<p>Le fran&ccedil;ais est la langue officielle de Mayotte, &icirc;le de l&rsquo;oc&eacute;an Indien et partie de l&rsquo;Archipel des Comores. Il s&rsquo;agit &agrave; pr&eacute;sent du cent-uni&egrave;me d&eacute;partement fran&ccedil;ais et du cinqui&egrave;me d&eacute;partement d&rsquo;outre-mer. On peut consid&eacute;rer cette &icirc;le comme le lieu d&rsquo;une crise sociale dont les deux formes principales seraient &eacute;conomique &ndash; par l&rsquo;&eacute;cart de richesse &ndash; et politique &ndash; par rapport &agrave; l&rsquo;environnement r&eacute;gional imm&eacute;diat. L&rsquo;usage du mot &laquo;&nbsp;crise&nbsp;&raquo; ne se veut pas ici pol&eacute;mique, c&rsquo;est-&agrave;-dire visant &agrave; nuire &agrave; la paix sociale, mais heuristique, c&rsquo;est-&agrave;-dire inscrit dans un contexte th&eacute;orique de recherche. Il s&rsquo;agit d&rsquo;indiquer des lieux de crise ou de conflits v&eacute;cus par les enseignants ainsi que leur public et faisant l&rsquo;objet d&rsquo;un traitement m&eacute;diatique et livresque. Le but de cette r&eacute;flexion est, en outre, comme le sous-titre l&rsquo;indique, de proposer des solutions didactiques afin pr&eacute;cis&eacute;ment d&rsquo;&eacute;viter que l&rsquo;&eacute;cole ne devienne elle-m&ecirc;me un lieu de crise ou de conflit sans pour autant devenir une tour d&rsquo;ivoire. &Eacute;tant donn&eacute; que le lieu principal de cette recherche est le cours de fran&ccedil;ais, le probl&egrave;me n&rsquo;est pas sans comparaison possible avec la posture litt&eacute;raire de Th&eacute;ophile Gautier, qui &eacute;crit&nbsp;<em>&Eacute;maux et cam&eacute;es</em>, pendant la r&eacute;volution de 1848, dans l&rsquo;indiff&eacute;rence de la situation ext&eacute;rieure&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Sans prendre garde &agrave; l&rsquo;ouragan<br /> Qui fouettait mes vitres ferm&eacute;es,<br /> Moi, j&rsquo;ai fait &Eacute;maux et cam&eacute;es&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn1" id="_ftnref">[1]</a>.&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;</p> </blockquote> <p>Cette r&eacute;volution, m&eacute;taphoris&eacute;e par un ph&eacute;nom&egrave;ne climatique, n&rsquo;emp&ecirc;che pas le po&egrave;te de ciseler son &oelig;uvre. Dans le contexte du XIXe si&egrave;cle, on peut en effet opposer l&rsquo;attitude des tenants de &laquo;&nbsp;l&rsquo;art pour l&rsquo;art&nbsp;&raquo; &agrave; ceux de l&rsquo;engagement romantique, ou alors au r&eacute;alisme. D&rsquo;un point de vue scientifique, il s&rsquo;agit davantage d&rsquo;adopter la posture que Nathalie Heinich appelle &laquo;&nbsp;neutralit&eacute; engag&eacute;e&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Il n&rsquo;y a pas un &laquo;&nbsp;bon&nbsp;&raquo; engagement auquel s&rsquo;opposerait un &laquo;&nbsp;mauvais&nbsp;&raquo; d&eacute;tachement, pas plus qu&rsquo;un d&eacute;tachement b&eacute;n&eacute;fique auquel s&rsquo;opposerait un engagement mal&eacute;fique. La neutralit&eacute; axiologique, c&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment ce mouvement&nbsp;: cesser de redoubler les adh&eacute;sions ou les critiques op&eacute;r&eacute;es par les acteurs, pour expliciter les conditions auxquelles ces adh&eacute;sions et ces critiques se nouent &agrave; leurs objets, dans un sens ou dans un autre.&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn2" id="_ftnref">[2]</a></p> </blockquote> <p>Refusant l&rsquo;opposition axiologique entre un engagement valoris&eacute; et un d&eacute;tachement d&eacute;valoris&eacute; ou inversement, Nathalie Heinich fait co&iuml;ncider &laquo;&nbsp;neutralit&eacute; axiologique&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;neutralit&eacute; engag&eacute;e&nbsp;&raquo;, plaidant en faveur d&rsquo;une analyse des adh&eacute;sions et des critiques. C&rsquo;est cette attitude heuristique que l&rsquo;on tente ici de transposer en attitude didactique. Pour ce faire, il convient de s&rsquo;interroger d&rsquo;abord sur l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais en situation de crise &eacute;conomique, puis de conflit politique, afin de voir les cons&eacute;quences qui en r&eacute;sultent sur les rapports entre le lieu d&rsquo;apprentissage et le monde. La d&eacute;marche adopt&eacute;e ici par le chercheur ayant enseign&eacute; dans le secondaire &agrave; Mayotte a un point de d&eacute;part empirique, consistant en une typologie des probl&egrave;mes rencontr&eacute;s. La connaissance du terrain est ensuite objectiv&eacute;e par les donn&eacute;es statistiques sur l&rsquo;&icirc;le et les propositions faites pour rem&eacute;dier aux situations de crise consistent &agrave; enseigner le fran&ccedil;ais &agrave; partir de supports culturels et litt&eacute;raires issus de l&rsquo;environnement des &eacute;l&egrave;ves.</p> <h2>1. Enseigner le fran&ccedil;ais en situation de crise &eacute;conomique</h2> <h3>1.1. Mayotte en situation de pauvret&eacute;</h3> <p>Mayotte poss&egrave;de une r&eacute;putation de pauvret&eacute; qui est &eacute;tay&eacute;e par les statistiques de l&rsquo;INSEE&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Plus d&rsquo;un quart de la population de Mayotte vit sous le seuil relatif de pauvret&eacute; (d&eacute;fini &agrave; 60% de la valeur du niveau de vie m&eacute;dian, soit 1450 euros en 2005). Les disparit&eacute;s de niveau de vie selon la nationalit&eacute; ou l&rsquo;origine des personnes sont tr&egrave;s marqu&eacute;es. Ainsi, en 2005, le niveau de vie moyen des &eacute;trangers est de 2480 euros, un niveau de vie quasiment deux fois plus faible que celui des r&eacute;sidents de nationalit&eacute; fran&ccedil;aise (4280). Parmi ces derniers, le niveau de vie actuel des originaires de Mayotte s&rsquo;&eacute;l&egrave;ve &agrave; 3315 euros, soit cinq fois moins que celui des non originaires.&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn3" id="_ftnref">[3]</a></p> </blockquote> <p>Selon le&nbsp;<em>Tableau &eacute;conomique de Mayotte</em>&nbsp;en 2010, plus de 25% de la population vit avec environ 870 euros par mois. Trois situations sont ici distingu&eacute;es&nbsp;: la pauvret&eacute; relative des Mahorais, la grande pauvret&eacute; des &eacute;trangers en situation irr&eacute;guli&egrave;re et la richesse de r&eacute;sidents m&eacute;tropolitains. Cet &eacute;cart de richesse est donc propice &agrave; des crises entre les trois groupes et l&rsquo;on observe parfois &agrave; Mayotte des ph&eacute;nom&egrave;nes de &laquo;&nbsp;d&eacute;casage&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire d&rsquo;expulsion des clandestins des lieux qu&rsquo;ils occupent. La richesse des M&eacute;tropolitains de passage est souvent critiqu&eacute;e par les Mahorais et les premiers ressentent, parfois avec inqui&eacute;tude, une ins&eacute;curit&eacute;, souvent attribu&eacute;e &agrave; l&rsquo;immigration clandestine. En outre, ces conflits entre les trois cat&eacute;gories peuvent comprendre une dimension raciale, en particulier si l&rsquo;on observe que les deux cat&eacute;gories les plus pauvres partagent la couleur de peau de l&rsquo;ancien esclave, tandis que la cat&eacute;gorie la plus riche est celle de l&rsquo;ancien ma&icirc;tre<a href="#_ftn4" id="_ftnref">[4]</a>. Jusqu&rsquo;&agrave; une &eacute;poque r&eacute;cente, l&rsquo;habitat a parfois &eacute;t&eacute; con&ccedil;u comme une mani&egrave;re de &laquo;&nbsp;g&eacute;rer&nbsp;&raquo; ces conflits en s&eacute;parant les M&eacute;tropolitains du reste de la population dans des lotissements de case SIM &ndash; Soci&eacute;t&eacute; Immobili&egrave;re de Mayotte &ndash; appel&eacute;s&nbsp;<em>mzunguland</em>.</p> <h3>1.2. R&eacute;percussions en classe (notamment de fran&ccedil;ais)</h3> <p>Cette stratification sociale se retrouve en classe, &eacute;tant donn&eacute; qu&rsquo;une grande partie des r&eacute;sidents m&eacute;tropolitains de Mayotte sont des enseignants. En effet, dans l&rsquo;&icirc;le, on trouve un grand nombre d&rsquo;&eacute;tablissements scolaires primaires et secondaires parce que pr&egrave;s de 60% de la population a moins de vingt ans. Il n&rsquo;en reste pas moins vrai qu&rsquo;un grand nombre d&rsquo;enseignants contractuels sont eux mahorais, ou ressortissants de la r&eacute;gion, et que leur salaire est &eacute;galement index&eacute; &agrave; 40% depuis peu. Du c&ocirc;t&eacute; des &eacute;l&egrave;ves, on trouve les enfants mahorais, les enfants en situation irr&eacute;guli&egrave;re, qui sont obligatoirement scolaris&eacute;s, ainsi que les enfants des M&eacute;tropolitains. Ces trois grandes cat&eacute;gories pr&eacute;sentent d&rsquo;importantes diff&eacute;rences de capitaux, au sens bourdieusien, c&rsquo;est-&agrave;-dire non seulement &eacute;conomique mais aussi social, culturel et symbolique, ce qui impose &agrave; l&rsquo;enseignant, dans la mesure de ses capacit&eacute;s, une gestion de l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; par la p&eacute;dagogie diff&eacute;renci&eacute;e. On peut noter qu&rsquo;&agrave; Mayotte, un enseignement primaire priv&eacute; tend &agrave; se d&eacute;velopper. Quoi qu&rsquo;il en soit, la situation la plus fr&eacute;quente est celle d&rsquo;un enseignant qui appara&icirc;t comme nanti face &agrave; un public que l&rsquo;on peut consid&eacute;rer d&eacute;favoris&eacute;. Il y a l&agrave; mati&egrave;re &agrave; conflit, m&ecirc;me si cet &eacute;cart n&rsquo;est pas toujours conscient &eacute;tant donn&eacute; que l&rsquo;interaction n&rsquo;est pas &eacute;conomique, mais scolaire, mettant face &agrave; face un enseignant et des &eacute;l&egrave;ves. De plus, cette diff&eacute;rence, qui peut aboutir &agrave; la critique, peut aussi aboutir &agrave; l&rsquo;adh&eacute;sion &eacute;tant donn&eacute; que l&rsquo;&eacute;cole peut permettre &agrave; l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve de passer les concours d&rsquo;enseignement et que la d&eacute;partementalisation a eu pour effet de r&eacute;duire les in&eacute;galit&eacute;s de traitement en indexant le salaire des contractuels.<br /> En classe de fran&ccedil;ais, l&rsquo;&eacute;tude du r&eacute;alisme, mouvement litt&eacute;raire peignant le peuple, permet une r&eacute;flexion sur les crises li&eacute;es &agrave; l&rsquo;argent, conform&eacute;ment au titre de l&rsquo;un des romans du cycle des Rougon-Macquart. Voici comment l&rsquo;un des deux p&egrave;res fondateurs des lettres francophones de Mayotte, Abdou Salam Baco, se souvient n&eacute;gativement d&rsquo;un cours sur &Eacute;mile Zola&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Pourvu que cette gale ne m&rsquo;interroge pas sur ce foutu texte de Zola&nbsp;!&nbsp;&raquo; esp&eacute;rait-il. &laquo;&nbsp;Qu&rsquo;est-ce que j&rsquo;en ai &agrave; foutre moi de la d&eacute;cadence fatale d&rsquo;une famille ouvri&egrave;re dans le milieu empest&eacute; des faubourgs, du rel&acirc;chement des liens de la famille, des ordures, de la promiscuit&eacute; d&eacute;cadente, de l&rsquo;oubli progressif des sentiments honn&ecirc;tes, de l&rsquo;ivrognerie et de la fain&eacute;antise&hellip; comme si nous n&rsquo;avions pas nos mis&egrave;res ici.&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn5" id="_ftnref">[5]</a></p> </blockquote> <p>L&rsquo;&eacute;l&egrave;ve, qui se nomme Bana, exprime ici son rejet d&rsquo;un cours de fran&ccedil;ais qui ne suscite pas son int&eacute;r&ecirc;t. Pourtant, une transposition didactique pourrait transformer la critique des Rougon-Macquart en adh&eacute;sion, s&rsquo;il n&rsquo;y avait pas le rejet d&rsquo;un professeur d&eacute;test&eacute;, se retrouvant en travers du savoir au lieu d&rsquo;&ecirc;tre travers&eacute; par lui. S&rsquo;il y a &eacute;loignement au monde ouvrier &agrave; Mayotte, l&rsquo;id&eacute;e de d&eacute;cadence peut &ecirc;tre une piste de r&eacute;flexion. S&rsquo;il n&rsquo;y a pas d&rsquo;&eacute;loignement des familles, le traitement des ordures est un sujet r&eacute;current &agrave; Mayotte. La promiscuit&eacute; existe, elle aussi, &agrave; cause de la d&eacute;mographie et des conditions de vie pr&eacute;caire, mais elle tend &agrave; &ecirc;tre &eacute;vit&eacute;e par la construction du banga, gar&ccedil;onni&egrave;re que l&rsquo;adolescent investit &agrave; la pubert&eacute;<a href="#_ftn6" id="_ftnref">[6]</a>. La perte des valeurs est aussi un lieu d&rsquo;interrogation possible sur l&rsquo;antagonisme entre tradition et modernit&eacute;, voire mondialisation. L&rsquo;usage de l&rsquo;alcool est parfois consid&eacute;r&eacute; comme un fl&eacute;au &agrave; Mayotte. L&rsquo;accusation de fain&eacute;antise est &eacute;galement souvent entendue&nbsp;; et elle n&rsquo;est peut-&ecirc;tre pas d&eacute;nu&eacute;e d&rsquo;un relent de colonialisme, malgr&eacute; la d&eacute;construction de ce st&eacute;r&eacute;otype par Albert Memmi<a href="#_ftn7" id="_ftnref">[7]</a>. De fa&ccedil;on synth&eacute;tique, de nombreux &eacute;chos sont possibles entre l&rsquo;histoire d&rsquo;une famille sous le Second Empire et la situation actuelle des Mahorais, mais ces &eacute;chos restent ici inaper&ccedil;us de l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve. En d&rsquo;autres termes, l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve ressent le texte comme &eacute;tranger, et se sent &eacute;tranger &agrave; lui. L&rsquo;enseignant ne r&eacute;ussit pas &agrave; abolir la distance entre les deux afin de faire entrer l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve dans le texte pour y d&eacute;couvrir des &eacute;l&eacute;ments du texte et,<em>&nbsp;in fine</em>, s&rsquo;y reconna&icirc;tre.</p> <h3>1.3. Le th&egrave;me de la richesse comme proposition de projet p&eacute;dagogique annuel</h3> <p>La premi&egrave;re solution ici propos&eacute;e pour l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais &agrave; Mayotte, c&rsquo;est-&agrave;-dire, en l&rsquo;occurrence, dans une situation de pauvret&eacute;, est, loin d&rsquo;ignorer le probl&egrave;me, d&rsquo;en faire le centre du cours de fran&ccedil;ais par le choix de textes relatifs &agrave; ce th&egrave;me. Richesse, ou richesse et pauvret&eacute; &ndash; sans oublier bonheur et mis&egrave;re &ndash; peuvent faire l&rsquo;objet d&rsquo;un projet p&eacute;dagogique annuel qui, se retrouvant de s&eacute;quence en s&eacute;quence, constitue un fil rouge entre les supports choisis par l&rsquo;enseignant. Choisir les th&egrave;mes de la richesse ou de la pauvret&eacute; au cours d&rsquo;une s&eacute;ance, d&rsquo;une s&eacute;quence ou d&rsquo;un projet p&eacute;dagogique annuel peut permettre aux &eacute;l&egrave;ves de r&eacute;fl&eacute;chir sur leur propre situation &eacute;conomique, celle de ceux qui les entourent et celle qu&rsquo;ils souhaitent pour eux-m&ecirc;mes plus tard. Un tel choix didactique, par sa &laquo;&nbsp;neutralit&eacute; engag&eacute;e&nbsp;&raquo;, comporte des risques, mais promet aussi des r&eacute;sultats en cas d&rsquo;adh&eacute;sion des &eacute;l&egrave;ves, donnant une &acirc;me au cours de fran&ccedil;ais qui n&rsquo;est plus alors seulement, selon une autre description d&rsquo;Abdou Salam Baco, le lieu d&rsquo;exercices formels vides de sens, c&rsquo;est-&agrave;-dire scolaires, au sens p&eacute;joratif du terme&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Il peinait sur ce texte de Zola, un petit extrait de &laquo;&nbsp;L&rsquo;Assommoir&nbsp;&raquo;. Il faut dire que c&rsquo;&eacute;tait la premi&egrave;re fois que Bana devait se servir de fl&egrave;ches, d&rsquo;un tableau, de cercles&hellip; pour analyser un texte&nbsp;; c&rsquo;&eacute;tait aussi la premi&egrave;re fois qu&rsquo;il entendait parler de &laquo;&nbsp;sous-entendus&nbsp;&raquo;, d&rsquo;images&hellip; Jusque-l&agrave;, les difficult&eacute;s qu&rsquo;il avait eu &agrave; surmonter s&rsquo;&eacute;taient limit&eacute;es &agrave; la concordance de temps, &agrave; l&rsquo;orthographe.&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn8" id="_ftnref">[8]</a></p> </blockquote> <p>On voit ici que la repr&eacute;sentation du cours de fran&ccedil;ais se limite &agrave; la r&eacute;alisation d&rsquo;exercices formels dont le but et le sens &eacute;chappent. On ne sait pas &agrave; quoi servent les fl&egrave;ches ni les tableaux. Il y a pourtant, en creux, un passage du cours de fran&ccedil;ais de coll&egrave;ge, symbolis&eacute; par la dict&eacute;e r&eacute;clamant la ma&icirc;trise de l&rsquo;orthographe et l&rsquo;exercice de grammaire, r&eacute;clamant par exemple celle de la concordance des temps, vers le cours de litt&eacute;rature du lyc&eacute;e dont le but est d&rsquo;analyser un texte en mettant en &oelig;uvre des concepts comme celui de sous-entendu ou d&rsquo;image&nbsp;; autant de promesses d&rsquo;une exploration riche et fine du texte litt&eacute;raire qui ne s&rsquo;ouvre pas encore &agrave; un &eacute;l&egrave;ve qui peine &agrave; s&rsquo;adapter. Construire un projet d&rsquo;enseignement de fran&ccedil;ais autour des th&egrave;mes de la richesse et de la pauvret&eacute;, dans le contexte de Mayotte, invite &eacute;galement &agrave; ne pas seulement recourir au texte, mais aussi &agrave; d&rsquo;autres syst&egrave;mes de signes&nbsp;: les v&ecirc;tements, les parures, les langues. Sans prendre pour cible le professeur ou les &eacute;l&egrave;ves, selon leurs sensibilit&eacute;s, on peut n&eacute;anmoins s&rsquo;interroger sur les signes ext&eacute;rieurs de richesse notamment dans les films ou dans les&nbsp;<em>clips</em>&nbsp;de musique. En ce qui concerne les langues, on peut indiquer &ndash; et l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve en a conscience &ndash; que la fa&ccedil;on de parler est souvent un indicateur de l&rsquo;appartenance sociale, conform&eacute;ment aux analyses sociolinguistiques de Labov<a href="#_ftn9" id="_ftnref">[9]</a>. Les niveaux de langue, grossier, familier, courant et soutenu &ndash; que les &eacute;l&egrave;ves sont invit&eacute;s &agrave; ma&icirc;triser au fur et &agrave; mesure de leur scolarit&eacute; &ndash; dessinent en creux des &eacute;carts sociaux, notamment entre le peuple et la bourgeoisie, m&ecirc;me s&rsquo;il s&rsquo;agit l&agrave; de tendances et de repr&eacute;sentations plus que de v&eacute;rit&eacute;s objectives. Un professeur de fran&ccedil;ais, ou un &eacute;l&egrave;ve, de basse extraction peut manier la langue fran&ccedil;aise bien mieux qu&rsquo;un bourgeois qui fera des &laquo;&nbsp;fautes&nbsp;&raquo; et jurera comme un charretier. Dans cette perspective, on peut glisser du r&eacute;alisme vers le romantisme afin de faire &eacute;tudier aux &eacute;l&egrave;ves un certain nombre de choix lexicaux de Victor Hugo. Si la mission principale du cours de fran&ccedil;ais est d&rsquo;enseigner la ma&icirc;trise d&rsquo;une langue, ce n&rsquo;est pas son seul but, raison pour laquelle le cours s&rsquo;appuie fr&eacute;quemment sur des textes litt&eacute;raires permettant de construire une culture humaniste. En outre, parmi les missions de l&rsquo;&eacute;cole, on trouve aussi, de fa&ccedil;on globale, le d&eacute;veloppement et l&rsquo;&eacute;panouissement de l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve ainsi que la pr&eacute;paration de son insertion professionnelle future.</p> <p>L&rsquo;analyse de la situation &eacute;conomique de Mayotte sugg&egrave;re la possibilit&eacute; de crises, qui se v&eacute;rifient dans l&rsquo;exp&eacute;rience, entre les &eacute;l&egrave;ves, ou entre les &eacute;l&egrave;ves et l&rsquo;enseignant. La solution didactique propos&eacute;e n&rsquo;est pas d&rsquo;ignorer cette crise, mais au contraire de faire de sa source la mati&egrave;re du cours dont la forme n&rsquo;est pas la crise, mais au contraire un travail serein en collaboration avec le professeur, afin de faire comprendre aux &eacute;l&egrave;ves les enjeux du probl&egrave;me qui aboutit &agrave; la crise, tout en pariant sur la compr&eacute;hension comme moyen de la d&eacute;samorcer.</p> <h2>2. Enseigner le fran&ccedil;ais en situation de crise politique</h2> <h3>2.1. La situation politique de Mayotte</h3> <p>La situation g&eacute;ographique de Mayotte est celle d&rsquo;une partie d&rsquo;un archipel, celui des Comores, c&rsquo;est-&agrave;-dire des &icirc;les de la lune selon la d&eacute;nomination adopt&eacute;e par les Arabes qui d&eacute;couvrirent ces &icirc;les et leur transmirent la religion musulmane. C&rsquo;est ensuite la colonisation fran&ccedil;aise qui unifie l&rsquo;archipel en un protectorat &agrave; partir de 1886, mais lorsque la vague des d&eacute;colonisations s&rsquo;annonce, elle aboutit, aux Comores, &agrave; l&rsquo;ind&eacute;pendance unilat&eacute;rale de trois &icirc;les, Mayotte se maintenant dans le giron fran&ccedil;ais en s&rsquo;assimilant progressivement &agrave; la m&eacute;tropole jusqu&rsquo;&agrave; devenir un d&eacute;partement. Ainsi l&rsquo;&icirc;le de Mayotte est-elle inscrite dans deux constitutions<a href="#_ftn10" id="_ftnref">[10]</a>, celle de la France et celle de l&rsquo;Union des Comores. Le maintien de la France &agrave; Mayotte est condamn&eacute; par l&rsquo;ONU au nom du principe d&rsquo;intangibilit&eacute; des fronti&egrave;res issues de la colonisation, principe auquel la France oppose celui d&rsquo;auto-d&eacute;termination des peuples, consid&eacute;rant que chaque &icirc;le des Comores forme un peuple distinct. Il existe donc une pluralit&eacute; de discours mondialis&eacute;s sur Mayotte, mais le discours officiel qui pr&eacute;vaut &agrave; Mayotte est le discours fran&ccedil;ais, la France administrant l&rsquo;&icirc;le comme un d&eacute;partement et l&rsquo;alignant progressivement sur les exigences du droit commun.</p> <h3>2.2. Importance de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais dans le cadre de la francisation de Mayotte</h3> <p>Il existe une opinion commune, qui diff&egrave;re de la r&eacute;alit&eacute; et ne fait pas consensus, selon laquelle on ne peut &ecirc;tre Fran&ccedil;ais sans parler fran&ccedil;ais. Les cons&eacute;quences en sont d&egrave;s lors le caract&egrave;re crucial du cours de fran&ccedil;ais dans la transmission de la francit&eacute;. La situation linguistique de Mayotte est une situation complexe analys&eacute;e notamment par Marie-Fran&ccedil;oise Rombi, dans l&rsquo;ouvrage collectif de Bernard Cerquiglini intitul&eacute;&nbsp;<em>Les Langues de France</em>&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;D&rsquo;apr&egrave;s le recensement de 1991, 65 &agrave; 70% de la population de Mayotte ne ma&icirc;trisait pas, ou ma&icirc;trisait mal, le fran&ccedil;ais &agrave; cette date. On estime qu&rsquo;aujourd&rsquo;hui ce pourcentage serait d&rsquo;environ 60%. Mis &agrave; part quelques fonctionnaires d&rsquo;origine m&eacute;tropolitaine, il n&rsquo;existe pas de francophones monolingues &agrave; Mayotte.&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn11" id="_ftnref">[11]</a></p> </blockquote> <p>On voit donc que l&rsquo;opinion commune qui pr&eacute;c&egrave;de exclut de la francit&eacute; des personnes qui pourtant sont de nationalit&eacute; fran&ccedil;aise. Le constat de cette situation d&rsquo;une majorit&eacute; de la population de Mayotte, dont la ma&icirc;trise du fran&ccedil;ais est sujette &agrave; caution au d&eacute;but des ann&eacute;es 90, a incit&eacute; &agrave; rendre l&rsquo;&eacute;cole obligatoire afin de r&eacute;sorber progressivement le probl&egrave;me. Il convient n&eacute;anmoins de saisir la complexit&eacute; de la situation mahoraise en relativisant la vision scolaire fran&ccedil;aise de Mayotte. Ce qui est rendu obligatoire au d&eacute;but des ann&eacute;es 90, c&rsquo;est l&rsquo;&eacute;cole fran&ccedil;aise, car il existe &agrave; Mayotte un autre type d&rsquo;&eacute;cole qui fonctionne et qui est consid&eacute;r&eacute; &ndash; notamment par l&rsquo;&eacute;crivain S&eacute;line Soula &ndash; comme l&rsquo;&eacute;cole mahoraise, &agrave; savoir l&rsquo;&eacute;cole coranique&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;cole coranique tient un autre r&ocirc;le&nbsp;: elle est en quelque sorte une p&eacute;riode d&rsquo;initiation o&ugrave; l&rsquo;enfant se doit de comprendre les r&egrave;gles fondamentales de la soci&eacute;t&eacute; mahoraise.&nbsp;&raquo;&nbsp;<a href="#_ftn12" id="_ftnref">[12]</a></p> </blockquote> <p>Dans ce passage th&eacute;orique de&nbsp;<em>Zawou la mahoraise</em>, ouvrage paru en 2008, S&eacute;line Soula romance son exp&eacute;rience de l&rsquo;&eacute;cole coranique et m&eacute;dite sur le r&ocirc;le de cette institution qui apprend bien plus que le texte sacr&eacute;. En cons&eacute;quence, conform&eacute;ment &agrave; la th&egrave;se de Nassur Attoumani<a href="#_ftn13" id="_ftnref">[13]</a>, lorsque l&rsquo;on parle d&rsquo;illettrisme ou d&rsquo;analphab&eacute;tisme &agrave; Mayotte, il s&rsquo;agit de la m&eacute;connaissance de l&rsquo;alphabet latin et de la langue fran&ccedil;aise&nbsp;; parce que l&rsquo;&eacute;cole coranique enseigne l&rsquo;alphabet et la langue arabe &agrave; travers le texte coranique. De plus, comme le signale Marie-Fran&ccedil;oise Rombi, rares sont, &agrave; l&rsquo;exception des M&eacute;tropolitains, les &laquo;&nbsp;francophones monolingues&nbsp;&raquo;. En d&rsquo;autres termes, Mayotte est une terre de plurilinguisme dans laquelle les &eacute;l&egrave;ves doivent articuler la langue officielle, qui est le fran&ccedil;ais, &agrave; la langue religieuse qu&rsquo;est l&rsquo;arabe, sans oublier les langues maternelles que sont le&nbsp;<em>shimaore</em>, langue bantu ou le&nbsp;<em>kibushi</em>, variante de malgache parl&eacute;e par un tiers de la population de Mayotte.</p> <h3>2.3. Enseigner le fran&ccedil;ais en contexte plurilingue</h3> <p>La compr&eacute;hension du fran&ccedil;ais pose souvent probl&egrave;me en classe &agrave; Mayotte, et ce probl&egrave;me se pose dans tous les cours qui s&rsquo;appuient sur cette langue pour construire des connaissances ou r&eacute;aliser des activit&eacute;s. Il n&rsquo;en reste pas moins vrai qu&rsquo;&agrave; Mayotte, le fran&ccedil;ais coexiste avec d&rsquo;autres langues et donc d&rsquo;autres cultures, du&nbsp;<em>shimaore</em>&nbsp;&agrave; l&rsquo;arabe. La seconde proposition didactique consiste, en fonction des comp&eacute;tences et de la libert&eacute; p&eacute;dagogique de l&rsquo;enseignant, &agrave; remplacer la diglossie par le colinguisme<a href="#_ftn14" id="_ftnref">[14]</a>. La diglossie est une situation linguistique dans laquelle une langue est appel&eacute;e &laquo;&nbsp;vari&eacute;t&eacute; haute&nbsp;&raquo; par son prestige et l&rsquo;autre &laquo;&nbsp;vari&eacute;t&eacute; basse&nbsp;&raquo;. Dans le cas de Mayotte, le fran&ccedil;ais est valoris&eacute; au d&eacute;triment de la langue vernaculaire, ce qui peut aboutir &agrave; une situation de crise, la langue ma&icirc;tris&eacute;e &eacute;tant m&eacute;pris&eacute;e, tandis que la langue ignor&eacute;e est pos&eacute;e comme indispensable &agrave; la r&eacute;ussite. La p&eacute;dagogie actuelle incite &agrave; immerger l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve dans la langue enseign&eacute;e. Le cours de fran&ccedil;ais se fait en fran&ccedil;ais et le cours d&rsquo;anglais en anglais. La pr&eacute;sente proposition didactique ne vise pas &agrave; s&rsquo;opposer &agrave; cette m&eacute;thode, qui n&rsquo;est toutefois pas toujours bien re&ccedil;ue par les &eacute;l&egrave;ves dans le cas des langues &eacute;trang&egrave;res, mais &agrave; faire du cours de fran&ccedil;ais un lieu d&rsquo;accueil pour les autres langues utilis&eacute;es par l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve.</p> <p>Cette proposition est rendue possible dans le cas de l&rsquo;&eacute;tude des contes. Il existe en effet une importante litt&eacute;rature des contes &agrave; Mayotte. Or, l&rsquo;&eacute;dition de ce genre bref se fait dans plusieurs langues, ce qui peut faciliter la compr&eacute;hension de texte et int&eacute;resser les &eacute;l&egrave;ves au cours. Dans cette perspective, les partis-pris &eacute;ditoriaux peuvent &ecirc;tre transpos&eacute;s de fa&ccedil;on didactique. No&euml;l Jacques Gueunier<a href="#_ftn15" id="_ftnref">[15]</a>&nbsp;propose d&rsquo;abord le texte en&nbsp;<em>kibushi</em>&nbsp;puis sa traduction en fran&ccedil;ais. Sophie Blanchy<a href="#_ftn16" id="_ftnref">[16]</a>&nbsp;pr&eacute;sente d&rsquo;abord le texte en shimaore ou en kibushi, ainsi qu&rsquo;en graphie latine ou arabe, avant d&rsquo;en proposer une traduction. La comparaison du &laquo;&nbsp;texte arabe&nbsp;&raquo; au &laquo;&nbsp;texte fran&ccedil;ais&nbsp;&raquo; peut permettre de comparer des alphabets ainsi que des sens d&rsquo;&eacute;criture ou de lecture. Abdou Salam Baco &eacute;dite une dizaine de volumes th&eacute;matiques de contes et garde la langue vernaculaire pour le dernier, comme une r&eacute;compense qui reprend un des textes de chacun des volumes pr&eacute;c&eacute;dents, mais dans sa langue originale cette fois-ci<a href="#_ftn17" id="_ftnref">[17]</a>. Nassur Attoumani publie, en fran&ccedil;ais, des&nbsp;<em>Contes traditionnels de Mayotte</em><a href="#_ftn18" id="_ftnref">[18]</a>&nbsp;qui peuvent permettre &agrave; l&rsquo;enseignant de faire chercher aux &eacute;l&egrave;ves, sous le fran&ccedil;ais, leur langue maternelle dans certaines tournures ou sous certains mots, &agrave; la mani&egrave;re du concept d&rsquo;interlangue<a href="#_ftn19" id="_ftnref">[19]</a>, qui n&rsquo;est plus alors la langue de l&rsquo;apprenant, sinon la langue originale de l&rsquo;&eacute;crivain. Un tel choix permet &agrave; l&rsquo;enseignant m&eacute;tropolitain de mettre &agrave; distance son rapport au monolinguisme et de valoriser, aupr&egrave;s de l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve, l&rsquo;&eacute;veil d&rsquo;une conscience grammaticale de la langue qui ne lui est transmise ni dans le cas de l&rsquo;apprentissage de la langue maternelle, ni dans celui de l&rsquo;&eacute;cole coranique. La possibilit&eacute; de va-et-vient entre plusieurs versions d&rsquo;un m&ecirc;me texte dans diff&eacute;rentes langues, ainsi qu&rsquo;une situation dans laquelle le texte fran&ccedil;ais n&rsquo;est pas le texte original, contribue &agrave; l&rsquo;apprivoisement de la langue fran&ccedil;aise par un &eacute;l&egrave;ve pour lequel elle n&rsquo;est pas, &agrave; Mayotte, la langue maternelle. La pr&eacute;sente proposition didactique se pr&eacute;sente, si l&rsquo;on peut dire, de fa&ccedil;on horizontale, hi&eacute;rarchisant, aussi peu que possible, les langues connues par les &eacute;l&egrave;ves en les mettant au service du fran&ccedil;ais.</p> <h3>2.4. Enseigner les &laquo;&nbsp;petites phrases&nbsp;&raquo; de Mayotte</h3> <p>Une deuxi&egrave;me proposition didactique, plus audacieuse, peut &ecirc;tre faite conform&eacute;ment au principe selon lequel la strat&eacute;gie d&rsquo;ignorance des probl&egrave;mes &ndash; afin de les laisser &laquo;&nbsp;pourrir&nbsp;&raquo; pour qu&rsquo;ils disparaissent alors qu&rsquo;ils s&rsquo;enveniment bien souvent ainsi &ndash; est moins une strat&eacute;gie qu&rsquo;une absence de strat&eacute;gie, et peut-&ecirc;tre &eacute;galement une absence de courage. &Eacute;tant donn&eacute; qu&rsquo;un nombre non n&eacute;gligeable des personnes qui sont &agrave; Mayotte se trouvent en situation irr&eacute;guli&egrave;re, mais qu&rsquo;elles sont accueillies par l&rsquo;&eacute;cole fran&ccedil;aise dans le cas des mineurs, la situation politique complexe de Mayotte fran&ccedil;aise dans l&rsquo;Archipel des Comores ne dispara&icirc;t pas au seuil de la salle de classe, et moins encore lorsqu&rsquo;il s&rsquo;agit, entre autres, du cours de fran&ccedil;ais. Afin de tenir compte de cette situation linguistique complexe de Mayotte en classe de fran&ccedil;ais, il convient d&rsquo;articuler le&nbsp;<em>shimaore</em>&nbsp;&agrave; la langue officielle. Pour ce faire, dans la perspective d&rsquo;une didactique interculturelle<a href="#_ftn20" id="_ftnref">[20]</a>, on peut &eacute;tudier les petites phrases de Mayotte<a href="#_ftn21" id="_ftnref">[21]</a>. Qui s&rsquo;int&eacute;resse &agrave; Mayotte d&eacute;couvre rapidement les armoiries de l&rsquo;&icirc;le qui figurent sur les b&acirc;timents et les v&eacute;hicules officiels, ainsi que sur de nombreuses brochures. Un tel support peut donner lieu &agrave; une lecture d&rsquo;image contextualis&eacute;e. Il s&rsquo;agit en effet d&rsquo;un blason tricolore, sur lequel on trouve un croissant de lune et trois fleurs&nbsp;; ce blason est entour&eacute; par deux hippocampes et en-dessous, on trouve un ruban contenant la devise &laquo;&nbsp;<em>Ra Hachiri</em>&nbsp;&raquo;. Ce document permet de d&eacute;crypter un certain nombre de symboles de Mayotte. Les deux hippocampes qui entourent le blason renvoient au clich&eacute; de Mayotte comme l&rsquo;&icirc;le hippocampe<a href="#_ftn22" id="_ftnref">[22]</a>, en raison de la forme renvers&eacute;e de la Grande Terre. Les couleurs fran&ccedil;aises du blason rappellent l&rsquo;appartenance de Mayotte &agrave; la France, les fleurs renvoyant &agrave; l&rsquo;ylang-ylang, plante &agrave; parfum cultiv&eacute;e dans l&rsquo;&icirc;le &agrave; partir de l&rsquo;&eacute;poque coloniale. Le croissant de lune renvoie &agrave; la religion musulmane majoritaire dans l&rsquo;&icirc;le et ces trois symboles fonctionnent en harmonie. La devise, formul&eacute;e dans la langue de Mayotte, signifie &laquo;&nbsp;Nous sommes vigilants&nbsp;&raquo;. Ce symbole de Mayotte fran&ccedil;aise s&rsquo;oppose notamment au &laquo;&nbsp;<em>Mkolo nalawe</em>&nbsp;&raquo; &ndash; &laquo;&nbsp;Colon, dehors&nbsp;&raquo; &ndash; slogan fr&eacute;quent aux Comores au moment de la d&eacute;colonisation, avant 1975. On peut aussi opposer deux autres phrases symbolisant ce conflit politique, &agrave; savoir le slogan des manifestations mahoraises d&rsquo;une part &laquo;&nbsp;Nous voulons rester Fran&ccedil;ais pour &ecirc;tre libres&nbsp;&raquo; et, de l&rsquo;autre, le panneau qui se trouve &agrave; l&rsquo;entr&eacute;e de Moroni, capitale de la Grande Comore&nbsp;: &laquo;&nbsp;Mayotte est comorienne et le restera &agrave; jamais&nbsp;&raquo;. Il est bien entendu que, conform&eacute;ment au devoir de r&eacute;serve, il n&rsquo;est aucunement question de remettre en cause la d&eacute;cision politique de Mayotte fran&ccedil;aise. Comme dans le cas de la peine de mort, le professeur se doit d&rsquo;adh&eacute;rer &agrave; son abolition, mais il lui est n&eacute;anmoins possible d&rsquo;&eacute;tudier des textes qui soutiennent des points de vue diff&eacute;rents, notamment ceux des contemporains du moment o&ugrave; cette d&eacute;cision politique est en d&eacute;bat. Ici encore, la proposition didactique rejoint la &laquo;&nbsp;neutralit&eacute; engag&eacute;e&nbsp;&raquo; de Nathalie Heinich&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;La neutralit&eacute;, en effet, offre au chercheur une capacit&eacute; &agrave; se d&eacute;placer entre les diff&eacute;rents arguments, qui lui permet de restituer aux acteurs un autre regard, une autre fa&ccedil;on de donner sens&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn23" id="_ftnref">[23]</a>.</p> </blockquote> <p>C&rsquo;est cette neutralit&eacute; qui est ici revendiqu&eacute;e par l&rsquo;enseignant de fran&ccedil;ais qui, en tant qu&rsquo;h&eacute;ritier de la tradition rh&eacute;torique, contribue &agrave; enseigner aux &eacute;l&egrave;ves des arguments ainsi que des mani&egrave;res d&rsquo;argumenter, en vue d&rsquo;&ecirc;tre capable de plusieurs regards sur un probl&egrave;me, ou de plusieurs hypoth&egrave;ses de sens sur un texte.</p> <h2>3. La porte &eacute;troite du lyc&eacute;e</h2> <h3>3.1. Br&egrave;ve comparaison de l&rsquo;ouverture respective des programmes de coll&egrave;ge et de lyc&eacute;e</h3> <p>Alors que les programmes de coll&egrave;ge, conform&eacute;ment &agrave; la derni&egrave;re r&eacute;forme en date, permettent de larges innovations p&eacute;dagogiques, l&rsquo;histoire litt&eacute;raire et l&rsquo;&eacute;tude des genres faisant place &agrave; l&rsquo;&eacute;tude de th&egrave;mes sous forme de spirale pendant un cycle qui poursuit ceux du primaire, les programmes du lyc&eacute;e restent attach&eacute;s &agrave; des objets d&rsquo;&eacute;tude qui renvoient &agrave; une forme litt&eacute;raire et &agrave; une p&eacute;riode historique plus ou moins d&eacute;limit&eacute;es. D&egrave;s lors, l&rsquo;enseignant de fran&ccedil;ais qui se trouve en poste dans un lyc&eacute;e de Mayotte peut s&rsquo;interroger pour savoir comment transformer ce carcan relatif en un v&ecirc;tement agr&eacute;able &agrave; porter. La solution propos&eacute;e ici s&rsquo;inspire, de fa&ccedil;on g&eacute;n&eacute;rale, de la litt&eacute;rature compar&eacute;e<a href="#_ftn24" id="_ftnref">[24]</a>, non qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de comparer deux litt&eacute;ratures, mais bien plut&ocirc;t d&rsquo;utiliser la m&eacute;thode de la comparaison. Dans cette perspective, le compar&eacute; est le texte de la litt&eacute;rature classique, au sens scolaire du terme, et le comparant le texte francophone qui s&rsquo;y r&eacute;f&egrave;re d&rsquo;une fa&ccedil;on quelconque.</p> <h3>3.2. Premi&egrave;re proposition&nbsp;: la r&eacute;&eacute;criture sous l&rsquo;&eacute;tude du texte et de la repr&eacute;sentation d&rsquo;une pi&egrave;ce de th&eacute;&acirc;tre du XVIIe si&egrave;cle</h3> <p>L&rsquo;un des quatre objets d&rsquo;&eacute;tude en classe de seconde consiste en l&rsquo;&eacute;tude d&rsquo;une com&eacute;die ou d&rsquo;une trag&eacute;die du XVIIe si&egrave;cle dans la perspective du classicisme. Un tel prisme ne pr&eacute;sente pas d&rsquo;embl&eacute;e de passerelles &eacute;videntes pour qui veut contextualiser le cours. N&eacute;anmoins, si le choix de l&rsquo;enseignant se porte, de fa&ccedil;on classique, sur une pi&egrave;ce comme le&nbsp;<em>Tartuffe</em>&nbsp;de Moli&egrave;re, il est possible d&rsquo;&eacute;tablir des comparaisons avec une pi&egrave;ce de Nassur Attoumani&nbsp;:&nbsp;<em>Le Turban et la capote</em>. En effet, sans s&rsquo;&eacute;loigner de la contextualisation historique, il est possible d&rsquo;aider les &eacute;l&egrave;ves &agrave; comprendre l&rsquo;enjeu humain de la pi&egrave;ce en &eacute;tudiant la transposition de Moli&egrave;re. De plus, l&rsquo;attitude sacril&egrave;ge du cadi sera davantage per&ccedil;ue si on transpose la situation chr&eacute;tienne dans le contexte musulman de Mayotte. Au niveau des &eacute;nonc&eacute;s, on peut faire rechercher, dans la pi&egrave;ce de Nassur Attoumani, les reprises &agrave; Moli&egrave;re afin d&rsquo;en expliquer le sens. Ainsi &laquo;&nbsp;Qu&rsquo;allait-il faire dans cette gal&egrave;re&nbsp;?&nbsp;&raquo; devient &laquo;&nbsp;Qu&rsquo;allait-elle faire dans cette banque&nbsp;?&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn25" id="_ftnref">[25]</a>. &laquo;&nbsp;Couvrez ce sein que je ne saurai voir&nbsp;&raquo; est remplac&eacute; par &laquo;&nbsp;Cache ce visage que je ne saurai voir&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn26" id="_ftnref">[26]</a>, touchant la question du voile. On retrouve avec plaisir une transposition de &laquo;&nbsp;pour &ecirc;tre d&eacute;vot, je n&rsquo;en suis pas moins homme&nbsp;&raquo; en &laquo;&nbsp;Je suis cadi. C&rsquo;est vrai. Mais je suis &eacute;galement un homme qui souffre le martyre.&nbsp;&raquo;. Il existe &eacute;galement une captation de la pi&egrave;ce de Nassur Attoumani, sans oublier une autre forme de transposition optique, en collaboration avec le dessinateur Luke Razaka, en bande dessin&eacute;e. Il ne s&rsquo;agit pas ici de remplacer l&rsquo;&eacute;tude d&rsquo;un classique fran&ccedil;ais par l&rsquo;&eacute;tude compar&eacute;e de cette &oelig;uvre &agrave; sa r&eacute;&eacute;criture par Nassur Attoumani, mais de contribuer &agrave; la saisie de l&rsquo;ensemble des enjeux de la pi&egrave;ce de Moli&egrave;re par le recours &agrave; des analogies qui appartiennent &agrave; l&rsquo;univers des &eacute;l&egrave;ves.</p> <h3>3.3. Seconde proposition&nbsp;: l&rsquo;intertextualit&eacute; et la question de l&rsquo;espace culturel europ&eacute;en</h3> <p>Un autre objet d&rsquo;&eacute;tude, en classe de premi&egrave;re litt&eacute;raire cette fois-ci, a pour intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Vers un espace culturel europ&eacute;en&nbsp;: Renaissance et humanisme&nbsp;&raquo;, compl&eacute;tant un programme qui, de fa&ccedil;on globale, d&eacute;bute avec le classicisme et s&rsquo;ach&egrave;ve avec le r&eacute;alisme. G&eacute;ographiquement, Mayotte n&rsquo;appartient pas &agrave; l&rsquo;espace culturel de l&rsquo;Europe, mais &agrave; celui de l&rsquo;oc&eacute;an Indien. N&eacute;anmoins, politiquement, Mayotte est une R&eacute;gion Ultrap&eacute;riph&eacute;rique de l&rsquo;Europe (RUP) depuis la d&eacute;partementalisation de l&rsquo;&icirc;le. L&rsquo;&eacute;loignement entre cet objet d&rsquo;&eacute;tude et le contexte de Mayotte peut donc &ecirc;tre r&eacute;duit. L&rsquo;enseignant qui d&eacute;cidera de placer, dans son groupement de textes, un ou plusieurs extraits de Rabelais, comme par exemple celui de l&rsquo;&eacute;pisode des moutons de Panurge dans le&nbsp;<em>Quart livre</em>, pourra l&rsquo;introduire gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;allusion &agrave; ce morceau d&rsquo;anthologie de la litt&eacute;rature fran&ccedil;aise dans une pi&egrave;ce de th&eacute;&acirc;tre d&rsquo;Ambass Ridjali&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Salima &ndash; Ben&hellip; en fait, ce matin &agrave; l&#39;&eacute;cole, on a lu un texte.<br /> Habachia &ndash; Et il disait quoi&nbsp;?<br /> Salima &ndash; Ben&hellip; il raconte que dans un bateau, il y avait des moutons et tout &agrave; coup il y en a un qui s&#39;est jet&eacute; &agrave; l&#39;eau dans la mer. Alors tous les autres ont saut&eacute; eux aussi et ils se sont tous noy&eacute;s.<br /> Habachia &ndash; Pauvres moutons&nbsp;!<br /> Salima &ndash; Ben&hellip; ils ne sont plus pauvres, ils sont morts maintenant.<br /> Ibrahim &ndash; Et alors, qu&#39;est-ce que tu t&#39;es dit&nbsp;?<br /> Salima &ndash; Ben&hellip; je me suis dit que les autres moutons sont b&ecirc;tes car ils auraient pu voir que leur camarade se noyait mais non&nbsp;! Ils ont fait pareil&nbsp;!<br /> Ibrahim &ndash; Et que penses-tu de la morale de l&#39;histoire&nbsp;?<br /> Salima &ndash; Ben&hellip; je pense que c&#39;est pour nous dire qu&#39;il faut faire attention avant d&#39;imiter les autres. Il faut toujours r&eacute;fl&eacute;chir car les gens ne sont pas des moutons.<br /> Habachia &ndash; Et donc toi tu as r&eacute;fl&eacute;chi avant de te dire que tu ne feras pas comme les autres et tu pr&eacute;f&egrave;res rester comme tu es&nbsp;!&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn27" id="_ftnref">[27]</a>.</p> </blockquote> <p>Cet extrait pr&eacute;sente l&rsquo;avantage de mettre en abyme la situation scolaire, m&ecirc;me s&rsquo;il s&rsquo;agit indirectement du souvenir d&rsquo;une le&ccedil;on racont&eacute;e le soir &agrave; la m&egrave;re. On y trouve un r&eacute;sum&eacute; de l&rsquo;histoire, mais aussi et surtout une r&eacute;flexion sur son sens, conform&eacute;ment &agrave; la le&ccedil;on de non-conformisme le plus souvent construite en classe. Pr&eacute;senter aux &eacute;l&egrave;ves le texte francophone de Mayotte avant les extraits de celui de Rabelais peut leur permettre de s&rsquo;interroger sur les forces et les faiblesses du r&eacute;sum&eacute; de Salima, sur la possibilit&eacute; ou non d&rsquo;une lecture &eacute;motive du sort des moutons dans le contexte de l&rsquo;&eacute;poque du texte, ainsi que sur les enjeux de la moralisation d&rsquo;un texte, non pas simplement au sens d&rsquo;un jugement des actions commises en bien ou en mal, mais au sens de la r&eacute;flexion sur un syst&egrave;me de valeurs qui permet de donner sens aux actions commises. Ces deux propositions r&eacute;pondent &agrave; une exigence fondamentale, celle d&rsquo;&ecirc;tre compris des &eacute;l&egrave;ves et de faciliter, autant que faire se peut, la construction de connaissances par les &eacute;l&egrave;ves. Ainsi, m&ecirc;me si les programmes de lyc&eacute;e sont plus directifs, un choix judicieux, c&rsquo;est-&agrave;-dire tourn&eacute; vers Mayotte, des &oelig;uvres par l&rsquo;enseignant peut permettre de r&eacute;duire la distance entre les programmes m&eacute;tropolitains et leur application &agrave; quelque dix-mille kilom&egrave;tres.</p> <h2>Conclusion</h2> <p>En conclusion, l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais &agrave; Mayotte peut &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute; comme un enseignement du fran&ccedil;ais en situation de crise et de conflit. Cette situation peut prendre la forme d&rsquo;une crise &eacute;conomique li&eacute;e &agrave; la situation de pauvret&eacute; ou d&rsquo;un conflit politique li&eacute; &agrave; l&rsquo;appartenance de Mayotte. Dans le premier cas, la solution didactique propos&eacute;e est la prise en compte de l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; par la p&eacute;dagogie diff&eacute;renci&eacute;e autour d&rsquo;un projet didactique annuel sur la richesse, la pauvret&eacute;, le bonheur et la mis&egrave;re. Dans le second cas, deux propositions peuvent &ecirc;tre exp&eacute;riment&eacute;es&nbsp;: la compr&eacute;hension de texte en s&rsquo;appuyant sur des supports plurilingues ou l&rsquo;enseignement d&rsquo;&eacute;nonc&eacute;s qui appartiennent au discours ambiant. Ces propositions, qui peuvent &ecirc;tre mises en &oelig;uvre au coll&egrave;ge, sont prolong&eacute;es par un autre principe applicable en lyc&eacute;e dans le cadre des programmes actuels, &agrave; savoir la comparaison des textes classiques &agrave; tout &eacute;l&eacute;ment relevant de l&rsquo;univers de l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve. Du point de vue des crises et conflits, Mayotte n&rsquo;est pas le seul lieu de France dans cette situation, et certains didacticiens soutiennent que l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais est perp&eacute;tuellement un enseignement non pas en situation de crise, mais un enseignement lui-m&ecirc;me en crise et permettant donc ainsi une remise en cause de cet enseignement<a href="#_ftn28" id="_ftnref">[28]</a>. En d&eacute;finitive, l&rsquo;esprit des solutions didactiques ici soumises consiste &agrave; ne pas ignorer les probl&egrave;mes que rencontrent les &eacute;l&egrave;ves, mais &agrave; les introduire en classe, non de fa&ccedil;on anarchique, mais de fa&ccedil;on raisonn&eacute;e et sous l&rsquo;&eacute;gide du professeur, afin que la crise ou le conflit v&eacute;cu devienne une crise ou un conflit verbalis&eacute;, probl&eacute;matis&eacute;, mis &agrave; distance et auquel on propose des solutions. La sanctuarisation de l&rsquo;&eacute;cole ne signifie pas sa fermeture et son ignorance des probl&egrave;mes qui l&rsquo;entourent voire l&rsquo;assi&egrave;gent&nbsp;; elle signifie davantage une mani&egrave;re de concevoir la vie et de r&eacute;gler les probl&egrave;mes pour des &ecirc;tres qui ne sont pas encore en mesure de les g&eacute;rer par eux-m&ecirc;mes, raison pour laquelle ils appartiennent &agrave; la cat&eacute;gorie de mineurs, des mineurs en situation difficile pour qui a lu le roman de Nathacha Appanah sur l&rsquo;&icirc;le&nbsp;: Tropique de la violence<a href="#_ftn29" id="_ftnref">[29]</a>. Dans le cas de Mayotte, l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais est d&rsquo;autant plus crucial qu&rsquo;il tient une place centrale dans le projet politique de Mayotte fran&ccedil;aise. N&eacute;anmoins, concevoir l&rsquo;enseignement de la langue v&eacute;hiculaire dans l&rsquo;oubli des langues vernaculaires peut &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute; comme un choix dommageable. En effet, lorsque les crises et les conflits font pression sur l&rsquo;&eacute;cole, quel professeur n&rsquo;a jamais ressenti la tension des &eacute;l&egrave;ves, ainsi que leur inattention au texte, parce qu&rsquo;ils voulaient parler de ce qui se passe &laquo;&nbsp;dehors&nbsp;&raquo;. &Agrave; Mayotte, l&rsquo;enseignant m&eacute;tropolitain apprend le fran&ccedil;ais aux &eacute;l&egrave;ves avec les textes de son choix, en particulier selon les nouveaux programmes de coll&egrave;ge. Enfin, si le professeur de fran&ccedil;ais apprend sa langue maternelle aux &eacute;l&egrave;ves, il peut aussi apprendre d&rsquo;eux leur propre langue maternelle afin d&rsquo;enrichir son propre vocabulaire ainsi que son exp&eacute;rience du monde.</p> <h2>Bibliographie</h2> <p>Ahr, Sylviane,&nbsp;<em>Enseigner la litt&eacute;rature aujourd&rsquo;hui&nbsp;: &laquo;&nbsp;disputes&nbsp;&raquo; fran&ccedil;aises,&nbsp;</em>Paris, Honor&eacute; Champion, 2015.</p> <p>Alessio, Michel, &laquo;&nbsp;La situation des langues &agrave; Mayotte&nbsp;&raquo;, dans Georg Kremnitz,&nbsp;<em>Histoire sociale des langues de France,&nbsp;</em>Rennes, Presses universitaires, 2013.</p> <p>Appanah, Nathacha,&nbsp;<em>Tropique de la violence</em>, Paris, Gallimard, coll. &laquo;&nbsp;nrf&nbsp;&raquo;, 2016.</p> <p>Attoumani, Nassur,&nbsp;<em>Le Turban et la capote</em>, Saint-Denis, Grand Oc&eacute;an, 1997.</p> <p>Attoumani, Nassur,&nbsp;<em>Contes traditionnels de Mayotte. Nos Anc&ecirc;tres&hellip; les menteurs</em>, Paris, L&rsquo;Harmattan, coll. &laquo;&nbsp;L&eacute;gende des mondes&nbsp;&raquo;, 2003.</p> <p>Attoumani, Nassur,&nbsp;<em>Mayotte&nbsp;: identit&eacute; bafou&eacute;e</em>, Paris, L&rsquo;Harmattan, 2003.</p> <p>Baco, Abdou Salam,&nbsp;<em>Dans un cri silencieux</em>, Paris, L&rsquo;Harmattan, coll. &laquo;&nbsp;Encres noires&nbsp;&raquo;, 1993.</p> <p>Baco, Abdou Salam (dir.),&nbsp;<em>Contes in&eacute;dits de Mayotte</em>, tome 1 &laquo;&nbsp;Fables&nbsp;&raquo;, Maurice, Archives d&eacute;partementales de Mayotte, 2010.</p> <p>Baco, Abdou Salam,&nbsp;<em>Contes in&eacute;dits de Mayotte</em>, tome 2 &laquo;&nbsp;L&eacute;gendes&nbsp;&raquo;, Maurice, Archives d&eacute;partementales de Mayotte, 2010.</p> <p>Baco, Abdou Salam,&nbsp;<em>Contes in&eacute;dits de Mayotte</em>, tome 3, &laquo;&nbsp;djinns 1&nbsp;&raquo;, Maurice, Archives d&eacute;partementales de Mayotte, 2010.</p> <p>Baco, Abdou Salam,&nbsp;<em>Contes in&eacute;dits de Mayotte</em>, tome 4 &laquo;&nbsp;Djinns 2&nbsp;&raquo;, Maurice, Archives d&eacute;partementales de Mayotte, 2010.</p> <p>Baco, Abdou Salam,&nbsp;<em>Contes in&eacute;dits de Mayotte</em>, tome 5 &laquo;&nbsp;M&eacute;chancet&eacute;&nbsp;&raquo;, Maurice, Archives d&eacute;partementales de Mayotte, 2010.</p> <p>Baco, Abdou Salam,&nbsp;<em>Contes in&eacute;dits de Mayotte</em>, tome 6 &laquo;&nbsp;Sagesse&nbsp;&raquo;, Maurice, Archives d&eacute;partementales de Mayotte, 2010.</p> <p>Baco, Abdou Salam,&nbsp;<em>Contes in&eacute;dits de Mayotte</em>, tome 7 &laquo;&nbsp;Shimaor&eacute;&nbsp;&raquo;, Maurice, Archives d&eacute;partementales de Mayotte, 2010.</p> <p>BALIBAR, Ren&eacute;e,&nbsp;<em>Le Colinguisme</em>, Paris, PUF, coll. &laquo;&nbsp;Que sais-je&nbsp;?&nbsp;&raquo;, 1993.</p> <p>Blanchy, Sophie, Z. Soilihi, N.J. Gueunier, M. Sa&iuml;d,&nbsp;<em>La Maison de la m&egrave;re. Contes de l&#39;&icirc;le de Mayotte,&nbsp;</em>Paris, L&#39;Harmattan, 1993.</p> <p>Caminade, Pierre,&nbsp;<em>Comores-Mayotte&nbsp;: une histoire n&eacute;ocoloniale</em>, Marseille, Agone, 2003.</p> <p>Cassagnaud, Josy,&nbsp;<em>Le Banga de Mayotte comme rite de passage,&nbsp;</em>Paris, Connaissances et savoirs, 2006.</p> <p>Chevrel, Yves,&nbsp;<em>La Litt&eacute;rature compar&eacute;e,&nbsp;</em>Paris, PUF, coll. &laquo;&nbsp;Que sais-je&nbsp;?&nbsp;&raquo;, 1989.</p> <p>De Carlo, Maddalena,&nbsp;<em>L&rsquo;Interculturel,&nbsp;</em>CLE international, 1998.</p> <p>Gautier, Th&eacute;ophile,&nbsp;<em>&Eacute;maux et cam&eacute;es,&nbsp;</em>Paris, Gallimard, coll. &laquo;&nbsp;nrf&nbsp;&raquo;, 1981.</p> <p>Gueunier, No&euml;l Jacques,&nbsp;<em>Contes comoriens en dialecte malgache de l&#39;&icirc;le de Mayotte</em>, Paris, Peeters Selaf, tome 1, &laquo;&nbsp;La Belle ne se marie point&nbsp;&raquo;, 1990.</p> <p>Gueunier, No&euml;l Jacques,&nbsp;<em>Contes comoriens en dialecte malgache de l&#39;&icirc;le de Mayotte,&nbsp;</em>Paris, Selaf, 1994, tome 2, &laquo;&nbsp;L&#39;Oiseau chagrin&nbsp;&raquo;.</p> <p>Gueunier, No&euml;l Jacques,&nbsp;<em>Contes comoriens en malgache de l&#39;&icirc;le de Mayotte,&nbsp;</em>Paris, Selaf, 2001, tome 3 &laquo;&nbsp;Le Coq du roi&nbsp;&raquo;.</p> <p>Gueunier, No&euml;l Jacques,&nbsp;<em>Contes comoriens en malgache de l&#39;&icirc;le de Mayotte,&nbsp;</em>Paris, Selaf, 2011, tome 4 &laquo;&nbsp;La Qu&ecirc;te de la sagesse&nbsp;&raquo;.</p> <p>Heinich, Nathalie, &laquo;&nbsp;Pour une neutralit&eacute; engag&eacute;e&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>Questions de communication,&nbsp;</em>num&eacute;ro 2, &laquo;&nbsp;L&rsquo;expertise en situation&nbsp;&raquo;, Nancy, Presses universitaires de Lorraine, 2002.</p> <p>INSEE,&nbsp;<em>Tableau &eacute;conomique de Mayotte</em>, Mamoudzou, Imprimah, 2010.</p> <p>Kamardine, Mansour,&nbsp;<em>Promesses tenues,&nbsp;</em>Mamoudzou, Baobab, &laquo;&nbsp;&eacute;crits politiques&nbsp;&raquo;, 2005.</p> <p>Labov, William,&nbsp;<em>Le Parler ordinaire. La Langue dans les ghettos noirs des &Eacute;tats-Unis,&nbsp;</em>Paris, Minuit, &laquo;&nbsp;Sens commun&nbsp;&raquo;, 1993 (1978).</p> <p>Memmi, Albert,&nbsp;<em>Portrait du colonis&eacute;&nbsp;</em>(1957), Paris, Gallimard, coll. &laquo;&nbsp;nrf&nbsp;&raquo;, 1985.</p> <p>Ridjali, Ambass,&nbsp;<em>Les Coulisses d&#39;un mariage incertain (th&eacute;&acirc;tre)</em>, Moroni, Komedit, 2008.</p> <p>Rombi, Marie-Fran&ccedil;oise &laquo;&nbsp;Les langues de Mayotte (mahorais et malgache de Mayotte)&nbsp;&raquo;, dans Bernard Cerquiglini,&nbsp;<em>Les Langues de France,&nbsp;</em>Paris, PUF, 2003.</p> <p>Soula, S&eacute;line,&nbsp;<em>Zawou la mahoraise,&nbsp;</em>Rouen, auto&eacute;dition, 2008.</p> <p>Vogel, Klauss,&nbsp;<em>L&rsquo;Interlangue. La langue de l&rsquo;apprenant,&nbsp;</em>Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 1995.</p> <h2>Notes&nbsp;</h2> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn1">[1]</a>&nbsp;Th&eacute;ophile Gautier,&nbsp;<em>&Eacute;maux et cam&eacute;es,&nbsp;</em>Paris, Gallimard, coll. &laquo;&nbsp;nrf&nbsp;&raquo;, 1981, p.&nbsp;25.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn2">[2]</a>&nbsp;Nathalie Heinich, &laquo;&nbsp;Pour une neutralit&eacute; engag&eacute;e&nbsp;&raquo; dans&nbsp;<em>Questions de communication,&nbsp;</em>num&eacute;ro 2, &laquo;&nbsp;L&rsquo;expertise en situation&nbsp;&raquo;, Nancy, Presses universitaires de Lorraine, 2002, p.&nbsp;122.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn3">[3]</a>&nbsp;INSEE,&nbsp;<em>Tableau &eacute;conomique de Mayotte</em>, Mamoudzou, Imprimah, 2010, p.&nbsp;56.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn4">[4]</a>&nbsp;Pierre Caminade,&nbsp;<em>Comores-Mayotte&nbsp;: une histoire n&eacute;ocoloniale</em>, Marseille, Agone, 2003.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn5">[5]</a>&nbsp;Abdou Salam Baco,&nbsp;<em>Dans un cri silencieux</em>, Paris, L&rsquo;Harmattan, coll. &laquo;&nbsp;Encres noires&nbsp;&raquo;, 1993, p.&nbsp;6.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn6">[6]</a>&nbsp;Josy Cassagnaud,&nbsp;<em>Le Banga de Mayotte comme rite de passage,&nbsp;</em>Paris, Connaissances et savoirs, 2006.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn7">[7]</a>&nbsp;Albert Memmi,&nbsp;<em>Portrait du colonis&eacute;&nbsp;</em>(1957), Paris, Gallimard, coll. &laquo;&nbsp;nrf&nbsp;&raquo;, 1985, p.&nbsp;101-103.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn8">[8]</a>&nbsp;Abdou Salam Baco,&nbsp;<em>Dans un cri silencieux,&nbsp;</em>Paris, L&rsquo;Harmattan, coll. &laquo;&nbsp;Encres noires&nbsp;&raquo;, 1993, p.&nbsp;6.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn9">[9]</a>&nbsp;William Labov,&nbsp;<em>Le Parler ordinaire. La Langue dans les ghettos noirs des &Eacute;tats-Unis,&nbsp;</em>Paris, Minuit, &laquo;&nbsp;Sens commun&nbsp;&raquo;, 1993 (1978).</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn10">[10]</a>&nbsp;Mansour Kamardine,&nbsp;<em>Promesses tenues,&nbsp;</em>Mamoudzou, Baobab, &laquo;&nbsp;Ecrits politiques&nbsp;&raquo;, 2005.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn11">[11]</a>&nbsp;Marie-Fran&ccedil;oise Rombi, &laquo;&nbsp;Les langues de Mayotte (mahorais et malgache de Mayotte)&nbsp;&raquo;, dans Bernard Cerquiglini,&nbsp;<em>Les Langues de France,&nbsp;</em>Paris, PUF, 2003, p.&nbsp;308.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn12">[12]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;cole coranique tient un autre r&ocirc;le&nbsp;: elle est en quelque sorte une p&eacute;riode d&rsquo;initiation o&ugrave; l&rsquo;enfant se doit de comprendre les r&egrave;gles fondamentales de la soci&eacute;t&eacute; mahoraise&nbsp;&raquo;, S&eacute;line Soula,&nbsp;<em>Zawou la mahoraise,&nbsp;</em>Rouen, auto&eacute;dition, 2008, Premi&egrave;re partie, &laquo;&nbsp;Chapitre 7 La naissance de Zawou&nbsp;&raquo;, p. 55-57.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn13">[13]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Mayotte compte tr&egrave;s peu d&rsquo;analphab&egrave;tes. En effet, pour avoir &eacute;t&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;cole coranique, la plupart des Maorais savent lire et &eacute;crire en caract&egrave;res arabes&nbsp;&raquo;, Nassur Attoumani,&nbsp;<em>Mayotte&nbsp;: identit&eacute; bafou&eacute;e</em>, Paris, L&rsquo;Harmattan, 2003, &laquo;&nbsp;Des &eacute;rudits illettr&eacute;s&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn14">[14]</a>&nbsp;Ren&eacute;e Balibar,&nbsp;<em>Le Colinguisme</em>, Paris, PUF, coll. &laquo;&nbsp;Que sais-je&nbsp;?&nbsp;&raquo;, 1993.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn15">[15]</a>&nbsp;No&euml;l Jacques Gueunier,&nbsp;<em>Contes comoriens en dialecte malgache de l&#39;&icirc;le de Mayotte</em>, Paris, Peeters Selaf, tome 1, &laquo;&nbsp;La Belle ne se marie point&nbsp;&raquo;, 1990.</p> <p>No&euml;l Jacques Gueunier,&nbsp;<em>Contes comoriens en dialecte malgache de l&#39;&icirc;le de Mayotte,&nbsp;</em>Paris, Selaf, 1994, tome 2, &laquo;&nbsp;L&#39;Oiseau chagrin&nbsp;&raquo;.</p> <p>No&euml;l Jacques Gueunier,&nbsp;<em>Contes comoriens en malgache de l&#39;&icirc;le de Mayotte,&nbsp;</em>Paris, Selaf, 2001, tome 3 &laquo;&nbsp;Le Coq du roi&nbsp;&raquo;.</p> <p>No&euml;l Jacques Gueunier,&nbsp;<em>Contes comoriens en malgache de l&#39;&icirc;le de Mayotte,&nbsp;</em>Paris, Selaf, 2011, tome 4 &laquo;&nbsp;La Qu&ecirc;te de la sagesse&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn16">[16]</a>&nbsp;Sophie Blanchy, Z. Soilihi, N.J. Gueunier, M. Sa&iuml;d,&nbsp;<em>La Maison de la m&egrave;re. Contes de l&#39;&icirc;le de Mayotte,&nbsp;</em>Paris, L&#39;Harmattan, 1993.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn17">[17]</a>&nbsp;Abdou Salam Baco (dir.),&nbsp;<em>Contes in&eacute;dits de Mayotte</em>, tome 1 &laquo;&nbsp;Fables&nbsp;&raquo;, Maurice, Archives d&eacute;partementales de Mayotte, 2010.</p> <p>Abdou Salam Baco,&nbsp;<em>Contes in&eacute;dits de Mayotte</em>, tome 2 &laquo;&nbsp;L&eacute;gendes&nbsp;&raquo;, Maurice, Archives d&eacute;partementales de Mayotte, 2010.</p> <p>Abdou Salam Baco,&nbsp;<em>Contes in&eacute;dits de Mayotte</em>, tome 3, &laquo;&nbsp;Djinns 1&nbsp;&raquo;, Maurice, Archives d&eacute;partementales de Mayotte, 2010.</p> <p>Abdou Salam Baco,&nbsp;<em>Contes in&eacute;dits de Mayotte</em>, tome 4 &laquo;&nbsp;Djinns 2&nbsp;&raquo;, Maurice, Archives d&eacute;partementales de Mayotte, 2010.</p> <p>Abdou Salam Baco,&nbsp;<em>Contes in&eacute;dits de Mayotte</em>, tome 5 &laquo;&nbsp;M&eacute;chancet&eacute;&nbsp;&raquo;, Maurice, Archives d&eacute;partementales de Mayotte, 2010.</p> <p>Abdou Salam Baco,&nbsp;<em>Contes in&eacute;dits de Mayotte</em>, tome 6 &laquo;&nbsp;Sagesse&nbsp;&raquo;, Maurice, Archives d&eacute;partementales de Mayotte, 2010.</p> <p>Abdou Salam Baco,&nbsp;<em>Contes in&eacute;dits de Mayotte</em>, tome 7 &laquo;&nbsp;Shimaor&eacute;&nbsp;&raquo;, Maurice, Archives d&eacute;partementales de Mayotte, 2010.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn18">[18]</a>&nbsp;Nassur Attoumani,&nbsp;<em>Contes traditionnels de Mayotte. Nos Anc&ecirc;tres&hellip; les menteurs</em>, Paris, L&rsquo;Harmattan, coll. &laquo;&nbsp;L&eacute;gende des mondes&nbsp;&raquo;, 2003.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn19">[19]</a>&nbsp;Klauss Vogel,&nbsp;<em>L&rsquo;Interlangue. La langue de l&rsquo;apprenant,&nbsp;</em>Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 1995.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn20">[20]</a>&nbsp;Maddalena de Carlo,&nbsp;<em>L&rsquo;Interculturel,&nbsp;</em>CLE international, 1998.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn21">[21]</a>&nbsp;Dominique Maingueneau,&nbsp;<em>Les Phrases sans texte</em>, Paris, Armand Colin, 2012.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn22">[22]</a>&nbsp;Nassur Attoumani &amp; Franck Hick,&nbsp;<em>Mayotte&nbsp;: l&rsquo;&icirc;le hippocampe</em>, Saint-Denis, Jacaranda, 1993.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn23">[23]</a>&nbsp;Nathalie Heinich, &laquo;&nbsp;Pour une neutralit&eacute; engag&eacute;e&nbsp;&raquo; dans&nbsp;<em>Questions de communication,&nbsp;</em>num&eacute;ro 2, &laquo;&nbsp;L&rsquo;expertise en situation&nbsp;&raquo;, Nancy, Presses universitaires de Lorraine, 2002, p.&nbsp;124.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn24">[24]</a>&nbsp;Yves Chevrel,&nbsp;<em>La Litt&eacute;rature compar&eacute;e,&nbsp;</em>Paris, PUF, coll. &laquo;&nbsp;Que sais-je&nbsp;?&nbsp;&raquo;, 1989.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn25">[25]</a>&nbsp;Nassur Attoumani,&nbsp;<em>Le Turban et la capote,&nbsp;</em>Paris, L&rsquo;Harmattan, 2009, p.&nbsp;38.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn26">[26]</a>&nbsp;<em>Ibid.</em>, p.&nbsp;42.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn27">[27]</a>&nbsp;Ambass Ridjali,&nbsp;<em>Les Coulisses d&#39;un mariage incertain (th&eacute;&acirc;tre)</em>, Moroni, Komedit, 2008 (deuxi&egrave;me &eacute;dition), pp.45-47.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn28">[28]</a>&nbsp;Sylviane Ahr,&nbsp;<em>Enseigner la litt&eacute;rature aujourd&rsquo;hui&nbsp;: &laquo;&nbsp;disputes&nbsp;&raquo; fran&ccedil;aises,&nbsp;</em>Paris, Honor&eacute; Champion, 2015.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn29">[29]</a>&nbsp;Nathacha Appanah,&nbsp;<em>Tropique de la violence</em>, Paris, Gallimard, coll. &laquo;&nbsp;nrf&nbsp;&raquo;, 2016.</p> <p>&nbsp;</p> <h3>Christophe COSKER<br /> Centre Universitaire de Formation et de Recherche de Mayotte<br /> EA 4249 H&eacute;ritage et Construction de l&rsquo;image</h3>