<blockquote> <p><em>Enfin vous aurez de la peine &agrave; trouver une terre habit&eacute;e aujourd&rsquo;hui par les indig&egrave;nes&nbsp;; toutes les nations sont m&eacute;lang&eacute;es et, pour ainsi dire, ent&eacute;es les unes sur les autres&nbsp;; elles se sont tour &agrave; tour succ&eacute;d&eacute;. Celle-ci a convoit&eacute; ce que celle-l&agrave; d&eacute;daignait&nbsp;; une autre, apr&egrave;s avoir expuls&eacute; les habitants d&rsquo;un pays, en a &eacute;t&eacute; chass&eacute;e &agrave; son tour. Tel est l&rsquo;arr&ecirc;t du destin&nbsp;: il n&rsquo;est rien dont la fortune soit irr&eacute;vocablement fix&eacute;e</em>.<a href="#_ftn1" id="_ftnref1">[1]</a></p> </blockquote> <p>Lorsque l&rsquo;on &eacute;voque le Vietnam, on se souvient d&rsquo;un pays qui fut d&eacute;chir&eacute; par une guerre fratricide entre Nord et Sud au milieu du XXe si&egrave;cle&nbsp;; on se souvient de l&rsquo;intervention des &Eacute;tats-Unis d&rsquo;Am&eacute;rique ou de la bataille de Điện Bi&ecirc;n Phủ et quelques images insoutenables nous reviennent. Le Vietnam, h&eacute;las, est un pays qui a &laquo;&nbsp;connu tant de guerres&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn2" id="_ftnref2">[2]</a>&nbsp;en l&rsquo;espace d&rsquo;un si&egrave;cle, un pays &agrave; la m&eacute;moire encore boulevers&eacute;e par ce douloureux &laquo;&nbsp;h&eacute;ritage&nbsp;&raquo; de la&nbsp;<em>m&egrave;re nation</em>, de la tant aim&eacute;e et chant&eacute;e&nbsp;<em>qu&ecirc; hương</em>&nbsp;(terre natale)<a href="#_ftn3" id="_ftnref3">[3]</a>.</p> <p>L&rsquo;histoire du Vietnam n&rsquo;est pas sans m&eacute;tissages, sans contradictions, sans transformations, sans tensions : elle a quelque chose d&rsquo;une tension quasi continue entre des p&ocirc;les parfois extr&ecirc;mes. Il ne sera pas simple de relater une histoire aussi longue et complexe et dont les connaissances sont fragmentaires mais nous tenterons ici de cerner quelques-unes de ces &laquo;&nbsp;tensions&nbsp;&raquo; qui ont influ&eacute;, &agrave; notre avis, sur la naissance de la R&eacute;publique D&eacute;mocratique du Vietnam et sur l&rsquo;&eacute;volution de ses divers aspects socio-linguistiques et culturels. Nous aurons alors l&rsquo;occasion d&rsquo;entrevoir comment l&rsquo;enseignement des langues, se d&eacute;mocratisant dans l&rsquo;entre des langues/cultures et conflits du XXe si&egrave;cle, participe, d&rsquo;une certaine mani&egrave;re, &agrave; changer les paysages culturels. Cette perspective historique permettra &eacute;galement d&rsquo;appr&eacute;hender l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais au Vietnam durant l&rsquo;interm&egrave;de colonial, et notamment son &eacute;chec, si on peut l&rsquo;exprimer ainsi, puisque le fran&ccedil;ais ne fait pas long feu sur le territoire.</p> <p>Il faut, en effet, pour comprendre cette &laquo;&nbsp;extinction&nbsp;&raquo; revenir sur les tensions &agrave; la fois socio-linguistiques, politiques et id&eacute;ologiques qui traversent l&rsquo;histoire et le paysage vietnamien&nbsp;: nous verrons comment ces divers aspects s&rsquo;enchev&ecirc;trent et s&rsquo;interf&egrave;rent au fil des si&egrave;cles, jusqu&rsquo;aux conflits qui touchent le pays durant le XXe, pour finalement observer l&rsquo;av&egrave;nement d&rsquo;une langue vietnamienne, pr&eacute;sente depuis les d&eacute;buts, et son &eacute;criture, le&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>, qui na&icirc;tra beaucoup plus tard et qui, malgr&eacute; les vicissitudes et apr&egrave;s moult r&eacute;sistances, s&rsquo;imposera victorieuse, tel que son nom l&rsquo;indique, comme langue nationale.</p> <h2>1. Entre le han et le n&ocirc;m</h2> <p>L&rsquo;origine est une fiction et celle du Vietnam n&rsquo;&eacute;chappe pas &agrave; la r&egrave;gle. La l&eacute;gende populaire raconte que les Vietnamiens sont n&eacute;s de la rencontre entre un roi dragon, &agrave; la &laquo;&nbsp;force hercul&eacute;enne&nbsp;&raquo;, et une reine immortelle, une f&eacute;e d&rsquo;une tr&egrave;s grande beaut&eacute;. Le dragon habitait les lacs et l&rsquo;immortelle les monts<a href="#_ftn4" id="_ftnref4">[4]</a>. C&rsquo;est ainsi que selon les croyances populaires d&eacute;bute l&rsquo;histoire des &laquo;&nbsp;cent tribus Vi&ecirc;ts&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn5" id="_ftnref5">[5]</a>&nbsp;et de leur terre natale, pays des &laquo;&nbsp;monts et des eaux&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn6" id="_ftnref6">[6]</a>&nbsp;qui s&rsquo;&eacute;tendait alors de l&rsquo;extr&ecirc;me sud de la Chine au nord de l&rsquo;actuel Vietnam, les premiers Vi&ecirc;ts s&rsquo;&eacute;tant install&eacute;s dans la r&eacute;gion du delta du fleuve rouge, fleuve que l&rsquo;on nomme aussi &laquo;&nbsp;rivi&egrave;re originelle&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn7" id="_ftnref7">[7]</a>. Le royaume dit de&nbsp;<em>Van Lang</em>, selon la plus ancienne chronique de l&rsquo;histoire du Vietnam, le&nbsp;<em>Việt sử lược</em>&nbsp;(1377)<a href="#_ftn8" id="_ftnref8">[8]</a>, aurait &eacute;t&eacute; gouvern&eacute; par les rois H&ugrave;ng, premi&egrave;re dynastie qui serait directement issue de l&rsquo;union l&eacute;gendaire, &agrave; partir du VIIe si&egrave;cle avant J.-C.</p> <p>En r&eacute;alit&eacute;, les premi&egrave;res traces connues d&rsquo;un royaume vi&ecirc;t remontent au IIIe si&egrave;cle avant J.-C., et le royaume dit d&rsquo;<em>&Acirc;u Lạc</em>&nbsp;serait fond&eacute; par un prince chinois exil&eacute; dans le delta du fleuve rouge, berceau av&eacute;r&eacute; donc du&nbsp;<em>nước Việt</em>&nbsp;(pays des Vi&ecirc;ts,&nbsp;<em>nước</em>&nbsp;signifiant eau) qui deviendra le&nbsp;<em>Nam Vi&ecirc;t</em>. L&rsquo;historien P. Papin explique que l&rsquo;histoire du Vietnam commence en effet avec celle de la Chine, il y a 2300 ans, quand cette derni&egrave;re agrandit son territoire, repoussant au-del&agrave; de ses fronti&egrave;res et vers un grand&nbsp;<em>Nam (sud)</em>&nbsp;des populations qui all&egrave;rent se m&ecirc;ler aux peuples autochtones ; le mot&nbsp;<em>vi&ecirc;t</em>, signifiant litt&eacute;ralement &laquo;&nbsp;passer au-del&agrave;, franchir&nbsp;&raquo;, qualifiait alors l&rsquo;ensemble des diverses ethnies vivant dans l&rsquo;extr&ecirc;me sud de l&rsquo;empire chinois<a href="#_ftn9" id="_ftnref9">[9]</a>. S&rsquo;ensuivirent d&egrave;s lors des relations plus ou moins conflictuelles entre la Chine et l&rsquo;<em>Annam</em><a href="#_ftn10" id="_ftnref10">[10]</a>&nbsp;qui tomba en 111 av. J.-C. sous la domination chinoise. Mille ann&eacute;es s&rsquo;&eacute;coulent ainsi entre assimilation et r&eacute;voltes<a href="#_ftn11" id="_ftnref11">[11]</a>&nbsp;des Vi&ecirc;ts car malgr&eacute; la tutelle chinoise, les Vi&ecirc;ts restent attach&eacute;s aux&nbsp;<em>n&uacute;i (monts)</em>&nbsp;et aux&nbsp;<em>s&ocirc;ng (fleuves)</em>, au terroir natal (le bin&ocirc;me&nbsp;<em>n&uacute;i s&ocirc;ng</em>signifiant m&eacute;taphoriquement le pays ou la patrie) et &agrave; leurs modes de vie<a href="#_ftn12" id="_ftnref12">[12]</a>. C&rsquo;est la premi&egrave;re tension qui, selon nous, caract&eacute;rise l&rsquo;histoire du Vietnam. Si la Chine impose le chinois classique, le&nbsp;<em>han</em>&nbsp;(nom de la dynastie r&eacute;gnant &agrave; l&rsquo;&eacute;poque), et son &eacute;criture id&eacute;ographique comme langue officielle, employ&eacute;e dans les domaines de l&rsquo;administration, de l&rsquo;&eacute;ducation, des sciences, de la philosophie et des lettres, important alors ses doctrines en vigueur (tao&iuml;sme, bouddhisme et confucianisme), ainsi que son syst&egrave;me politique f&eacute;odal (le confucianisme &eacute;tatique)&nbsp;; et si les Vi&ecirc;ts fortement marqu&eacute;s par ces diverses introductions s&rsquo;inspirent du mod&egrave;le chinois<a href="#_ftn13" id="_ftnref13">[13]</a>&nbsp;pour r&eacute;gir leur royaume &agrave; partir du Xe si&egrave;cle, rebaptis&eacute;&nbsp;<em>Dai Vi&ecirc;t</em>&nbsp;(<em>Grand Vi&ecirc;t</em>) lorsque l&rsquo;ind&eacute;pendance fut reconquise, conservant le&nbsp;<em>han&nbsp;</em>comme langue officielle<a href="#_ftn14" id="_ftnref14">[14]</a>&nbsp;&ndash; langue de pouvoir, langue des lettr&eacute;s &ndash;, celle-ci ayant acquis un certain prestige social et culturel&nbsp;; parall&egrave;lement, la civilisation vi&ecirc;t pr&eacute;serve ses originalit&eacute;s (culture populaire toujours irrigu&eacute;e par des chants, des proverbes, des contes ancestraux), se singularise au fil des si&egrave;cles. C&rsquo;est, par exemple, une langue populaire majoritaire, le&nbsp;<em>kinh</em>, qui continue de se distinguer<a href="#_ftn15" id="_ftnref15">[15]</a>&nbsp;et de se complexifier, adoptant et adaptant les caract&egrave;res chinois pour fonder sa propre &eacute;criture&nbsp;:&nbsp;dans l&rsquo;entre-deux des relations vi&ecirc;t/chinois appara&icirc;t donc le&nbsp;<em>chu n&ocirc;m</em>&nbsp;(&eacute;criture&nbsp;<em>n&ocirc;m</em>) qui viendra concurrencer, certes difficilement, le&nbsp;<em>han</em>, jusqu&rsquo;&agrave; acqu&eacute;rir une unique fois, dans l&rsquo;histoire du Vietnam, le statut de langue et &eacute;criture officielles.</p> <p>Au d&eacute;but du XVe si&egrave;cle, quand l&rsquo;empereur H&ocirc; Quy Ly choisit le&nbsp;<em>n&ocirc;m&nbsp;</em>comme langue administrative (pour une courte dur&eacute;e car le pays est &agrave; nouveau envahi par les Chinois durant vingt ann&eacute;es), et lorsque l&rsquo;influent Nguyen Trai (1380-1442), &agrave; la fois &laquo;&nbsp;lib&eacute;rateur du pays, politique, strat&egrave;ge, po&egrave;te, &eacute;crivain, g&eacute;ographe&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn16" id="_ftnref16">[16]</a>&nbsp;r&eacute;digea, entre autres &eacute;crits en&nbsp;<em>han</em>, un important recueil de po&egrave;mes en langue d&eacute;motique, le&nbsp;<em>n&ocirc;m&nbsp;</em>acquit ses premi&egrave;res lettres de noblesse<a href="#_ftn17" id="_ftnref17">[17]</a>. La langue populaire et son &eacute;criture, de moins en moins d&eacute;daign&eacute;es par les lettr&eacute;s, devinrent alors le symbole d&rsquo;une r&eacute;sistance aussi bien contre l&rsquo;ennemi envahisseur que contre la monarchie oppressive, s&rsquo;inscrivant au c&oelig;ur d&rsquo;une lutte id&eacute;ologique entre lettr&eacute;s r&eacute;formateurs et lettr&eacute;s conservateurs&nbsp;: autrement dit aussi, entre le&nbsp;<em>han&nbsp;</em>et le&nbsp;<em>n&ocirc;m</em>, le c&oelig;ur des Vi&ecirc;ts, en tout cas des lettr&eacute;s et des fonctionnaires, balan&ccedil;ait. Nombre de lettr&eacute;s &eacute;taient par ailleurs bilingues et &eacute;crivaient dans les deux langues<a href="#_ftn18" id="_ftnref18">[18]</a>. Mais c&rsquo;est &agrave; partir du XVIIIe si&egrave;cle que la litt&eacute;rature en&nbsp;<em>n&ocirc;m&nbsp;</em>se d&eacute;veloppa de fa&ccedil;on cons&eacute;quente<a href="#_ftn19" id="_ftnref19">[19]</a>, lorsque notamment le&nbsp;<em>kinh&nbsp;</em>et le&nbsp;<em>n&ocirc;m&nbsp;</em>devinrent provisoirement langue et &eacute;criture officielles. En effet, dans un contexte de grandes r&eacute;voltes paysannes et de d&eacute;cadence monarchique, Nguyen Hue, fin strat&egrave;ge &agrave; la t&ecirc;te du mouvement rebelle paysan&nbsp;<em>Tay Son</em>, acc&eacute;da au pouvoir et instaura cette &laquo;&nbsp;r&eacute;volution&nbsp;&raquo; tout en r&eacute;unifiant le pays alors tiraill&eacute; par des conflits seigneuriaux. Cependant, son r&egrave;gne fut de courte dur&eacute;e et &agrave; nouveau, le&nbsp;<em>han&nbsp;</em>balaya le&nbsp;<em>n&ocirc;m&nbsp;</em>lorsqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;aube du XIXe si&egrave;cle, les seigneurs Nguyen du sud, appuy&eacute;s par les forces conservatrices du pays et aid&eacute;s par des pays &eacute;trangers (Siam et France), reprirent le pouvoir.</p> <p>N&eacute;anmoins, la langue&nbsp;<em>kinh&nbsp;</em>prenait de plus en plus de place dans les esprits, devenant progressivement la m&eacute;diatrice intime d&rsquo;un sentiment d&rsquo;identit&eacute; populaire/patriotique, de l&rsquo;attachement &agrave; la terre natale, et v&eacute;hicule principal du d&eacute;veloppement culturel du royaume qui, au cours du XIXe si&egrave;cle, et au d&eacute;triment du royaume de Champa, achevait son expansion vers le sud, tandis que sous le r&egrave;gne de l&rsquo;empereur Gia Long qui n&rsquo;est autre qu&rsquo;un des seigneurs Nguyen, le pays adopta le nom d&eacute;finitif de&nbsp;<em>Vi&ecirc;t Nam</em>.</p> <h2>2. Entre Orient et Occident, entre traditions et &laquo;&nbsp;modernit&eacute;&nbsp;&raquo;</h2> <p>Si l&rsquo;empereur Gia Long fut aid&eacute; par les Fran&ccedil;ais pour acc&eacute;der au tr&ocirc;ne, il n&rsquo;omit pas d&rsquo;avertir son fils et successeur Minh Mang&nbsp;: &laquo;&nbsp;Fais attention, nous avons introduit &quot;le serpent dans le poulailler&quot;&nbsp;&raquo; &ndash; autrement dit, pr&eacute;cise l&rsquo;historien P. Brocheux, le &laquo;&nbsp;loup dans la bergerie&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn20" id="_ftnref20">[20]</a>. En effet, m&ecirc;me s&rsquo;il &eacute;tait conscient de l&rsquo;introduction au pays d&rsquo;un nouvel &eacute;l&eacute;ment perturbateur, Gia Long ne se doutait pas encore que les Vi&ecirc;ts allaient conna&icirc;tre la domination fran&ccedil;aise d&egrave;s la fin du XIXe si&egrave;cle, et ce durant pr&egrave;s d&#39;un si&egrave;cle, officiellement de 1882 &agrave; 1954, quand la bataille de Điện Bi&ecirc;n Phủ marqua la fin de la guerre d&rsquo;Indochine et l&rsquo;ind&eacute;pendance du Vietnam, pays alors scind&eacute; en deux &Eacute;tats, Nord et Sud. Mais si la conqu&ecirc;te coloniale des terres d&eacute;buta en 1858, alors que les colons fran&ccedil;ais posaient les pieds en Cochinchine (au sud du Vietnam), pr&eacute;textant venir mettre fin aux pers&eacute;cutions que subissaient les missionnaires et les vietnamiens convertis, n&rsquo;y avait-il pas d&eacute;j&agrave; une conqu&ecirc;te id&eacute;ologique qui s&rsquo;op&eacute;rait quelque peu insidieusement, d&egrave;s le XVIIe si&egrave;cle, avec l&rsquo;arriv&eacute;e des missionnaires catholiques&nbsp;?&nbsp;</p> <p>D&eacute;j&agrave;, le r&eacute;gime des&nbsp;<em>Tay S&ocirc;n</em>&nbsp;au XVIIIe si&egrave;cle manifestait ouvertement son antipathie aux &eacute;vang&eacute;lisateurs venus d&rsquo;Occident, mais les pers&eacute;cutions devinrent plus violentes et syst&eacute;matiques lorsque Minh Mang succ&eacute;da &agrave; l&rsquo;empereur Gia Long. La nouvelle dynastie au pouvoir appliquait une doctrine confuc&eacute;enne stricte<a href="#_ftn21" id="_ftnref21">[21]</a>&nbsp;et s&rsquo;opposait fermement aux envahisseurs venus coloniser les esprits. Mais sans doute, la lutte &eacute;tait perdue d&rsquo;avance&nbsp;; la France avait conquis les terres et aussi certains &laquo;&nbsp;c&oelig;urs&nbsp;&raquo;. Il y e&ucirc;t, d&egrave;s le d&eacute;but, des mouvements de r&eacute;sistance populaire men&eacute;s par des lettr&eacute;s patriotes, fid&egrave;les au roi et au syst&egrave;me f&eacute;odal, mais parmi eux, certains se laiss&egrave;rent s&eacute;duire par les id&eacute;es lib&eacute;ratrices de l&rsquo;Occident, partag&eacute;s entre l&rsquo;attachement aux valeurs traditionnelles et la lassitude d&rsquo;un syst&egrave;me herm&eacute;tique aux r&eacute;formes et inapte &agrave; r&eacute;soudre les probl&egrave;mes sociaux. C&rsquo;est donc pendant cette p&eacute;riode charni&egrave;re, fin XIXe/d&eacute;but XXe si&egrave;cle, et tandis que se d&eacute;veloppe toute une litt&eacute;rature patriotique en r&eacute;action &agrave; l&rsquo;invasion fran&ccedil;aise, que chez certains lettr&eacute;s, le patriotisme l&rsquo;emportait sur la fid&eacute;lit&eacute; absolue au monarque. Et si quelques lettr&eacute;s form&eacute;s &agrave; la culture classique r&ecirc;vaient encore d&rsquo;une monarchie &laquo;&nbsp;&eacute;clair&eacute;e&nbsp;&raquo;, d&rsquo;autres aspiraient &agrave; &laquo;&nbsp;moderniser&nbsp;&raquo; le Vietnam, certains m&ecirc;me, admiratifs de l&rsquo;Occident, croyaient na&iuml;vement &agrave; la vocation &laquo;&nbsp;civilisatrice&nbsp;&raquo; de la puissance coloniale.</p> <p>Ce fut le cas, par exemple, de Phan Chau Trinh (1872-1926) qui, influenc&eacute; par des auteurs progressistes chinois et de certains penseurs fran&ccedil;ais du XVIIIe si&egrave;cle tels Montesquieu et Rousseau (lus dans les traductions chinoises), abandonna le mandarinat et pr&ocirc;na, pour le bien de la nation, ceci sans perdre de vue la reconqu&ecirc;te de son ind&eacute;pendance, &laquo;&nbsp;l&rsquo;abolition de la royaut&eacute; et du mandarinat, la r&eacute;alisation des libert&eacute;s d&eacute;mocratiques, l&rsquo;&eacute;l&eacute;vation du niveau culturel du peuple par la r&eacute;novation de l&rsquo;enseignement, le d&eacute;veloppement de l&rsquo;industrie et du commerce&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn22" id="_ftnref22">[22]</a>.&nbsp; Mais avant lui, Nguyen Truong To (1828-1871), d&eacute;j&agrave;, &oelig;uvrait pour la paix entre le Vietnam et la France. Tout en demeurant dans un cadre f&eacute;odal, il souhaitait, en vain face &agrave; une cour conservatrice, transformer le pays et proposa plusieurs r&eacute;formes sociales telles la r&eacute;novation de l&rsquo;enseignement ou le d&eacute;veloppement de l&rsquo;imprimerie en vue de diffuser des ouvrages et favoriser l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une presse en&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>, l&rsquo;&eacute;criture romanis&eacute;e du&nbsp;<em>kinh</em>.</p> <p>Ainsi, le Vietnam de l&rsquo;aube du XXe si&egrave;cle commen&ccedil;ait &agrave; &ecirc;tre tourment&eacute; entre traditions et &laquo;&nbsp;modernit&eacute;&nbsp;&raquo;, l&rsquo;exemple du lettr&eacute; Nguyen Truong To est assez repr&eacute;sentatif de cette forme de contradiction interne qui allait tirailler et diviser de plus en plus l&rsquo;&eacute;lite intellectuelle. Et que penser de l&rsquo;introduction du&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>, ce &laquo;&nbsp;serpent dans la bergerie&nbsp;&raquo;&nbsp;? H&eacute;ritage ambivalent des missionnaires, symbolique de cette tension entre traditions et modernit&eacute;, le&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>&nbsp;allait se r&eacute;v&eacute;ler porteur de mutations politiques, sociales, linguistiques et culturelles importantes, malgr&eacute; ce qu&rsquo;il pouvait repr&eacute;senter pour beaucoup de lettr&eacute;s traditionalistes&nbsp;: instrument d&rsquo;influence, symbole de l&rsquo;intrusion occidentale et du pouvoir des dominants, &eacute;criture de l&rsquo;oppresseur, etc.</p> <h2>3. Entre le fran&ccedil;ais et le qu&ocirc;c ngu</h2> <p>Nguyen Truong To fit parti des rares lettr&eacute;s convertis au catholicisme, ce qui explique qu&rsquo;il fut aussi l&rsquo;un des premiers partisans d&rsquo;un usage g&eacute;n&eacute;ralis&eacute; du&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>. En effet, l&rsquo;&eacute;criture romanis&eacute;e du&nbsp;<em>kinh</em>, mise au point au XVIIe si&egrave;cle par les missionnaires europ&eacute;ens<a href="#_ftn23" id="_ftnref23">[23]</a>&nbsp;pour faciliter l&rsquo;&eacute;vang&eacute;lisation et l&rsquo;intercompr&eacute;hension<a href="#_ftn24" id="_ftnref24">[24]</a>, fut d&rsquo;abord utilis&eacute;e principalement par ces derniers, puis par les convertis au sein des communaut&eacute;s catholiques. Si les pr&ecirc;tres vietnamiens furent les premiers supporters du&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>, la nouvelle &eacute;criture rencontrait en revanche l&rsquo;hostilit&eacute; de la cour et des lettr&eacute;s confuc&eacute;ens. Longtemps reni&eacute; ou ignor&eacute;, le&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>&nbsp;finira tout de m&ecirc;me par acqu&eacute;rir le statut d&rsquo;&eacute;criture officielle de la nation vietnamienne, d&rsquo;o&ugrave; sa d&eacute;nomination qui signifie litt&eacute;ralement &laquo;&nbsp;langue nationale&nbsp;&raquo;, au cours du XXe si&egrave;cle, au d&eacute;triment du&nbsp;<em>han&nbsp;</em>et du&nbsp;<em>n&ocirc;m</em>. Alors, comment expliquer ce renversement&nbsp;?</p> <p>Le facteur principal est, &agrave; n&rsquo;en pas douter, la colonisation fran&ccedil;aise. Ambigu&euml; dans ses actes et ses projets, elle a cependant contribu&eacute;, d&rsquo;une certaine mani&egrave;re, &agrave; faire &eacute;merger le&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>&nbsp;des milieux catholiques. Selon P. Brocheux, les fran&ccedil;ais, en tout cas une partie, respectaient les vieilles civilisations indochinoises et ne souhaitaient pas exercer une politique d&rsquo;assimilation. S&rsquo;il existait des violences coloniales et des abus de pouvoir face &agrave; un peuple qui a r&eacute;guli&egrave;rement exprim&eacute; son d&eacute;saccord par des gr&egrave;ves et des r&eacute;voltes, la violence n&rsquo;&eacute;tait pas quotidienne. Il y aurait eu du c&ocirc;t&eacute; des fran&ccedil;ais une forme de &laquo;&nbsp;paternalisme&nbsp;&raquo;, la volont&eacute; d&rsquo;amener ces civilisations, consid&eacute;r&eacute;es comme archa&iuml;ques, &agrave; se &laquo;&nbsp;moderniser&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn25" id="_ftnref25">[25]</a>.</p> <p>Ainsi, Paul Doumer, gouverneur d&rsquo;Indochine<a href="#_ftn26" id="_ftnref26">[26]</a>&nbsp;de 1897 &agrave; 1902, aurait incarn&eacute; cet &eacute;tat d&rsquo;esprit, initiant l&rsquo;instauration de diverses institutions politiques, sanitaires, sociales et culturelles telles l&rsquo;universit&eacute; de Hano&iuml;. La civilisation, la modernit&eacute; et les id&eacute;es fran&ccedil;aises (humanisme, progr&egrave;s, etc.) &eacute;taient alors valoris&eacute;es et elles passaient par l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais/l&rsquo;enseignement en fran&ccedil;ais, et par la francisation d&rsquo;au moins une minorit&eacute; de la population, d&rsquo;une nouvelle &eacute;lite intellectuelle, d&rsquo;une nouvelle bourgeoisie vietnamienne. C&rsquo;est cette &eacute;lite naissante, form&eacute;e &agrave; la langue et &agrave; la culture fran&ccedil;aise qui va progressivement, &agrave; partir des ann&eacute;es 1920, d&eacute;velopper l&rsquo;usage du&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>, comme &laquo;&nbsp;langue nationale, langue de culture et de combat&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn27" id="_ftnref27">[27]</a>, tandis que face aux sir&egrave;nes de la modernisation d&eacute;clinera la r&eacute;sistance des anciens lettr&eacute;s qui finiront par capituler<a href="#_ftn28" id="_ftnref28">[28]</a>, non sans sentiment de d&eacute;valorisation et d&rsquo;amertume face &agrave; la puissance fran&ccedil;aise.</p> <p>L&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une nouvelle &eacute;lite intellectuelle vietnamienne allait donc jouer un r&ocirc;le majeur dans la vulgarisation du&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>. Dans un premier temps, c&rsquo;est le gouvernement fran&ccedil;ais qui contribua &agrave; promouvoir sa diffusion, utilisant le&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>&nbsp;pour les papiers administratifs en parall&egrave;le au fran&ccedil;ais, et encourageant son enseignement, au moins durant les premi&egrave;res classes de primaire, car ensuite, la langue vietnamienne devait laisser place au fran&ccedil;ais, &eacute;lev&eacute; alors au rang de nouvelle langue officielle. Cette strat&eacute;gie permit aux fran&ccedil;ais de faire reculer l&rsquo;influence du chinois et des valeurs traditionnelles tout en s&rsquo;appropriant la place du&nbsp;<em>han</em>, celui-ci perdant peu &agrave; peu de son prestige ancestral. Le&nbsp;<em>chu n&ocirc;m</em>&nbsp;de son c&ocirc;t&eacute; &eacute;tait aussi peu &agrave; peu abandonn&eacute; au profit de l&rsquo;&eacute;criture alphab&eacute;tique, consid&eacute;r&eacute;e comme moins fastidieuse, plus ais&eacute;ment enseign&eacute;e et apprise par les Vietnamiens eux-m&ecirc;mes. Cette derni&egrave;re devait, de plus, du point de vue colonial, constituer un tremplin id&eacute;al vers l&rsquo;enseignement/apprentissage du fran&ccedil;ais.</p> <p>Si un des objectifs des colonisateurs &eacute;tait de &laquo;&nbsp;conqu&eacute;rir les c&oelig;urs et les esprits&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn29" id="_ftnref29">[29]</a>&nbsp;des Vietnamiens, l&rsquo;enseignement plus ou moins bilingue du&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>&nbsp;et du fran&ccedil;ais, dans cette optique, ne touchait n&eacute;anmoins qu&rsquo;une minorit&eacute; urbaine et bourgeoise, la majorit&eacute; des Vietnamiens demeurant analphab&egrave;tes. Mais une partie de cette nouvelle minorit&eacute; intellectuelle, dont les membres ont souvent &eacute;tudi&eacute; en France, tel Nguyen an Ninh (1900-1943) qui &eacute;crira cette phrase quelque peu pr&eacute;monitoire, &laquo;&nbsp;L&rsquo;oppression nous vient de France mais l&rsquo;esprit de lib&eacute;ration aussi&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn30" id="_ftnref30">[30]</a>, va effectivement adopter le&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>, mais aussi le promouvoir activement. En effet, beaucoup de jeunes Vietnamiens qui ont s&eacute;journ&eacute; en France se sont radicalis&eacute;s, devenant anti-colonialistes tel H&ocirc; Chi Minh<a href="#_ftn31" id="_ftnref31">[31]</a>&nbsp;(1890-1969), le futur pr&eacute;sident de la future R&eacute;publique d&eacute;mocratique du Vietnam. Nous n&rsquo;entrerons pas dans les d&eacute;tails politiques de la constitution du parti communiste vietnamien (en 1930), mais c&rsquo;est suite &agrave; sa cr&eacute;ation que la lutte contre l&rsquo;analphab&eacute;tisme fut r&eacute;ellement entreprise sous le r&eacute;gime colonial, en m&ecirc;me temps que se d&eacute;veloppait toute une presse contestataire en&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>, &eacute;prise de libert&eacute; et d&rsquo;&eacute;galit&eacute; sociales, toute une litt&eacute;rature nationaliste et r&eacute;aliste&nbsp;; beaucoup d&rsquo;&eacute;crivains<a href="#_ftn32" id="_ftnref32">[32]</a>&nbsp;mettant leur plume au service de la lutte pour l&rsquo;ind&eacute;pendance, se faisant aussi essayistes, critiques, journalistes, t&eacute;moins des injustices sociales et des souffrances du peuple. Xu&acirc;n Di&ecirc;u (1917-1985), par exemple, composa un long po&egrave;me &agrave; la gloire de la r&eacute;volution d&rsquo;ao&ucirc;t 1945<a href="#_ftn33" id="_ftnref33">[33]</a>, date &agrave; laquelle H&ocirc; Chi Minh proclama, &agrave; Hano&iuml;, l&rsquo;ind&eacute;pendance du Vietnam. Le&nbsp;<em>kinh</em>&nbsp;et le&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>&nbsp;devinrent aussit&ocirc;t langue et &eacute;criture nationales.</p> <h2>4. La naissance d&rsquo;une nation divis&eacute;e, entre les guerres</h2> <p>Le&nbsp;<em>han&nbsp;</em>est d&eacute;tr&ocirc;n&eacute;, persistant seulement dans certaines m&eacute;moires, sans doute chez certains lettr&eacute;s nostalgiques de l&rsquo;esprit confuc&eacute;en qu&rsquo;il contenait, ou amoureux d&rsquo;une litt&eacute;rature classique qui n&rsquo;a pas manqu&eacute; de laisser des traces. D&eacute;j&agrave;, au XIe si&egrave;cle, Ly Thuong Kiet (1019-1105) &eacute;crivait&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Sur les monts et les fleuves du sud r&egrave;gne l&rsquo;empereur du sud.<br /> Ainsi en a d&eacute;cid&eacute; &agrave; jamais le C&eacute;leste Livre.<br /> Comment, vous les barbares, osez-vous envahir notre sol&nbsp;?<br /> Vos hordes, sans piti&eacute;, seront an&eacute;anties&nbsp;!&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn34" id="_ftnref34">[34]</a>&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;</p> </blockquote> <p>Ce n&rsquo;est pas sans faire &eacute;cho au XXe si&egrave;cle, alors que le Vietnam entre en guerre, en 1946, contre les Fran&ccedil;ais qu&rsquo;il finit par chasser de son territoire natal apr&egrave;s 1954. L&rsquo;attachement affectif aux monts et aux fleuves s&rsquo;est mu&eacute; en nationalisme&nbsp;; le royaume s&rsquo;est chang&eacute; en &Eacute;tat-nation. L&rsquo;&eacute;criture de l&rsquo;oppresseur est devenue arme de propagande et de lib&eacute;ration&nbsp;; le&nbsp;<em>roman</em>&nbsp;<em>national</em>&nbsp;s&rsquo;&eacute;crivait, impr&eacute;gn&eacute; d&rsquo;h&eacute;ro&iuml;sme et de courage, tandis que les &laquo;&nbsp;Jeanne d&rsquo;Arc&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn35" id="_ftnref35">[35]</a>&nbsp;vietnamiennes continuaient d&rsquo;&ecirc;tre c&eacute;l&eacute;br&eacute;es. Enfin, le&nbsp;<em>n&ocirc;m</em>, d&eacute;laiss&eacute; par les nouvelles g&eacute;n&eacute;rations au profit du&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>, tombe en d&eacute;su&eacute;tude, ce qui n&rsquo;est pas sans cons&eacute;quence, car rares sont les Vietnamiens aujourd&rsquo;hui qui peuvent lire et traduire les textes en&nbsp;<em>n&ocirc;m</em>. Il faut pr&eacute;ciser que le&nbsp;<em>n&ocirc;m</em>, qui avait d&eacute;j&agrave; du mal &agrave; s&rsquo;imposer, ne fit pas le poids devant la popularit&eacute; du&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>. A c&ocirc;t&eacute; de la &laquo;&nbsp;modernit&eacute;&nbsp;&raquo; de l&rsquo;&eacute;criture romanis&eacute;e, le nom faisait figure d&rsquo;antiquit&eacute;. Si les Fran&ccedil;ais ont tr&egrave;s vite saisi l&rsquo;opportunit&eacute; du&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>&nbsp;pour tenter d&rsquo;installer leur langue au pouvoir, les Vietnamiens, en l&rsquo;occurrence les ind&eacute;pendantistes, ont aussi tr&egrave;s vite int&eacute;gr&eacute; les c&ocirc;t&eacute;s pratiques de l&rsquo;&eacute;criture&nbsp;: apprise plus rapidement et ais&eacute;ment que le&nbsp;<em>n&ocirc;m</em>&nbsp;par de nombreux Vietnamiens, son usage permit une expansion rapide des id&eacute;es socialistes aupr&egrave;s de la population. Enfin, le&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>&nbsp;e&ucirc;t l&rsquo;avantage d&rsquo;&ecirc;tre enseign&eacute;, alors que le&nbsp;<em>n&ocirc;m</em>&nbsp;restait l&rsquo;&eacute;criture d&rsquo;un temps archa&iuml;que, d&rsquo;une ancienne &eacute;lite, d&rsquo;une classe de lettr&eacute;s qui disparut progressivement, en m&ecirc;me temps que le&nbsp;<em>han</em>, avec l&rsquo;arriv&eacute;e des Fran&ccedil;ais.</p> <p>De fait, l&#39;interm&egrave;de colonial avait boulevers&eacute; l&rsquo;ordre traditionnel, la domination fran&ccedil;aise avait paradoxalement permis aux Vietnamiens de sortir du fixisme f&eacute;odal mais elle avait aussi contribu&eacute; &agrave; diviser ces derniers. La guerre d&rsquo;Indochine eut pour cons&eacute;quence de s&eacute;parer les r&eacute;gions du Nord et du Sud<a href="#_ftn36" id="_ftnref36">[36]</a>&nbsp;et lorsque les Fran&ccedil;ais quitt&egrave;rent le pays, il s&rsquo;ensuivit une guerre civile doubl&eacute;e d&rsquo;une guerre contre les Am&eacute;ricains, ces derniers s&rsquo;&eacute;tant immisc&eacute;s dans le conflit, d&eacute;sireux de chasser les communistes, et apportant leur aide<a href="#_ftn37" id="_ftnref37">[37]</a>&nbsp;&agrave; un Sud beaucoup plus &laquo;&nbsp;occidentalis&eacute;&nbsp;&raquo; que le Nord. Quand, en 1975, le Sud capitule face au Nord, la r&eacute;unification du pays ne se fait pas en douceur. C&rsquo;est que la domination fran&ccedil;aise fut bient&ocirc;t remplac&eacute;e par la tyrannie du r&eacute;gime communiste, concr&eacute;tis&eacute;e par une chasse aux &laquo;&nbsp;tra&icirc;tres&nbsp;&raquo; de la nation, par des pers&eacute;cutions et par un nettoyage culturel/id&eacute;ologique et humain, ce dont t&eacute;moignent, entre autres, les femmes de la diaspora vietnamienne interrog&eacute;es par N.&nbsp;H.&nbsp;C. Nguyen<a href="#_ftn38" id="_ftnref38">[38]</a>. Si les civils au Sud avaient &eacute;t&eacute; relativement &eacute;pargn&eacute;s par les atrocit&eacute;s de la guerre<a href="#_ftn39" id="_ftnref39">[39]</a>, par contre, ils furent les premi&egrave;res victimes du gouvernement d&rsquo;apr&egrave;s-guerre. Il semblait que les habitants du Nord avaient quelques ressentiments envers les fr&egrave;res du Sud, mieux lotis qu&rsquo;eux&nbsp;: tandis que le Nord, fortement endoctrin&eacute; par la propagande communiste, connaissait des conditions de vie assez rudes, le Sud vivait une certaine ouverture &eacute;conomique et culturelle qui l&rsquo;enrichissait, il faisait plut&ocirc;t bon vivre &agrave; Sa&iuml;gon<a href="#_ftn40" id="_ftnref40">[40]</a>. L&rsquo;&eacute;cart culturel entre Nord et Sud s&rsquo;&eacute;tait consid&eacute;rablement creus&eacute; en l&rsquo;espace de quelques ann&eacute;es<a href="#_ftn41" id="_ftnref41">[41]</a>&nbsp;et l&rsquo;arriv&eacute;e des communistes mit un terme &agrave; la relative paisibilit&eacute; du territoire. D&egrave;s lors, la capitale du Sud fut rebaptis&eacute;e&nbsp;<em>H&ocirc; Chi Minh ville</em>&nbsp;tandis que le r&eacute;gime entreprit une campagne d&rsquo;extermination de la litt&eacute;rature &laquo;&nbsp;d&eacute;cadente&nbsp;&raquo; ainsi que de &laquo;&nbsp;lavage de cerveaux&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn42" id="_ftnref42">[42]</a>.</p> <p>Beaucoup de ce qui provenait de l&rsquo;Occident &eacute;tait confisqu&eacute; ou &eacute;limin&eacute;, aussi toute litt&eacute;rature consid&eacute;r&eacute;e comme &laquo;&nbsp;subversive&nbsp;&raquo; &eacute;tait censur&eacute;e. Or, si la nouvelle nation semblait vouloir affirmer son &laquo;&nbsp;identit&eacute;&nbsp;&raquo; par la force, le contr&ocirc;le et/ou l&rsquo;exclusion, cherchant &agrave; uniformiser les esprits comme &agrave; unifier le pays, en son for int&eacute;rieur, elle ne devait pas ignorer qu&rsquo;elle &eacute;tait le fruit d&rsquo;un long m&eacute;tissage, issue d&rsquo;un entre langues et cultures, issue d&rsquo;influences diverses, et que vit encore sur son territoire une multiplicit&eacute; d&rsquo;ethnies et de langues diverses, m&ecirc;me si d&eacute;sormais, le&nbsp;<em>kinh</em>&nbsp;&eacute;tait la langue dominante<a href="#_ftn43" id="_ftnref43">[43]</a>. C&rsquo;est aussi,&nbsp;<em>in fine</em>, l&rsquo;histoire d&rsquo;une ethnie, les&nbsp;<em>kinh</em>&nbsp;(du m&ecirc;me nom que la langue), qui a pris le pouvoir sur d&rsquo;autres ethnies, devenues ainsi, dans le Vietnam du XXe si&egrave;cle, &laquo;&nbsp;minoritaires&nbsp;&raquo;. Par ailleurs, si la langue vietnamienne s&rsquo;est consid&eacute;rablement enrichie et transform&eacute;e au fil des si&egrave;cles et au fil des contacts avec les autres langues et cultures, que ce soit le chinois, le fran&ccedil;ais, mais aussi les langues des autres pays voisins ou celles des ethnies minoritaires&nbsp;; d&egrave;s 1945 et jusqu&rsquo;&agrave; aujourd&rsquo;hui, avec le d&eacute;veloppement du&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>, de l&rsquo;enseignement et de l&rsquo;imprimerie, elle s&rsquo;est encore forg&eacute;e d&rsquo;un important travail d&rsquo;&eacute;laboration terminologique qui a contribu&eacute; &agrave; asseoir son ind&eacute;pendance linguistique, culturelle, intellectuelle&nbsp;:</p> <blockquote>&laquo;&nbsp;La R&eacute;publique d&eacute;mocratique du Vietnam est l&rsquo;un des premiers pays nouvellement ind&eacute;pendants &agrave; pouvoir faire enseigner &agrave; tous les degr&eacute;s, dans les &eacute;coles sup&eacute;rieures comprises, toutes les mati&egrave;res dans la langue nationale. [&hellip;] La cr&eacute;ation d&rsquo;une langue scientifique et technique nationale permet de mettre fin &agrave; un &eacute;tat d&rsquo;ali&eacute;nation culturelle commun &agrave; toutes les nations colonis&eacute;es oblig&eacute;es d&rsquo;employer une langue &eacute;trang&egrave;re dans le domaine scientifique&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn44" id="_ftnref44">[44]</a>.</blockquote> <h2>5. A propos de l&rsquo;enseignement des langues et notamment du fran&ccedil;ais durant la colonisation</h2> <p>A la fin du XIXe si&egrave;cle, lorsque les Fran&ccedil;ais abord&egrave;rent les monts et les fleuves du Vietnam, ils rencontr&egrave;rent une civilisation divis&eacute;e entre paysans majoritairement analphab&egrave;tes et noblesse hautaine. Les lettr&eacute;s, mandarins et autres fonctionnaires, au moins bilingues, sans exception, faisaient m&eacute;diation entre le peuple et les autorit&eacute;s. L&rsquo;&eacute;cole traditionnelle &eacute;tait alors accessible &agrave; tous mais seule une minorit&eacute; y acc&eacute;dait r&eacute;ellement&nbsp;: les plus ais&eacute;s en l&rsquo;occurrence &ndash; le mandarinat se perp&eacute;tuant souvent au sein des m&ecirc;mes familles tandis que les fils de paysans apportaient leur aide aux champs. L&rsquo;enseignement dispens&eacute; &eacute;tait difficile, compos&eacute; principalement d&rsquo;&eacute;tude des caract&egrave;res chinois via celles des textes confuc&eacute;ens, des litt&eacute;ratures classiques, de la philosophie. L&rsquo;apprentissage du&nbsp;<em>han</em>&nbsp;&eacute;tait fastidieux, il n&eacute;cessitait de longues ann&eacute;es et beaucoup de &laquo;&nbsp;par c&oelig;ur&nbsp;&raquo;, si bien que les &eacute;tudiants &eacute;taient parfois qualifi&eacute;s d&rsquo;&laquo;&nbsp;&eacute;ternels&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn45" id="_ftnref45">[45]</a>. Peu r&eacute;ussissait les prestigieux concours qui menaient vers la carri&egrave;re de mandarin. Il fallait alors se contenter de diverses autres t&acirc;ches administratives, devenir m&eacute;decin ou enseignant, etc. Le syst&egrave;me &eacute;ducatif calqu&eacute; sur le mod&egrave;le chinois &eacute;tait bien ancr&eacute; dans les m&oelig;urs et le ma&icirc;tre jouissait d&rsquo;un statut social des plus honorable. La formation de l&rsquo;esprit &eacute;tait un pr&eacute;cepte confuc&eacute;en respect&eacute;, car &laquo;&nbsp;<em>Nh&acirc;n b&acirc;t hoc, b&acirc;t tri ly</em>&nbsp;(l&rsquo;homme non instruit/&eacute;duqu&eacute; ne conna&icirc;t pas la raison/la v&eacute;rit&eacute;)&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn46" id="_ftnref46">[46]</a>. Il persistait donc un &eacute;cart social et culturel important entre nobles/lettr&eacute;s et paysans. La plupart des villageois &eacute;tait maintenue dans une relative pauvret&eacute; et ignorance de la langue/culture au pouvoir, le syst&egrave;me f&eacute;odal entretenant de cette mani&egrave;re une hi&eacute;rarchie sociale&nbsp;: elle assurait ainsi le prestige des &eacute;lites dirigeantes, celui notamment de leurs savoirs et de leur langue/culture. L&rsquo;&eacute;ducation n&rsquo;&eacute;tait&nbsp;<em>in fine</em>&nbsp;qu&rsquo;une forme d&rsquo;institution dont l&rsquo;organisation et le discours id&eacute;ologique v&eacute;hicul&eacute; servaient les dominants.</p> <p>Face &agrave; un fonctionnement influent et fort de plusieurs si&egrave;cles d&rsquo;existence, les Fran&ccedil;ais ont vite compris que pour imposer leur h&eacute;g&eacute;monie, le d&eacute;mant&egrave;lement des traditions &eacute;ducatives, entre autres, allait &ecirc;tre primordial&nbsp;: &laquo;&nbsp;L&rsquo;enseignement est la clef de vo&ucirc;te de toute politique coloniale&nbsp;&raquo; disait le d&eacute;put&eacute; et sous-secr&eacute;taire d&rsquo;&Eacute;tat des colonies, L&eacute;on Archimbaud<a href="#_ftn47" id="_ftnref47">[47]</a>. C&rsquo;est ainsi que, d&egrave;s le d&eacute;but de la conqu&ecirc;te coloniale, des &eacute;tablissements scolaires se form&egrave;rent en Cochinchine<a href="#_ftn48" id="_ftnref48">[48]</a>, en vue de &laquo;&nbsp;civiliser&nbsp;&raquo; les Vietnamiens, mais aussi dans le but de r&eacute;duire l&rsquo;influence des &eacute;coles confuc&eacute;ennes ou celle des vieux lettr&eacute;s souvent &agrave; la t&ecirc;te des insurrections de la fin XIXe et du d&eacute;but du XXe si&egrave;cles. Il s&rsquo;agissait de fonder un nouvel enseignement, plus &laquo;&nbsp;moderne&nbsp;&raquo;, en introduisant de nouvelles mati&egrave;res<a href="#_ftn49" id="_ftnref49">[49]</a>, et surtout strat&eacute;gique. Derri&egrave;re le pr&eacute;texte civilisateur, l&rsquo;objectif &eacute;tait de &laquo;&nbsp;coloniser&nbsp;&raquo; les esprits, de rendre l&eacute;gitime l&rsquo;invasion fran&ccedil;aise, d&rsquo;impulser m&ecirc;me chez les Vi&ecirc;ts un attachement affectif &agrave; leur deuxi&egrave;me &laquo;&nbsp;M&egrave;re-patrie&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <blockquote>&laquo;&nbsp;L&rsquo;&oelig;uvre fran&ccedil;aise dans notre pays est immense. Gr&acirc;ce au d&eacute;veloppement intellectuel et mat&eacute;riel, &agrave; la prosp&eacute;rit&eacute; commerciale, industrielle et agricole qu&rsquo;elle nous apporte, l&rsquo;Indochine fran&ccedil;aise devient un des grands pays de l&rsquo;Extr&ecirc;me-Orient. Ces bienfaits nous cr&eacute;ent des obligations envers la France. [&hellip;] D&rsquo;autre part, nous nous soumettrons aux lois, nous payerons r&eacute;guli&egrave;rement l&rsquo;imp&ocirc;t, et nous aimerons la France comme notre deuxi&egrave;me patrie. [&hellip;] Tout homme a deux patries&nbsp;: la sienne et la France&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn50" id="_ftnref50">[50]</a>.</blockquote> <p>L&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais s&rsquo;inscrivait donc dans cette politique &eacute;ducative assur&eacute;ment ambivalente, mue par le contexte de colonisation qui ne sera pas, par ailleurs, sans crises, sans r&eacute;voltes, sans r&eacute;volution (en 1945) et sans guerres. A cela s&rsquo;ajoute le fait que nombre de lettr&eacute;s, las, avaient d&eacute;j&agrave; men&eacute; des r&eacute;bellions contre le syst&egrave;me f&eacute;odal, on se souvient du mouvement des&nbsp;<em>Tay Son</em>&nbsp;au XVIIIe si&egrave;cle par exemple. L&rsquo;apparition du&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>&nbsp;ne f&ucirc;t pas sans reste non plus dans la progressive disparition de l&rsquo;&Eacute;cole confuc&eacute;enne traditionnelle<a href="#_ftn51" id="_ftnref51">[51]</a>. Ainsi, si les Fran&ccedil;ais d&eacute;cid&egrave;rent d&rsquo;abolir les concours mandarinaux d&egrave;s 1860<a href="#_ftn52" id="_ftnref52">[52]</a>, et de r&eacute;former le syst&egrave;me scolaire en parall&egrave;le, l&rsquo;environnement politico-socio-culturel &eacute;tait d&eacute;j&agrave; propice &agrave; l&rsquo;effondrement du&nbsp;<em>han</em>&nbsp;&ndash; de plus en plus concurrenc&eacute; par le&nbsp;<em>n&ocirc;m</em>&nbsp;&ndash; et de ce que la langue au pouvoir colportait comme traditions, coutumes, pens&eacute;es, ou &laquo;&nbsp;fixisme f&eacute;odal&nbsp;&raquo;, etc. Et si le&nbsp;<em>n&ocirc;m</em>&nbsp;conn&ucirc;t ses heures de gloire, celles-ci furent de courte dur&eacute;e. Le&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>, cette nouvelle &eacute;criture pour le&nbsp;<em>kinh</em>, venue d&rsquo;Occident, allait petit &agrave; petit supplanter le&nbsp;<em>han</em>, le&nbsp;<em>n&ocirc;m</em>, tout autant que le fran&ccedil;ais.</p> <p>Parmi les strat&eacute;gies &eacute;ducatives et linguistique adopt&eacute;es par les autorit&eacute;s coloniales, nous pouvons retenir celle qui consistait &agrave; promouvoir le&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>. Il s&rsquo;agissait, dans un premier temps, de former des fonctionnaires subalternes capables de servir d&rsquo;interpr&egrave;tes, de faire ainsi le lien entre colonisateurs et colonis&eacute;s. D&egrave;s 1878, le&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>&nbsp;s&rsquo;utilise comme langue administrative d&rsquo;&Eacute;tat, aux c&ocirc;t&eacute;s du fran&ccedil;ais. Les premi&egrave;res r&eacute;formes scolaires all&egrave;rent dans ce sens, car le&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>&nbsp;devint aussi la langue premi&egrave;re enseign&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;cole. Tout en obligeant les &eacute;coliers &agrave; se couper les cheveux pour aller en classe<a href="#_ftn53" id="_ftnref53">[53]</a>, la s&eacute;rie de r&eacute;formes qui suivaient l&rsquo;arr&ecirc;t&eacute; du 27 avril 1904 contribua &agrave; fonder l&rsquo;enseignement dit &laquo;&nbsp;franco-indig&egrave;ne&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;calqu&eacute; grossi&egrave;rement sur l&rsquo;enseignement fran&ccedil;ais et saupoudr&eacute; de quelques couleurs locales&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn54" id="_ftnref54">[54]</a>. En ce d&eacute;but de si&egrave;cle, l&rsquo;enseignement &laquo;&nbsp;&agrave; la fran&ccedil;aise&nbsp;&raquo; tentait de s&rsquo;organiser et les directives de l&rsquo;arr&ecirc;t&eacute; ne s&rsquo;adressaient alors qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;cole primaire et au premier cycle du secondaire. La langue d&rsquo;enseignement n&rsquo;&eacute;tait pas formellement pr&eacute;cis&eacute;e mais dans la pratique, le&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>&nbsp;s&rsquo;&eacute;tudiait en primaire pour laisser place au fran&ccedil;ais par la suite. Avec l&rsquo;arr&ecirc;t&eacute; du 8 juillet 1917 et la publication le 21 d&eacute;cembre de la m&ecirc;me ann&eacute;e du R&egrave;glement g&eacute;n&eacute;ral de l&rsquo;instruction publique, tandis que l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur est r&eacute;glement&eacute;, on assiste &agrave; des r&eacute;formes de l&rsquo;enseignement primaire et secondaire, subdivis&eacute; alors en deux degr&eacute;s&nbsp;: le 1er degr&eacute; comporte le cycle primaire, regroupant cinq cours (le cours enfantin, le cours pr&eacute;paratoire, le cours &eacute;l&eacute;mentaire, le cours moyen, le cours sup&eacute;rieur)&nbsp;; le 2eme degr&eacute; comprend quatre ann&eacute;es de cycle compl&eacute;mentaire et deux ann&eacute;es de cycle secondaire local. Officiellement, &laquo;&nbsp;le v&eacute;hicule commun &agrave; toutes les mati&egrave;res d&rsquo;enseignement doit &ecirc;tre la langue fran&ccedil;aise&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn55" id="_ftnref55">[55]</a>&nbsp;mais en r&eacute;alit&eacute;, le fran&ccedil;ais est usit&eacute; surtout &agrave; partir des cours moyens du primaire. Si le but &eacute;tait de n&rsquo;enseigner le&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>&nbsp;que de fa&ccedil;on transitoire, l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais &eacute;tait, quant &agrave; lui, difficilement applicable d&egrave;s les premi&egrave;res ann&eacute;es de primaire. Le manque de personnels qualifi&eacute;s semble &ecirc;tre une des raisons principales<a href="#_ftn56" id="_ftnref56">[56]</a>&nbsp;mais nous pouvons penser que concr&egrave;tement, pour les petits Vietnamiens, passer de la langue maternelle parl&eacute;e chez soi &agrave; une langue &laquo;&nbsp;&eacute;trang&egrave;re&nbsp;&raquo; de mani&egrave;re aussi abrupte devait entra&icirc;ner trop de difficult&eacute;s d&rsquo;apprentissage, outre une importante d&eacute;sorientation culturelle. &Eacute;tudier le&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>&nbsp;durant au moins les trois premi&egrave;res ann&eacute;es de primaire permettait un basculement plus en &laquo;&nbsp;douceur&nbsp;&raquo; vers le fran&ccedil;ais, d&rsquo;autant plus que les enfants se seraient familiaris&eacute;s avec le nouvel alphabet. Quoi qu&rsquo;il en f&ucirc;t, le fran&ccedil;ais devenait l&rsquo;unique langue d&rsquo;enseignement d&egrave;s la quatri&egrave;me ann&eacute;e de scolarisation (cours moyen), et le vietnamien &eacute;tait rel&eacute;gu&eacute; par la suite au m&ecirc;me titre que les autres langues &eacute;trang&egrave;res. En 1924, dans un contexte d&rsquo;agitations politiques<a href="#_ftn57" id="_ftnref57">[57]</a>, encore une fois, de nouvelles r&eacute;formes sont propos&eacute;es. L&rsquo;arr&ecirc;t&eacute; du 18 septembre 1924 ne propose n&eacute;anmoins que des changements terminologiques&nbsp;: l&rsquo;&Eacute;cole de droit et d&rsquo;administration devient, par exemple, l&rsquo;&Eacute;cole sup&eacute;rieure des hautes &eacute;tudes indochinoises<a href="#_ftn58" id="_ftnref58">[58]</a>. Il n&rsquo;y a pas de changements r&eacute;els&nbsp;: par contre, on note un effort de publication de manuels d&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais adapt&eacute;s aux &eacute;l&egrave;ves vietnamiens qui travaillaient jusqu&rsquo;&agrave; pr&eacute;sent, soit sans manuel, soit avec des manuels r&eacute;dig&eacute;s pour les &eacute;l&egrave;ves fran&ccedil;ais. Tandis que les outils p&eacute;dagogiques tentent de se perfectionner, la Direction de l&rsquo;instruction publique &eacute;dite le Bulletin g&eacute;n&eacute;ral de l&rsquo;instruction publique avec des le&ccedil;ons-types destin&eacute;es aux enseignants. De m&ecirc;me, les services locaux publient la revue p&eacute;dagogique bilingue&nbsp;<em>Hoc Bao</em>. Mais finalement, si ces initiatives t&eacute;moignent d&rsquo;une r&eacute;flexion didactique et p&eacute;dagogique qui n&rsquo;est pas sans d&eacute;sir d&rsquo;optimiser l&rsquo;enseignement et l&rsquo;apprentissage, les efforts seront vite vains puisque le contexte socio-politique ne va pas vers une stabilisation, bien au contraire. La nouvelle &eacute;lite intellectuelle vietnamienne form&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;cole franco-annamite saisira l&rsquo;opportunit&eacute; du&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>&nbsp;pour mener leur propagande contestataire et saper, de fait, le syst&egrave;me &eacute;ducatif colonial. Rappelons qu&rsquo;avec la cr&eacute;ation du parti communiste (1930) s&rsquo;ensuivront des campagnes d&rsquo;alphab&eacute;tisation de masse au&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>. Ainsi, d&egrave;s la r&eacute;volution de 1945 et alors que la guerre d&rsquo;Indochine &eacute;clate en 1946, on assistera tr&egrave;s vite, d&rsquo;abord dans le Nord puis progressivement au sud, &agrave; une vietnamisation de l&rsquo;enseignement<a href="#_ftn59" id="_ftnref59">[59]</a>, le&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>&nbsp;ayant, depuis, conquis la place de langue de la nation. La guerre semble alors sonner le glas d&rsquo;un syst&egrave;me d&rsquo;enseignement colonial qui, colosse aux pieds d&rsquo;argile, n&rsquo;a pas r&eacute;ussi &agrave; perdurer et finira par dispara&icirc;tre pour laisser place &agrave; seulement quelques &eacute;coles priv&eacute;es de formation aux langues fran&ccedil;aise ou anglaise, notamment dans le sud jusqu&rsquo;en 1975, ann&eacute;e qui voit la d&eacute;faite du Vietnam du Sud face au Vietnam du Nord et la r&eacute;unification des deux &eacute;tats.</p> <h2>6.&nbsp; Le fran&ccedil;ais au Vietnam aujourd&#39;hui&nbsp;: une langue en perte de &laquo;&nbsp;voix&nbsp;&raquo;&nbsp;?</h2> <p>On pourrait conclure que l&rsquo;&eacute;dification d&rsquo;une &eacute;cole franco-indig&egrave;ne n&rsquo;&eacute;tait qu&rsquo;une grande mascarade, qu&rsquo;une hypocrisie : les principaux objectifs se r&eacute;sumant au maintien des vietnamiens &agrave; une place inf&eacute;rieure<a href="#_ftn60" id="_ftnref60">[60]</a>, &agrave; soumettre les colonis&eacute;s, &agrave; instaurer un ordre social qui ne fut pas si &eacute;loign&eacute; de celui du r&eacute;gime f&eacute;odal pr&eacute;c&eacute;dent. L&rsquo;&eacute;cole n&rsquo;&eacute;tait r&eacute;serv&eacute;e qu&rsquo;&agrave; une minorit&eacute; urbaine et bourgeoise, qu&rsquo;&agrave; la formation d&rsquo;une nouvelle &eacute;lite qui ironiquement s&rsquo;est mobilis&eacute;e contre elle en &eacute;rigeant le&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>&nbsp;&agrave; la place du fran&ccedil;ais. Dans un contexte travers&eacute; de conflits, il fut bien difficile de stabiliser un syst&egrave;me &eacute;ducatif en construction, en constant remaniement. Il a aussi manqu&eacute; de &laquo;&nbsp;si&egrave;cles&nbsp;&raquo; pour que l&rsquo;&eacute;cole et la langue fran&ccedil;aises ne d&eacute;veloppent des racines profondes. Si les colonisateurs r&eacute;ussissent d&rsquo;un certain c&ocirc;t&eacute; &agrave; att&eacute;nuer l&rsquo;influence du&nbsp;<em>han</em>, le fran&ccedil;ais, malgr&eacute; son empreinte culturelle et id&eacute;ologique<a href="#_ftn61" id="_ftnref61">[61]</a>, ne gardera pas son prestige aussi longtemps que la pr&eacute;c&eacute;dente langue de pouvoir. Certes, il y aura de rares francophiles, des amoureux de la litt&eacute;rature fran&ccedil;aise mais en fin de compte, il ne semble pas rester grand-chose aujourd&rsquo;hui d&rsquo;un rayonnement culturel fran&ccedil;ais<a href="#_ftn62" id="_ftnref62">[62]</a>, si ce n&rsquo;est quelque nostalgie<a href="#_ftn63" id="_ftnref63">[63]</a>. Le r&eacute;gime communiste s&rsquo;est efforc&eacute; d&rsquo;en effacer les traces. Sans doute, l&rsquo;histoire du Vietnam explique &eacute;galement l&rsquo;&eacute;chec de cette tentative de glottophagie fran&ccedil;aise&nbsp;: si apr&egrave;s mille ans de domination chinoise, la langue&nbsp;<em>kinh</em>&nbsp;a r&eacute;sist&eacute;, comment le fran&ccedil;ais en un si&egrave;cle pouvait-il esp&eacute;rer faire mieux&nbsp;? Aussi, avec l&rsquo;ouverture &eacute;conomique du Vietnam dans les ann&eacute;es 1980, avec le&nbsp;<em>doi moi</em>, ce sont d&rsquo;autres langues qui viennent concurrencer le fran&ccedil;ais sur le march&eacute; vietnamien de la formation linguistique&nbsp;: si la langue fran&ccedil;aise n&rsquo;a pas totalement disparu des paysages scolaires, &agrave; l&rsquo;aube du XXIe si&egrave;cle, le cor&eacute;en, le chinois, et surtout l&rsquo;anglais<a href="#_ftn64" id="_ftnref64">[64]</a>&nbsp;font figure de langues bien plus app&eacute;tentes aupr&egrave;s des nouvelles g&eacute;n&eacute;rations.</p> <h2>Bibliographie</h2> <p>BONN, Charles, et GARNIER, Xavier,&nbsp;<em>Litt&eacute;rature francophone&nbsp;: le roman (1)</em>, Paris, Hatier, 1997. Consultable en ligne :&nbsp;<a href="http://www.bibliotheque.auf.org/index.php?lvl=notice_display&amp;id=703">http://www.bibliotheque.auf.org/index.php?lvl=notice_display&amp;id=703</a></p> <p>DOAN, Cam Thi,<em>&nbsp;&Eacute;crire le Vietnam contemporain ; Guerre, corps, litt&eacute;rature</em>, Paris, &Eacute;ditions La Sorbonne, 2010.</p> <p>DORAIS, Louis-Jacques, &laquo;&nbsp;Diglossie et lutte de classes au Vietnam&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Anthropologie et soci&eacute;t&eacute;</em>, L&rsquo;Asie, Vol.3 n&deg;3, 1979.</p> <p>URL&nbsp;:&nbsp;<a href="https://www.erudit.org/fr/revues/as/1979-v3-n3-as489/000933ar/">https://www.erudit.org/fr/revues/as/1979-v3-n3-as489/000933ar/</a></p> <p>GUILLEMIN, Alain, &laquo; Alexandre de Rhodes a-t-il invent&eacute; le quốc ngữ ? &raquo;, Moussons [En ligne], 23 | 2014.</p> <p>URL :&nbsp;<a href="http://moussons.revues.org/2921">http://moussons.revues.org/2921</a></p> <p>GUILLEMIN, Alain, &laquo;&nbsp;Cung&nbsp;Giũ&nbsp;Nguy&ecirc;n o&ugrave; l&rsquo;homme des deux rives&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Moussons</em>&nbsp;[En ligne], 24&nbsp;|&nbsp;2014.</p> <p>URL&nbsp;:&nbsp;<a href="http://moussons.revues.org/3088">http://moussons.revues.org/3088</a>&nbsp;&nbsp;</p> <p>GUILLEMOT, Fran&ccedil;ois, &laquo;&nbsp;Khanh Ly&nbsp;: chanter la guerre et l&rsquo;esp&eacute;rance. Retour sur le destin d&rsquo;une &quot;diva aux pieds nus&quot;&nbsp;&raquo;, Femmes et guerres au Vietnam, 09/08/2014.</p> <p>URL :&nbsp;<a href="http://guerillera.hypotheses.org/1067">http://guerillera.hypotheses.org/1067</a></p> <p>HOANG, Tue, &laquo;&nbsp;&Eacute;volution sociolinguistique du Vietnamien&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Probl&egrave;mes de glottopolitique</em>,<em>&nbsp;cahiers de linguistique sociale</em>&nbsp;n&deg;7, publication de l&rsquo;universit&eacute; de Rouen, 1985, p. 225-234.</p> <p>NUYEN, Van Nanh, &laquo;&nbsp;A la recherche de l&rsquo;origine de la langue vietnamienne&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Synergies Pays riverains du M&eacute;kong</em>, n&deg;2, 2010, p. 35-44.</p> <p>NGUYEN, Huynh Chau Nathalie,&nbsp;<em>La m&eacute;moire est un autre pays, Femmes de la diaspora vietnamienne</em>, Paris, Riveneuve, 2013.</p> <p><em>L&rsquo;Indochine,&nbsp;</em>revue G&eacute;oHistoire n&deg;14, avril-mai 2014.</p> <p>LE&nbsp;FAILLER, Philippe, &laquo;&nbsp;<em>&Agrave; l&rsquo;origine de l&rsquo;anthropologie au Vietnam. Recherche sur les auteurs de la premi&egrave;re moiti&eacute; du xxe&nbsp;si&egrave;cle</em>, Nguyen Phuong Ngoc&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Moussons</em>&nbsp;[En ligne], 21&nbsp;|&nbsp;2013.</p> <p>URL&nbsp;:&nbsp;<a href="http://moussons.revues.org/2184">http://moussons.revues.org/2184</a>&nbsp;</p> <p>LE, Thu Hang, &laquo; Le Vi&ecirc;t Nam, un pays francophone atypique : regard sur l&rsquo;emprise fran&ccedil;aise sur l&rsquo;&eacute;volution litt&eacute;raire et journalistique au Vi&ecirc;t Nam depuis la premi&egrave;re moiti&eacute; du XXe si&egrave;cle &raquo;,&nbsp;<em>Documents pour l&rsquo;histoire du fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re ou seconde</em>, 40/41 | 2008.</p> <p>URL :&nbsp;<a href="http://dhfles.revues.org/498">http://dhfles.revues.org/498</a></p> <p>NGUYEN Van Ky,&nbsp;<em>La soci&eacute;t&eacute; vietnamienne face &agrave; la modernit&eacute;. Le Tonkin de la fin du XIXe si&egrave;cle &agrave; la seconde guerre mondiale</em>, th&egrave;se de doctorat d&rsquo;histoire sous la direction de Daniel H&eacute;mery, 1992.</p> <p>Consultable sur le site de l&rsquo;auteur&nbsp;:&nbsp;<a href="http://www.danco.org/these/these_integrale.html">http://www.danco.org/these/these_integrale.html</a></p> <p>NGUYEN, Khac Vien et HUU, Ngoc, (&eacute;dition &eacute;tablie par),<em>&nbsp;Mille ans de litt&eacute;rature vietnamienne, une anthologie</em>, (1979) Arles, Philippe Picquier, 2000.</p> <p>NGUYEN, Thi Phuong Huong,&nbsp;<em>Adaptation de la didactique du fran&ccedil;ais au contexte sociolinguistique du Vietnam</em>, th&egrave;se de doctorat de sciences du langage sous la direction de P. Blanchet, Universit&eacute; de Rennes, 2012.</p> <p>PHAM, Van Quang, &laquo;&nbsp;Trajectoires &eacute;ditoriales de la litt&eacute;rature francophone vietnamienne&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Alternative francophone</em>, n&deg;4, 2011, p.4-14.</p> <p>URL&nbsp;:&nbsp;<a href="https://ejournals.library.ualberta.ca/index.php/af/article/download/11244/pdf">https://ejournals.library.ualberta.ca/index.php/af/article/download/11244/pdf</a></p> <p>ROLLAND, Dominique, &laquo;&nbsp;Traces francophones au Vietnam, the story of a forgotten little pink book&nbsp;&raquo;, mai 2012.</p> <p>URL&nbsp;:&nbsp;<a href="http://www.gis-reseau-asie.org/les-articles-du-mois/traces-francophones-vietnam-dominique-rolland">http://www.gis-reseau-asie.org/les-articles-du-mois/traces-francophones-vietnam-dominique-rolland</a>&nbsp;&nbsp;</p> <p>TRAN, Thanh Ai, &laquo;&nbsp;Quelques consid&eacute;rations socio-linguistiques sur l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais au Vietnam&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Synergies Pays riverains du M&eacute;kong</em>, n&deg;2, 2010, p. 27-34.</p> <p>THAO, Linh, &laquo;&nbsp;Ho Chi Minh, fondateur de la presse r&eacute;volutionnaire nationale<em>&nbsp;</em>&raquo;, Le courrier du Vietnam,&nbsp;21/06/15.</p> <p>URL&nbsp;:&nbsp;<a href="http://www.lecourrier.vn/ho-chi-minh-fondateur-de-la-presse-revolutionnaire-nationale/180366.html">http://www.lecourrier.vn/ho-chi-minh-fondateur-de-la-presse-revolutionnaire-nationale/180366.html</a></p> <p>THUY, Kim,&nbsp;<em>Ru</em>, (2009) Paris, Le livre de poche, 2012.</p> <p><em>Le Viet Nam depuis 2000 ans</em>, revue L&rsquo;histoire, Les collections n&deg;62, Sophia publications, 2014.</p> <p><strong>Sites&nbsp;:</strong></p> <p>M&eacute;moires d&rsquo;Indochine&nbsp;:&nbsp;<a href="http://indomemoires.hypotheses.org/">http://indomemoires.hypotheses.org</a></p> <p>Site de&nbsp; Nguyễn Văn K&yacute;,&nbsp;<em>Dan co</em>&nbsp;:&nbsp;<a href="#Aidez">http://www.danco.org/inedits/tcs8.html#Aidez</a></p> <p>Femmes et guerres au Vietnam&nbsp;:&nbsp;<a href="https://guerillera.hypotheses.org/">https://guerillera.hypotheses.org</a></p> <p>GIS &Eacute;tudes asiatiques &amp; R&eacute;seau Asie et Pacifique&nbsp;:&nbsp;<a href="http://www.gis-reseau-asie.org/">http://www.gis-reseau-asie.org</a></p> <p>Moussons, Recherches en sciences sociales sur l&rsquo;Asie du Sud-Est&nbsp;:&nbsp;<a href="http://moussons.revues.org/">http://moussons.revues.org</a></p> <p><strong>Document radiophonique&nbsp;:</strong></p> <p>BERNARD, Marie-H&eacute;l&egrave;ne,&nbsp;<em>Nous avons connu tant de guerre</em>, France Culture, &laquo;&nbsp;L&rsquo;atelier de la cr&eacute;ation&nbsp;&raquo; du 19/02/14. URL :&nbsp;<a href="http://www.franceculture.fr/emission-l-atelier-de-la-creation-nous-avons-connu-tant-de-guerres-2014-02-19">http://www.franceculture.fr/emission-l-atelier-de-la-creation-nous-avons-connu-tant-de-guerres-2014-02-19</a></p> <h2>Notes&nbsp;</h2> <p><a href="#_ftnref1" id="_ftn1">[1]</a>&nbsp;S&eacute;n&egrave;que, Consolations &agrave; Helvia, ma m&egrave;re VII, 10. En ligne&nbsp;:&nbsp;<a href="#Questce">http://bcs.fltr.ucl.ac.be/SEN/Helv.html#Questce</a>.</p> <p><a href="#_ftnref2" id="_ftn2">[2]</a>&nbsp;Reprise partielle du titre du documentaire de Marie-H&eacute;l&egrave;ne Bernard,&nbsp;<em>Nous avons connu tant de guerre</em>, France culture, L&rsquo;atelier de la cr&eacute;ation, 19/02/14.</p> <p><a href="#_ftnref3" id="_ftn3">[3]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Gia t&agrave;i của mẹ, để lại cho con / Gia t&agrave;i của mẹ, l&agrave; nước Việt buồn&nbsp;&raquo; (L&rsquo;h&eacute;ritage de la m&egrave;re l&eacute;gu&eacute; &agrave; ses enfants / Son h&eacute;ritage est un Vietnam triste) chantait Trịnh C&ocirc;ng Sơn en 1965. Traduction de Nguyễn Văn K&yacute;, en ligne sur son site&nbsp;:&nbsp;<a href="#Aidez">http://www.danco.org/inedits/tcs8.html#Aidez</a></p> <p><a href="#_ftnref4" id="_ftn4">[4]</a><em>&nbsp;Mille ans de litt&eacute;rature vietnamienne, anthologie</em>, Picquier poche, 2000, p. 479.</p> <p><a href="#_ftnref5" id="_ftn5">[5]</a><em>&nbsp;Le Viet Nam depuis 2000 ans</em>, revue&nbsp;<em>L&rsquo;histoire</em>, Les collections n&deg;62, 2014.</p> <p><a href="#_ftnref6" id="_ftn6">[6]</a><em>&nbsp;Mille ans de litt&eacute;rature vietnamienne, ibid.,&nbsp;</em>p.8.</p> <p><a href="#_ftnref7" id="_ftn7">[7]</a><em>&nbsp;Le Viet Nam depuis 2000 ans, ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref8" id="_ftn8">[8]</a>&nbsp;Nguyen Thi Phuong Huong.&nbsp;<em>Adaptation de la didactique du fran&ccedil;ais au contexte sociolinguistique du Vietnam</em>, th&egrave;se de doctorat sous la direction de P. Blanchet, Universit&eacute; de Rennes, 2012.</p> <p><a href="#_ftnref9" id="_ftn9">[9]</a><em>&nbsp;Le Viet Nam depuis 2000 ans, ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref10" id="_ftn10">[10]</a>&nbsp;Signifie &laquo; sud pacifi&eacute; &raquo;, c&rsquo;est le nom que donnent les chinois au&nbsp;<em>Nam Viet</em>, apr&egrave;s son invasion, l&rsquo;<em>Annam&nbsp;</em>devenant alors un protectorat chinois.</p> <p><a href="#_ftnref11" id="_ftn11">[11]</a>&nbsp;Parmi les figures marquantes de la r&eacute;sistance au r&eacute;gime chinois, on trouve celles des s&oelig;urs Trung en 34 et celle de Tri&ecirc;u &Acirc;u en 248. Cf.&nbsp;<em>Le Viet Nam depuis 2000 ans, ibid.</em>&nbsp;Ces &laquo; Jeanne d&rsquo;Arc vietnamiennes &raquo;, h&eacute;ro&iuml;nes de la nation, contribuent &agrave; nourrir le sentiment national d&rsquo;h&eacute;ro&iuml;sme (et d&rsquo;attachement au pays) attribu&eacute; au Vietnam, et cultiv&eacute; encore par le gouvernement en place actuel.</p> <p><a href="#_ftnref12" id="_ftn12">[12]</a>&nbsp;Les Vi&ecirc;ts &eacute;taient principalement des paysans vivant dans des villages qui connaissaient leur propre syst&egrave;me d&rsquo;organisation sociale et culturelle, ax&eacute;e entre autres autour de la culture du riz et du culte des g&eacute;nies protecteurs. Les r&eacute;voltes &eacute;taient donc principalement des r&eacute;voltes paysannes. Cf. Nguyen Van Ky&nbsp;:&nbsp;<em>La soci&eacute;t&eacute; vietnamienne face &agrave; la modernit&eacute;. Le Tonkin de la fin du XIXe si&egrave;cle &agrave; la seconde guerre mondiale</em>, th&egrave;se de doctorat d&rsquo;histoire, sous la direction de Daniel H&eacute;mery, 1992.</p> <p><a href="#_ftnref13" id="_ftn13">[13]</a>&nbsp;Recours aux concours mandarinaux pour le recrutement du personnel administratif, enseignement du confucianisme dans les &eacute;coles, concurremment aux bouddhisme et tao&iuml;sme, etc. Le 11&egrave;me si&egrave;cle voit la naissance d&rsquo;une litt&eacute;rature vietnamienne r&eacute;dig&eacute;e en chinois classique, impr&eacute;gn&eacute;e donc de la culture des dominants mais &eacute;mergeant tout de m&ecirc;me de fa&ccedil;on singuli&egrave;re (en 1070,&nbsp;<em>Le Van Mieu</em>, le temple de la litt&eacute;rature, est &eacute;rig&eacute; et d&eacute;di&eacute; &agrave; Confucius). Cf.&nbsp;<em>Mille ans de litt&eacute;rature vietnamienne, op.cit.</em></p> <p><a href="#_ftnref14" id="_ftn14">[14]</a>&nbsp;Avec le temps, ce chinois classique se vietnamise quelque peu.</p> <p><a href="#_ftnref15" id="_ftn15">[15]</a>&nbsp;Au d&eacute;triment, donc, des autres langues minoritaires m&ecirc;me si la langue&nbsp;<em>kinh</em>&nbsp;s&rsquo;est enrichie au contact de ces derni&egrave;res, tout autant qu&rsquo;elle s&rsquo;est enrichie, assez majoritairement, au contact du chinois (&agrave; tel point que l&rsquo;on pourrait aussi &eacute;voquer un chinois vietnamis&eacute;).</p> <p><a href="#_ftnref16" id="_ftn16">[16]</a><em>&nbsp;Mille ans de litt&eacute;rature vietnamienne, ibid.&nbsp;</em>p. 10.</p> <p><a href="#_ftnref17" id="_ftn17">[17]</a><em>&nbsp;Ibid.&nbsp;</em>p. 19&nbsp;: &laquo;&nbsp;le premier texte n&ocirc;m conserv&eacute; date du XIVe si&egrave;cle, r&eacute;dig&eacute; par Nguyen Thuyen, mais sa cr&eacute;ation et son usage devaient remonter bien plus loin&nbsp;&raquo;, nous apprend, en introduction &agrave; l&rsquo;anthologie, Nguyen Khac Vien. En outre, c&rsquo;est au XVe s. que commenceront &agrave; &ecirc;tre transcrits en&nbsp;<em>n&ocirc;m</em>&nbsp;quelques classiques confuc&eacute;ens, si&egrave;cle qui impulse l&rsquo;essor d&rsquo;une litt&eacute;rature en langue populaire.</p> <p><a href="#_ftnref18" id="_ftn18">[18]</a>&nbsp;Et ce, jusqu&rsquo;au d&eacute;but du XXe si&egrave;cle ; souvent les lettr&eacute;s traduisaient leurs propres &oelig;uvres, du&nbsp;<em>han</em>&nbsp;vers le&nbsp;<em>n&ocirc;m</em>.</p> <p><a href="#_ftnref19" id="_ftn19">[19]</a>&nbsp;Nous pouvons citer par exemple l&rsquo;imposant roman de trois mille deux cent cinquante-quatre vers, le&nbsp;<em>Ki&ecirc;u</em>, de Nguyen Du (1765-1820), consid&eacute;r&eacute; comme un classique de la litt&eacute;rature&nbsp;<em>n&ocirc;m</em>. Cf.&nbsp;<em>Mille ans de litt&eacute;rature vietnamienne, ibid.&nbsp;</em>p. 146.</p> <p><a href="#_ftnref20" id="_ftn20">[20]</a>&nbsp;Entretien avec P. Brocheux, in&nbsp;<em>L&rsquo;Indochine</em>, Revue&nbsp;<em>G&eacute;oHistoire</em>&nbsp;n&deg;14, avril-mai 2014, p. 20-23.</p> <p><a href="#_ftnref21" id="_ftn21">[21]</a>&nbsp;Nguyen Khac Vien affirme &agrave; propos du&nbsp;<em>Ki&ecirc;u</em>&nbsp;de Nguyen Du : &laquo; le peuple vietnamien avait aim&eacute; et aimera toujours ce r&eacute;quisitoire parfois passionn&eacute; contre le f&eacute;odalisme dont il avait tant souffert &raquo; et &eacute;voquant la chute des Tay Son&nbsp;: &laquo; La d&eacute;faite des Tay Son, l&rsquo;av&egrave;nement de la dynastie des Nguyen avaient sonn&eacute; le glas des grandes esp&eacute;rances soulev&eacute;es par les insurrections paysannes du XVIIIe si&egrave;cle. Le Vietnam retomba dans la nuit noire du f&eacute;odalisme&nbsp;&raquo;. Enfin &agrave; propos de Gia Long&nbsp;: &laquo;&nbsp;[il] s&rsquo;appliquait &agrave; restaurer le f&eacute;odalisme dans ses formes les plus r&eacute;trogrades&nbsp;&raquo;, in&nbsp;<em>Mille ans de litt&eacute;rature vietnamienne, ibid.</em>, p. 150-151.</p> <p><a href="#_ftnref22" id="_ftn22">[22]</a><em>&nbsp;Ibid.</em>, p. 242.</p> <p><a href="#_ftnref23" id="_ftn23">[23]</a>&nbsp;A. Guillemin, &laquo; Alexandre de Rhodes a-t-il invent&eacute; le quốc ngữ ? &raquo;, Moussons [En ligne], 23 | 2014. URL :&nbsp;<a href="http://moussons.revues.org/2921">http://moussons.revues.org/2921</a></p> <p><a href="#_ftnref24" id="_ftn24">[24]</a>&nbsp;Aussi pour faciliter l&rsquo;apprentissage du vietnamien par les missionnaires. On peut, pour plus de pr&eacute;cisions concernant la formation du&nbsp;<em>quoc ngu</em>&nbsp;et les raisons de son invention, se r&eacute;f&eacute;rer &agrave; Hoang Tue, &laquo;&nbsp;&Eacute;volution sociolinguistique du vietnamien&nbsp;&raquo;, in&nbsp;<em>Probl&egrave;mes de glottopolitique</em>,&nbsp;<em>cahiers de linguistique sociale</em>&nbsp;n&deg;7, publication de l&rsquo;universit&eacute; de Rouen, 1985, p. 225-234.</p> <p><a href="#_ftnref25" id="_ftn25">[25]</a>&nbsp;Entretien avec P. Brocheux, in&nbsp;<em>L&rsquo;Indochine</em>, Revue&nbsp;<em>G&eacute;oHistoire</em>&nbsp;n&deg;14,&nbsp;<em>op. cit.</em>&nbsp;</p> <p><a href="#_ftnref26" id="_ftn26">[26]</a>&nbsp;L&rsquo;Indochine regroupait alors les trois pays d&rsquo;Asie : Cambodge, Laos et Vietnam. En ce qui concerne le Vietnam, celui-ci &eacute;tait partag&eacute; en trois r&eacute;gions, la Cochinchine au sud, le Tonkin au nord, et au centre, l&rsquo;Annam.</p> <p><a href="#_ftnref27" id="_ftn27">[27]</a>&nbsp;P. Brocheux,&nbsp;<em>L&rsquo;Indochine</em>,&nbsp;<em>ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref28" id="_ftn28">[28]</a>&nbsp;Le mouvement de r&eacute;volte &laquo;&nbsp;Can Vuong&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;pour le roi&nbsp;&raquo;), form&eacute; entre 1883 et 1885, s&rsquo;est ainsi tr&egrave;s vite essouffl&eacute;, en m&ecirc;me temps qu&rsquo;il fut r&eacute;prim&eacute; par le gouvernement fran&ccedil;ais aid&eacute; par des mandarins alli&eacute;s et des catholiques vietnamiens. Selon P. Brocheux, les Fran&ccedil;ais ont r&eacute;ussi &agrave; d&eacute;ployer la strat&eacute;gie du &laquo;&nbsp;diviser pour mieux r&eacute;gner&nbsp;&raquo; &agrave; leur avantage.&nbsp;<em>L&rsquo;Indochine</em>,&nbsp;<em>ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref29" id="_ftn29">[29]</a>&nbsp;P. Brocheux, in&nbsp;<em>Le Viet Nam depuis 2000 ans, op. cit.,&nbsp;</em>p. 32.</p> <p><a href="#_ftnref30" id="_ftn30">[30]</a>&nbsp;Cit&eacute; par P. Brocheux,&nbsp;<em>L&rsquo;Indochine,</em>&nbsp;<em>ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref31" id="_ftn31">[31]</a>&nbsp;Ho Chi Minh fut aussi journaliste, &eacute;crivant en vietnamien mais &eacute;galement en langues &eacute;trang&egrave;res (fran&ccedil;ais, chinois, anglais et russe). On se souviendra de ses articles d&eacute;non&ccedil;ant les crimes colonialistes et critiquant la soi-disant &laquo;&nbsp;mission civilisatrice&nbsp;&raquo; des pays imp&eacute;rialistes. Cf. Linh Thao, &laquo;&nbsp;Ho Chi Minh, fondateur de la presse r&eacute;volutionnaire nationale&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Le courrier du Vietnam</em>, 21/06/15. URL :&nbsp;<a href="http://lecourrier.vn/ho-chi-minh-fondateur-de-la-presse-revolutionnaire-nationale/180366.html">http://lecourrier.vn/ho-chi-minh-fondateur-de-la-presse-revolutionnaire-nationale/180366.html</a></p> <p><a href="#_ftnref32" id="_ftn32">[32]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;On assiste &agrave; la mont&eacute;e d&rsquo;une g&eacute;n&eacute;ration d&rsquo;&eacute;crivains souvent issus de la petite bourgeoisie citadine, sortis des &eacute;coles franco-annamites et impr&eacute;gn&eacute;s de culture occidentale &raquo;, C. Bonn et X. Garnier,&nbsp;<em>Litt&eacute;rature francophone&nbsp;: le roman (1)</em>, Hatier, 1997, p. 100. Beaucoup adh&eacute;r&egrave;rent &agrave; l&rsquo;Association culturelle pour le Salut national du Front du&nbsp;<em>Vi&ecirc;t minh</em>&nbsp;(Front de l&rsquo;ind&eacute;pendance du Vietnam).</p> <p><a href="#_ftnref33" id="_ftn33">[33]</a><em>&nbsp;Mille ans de litt&eacute;rature vietnamienne, op. cit.</em></p> <p><a href="#_ftnref34" id="_ftn34">[34]</a>&nbsp;Le quatrain a pour titre :&nbsp;<em>Les Monts et les Fleuves de l&rsquo;empire du sud. Ibid.,&nbsp;</em>p. 30.</p> <p><a href="#_ftnref35" id="_ftn35">[35]</a>&nbsp;Voir note 11.</p> <p><a href="#_ftnref36" id="_ftn36">[36]</a>&nbsp;La conf&eacute;rence de la paix (1954) donna lieu aux accords de Gen&egrave;ve stipulant la division du Vietnam au niveau du 17&egrave;me parall&egrave;le. Ainsi, tandis que le Vietnam du Nord se soumet au r&eacute;gime communiste, le Vietnam du Sud tombe sous le contr&ocirc;le du chr&eacute;tien Ngo Dinh Diem (alors que le Sud est majoritairement bouddhiste) dont l&rsquo;ascension fut appuy&eacute;e par les &Eacute;tats Unis. Cf.&nbsp;<em>Le Viet Nam depuis 2000 ans, op. cit.</em></p> <p><a href="#_ftnref37" id="_ftn37">[37]</a>&nbsp;Nous pouvons &eacute;voquer ici le contexte de guerre froide qui aur&eacute;olait l&rsquo;intervention des Am&eacute;ricains.</p> <p><a href="#_ftnref38" id="_ftn38">[38]</a><em>&nbsp;La m&eacute;moire est un autre pays, femmes de la diaspora vietnamienne,&nbsp;</em>Riveneuve, 2013, p. 58-59.</p> <p><a href="#_ftnref39" id="_ftn39">[39]</a>&nbsp;Quoi qu&rsquo;ils ont connu, entre 1961 et 1971, et sous pr&eacute;texte de d&eacute;couvrir les Vi&ecirc;t cong cach&eacute;s dans les jungles, le d&eacute;versement par l&rsquo;arm&eacute;e am&eacute;ricaine et ses alli&eacute;s sur leur territoire de pr&egrave;s de 80 millions de litres de d&eacute;foliants, dont l&rsquo;herbicide hautement toxique appel&eacute; l&rsquo;agent orange, ce qui ne fut pas sans cons&eacute;quences.</p> <p><a href="#_ftnref40" id="_ftn40">[40]</a>&nbsp;Malgr&eacute; l&rsquo;autoritarisme de Ngo Dinh Diem. Nous affirmons ici les points de vue de nos parents, originaires de Sa&iuml;gon.</p> <p><a href="#_ftnref41" id="_ftn41">[41]</a>&nbsp;Ce dont t&eacute;moigne Kim Thuy &agrave; travers son roman,&nbsp;<em>Ru,</em>&nbsp;Le livre de poche<em>,&nbsp;</em>2012.</p> <p><a href="#_ftnref42" id="_ftn42">[42]</a>&nbsp;Expression et t&eacute;moignage de Tran, interview&eacute;e par N. H. C. Nguyen, in&nbsp;<em>La m&eacute;moire est un autre pays, femmes de la diaspora vietnamienne. Ibid.</em>, p. 62.</p> <p><a href="#_ftnref43" id="_ftn43">[43]</a>&nbsp;Pour un portrait sociolinguistique d&eacute;taill&eacute; du Vietnam actuel, et plus d&rsquo;informations sur la langue vietnamienne (origine, aspects linguistiques), lire Nguyen Thi Phuong Huong.&nbsp;<em>Adaptation de la didactique du fran&ccedil;ais au contexte sociolinguistique du Vietnam</em>,&nbsp;<em>op. cit.</em>, chapitre 2, p. 36-63.</p> <p><a href="#_ftnref44" id="_ftn44">[44]</a><em>&nbsp;Mille ans de litt&eacute;rature vietnamienne, op. cit.,&nbsp;</em>p. 22.</p> <p><a href="#_ftnref45" id="_ftn45">[45]</a>&nbsp;Nguyen Van Ky,&nbsp;<em>op.cit.</em>, p. 125.</p> <p><a href="#_ftnref46" id="_ftn46">[46]</a><em>&nbsp;Ibid.</em>, p. 125. L&rsquo;auteur cite le&nbsp;<em>Livre des trois caract&egrave;res</em>, ouvrage p&eacute;dagogique qui r&eacute;sume la pens&eacute;e confuc&eacute;enne, destin&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;ducation des enfants.</p> <p><a href="#_ftnref47" id="_ftn47">[47]</a>&nbsp;Cit&eacute; par Nguyen Van Ky,&nbsp;<em>ibid.</em>, p. 124.</p> <p><a href="#_ftnref48" id="_ftn48">[48]</a>&nbsp;1861 : cr&eacute;ation du Coll&egrave;ge Franco-Annamite ; 1874 : cr&eacute;ation de l&rsquo;&Eacute;cole normale de Sa&iuml;gon&nbsp;; 1906&nbsp;: fondation de l&rsquo;universit&eacute; de Hano&iuml;. Cf. Nguyen Van Ky,&nbsp;<em>ibid.</em>, p. 123.</p> <p><a href="#_ftnref49" id="_ftn49">[49]</a>&nbsp;Outre les le&ccedil;ons de morale, sont ajout&eacute;s les sciences, les math&eacute;matiques, la g&eacute;ographie, l&rsquo;hygi&egrave;ne, la m&eacute;canique, etc. En ce qui concerne l&rsquo;histoire, seules quelques notions g&eacute;n&eacute;rales sont abord&eacute;es d&egrave;s les premi&egrave;res r&eacute;formes, on insiste alors sur la puissance et le r&ocirc;le civilisateur de la France.&nbsp;<em>Ibid.</em>, p. 131.</p> <p><a href="#_ftnref50" id="_ftn50">[50]</a>&nbsp;R&eacute;sum&eacute; de la derni&egrave;re le&ccedil;on de morale &quot;Devoirs envers la France&quot; dispens&eacute; en fran&ccedil;ais aux &eacute;l&egrave;ves vietnamiens &acirc;g&eacute;s de 11/12 ans, des cours sup&eacute;rieurs du cycle primaire&nbsp;; cit&eacute; par Nguyen Van Ky,&nbsp;<em>ibid.</em>, p. 140.</p> <p><a href="#_ftnref51" id="_ftn51">[51]</a>&nbsp;D&eacute;j&agrave;, en 1907, le mouvement patriotique&nbsp;<em>D&ocirc;ng kinh nghia thuc</em>&nbsp;conduit par des lettr&eacute;s &quot;progressistes&quot; proposait un enseignement gratuit du&nbsp;<em>qu&ocirc;c ngu</em>&nbsp;via la diffusion d&rsquo;un manuel de base r&eacute;dig&eacute; enti&egrave;rement dans la langue nationale et compos&eacute; de 19 le&ccedil;ons charg&eacute;es implicitement de r&eacute;f&eacute;rences &agrave; la lutte pour l&rsquo;&eacute;mancipation du pays. L&rsquo;&eacute;cole semi-clandestine fut vite r&eacute;prim&eacute;e par les autorit&eacute;s coloniales.&nbsp;<em>Ibid.</em>, p. 151-152.</p> <p><a href="#_ftnref52" id="_ftn52">[52]</a>&nbsp;D&rsquo;abord en Cochinchine, puis au Tonkin en 1915, enfin en Annam en 1918. Mais d&eacute;j&agrave; le qu&ocirc;c ngu &eacute;tait adopt&eacute; en 1896 pour les derniers concours mandarinaux, tandis qu&rsquo;une &eacute;preuve de fran&ccedil;ais s&rsquo;ajouta en 1903.&nbsp; L&rsquo;ordonnance royale de 1919 mettra un terme d&eacute;finitif &agrave; l&rsquo;enseignement traditionnel. D&eacute;sormais, l&rsquo;on formait des fonctionnaires d&rsquo;&eacute;tat. Cf. Nguyen Van Ky,&nbsp;<em>ibid.</em>, p. 127&nbsp;; et Nguyen Thi Phuong Huong,&nbsp;<em>op.cit.</em>, p. 26.</p> <p><a href="#_ftnref53" id="_ftn53">[53]</a>&nbsp;Les Vietnamiens portaient les cheveux longs nou&eacute;s en chignon, en signe de respect pour les parents. La colonisation fran&ccedil;aise mit fin &agrave; cette tradition. CF. Nguyen Van Ky,&nbsp;<em>ibid.</em>, p. 138-139.</p> <p><a href="#_ftnref54" id="_ftn54">[54]</a><em>&nbsp;Ibid.</em>, p. 129.</p> <p><a href="#_ftnref55" id="_ftn55">[55]</a>&nbsp;Selon le Journal officiel de l&rsquo;Indochine fran&ccedil;aise du 10 avril 1918. Cit&eacute; par Nguyen Van Ky,&nbsp;<em>Ibid.</em>, p. 134.</p> <p><a href="#_ftnref56" id="_ftn56">[56]</a>&nbsp;D&rsquo;apr&egrave;s Nguyen Van Ky,&nbsp;<em>ibid.</em></p> <p><a href="#_ftnref57" id="_ftn57">[57]</a>&nbsp;Rappelons qu&rsquo;&agrave; cette p&eacute;riode, tandis que les r&eacute;voltes des lettr&eacute;s patriotiques s&rsquo;essoufflent, naissent alors de nouveaux mouvements contestataires issus de la nouvelle &eacute;lite intellectuelle.</p> <p><a href="#_ftnref58" id="_ftn58">[58]</a><em>&nbsp;Ibid.</em>, p. 136.</p> <p><a href="#_ftnref59" id="_ftn59">[59]</a>&nbsp;Cf. Dorais L.-J. &laquo;&nbsp;Diglossie et lutte de classes au Vietnam&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Anthropologie et soci&eacute;t&eacute;</em>, L&rsquo;Asie, Vol.3 n&deg;3, 1979.&nbsp;</p> <p><a href="#_ftnref60" id="_ftn60">[60]</a>&nbsp;Cf. Dorais L.-J. et Nguyen Van Ky,&nbsp;<em>ibid</em>.</p> <p><a href="#_ftnref61" id="_ftn61">[61]</a>&nbsp;On notera tout de m&ecirc;me un h&eacute;ritage culturel (et lexical) certain du fran&ccedil;ais, notamment pour ce qui concerne la litt&eacute;rature vietnamienne qui conna&icirc;tra une grande diversification th&eacute;matique et formelle au XXe si&egrave;cle.</p> <p><a href="#_ftnref62" id="_ftn62">[62]</a>&nbsp;Malgr&eacute; l&rsquo;adh&eacute;sion du Vietnam &agrave; l&rsquo;OIF en 1970...</p> <p><a href="#_ftnref63" id="_ftn63">[63]</a>&nbsp;Cf. Rolland Dominique.&nbsp;<em>Traces francophones au Vietnam, the story of a forgotten little pink book</em>, mai 2012. En ligne&nbsp;:&nbsp;<a href="http://www.gis-reseau-asie.org/les-articles-du-mois/traces-francophones-vietnam-dominique-rolland">http://www.gis-reseau-asie.org/les-articles-du-mois/traces-francophones-vietnam-dominique-rolland</a></p> <p><a href="#_ftnref64" id="_ftn64">[64]</a>&nbsp;Cf. Tran Thanh Ai, &laquo;&nbsp;Quelques consid&eacute;rations socio-linguistiques sur l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais au Vietnam&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Synergies Pays riverains du M&eacute;kong</em>, n&deg;2, 2010, p. 27-34.</p> <p>&nbsp;</p> <h3>Christine LY<br /> Universit&eacute; Montpellier 3<br /> EA-379 Dipralang</h3>