<h2>Introduction</h2> <p>Depuis 2015, le Br&eacute;sil traverse une crise &eacute;conomique et politique qui semble &ecirc;tre loin de se terminer. La r&eacute;cession &eacute;conomique, les scandales li&eacute;s &agrave; la corruption, le m&eacute;contentement g&eacute;n&eacute;ralis&eacute; et les r&eacute;voltes sociales ont propuls&eacute; le pays sur le devant de la sc&egrave;ne internationale. Les cons&eacute;quences de cette crise se font sentir dans de nombreux secteurs mais, comme souvent lorsqu&rsquo;un pays est touch&eacute; de plein fouet par une crise &eacute;conomique, l&rsquo;&eacute;ducation est l&rsquo;une des premi&egrave;res &agrave; en faire les frais. En effet, la loi de r&eacute;forme g&eacute;n&eacute;rale de l&rsquo;enseignement secondaire br&eacute;silien d&eacute;cr&eacute;t&eacute;e en f&eacute;vrier 2017<a href="#_ftn1" id="_ftnref">[1]</a>&nbsp;par le pr&eacute;sident Michel Temer, successeur de l&rsquo;ex-pr&eacute;sidente Dilma Rousseff d&eacute;mocratiquement &eacute;lue en 2014 et destitu&eacute;e en 2016, car accus&eacute;e de &laquo;&nbsp;crime de responsabilit&eacute;&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn2" id="_ftnref">[2]</a>&nbsp;semble en &ecirc;tre un exemple.</p> <p>La r&eacute;forme de l&rsquo;<em>ensino m&eacute;dio</em>&nbsp;a &eacute;t&eacute; l&rsquo;une des premi&egrave;res d&eacute;cisions prises par le gouvernement Temer avec le projet d&rsquo;amendement constitutionnel, PEC 241, qui g&egrave;le les d&eacute;penses publiques de l&rsquo;&Eacute;tat f&eacute;d&eacute;ral pendant vingt ans, en autorisant seulement une hausse &eacute;gale au rythme de l&rsquo;inflation. Cette mesure ultralib&eacute;rale, qui cherche &agrave; assainir les finances publiques, risque de produire des effets sur les d&eacute;penses de sant&eacute; et d&rsquo;&eacute;ducation, deux secteurs consid&eacute;r&eacute;s comme critiques, car d&eacute;j&agrave; en manque de moyens<a href="#_ftn3" id="_ftnref">[3]</a>.</p> <p>Nous aborderons, dans cette contribution, quelques cons&eacute;quences de ces mesures &ndash; adopt&eacute;es dans un contexte de crise politique et &eacute;conomique &ndash; sur l&rsquo;enseignement des langues &eacute;trang&egrave;res au Br&eacute;sil, en nous int&eacute;ressant tout particuli&egrave;rement &agrave; l&rsquo;enseignement de la langue espagnole dans le syst&egrave;me &eacute;ducatif br&eacute;silien. L&rsquo;espagnol est aujourd&rsquo;hui la deuxi&egrave;me langue &eacute;trang&egrave;re au Br&eacute;sil apr&egrave;s l&rsquo;anglais, et depuis les ann&eacute;es 90 l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t pour cette langue n&rsquo;a de cesse de s&rsquo;accro&icirc;tre, gr&acirc;ce notamment &agrave; la formation et/ou &agrave; la consolidation d&rsquo;int&eacute;grations r&eacute;gionales, telles que le Mercosur<a href="#_ftn4" id="_ftnref">[4]</a>, entre les pays hispanophones de l&rsquo;Am&eacute;rique du Sud et leur voisin lusophone. Dans ce cadre, des politiques linguistiques et &eacute;ducatives ont &eacute;t&eacute; mises en place dans les pays de la r&eacute;gion afin de promouvoir l&rsquo;enseignement/apprentissage de la langue du/des pay(s) voisin(s). Les r&eacute;formes du nouveau gouvernement br&eacute;silien marquent un coup d&rsquo;arr&ecirc;t &agrave; l&rsquo;enseignement de l&rsquo;espagnol dans le syst&egrave;me secondaire br&eacute;silien en instituant l&rsquo;anglais comme seule langue &eacute;trang&egrave;re obligatoire. Cette d&eacute;cision qui constitue clairement un recul pour l&rsquo;int&eacute;gration r&eacute;gionale, s&rsquo;inscrit nettement dans une logique n&eacute;olib&eacute;rale de sacralisation de l&rsquo;uniformit&eacute; et de l&rsquo;unicit&eacute; (L&eacute;onard, 2016) et cautionne la pr&eacute;pond&eacute;rance de la &laquo;&nbsp;langue du march&eacute;&nbsp;&raquo;, la langue anglaise, consid&eacute;r&eacute;e comme seule langue &eacute;trang&egrave;re utile et n&eacute;cessaire &agrave; l&rsquo;insertion professionnelle des jeunes &eacute;tudiants br&eacute;siliens.</p> <p>L&rsquo;abandon de l&rsquo;espagnol comme langue optionnelle obligatoire dans les lyc&eacute;es br&eacute;siliens a bien &eacute;videmment suscit&eacute; des r&eacute;actions chez les acteurs de l&rsquo;enseignement et de la promotion de l&rsquo;espagnol au Br&eacute;sil et particuli&egrave;rement chez les associations d&rsquo;enseignants d&rsquo;espagnol. Nous nous y int&eacute;resserons &agrave; partir de documents publi&eacute;s par ces associations sur leurs sites internet, sur les r&eacute;seaux sociaux et sur des listes de discussions afin d&rsquo;analyser les arguments qui y sont expos&eacute;s en d&eacute;fense d&rsquo;une pr&eacute;sence plus importante de l&rsquo;espagnol dans les salles de classe br&eacute;siliennes.</p> <h2>1. L&rsquo;enseignement de l&rsquo;espagnol dans le syst&egrave;me &eacute;ducatif br&eacute;silien</h2> <h3>1.1.&nbsp;Ant&eacute;c&eacute;dents</h3> <p>Nous pourrions faire remonter la pr&eacute;sence de l&rsquo;espagnol au Br&eacute;sil aux voyages r&eacute;alis&eacute;s par Christophe Colomb au long des c&ocirc;tes sud-am&eacute;ricaines dans le but d&rsquo;informer les rois d&rsquo;Espagne de l&rsquo;application du Trait&eacute; de Tordesillas, dans lequel le Portugal et l&rsquo;Espagne se partag&egrave;rent le Nouveau Monde. Les deux langues ont &eacute;t&eacute; depuis en contact, que ce soit &agrave; l&rsquo;&eacute;poque des empires coloniaux ou &agrave; celle des nouvelles r&eacute;publiques sud-am&eacute;ricaines. N&eacute;anmoins, les dimensions continentales du Br&eacute;sil et le fait que la colonisation du pays se soit limit&eacute;e, pendant trois si&egrave;cles, &agrave; des enclaves c&ocirc;ti&egrave;res sans p&eacute;n&eacute;tration vers l&rsquo;int&eacute;rieur du territoire, a limit&eacute; la fluidit&eacute; du contact entre les deux langues (Mart&iacute;nez-Cachero Laseca, 2008a&nbsp;: 13).</p> <p>L&rsquo;espagnol est apparu au Br&eacute;sil notamment &agrave; partir des vagues d&rsquo;immigration espagnole arriv&eacute;es au pays pendant la deuxi&egrave;me moiti&eacute; du XIXe si&egrave;cle et qui co&iuml;ncid&egrave;rent avec le besoin de substitution dans les caf&eacute;i&egrave;res d&rsquo;une main d&rsquo;&oelig;uvre esclave par une main d&rsquo;&oelig;uvre bon march&eacute; (Moreno Fern&aacute;ndez &amp; Otero Roth, 2007). Selon Klein (1996&nbsp;: 7), 750 000 Espagnols immigr&egrave;rent au Br&eacute;sil pendant le XIXe et le XXe si&egrave;cle, cela fait de cette communaut&eacute; la troisi&egrave;me en importance apr&egrave;s l&rsquo;italienne et la portugaise.</p> <p>Quant aux relations entre le Br&eacute;sil et les pays voisins hispanophones, ce qui les caract&eacute;rise, en tout cas jusqu&rsquo;&agrave; la fin des ann&eacute;es 1980, est l&rsquo;incommunication et la m&eacute;connaissance. On pourrait affirmer que le Br&eacute;sil et ses pays frontaliers se sont tourn&eacute;s le dos dans un besoin d&rsquo;auto-affirmation nationale o&ugrave; la pr&eacute;sence de l&rsquo;Autre repr&eacute;sentait une menace pour l&rsquo;identit&eacute; nationale et o&ugrave; des conflits dus &agrave; la d&eacute;limitation des fronti&egrave;res pouvaient &agrave; tout moment &eacute;clater.</p> <p>En ce qui concerne l&rsquo;enseignement de la langue espagnole au Br&eacute;sil, il ne commencera qu&rsquo;en 1919 au sein du coll&egrave;ge public Pedro II cr&eacute;&eacute; en 1837 et qui restera un mod&egrave;le &eacute;ducatif de qualit&eacute; jusque dans les ann&eacute;es 1950. L&rsquo;espagnol n&rsquo;est introduit que tardivement au sein du coll&egrave;ge, les premi&egrave;res langues enseign&eacute;es furent le latin, le grec, le fran&ccedil;ais et l&rsquo;anglais. En 1854, on y introduit l&rsquo;allemand comme langue obligatoire et l&rsquo;italien comme langue optative.</p> <p>Avec l&rsquo;arriv&eacute;e au pouvoir, en 1930, de Getulio Vargas l&rsquo;&eacute;ducation br&eacute;silienne entame un processus de nationalisation qui aura de fortes retomb&eacute;es sur l&rsquo;enseignement des langues &eacute;trang&egrave;res. La r&eacute;forme &eacute;ducative de 1931, connue sous le nom de&nbsp;<em>Reforma Francisco</em>&nbsp;de Campos, interdit l&rsquo;enseignement des langues &eacute;trang&egrave;res aux &eacute;l&egrave;ves de moins de quatorze ans et proc&egrave;de &agrave; la fermeture des &eacute;coles bilingues cr&eacute;&eacute;es quelques ann&eacute;es auparavant par les nombreux migrants europ&eacute;ens, sp&eacute;cialement dans les r&eacute;gions du sud et du sud-est du Br&eacute;sil. La politique nationaliste de Vargas s&rsquo;adoucit quelque peu et en 1942, une nouvelle r&eacute;forme &eacute;ducative a lieu, la&nbsp;<em>Reforma Capanema</em>. Cette r&eacute;forme divise l&rsquo;enseignement secondaire en deux cycles&nbsp;: le premier cycle ou&nbsp;<em>gin&aacute;sio</em>&nbsp;et le second cycle ou&nbsp;<em>col&eacute;gial</em>. Le latin, le fran&ccedil;ais et l&rsquo;anglais deviennent les langues obligatoires du&nbsp;<em>gin&aacute;sio</em>. Ces m&ecirc;mes langues, plus l&rsquo;espagnol et le grec (pour l&rsquo;option dite classique), sont enseign&eacute;es au col&eacute;gial. Selon Leffa (1999), les ann&eacute;es 1940-1950 restent les ann&eacute;es dor&eacute;es de l&rsquo;enseignement des langues &eacute;trang&egrave;res au Br&eacute;sil. Malgr&eacute; cette pr&eacute;sence de l&rsquo;espagnol dans le syst&egrave;me &eacute;ducatif br&eacute;silien de l&rsquo;&eacute;poque, il s&rsquo;agissait d&rsquo;une langue mineure avec une charge horaire largement moindre &agrave; celle des autres langues (deux heures d&rsquo;espagnol par semaine contre treize heures de fran&ccedil;ais et douze heures d&rsquo;anglais). D&rsquo;apr&egrave;s Pederzolli Cavalheiro (2013), le r&ocirc;le mineur attribu&eacute; &agrave; l&rsquo;espagnol par cette r&eacute;forme participe &agrave; la construction d&rsquo;un imaginaire sur la non-pertinence de l&rsquo;apprentissage de l&rsquo;espagnol.</p> <p>La premi&egrave;re loi qui d&eacute;finit et r&eacute;gule l&rsquo;organisation de l&rsquo;&eacute;ducation br&eacute;silienne, connue encore de nos jours sous le nom de&nbsp;<em>Lei de Diretrizes e Bases da Educa&ccedil;&atilde;o Nacional</em>&nbsp;(LDB), est publi&eacute;e en 1961. La derni&egrave;re LDB en vigueur au Br&eacute;sil date de l&rsquo;ann&eacute;e 1996. Avec la LDB de 1961 commence la d&eacute;centralisation de l&rsquo;&eacute;ducation, ce qui implique, en ce qui concerne les langues &eacute;trang&egrave;res, que les d&eacute;cisions relatives &agrave; l&rsquo;enseignement linguistique ne d&eacute;pendent plus du gouvernement f&eacute;d&eacute;ral mais du gouvernement de chaque &Eacute;tat br&eacute;silien. &Agrave; cette &eacute;poque, les langues &eacute;trang&egrave;res deviennent des options, chaque centre &eacute;ducatif d&eacute;cide des langues qui y seront enseign&eacute;es. Une cons&eacute;quence majeure de cette loi sera la g&eacute;n&eacute;ralisation de l&rsquo;anglais en tant que premi&egrave;re langue &eacute;trang&egrave;re au sein du syst&egrave;me &eacute;ducatif br&eacute;silien. La nouvelle LDB de 1971 ne change en rien le caract&egrave;re optionnel de l&rsquo;apprentissage des langues &eacute;trang&egrave;res. Comme l&rsquo;affirme Mart&iacute;nez-Cachero Laseca (<em>op.cit.</em>), moins de vingt ans apr&egrave;s l&rsquo;entr&eacute;e de l&rsquo;espagnol dans le syst&egrave;me &eacute;ducatif br&eacute;silien, les nouvelles lois l&rsquo;ont fait compl&egrave;tement dispara&icirc;tre du panorama &eacute;ducatif national. Selon ce m&ecirc;me auteur, il faudra attendre les ann&eacute;es 1980 pour que l&rsquo;espagnol fasse &agrave; nouveau irruption dans le syst&egrave;me &eacute;ducatif br&eacute;silien, gr&acirc;ce notamment au travail des associations de professeurs d&rsquo;espagnol qui commencent &agrave; voir le jour dans les diff&eacute;rents &Eacute;tats du Br&eacute;sil<a href="#_ftn5" id="_ftnref">[5]</a>.</p> <p>Une nouvelle LDB, qui reste toujours d&rsquo;actualit&eacute;, est promulgu&eacute;e en 1996. Celle-ci stipule que l&rsquo;enseignement d&rsquo;au moins une langue &eacute;trang&egrave;re est obligatoire &agrave; partir de la 5&egrave;me ann&eacute;e (&eacute;l&egrave;ves de dix ans) de l&rsquo;&laquo;&nbsp;enseignement fondamental&nbsp;&raquo; (<em>ensino fundamental</em>). Le choix de la langue &eacute;trang&egrave;re reste l&rsquo;affaire de chaque centre &eacute;ducatif. En ce qui concerne le lyc&eacute;e (<em>ensino m&eacute;dio</em>), la loi stipule l&rsquo;enseignement obligatoire d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re, choisie par les centres &eacute;ducatifs, et l&rsquo;inclusion d&rsquo;une deuxi&egrave;me langue &eacute;trang&egrave;re de caract&egrave;re optionnel dans la mesure des possibilit&eacute;s de chaque centre. Cette nouvelle loi implique une &eacute;volution positive par rapport aux lois pr&eacute;c&eacute;dentes, mais ne change en rien la supr&eacute;matie de l&rsquo;anglais dans le syst&egrave;me &eacute;ducatif br&eacute;silien. Il faut tout de m&ecirc;me reconna&icirc;tre que la possibilit&eacute; d&rsquo;opter pour une deuxi&egrave;me langue &eacute;trang&egrave;re offre un espace majeur &agrave; la langue espagnole<a href="#_ftn6" id="_ftnref">[6]</a>.&nbsp;&nbsp;</p> <p>L&rsquo;espagnol rena&icirc;t au Br&eacute;sil pendant les ann&eacute;es 1990 &laquo;&nbsp;tel un Ph&eacute;nix, il y a fort longtemps enterr&eacute; dans ses cendres fun&egrave;bres&nbsp;&raquo; (Lopes de Camargo, 2004&nbsp;: 139) en faisant irruption sur le devant de la sc&egrave;ne &eacute;ducative et dans l&rsquo;imaginaire br&eacute;silien<a href="#_ftn7" id="_ftnref">[7]</a>. La cr&eacute;ation du Mercosur est pour beaucoup dans le fait que l&rsquo;espagnol soit devenu une langue d&rsquo;enseignement prioritaire au Br&eacute;sil. Mais ce n&rsquo;est pas la seule raison de l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t montr&eacute; par les Br&eacute;siliens pour apprendre la langue espagnole. La forte pr&eacute;sence des entreprises espagnoles pendant ce qu&rsquo;on a appel&eacute; la&nbsp;<em>d&eacute;cennie dor&eacute;e</em>&nbsp;des investissements espagnols en Am&eacute;rique latine, a &eacute;galement &eacute;t&eacute; un facteur d&eacute;cisif pour l&rsquo;expansion de l&rsquo;espagnol dans ce pays (Garin, 2014a&nbsp;; Al&eacute;n Garabato, 2016).</p> <h3>1.2. La &laquo;&nbsp;loi de l&rsquo;espagnol&nbsp;&raquo;</h3> <p>L&rsquo;apparition et/ou la consolidation d&rsquo;int&eacute;grations r&eacute;gionales telles que le Mercosur et l&rsquo;Unasur<a href="#_ftn8" id="_ftnref">[8]</a>&nbsp;en Am&eacute;rique du Sud &agrave; partir des ann&eacute;es 90 a marqu&eacute; un tournant dans le domaine des politiques linguistiques et &eacute;ducatives nationales et r&eacute;gionales dans le sous-continent (Garin, 2016). Ce r&eacute;gionalisme renouvel&eacute; a suscit&eacute;, au fur et &agrave; mesure, une remise en question des r&ocirc;les et des espaces occup&eacute;s jusqu&rsquo;alors par les langues nationales, objets d&eacute;sormais de politiques linguistiques visant &agrave; leur promotion dans les pays voisins ayant d&rsquo;autres langues officielles (Arnoux, 2010). La volont&eacute; manifest&eacute;e par les &Eacute;tats sud-am&eacute;ricains de d&eacute;passer l&rsquo;int&eacute;gration purement &eacute;conomique et d&rsquo;avancer vers une int&eacute;gration r&eacute;gionale politique &ndash; dans le but notamment de renforcer la souverainet&eacute; et l&rsquo;ind&eacute;pendance des pays sud-am&eacute;ricains vis-&agrave;-vis des pays du Nord &ndash; soul&egrave;ve la question de la construction d&rsquo;une identit&eacute; et d&rsquo;une citoyennet&eacute; communes aux pays de l&rsquo;Am&eacute;rique du Sud<a href="#_ftn9" id="_ftnref">[9]</a>. L&rsquo;importance d&rsquo;apprendre la langue de l&rsquo;Autre, du voisin, afin de renforcer le sentiment d&rsquo;appartenance identitaire, mais surtout afin de fluidifier les contacts et les &eacute;changes entre &laquo;&nbsp;des peuples fr&egrave;res&nbsp;&raquo;, appara&icirc;t progressivement comme une &eacute;vidence<a href="#_ftn10" id="_ftnref">[10]</a>.</p> <p>La loi 11.161, appel&eacute;e populairement &laquo;&nbsp;loi de l&rsquo;espagnol&nbsp;&raquo; et approuv&eacute;e en 2005 par l&rsquo;ex-pr&eacute;sident du Br&eacute;sil, Luis In&aacute;cio Lula Da Silva, est l&rsquo;un des meilleurs exemples des actions glottopolitiques entreprises par les &Eacute;tats sud-am&eacute;ricains en faveur de l&rsquo;int&eacute;gration culturelle et linguistique de la r&eacute;gion (Barros&nbsp;<em>et al.</em>, 2016)<a href="#_ftn11" id="_ftnref">[11]</a>. Cette loi oblige les &eacute;tablissements de l&rsquo;enseignement secondaire br&eacute;silien &agrave; inclure la langue espagnole dans leur offre &eacute;ducative sans que son apprentissage soit pour autant obligatoire pour les &eacute;tudiants<a href="#_ftn12" id="_ftnref">[12]</a>. Jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;approbation de cette loi, il n&rsquo;existait aucune directive concernant le choix de la langue &eacute;trang&egrave;re &agrave; enseigner dans le syst&egrave;me &eacute;ducatif m&ecirc;me si dans les faits, la langue anglaise &eacute;tait la langue prioris&eacute;e dans la plupart des &eacute;tablissements scolaires<a href="#_ftn13" id="_ftnref">[13]</a>.</p> <p>L&rsquo;application de la loi 11.161 a rencontr&eacute; de multiples barri&egrave;res, au nombre desquelles les effectifs insuffisants d&rsquo;enseignants form&eacute;s en espagnol pour faire face assez rapidement &agrave; une demande grandissante. Il &eacute;tait pr&eacute;vu par la loi, qu&rsquo;au bout de cinq ans, c&rsquo;est-&agrave;-dire en 2010, elle devrait &ecirc;tre appliqu&eacute;e sur tout le territoire national, mais en 2010, cela &eacute;tait encore loin d&rsquo;&ecirc;tre le cas. Le fait que la politique linguistique de diffusion de l&rsquo;espagnol dans le syst&egrave;me &eacute;ducatif br&eacute;silien ait &eacute;t&eacute; une initiative du gouvernement f&eacute;d&eacute;ral mais que la planification linguistique en vue de son impl&eacute;mentation ait d&eacute;pendu du bon vouloir de chaque &eacute;tat br&eacute;silien a vraisemblablement mis un frein &agrave; une application homog&egrave;ne de la loi sur tout le territoire. Comme l&rsquo;affirme Boyer (2011) pour qu&rsquo;une politique linguistique &laquo;&nbsp;ne s&rsquo;arr&ecirc;te pas au stade des d&eacute;clarations et passe &agrave; l&rsquo;action, il faut qu&rsquo;elle mette en place un dispositif et des dispositions&nbsp;&raquo;, ce qui semble avoir manqu&eacute; dans le cas de la loi de l&rsquo;espagnol et qui explique, du moins partiellement, les in&eacute;galit&eacute;s entre les diff&eacute;rents &eacute;tats br&eacute;siliens quant &agrave; l&rsquo;application de la loi<a href="#_ftn14" id="_ftnref">[14]</a>. N&eacute;anmoins, les possibilit&eacute;s professionnelles qu&rsquo;offrait d&eacute;sormais l&rsquo;espagnol a provoqu&eacute; une augmentation fort consid&eacute;rable du nombre d&rsquo;&eacute;tudiants dans les fili&egrave;res hispaniques des universit&eacute;s. Selon les donn&eacute;es apport&eacute;es par Martinez-Cachero Laseca (<em>op.cit</em>.), 70% des fili&egrave;res hispaniques des universit&eacute;s br&eacute;siliennes ont vu le jour entre 1998 et 2008 (date de la publication de l&rsquo;&eacute;tude de l&rsquo;auteur). Les recherches sur la langue, la litt&eacute;rature et la civilisation hispaniques se sont &eacute;galement d&eacute;velopp&eacute;es comme cons&eacute;quence de l&rsquo;approbation de la loi, &agrave; un moment o&ugrave; l&rsquo;&Eacute;tat br&eacute;silien se donnait les moyens d&rsquo;investir dans l&rsquo;enseignement et la recherche universitaires.</p> <p>Bien que les pr&eacute;visions optimistes motiv&eacute;es par la mise en place de la loi ne soient pas forc&eacute;ment devenues une r&eacute;alit&eacute;, cette loi aura eu le m&eacute;rite de questionner l&rsquo;h&eacute;g&eacute;monie de la langue anglaise dans l&rsquo;enseignement, de valoriser par ricochet la diversit&eacute; linguistique et culturelle et d&rsquo;&eacute;largir l&rsquo;horizon des &eacute;tudiants en les projetant dans une dynamique r&eacute;gionale&nbsp;: &eacute;changes de plus en plus fluides avec les pays hispanophones, non seulement en termes &eacute;conomiques et commerciaux mais aussi culturels et &eacute;ducatifs. De nombreuses initiatives institutionnelles et universitaires font preuve du dynamisme acquis dans les &eacute;changes culturels et &eacute;ducatifs entre les pays de la r&eacute;gion. Par exemple, le programme &laquo;&nbsp;&Eacute;coles frontali&egrave;res bilingues et interculturelles &raquo; mis en place par le Mercosur Educativo &ndash; un espace de coordination des politiques &eacute;ducatives des pays associ&eacute;s et des pays membres du Mercosur &ndash; dont le but est d&rsquo;encourager l&rsquo;interculturalit&eacute; et de travailler sur le respect de l&rsquo;autre en faveur de l&rsquo;int&eacute;gration r&eacute;gionale par le biais d&rsquo;&eacute;changes entre instituteurs des communaut&eacute;s frontali&egrave;res entre le Br&eacute;sil et les pays hispanophones. Par ailleurs, les associations d&rsquo;enseignants d&rsquo;espagnol, de portugais et de guarani (les trois langues officielles du Mercosur) organisent, depuis 2010, des rencontres et des congr&egrave;s en partant de la conviction que&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Le d&eacute;veloppement de l&rsquo;enseignement de nos langues sud-am&eacute;ricaines, &agrave; diff&eacute;rents niveaux, et dans des domaines divers, ainsi que le d&eacute;veloppement des recherches effectu&eacute;es dans nos pays, constituent des instruments importants pour le processus d&rsquo;int&eacute;gration r&eacute;gionale, car les langues tissent des liens entre les peuples, au-del&agrave; des fronti&egrave;res des &Eacute;tats&nbsp;&raquo; (D&eacute;claration du 1er EAPLOM, 2010)<a href="#_ftn15" id="_ftnref">[15]</a>.</p> </blockquote> <p>Des initiatives universitaires int&eacute;ressantes ont &eacute;galement vu le jour&nbsp;: l&rsquo;Association d&rsquo;universit&eacute;s du groupe Montevideo (AUGM), cr&eacute;&eacute;e principalement dans le but de d&eacute;velopper les &eacute;changes acad&eacute;miques entre les universit&eacute;s de la r&eacute;gion<a href="#_ftn16" id="_ftnref">[16]</a>&nbsp;et l&rsquo;Universit&eacute; f&eacute;d&eacute;rale de l&rsquo;int&eacute;gration latino-am&eacute;ricaine (UNILA), cr&eacute;&eacute;e en 2010 suite &agrave; une proposition de l&rsquo;ex-pr&eacute;sident Lula da Silva. Cette universit&eacute; est bilingue &ndash; espagnol et portugais &ndash; et re&ccedil;oit 50% d&rsquo;&eacute;tudiants br&eacute;siliens et 50% d&rsquo;&eacute;tudiants venus d&rsquo;autres pays d&rsquo;Am&eacute;rique latine.</p> <h2>2. Les r&eacute;formes n&eacute;olib&eacute;rales de Michel Temer</h2> <p>Afin de comprendre les effets de la crise politique et &eacute;conomique actuelle sur l&rsquo;enseignement des langues &eacute;trang&egrave;res dans le syst&egrave;me &eacute;ducatif br&eacute;silien, deux facteurs principaux sont, &agrave; nos yeux, &agrave; prendre en consid&eacute;ration. Tout d&rsquo;abord, le caract&egrave;re ultralib&eacute;ral des mesures &eacute;conomiques destin&eacute;es &agrave; pallier la crise mises en place par le gouvernement de Temer. Ensuite, la tentative de d&eacute;construction de certaines actions entreprises par les gouvernements de Lula Da Silva et de Dilma Rousseff, notamment dans le domaine &eacute;ducatif en partie dans le but d&rsquo;avancer dans le processus d&rsquo;int&eacute;gration r&eacute;gionale, cher aux gouvernements du&nbsp;<em>Partido dos Trabalhadores</em>&nbsp;(PT)<a href="#_ftn17" id="_ftnref">[17]</a>. Ces deux facteurs nous semblent &ecirc;tre &agrave; l&rsquo;origine du positionnement du nouveau gouvernement vis-&agrave;-vis de l&rsquo;enseignement de l&rsquo;espagnol dans les coll&egrave;ges et lyc&eacute;es br&eacute;siliens.</p> <p>L&rsquo;une des premi&egrave;res d&eacute;cisions prises par le pr&eacute;sident Michel Temer lors de son arriv&eacute;e au pouvoir a &eacute;t&eacute; d&rsquo;abroger la&nbsp;<em>loi de l&rsquo;espagnol</em>, incompatible avec la&nbsp;<em>Mesure Provisoire</em>&nbsp;qu&rsquo;il a adopt&eacute;e afin de r&eacute;former l&rsquo;enseignement secondaire. D&eacute;sormais, la seule langue obligatoire est l&rsquo;anglais et l&rsquo;espagnol n&rsquo;est plus une option obligatoire m&ecirc;me si le texte affirme que d&rsquo;autres langues &eacute;trang&egrave;res peuvent &ecirc;tre propos&eacute;es aux &eacute;tudiants en plus de l&rsquo;anglais, de pr&eacute;f&eacute;rence l&rsquo;espagnol. En quoi consiste exactement la r&eacute;forme&nbsp;de Temer&nbsp;? La reforme propose d&rsquo;augmenter la journ&eacute;e scolaire &ndash; qui correspond &agrave; 800 heures annuelles actuellement &ndash; &agrave; 1000 heures annuelles dans une p&eacute;riode de cinq ans, l&rsquo;objectif final &eacute;tant d&rsquo;atteindre les 1400 heures par an. La r&eacute;forme envisage &eacute;galement de flexibiliser les mati&egrave;res enseign&eacute;es en proposant des itin&eacute;raires formatifs&nbsp;: langues, math&eacute;matiques, sciences de la nature, sciences humaines et sociales appliqu&eacute;es, formation technique et professionnelle. N&eacute;anmoins, toutes les &eacute;coles ne seront pas oblig&eacute;es de fournir l&rsquo;ensemble de ces options, mais au moins l&rsquo;un de ces itin&eacute;raires. La r&eacute;forme pr&eacute;voit de r&eacute;duire le nombre de mati&egrave;res obligatoires &agrave; la moiti&eacute; du curriculum, les seules mati&egrave;res obligatoires pendant les trois ann&eacute;es de lyc&eacute;e seront le portugais, l&rsquo;anglais et les math&eacute;matiques, &eacute;liminant ainsi la sociologie, la philosophie, les arts et le sport, obligatoires jusqu&rsquo;&agrave; pr&eacute;sent. Le reste de mati&egrave;res serait optionnel et les &eacute;tudiants libres de choisir. Par ailleurs, la r&eacute;forme r&eacute;duit les exigences quant &agrave; la formation des enseignants. Des intervenants externes comp&eacute;tents dans un domaine pourront enseigner, notamment dans le parcours technique et professionnel, sans avoir une licence dans la discipline. Cela &eacute;tait d&eacute;j&agrave; le cas dans de nombreuses &eacute;coles qui peinaient &agrave; trouver des enseignants form&eacute;s &agrave; certaines disciplines, mais la r&eacute;forme institutionnaliserait cette pratique fortement critiqu&eacute;e par de nombreux enseignants. De plus, des professionnels n&rsquo;ayant pas obtenu une licence (minimum n&eacute;cessaire aujourd&rsquo;hui pour enseigner au lyc&eacute;e), mais un autre dipl&ocirc;me d&rsquo;&eacute;tudes sup&eacute;rieures, pourront intervenir dans le secondaire &agrave; condition de faire une formation en p&eacute;dagogie.&nbsp;&nbsp;</p> <p>L&rsquo;argument apport&eacute; par le Minist&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;ducation (MEC) br&eacute;silien pour expliquer l&rsquo;obligation de l&rsquo;apprentissage de la langue anglaise est qu&rsquo;il s&rsquo;agit &laquo;&nbsp;de la langue la plus r&eacute;pandue et la plus enseign&eacute;e dans le monde entier&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn18" id="_ftnref">[18]</a>. Nul ne peut nier la part de v&eacute;rit&eacute; qui r&eacute;side dans cette affirmation, mais il nous semble qu&rsquo;une motivation d&rsquo;ordre id&eacute;ologique entre &eacute;galement en jeu dans cette d&eacute;cision. Les r&eacute;formes &eacute;conomiques entreprises par Michel Temer au nombre desquelles de tr&egrave;s nombreuses privatisations<a href="#_ftn19" id="_ftnref">[19]</a>et des mesures d&rsquo;aust&eacute;rit&eacute; impopulaires aupr&egrave;s de la population, mais jug&eacute;es n&eacute;cessaires pour regagner la confiance des march&eacute;s s&rsquo;inscrivent clairement dans une logique n&eacute;olib&eacute;rale de gestion de la crise. Il est aujourd&rsquo;hui impossible de dissocier l&rsquo;h&eacute;g&eacute;monie de ce mod&egrave;le politique et &eacute;conomique unique qu&rsquo;est le n&eacute;olib&eacute;ralisme de l&rsquo;h&eacute;g&eacute;monie de la langue anglaise, car comme l&rsquo;affirme Migdalias&nbsp;(2016&nbsp;:105)&nbsp;: &laquo;&nbsp;ces deux forces entrem&ecirc;l&eacute;es sont &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre dans le monde entier et donnent d&eacute;sormais l&rsquo;illusion d&rsquo;&ecirc;tre in&eacute;vitables, tant sur le plan politique que linguistique&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est cette in&eacute;vitabilit&eacute; de l&rsquo;enseignement obligatoire de l&rsquo;anglais que met justement en avant le gouvernement.</p> <p>Le positionnement du gouvernement actuel par rapport &agrave; l&rsquo;enseignement de l&rsquo;espagnol et, par cons&eacute;quent, par rapport &agrave; une int&eacute;gration r&eacute;gionale qui d&eacute;passerait les motivations purement &eacute;conomiques peut se d&eacute;duire non seulement de l&rsquo;abrogation de la loi de l&rsquo;espagnol, mais aussi de la volont&eacute; de mettre fin &agrave; l&rsquo;UNILA (Universit&eacute; f&eacute;d&eacute;rale de l&rsquo;int&eacute;gration latino-am&eacute;ricaine). Un d&eacute;put&eacute; f&eacute;d&eacute;ral appartenant au PMDB<a href="#_ftn20" id="_ftnref">[20]</a>, le parti du pr&eacute;sident Temer, a propos&eacute;, en juillet 2017, un amendement &agrave; la Mesure Provisoire n&deg;785, portant sur le financement des &eacute;tudes universitaires. Il demandait la transformation de l&rsquo;UNILA en &laquo;&nbsp;Universit&eacute; f&eacute;d&eacute;rale de l&rsquo;Ouest du Parana&nbsp;&raquo;, la d&eacute;poss&eacute;dant ainsi de son identit&eacute; et de sa vocation premi&egrave;re&nbsp;: favoriser l&rsquo;int&eacute;gration r&eacute;gionale et cr&eacute;er une masse critique capable d&rsquo;apporter des r&eacute;ponses aux vuln&eacute;rabilit&eacute;s propres &agrave; l&rsquo;Am&eacute;rique latine. Selon les opposants &agrave; l&rsquo;amendement, l&rsquo;objectif du d&eacute;put&eacute; &eacute;tait de transformer l&rsquo;UNILA en une universit&eacute; destin&eacute;e &agrave; la formation de main-d&rsquo;&oelig;uvre pour le business de l&rsquo;agro-alimentaire. Certains affirment &eacute;galement que ce projet est la preuve du d&eacute;sint&eacute;r&ecirc;t du gouvernement pour le sous-continent et de son travail en faveur des puissances &eacute;conomiques du Nord. Finalement, apr&egrave;s une intense mobilisation du monde acad&eacute;mique, le d&eacute;put&eacute; finira par retirer son projet d&rsquo;amendement<a href="#_ftn21" id="_ftnref">[21]</a>. &Agrave; la lumi&egrave;re des &eacute;v&eacute;nements analys&eacute;s jusqu&rsquo;ici, il est possible d&rsquo;affirmer que les changements politiques et id&eacute;ologiques provoqu&eacute;s par la crise politico-&eacute;conomique br&eacute;silienne sont effectivement en train d&rsquo;affecter l&rsquo;enseignement des langues &eacute;trang&egrave;res dans le pays. La d&eacute;rogation de la&nbsp;<em>loi de l&rsquo;espagnol</em>&nbsp;et le projet de d&eacute;mant&egrave;lement de l&rsquo;UNILA sont en ce sens exemplaires et montrent que questionner les troubles g&eacute;opolitiques et g&eacute;o&eacute;conomiques &agrave; travers le prisme de l&rsquo;&eacute;ducation est une d&eacute;marche toute &agrave; fait pertinente.</p> <h2>3. Un contre-pouvoir&nbsp;: les associations d&rsquo;enseignants d&rsquo;espagnol</h2> <p>Nous avons vu auparavant (1.1) que les associations d&rsquo;enseignants d&rsquo;espagnol ont jou&eacute; un r&ocirc;le non n&eacute;gligeable dans la diffusion de la langue et de la cultures hispaniques au Br&eacute;sil et que les efforts qu&rsquo;elles ont fournis ont permis &agrave; l&rsquo;espagnol d&rsquo;occuper une place plus avantageuse au sein du syst&egrave;me &eacute;ducatif br&eacute;silien. Il &eacute;tait donc pr&eacute;visible que les r&eacute;formes de l&rsquo;administration Temer susciteraient des r&eacute;actions aupr&egrave;s de ces collectifs d&rsquo;enseignants. Les r&eacute;seaux sociaux, les listes de discussions destin&eacute;es aux enseignants, les p&eacute;titions publiques et les sites internet des associations d&rsquo;hispanistes et d&rsquo;enseignants d&rsquo;espagnol ont &eacute;t&eacute; les moyens privil&eacute;gi&eacute;s pour exprimer leur d&eacute;saccord et leur m&eacute;contentement par rapport &agrave; la r&eacute;forme &eacute;ducative et &agrave; la nouvelle place qu&rsquo;elle r&eacute;serve &agrave; la langue espagnole. Nous avons retenu quelques documents publi&eacute;s par ces collectifs depuis l&rsquo;abrogation de la loi de l&rsquo;espagnol, afin de nous int&eacute;resser aux arguments qui y sont expos&eacute;s, d&rsquo;une part, pour critiquer les r&eacute;formes du gouvernement, et d&rsquo;autre part, pour d&eacute;fendre une pr&eacute;sence majeure de l&rsquo;espagnol dans les salles de classe br&eacute;siliennes<a href="#_ftn22" id="_ftnref">[22]</a>.</p> <p>Nous avons retenu cinq points sur lesquels reviennent les r&eacute;dacteurs des documents analys&eacute;s. Ils d&eacute;noncent, au-del&agrave; du contenu m&ecirc;me de la reforma do ensino m&eacute;dio, la fa&ccedil;on dont elle a &eacute;t&eacute; adopt&eacute;e&nbsp;: &laquo;&nbsp; nous rejetons l&rsquo;action et le processus ayant conduit &agrave; son acceptation&nbsp;&raquo; (doc.3)<a href="#_ftn23" id="_ftnref">[23]</a>. Le fait d&rsquo;avoir introduit cette r&eacute;forme au moyen d&rsquo;une&nbsp;<em>Mesure Provisoire</em>&nbsp;&ndash; &agrave; laquelle on devrait avoir recours, selon la Constitution br&eacute;silienne, uniquement lorsqu&rsquo;une situation rev&ecirc;t un caract&egrave;re urgent ou tr&egrave;s relevant &ndash; est jug&eacute; &laquo;&nbsp;anti-d&eacute;mocratique&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;autoritaire&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;arbitraire&nbsp;&raquo; par les associations d&rsquo;enseignants. Ils estiment qu&rsquo;une r&eacute;forme &eacute;ducative de cette taille aurait m&eacute;rit&eacute; une plus large diffusion et que le projet aurait d&ucirc; &ecirc;tre soumis &agrave; un d&eacute;bat public, donnant ainsi la parole &agrave; la soci&eacute;t&eacute; en g&eacute;n&eacute;ral, et aux sp&eacute;cialistes et acteurs du secteur &eacute;ducatif en particulier.</p> <p>Un deuxi&egrave;me aspect de la r&eacute;forme contest&eacute; par les associations est la flexibilisation des conditions n&eacute;cessaires pour &ecirc;tre recrut&eacute; en tant qu&rsquo;enseignant, car elle remettrait en question la valeur des dipl&ocirc;mes de&nbsp;<em>Licenciatura</em>, qui ont pour vocation de former les futurs enseignants. Par ailleurs, ils affirment que cette mesure du gouvernement va de pair avec le d&eacute;mant&egrave;lement des universit&eacute;s publiques, cons&eacute;quence des nouvelles mesures &eacute;conomiques du gouvernement de Temer&nbsp;: r&eacute;duction des aides financi&egrave;res destin&eacute;es aux &eacute;tudiants, r&eacute;duction des aides &agrave; la recherche et &agrave; la formation des enseignants, projets de privatisation de l&rsquo;universit&eacute; publique, etc. (doc.2).</p> <p>Les enseignants prennent &eacute;galement position contre la d&eacute;cision du gouvernement d&rsquo;&eacute;liminer du curriculum de l&rsquo;enseignement secondaire les arts et le sport et de rendre facultatif l&rsquo;enseignement de la sociologie et de la philosophie. Ils affirment que ces disciplines, tout autant que les langues &eacute;trang&egrave;res, contribuent &agrave; la &laquo;&nbsp;formation citoyenne et &agrave; la construction de la pens&eacute;e critique, deux pr&eacute;misses indispensables &agrave; toute d&eacute;mocratie&nbsp;&raquo; (doc.1)<a href="#_ftn24" id="_ftnref">[24]</a>. Selon eux, la r&eacute;forme de Temer favorise un enseignement &laquo;&nbsp;techniciste et professionnalisant&nbsp;&raquo; qui limite les opportunit&eacute;s qui s&rsquo;offrent aux &eacute;tudiants. Cette vision de l&rsquo;&eacute;ducation leur semble r&eacute;ductrice et susceptible d&rsquo;engendrer des in&eacute;galit&eacute;s importantes entre les &eacute;tudiants form&eacute;s au sein des &eacute;tablissements publics et ceux scolaris&eacute;s dans le secteur priv&eacute;. Les &eacute;tablissements qui b&eacute;n&eacute;ficient de plus de moyens &eacute;conomiques pourront proposer aux &eacute;tudiants tous les itin&eacute;raires&nbsp;<em>formatifs</em>&nbsp;pr&eacute;vus par la r&eacute;forme, un &eacute;ventail plus large de mati&egrave;res, d&rsquo;autres langues &eacute;trang&egrave;res que l&rsquo;anglais, etc. Au lieu de r&eacute;duire la br&egrave;che de l&rsquo;in&eacute;galit&eacute;, le syst&egrave;me &eacute;ducatif finirait donc par la creuser davantage.</p> <p>Bien &eacute;videmment, un autre point soulev&eacute; dans les documents &eacute;tudi&eacute;s est la place qu&rsquo;occupera d&eacute;sormais l&rsquo;espagnol dans le curriculum et l&rsquo;abrogation de la Loi 11.161/2005. Deux questions reviennent dans les textes&nbsp;: d&rsquo;une part, celle de la promotion du plurilinguisme et de l&rsquo;interculturalit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;cole et, d&rsquo;autre part, celle de l&rsquo;importance d&rsquo;&oelig;uvrer en faveur de l&rsquo;int&eacute;gration r&eacute;gionale. Les deux sont &eacute;troitement li&eacute;es dans l&rsquo;argumentation des enseignants. Le caract&egrave;re obligatoire de l&rsquo;enseignement/apprentissage de la langue anglaise repr&eacute;sente, aux yeux des membres des associations d&rsquo;enseignants d&rsquo;espagnol, &laquo;&nbsp;un geste d&rsquo;&eacute;loignement&nbsp;&raquo; (doc.3)<a href="#_ftn25" id="_ftnref">[25]</a>&nbsp;de la part du gouvernement br&eacute;silien vis-&agrave;-vis des pays voisins hispanophones et de politiques d&rsquo;int&eacute;gration r&eacute;gionale mises en place dans le cadre du Mercosur depuis des nombreuses ann&eacute;es. Par ailleurs, cette mesure mettrait un frein au d&eacute;veloppement du plurilinguisme, qui selon eux, va de pair avec une &eacute;ducation critique, citoyenne, d&eacute;mocratique et int&eacute;gratrice (doc.4). Il r&eacute;sulte donc &eacute;vident que les enseignants d&rsquo;espagnol ne s&rsquo;opposent nullement &agrave; l&rsquo;enseignement de l&rsquo;anglais dans les coll&egrave;ges et lyc&eacute;es br&eacute;siliens, loin s&rsquo;en faut, mais ils r&eacute;clament un espace majeur pour la langue espagnole, une langue dont l&rsquo;apprentissage serait indispensable dans le contexte g&eacute;opolitique du Br&eacute;sil&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;l&rsquo;enseignement de la langue espagnole nous donne l&rsquo;opportunit&eacute; de nous rapprocher de nos fronti&egrave;res et de nous faire une conception du Br&eacute;sil en tant que pays int&eacute;gr&eacute; aux niveaux linguistique, politique, &eacute;conomique et historique&nbsp;&raquo; (doc. 3)<a href="#_ftn26" id="_ftnref">[26]</a>.</p> </blockquote> <p>De plus, l&rsquo;apprentissage de la langue espagnole permettrait d&rsquo;approfondir les r&eacute;flexions sur ce que signifie d&rsquo;&ecirc;tre Br&eacute;silien et Latino-am&eacute;ricain aujourd&rsquo;hui en adoptant une d&eacute;marche interculturelle qui faciliterait la compr&eacute;hension de soi et de l&rsquo;autre&nbsp;: &laquo;&nbsp;renforcer une conception interculturelle n&eacute;cessaire &agrave; [l&rsquo;]int&eacute;gration, &agrave; travers laquelle nous comprendre en tant que Br&eacute;siliens&nbsp;&raquo; (doc.3)<a href="#_ftn27" id="_ftnref">[27]</a>.</p> <h2>Remarques conclusives</h2> <p>Il est encore difficile de mesurer l&rsquo;impact que la crise &eacute;conomique et politique br&eacute;silienne aura sur l&rsquo;enseignement des langues dans le pays &agrave; long terme. N&eacute;anmoins, les changements qui se sont produits r&eacute;cemment en la mati&egrave;re montrent qu&rsquo;elle ne sera pas sans effet sur la formation linguistique des jeunes br&eacute;siliens, du moins de ceux dont la condition socio-&eacute;conomique ne leur permet pas de se former en dehors du syst&egrave;me &eacute;ducatif public. En outre, les changements politiques qui ont eu lieu dans le pays ces derniers mois montrent &agrave; quel point les politiques linguistiques institutionnelles d&eacute;pendent et proviennent de politiques non linguistiques, qu&rsquo;elles soient &eacute;conomiques, &eacute;ducatives, juridiques, etc. (Blanchet, 2008), et montrent, par ailleurs, la corr&eacute;lation existante entre les id&eacute;ologies d&rsquo;ordre politico-&eacute;conomiques et celles d&rsquo;ordre linguistique. Comme mentionn&eacute; auparavant, la place attribu&eacute;e &agrave; la langue anglaise par la r&eacute;forme de Temer doit &ecirc;tre interpr&eacute;t&eacute;e en rapport avec le mod&egrave;le socio-&eacute;conomique qu&rsquo;il d&eacute;fend. Cependant, les raisons ayant conduit &agrave; l&rsquo;abrogation de la loi de l&rsquo;espagnol sont, &agrave; notre sens, &agrave; chercher du c&ocirc;t&eacute; des positionnements partisans par rapport &agrave; l&rsquo;int&eacute;gration r&eacute;gionale. Au terme de cette &eacute;tude, plusieurs questions restent ouvertes&nbsp;: la nouvelle r&eacute;forme de l&rsquo;enseignement secondaire conduira-t-elle &agrave; une invisibilisation de la langue espagnole et &agrave; un passage au tout anglais&nbsp;? Quelles r&eacute;percussions aura-t-elle sur les repr&eacute;sentations des apprenants &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de la langue des pays voisins&nbsp;? Et &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des autres langues&nbsp;? Les associations d&rsquo;enseignants d&rsquo;espagnol et les hispanistes br&eacute;siliens, arriveront-ils &agrave; changer le cours de la r&eacute;forme&nbsp;? C&rsquo;est une affaire &agrave; suivre&hellip;</p> <h2>Bibliographie</h2> <p>AL&Eacute;N GARABATO, Carmen, &laquo;&nbsp;Norme linguistique et strat&eacute;gie &eacute;conomique&nbsp;: regard sur la politique linguistique panhispanique de l&rsquo;Espagne&nbsp;&raquo;, dans Ksenija Djordjević L&eacute;onard, Virginia Garin (dir.),&nbsp;<em>Contacts ou (conflits) de langues en contexte postcommuniste et postcolonial</em>&nbsp;Montpellier, Presses Universitaires de la M&eacute;diterran&eacute;e, 2016, p. 161-178.</p> <p>ARNOUX NARVAJA de, Elvira, &laquo;&nbsp;Representaciones socioling&uuml;&iacute;sticas y construcci&oacute;n de identidades colectivas en el Mercosur&nbsp;&raquo;, dans Maria Teresa Celada, Adri&aacute;n Fanjul, Susana Nothstein (dir.),&nbsp;<em>Lenguas en un espacio de integraci&oacute;n. Acontecimientos, acciones, representaciones</em>, Buenos Aires, Biblos, 2010, p. 17-38.</p> <p>BARROS, Cristiano, COSTA, Elzimar, GALV&Atilde;O, Janaina (org.)&nbsp;<em>Dez anos da &laquo; Lei do Espanhol&nbsp;</em>&raquo; (2005-2015), Belo Horizonte, FALE/UFMG, 2016.</p> <p>BLANCHET, Philippe, &laquo;&nbsp;La n&eacute;cessaire &eacute;valuation des politiques linguistiques entre complexit&eacute;, relativit&eacute; et significativit&eacute; des indicateurs&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Les cahiers du GEPE</em>&nbsp;n&deg;1. Accessible en ligne&nbsp;:&nbsp;<a href="http://www.cahiersdugepe.fr/">http://www.cahiersdugepe.fr</a>&nbsp;/index.php?id=898</p> <p>BOYER, Henri, &laquo;&nbsp;Introduction&nbsp;&raquo;, dans&nbsp;<em>Gestion des plurilinguismes</em>, module de l&rsquo;Universit&eacute; ouverte des humanit&eacute;s. Accessible sur :&nbsp;<a href="http://www.univ-montp3.fr/uoh/">http://www.univ-montp3.fr/uoh/</a>&nbsp;politiques_ linguistiques/co/module_ Po%20Ling_4.html, 2011.</p> <p>CASTELANO RODRIGUES, Fernanda, &laquo; V&atilde;o as leis onde querem os reis&nbsp;: antecedentes da Lei n&deg; 11.161/2005 &raquo;, dans Cristiano Barros, Elzimar Costa, Janaina Galv&atilde;o (org.),&nbsp;<em>Dez anos da &ldquo;Lei do Espanhol&rdquo; (2005-2015)</em>, Belo Horizonte, FALE/UFGM, 2016, p. 31-46.</p> <p>GARIN, Virginia, &laquo;&nbsp;Discours, normes et pouvoirs en hispanophonie. L&rsquo;exemple de la promotion de l&rsquo;espagnol au Br&eacute;sil&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Mots. Les langages du politique</em>&nbsp;n&deg;106 Regards sur le post-colonialisme linguistique, 2014a, p. 43-57.</p> <p>GARIN, Virginia, &laquo; Comment occulter une minorit&eacute; en essayant de la rendre visible &nbsp;? Le cas des locuteurs du portugais de l&rsquo;Uruguay&nbsp;&raquo;, dans Ksenija Djordjević L&eacute;onard (dir.),&nbsp;<em>Les minorit&eacute;s invisibles : diversit&eacute; et complexit&eacute; (ethno)sociolinguistiques</em>, Paris, Michel Houdiard &eacute;diteur, 2014b, p. 305-318.</p> <p>GARIN, Virginia, &laquo;&nbsp;La gestion des langues en Am&eacute;rique latine : le cas de l&rsquo;espagnol et du portugais au sein des int&eacute;grations r&eacute;gionales&nbsp;&raquo;, dans Ksenija Djordjević L&eacute;onard, Virginia Garin (dir.),&nbsp;<em>Contacts ou (conflits) de langues en contexte postcommuniste et postcolonial</em>&nbsp;Montpellier, Presses Universitaires de la M&eacute;diterran&eacute;e, 2016, p. 179-203.</p> <p>KLEIN, Herbert,&nbsp;<em>La inmigraci&oacute;n espa&ntilde;ola en Brasil</em>, Colombres, Fundaci&oacute;n Archivo de Indianos, 1996.</p> <p>LEFFA, Vilson, &laquo; O ensino de l&iacute;nguas estrangeiras no contexto nacional &raquo;,&nbsp;<em>Contexturas, APLIESP</em>&nbsp;n&deg;4, 1999, p. 13-24. Accessible en ligne :&nbsp;<a href="http://www.leffa.pro.br/textos/">http://www.leffa.pro.br/textos/</a>&nbsp;trabalhos /oensle.pdf</p> <p>L&Eacute;ONARD, Jean L&eacute;o, &laquo;&nbsp;Sym&eacute;tries et asym&eacute;tries tactiques dans la gestion post-totalitaire du multilinguisme&nbsp;&raquo;, dans Ksenija Djordjević L&eacute;onard, Virginia Garin (dir.),&nbsp;<em>Contacts ou (conflits) de langues en contexte postcommuniste et postcolonial</em>, Montpellier, Presses Universitaires de la M&eacute;diterran&eacute;e, 2016, p. 17-39.</p> <p>LOPES DE CAMARGO, Moacir, &laquo; O ensino do espa&ntilde;ol no Brasil: um pouco de sua hist&oacute;ria &nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>Trabalhos en Ling&uuml;&iacute;stica Aplicada</em>&nbsp;n&deg;43, 2004, p. 139-149. Accesible en ligne&nbsp;:&nbsp;<a href="http://www.scielo.br/pdf/tla/v43n1/a11v43n1.pdf">http://www.scielo.br/pdf/tla/v43n1/a11v43n1.pdf</a></p> <p>MART&Iacute;NEZ-CACHERO LASECA, &Aacute;lvaro,&nbsp;<em>La ense&ntilde;anza del espa&ntilde;ol en el sistema educativo brasile&ntilde;o</em>, Brasilia, Embajada de Espa&ntilde;a en Brasil, coll. Orellana, 2008.</p> <p>MIGDALIAS, Nikoleta, &laquo;&nbsp;Le n&eacute;olib&eacute;ralisme mondialis&eacute;&nbsp;: un obstacle &agrave; la diversit&eacute; linguistique&nbsp;?, dans Ksenija Djordjević L&eacute;onard, Virginia Garin (dir.),&nbsp;<em>Contacts ou (conflits) de langues en contexte postcommuniste et postcolonial</em>, Montpellier, Presses Universitaires de la M&eacute;diterran&eacute;e, 2016, p. 105-137.</p> <p>MORENO FERN&Aacute;NDEZ, Francisco, &laquo; El espa&ntilde;ol en Brasil &raquo;, dans Jo&atilde;o Sedycias (org.)&nbsp;<em>O ensino do espanhol no Brasil. Passado, presente, futuro</em>, S&atilde;o Paulo, Par&aacute;bola, 2005, p. 14-34).</p> <p>MORENO FERN&Aacute;NDEZ, Francisco, OTERO ROTH, Jaime,&nbsp;<em>Atlas de la lengua espa&ntilde;ola en el mundo</em>, Barcelone , Ariel, 2008 (2007).</p> <p>PEDERZOLLI CAVALHEIRO, Ana, &laquo; Ensino do espanhol no Brasil : o pol&iacute;tico e o lingu&iacute;stico nas orienta&ccedil;&otilde;es curriculares nacionais para o ensino m&eacute;dio &raquo;,&nbsp;<em>Revista digital de pol&iacute;ticas lingu&iacute;sticas</em>&nbsp;n&deg;5, 2013, p. 71-85.</p> <p>TEIXEIRA, Edilson, &laquo;&nbsp;Langues en contact&nbsp;: le cas du portugais et du portugnol dans l&rsquo;histoire et l&rsquo;&eacute;ducation de l&rsquo;Uruguay&nbsp;&raquo;, dans Ksenija Djordjevic, Virginia Garin (dir.)&nbsp;<em>Contacts (ou conflits) de langues en contexte postcommuniste et postcolonial</em>, Montpellier, Presses universitaires de la M&eacute;diterran&eacute;e, 2016, p. 203-226.</p> <h2>Notes&nbsp;</h2> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn1">[1]</a>&nbsp;Le projet de r&eacute;forme de l&rsquo;&laquo;&nbsp;ensino m&eacute;dio&nbsp;&raquo;, qui correspond aux ann&eacute;es de lyc&eacute;e en France, a &eacute;t&eacute; pr&eacute;sent&eacute; fin 2016 par Michel Temer devant le Congr&egrave;s national par une &laquo;&nbsp;Mesure Provisoire&nbsp;&raquo; (<em>medida provis&oacute;ria</em>) ce qui a d&eacute;clench&eacute; une vague de protestations chez les enseignants et surtout chez les &eacute;tudiants qui ont occup&eacute; de nombreux &eacute;tablissements scolaires. Au-del&agrave; du contenu, c&rsquo;est la forme qui a &eacute;t&eacute; critiqu&eacute;e, car la &laquo;&nbsp;Mesure Provisoire&nbsp;&raquo; emp&ecirc;che toute sorte de consultation populaire et de discussion avec les principaux concern&eacute;s. Une&nbsp;<em>medida provis&oacute;ria</em>&nbsp;est un acte unipersonnel du pr&eacute;sident de la R&eacute;publique et qui a force de loi&nbsp;; ce n&rsquo;est que post&eacute;rieurement que le pouvoir l&eacute;gislatif est appel&eacute; &agrave; discuter et &agrave; approuver la mesure en question.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn2">[2]</a>&nbsp;Elle est accus&eacute;e d&rsquo;avoir viol&eacute; la loi de finances en maquillant des comptes publics afin de masquer l&rsquo;ampleur du d&eacute;ficit. Cependant, elle n&rsquo;&eacute;tait pas soup&ccedil;onn&eacute;e de corruption &agrave; titre personnel, contrairement &agrave; de nombreuses figures politiques br&eacute;siliennes.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn3">[3]</a>&nbsp;Une troisi&egrave;me mesure &ndash; tout aussi pol&eacute;mique que la r&eacute;forme scolaire et le PEC 241 &ndash; mise en place par le gouvernement de Temer est le projet de loi du programme &laquo;&nbsp;Escola sem partido&nbsp;&raquo;, l&rsquo;&Eacute;cole sans parti. Ce programme vise &agrave; afficher de mani&egrave;re obligatoire et dans chaque salle de classe une charte avec les &laquo;&nbsp;devoirs de l&rsquo;enseignant&nbsp;&raquo;. En quelques mots, cette charte emp&ecirc;che le professeur de se prononcer personnellement sur un certain nombre de sujets, notamment politiques, afin d&rsquo;&eacute;viter que son avis personnel n&rsquo;influence les &eacute;tudiants. Selon les d&eacute;tracteurs du programme, il s&rsquo;agit d&rsquo;une mesure hautement conservatrice qui cherche &agrave; mettre fin aux d&eacute;bats autour de la tol&eacute;rance religieuse et de la th&eacute;orie et la politique du genre, entre autres. Par contre, pour les porteurs du projet, il s&rsquo;agit de baser l&rsquo;&eacute;ducation nationale sur cinq principes&nbsp;: la neutralit&eacute; politique, id&eacute;ologique et religieuse ; la libert&eacute; de conscience et de croyance ; la conscience de la vuln&eacute;rabilit&eacute; des &eacute;l&egrave;ves et le droit des parents que leurs enfants re&ccedil;oivent une &eacute;ducation morale et fid&egrave;le &agrave; leurs propres convictions. Pour plus d&rsquo;informations sur le programme et sur le contenu de la charte, voir le site internet officiel du projet de loi&nbsp;:&nbsp;<a href="https://www.programaescolasempartido.org/">https://www.programaescolasempartido.org</a>.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn4">[4]</a>&nbsp;<em>Mercado com&uacute;n del Sur</em>, form&eacute; en 1991. Aujourd&rsquo;hui, les &Eacute;tats membres sont l&rsquo;Argentine, le Br&eacute;sil, le Paraguay et l&rsquo;Uruguay (membres fondateurs). La Bolivie est en processus d&rsquo;adh&eacute;sion et le Venezuela, membre &agrave; part enti&egrave;re, a r&eacute;cemment &eacute;t&eacute; suspendu pour &laquo;&nbsp;rupture de l&rsquo;ordre d&eacute;mocratique&nbsp;&raquo;. Les &Eacute;tats associ&eacute;s sont le Chili, la Colombie, le P&eacute;rou et l&rsquo;&Eacute;quateur. L&rsquo;admission de la Guyane et du Suriname en tant que membres associ&eacute;s du Mercosur est en cours de ratification. Information disponible sur&nbsp;<a href="http://www.mercosur.int/">http://www.mercosur.int/</a>.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn5">[5]</a>&nbsp;L&rsquo;Association des professeurs d&rsquo;espagnol de l&rsquo;&Eacute;tat de Rio de Janeiro est cr&eacute;&eacute;e en 1981, suivie de celle de S&atilde;o Paulo, en 1983. Actuellement, chaque &Eacute;tat br&eacute;silien dispose d&rsquo;une association de professeurs d&rsquo;espagnol. Il existe &eacute;galement un secr&eacute;tariat national des associations des professeurs d&rsquo;espagnol du Br&eacute;sil (SeNacAPE) ainsi qu&rsquo;une association br&eacute;silienne d&rsquo;hispanistes (ABH).</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn6">[6]</a>&nbsp;Pour plus de d&eacute;tails concernant l&rsquo;histoire de l&rsquo;enseignement de l&rsquo;espagnol au Br&eacute;sil, voir notamment Moreno Fern&aacute;ndez (2005), Mart&iacute;nez-Cachero Laseca (2008), Lopes de Camargo (2004) et Pederzolli Cavalheiro (2013).</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn7">[7]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;Como se fosse uma F&ecirc;nix, h&aacute; muito sepultada em suas cinzas f&uacute;nebres, o espanhol renasce, nos anos 90, com uma enorme vitalidade e ganha, cada vez mais, espa&ccedil;o no cen&aacute;rio educacional e no imagin&aacute;rio brasileiro&nbsp;&raquo; (toutes les traductions sont les n&ocirc;tres).</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn8">[8]</a>&nbsp;Union des nations sud-am&eacute;ricaines. L&rsquo;Unasur, anciennement connue sous le nom de Communaut&eacute; sud-am&eacute;ricaine des Nations, est une organisation intergouvernementale cr&eacute;&eacute;e en 2008 dans le but de construire &laquo;&nbsp;un espace d&rsquo;int&eacute;gration dans le domaine culturel, &eacute;conomique, social et politique &raquo; (<a href="http://www.unasursg.org/">http://www.unasursg.org</a>&nbsp;/es/quienes-somos, consult&eacute; en septembre 2017). Elle est compos&eacute;e des douze &Eacute;tats sud-am&eacute;ricains&nbsp;: l&rsquo;Argentine, la Bolivie, le Br&eacute;sil, le Chili, la Colombie, l&rsquo;&Eacute;quateur, la Guyane, le Paraguay, le P&eacute;rou, le Suriname, l&rsquo;Uruguay et le Venezuela.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn9">[9]</a>&nbsp;Cette volont&eacute; est exprim&eacute;e noir sur blanc dans le trait&eacute; qui donne naissance &agrave; l&rsquo;Unasur dans lequel les pays membres affirment leur d&eacute;termination &agrave; &laquo;&nbsp;construire une identit&eacute; et une citoyennet&eacute; sud-am&eacute;ricaines&nbsp;&raquo; ainsi qu&rsquo;&agrave; d&eacute;velopper un espace int&eacute;gr&eacute; afin de contribuer au renforcement de l&rsquo;unit&eacute; de l&rsquo;Am&eacute;rique latine et de la Cara&iuml;be. Disponible sur&nbsp;:&nbsp;<a href="http://www.unasursg.org/images/descargas/DOCUMENTOS%20CONSTITUTIVOS%20DE%">http://www.unasursg.org/images/descargas/DOCUMENTOS%20CONSTITUTIVOS%20DE%</a>&nbsp;20UNASUR/Tratado-UNASUR-solo.pdf (consult&eacute; en septembre 2017).</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn10">[10]</a>&nbsp;Par exemple, dans le cas du Mercosur, les questions linguistiques ont &eacute;t&eacute; &eacute;voqu&eacute;es d&egrave;s sa cr&eacute;ation. Le point n&deg;4 du Protocole d&rsquo;intentions de d&eacute;cembre 1991 mentionne &laquo;&nbsp;l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de promouvoir l&rsquo;apprentissage des langues officielles du Mercosur &ndash; l&rsquo;espagnol et le portugais &ndash; dans les syst&egrave;mes &eacute;ducatifs, formels, non formels et informels&nbsp;&raquo;. Disponible sur&nbsp;:&nbsp;<a href="http://www.bnm.me.gov.ar/giga1/documentos/EL000586.pdf">http://www.bnm.me.gov.ar/giga1/documentos/EL000586.pdf</a>&nbsp;(consult&eacute; en septembre 2017).</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn11">[11]</a>&nbsp;Une loi similaire a &eacute;t&eacute; approuv&eacute;e en Argentine en 2009 rendant obligatoire l&rsquo;offre du portugais dans l&rsquo;enseignement secondaire argentin. En Uruguay, la cr&eacute;ation du Mercosur a aussi eu des r&eacute;percussions sur le domaine linguistique, voir &agrave; ce propos Garin (2014a) et Teixeira (2016), par exemple.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn12">[12]</a>&nbsp;A l&rsquo;origine, le projet de loi stipulait que l&rsquo;apprentissage de l&rsquo;espagnol deviendrait obligatoire pour tous les &eacute;l&egrave;ves de l&rsquo;enseignement primaire et secondaire, mais des pressions de la part des repr&eacute;sentants des autres langues &eacute;trang&egrave;res enseign&eacute;es au Br&eacute;sil ainsi que la possible inconstitutionnalit&eacute; de certains aspects du projet de loi ont forc&eacute; le gouvernement &agrave; rendre les cours d&rsquo;espagnol optionnels pour les &eacute;tudiants. Le projet sera &agrave; nouveau modifi&eacute;, sa port&eacute;e &eacute;tant r&eacute;duite seulement au dernier cycle de l&rsquo;enseignement primaire et &agrave; l&rsquo;enseignement secondaire (l&rsquo;&eacute;quivalent du coll&egrave;ge et du lyc&eacute;e en France). La Loi n&deg; 11.161/2005 a de nombreux ant&eacute;c&eacute;dents. D&rsquo;apr&egrave;s Castelano Rodrigues (2016), entre 1958 et 2007, vingt-six projets de loi ont eu pour objectif d&rsquo;inclure l&rsquo;espagnol comme mati&egrave;re d&rsquo;enseignement au sein des &eacute;coles, coll&egrave;ges et lyc&eacute;es br&eacute;siliens. Seulement le projet 3987/2000 pr&eacute;sent&eacute; par le d&eacute;put&eacute; &Aacute;tila Lira sera approuv&eacute; et donnera naissance &agrave; la&nbsp;<em>loi de l&rsquo;espagnol</em>&nbsp;de 2005.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn13">[13]</a>&nbsp;La&nbsp;<em>Lei de Diretrizes e Bases da Educa&ccedil;&atilde;o Nacional</em>&nbsp;de 1996 pr&eacute;voit l&rsquo;apprentissage d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re vivante, laissant &agrave; la &laquo;&nbsp;communaut&eacute; scolaire&nbsp;&raquo; le choix de la langue &agrave; enseigner.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn14">[14]</a>&nbsp;Pour une analyse de l&rsquo;application de la loi 11.161 dans les diff&eacute;rents &Eacute;tats br&eacute;siliens, voir l&rsquo;ouvrage&nbsp;<em>Dez anos da &laquo;&nbsp;Lei do espanhol&nbsp;&raquo; (2005-2015)</em>, C. Barros, E. Costa et J. Galvao (org.), paru en 2016.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn15">[15]</a>&nbsp;&laquo; Considerando que o desenvolvimento tanto do ensino de nossas l&iacute;nguas sul-americanas em diversos n&iacute;veis e &acirc;mbitos como o das pesquisas realizadas em nossos pa&iacute;ses constituem instrumentos importantes do processo de integra&ccedil;&atilde;o regional porque vinculam os povos para al&eacute;m das fronteiras dos Estados &raquo;. Document disponible sur :&nbsp;<a href="https://drive.google.com/file/d/0B9OGhJTClE7LNGU3YTEwODgtMDdmMS00OTI5LTgxMTctOGQ5ZWJkMmJhMTY5/view">https://drive.google.com/file/d/0B9OGhJTClE7LNGU3YTEwODgtMDdmMS00OTI5LTgxMTctOGQ5ZWJkMmJhMTY5/view</a>&nbsp;(Consult&eacute; en ao&ucirc;t 2017). EAPLOM&nbsp;:&nbsp;<em>Encuentro de Asociaciones de Profesores de Lenguas Oficiales del Mercosur</em>.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn16">[16]</a>&nbsp;A l&rsquo;heure actuelle, trente et une universit&eacute;s d&rsquo;Argentine, de Bolivie, du Br&eacute;sil, du Chili, du Paraguay et d&rsquo;Uruguay font partie de l&rsquo;AUGM.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn17">[17]</a>&nbsp;Bien que le pr&eacute;sident Temer ait r&eacute;cemment d&eacute;clar&eacute;, en r&eacute;union avec le pr&eacute;sident argentin Mauricio Macri, qu&rsquo;il faudrait apporter un nouvel &eacute;lan au Mercosur en coop&eacute;rant d&rsquo;avantage entre les pays, l&rsquo;int&eacute;gration envisag&eacute;e semble se r&eacute;duire au domaine &eacute;conomique, car l&rsquo;objectif mis en valeur par Temer est celui de la signature d&rsquo;un trait&eacute; de libre-&eacute;change avec l&rsquo;Union europ&eacute;enne.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn18">[18]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;A l&iacute;ngua inglesa &eacute; a mais disseminada e a mais ensinada no mundo inteiro &raquo;. Disponible sur&nbsp;:&nbsp;<a href="http://portal./">http://portal.</a>&nbsp;mec.gov.br /component/content/article?id=40361#nem_03 (consult&eacute; en septembre 2017).</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn19">[19]</a>&nbsp;Une liste de 58 actifs &agrave; privatiser a &eacute;t&eacute; &eacute;tablie par le gouvernement : des ports, des autoroutes, certains a&eacute;roports (notamment celui de Congonhas &agrave; Sao Paulo), la Maison de la Monnaie,&nbsp;<em>Eletrobas</em>&nbsp;&ndash; la plus grande compagnie d&rsquo;&eacute;nergie d&rsquo;Am&eacute;rique latine &ndash;, entre autres. &nbsp;</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn20">[20]</a>&nbsp;Parti du Mouvement d&eacute;mocratique br&eacute;silien.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn21">[21]</a>&nbsp;Voir, par exemple, le document publi&eacute; en juillet 2017 par l&rsquo;Association nationale des dirigeants des institutions f&eacute;d&eacute;rales de l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur (ANDIFES) contre le projet d&rsquo;amendement du d&eacute;put&eacute; S&eacute;rgio Souza. Disponible sur&nbsp;:&nbsp;<a href="http://www.andifes.org.br/posicao-da-andifes-sobre-medida-provisoria-7852017/">http://www.andifes.org.br/posicao-da-andifes-sobre-medida-provisoria-7852017/</a>&nbsp;(consult&eacute; en ao&ucirc;t 2017).</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn22">[22]</a>&nbsp;Les documents retenus ont &eacute;t&eacute; les suivants&nbsp;: doc.1) &laquo;&nbsp;Nota p&uacute;blica sobre a medida provis&oacute;ria que institui a reforma do ensino m&eacute;dio&nbsp;&raquo; (Associa&ccedil;&atilde;o de Professores de Espanhol do Estado de S&atilde;o Paulo, 23/09/2016), doc.2) &laquo;&nbsp;Manifesto p&uacute;blico &raquo; (Associa&ccedil;&atilde;o Brasileira de Hispanistas, 25/08/2016), doc.3) &laquo; Nota de rep&uacute;dio &raquo; (Associa&ccedil;&atilde;o de Professores de Espanhol do Estado de S&atilde;o Paulo, 20/02/2017), doc.4) &laquo; Manifesto de rep&uacute;dio &agrave; medida provis&oacute;ria N&deg;746, de 22 de setembro de 2016 &raquo; (Associa&ccedil;&atilde;o Brasileira de Hispanistas, 23/09/2016), doc.5) &laquo;Pelo real direito de escolha: pelo espanhol na Educa&ccedil;&atilde;o B&aacute;sica &raquo; (Associa&ccedil;&otilde;es de Professores de Espanhol, p&eacute;tition publique lanc&eacute;e en juillet 2017).</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn23">[23]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;repudiamos essa a&ccedil;&atilde;o e o processo em que se deu a sua aprova&ccedil;&atilde;o&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn24">[24]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;(&hellip;) contribuem para a forma&ccedil;&atilde;o cidad&atilde; e para a constru&ccedil;&atilde;o do pensamento cr&iacute;tico, premissas indispens&aacute;veis numa democracia&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn25">[25]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;um claro gesto de afastamento&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn26">[26]</a>&nbsp;&laquo;&nbsp;O ensino da l&iacute;ngua espanhola nos d&aacute; a oportunidade de nos aproximarmos de nossas fronteiras, forjando uma concep&ccedil;&atilde;o de Brasil integrado lingu&iacute;stica-pol&iacute;tica-econ&ocirc;mica e historicamente (&hellip;)&nbsp;&raquo;.</p> <p><a href="#_ftnref" id="_ftn27">[27]</a>&nbsp;&laquo; fortalecer uma concep&ccedil;&atilde;o intercultural necess&aacute;ria a esta integra&ccedil;&atilde;o, pela qual tamb&eacute;m nos compreendemos como brasileiros&nbsp;&raquo;. &nbsp;</p> <p>&nbsp;</p> <h3>Virginia GARIN<br /> Universit&eacute; Montpellier 3<br /> EA-739 DIPRALANG</h3>