<h2>Introduction</h2> <p>L&rsquo;&eacute;ducation en situation d&rsquo;urgence, comme c&rsquo;est le cas dans les camps de r&eacute;fugi&eacute;s, suscite de plus en plus d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle mondiale. L&rsquo;ensemble&nbsp;des gouvernements, des organismes nationaux, et des agences des Nations Unies s&rsquo;accordent aujourd&rsquo;hui pour souligner l&rsquo;importance de financer ce secteur afin d&rsquo;en faire un droit fondamental et accessible &agrave; tous au m&ecirc;me titre que&nbsp;la s&eacute;curit&eacute;,&nbsp;la sant&eacute; et la nutrition (Unesco, 2011). L&rsquo;&eacute;ducation, en particulier dans ce contexte, n&rsquo;est pas seulement invoqu&eacute;e par les pays d&rsquo;accueil, les organisations onusiennes, les bailleurs de fonds mais aussi par les r&eacute;fugi&eacute;s eux-m&ecirc;mes (Preston, 1991&nbsp;; Waters&nbsp;<em>et al</em>., 2005&nbsp;; Gladwell et al., 2014).</p> <p>Si l&rsquo;&eacute;ducation en situation d&rsquo;urgence est importante, les connaissances scientifiques concernant l&rsquo;&eacute;ducation dans les camps de r&eacute;fugi&eacute;s sont lacunaires (Dryden-Peterson et al., 2015). En effet, le lien entre langue d&rsquo;enseignement dans le pays d&rsquo;origine et celle dans le pays d&rsquo;accueil constitue, en cas de diff&eacute;rence, une des probl&eacute;matiques majeures autour du choix du programme. Cela peut expliquer l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t que certains chercheurs portent &agrave; cette question dans des contextes particuliers comme celui de la C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire et du curriculum francophone impos&eacute; aux r&eacute;fugi&eacute;s lib&eacute;riens anglophones (Hamer, 2010). Dans le m&ecirc;me sens, il est int&eacute;ressant de constater l&rsquo;absence de recherches concernant le choix des programmes scolaires pour des r&eacute;fugi&eacute;s ayant pour langue de scolarisation celle du pays d&rsquo;accueil. C&rsquo;est le cas des r&eacute;fugi&eacute;s syriens en Jordanie qui partagent avec les citoyens jordaniens la m&ecirc;me langue officielle mais aussi un grand nombre de traditions culturelles.</p> <p>Cet article propose ainsi un &eacute;clairage sur l&rsquo;offre &eacute;ducative jordanienne dans les &eacute;coles publiques dites &laquo; formelles&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn1" id="_ftnref1">[1]</a>&nbsp;du camp de Zaatari ouvert en urgence en 2012 pour accueillir les r&eacute;fugi&eacute;s syriens. Divis&eacute; en trois parties, le premier temps de cet article sera consacr&eacute; &agrave; la description du contexte de recherche ainsi que des paradoxes de la politique &eacute;ducative du pays d&rsquo;accueil appliqu&eacute;e dans un camp de r&eacute;fugi&eacute;s. Dans un deuxi&egrave;me temps, il s&rsquo;agira d&rsquo;examiner l&rsquo;enjeu politique que constitue le choix du programme scolaire jordanien pour les r&eacute;fugi&eacute;s du camp. L&rsquo;article pr&eacute;sentera enfin le corpus ainsi que la d&eacute;marche de recherche &agrave; partir desquels certains r&eacute;sultats seront analys&eacute;s. L&rsquo;article ne pr&eacute;tend pas &agrave; l&rsquo;exhaustivit&eacute; mais vise &agrave; r&eacute;pondre &agrave; certaines interrogations en mettant en relief l&rsquo;enjeux politique de ce choix &eacute;ducatif et certaines cons&eacute;quences li&eacute;es &agrave; ce choix.</p> <h2>1. Le contexte de la recherche</h2> <h3>1.1. &Eacute;coles du camp de Zaatari</h3> <p>Le camp de Zaatari est le plus grand camp au Proche-Orient (UNHCR, 2016). Il a &eacute;t&eacute; &eacute;tabli en urgence en juillet 2012 afin d&rsquo;accueillir l&rsquo;afflux massif de r&eacute;fugi&eacute;s syriens, cons&eacute;quence de la guerre qui ravage le pays. Le camp a &eacute;t&eacute; construit au nord de la Jordanie en plein d&eacute;sert, &agrave; quelques kilom&egrave;tres de la fronti&egrave;re syrienne sur une terre allou&eacute;e par les autorit&eacute;s jordaniennes. Avec aujourd&rsquo;hui pr&egrave;s de 80&nbsp;128 r&eacute;fugi&eacute;s, dont plus de la moiti&eacute; sont des mineurs<a href="#_ftn2" id="_ftnref2">[2]</a>, la question de l&rsquo;&eacute;ducation est primordiale (UNHCR, 2015). La gestion g&eacute;n&eacute;rale du camp est assur&eacute;e par le Haut-Commissariat des R&eacute;fugi&eacute;s (HCR) avec l&rsquo;aide de l&rsquo;&Eacute;tat jordanien et de la Communaut&eacute; Internationale.</p> <p>Le plan d&rsquo;action &ndash; Plan de R&eacute;ponse de la Jordanie&nbsp;&ndash; mis en place en 2015 proposait de renforcer le secteur de l&rsquo;&eacute;ducation et d&rsquo;installer des &eacute;coles. Aussi la majorit&eacute; des &eacute;coles ont-elles &eacute;t&eacute; &eacute;tablies au cours des ann&eacute;es 2016/2017. Leur nombre ne cesse d&rsquo;augmenter. Aujourd&rsquo;hui, on compte 21&nbsp;154 &eacute;l&egrave;ves inscrits dans les 14 &eacute;coles install&eacute;es et r&eacute;parties dans les 12 districts du camp<a href="#_ftn3" id="_ftnref3">[3]</a>. Les &eacute;coles tentent de lutter contre l&rsquo;illettrisme, l&rsquo;ignorance et la mobilisation des extr&eacute;mismes militaires (UNHCR, 2001). Les cours dispens&eacute;s dans les &eacute;coles non mixtes de Zaatari se d&eacute;roulent en deux temps&nbsp;: des s&eacute;ances matinales pour les filles (8h-11h30) et d&rsquo;autres l&rsquo;apr&egrave;s-midi (11h45-15h15) pour les gar&ccedil;ons.</p> <p>Du point de vue logistique, c&rsquo;est l&rsquo;Unicef qui s&rsquo;occupe des &eacute;coles alors que les questions de politiques &eacute;ducatives sont trait&eacute;es par le minist&egrave;re de l&rsquo;&eacute;ducation jordanien, d&eacute;sormais &laquo;&nbsp;MEJ&nbsp;&raquo;. Le choix du curriculum d&eacute;pend donc de ce dernier. Premi&egrave;re &eacute;cole &agrave; &ecirc;tre inaugur&eacute;e &agrave; Zaatari en octobre 2012, l&rsquo;&Eacute;cole du Camp constitue le terrain de cette recherche en raison pr&eacute;cis&eacute;ment de cette ant&eacute;riorit&eacute;. Les cours se d&eacute;roulaient alors dans des tentes de l&rsquo;Unicef avant la cr&eacute;ation de caravanes subventionn&eacute;es par le Bahre&iuml;n trois mois plus tard. Cette &eacute;cole permet ainsi d&rsquo;avoir un aper&ccedil;u de l&rsquo;ensemble du processus &eacute;ducatif, de comprendre l&rsquo;&eacute;volution de l&rsquo;&eacute;ducation dans le camp et de se rendre compte de l&rsquo;effet du programme scolaire jordanien sur les r&eacute;fugi&eacute;s syriens du camp.</p> <h3>1.2. Les paradoxes du camp</h3> <h4>1.2.1.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Aspect temporaire</h4> <p>Un camp de r&eacute;fugi&eacute;s se caract&eacute;rise par son aspect temporaire (Agier, 2013). Cette instabilit&eacute; du camp s&rsquo;accompagne donc d&rsquo;un paradoxe majeur en mati&egrave;re d&rsquo;&eacute;ducation puisqu&rsquo;il existe une contraction entre l&rsquo;espoir des r&eacute;fugi&eacute;s de retourner dans leur pays d&rsquo;origine et la mise en place par le pays d&rsquo;accueil d&rsquo;une politique &eacute;ducative qui privil&eacute;gierait le curriculum national. C&rsquo;est encore plus flagrant lorsque ce curriculum est celui d&rsquo;un pays qui, comme la Jordanie, n&rsquo;est pas signataire de la Convention de Gen&egrave;ve (1951) relative au statut de r&eacute;fugi&eacute;s (Dora&iuml;, 2016). Cela signifie en effet que la Jordanie offre un accueil temporaire aux r&eacute;fugi&eacute;s syriens mais ne leur donne pas la possibilit&eacute; de demander l&rsquo;asile ou de vivre comme un citoyen ayant, entre autres, le droit de travail et de circulation. Cette politique d&rsquo;accueil temporaire am&egrave;ne alors &agrave; r&eacute;fl&eacute;chir sur l&rsquo;importance de suivre le curriculum national syrien afin de permettre aux r&eacute;fugi&eacute;s de reprendre et de valider leur scolarit&eacute; dans le cas d&rsquo;un retour chez eux.</p> <h4>1.2.2.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Aspect g&eacute;ographique</h4> <p>Pour Agier, l&rsquo;extraterritorialit&eacute; d&eacute;signe le caract&egrave;re &laquo;&nbsp;hors-lieux&nbsp;&raquo; d&rsquo;un camp de r&eacute;fugi&eacute;s dont la souverainet&eacute; appartient &agrave; un autre organisme que l&rsquo;&Eacute;tat du pays d&rsquo;accueil dans lequel il se trouve. Autrement dit, les camps de r&eacute;fugi&eacute;s repr&eacute;sentent &laquo;&nbsp;des sortes de lieux qui sont hors de tous les lieux, bien que pourtant ils soient effectivement localisables&nbsp;&raquo; (Foucault, 1994&nbsp;: 755). Waters et Leblanc&nbsp;(2005) parlent plut&ocirc;t d&rsquo;un &laquo;&nbsp;pseudo-state&nbsp;&raquo; dans lequel choisir et identifier un curriculum et une p&eacute;dagogie pour les r&eacute;fugi&eacute;s repr&eacute;sentent un vrai d&eacute;fi en raison de l&rsquo;absence d&rsquo;une politique &eacute;ducative claire et d&eacute;finie. En d&rsquo;autres termes, r&eacute;sider dans un camp de r&eacute;fugi&eacute;s, c&rsquo;est r&eacute;sider dans une zone isol&eacute;e du reste du pays d&rsquo;accueil. En suivant cette logique, on peut s&rsquo;interroger sur la l&eacute;gitimit&eacute; d&rsquo;appliquer le curriculum jordanien &agrave; des r&eacute;fugi&eacute;s qui n&rsquo;ont pas de contact concret avec la Jordanie et habitent dans un ailleurs. Dans le camp de Zaatari, des enfants syriens interview&eacute;s ont souvent mentionn&eacute;s leur souhait de &laquo;&nbsp;visiter la Jordanie&nbsp;&raquo; et de &laquo;&nbsp;sortir en Jordanie&nbsp;&raquo; en consid&eacute;rant le camp comme une zone spatiale syrienne. Par ailleurs, la mobilit&eacute; des r&eacute;fugi&eacute;s est limit&eacute;e &agrave; l&rsquo;espace du camp, ils n&rsquo;ont donc pas le droit de circuler librement dans le pays d&rsquo;accueil. Dans quelle mesure la dimension spatiale l&eacute;gitime-t-elle alors le droit du pays d&rsquo;accueil &agrave; transmettre ses valeurs, sa culture, et son patrimoine national et historique, &agrave; travers le curriculum national, aux r&eacute;fugi&eacute;s du camp&nbsp;?</p> <h4>1.2.3. Aspect politique</h4> <p>Les recherches ont montr&eacute; que l&rsquo;analyse portant sur le contenu d&rsquo;un programme d&rsquo;&eacute;ducation nationale refl&egrave;te le &laquo;&nbsp;caract&egrave;re politique&nbsp;&raquo; du pays aussi bien que son caract&egrave;re culturel (Arvisais &amp; Charland, 2015). En ce qui concerne le caract&egrave;re politique, lorsque le pays d&rsquo;accueil applique son programme scolaire, il impose par cons&eacute;quent une certaine souverainet&eacute; et appelle &agrave; une appartenance identitaire et sociale. Il est &eacute;vident que</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;[les programmes scolaires d&rsquo;un pays] ont en effet la vertu singuli&egrave;re et rare de r&eacute;v&eacute;ler les convictions, les aspirations et les vues que les pouvoirs publics entendent inculquer &agrave; la jeune g&eacute;n&eacute;ration, en fonction &eacute;videmment de leur capacit&eacute; &agrave; dicter, orienter ou simplement superviser le contenu de l&rsquo;enseignement&nbsp;&raquo; (Manor, 2004&nbsp;: 198).</p> </blockquote> <p>L&rsquo;exemple de l&rsquo;&eacute;ducation dans les camps de r&eacute;fugi&eacute;s afghans au Pakistan en est par ailleurs la d&eacute;monstration. Pendant la guerre froide, des manuels scolaires militaris&eacute;s ont &eacute;t&eacute; con&ccedil;us par les partis politiques afghans et des messages subversifs et biais&eacute;s ont &eacute;t&eacute; inculqu&eacute;s aux jeunes &eacute;l&egrave;ves (Waters&nbsp;<em>et al</em>., 2005).</p> <p>Les d&eacute;cideurs politiques tirent ainsi profit du programme scolaire en l&rsquo;utilisant comme un levier et un m&eacute;dium afin de transmettre certaines valeurs sociales, nationales et religieuses &agrave; leurs citoyens. Dans le cas de la Jordanie, la loi fondamentale de l&rsquo;&eacute;ducation (1994) souligne, comme le note l&rsquo;auteure&nbsp;<em>d&rsquo;Islam et d&eacute;mocratie dans l&rsquo;enseignement en Jordanie</em>, l&rsquo;importance de la socialisation scolaire jordanienne comme une int&eacute;gration identitaire et une appartenance &agrave; l&rsquo;islam, &agrave; la patrie et &agrave; la soci&eacute;t&eacute;. La loi invite ainsi l&rsquo;&eacute;cole &agrave; former &laquo;&nbsp;un bon citoyen&nbsp;&raquo; en mettant en exergue ces trois objectifs. L&rsquo;&eacute;l&egrave;ve&nbsp;&ndash;&nbsp;citoyen doit donc &ecirc;tre &laquo;&nbsp;productif, civique, serviable, honn&ecirc;te, croyant en Dieu et dans les id&eacute;aux de la nation, appliquant dans son comportement les pr&eacute;ceptes de l&rsquo;islam et &oelig;uvrant pour sa patrie&nbsp;&raquo; (Nasr, 2007&nbsp;: 184). Les manuels scolaires de la Jordanie et surtout ceux d&rsquo;Histoire repr&eacute;sentent alors un outil important de la construction identitaire des jeunes g&eacute;n&eacute;rations (Maffi, 2015).</p> <p>Le fait d&rsquo;adopter les manuels scolaires jordaniens pour les jeunes r&eacute;fugi&eacute;s syriens dans le camp am&egrave;ne &agrave; s&rsquo;interroger sur l&rsquo;importance de la (re)construction &laquo;&nbsp;temporaire&nbsp;&raquo; de leur identit&eacute; et de leur appartenance sociale et nationale &agrave; la Jordanie. En effet, cette nouvelle reconstruction semble s&rsquo;opposer &agrave; une des caract&eacute;ristiques d&rsquo;un camp de r&eacute;fugi&eacute;s, celui de &laquo;&nbsp;l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;&nbsp;&raquo; culturelle, ethnique mais aussi politique (Agier, 2013). En d&rsquo;autres termes, un camp de r&eacute;fugi&eacute;s, tel que Zaatari, cr&eacute;e un espace de confinement pour une population &eacute;trang&egrave;re &laquo;&nbsp;ind&eacute;sirable&nbsp;&raquo; (Agier, 2013) ayant la m&ecirc;me identit&eacute; ethnique et nationale. Il fait la distinction entre &laquo;&nbsp;eux&nbsp;&raquo;, cette population de r&eacute;fugi&eacute;s, et nous &laquo;&nbsp;les citoyens du pays d&rsquo;accueil&nbsp;&raquo;.</p> <p>Par ailleurs, au-del&agrave; de l&rsquo;espoir de retour des r&eacute;fugi&eacute;s, l&rsquo;histoire nous montre que les camps de r&eacute;fugi&eacute;s g&eacute;r&eacute;s par le HCR, comme c&rsquo;est le cas de Zaatari, sont &laquo;&nbsp;des lieux de privation de libert&eacute; et une &laquo;&nbsp;anomalie l&eacute;gale&nbsp;&raquo;, l&rsquo;encampement<a href="#_ftn4" id="_ftnref4">[4]</a>&nbsp;&eacute;tant, avec le rapatriement &eacute;ventuellement forc&eacute; des r&eacute;fugi&eacute;s, les deux solutions privil&eacute;gi&eacute;es par le HCR&nbsp;&raquo; (Agier, 2013&nbsp;: 75). M&ecirc;me si le HCR souhaite garder la gestion du camp, il ne peut pas le faire sans une autorisation gouvernementale du pays d&rsquo;accueil. La d&eacute;cision du gouvernement k&eacute;nyan&nbsp;de fermer le camp de Daddab apr&egrave;s 26 ann&eacute;es d&rsquo;existence en t&eacute;moigne. Ce camp, consid&eacute;r&eacute; comme le plus grand au monde, avait h&eacute;berg&eacute; depuis 1991 des centaines de milliers des r&eacute;fugi&eacute;s somaliens pour lesquels la situation de conflit dans leur pays est toujours d&rsquo;actualit&eacute;. Cela remet en question l&rsquo;objectif de l&rsquo;&Eacute;tat d&rsquo;accueil de vouloir partager son identit&eacute; et ses valeurs nationales, &agrave; travers son programme scolaire, avec des gens consid&eacute;r&eacute;s comme &eacute;trangers et qui ne sont que &laquo;&nbsp;temporairement&nbsp;&raquo; accueillis.</p> <h4>1.2.4.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Aspect culturel</h4> <p>La Syrie et la Jordanie sont des pays frontaliers qui partagent&nbsp;:&nbsp;la m&ecirc;me langue officielle&nbsp;(l&rsquo;arabe)<a href="#_ftn5" id="_ftnref5">[5]</a>, des traditions communes, un mode de vie semblable, et une population majoritairement sunnite (COR, 2014&nbsp;; Husseini, 2014)<a href="#_ftn6" id="_ftnref6">[6]</a>. Contrairement &agrave; la Turquie et au Liban o&ugrave; les r&eacute;fugi&eacute;s syriens se heurtent rapidement &agrave; la barri&egrave;re de la langue d&rsquo;instruction qu&rsquo;elle soit le turc, le fran&ccedil;ais ou l&rsquo;anglais<a href="#_ftn7" id="_ftnref7">[7]</a>, l&rsquo;arabe repr&eacute;sente la seule langue d&rsquo;instruction et de communication dans les &eacute;coles publiques en Jordanie. Cette situation similaire entre ces deux pays affaiblit l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de garder le curriculum syrien. Elle laisse ainsi penser que la pr&eacute;sence de telles similitudes entre les citoyens jordaniens et les r&eacute;fugi&eacute;s syriens est suffisante pour que les enfants continuent leur scolarit&eacute; en suivant le curriculum jordanien.</p> <p>Or, lorsque la Jordanie applique son curriculum, elle annule par exemple l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais dans le camp, une mati&egrave;re obligatoire et essentielle en Syrie mais pas en Jordanie. De plus, elle am&egrave;ne les Syriens du camp &agrave; &eacute;tudier son histoire et sa civilisation. Elle privil&eacute;gie enfin le travail sur sa litt&eacute;rature, ses po&egrave;tes, et ses &eacute;crivains comme le souligne bien l&rsquo;extrait suivant&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Bien que l&rsquo;arabe comme langue classique moderne soit la langue d&rsquo;&eacute;criture des pays arabes actuels dont plusieurs (&Eacute;gypte, Syrie, Liban, Palestine, Maroc, Tunisie &hellip;) ont une litt&eacute;rature florissante connue et lue dans le Monde arabe, peu de textes extraits de ces &oelig;uvres figurent parmi les textes choisis dans les manuels jordaniens actuels&nbsp;&raquo;&nbsp;(Nasr, 2007&nbsp;: 190).</p> </blockquote> <h2>2. Enjeux politiques du choix du curriculum national</h2> <h3>2.1. Enjeu &eacute;conomique</h3> <p>La Jordanie a &eacute;t&eacute; l&rsquo;un des premiers pays &agrave; r&eacute;pondre &agrave; la crise syrienne. Au regard de son histoire contemporaine, l&rsquo;accueil des r&eacute;fugi&eacute;s semble constituer une tradition tr&egrave;s pr&eacute;sente dans ce pays. Ainsi accueille-t-elle, depuis le conflit isra&eacute;lo-palestinien, des personnes originaires de cette r&eacute;gion mais aussi d&rsquo;Iraq, suite &agrave; la premi&egrave;re guerre du golfe en 1990 et &agrave; nouveau apr&egrave;s la chute du r&eacute;gime de Saddam Hussein en 2003.</p> <p>Dans le cas de l&rsquo;accueil des r&eacute;fugi&eacute;s syriens, la Jordanie, malgr&eacute; ses ressources tr&egrave;s limit&eacute;es et son budget public d&eacute;j&agrave; d&eacute;ficitaire (Husseini, 2014) a ouvert ses portes &agrave; un million et demi de personnes dont seulement 20% habitent dans les camps et sont enregistr&eacute;s aupr&egrave;s du HCR (Ababsa, 2016). Cela constitue un fardeau suppl&eacute;mentaire pour les services publics tels que la sant&eacute;, le march&eacute; du travail et l&rsquo;&eacute;ducation. L&rsquo;&eacute;ducation &agrave; Zaatari n&eacute;cessite par exemple une infrastructure pour&nbsp;la fabrication des caravanes-&eacute;coles, de fonds pour l&rsquo;achat du mat&eacute;riel p&eacute;dagogique, des fournitures et pour le recrutement des enseignants, etc.</p> <p>Pour faire face &agrave; ces probl&egrave;mes co&ucirc;teux, le gouvernement re&ccedil;oit des aides estim&eacute;es en millions d&rsquo;euros par des bailleurs de fonds. En 2015 par exemple, &laquo;&nbsp;des bailleurs de fonds se sont&nbsp;engag&eacute;s &agrave; allouer&nbsp;71,5&nbsp;millions de dollars am&eacute;ricains &agrave; l&rsquo;&eacute;ducation en Jordanie&nbsp;&raquo; (HRW, 2016)<a href="#_ftn8" id="_ftnref8">[8]</a>. La Jordanie soutient aussi la campagne l&rsquo;&laquo;&nbsp;&eacute;ducation pour tous&nbsp;&raquo; et continue &agrave; coop&eacute;rer avec la communaut&eacute; internationale afin d&rsquo;am&eacute;liorer ce secteur pour les r&eacute;fugi&eacute;s mais sans engagements financiers de sa part.</p> <p>De plus, la politique &eacute;ducative du pays interdit aux non-Jordaniens d&rsquo;enseigner le programme scolaire dans les &eacute;coles publiques. Ainsi, dans les &eacute;coles de Zaatari, ce sont les Jordaniens qui sont charg&eacute;s de l&rsquo;enseignement. Les r&eacute;fugi&eacute;s dipl&ocirc;m&eacute;s, quant &agrave; eux, ne peuvent &ecirc;tre employ&eacute;s qu&rsquo;en tant que vacataires, pay&eacute;s par l&rsquo;Unicef dans le cadre d&rsquo;un programme intitul&eacute; &laquo; cash for work&nbsp;&raquo;. Le r&ocirc;le des enseignants syriens demeure donc secondaire et administratif.</p> <p>Le camp de Zaatari ouvre &agrave; la Jordanie les possibilit&eacute;s de cr&eacute;er un nouveau march&eacute; du travail pour les citoyens jordaniens et donc celle de r&eacute;duire le fardeau &eacute;conomique r&eacute;sultant de l&rsquo;accueil des Syriens. Cette id&eacute;e de la cr&eacute;ation de nouveaux march&eacute;s et des opportunit&eacute;s est souvent rappel&eacute;e dans les propos de Imad&nbsp;Fakhoury, le ministre de la planification et de la&nbsp;coop&eacute;ration internationale en Jordanie comme le montre cet extrait&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Nous sommes pr&ecirc;ts &agrave; faire des affaires et nous voulons de nouveaux investissements qui cr&eacute;eront des emplois pour les Jordaniens et des initiatives qui peuvent cr&eacute;er des emplois pour les r&eacute;fugi&eacute;s syriens aussi de mani&egrave;re que ce ne soit pas fait au d&eacute;triment des Jordaniens et dans des zones o&ugrave; la Jordanie n&rsquo;a pas de main d&rsquo;&oelig;uvre jordanienne&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn9" id="_ftnref9">[9]</a>.</p> </blockquote> <p>En suivant cette logique, il est clair que privil&eacute;gier le curriculum national jordanien assure la cr&eacute;ation d&rsquo;un nombre capital de postes et pourvoie le march&eacute; local de nouveaux emplois&nbsp;/&nbsp;nouvelles opportunit&eacute;s. Faire de son programme scolaire le seul choix offert aux r&eacute;fugi&eacute;s permet au gouvernement de toucher directement les aides financi&egrave;res relatives &agrave; ce secteur et d&rsquo;en b&eacute;n&eacute;ficier dans des plans d&rsquo;action servant les r&eacute;fugi&eacute;s avec une gestion et une main d&rsquo;&oelig;uvre jordanienne.</p> <h3>2.2. Enjeu d&rsquo;int&eacute;gration</h3> <p>Au-del&agrave; de l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t &eacute;conomique, le choix du curriculum jordanien pour les &eacute;coles de Zaatari nous conduit &agrave; une autre r&eacute;flexion. On pourrait y voir un noble geste visant &agrave; assimiler ces jeunes r&eacute;fugi&eacute;s &agrave; la soci&eacute;t&eacute; jordanienne et une volont&eacute; de r&eacute;duire leurs sentiments de nostalgie et de souffrance, en les &eacute;loignant de leur culture. Entre 2013 et 2015, un an apr&egrave;s l&rsquo;ouverture du camp, la coalition de l&rsquo;opposition syrienne a r&eacute;ussi par exemple &agrave; installer un centre de passage d&rsquo;examens de baccalaur&eacute;at qui correspond aux examens de fin d&rsquo;&eacute;tudes scolaires syriens. Beaucoup de jeunes syriens du camp se sont inscrits pour passer cet examen &agrave; la place du baccalaur&eacute;at jordanien appel&eacute; &laquo;&nbsp;Tawjihi&nbsp;&raquo;. Leur pr&eacute;f&eacute;rence vient du fait que le curriculum syrien leur para&icirc;t plus facile &agrave; r&eacute;ussir parce qu&rsquo;ils l&rsquo;ont suivi entre dix et onze ans pour la plupart. De plus, beaucoup d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves craignaient qu&rsquo;&agrave; leur retour en Syrie, le dipl&ocirc;me jordanien ne soit pas reconnu. Ce centre a rapidement &eacute;t&eacute; ferm&eacute; et ce dipl&ocirc;me a &eacute;galement &eacute;t&eacute; retir&eacute; du camp apr&egrave;s que le MEJ ait refus&eacute; de le reconna&icirc;tre. De plus, le Minist&egrave;re a annonc&eacute; qu&rsquo;uniquement le Tawjihi jordanien &eacute;tait reconnu dans le pays pour les Syriens et donnait par la suite acc&egrave;s &agrave; l&rsquo;universit&eacute;. Cette derni&egrave;re repr&eacute;sente le seul espoir pour beaucoup de jeunes r&eacute;fugi&eacute;s qui souhaitent sortir du camp.</p> <p>Inviter les jeunes Syriens &agrave; passer le baccalaur&eacute;at jordanien pourrait &ecirc;tre vu comme un moyen d&rsquo;encourager ces &eacute;l&egrave;ves &agrave; s&rsquo;int&eacute;grer petit &agrave; petit dans la soci&eacute;t&eacute; jordanienne. Enseigner le cursus scolaire de la Jordanie semble alors une bonne mani&egrave;re d&rsquo;y parvenir. Il permet d&rsquo;initier les enfants par exemple &agrave; l&rsquo;histoire et &agrave; la culture du pays. De plus, le Tawjihi devient la seule possibilit&eacute; pour un Syrien d&rsquo;&ecirc;tre accept&eacute; &agrave; l&rsquo;universit&eacute;. Cela permet par cons&eacute;quent d&rsquo;avoir des autorisations de sortir du camp et d&rsquo;avoir acc&egrave;s au march&eacute; du travail.</p> <h2>3. Description du corpus et de la recherche de terrain</h2> <p>Dans ce qui suit, nous nous int&eacute;ressons &agrave; la description de notre corpus ainsi qu&rsquo;&agrave; la d&eacute;marche de recherche men&eacute;e sur le terrain. Pour ce faire, nous nous sommes bas&eacute;e sur une approche qualitative portant sur l&rsquo;apprentissage de trois langues &ndash; l&rsquo;arabe, l&rsquo;anglais et le fran&ccedil;ais &ndash; importantes pour les Syriens pour des raisons &eacute;ducatives, culturelles et historiques. Le fran&ccedil;ais, dans la mesure o&ugrave; il est particuli&egrave;rement distinctif pour les Syriens, sera au c&oelig;ur de cette analyse. Il est important de noter qu&rsquo;en Jordanie, l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais n&rsquo;est apparu que r&eacute;cemment dans certaines &eacute;coles publiques. Il n&rsquo;est cependant pas obligatoire et n&rsquo;entre pas dans la moyenne des notes. Contrairement &agrave; la Jordanie, le fran&ccedil;ais est consid&eacute;r&eacute; comme la deuxi&egrave;me langue obligatoire en Syrie apr&egrave;s l&rsquo;anglais. Dans les &eacute;coles publiques syriennes, tous les &eacute;l&egrave;ves commencent donc l&rsquo;apprentissage du fran&ccedil;ais &agrave; partir de la classe de 7&egrave;me (13 ans). Le fran&ccedil;ais fait aussi partie de l&rsquo;examen du baccalaur&eacute;at (Al-Khatib, 2014&nbsp;; Ebaji, 2016).</p> <h3>3.1. Choix d&rsquo;&eacute;tablissements</h3> <p>En 2014-2015, un projet a &eacute;t&eacute; lanc&eacute; pour la mise en place de cours de fran&ccedil;ais Zaatari.&nbsp; Il s&rsquo;adressait principalement &agrave; des &eacute;l&egrave;ves en huiti&egrave;me et neuvi&egrave;me ayant suivi des cours de Fran&ccedil;ais Langue &Eacute;trang&egrave;re (FLE) en Syrie. C&rsquo;est l&rsquo;ambassade de France en Jordanie qui a financ&eacute; ce projet &agrave; l&rsquo;&Eacute;cole du Camp. Pour des raisons d&rsquo;ordre &eacute;conomique et suite &agrave; l&rsquo;interruption de la subvention du projet<a href="#_ftn10" id="_ftnref10">[10]</a>, ce dernier n&rsquo;a dur&eacute; qu&rsquo;un semestre scolaire de quatre mois.</p> <p>Afin de couvrir un large &eacute;ventail de questions, nous avons d&eacute;cid&eacute; d&rsquo;&eacute;largir notre terrain et de travailler, en plus de l&rsquo;&Eacute;cole du Camp, dans une organisation am&eacute;ricaine op&eacute;rant &agrave; Zaatari. Cette derni&egrave;re offre un programme &laquo;&nbsp;Post Basic Education&nbsp;&raquo; destin&eacute; &agrave; enseigner l&rsquo;arabe &agrave; des enfants de 6 &agrave; 12 ans et l&rsquo;anglais &agrave; partir de 16 ans. Comme toute organisation &oelig;uvrant au sein du camp, et &agrave; la diff&eacute;rence des &eacute;coles g&eacute;r&eacute;es par le MEJ, les enseignants sont tous des Syriens r&eacute;sidant dans le camp et sont appel&eacute;s&nbsp;<em>b&eacute;n&eacute;voles</em>. Ils sont tout de m&ecirc;me r&eacute;mun&eacute;r&eacute;s sous forme de vacations.</p> <h3>3.2. Choix du public</h3> <p>Ainsi, nous avons proc&eacute;d&eacute; en trois &eacute;tapes couvrant diff&eacute;rents types d&rsquo;enseignement de langues dans le camp. Il s&rsquo;agissait d&rsquo;abord d&rsquo;observer les classes d&rsquo;arabe pour des jeunes &eacute;l&egrave;ves au sein de l&rsquo;ONG am&eacute;ricaine. La plupart des &eacute;l&egrave;ves ont suivi, au maximum, une ann&eacute;e de scolarit&eacute; enti&egrave;re en Syrie en classe primaire. Il &eacute;tait question ici d&rsquo;&eacute;tudier, &agrave; travers l&rsquo;interaction entre l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve syrien et l&rsquo;enseignant syrien, les rapports d&rsquo;identit&eacute; et d&rsquo;appartenance. L&rsquo;observation a &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute;e sur dix heures de cours enregistr&eacute;es.</p> <p>Dans la deuxi&egrave;me partie, nous avons r&eacute;alis&eacute; des entretiens avec d&rsquo;anciens &eacute;l&egrave;ves de classe de terminale et qui faisaient partie des premi&egrave;res g&eacute;n&eacute;rations arriv&eacute;es dans le camp &agrave; avoir pass&eacute; le&nbsp;<em>Tawjihi</em>. L&rsquo;objectif &eacute;tait de comprendre les difficult&eacute;s que ce changement de curriculum avait pu entra&icirc;ner chez ces &eacute;l&egrave;ves dans le contexte d&rsquo;urgence o&ugrave; ils se trouvaient. Ces anciens &eacute;l&egrave;ves sont aujourd&rsquo;hui employ&eacute;s par la m&ecirc;me organisation am&eacute;ricaine en tant que b&eacute;n&eacute;voles. Pour des raisons s&eacute;curitaires, ils ont refus&eacute; tout type d&rsquo;enregistrement. Nous avons donc pris des notes.</p> <p>La troisi&egrave;me partie consistait en trois questionnaires correspondant aux trois langues abord&eacute;es. Ils &eacute;taient destin&eacute;s &agrave; des &eacute;l&egrave;ves de l&rsquo;&eacute;cole en question. Pour le propos de cet article, nous avons choisi d&rsquo;exposer uniquement le cas de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais, car l&rsquo;impact de son absence dans le programme jordanien pourrait affecter certains &eacute;l&egrave;ves. Le questionnaire concernant l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais a &eacute;t&eacute; administr&eacute; &agrave; un &eacute;chantillon de soixante &eacute;l&egrave;ves syrien(ne)s de trois classes diff&eacute;rentes&nbsp;: neuvi&egrave;me, dixi&egrave;me, et onzi&egrave;me. Tirant profit du caract&egrave;re unique de la situation &agrave; l&rsquo;&eacute;gard du fran&ccedil;ais, il &eacute;tait int&eacute;ressant de comparer les rapports d&rsquo;identit&eacute; et d&rsquo;appartenance entre des &eacute;l&egrave;ves qui ont suivi des cours de fran&ccedil;ais en Syrie, avec ceux qui ont aussi suivi des cours de fran&ccedil;ais dans le projet pilote &agrave; l&rsquo;&eacute;cole et enfin ceux qui n&rsquo;ont jamais suivi de cours de fran&ccedil;ais.</p> <p>Ce questionnaire a &eacute;t&eacute; divis&eacute; en deux parties. La premi&egrave;re concerne des questions d&eacute;mographiques sur le sexe, l&rsquo;&acirc;ge, le nombre d&rsquo;ann&eacute;es d&rsquo;apprentissage du fran&ccedil;ais en Syrie et au camp (le cas &eacute;ch&eacute;ant). La deuxi&egrave;me partie comprend des questions ouvertes. Ce questionnaire d&eacute;montre deux choses&nbsp;: l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t &agrave; enseigner le fran&ccedil;ais dans le camp et le ressenti des r&eacute;fugi&eacute;s face &agrave; l&rsquo;arr&ecirc;t de son enseignement.</p> <p>Nous avons veill&eacute; &agrave; ce que les participants comprennent l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de ce questionnaire et la confidentialit&eacute; des r&eacute;ponses. Afin de les rassurer, nous avons insist&eacute; sur l&rsquo;anonymat des r&eacute;ponses, ce qui est particuli&egrave;rement important pour des r&eacute;fugi&eacute;s. Comme nous avons remarqu&eacute; le malaise et les inqui&eacute;tudes de certains participants en situation d&rsquo;enregistrement sonore/audio, nous pensons que le questionnaire &eacute;tait le moyen d&rsquo;enqu&ecirc;te le plus convenable pour les r&eacute;fugi&eacute;s.</p> <p>Pour r&eacute;sumer, le tableau ci-dessous r&eacute;capitule notre corpus aussi bien que la d&eacute;marche de recherche men&eacute;e sur le terrain.</p> <p><img alt="n71 KAHLEEFA tableau" src="/img/6/images/71_5_1.PNG" style="height:732px; width:778px" /></p> <p>Reste &agrave; pr&eacute;ciser que ces entretiens et ces questionnaires ont tous &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute;s en arabe. Les entretiens en arabe syro-jordanien et les questionnaires en arabe standard. Nous avons proc&eacute;d&eacute; &agrave; la saisie des donn&eacute;es dans des tableaux Excel. Les r&eacute;ponses qui nous semblaient int&eacute;ressantes ont fait l&rsquo;objet d&rsquo;une traduction en fran&ccedil;ais.</p> <h2>4. R&eacute;sultats des enqu&ecirc;tes</h2> <p>Les r&eacute;sultats de notre recherche d&eacute;pendent des entretiens et des questionnaires conduits aupr&egrave;s des r&eacute;fugi&eacute;s. Nous pr&eacute;sentons ces r&eacute;sultats en explorant &agrave; chaque fois les r&eacute;ponses des &eacute;l&egrave;ves ainsi que notre analyse.</p> <h3>4.1. M&eacute;moire collective perdue</h3> <p>Dans le cours d&rsquo;arabe observ&eacute; &agrave; l&rsquo;ONG am&eacute;ricaine, le dialogue suivant, entre l&rsquo;enseignant syrien et les &eacute;l&egrave;ves syriens<a href="#_ftn11" id="_ftnref11">[11]</a>, a attir&eacute; notre attention&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Enseignant&nbsp;: &laquo;&nbsp;donnez-moi un exemple d&rsquo;une citadelle<br /> Issam&nbsp;: &nbsp;&Ccedil;a veut dire quoi &laquo;&nbsp;une citadelle&nbsp;&raquo;&nbsp;?<br /> Enseignant&nbsp;: C&rsquo;est comme une forteresse.<br /> Sami&nbsp;: &Ccedil;a ressemble &agrave; quoi &ccedil;a&nbsp;?<br /> Enseignant&nbsp;: Beh c&rsquo;est comme la citadelle de Palmyre<a href="#_ftn12" id="_ftnref12">[12]</a>.<br /> Issam&nbsp;:&nbsp;C&rsquo;est o&ugrave;&nbsp;?<br /> Enseignant&nbsp;: Vous ne connaissez pas la citadelle de Palmyre&nbsp;?<br /> &Eacute;l&egrave;ves : Non&nbsp;!<br /> Enseignant&nbsp;: Et la forteresse de Bosra<a href="#_ftn13" id="_ftnref13">[13]</a>, &ccedil;a vous dit quelque chose&nbsp;?<br /> Farouq&nbsp;: Non plus&nbsp;!<br /> Enseignant&nbsp;: Beh oui bien s&ucirc;r, vous suivez le curriculum jordanien vous. Et la citadelle de P&eacute;tra alors&nbsp;?<br /> Sami&nbsp;: Il n&rsquo;y a pas de citadelle &agrave; P&eacute;tra&nbsp;!&nbsp;&raquo;&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;&nbsp;</p> </blockquote> <p>Par m&eacute;moire collective, selon l&rsquo;historien fran&ccedil;ais Pierre Nora, on entend &laquo;&nbsp;souvenir ou l&rsquo;ensemble de souvenirs, conscients ou non, d&rsquo;une exp&eacute;rience v&eacute;cue et/ou mythifi&eacute;e par une collectivit&eacute; vivante de l&rsquo;identit&eacute; dans laquelle le sentiment du pass&eacute; fait partie int&eacute;grante&nbsp;des individus qui se souviennent, en tant que membres d&rsquo;un groupe&nbsp;&raquo; (1978&nbsp;: 398). En suivant cette logique, ce sont les souvenirs partag&eacute;s, les exp&eacute;riences v&eacute;cues, les repr&eacute;sentations sociales, et les appartenances culturelles d&rsquo;un groupe de personnes qui forment ensemble cette m&eacute;moire collective. L&rsquo;espace est une autre composante essentielle de la m&eacute;moire collective duquel elle se nourrit (ibid.). Comme nous l&rsquo;avons pr&eacute;c&eacute;demment montr&eacute;, les lieux communs, comme l&rsquo;&eacute;cole, constituent un lieu crucial pour la socialisation et la transmission du savoir et des valeurs communes. Le cursus scolaire contribue, &agrave; travers diff&eacute;rentes activit&eacute;s communes telles que les langues apprises, les lectures partag&eacute;es, le vivre-ensemble, &agrave; la construction identitaire de chaque &eacute;l&egrave;ve et cr&eacute;e ainsi une m&eacute;moire collective (Raveaud, 2007&nbsp;; Demougin&nbsp;<em>et al.</em>, 2010).</p> <p>Si l&rsquo;&eacute;ducation &agrave; l&rsquo;&eacute;cole est vue comme un des vecteurs de la m&eacute;moire collective pour les r&eacute;fugi&eacute;s (Bruneau, 2006), la question est de savoir dans quelle mesure l&rsquo;&eacute;ducation faite &agrave; travers le curriculum national du pays d&rsquo;accueil et uniquement par ses enseignants permet de garder la m&eacute;moire collective des r&eacute;fugi&eacute;s.</p> <p>L&rsquo;exemple ci-dessus souligne d&rsquo;abord une perte de cette m&eacute;moire collective qui semblait, &agrave; un moment, &eacute;vidente pour l&rsquo;enseignant. Ce dernier attribue la raison de cette perte au curriculum jordanien que les enfants suivent. Pour lui, le contenu des manuels scolaires ne permet pas aux &eacute;l&egrave;ves de construire un patrimoine culturel syrien. Par ailleurs, ce court dialogue marque &eacute;galement l&rsquo;importance des lieux culturels et historiques dans la construction d&rsquo;une m&eacute;moire collective (Bruneau, 2006). L&rsquo;&eacute;cole peut &ecirc;tre per&ccedil;ue comme un syst&egrave;me social dans lequel les repr&eacute;sentations, qui constituent la m&eacute;moire collective, sont construites et partag&eacute;es. Ni l&rsquo;enseignant jordanien de l&rsquo;&eacute;cole publique ni le contenu du curriculum ne permettent aux &eacute;l&egrave;ves du camp de construire une m&eacute;moire collective propre &agrave; la Syrie, son histoire, ses monuments, etc. En effet, l&rsquo;&eacute;ducation &agrave; l&rsquo;&eacute;cole a permis &agrave; l&rsquo;&eacute;l&egrave;ve syrien de reconna&icirc;tre P&eacute;tra comme un monument important en Jordanie o&ugrave; il n&rsquo;a jamais mis les pieds en tant que r&eacute;fugi&eacute; au d&eacute;triment des sites importants du patrimoine culturel de son pays.</p> <h3>4.2. Un ressentiment, un abandon</h3> <p>Des milliers d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves dans le secondaire n&rsquo;ont pas pu continuer leurs &eacute;tudes dans le camp. Seules trois &eacute;coles proposent les classes de terminales (11e et 12e), ce qui emp&ecirc;che beaucoup d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves de se d&eacute;placer au quotidien.</p> <p>S&rsquo;agissant du curriculum propos&eacute;, de nombreux &eacute;l&egrave;ves qui &eacute;taient en secondaire lors de leur arriv&eacute;e dans le camp expriment un sentiment de perte et d&rsquo;abandon. S.A par exemple est une Syrienne de 22 ans qui travaille &agrave; l&rsquo;ONG am&eacute;ricaine en tant qu&rsquo;assistante de s&eacute;curit&eacute;. Elle s&rsquo;est inscrite en classe terminale mais n&rsquo;a pas &laquo; r&eacute;ussi [son]&nbsp;<em>Tawjihi</em>&nbsp;litt&eacute;raire car contrairement au&nbsp;<em>Tawjihi</em>&nbsp;jordanien, la Syrie n&rsquo;imposait pas de cours de math&eacute;matiques pour le baccalaur&eacute;at litt&eacute;raire &raquo;. Cette &eacute;l&egrave;ve a essay&eacute; de passer cet examen trois fois ce qui repr&eacute;sente le nombre maximum de tentatives autoris&eacute;es pour passer un examen de fin d&rsquo;&eacute;tudes. Elle a ajout&eacute; &laquo;&nbsp;j&rsquo;ai abandonn&eacute; mon r&ecirc;ve de m&rsquo;inscrire &agrave; la fac&nbsp;&raquo;. Une autre personne nous a expliqu&eacute; qu&rsquo;elle avait du mal &agrave; suivre le cours d&rsquo;Histoire de la Jordanie&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Euh, je ne voulais pas apprendre l&rsquo;histoire de la Jordanie, &ccedil;a ne me parlait pas. Et je n&rsquo;&eacute;tais pas la seule &agrave; d&eacute;chirer les manuels jordaniens, on &eacute;tait plusieurs &agrave; le faire. On a barr&eacute; les cartes jordaniennes &agrave; apprendre. On voulait rentrer en Syrie&nbsp;&raquo;.</p> </blockquote> <p>Enfin, une troisi&egrave;me &eacute;l&egrave;ve disait :</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;J&rsquo;&eacute;tais tr&egrave;s bonne en fran&ccedil;ais. J&rsquo;en ai fait deux ans en Syrie et mon r&ecirc;ve &eacute;tait de continuer son apprentissage. Ici, tout le monde s&rsquo;int&eacute;resse seulement &agrave; l&rsquo;anglais&nbsp;&raquo;.</p> </blockquote> <p>Ces sentiments d&rsquo;abandon montrent une amertume profonde de la part de ces jeunes g&eacute;n&eacute;rations qui sont les premiers arrivants au camp.</p> <p>Si la politique &eacute;ducative du pays d&rsquo;accueil n&rsquo;est effectivement pas la seule responsable de ces difficult&eacute;s, elle y a contribu&eacute;. Demander aux Syriens qui sont principalement dans le secondaire de montrer une adaptabilit&eacute; imm&eacute;diate &agrave; l&rsquo;environnement d&eacute;stabilisant dans lequel ils se trouvent soudainement ainsi qu&rsquo;au nouveau curriculum enseign&eacute; par des Jordaniens, revient &agrave; leur demander de s&rsquo;&eacute;loigner de leur culture et de renoncer ainsi &agrave; une partie de leur identit&eacute;.</p> <h3>4.3. Appartenance &agrave; la Jordanie vs un espoir de retour</h3> <p>Depuis la fermeture des fronti&egrave;res avec la Syrie en juillet 2016 et l&rsquo;arr&ecirc;t de l&rsquo;accueil de nouveaux r&eacute;fugi&eacute;s dans le camp, la situation d&rsquo;urgence se stabilise et le camp entre dans une nouvelle phase de d&eacute;veloppement. Celle-ci est marqu&eacute;e par la pr&eacute;sence de containers ou d&rsquo;abris pr&eacute;fabriqu&eacute;s qui remplacent petit &agrave; petit les tentes&nbsp;; l&rsquo;ouverture de commerces, et la construction des quatorze &eacute;coles. Cette nouvelle situation a &eacute;galement permis aux &eacute;coles de r&eacute;duire les situations chaotiques, cons&eacute;quence de l&rsquo;arriv&eacute;e quotidienne de centaines de nouveaux &eacute;l&egrave;ves.</p> <p>Les bourses universitaires attribu&eacute;es aux jeunes &eacute;l&egrave;ves ont &eacute;galement donn&eacute; &agrave; ces derniers une motivation de plus pour continuer leurs &eacute;tudes secondaires.</p> <p>Le questionnaire que nous avons conduit pour le fran&ccedil;ais a mis l&rsquo;accent sur le rapport des &eacute;l&egrave;ves avec la Jordanie. Pour le propos de cet article, nous exposerons les r&eacute;ponses &agrave; la question suivante&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&nbsp;&laquo; Souhaitez-vous continuer l&rsquo;apprentissage du fran&ccedil;ais dans les &eacute;coles&nbsp;? Merci de justifier vos r&eacute;ponses&nbsp;&raquo;.&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;&nbsp;</p> </blockquote> <p><strong>a.R&eacute;ponses des &eacute;l&egrave;ves de 11e</strong></p> <p><strong><strong>&rarr;</strong>&nbsp;Les filles</strong></p> <blockquote> <p>Hanan&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;Oui, pour apprendre une langue qui est pr&eacute;sente dans notre pays&nbsp;&raquo;.<br /> Maha : &laquo;&nbsp;Oui pour que, si je rentre en Syrie, j&rsquo;ai au moins la base de cette langue&nbsp;&raquo;.<br /> Nisrine&nbsp;: &laquo;&nbsp;Oui parce que (notamment parce que je suis syrienne) je vais retourner un jour dans mon pays et l&agrave;-bas le fran&ccedil;ais est une mati&egrave;re principale. Je devrais donc le connaitre pour ne pas rencontrer de difficult&eacute;s quand j&rsquo;y retournerai&nbsp;&raquo;.&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;</p> </blockquote> <p>&nbsp;</p> <p><strong>&rarr; Les gar&ccedil;ons</strong></p> <blockquote> <p>Osama : &laquo;&nbsp;Oui car il fait partie du curriculum syrien&nbsp;&raquo;.<br /> Ibrahim : &laquo;&nbsp;Oui. Si nous repartons un jour en Syrie, on aura appris une langue qui repr&eacute;sente peut-&ecirc;tre un symbole de la civilisation de la Syrie avant sa destruction&nbsp;&raquo;.<br /> Sami : &laquo;&nbsp;Oui. Car en tant que syriens, il y a une probabilit&eacute; de rentrer &agrave; tout moment en Syrie et de reprendre l&rsquo;&eacute;tude de la langue fran&ccedil;aise. Nous devons alors conna&icirc;tre cette langue&nbsp;&raquo;.&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;&nbsp;</p> </blockquote> <p><strong>b.R&eacute;ponses des &eacute;l&egrave;ves de 10e:</strong></p> <p><strong><strong>&rarr;&nbsp;</strong></strong><strong>Les filles</strong></p> <blockquote> <p>Souzane : &laquo;&nbsp;Oui pour &eacute;largir le savoir et la culture&nbsp;&raquo;.<br /> Oula&nbsp;: &laquo;&nbsp;Oui. Je souhaiterais qu&rsquo;ils ajoutent le fran&ccedil;ais &agrave; l&rsquo;&eacute;cole car il est utile et d&eacute;veloppe nos talents dans l&rsquo;apprentissage&nbsp;&raquo;.<br /> Nada&nbsp;: &laquo; Comme je ne connais pas cette langue, je n&rsquo;aime pas l&rsquo;&eacute;tudier&nbsp;&raquo;.<br /> Salma : &laquo;&nbsp;Oui car en Syrie, il est enseign&eacute;&nbsp;&raquo;.<br /> Doha&nbsp;: &laquo;&nbsp;Non car c&rsquo;est une langue compliqu&eacute;e qui n&eacute;cessite une bonne concentration et c&rsquo;est difficile &agrave; Zaatari&nbsp;&raquo;.&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;&nbsp;</p> </blockquote> <p><strong>&rarr;&nbsp;Les gar&ccedil;ons</strong></p> <blockquote> <p>Omar&nbsp;:&nbsp;&laquo;&nbsp;Oui. Pour apprendre sa grammaire et ses m&eacute;thodes et pour savoir comment communiquer avec ceux qui parlent fran&ccedil;ais&nbsp;&raquo;.<br /> Khalid&nbsp;: &laquo;&nbsp;Oui m&ecirc;me si j&rsquo;aime d&rsquo;autres langues&nbsp;&raquo;.<br /> Bachir&nbsp;: &laquo;&nbsp;Oui car j&rsquo;ai envie de ma&icirc;triser la langue&nbsp;&raquo;.<br /> Salim&nbsp;: &laquo;&nbsp;Oui, je voudrais bien car il m&rsquo;aide &agrave; &ecirc;tre ind&eacute;pendant dans certains domaines dans le camp&nbsp;&raquo;.<br /> Rami&nbsp;: &laquo;&nbsp;Il n&rsquo;existe pas d&rsquo;&eacute;coles qui enseigne cette langue &agrave; Zaatari, je voudrais partir dans d&rsquo;autres pays pour &eacute;tudier la langue car je l&rsquo;aime et je l&rsquo;adore&nbsp;&raquo;.<br /> Fadi&nbsp;: &laquo;&nbsp;Non car la prononciation du fran&ccedil;ais est difficile&nbsp;&raquo;.&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;</p> </blockquote> <h5>&nbsp;</h5> <p><strong>c.R&eacute;ponses des &eacute;l&egrave;ves de 9e:</strong></p> <p><strong><strong>&rarr;&nbsp;</strong></strong><strong>Les filles</strong></p> <blockquote> <p>Fadwa&nbsp;: &laquo; Non, je n&rsquo;aime pas du tout cette langue&nbsp;&raquo;.<br /> Fatima&nbsp;: &laquo;&nbsp;Non, le fran&ccedil;ais n&rsquo;est pas essentiel en Jordanie&nbsp;&raquo;.<br /> Sarah&nbsp;: &laquo;&nbsp;Non, en Jordanie on n&rsquo;apprend pas le fran&ccedil;ais&nbsp;&raquo;.&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;</p> </blockquote> <p><strong>&rarr; Les gar&ccedil;ons</strong></p> <blockquote> <p>Hassan&nbsp;: &laquo;&nbsp;Non car le fran&ccedil;ais n&rsquo;est pas important en Jordanie&nbsp;&raquo;.<br /> Chadi&nbsp;: &laquo;&nbsp;Non car il faut se concentrer sur l&rsquo;anglais seulement&nbsp;&raquo;.<br /> Mehdi&nbsp;: &laquo;&nbsp;Non car il ne nous aide pas &agrave; vivre dans le camp&nbsp;&raquo;.&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;&nbsp;</p> </blockquote> <p>Nous constatons dans ces r&eacute;ponses une gradation dans le niveau d&rsquo;all&eacute;geance &agrave; la Jordanie et l&rsquo;espoir de retourner en Syrie. Les &eacute;l&egrave;ves en 11e sont attach&eacute;s par exemple &agrave; l&rsquo;apprentissage du fran&ccedil;ais car il leur rappelle leur origine et leur pays. Pour eux, le fran&ccedil;ais repr&eacute;sente par exemple une question identitaire comme nous le voyons clairement dans le propos d&rsquo;Osama&nbsp;: &laquo;&nbsp;il fait partie du curriculum syrien&nbsp;&raquo;&nbsp;; d&rsquo;Ibrahim &laquo;&nbsp;[le fran&ccedil;ais] est un symbole de la Syrie&nbsp;; de Sami &laquo;&nbsp;en tant que syriens&nbsp;&raquo;&nbsp;; de Nisrine &laquo;&nbsp;notamment parce que je suis syrienne&nbsp;&raquo;, etc. De plus, nous pouvons sentir l&rsquo;espoir du retour&nbsp;chez Ibrahim &laquo; si nous repartons un jour en Syrie&nbsp;&raquo;)&nbsp;; Sami &laquo;&nbsp;il y a une probabilit&eacute; de rentrer &agrave; tout moment en Syrie&nbsp;&raquo;&nbsp;; Maha&nbsp;&laquo;&nbsp;si je rentre en Syrie&nbsp;&raquo;)&nbsp;; Nisrine &laquo;&nbsp;je vais retourner un jour dans mon pays&nbsp;&raquo;&nbsp;; etc.</p> <p>Cet attachement au retour en Syrie devient beaucoup moins &eacute;vident chez les &eacute;l&egrave;ves en 10e. La fluctuation dans les r&eacute;ponses pourrait s&rsquo;expliquer par une absence partielle de leur apprentissage du fran&ccedil;ais en Syrie ou dans le camp. M&ecirc;me pour ceux qui ont manifest&eacute; une volont&eacute; de l&rsquo;apprendre, la question identitaire ou du retour demeure absente. Ce n&rsquo;est ni pour la Syrie ni pour le programme scolaire l&agrave;-bas que certains souhaitent poursuivre des &eacute;tudes en fran&ccedil;ais mais plut&ocirc;t pour &laquo;&nbsp;&eacute;largir le savoir et la culture&nbsp;&raquo;&nbsp;(Souzane)&nbsp;et &laquo;&nbsp;d&eacute;veloppe[r] [se]s talents dans l&rsquo;apprentissage&nbsp;&raquo; (Oula). De plus, certains d&rsquo;entre eux ont montr&eacute; une forme de stabilit&eacute; dans leur vie &agrave; Zaatari, notamment pour Salim o&ugrave; le fran&ccedil;ais pourrait l&rsquo;aider &laquo;&nbsp;&agrave; &ecirc;tre ind&eacute;pendant dans quelques domaines dans le camp&nbsp;&raquo;, et pour Rami qui souhaite l&rsquo;apprendre mais ne peut pas parce que les &eacute;coles du camp ne le proposent pas. Cette acceptation du camp comme lieu d&rsquo;habitation n&rsquo;est pas pr&eacute;sente chez les &eacute;l&egrave;ves de 11e. De plus, ceux qui ne souhaitent pas apprendre le fran&ccedil;ais, ne mentionnent pas explicitement le lien avec la Jordanie. Le fran&ccedil;ais repr&eacute;sente une langue inconnue pour Bachir, compliqu&eacute;e pour Doha, et est difficile &agrave; prononcer pour Fadi.</p> <p>Les r&eacute;ponses de la classe de 9e sont en revanche marquantes. Aucun &eacute;l&egrave;ve n&rsquo;a r&eacute;pondu positivement &agrave; cette question. Leurs r&eacute;ponses montrent la cr&eacute;ation d&rsquo;un lien fort avec la Jordanie. Ce lien pourrait &ecirc;tre vu comme indication d&rsquo;un d&eacute;sir d&rsquo;int&eacute;gration dans la soci&eacute;t&eacute; jordanienne. Comme s&rsquo;ils souhaitaient inconsciemment y appartenir. Nous le retrouvons tr&egrave;s clairement dans les extraits de Fatima&nbsp;&laquo;&nbsp;Non, le fran&ccedil;ais n&rsquo;est pas essentiel en Jordanie&nbsp;&raquo;, et de Sarah &laquo; Non, en Jordanie on n&rsquo;apprend pas le fran&ccedil;ais&nbsp;&raquo;. Il en va de m&ecirc;me quand Chadi r&eacute;fl&eacute;chit &agrave; ce qui est important en Jordanie &laquo;&nbsp;il faut se concentrer sur l&rsquo;anglais seulement&nbsp;&raquo;. Comme certains &eacute;l&egrave;ves de 10e, quelques &eacute;l&egrave;ves de 9e voient dans le camp un lieu de vie et de r&eacute;sidence. Ils r&eacute;fl&eacute;chissent donc &agrave; ce qui peut leur permettre d&rsquo;am&eacute;liorer leurs vies. Selon Mehdi par exemple pour qui le fran&ccedil;ais &laquo;&nbsp;ne [l&rsquo;] aide pas &agrave; vivre dans le camp&nbsp;&raquo;. Il est &eacute;galement int&eacute;ressant de remarquer que pour ces &eacute;l&egrave;ves, aucun lien entre le fran&ccedil;ais et la Syrie n&rsquo;est &eacute;voqu&eacute;. Cela pourrait &ecirc;tre expliqu&eacute; par le fait qu&rsquo;ils avaient dix ans pour la plupart quand ils ont fui en Jordanie. Et &agrave; cet &acirc;ge le fran&ccedil;ais ne leur avait pas encore &eacute;t&eacute; enseign&eacute;.</p> <p>Malgr&eacute; la petite diff&eacute;rence d&rsquo;&acirc;ge entre les participants, elle est significative dans ce contexte. En effet, il est clair que les &eacute;l&egrave;ves plus &acirc;g&eacute;s ont montr&eacute; une volont&eacute; d&rsquo;apprendre le fran&ccedil;ais provenant du lien que cette mati&egrave;re cr&eacute;e avec la Syrie. Le fran&ccedil;ais repr&eacute;sente pour eux une question identitaire et un espoir fort de retour en Syrie. Tandis que les &eacute;l&egrave;ves de 10e ont g&eacute;n&eacute;ralement montr&eacute; un sentiment de stabilit&eacute; et une indiff&eacute;rence face &agrave; l&rsquo;apprentissage du fran&ccedil;ais, les &eacute;l&egrave;ves de 9e ont exprim&eacute; un sentiment de rejet vis-&agrave;-vis du fran&ccedil;ais et une appartenance inconsciente &agrave; la Jordanie.</p> <h2>Conclusion</h2> <p>L&rsquo;objectif de cette recherche &eacute;tait d&rsquo;examiner l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t d&rsquo;appliquer le curriculum national du pays d&rsquo;accueil dans les &eacute;coles des camps de r&eacute;fugi&eacute;s. Il s&rsquo;agissait ensuite d&rsquo;en analyser les cons&eacute;quences. Nous avons trouv&eacute; dans le camp de Zaatari une situation adapt&eacute;e &agrave; cette &eacute;tude. En effet, la proximit&eacute; culturelle entre les deux pays permet tout d&rsquo;abord d&rsquo;&eacute;tudier s&rsquo;il y a un &eacute;cart entre les programmes scolaires de ces pays. Cette diff&eacute;rence pouvait-elle alors affecter psychologiquement et cognitivement&nbsp;les &eacute;l&egrave;ves&nbsp;? De plus, cela illustre le ressenti des r&eacute;fugi&eacute;s au sujet des programmes scolaires. Il s&rsquo;agissait ensuite de comprendre le rapport identitaire que les &eacute;l&egrave;ves syriens entretiennent avec la Jordanie. Enfin, ce travail a permis de d&eacute;gager les questions d&rsquo;assimilation et d&rsquo;int&eacute;gration des r&eacute;fugi&eacute;s dans la soci&eacute;t&eacute; jordanienne.</p> <p>L&rsquo;existence relativement r&eacute;cente du camp de Zaatari permet une lecture modeste de l&rsquo;impact qu&rsquo;entra&icirc;nerait le curriculum jordanien sur les &eacute;l&egrave;ves syriens &agrave; long terme. Nous avons tout de m&ecirc;me constat&eacute; une gradation dans les r&eacute;ponses des &eacute;l&egrave;ves. Alors qu&rsquo;une revendication claire du programme syrien pr&eacute;domine lors de l&rsquo;installation des &eacute;coles dans le camp, la volont&eacute; d&rsquo;apprendre &laquo;&nbsp;&agrave; la jordanienne&nbsp;&raquo; est aujourd&rsquo;hui la tendance principale chez les &eacute;l&egrave;ves. Cela illustre une volont&eacute; d&rsquo;int&eacute;grer les jeunes Syriens &agrave; la soci&eacute;t&eacute; d&rsquo;accueil.</p> <p>Cependant, l&rsquo;&eacute;ducation dans le camp de Zaatari devrait aussi &ecirc;tre compar&eacute;e &agrave; d&rsquo;autres cas similaires &nbsp;&nbsp;avec le m&ecirc;me public (ex. les r&eacute;fugi&eacute;s syriens en Turquie et en Irak) ou avec un autre public (ex. les r&eacute;fugi&eacute;s somaliens &agrave; Dadaab&nbsp;; les Palestiniens en Jordanie). De plus, il serait int&eacute;ressant de pouvoir faire une &eacute;tude quantitative qui couvrirait une large gamme d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves ayant entre 14 et 18 ans, inscrits ou non &agrave; l&rsquo;&eacute;cole secondaire.</p> <p>Cet article met &eacute;galement l&rsquo;accent sur l&rsquo;avenir des &eacute;l&egrave;ves syriens r&eacute;fugi&eacute;s en Jordanie. Si, de mani&egrave;re plus g&eacute;n&eacute;rale, l&rsquo;&eacute;cole jordanienne ainsi que le recours &agrave; des enseignants locaux jouent un r&ocirc;le primordial dans la socialisation des &eacute;l&egrave;ves et dans la cr&eacute;ation de &laquo;&nbsp;bons citoyens jordaniens&nbsp;&raquo;, la situation semble tout de m&ecirc;me &ecirc;tre d&eacute;licate. En effet, il existe une contradiction entre la politique d&rsquo;accueil temporaire des r&eacute;fugi&eacute;s &agrave; Zaatari et l&rsquo;envie de les int&eacute;grer dans la soci&eacute;t&eacute; jordanienne. Si cela persiste, la Jordanie devrait bient&ocirc;t faire face &agrave; des Jordaniens non-naturalis&eacute;s.</p> <p>Prendre en consid&eacute;ration les comp&eacute;tences des enseignants syriens dipl&ocirc;m&eacute;s et leur permettre de participer au processus &eacute;ducatif du camp nous semble &ecirc;tre un point pertinent. Certes, si la priorit&eacute; accord&eacute;e aux enseignants jordaniens repr&eacute;sente un int&eacute;r&ecirc;t &eacute;conomique, il est important de mentionner que les &eacute;coles de r&eacute;fugi&eacute;s palestiniens en Jordanie sont g&eacute;r&eacute;es par l&rsquo;Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les r&eacute;fugi&eacute;s de Palestine (UNWRA) et sont dirig&eacute;es par les r&eacute;fugi&eacute;s eux-m&ecirc;mes. En effet, un r&eacute;fugi&eacute; dipl&ocirc;m&eacute; qui vit dans le m&ecirc;me endroit qu&rsquo;un &eacute;l&egrave;ve lui-m&ecirc;me r&eacute;fugi&eacute; et qui a v&eacute;cu le m&ecirc;me traumatisme de d&eacute;racinement, semble &ecirc;tre le plus en mesure de transmettre le savoir et l&rsquo;&eacute;ducation. Les dipl&ocirc;m&eacute;s syriens dans le camp sont nombreux et certains poss&egrave;dent des dizaines d&rsquo;ann&eacute;es d&rsquo;exp&eacute;rience. Si la Jordanie continue &agrave; les marginaliser, et &agrave; ne les accepter qu&rsquo;en tant qu&rsquo;assistants des enseignants jordaniens, des tensions et des conflits pourraient rapidement appara&icirc;tre.</p> <p>S&rsquo;il faut accepter le curriculum national comme r&eacute;sultant des &laquo;&nbsp;rites de passage&nbsp;&raquo; du pays d&rsquo;origine au pays d&rsquo;accueil, il faudrait multiplier les choix. Enseigner un contenu adapt&eacute; et plus coh&eacute;rent &agrave; un public r&eacute;fugi&eacute; pourrait &ecirc;tre une solution. Prendre en compte certaines diff&eacute;rences entre les curriculums d&rsquo;origine et d&rsquo;accueil afin de les int&eacute;grer aux programmes pourrait &ecirc;tre une autre solution. Cela serait en effet psychologiquement avantageux pour les r&eacute;fugi&eacute;s (parents comme &eacute;l&egrave;ves) en leur offrant ainsi un espoir de retour. Dans le cas de Zaatari, cela pourrait impliquer par exemple d&rsquo;enseigner l&rsquo;histoire de la Jordanie en parall&egrave;le de celle de la Syrie et d&rsquo;ajouter le fran&ccedil;ais comme deuxi&egrave;me langue &eacute;trang&egrave;re dans le camp.</p> <p>Alors que cette recherche souligne clairement certaines questions relatives &agrave; l&rsquo;&eacute;ducation des r&eacute;fugi&eacute;s qui n&eacute;cessitent une attention particuli&egrave;re des autorit&eacute;s &eacute;ducatives et politiques correspondantes, il est difficile&nbsp;&ndash; &agrave; ce stade &ndash;&nbsp; de trouver les meilleures solutions en raison du manque de connaissances scientifiques en la mati&egrave;re. De futures recherches devraient &ecirc;tre b&eacute;n&eacute;fiques et permettre d&rsquo;exploiter au mieux les solutions concernant &agrave; la fois les orientations de la politique d&rsquo;accueil temporaire ainsi que les besoins des &eacute;l&egrave;ves r&eacute;fugi&eacute;s.</p> <h2>Bibliographie</h2> <p>ABABSA, Myriam, &laquo; La Jordanie entre d&eacute;fis s&eacute;curitaires et humanitaires &raquo;,&nbsp;<em>Questions&nbsp;</em>Internationales, n&deg;26, 2016, p.&nbsp;168-175.</p> <p>AGIER, Michel,&nbsp;<em>Campement urbain, du refuge na&icirc;t le ghetto</em>, Paris, Manuels Payots, 2013.</p> <p>AL HUSSEINI, Jalal, &laquo;&nbsp;La Jordanie face &agrave; la crise syrienne&nbsp;&raquo; dans Fran&ccedil;ois Burgat, Bruno Paoli (dir.),&nbsp;<em>Pas de Printemps pour la Syrie</em>, Paris, La D&eacute;couverte, 2013, p. 282-288.&nbsp;</p> <p>AL-KHATIB, Mohammed, &laquo;&nbsp;Le fran&ccedil;ais dans le syst&egrave;me &eacute;ducatif d&rsquo;un pays non francophone Exemple de la Jordanie&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Lettres et Langues</em>&nbsp;n&deg;10, 2014, p.&nbsp;313-322.</p> <p>ARVISAIS, Olivier &amp; CHARLAND, Patrick, &laquo;&nbsp;Enjeux &eacute;ducationnels, curriculum et langue d&rsquo;enseignement dans les camps de r&eacute;fugi&eacute;s&nbsp;: &Eacute;tat des connaissances et perspectives de recherche&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Revue canadienne des jeunes chercheur(e)s en &eacute;ducation</em>, vol. 6, n&deg;2, 2015, p.&nbsp;87-93<em>.</em></p> <p>BRUNEAU, Michel, &laquo;&nbsp;Les territoires de l&rsquo;identit&eacute; et la m&eacute;moire collective en diaspora&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>L&rsquo;Espace g&eacute;ographique</em>, vol. tome 35, n&deg;4, 2006, p.&nbsp;328-333.</p> <p>CHELPI-DEN HAMER, Magali, &laquo; &Eacute;coles de r&eacute;fugi&eacute;s ou int&eacute;gration dans les &eacute;coles locales&nbsp;? Le parcours des r&eacute;fugi&eacute;s lib&eacute;riens en C&ocirc;te d&rsquo;Ivoire (1992-2007) &raquo;,&nbsp;<em>Autrepart</em>, n&deg;54, 2010, p. 43-63<em>.</em></p> <p>CRISP, Jeff, TALBOT, Christopher et CIPOLLONE, Diana&nbsp;<em>Learning for a future: refugee education in developing countries</em>, Gen&egrave;ve, UNHCR, 2001.</p> <p>Cultural Orientation Research Centre,&nbsp;<em>Refugees from Syria</em>, Washington, DC.<em>,</em>&nbsp;COL<em>,</em>&nbsp;2014.</p> <p>DEMOUGIN, Fran&ccedil;oise &amp; SAUVAGE, J&eacute;r&eacute;mi, &laquo;&nbsp;Construction identitaire &agrave; l&rsquo;&eacute;cole&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Tr&eacute;ma,&nbsp;</em>n&deg;33-34, 2010, p.&nbsp;1-8.</p> <p>DORA&Iuml;, Kamel, &laquo; La Jordanie et les r&eacute;fugi&eacute;s syriens &raquo;,<em>&nbsp;La Vie des id&eacute;es</em>, 2016, p.&nbsp;1-9. URL:&nbsp;<a href="http://www.laviedesidees.fr/La-Jordanie-et-les-refugies-syriens.html">http://www.laviedesidees.fr/La-Jordanie-et-les-refugies-syriens.html</a></p> <p>DRYDEN-PETERSON, Sarah, BELLINO, Michelle, CHOPRA, Vidur, &laquo; Conflict: Education and Youth&nbsp;&raquo;, dans James Wright (dir.),&nbsp;<em>International Encyclopedia of Social and Behavioral Sciences</em>, Oxford, Elsevier, 2015, p.&nbsp;632-638.</p> <p><em>DUNMORE, Charlie, &laquo; Le chef du HCR en visite &agrave; Zaatari : il faut mettre fin &agrave; la crise des r&eacute;fugi&eacute;s syriens&nbsp;&raquo;, Actualit&eacute;s UNHCR, 18 janvier 2016. Consult&eacute; le 2 juillet 2017. URL&nbsp;:&nbsp;</em><a href="http://www.unhcr.org/fr/news/stories/2016/1/569f4685c/chef-hcr-visite-zaatari-mettre-fin-crise-refugies-syriens.html">http://www.unhcr.org/fr/news/stories/2016/1/569f4685c/chef-hcr-visite-zaatari-mettre-fin-crise-refugies-syriens.html</a></p> <p>EBAJI, Safwan,&nbsp;<em>L&rsquo;influence de l&rsquo;enseignement strat&eacute;gique sur l&rsquo;apprentissage et la motivation des &eacute;l&egrave;ves syriens dans les cours d&rsquo;&eacute;ducation religieuse&nbsp;: une &eacute;tude quasi exp&eacute;rimentale dans la classe d&rsquo;&eacute;ducation islamique avec deux groupes (exp&eacute;rimental et t&eacute;moin) d&rsquo;&eacute;l&egrave;ve de neuvi&egrave;me classe</em>, Th&egrave;se de doctorat dirig&eacute;e par STEHLY Ralph, Strasbourg, Universit&eacute; de Strasbourg, 2016.</p> <p>FOUCAULT, Michel, &laquo; Des espaces autres &raquo;,&nbsp;<em>Dits et &eacute;crits : 1954-1988</em>, t. IV&nbsp;(1980-1988), Paris, Gallimard, 1994, p. 752-762.</p> <p><em>GLADWELL</em>, Catherine&nbsp;&amp; TANNER, Lydia<em>, Hear it from the Children: Why education in emergencies is critical</em>, Oslo, NRC &amp; The Save the Children Fund, 2014. En ligne :&nbsp;<a href="https://www.savethechildren.org.uk/sites/default/files/images/Hear_it_from_the_children.pdf">https://www.savethechildren.org.uk/sites/default/files/images/Hear_it_from_the_children.pdf</a></p> <p>Haut-Commissariat des Nations unies pour les r&eacute;fugi&eacute;s,&nbsp;<em>UNHCR Global Trends: Forced Displacement in 2014</em>, Gen&egrave;ve, UNHCR, 2015. En ligne:&nbsp;<a href="http://unhcr.org/556725e69.html">http://unhcr.org/556725e69.html</a></p> <p>Human Rights Watch,&nbsp;<em>Jordanie : Renforcer l&rsquo;acc&egrave;s des enfants r&eacute;fugi&eacute;s syriens &agrave; l&rsquo;&eacute;ducation</em>,&nbsp;<em>Actualit&eacute;s HRW, 16 ao&ucirc;t 2016. Consult&eacute; le 10 juillet 2017. URL&nbsp;:&nbsp;</em><a href="https://www.hrw.org/fr/news/2016/08/16/jordanie-renforcer-lacces-des-enfants-refugies-syriens-leducation">https://www.hrw.org/fr/news/2016/08/16/jordanie-renforcer-lacces-des-enfants-refugies-syriens-leducation</a></p> <p>HYMAN, Anthony, &laquo;&nbsp;Dilemmas of Afghan Higher Education&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>The Children of Afghanistan in War and Refugee Camps: An International Hearing about the Children of Afghanistan</em>, Stockholm, Swedish Committee for Afghanistan, 1987, p.&nbsp;86-91.</p> <p>MAFFI, Ir&egrave;ne, &laquo;&nbsp;la fabrication des fronti&egrave;res nationales dans les manuels scolaires jordaniens&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>A contrario</em>, vol.&nbsp;3, n&deg;2, 2005, p.&nbsp;26-44. URL:&nbsp;<a href="https://www.cairn.info/revue-a-contrario-2005-2-page-26.htm">https://www.cairn.info/revue-a-contrario-2005-2-page-26.htm</a></p> <p>MANOR, Yohanan, &laquo;&nbsp;Arabes et Palestiniens dans les manuels scolaires isra&eacute;liens. Changer le regard sur l&rsquo;autre&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Outre-Terre</em>, vol.&nbsp;9, no. 4, 2004, p.&nbsp;197-222.</p> <p>Minist&egrave;re de la planification et de la&nbsp;coop&eacute;ration internationale,&nbsp;<em>The Jordan Response Plan for the Syria crisis</em>&nbsp;<em>2017 &ndash; 2019</em>, 2017.</p> <p>NASR, Marl&egrave;ne,&nbsp;<em>Islam et d&eacute;mocratie dans l&rsquo;enseignement en Jordanie</em>, Paris,&nbsp;<a href="https://www.decitre.fr/editeur/Karthala">Karthala</a>, 2007.</p> <p>NORA, Pierre, &laquo;&nbsp;La m&eacute;moire collective&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Le_Goff">Jacques Le Goff</a>&nbsp;(dir.),&nbsp;<em>La nouvelle histoire</em>,&nbsp;Retz-CEPL, Paris, 1978, p. 398.</p> <p>RAVEAUD, Maroussia, &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;l&egrave;ve, futur citoyen&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Revue internationale d&rsquo;&eacute;ducation de S&egrave;vres</em>, n&deg;44, 2007, p.&nbsp;19-24.</p> <p>ROSEMARY, Preston, &laquo;&nbsp;The Provision of Education to Refugees in Places of Temporary Asylum: Some Implications for Development&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Comparative Education</em>, vol. 27, n&deg;1, 1991, p.&nbsp;61-81.</p> <p>The Jordan Times, &laquo; Jordan wants investments to benefit Jordanians, Syrians &mdash; Fakhoury&nbsp;&raquo;, [En ligne] mis &agrave; jour le 03 f&eacute;vrier 2016), consult&eacute; le 20 juin 2017. URL:&nbsp;<a href="http://www.jordantimes.com/news/local/jordan-wants-investments-benefit-jordanians-syrians-%E2%80%94-fakhoury">http://www.jordantimes.com/news/local/jordan-wants-investments-benefit-jordanians-syrians-%E2%80%94-fakhoury</a></p> <p>WATERS, Tony &amp;&nbsp;LEBLANC, Kim &laquo;&nbsp;Refugees and Education: Mass Public Schooling without a Nation‐State &raquo;,&nbsp;<em>Comparative Educat</em></p> <h2>Notes&nbsp;</h2> <p><a href="#_ftnref1" id="_ftn1">[1]</a>&nbsp;L&rsquo;&eacute;cole formelle correspond &agrave; une scolarisation &agrave; travers un enseignement dans des classes quotidiennes, r&eacute;guli&egrave;res, et bien d&eacute;finies par des crit&egrave;res tels que l&rsquo;&acirc;ge, le nombre, le programme, etc. Elle est souvent ouverte pour ceux qui ont pu continuer leurs &eacute;tudes, sans discontinuit&eacute;, depuis la crise syrienne, pour ce qui nous concerne ici. L&rsquo;&eacute;cole formelle se distingue alors de la scolarisation dite &laquo;&nbsp;non-formelle&nbsp;&raquo; qui propose des alternatives pour ceux qui ont d&ucirc; arr&ecirc;ter l&rsquo;&eacute;cole pendant une p&eacute;riode &eacute;gale ou sup&eacute;rieure &agrave; trois ans et ne sont plus autoris&eacute;s &agrave; s&rsquo;inscrire dans l&rsquo;&eacute;cole formelle.</p> <p><a href="#_ftnref2" id="_ftn2">[2]</a>&nbsp;UNHCR. URL:&nbsp;<a href="http://data.unhcr.org/syrianrefugees/settlement.php?id=176&amp;region=77">http://data.unhcr.org/syrianrefugees/settlement.php?id=176&reg;ion=77</a></p> <p><a href="#_ftnref3" id="_ftn3">[3]</a>&nbsp;Donn&eacute;es obtenues du Minist&egrave;re de l&rsquo;&eacute;ducation jordanien / Rectorat de Mafraq lors d&rsquo;une visite le 10 mai 2017.</p> <p><a href="#_ftnref4" id="_ftn4">[4]</a>&nbsp;N&eacute;ologisme d&eacute;signant les diff&eacute;rents types de camp. Voir&nbsp;:&nbsp;<a href="https://lejournal.cnrs.fr/articles/les-camps-lautre-destination-des-migrants">https://lejournal.cnrs.fr/articles/les-camps-lautre-destination-des-migrants</a></p> <p><a href="#_ftnref5" id="_ftn5">[5]</a>&nbsp;La diff&eacute;rence dialectale n&rsquo;a pas d&rsquo;impact sur la compr&eacute;hension et la communication orales entre les gens de ces deux pays.</p> <p><a href="#_ftnref6" id="_ftn6">[6]</a>&nbsp;The Cultural Orientation Resource Center.</p> <p><a href="#_ftnref7" id="_ftn7">[7]</a>&nbsp;Le fran&ccedil;ais et l&rsquo;anglais sont enseign&eacute;es en Syrie en tant que langues &eacute;trang&egrave;res seulement tandis qu&rsquo;elles sont des langues d&rsquo;instruction scolaire au Liban.</p> <p><a href="#_ftnref8" id="_ftn8">[8]</a>&nbsp;Human Rights Watch&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</p> <p><a href="#_ftnref9" id="_ftn9">[9]</a>&nbsp;Traduit de l&rsquo;anglais par l&rsquo;auteure &ldquo;We are open for business and we want new investments that will create jobs for Jordanians and initiatives that can create also jobs for Syrian refugees in a manner that is not at the expense of Jordanians and in areas where Jordan has non-Jordanian labour&rdquo;.</p> <p><a href="#_ftnref10" id="_ftn10">[10]</a>&nbsp;Informations obtenues lors d&rsquo;un entretien &agrave; Paris le 5 avril 2016 avec le Conseiller de Coop&eacute;ration et d&rsquo;Action Culturelle &agrave; l&rsquo;ambassade de France en Jordanie.</p> <p><a href="#_ftnref11" id="_ftn11">[11]</a>&nbsp;Pour des raisons de s&eacute;curit&eacute;, nous avons modifi&eacute; les pr&eacute;noms des &eacute;l&egrave;ves.</p> <p><a href="#_ftnref12" id="_ftn12">[12]</a>&nbsp;La cit&eacute; historique&nbsp;<em>de Palmyre</em>, dans le centre de la Syrie.</p> <p><a href="#_ftnref13" id="_ftn13">[13]</a>&nbsp;Ville au sud de la Syrie.</p> <p>&nbsp;</p> <h3>Amal KHALEEFA<br /> ED 268 - EA2288 DILTEC<br /> Universit&eacute; Sorbonne-Nouvelle Paris 3</h3>