.</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Les auteurs du CARAP reconnaissent que leur travail est fait sur la base de compilations de travaux produits&hellip; le plus souvent par eux-m&ecirc;mes, dans un processus extr&ecirc;mement autor&eacute;f&eacute;rentiel. La note 18 de la m&ecirc;me page reconna&icirc;t d&rsquo;ailleurs honn&ecirc;tement que peu de sources sur le fonctionnement r&eacute;el de la comp&eacute;tence plurilingue ont &eacute;t&eacute; exploit&eacute;es&nbsp;!</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Comme on l&rsquo;a vu en A-5, les r&eacute;dacteurs du r&eacute;f&eacute;rentiel ont introduit, parmi les publications-sources, un nombre tr&egrave;s limit&eacute; (cf. la liste des publications-sources fournie en annexe) d&rsquo;&eacute;tudes de psycholinguistique portant sur le fonctionnement de la comp&eacute;tence plurilingue. Les &eacute;tudes ainsi prises en compte sont beaucoup trop peu nombreuses pour qu&rsquo;on puisse affirmer que le r&eacute;f&eacute;rentiel refl&egrave;te (&eacute;galement) les r&eacute;sultats des analyses de la comp&eacute;tence plurilingue en action.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Qu&rsquo;est-ce que cela signifie&nbsp;? Que le CARAP rend compte non des &eacute;l&eacute;ments effectivement requis dans la performance plurilingue, mais des pr&eacute;suppos&eacute;s de ses auteurs sur ce qu&rsquo;ils pourraient &ecirc;tre.</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Ce qui est vis&eacute; par le r&eacute;f&eacute;rentiel, c&rsquo;est par cons&eacute;quent une synth&egrave;se de ce que les didacticiens promoteurs des approches plurielles &ndash; dont nous sommes &ndash; pensent pouvoir atteindre par les activit&eacute;s didactiques qu&rsquo;ils proposent. On peut certes penser qu&rsquo;ils font le pari que les savoirs, savoir-&ecirc;tre, savoir-faire et comp&eacute;tences qu&rsquo;ils visent &agrave; d&eacute;velopper constituent des &eacute;l&eacute;ments qui permettent &agrave; un individu de g&eacute;rer ce que nous appelons &quot;la communication linguistique et culturelle en contexte d&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;&quot; (cf.partie B ci-dessous) ou d&rsquo;assurer la &quot;construction et [l&rsquo;]&eacute;largissement d&rsquo;un r&eacute;pertoire linguistique et culturel pluriel&raquo; (ibid.), mais ils ne se donnent pas &ndash; tout comme nous &ndash; les moyens de le d&eacute;montrer a priori.&nbsp;&raquo; (page 16).</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">En fait, on le voit, on est dans l&rsquo;ordre du pari&nbsp;: pari que ce document pourrait &ecirc;tre d&rsquo;une quelconque utilit&eacute;, &eacute;ventuellement&nbsp;; pari que le plurilinguisme met essentiellement en &oelig;uvre ces comp&eacute;tences et ressources (et pas d&rsquo;autres, linguistiques par exemple), mais sans chercher &agrave; le d&eacute;montrer, ni <em>a priori</em>&hellip; ni <em>a posteriori</em> par des &eacute;valuations&nbsp;!</p> <h3>3.5. Absence d&rsquo;&eacute;valuation</h3> <p style="text-align:justify">Les auteurs renoncent en effet &agrave; chercher &agrave; &eacute;valuer ce qu&rsquo;ils proposent.</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Seul le succ&egrave;s &ndash; ou l&rsquo;&eacute;chec &ndash; de l&rsquo;entreprise didactique men&eacute;e pourrait finalement, s&rsquo;ils cherchaient &agrave; l&rsquo;&eacute;valuer, fournir des indices, tr&egrave;s indirects, de la validit&eacute; de leur pari. On aura sans doute compris qu&rsquo;une telle validation par les r&eacute;sultats de la d&eacute;marche didactique nous a d&eacute;j&agrave; plac&eacute;s sur le terrain de l&rsquo;aspect &quot;prax&eacute;ologique&quot; annonc&eacute; plus haut.<br /> Sur ce terrain, les choses ne sont pas moins complexes. Aux difficult&eacute;s bien connues de l&rsquo;&eacute;valuation de toute action didactique, confront&eacute;e &agrave; la complexit&eacute; et &agrave; l&rsquo;intrication des facteurs susceptibles d&rsquo;entrainer un r&eacute;sultat, s&rsquo;ajoute ici le statut m&ecirc;me du r&eacute;f&eacute;rentiel &ndash; qui n&rsquo;est pas lui-m&ecirc;me l&rsquo;outil p&eacute;dagogique, mais qui se situe en quelque sorte en amont de celui-ci, en lui fournissant les objectifs en fonction desquels il peut &ecirc;tre con&ccedil;u (cf. plus largement A-3.2). Autrement dit, il y a loin du r&eacute;f&eacute;rentiel CARAP aux r&eacute;sultats obtenus chez l&rsquo;apprenant en termes de construction de comp&eacute;tences par le biais d&rsquo;activit&eacute;s relevant des approches plurielles.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">La posture est commode : comme il est difficile d&rsquo;&eacute;valuer toute action didactique, et que le r&eacute;f&eacute;rentiel n&rsquo;est de plus pas un outil directement didactique, on ne saurait donc &eacute;valuer ses effets&hellip;</p> <p>Voil&agrave; un raisonnement qui devrait pousser ses auteurs &agrave; une extr&ecirc;me r&eacute;serve quant aux utilisations du CARAP. Pourtant, le contraste est saisissant entre ces doutes et m&ecirc;me ces aveux d&#39;une part et d&#39;autre part&nbsp; les perspectives d&rsquo;utilisation qui en sont faites.</p> <p>Ce que nous allons examiner &agrave; pr&eacute;sent.</p> <h2>4. &Agrave; quoi sert le CARAP&nbsp;?</h2> <p style="text-align:justify">J&rsquo;ai eu l&rsquo;occasion de montrer (Maurer, 2011) que la promotion de la didactique du plurilinguisme s&rsquo;accompagnait d&rsquo;un changement de paradigme qui a tout d&rsquo;une rupture assez radicale, m&ecirc;me si elle passe encore assez largement inaper&ccedil;ue&nbsp;: le passage de l&rsquo;enseignement des langues &agrave; l&rsquo;&eacute;ducation aux langues.</p> <h3 style="text-align:justify">4.1. D&eacute;passer l&rsquo;enseignement des langues</h3> <p style="text-align:justify">Stricto sensu, la didactique int&eacute;gr&eacute;e des langues est la seule des approches dites plurielles &agrave; s&rsquo;int&eacute;resser &agrave; l&rsquo;enseignement des langues-cultures en tant que syst&egrave;mes coh&eacute;rents aux plans grammatical, lexical, culturel&nbsp;: mais sans doute est-ce le courant qui a le moins inspir&eacute; les auteurs du CARAP&hellip; En effet, quand on consulte la liste des savoirs sur les langues, on est confront&eacute; &agrave; une s&eacute;rie d&rsquo;attitudes g&eacute;n&eacute;rales sans jamais entrer dans des savoirs pr&eacute;cis sur le fonctionnement effectif de ces langues. Quelles sont en effet les ressources d&#39;ordre linguistique list&eacute;es&nbsp;? On les trouve r&eacute;sum&eacute;es &agrave; la page 15&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Comme on le verra dans la partie C, la liste des savoirs se compose de deux sous-groupes th&eacute;matiques (Langue et Culture) et inclut des cat&eacute;gories telles que Langue comme syst&egrave;me s&eacute;miologique; Langue et soci&eacute;t&eacute;; Communication verbale et non verbale; &Eacute;volution des langues; Diversit&eacute; culturelle et diversit&eacute; sociale; Relations interculturelles; etc.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Les savoir-faire ne sont plus des savoir-faire communicatifs mais des op&eacute;rations cognitives g&eacute;n&eacute;rales, page 15&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Les savoir-faire correspondent &agrave; des op&eacute;rations telles que savoir observer / analyser; identifier / rep&eacute;rer, savoir comparer, savoir parler &agrave; propos des langues et des cultures, etc.&nbsp;&raquo;.</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Ainsi, on est bien dans ce que les documents produits autour du CECR, comme le <em>Guide pour le d&eacute;veloppement et la mise en &oelig;uvre de curriculums pour une &eacute;ducation plurilingue et interculturelle</em> (Beacco et al., 2010), appellent &laquo;&nbsp;<span style="font-size:12.16px">&Eacute;ducation aux langues&nbsp;&raquo; et plus dans l&rsquo;enseignement de celles-ci.</span></p> <p style="text-align:justify">Le changement de paradigme est revendiqu&eacute; &agrave; la page 8&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Comme on l&rsquo;a rappel&eacute; plus haut, le pr&eacute;sent r&eacute;f&eacute;rentiel CARAP a &eacute;t&eacute; &eacute;labor&eacute; au sein du projet ALC (A travers les Langues et les Cultures), de 2004 &agrave; 2007. Ce projet s&rsquo;inscrivait au sein du deuxi&egrave;me programme &agrave; moyen terme du CELV, dont l&rsquo;appel d&rsquo;offre invitait &agrave; contribuer au &laquo;changement de paradigme majeur &raquo; que constitue &laquo; l&rsquo;&eacute;volution vers une conception globale de l&rsquo;&eacute;ducation aux langues, qui int&egrave;gre l&rsquo;enseignement et l&rsquo;apprentissage de TOUTES les langues, pour utiliser les synergies potentielles &raquo;.</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Il est du reste tout &agrave; fait symptomatique que le syntagme &laquo;&nbsp;enseignement des langues&nbsp;&raquo; ne figure plus dans aucun des documents produits par le Conseil de l&rsquo;Europe. Le nom du r&eacute;f&eacute;rentiel &eacute;vite ainsi soigneusement de parler &laquo;&nbsp;d&rsquo;enseignement&nbsp;&raquo;&nbsp;: il s&rsquo;agit d&rsquo;un &laquo;&nbsp;Cadre de R&eacute;f&eacute;rence pour les Approches Plurielles des Langues et des Cultures&nbsp;&raquo;, non d&rsquo;un &laquo;&nbsp;Cadre de r&eacute;f&eacute;rence pour l&rsquo;enseignement des langues et des cultures par les approches plurielles&nbsp;&raquo;&hellip; Par rapport au <em>Cadre europ&eacute;en commun de r&eacute;f&eacute;rence pour les langues. Apprendre, enseigner, &eacute;valuer</em> o&ugrave; le terme enseigner &eacute;tait encore pr&eacute;sent, il s&rsquo;agit d&rsquo;un recul suppl&eacute;mentaire.</p> <p style="text-align:justify">La production du CARAP, qui mobilise depuis plusieurs ann&eacute;es (au moins depuis 2004&hellip;) un nombre important de praticiens, didacticiens, chercheurs, &agrave; ce projet d&rsquo;&eacute;ducation aux langues contribue &agrave; ce passage, en &eacute;vacuant les questions de m&eacute;thodologie de l&rsquo;enseignement des langues, comme si tous les probl&egrave;mes avaient &eacute;t&eacute; r&eacute;gl&eacute;s &agrave; ce niveau&hellip;</p> <p style="text-align:justify">Le risque est que, si l&rsquo;on continue &agrave; d&eacute;velopper l&rsquo;usage d&rsquo;un instrument tel que le CARAP, le temps consacr&eacute; dans les formations d&rsquo;enseignants et dans la mise en &oelig;uvre en classe ne finisse par occuper l&rsquo;essentiel des temps de formation et d&rsquo;enseignement.</p> <p style="text-align:justify">En effet, les auteurs du CARAP envisagent que leur outil occupe &agrave; l&rsquo;avenir une place importante.</p> <p style="text-align:justify">Le chapitre 5 du document d&rsquo;accompagnement, intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Former les enseignants &agrave; l&rsquo;usage du CARAP&nbsp;&raquo; est enti&egrave;rement consacr&eacute; &agrave; cette question en parlant de &laquo;&nbsp;former au CARAP&nbsp;&raquo;. Pour les auteurs, il s&rsquo;agit d&rsquo;abord de former les enseignants et futurs enseignants aux approches plurielles, en formant au CARAP, m&ecirc;me au prix d&rsquo;une certaine confusion didactique (page 48)&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Il importe relativement peu que les enseignants sachent pr&eacute;cis&eacute;ment s&#39;ils font de l&#39;&eacute;veil aux langues, de la didactique int&eacute;gr&eacute;e ou de l&#39;intercompr&eacute;hension, d&rsquo;autant que les fronti&egrave;res entre ces approches restent incertaines et qu&#39;on y trouve presque toujours au moins un peu d&#39;interculturel (cf. introduction, point 4)&nbsp;&raquo;.</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Contrairement &agrave; ce qui est dit, les fronti&egrave;res entre ces approches ne sont pas &laquo;&nbsp;incertaines&nbsp;&raquo;, l&#39;&eacute;veil aux langues, l&#39;intercompr&eacute;hension, la didactique int&eacute;gr&eacute;e occupent trois positions &eacute;pist&eacute;mologiquement et m&eacute;thodologiquement tr&egrave;s diff&eacute;rentes, et il n&#39;y aucune raison &agrave; les confondre &hellip; sauf &agrave; vouloir cr&eacute;er de la confusion l&agrave; o&ugrave; il n&#39;y en a pas et &agrave; noyer la didactique int&eacute;gr&eacute;e, dont les objectifs restent fondamentalement l&rsquo;enseignement/apprentissage des langues dans les tourbillons de comp&eacute;tences non linguistiques du CARAP.</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Mais pourquoi former au CARAP lui-m&ecirc;me, et pas seulement aux approches plurielles ?&nbsp;&raquo; demandent les auteurs &agrave; la page 48.</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Leur propos est d&rsquo;amener les enseignants &agrave; conna&icirc;tre les descripteurs (au nombre de 533, rappelons-le...), &agrave; pouvoir ainsi comprendre pleinement en quoi consiste ce que le CECR posait, sans le d&eacute;velopper, comme de l&rsquo;ordre du pluri- et de l&rsquo;inter-. Voil&agrave; pour l&#39;objectif didactique.</p> <p>Au-del&agrave; se met en place ce que j&rsquo;appellerai un objectif de propagande. Il s&rsquo;agit de faire adh&eacute;rer les enseignants de langue &agrave; tout un ensemble de valeurs, &agrave; les faire entrer dans un projet qui d&eacute;passe les attributions traditionnelles des cours de langue et peut, &agrave; ce titre, &ecirc;tre critiqu&eacute; (Maurer, 2011).</p> <h3 style="text-align:justify">4.2. Le CARAP, instrument de propagande&nbsp;: mettre l&rsquo;enseignement des langues au service d&rsquo;une certaine vision du plurilinguisme europ&eacute;en</h3> <p style="text-align:justify">La dimension de propagande appara&icirc;t dans cette m&ecirc;me page 48&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Mais conna&icirc;tre ne suffit pas: il faut aussi que les enseignants adh&egrave;rent aux objectifs d&#39;enseignement / apprentissage qui sont propos&eacute;s dans le CARAP, au travers des descripteurs de comp&eacute;tences et de ressources, qu&rsquo;ils soient persuad&eacute;s de leur utilit&eacute; et de leur l&eacute;gitimit&eacute;.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Les termes utilis&eacute;s sont choquants&nbsp;: les enseignants, esprits suppos&eacute;s libres et dot&eacute;s d&rsquo;esprit critique, doivent adh&eacute;rer &agrave; des objectifs&nbsp;; les auteurs ne doivent pas &ecirc;tre si persuad&eacute;s de l&rsquo;utilit&eacute; de leur entreprise, ni de sa l&eacute;gitimit&eacute;, qu&rsquo;ils se proposent comme objectif de travailler en ce sens. Il faut formater les esprits des enseignants afin qu&rsquo;ils cessent de consid&eacute;rer que les cours de langue servent d&rsquo;abord &agrave; apprendre des langues&hellip; et les faire entrer dans la ronde de la vision politique europ&eacute;enne du plurilinguisme.</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;On verra aussi que nous avons pr&eacute;vu un module de formation qui met en lien (un peu comme nous l&rsquo;avons fait ici au chapitre 1) le CARAP avec des finalit&eacute;s &eacute;ducatives plus g&eacute;n&eacute;rales que se doit de viser l&#39;enseignement / apprentissage des langues aujourd&#39;hui.&nbsp;&raquo; (page 49)<br /> Ainsi, dans l&rsquo;ensemble cens&eacute; constituer la formation au CARAP figure un module de formation intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Le CARAP et les politiques linguistiques &eacute;ducatives&nbsp;&raquo;, qui est pr&eacute;sent&eacute; &agrave; la page 51&nbsp;: &laquo;&nbsp;Orient&eacute; vers les enjeux sociaux et les finalit&eacute;s &eacute;ducatives des approches plurielles et du CARAP, il s&#39;adresse en particulier aux responsables &eacute;ducatifs, mais &eacute;galement aux enseignants qui souhaitent mieux en comprendre les enjeux globaux. Il est con&ccedil;u comme une sorte de parcours balis&eacute; par la d&eacute;couverte de textes de r&eacute;f&eacute;rence et de questionnaires favorisant la prise de conscience de ces enjeux.<br /> Il d&eacute;bute par une r&eacute;flexion &ndash; appuy&eacute;e sur des documents d&#39;accompagnement &ndash; sur ce qu&#39;il serait souhaitable d&#39;atteindre dans le cadre de l&#39;enseignement / apprentissage des langues, en tenant compte des contextes, en se demandant &eacute;galement pour quelles langues ? comment ? souhaitable pour qui ?... Les participants d&eacute;couvrent ensuite ce que disent les textes, du Conseil de l&#39;Europe principalement, &agrave; ce propos et confrontent leurs avis.<br /> Le module se poursuit de la m&ecirc;me mani&egrave;re, dans un va-et-vient permanent entre r&eacute;flexion (g&eacute;n&eacute;ralement soutenue par des questionnaires), prise de connaissance de documents, inscription dans le contexte d&#39;enseignement concern&eacute;, etc.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">Un rapide aper&ccedil;u de la mani&egrave;re dont est con&ccedil;u ce module r&eacute;v&egrave;le un discours de propagande&nbsp;: intitul&eacute; <em>Module de d&eacute;couverte CARAP</em>, disponible en ligne, dat&eacute; du 06-08-13, cette pr&eacute;sentation en 96 diapositives invite &agrave; suivre les aventures d&rsquo;un petit personnage sympathique nomm&eacute; CARAPITO dont on pourrait penser qu&#39;il s&#39;adresse &agrave; des enfants alors qu&#39;il parle &agrave; des enseignants... puis &agrave; &eacute;couter les discours d&rsquo;un hibou savant nomm&eacute; Uhu. On y trouve bien entendu de nombreux extraits du CECR, du <em>Guide pour le d&eacute;veloppement et la mise en &oelig;uvre de curriculums pour une &eacute;ducation plurilingue et interculturelle</em>, du <em>Guide pour l&rsquo;&eacute;laboration des politiques linguistiques &eacute;ducatives en Europe</em>.</p> <p style="text-align:justify">Le Module de formation &laquo;&nbsp;<em>Le CARAP et les politiques linguistiques</em>&nbsp;&raquo; va plus loin dans l&rsquo;all&eacute;geance. Ce diaporama dat&eacute; de f&eacute;vrier 2014 commence par proposer au public, et aux enseignants en priorit&eacute;, d&#39;imaginer ce qui est appel&eacute; le &laquo;&nbsp;souhaitable&nbsp;&raquo; en mati&egrave;re de langues... Puis il pr&eacute;sente &laquo;&nbsp;le souhaitable &ndash; selon le Conseil de l&#39;Europe&nbsp;&raquo;, dans une d&eacute;marche de subordination claire &agrave; cette institution politique. La diapositive 8 cite les incontournables <em>Guides</em>, puis les 7 suivantes en donnent de larges extraits. Le cadre de pens&eacute;e politique et &eacute;ducatif est donn&eacute;, il s&#39;agit d&#39;y faire entrer l&#39;enseignant. C&#39;est le r&ocirc;le de la diapositive 9 qui l&#39;interpelle en ces termes &laquo;&nbsp;Moi et le Guide... ou plut&ocirc;t (c&#39;est plus modeste) Le Guide et moi.&nbsp;&raquo;</p> <p style="text-align:justify">Le texte de la diapositive invite &agrave; faire ce travail par la consigne suivante&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Pouvez-vous &agrave; pr&eacute;sent faire une synth&egrave;se en 10 &agrave; 20 lignes des diff&eacute;rences que vous constatez entre ce que le Guide consid&egrave;re comme souhaitable et ce que vous, vous consid&eacute;riez comme souhaitable.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">et il engage &agrave; poursuivre par une sorte d&#39;examen de conscience&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo; &Eacute;ventuellement, cherchez &agrave; comprendre (et &agrave; exposer en quelques lignes) les raisons des diff&eacute;rences&hellip; Y compris en regardant &agrave; nouveau la diapositive &laquo; Quels fondements pour les politiques linguistiques pour l&rsquo;Europe ? &raquo;. Peut-&ecirc;tre n&rsquo;aviez vous pas les m&ecirc;mes principes de d&eacute;part ?&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">La diapositive 19 enfonce le clou&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Dans quelle mesure vos propres repr&eacute;sentations de ce qui est souhaitable sont elles influenc&eacute;es par les textes officiels nationaux et les manuels scolaires ? (Question d&eacute;rangeante ?)&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">La question entre parenth&egrave;ses cherche &agrave; faire croire qu&#39;on se situe du c&ocirc;t&eacute; de l&#39;impertinence et du politiquement incorrect alors m&ecirc;me qu&#39;on est en train de faire un travail de mise en conformit&eacute; des esprits.</p> <p style="text-align:justify">La diapositive 20 invite &agrave; repartir dans les textes des <em>Guides</em> pour y trouver la bonne parole, &agrave; la mani&egrave;re des pr&eacute;dicateurs&nbsp;:</p> <blockquote> <p style="text-align:justify">&laquo;&nbsp;Bien &eacute;videmment, il vous faut (re)lire ces textes et regarder (&agrave; nouveau) ces manuels en ayant bien en t&ecirc;te ce que vous avez &eacute;crit dans les fiches 1 et 2 et la synth&egrave;se de 10 &agrave; 20 lignes que vous avez faite ensuite. (&hellip;) Si vous entreprenez ces activit&eacute;s, nous vous souhaitons des r&eacute;flexions fructueuses. Elles vous permettront sans doute de mieux comprendre encore les enjeux &eacute;ducatifs li&eacute;s aux langues, ainsi que les raisons pour lesquelles vous pensez&hellip; ce que vous pensez !&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p style="text-align:justify">On poursuit par la diapositive 22 sur fond de mer bleue, avec un texte toujours &eacute;crit dans une veine messianique&nbsp;: &laquo;&nbsp;La r&eacute;alit&eacute;&hellip; telle que vous la vivez et l&rsquo;&eacute;cart avec ce que souhaite le Conseil de l&rsquo;Europe.&nbsp;R&eacute;duire l&#39;&eacute;cart entre le r&ecirc;ve et la r&eacute;alit&eacute;&nbsp;?&nbsp;&raquo; La r&eacute;ponse est donn&eacute;e &agrave; la diapositive 24&nbsp;: &laquo;&nbsp;Nous avons la pr&eacute;tention d&rsquo;affirmer que les approches plurielles et le CARAP pourraient contribuer &agrave; combler cet &eacute;cart&nbsp;&raquo; avant de nuancer de mani&egrave;re faussement humoristique pour &eacute;vacuer la part de pr&eacute;tention&nbsp;: &laquo;&nbsp;Mais personne n&rsquo;est oblig&eacute; de partager ce point de vue !&nbsp;&raquo; Heureusement que la pr&eacute;cision est apport&eacute;e... mais il suffirait que les autorit&eacute;s ayant en charge les syst&egrave;mes &eacute;ducatifs nationaux se laissent abuser par le discours du CARAP et ses apparences pseudo-scientifiques pour que l&#39;obligation de partager ce point de vue s&#39;impose... comme s&#39;est impos&eacute;, sans d&eacute;bat, le CECR dans la plupart des syst&egrave;mes &eacute;ducatifs nationaux europ&eacute;ens&nbsp;!</p> <p style="text-align:justify">Le CARAP fait all&eacute;geance totale &agrave; la conception tr&egrave;s particuli&egrave;re du plurilinguisme qui est celle du Conseil de l&#39;Europe (Maurer, 2011) et il contribue &agrave; en mettre en &oelig;uvre les principes.</p> <h2>Conclusion</h2> <p style="text-align:justify">L&#39;examen didactique du CARAP r&eacute;v&egrave;le plusieurs d&eacute;faut majeurs qui devraient d&eacute;tourner les didacticiens de son emploi et rendre sceptiques les prescripteurs institutionnels.</p> <p style="text-align:justify">Il m&ecirc;le sans distinction quatre courants didactiques qui n&#39;ont en fait rien en commun dans leurs pr&eacute;suppos&eacute;s. La distinction comp&eacute;tence / ressources, cens&eacute;e fonder le r&eacute;f&eacute;rentiel, ne tient pas. L&#39;&eacute;miettement des comp&eacute;tences en centaines de ressources d&eacute;cr&eacute;dibilise un ensemble &agrave; peu pr&egrave;s inutilisable. L&#39;essentiel des comp&eacute;tences vis&eacute;es peut tout aussi bien &ecirc;tre atteint soit par des approches singuli&egrave;res des langues soit par des curriculums bien pens&eacute;s reposant sur des principes de didactique int&eacute;gr&eacute;e, mais restant centr&eacute;s sur l&#39;enseignement des langues, non sur une &eacute;ducation &agrave; celles-ci. Le CARAP est donc non valide, inutilisable, non pertinent.</p> <p style="text-align:justify">Pourquoi s&#39;acharner sur ce document&nbsp;? Ne pourrait-on l&#39;ignorer plut&ocirc;t que de lui consacrer cette attention&nbsp;? Si nous le faisons, ce n&#39;est pas par malignit&eacute; envers les auteurs qui ont, chacun dans leur approche respective produit des travaux de qualit&eacute;, tr&egrave;s int&eacute;ressants, mais parce que nous craignons que les autorit&eacute;s &eacute;ducatives ne se saisissent de ce nouvel instrument pour aller plus avant dans leur entreprise consistant &agrave; tourner le dos aux enseignements des langues &ndash; minimisation croissante des comp&eacute;tences linguistiques : un tendance &agrave; laquelle, croyons-nous,&nbsp; il faut r&eacute;sister. C&#39;est aussi parce que les auteurs du CARAP proposent tout bonnement de consacrer une partie du peu de temps qui reste pour la formation des enseignants &agrave; former non plus &agrave; la didactique des langues mais au &hellip; CARAP lui-m&ecirc;me et que l&#39;appui du Conseil de l&#39;Europe, sa capacit&eacute; &agrave; entra&icirc;ner &agrave; sa suite les corps d&#39;inspection nationaux, peuvent faire craindre qu&#39;il en soit un jour ainsi&nbsp;!</p> <p style="text-align:justify">Esp&eacute;rons que la lecture de cette contribution dissuadera les d&eacute;cideurs de s&#39;aventurer sur pareil terrain...&nbsp;</p> <hr /> <h2>Notes</h2> <p style="text-align:justify"><a href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1 </a>Et dont l&#39;un des risques pourrait &ecirc;tre, si l&#39;on n&#39;y prend garde, de cantonner l&#39;&eacute;cole &agrave; un socle restreint de connaissances en d&eacute;scolarisant l&#39;essentiel des apprentissages pour les renvoyer &agrave; la sph&egrave;re marchande...</p> <hr /> <h2>Annexe</h2> <h3 style="text-align:justify"><strong>Liste des ressources de la cat&eacute;gorie SAVOIRS</strong></h3> <p style="text-align:justify"><img alt="" src="/img/6/images/70-graph06.png" style="display:block; height:2739px; margin-left:auto; margin-right:auto; width:510px" /></p>