<p>1. Introduction</p> <p>Cet article s&rsquo;int&eacute;resse au processus d&rsquo;apprentissage des comp&eacute;tences r&eacute;dactionnelles en fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re (FLE) au niveau avanc&eacute; (B2). Nous nous posons la question : en quoi la langue et la culture d&rsquo;apprentissage ont-elles une incidence sur la mani&egrave;re de traiter le texte argumentatif ?</p> <p>Le public d&rsquo;apprenants au centre de cette &eacute;tude est un public homog&egrave;ne du point de vue de la langue premi&egrave;re (L1) qui est le chinois mandarin. Ces apprenants sinophones sont en France et &eacute;tudient le fran&ccedil;ais dans un centre universitaire de FLE depuis un an environ (400-450 h de cours) au moment de l&rsquo;&eacute;tude.</p> <p>Nous focalisons notre attention sur un genre particulier qui est celui de la lettre formelle, car ce genre d&rsquo;&eacute;crits fait partie des exigences du Dipl&ocirc;me d&#39;Etudes en langue fran&ccedil;aise (DELF) au niveau B2 notamment. Les apprenants sont donc cens&eacute;s &ecirc;tre capables de r&eacute;diger une lettre formelle s&rsquo;inscrivant dans une situation de communication particuli&egrave;re, s&rsquo;adressant &agrave; un destinataire bien d&eacute;fini par la consigne et mettant en place l&rsquo;expression d&rsquo;id&eacute;es bien structur&eacute;es et illustr&eacute;es par des exemples. Ils doivent aussi &ecirc;tre capables de prendre position en argumentant et en exprimant leur point de vue personnel. Le DELF B2 &eacute;value, &agrave; l&rsquo;&eacute;crit, &laquo; une prise de position personnelle argument&eacute;e sous forme d&#39;une contribution &agrave; un d&eacute;bat, lettre formelle, article critique &raquo; (grille d&#39;&eacute;valuation DELF B2, CIEP). Parmi les crit&egrave;res d&#39;&eacute;valuation, on retient tout particuli&egrave;rement : &laquo; la capacit&eacute; &agrave; pr&eacute;senter des faits de mani&egrave;re claire et pr&eacute;cise &raquo;, &laquo; la capacit&eacute; &agrave; argumenter une prise de position &raquo;, &laquo; la coh&eacute;rence et la coh&eacute;sion &raquo; (Grille de la production &eacute;crite (PE), CIEP).</p> <p>Toutes ces comp&eacute;tences n&eacute;cessitent de la part de l&rsquo;apprenant des efforts importants du point de vue linguistique, &agrave; savoir le choix du lexique n&eacute;cessaire et des structures syntaxiques, mais aussi du point de vue cognitif : rechercher des id&eacute;es pour discuter un sujet donn&eacute;, organiser ces id&eacute;es et les exposer de fa&ccedil;on claire.</p> <p>La didactique de l&rsquo;&eacute;crit m&egrave;ne des r&eacute;flexions autour de cette question de l&rsquo;expression &eacute;crite et propose des outils d&rsquo;aide &agrave; la r&eacute;daction (Allouche et Maurer, 2011 ; Allouche, 2011 ; Cornaire et Raymond, 1994). Mais m&ecirc;me si de plus en plus de dispositifs d&rsquo;aide &agrave; l&rsquo;&eacute;criture pour les apprenants &eacute;trangers existent, les enseignants &eacute;prouvent toujours des difficult&eacute;s pour bien faire saisir &agrave; leurs &eacute;tudiants comment traiter certains genres et types de textes. Et sur ce point, les apprenants dont la langue d&rsquo;origine est tr&egrave;s &eacute;loign&eacute;e rencontrent souvent des probl&egrave;mes plus importants que les apprenants des langues plus proches du fran&ccedil;ais. Ces difficult&eacute;s sont surtout d&rsquo;ordre textuel, car la ma&icirc;trise de la grammaire au niveau de la phrase est souvent travaill&eacute;e de fa&ccedil;on tr&egrave;s syst&eacute;matique et fine. Les travaux en rh&eacute;torique contrastive confirment ces observations en ce qui concerne l&rsquo;organisation textuelle en montrant que les conventions rh&eacute;toriques varient d&rsquo;un pays &agrave; l&rsquo;autre, ce qui emp&ecirc;che les scripteurs de bien r&eacute;aliser la t&acirc;che en L2 (Hidden, 2013).</p> <p>Les travaux en rh&eacute;torique contrastive portent souvent sur les apprenants asiatiques et notamment le public sinophone essentiellement en cours d&rsquo;apprentissage de l&rsquo;anglais langue &eacute;trang&egrave;re (Connor, 1996). Certaines caract&eacute;ristiques d&eacute;crites dans ces travaux sont similaires aux probl&egrave;mes rencontr&eacute;s en FLE, mais nous souhaitons approfondir notre connaissance du sujet et lier l&rsquo;&eacute;tude des comp&eacute;tences r&eacute;dactionnelles &agrave; la question du genre particulier qu&rsquo;est le genre &eacute;pistolaire. Ajoutons que ce qui nous int&eacute;resse ici est la lettre de protestation qui demande &agrave; l&#39;apprenant d&#39;inscrire son texte dans l&#39;argumentation.&nbsp;</p> <p>Cet article sera organis&eacute; de la mani&egrave;re suivante : nous pr&eacute;senterons d&rsquo;abord les notions th&eacute;oriques li&eacute;es au processus de r&eacute;daction et aux conventions rh&eacute;toriques. Nous &eacute;voquerons ensuite la m&eacute;thodologie de cette &eacute;tude pour pr&eacute;senter finalement les r&eacute;sultats obtenus et une discussion qui comprend quelques r&eacute;flexions didactiques li&eacute;es &agrave; ce sujet.</p> <p>2. Cadre th&eacute;orique</p> <p>2.1 Le texte et la production &eacute;crite &nbsp;</p> <p>Un ensemble d&rsquo;&eacute;nonc&eacute;s &eacute;crits ou oraux ne forme pas sp&eacute;cialement un texte. Selon Klein et von Stutterheim (1991), pour qu&rsquo;on puisse parler de texte, cet ensemble d&rsquo;&eacute;nonc&eacute;s doit ob&eacute;ir &agrave; deux types de contraintes : les contraintes globales et les contraintes locales. Les contraintes globales r&eacute;sultent du fait que les &eacute;nonc&eacute;s qui le composent servent &agrave; exprimer un ensemble d&rsquo;informations &agrave; un certain public, &agrave; des fins concr&egrave;tes dans une situation de communication particuli&egrave;re. Avant d&rsquo;&ecirc;tre exprim&eacute;es, les id&eacute;es sont donc trait&eacute;es par le locuteur. Elles sont s&eacute;lectionn&eacute;es, ordonn&eacute;es et reli&eacute;es. Les &eacute;nonc&eacute;s produits doivent aussi ob&eacute;ir &agrave; des contraintes locales qui d&eacute;pendent du fait que l&rsquo;information est introduite, maintenue ou chang&eacute;e dans le texte. Ce mouvement r&eacute;f&eacute;rentiel d&rsquo;un &eacute;nonc&eacute; &agrave; l&rsquo;autre devient visible &agrave; travers le choix des moyens linguistiques comme l&rsquo;usage des d&eacute;terminants, le choix des anaphores, de l&rsquo;ordre de mots, de l&rsquo;intonation, etc. Dans ce sens, le texte, qu&rsquo;il soit oral ou &eacute;crit ob&eacute;it aux m&ecirc;mes types de contraintes.</p> <p>D&rsquo;autres chercheurs opposent la production &eacute;crite &agrave; la production orale sur plusieurs points. La production &eacute;crite d&rsquo;un texte est moins spontan&eacute;e que la production orale et permet des retours en arri&egrave;re et des modifications, exclus dans la production orale. C&rsquo;est aussi une comp&eacute;tence dont le d&eacute;veloppement n&eacute;cessite des efforts plus conscients que le d&eacute;veloppement des comp&eacute;tences orales. Apprendre &agrave; s&rsquo;exprimer par &eacute;crit n&eacute;cessite un haut niveau d&rsquo;abstraction. Le scripteur doit &ecirc;tre capable de planifier ses id&eacute;es en fonction de la situation de communication sachant que le lecteur n&rsquo;aura pas acc&egrave;s &agrave; sa production au moment de l&rsquo;&eacute;criture mais pourra en prendre connaissance &agrave; un autre moment temporel. Le texte doit donc &ecirc;tre explicite au niveau des r&eacute;f&eacute;rences &eacute;voqu&eacute;es et des cha&icirc;nes de cor&eacute;f&eacute;rence construites. Le r&ocirc;le du destinataire doit &eacute;galement &ecirc;tre pris en compte par le choix des moyens linguistiques adapt&eacute;s. Le scripteur doit &ecirc;tre capable de revoir son texte et de le modifier en cas de besoin.</p> <p>Les travaux qui s&rsquo;int&eacute;ressent &agrave; cette question comparent les enfants qui apprennent leur L1 aux apprenants de L2. En effet, les scripteurs des deux types (enfants qui apprennent leur L1 et apprenants de L2) peuvent &ecirc;tre class&eacute;s en deux cat&eacute;gories : les scripteurs non exp&eacute;riment&eacute;s et les scripteurs exp&eacute;riment&eacute;s (Cornaire et Raymond, 1994). Les premiers, enfants et certains scripteurs apprenants de L2, partagent les m&ecirc;mes caract&eacute;ristiques, &agrave; savoir que lorsqu&rsquo;ils se mettent &agrave; &eacute;crire, ils ne poss&egrave;dent pas suffisamment de connaissances sur le sujet trait&eacute; et ne cherchent pas &agrave; d&eacute;velopper leurs connaissances, par cons&eacute;quent les productions sont courtes et peu d&eacute;velopp&eacute;es. Les scripteurs ne ma&icirc;trisent pas non plus les mod&egrave;les rh&eacute;toriques qui leur serviraient de base (Allouche et Maurer, 2011). Dans ce sens, les apprenants de L2 adultes ne sont pas vraiment diff&eacute;rents des enfants qui apprennent leur L1.&nbsp;</p> <p>En revanche, les scripteurs exp&eacute;riment&eacute;s, les adultes ayant re&ccedil;u une formation universitaire ou une formation en r&eacute;daction et certains apprenants de L2 form&eacute;s &agrave; la production &eacute;crite, utilisent des strat&eacute;gies r&eacute;dactionnelles leur permettant de r&eacute;ussir dans la t&acirc;che de production &eacute;crite. Avant de commencer la r&eacute;daction, ils se renseignent sur le sujet &agrave; traiter, &eacute;valuent les r&ocirc;les des participants, leur place dans l&rsquo;&eacute;crit et celle du destinataire. Ils cherchent une organisation qui serait la plus adapt&eacute;e &agrave; la situation de communication envisag&eacute;e et proc&egrave;dent par l&rsquo;&eacute;laboration d&rsquo;un plan d&eacute;taill&eacute;. Cela correspond &agrave; la premi&egrave;re phase du processus d&#39;&eacute;criture, &agrave; savoir la planification. Cette derni&egrave;re est suivie par la mise en texte qui consiste &agrave; mobiliser des connaissances linguistiques, &agrave; savoir le lexique, la syntaxe, la morphologie et l&rsquo;orthographe et des connaissances conceptuelles, comme les principes rh&eacute;toriques et la mise en page. Les proc&eacute;d&eacute;s d&rsquo;organisation textuelle, tels que les connecteurs et les reprises anaphoriques sont &eacute;galement mobilis&eacute;s lors de cette phase. Le processus de r&eacute;daction se termine par une r&eacute;vision qui consiste &agrave; revoir l&rsquo;organisation du texte, relever les probl&egrave;mes de formulation, corriger les erreurs morpho-syntaxiques et orthographiques (Hayes et Flower, 1980). En mettant en oeuvre tous ces principes, les scripteurs exp&eacute;riment&eacute;s arrivent &agrave; produire des textes coh&eacute;rents et coh&eacute;sifs.&nbsp;</p> <p>Le r&ocirc;le de la langue d&rsquo;expression n&rsquo;est pas d&eacute;terminant pour le processus. Du point de vue cognitif, les m&eacute;canismes pr&eacute;sent&eacute;s ci-dessus sont pr&eacute;sents dans toutes les langues et cultures, et tous les scripteurs peuvent passer du statut du scripteur non exp&eacute;riment&eacute; au statut du scripteur exp&eacute;riment&eacute; &agrave; condition de suivre une formation dans les techniques de l&rsquo;&eacute;crit formel.</p> <p>2.2 Les crit&egrave;res rh&eacute;toriques</p> <p>Les textes &agrave; produire ne sont pas tous de la m&ecirc;me nature. Certains demandent une organisation chronologique, d&rsquo;autres &ndash; une organisation plut&ocirc;t logique. Ils ne rel&egrave;vent pas non plus des m&ecirc;mes genres. Les textes journalistiques, par exemple, ont des propri&eacute;t&eacute;s sp&eacute;cifiques par rapport aux textes litt&eacute;raires ou acad&eacute;miques. Ils n&rsquo;ont pas tous la m&ecirc;me vis&eacute;e pragmatique.</p> <p>Chaque culture et chaque langue se caract&eacute;risent par des proc&eacute;d&eacute;s textuels et langagiers plus ou moins sp&eacute;cifiques qui se mettent en place dans les types et genres textuels particuliers. Hidden (2013) d&eacute;veloppe une r&eacute;flexion qui s&rsquo;inspire de la la rh&eacute;torique contrastive (Kaplan, 1966) en d&eacute;passant la vision dichotomique d&eacute;cri&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;poque et en la revisitant &agrave; travers une approche interculturelle des genres s&rsquo;inspirant de Connor (1996). Cette derni&egrave;re propose quelques crit&egrave;res rh&eacute;toriques pour analyser les textes : le plan, la lin&eacute;arit&eacute; du texte, les encha&icirc;nements, l&rsquo;implication du scripteur et le style.&nbsp;</p> <p>Tous ces crit&egrave;res sont importants &agrave; explorer et &agrave; analyser, mais nous avons d&eacute;cid&eacute; de nous int&eacute;resser au crit&egrave;re du plan et &agrave; celui du degr&eacute; d&rsquo;implication du scripteur. En effet, analyser la structure du texte nous para&icirc;t tr&egrave;s important, car cela nous renseigne sur l&rsquo;organisation g&eacute;n&eacute;rale des id&eacute;es. Nous pouvons donc comprendre les principes mis en oeuvre pour la r&eacute;daction, la logique que le scripteur souhaite exprimer, le d&eacute;roulement de sa pens&eacute;e. L&rsquo;analyse de l&rsquo;organisation du texte et de son plan permet aussi de bien voir les principes rh&eacute;toriques mis en oeuvre. On peut voir si le scripteur r&eacute;dige une introduction et une conclusion, par exemple, et s&rsquo;il respecte les normes du genre textuel.&nbsp;</p> <p>La lettre &eacute;tant au centre de notre recherche, il nous para&icirc;t important non seulement de travailler sur le plan et les propri&eacute;t&eacute;s d&rsquo;un texte argumentatif, mais aussi sur les propri&eacute;t&eacute;s du genre d&rsquo;une lettre de protestation. Dans ce sens, nous int&eacute;resser au r&ocirc;le du scripteur et donc au degr&eacute; de son implication dans le texte nous para&icirc;t tr&egrave;s important. Nous allons donc nous int&eacute;resser &agrave; ces deux crit&egrave;res dans cet article.&nbsp;</p> <p>Les &eacute;tudes ant&eacute;rieures (Hidden, 2013, Connor, 1996) montrent qu&rsquo;en fonction de la culture &eacute;ducative, ces crit&egrave;res ne sont pas exprim&eacute;s de la m&ecirc;me mani&egrave;re dans les textes. Concernant le plan, c&rsquo;est-&agrave;-dire l&rsquo;organisation des id&eacute;es qui s&#39;encha&icirc;nent en diff&eacute;rentes parties, Adam (2005) distingue le plan fixe qui correspond &agrave; une convention socio-discursive &agrave; un moment donn&eacute; de l&rsquo;histoire d&rsquo;un pays du plan occasionnel qui est la manifestation de l&rsquo;&eacute;laboration d&rsquo;une structure textuelle. Durant la scolarisation, on enseigne aux &eacute;l&egrave;ves francophones &agrave; construire un plan d&eacute;taill&eacute; de leurs textes sans digressions par rapport au d&eacute;roulement des informations et de se rapprocher au maximum au plan conventionnel propre &agrave; un type et genre textuel. Par exemple, Adam (ibid.) signale que le plan conventionnel d&rsquo;une lettre correspond aux trois grandes unit&eacute;s suivantes :</p> <p>1. La prise de contact avec le destinataire.</p> <p>2. La pr&eacute;sentation et le d&eacute;veloppement de l&rsquo;objet du discours.</p> <p>3. L&rsquo;interruption finale du contact ou conclusion.</p> <p>En Chine, on enseigne &eacute;galement la planification aux &eacute;l&egrave;ves et la distinction propos&eacute;e par Adam entre le plan fixe et le plan occasionnel est aussi applicable. Diff&eacute;rents mod&egrave;les de planification sont enseign&eacute;s aux &eacute;l&egrave;ves chinois lors de leur scolarit&eacute; pour les inciter &agrave; atteindre les normes de plans conventionnels. Les diff&eacute;rents types de plans reposent sur des traditions anciennes (Bi, 2016).</p> <p>&ldquo;The eight-legged essay is still a powerful organizing principle for many Chinese students. In addition, the application of the more recent four-part model of qi-cheng-jun-he to organize paragraphs is very common (qui prepares the reader for the topic, cheng introduces and develops the topic, jun turns to a seemingly unrelated subject, and he sums up the essay).&rdquo; (Connor, 1996:39)</p> <p>Selon Plane (2005), l&rsquo;&eacute;crit est une activit&eacute; qui demande au scripteur &agrave; la fois de suivre les normes et les principes propres au type et au genre du texte et produire quelque chose d&rsquo;unique, de singulier. Ainsi, le plan d&rsquo;un texte doit refl&eacute;ter les principes d&rsquo;un plan fixe, car il est le reflet d&rsquo;un enseignement situ&eacute; dans une culture et dans une &eacute;poque donn&eacute;e, et il peut &ecirc;tre adapt&eacute; &agrave; la situation communicative et donc comporter des &eacute;l&eacute;ments de contextualisation. Par exemple, la structure des paragraphes, leur organisation et contenus sont contextualis&eacute;s et dans ce sens le plan peut &ecirc;tre vu comme un plan occasionnel.</p> <p>Comme nous l&rsquo;avons indiqu&eacute; plus haut, le genre &eacute;pistolaire et notamment la lettre de protestation et le texte argumentatif, n&eacute;cessitent une prise de position et une certaine implication dans le texte de la part du scripteur. Dans un texte &agrave; vis&eacute;e argumentative le scripteur doit prendre position et appuyer ses id&eacute;es (Allouche, 2011). Il doit transmettre sa voix et aussi la voix des autres s&rsquo;il s&rsquo;appuie sur des sources. La tradition de la rh&eacute;torique grecque, fortement pr&eacute;sente dans la culture fran&ccedil;aise, autorise le scripteur &agrave; d&eacute;fendre son point de vue en utilisant les formes d&rsquo;adresse comme &laquo; vous &raquo; ou les formes imp&eacute;ratives &laquo; Croyez-moi &hellip; ! &raquo;. En revanche, la culture chinoise, bas&eacute;e sur le confucianisme et le respect mutuel, a toute une autre tradition. En fonction du destinataire, son &acirc;ge, son niveau social, le lien de parent&eacute;, le scripteur n&rsquo;utilisera pas les m&ecirc;mes outils pour exprimer son point de vue (Connor, 1996). Les travaux constatent, par exemple, que les scripteurs sinophones n&rsquo;expriment pas directement leur point de vue dans les textes :</p> <p>&ldquo;The Confucian self on which the Chinese self is based relies on four core relationships: affection between parent and child, righteousness between ruler and ruled, differentiation between elder and younger, and trust between friend and friend. It is realized as it participates in these relationships. Individualism is seen as problematic.&rdquo; (Connor, 1996: 38)</p> <p>Nous nous attendons donc &agrave; trouver des contrastes dans les textes de scripteurs francophones et sinophones concernant le degr&eacute; d&rsquo;implication du scripteur dans le texte. Nous pensons que les francophones s&rsquo;impliquent plus fortement et de fa&ccedil;on plus directe dans leurs &eacute;crits que les sinophones qui gardent plus de distance avec leur destinataire et marquent la politesse de fa&ccedil;on plus explicite.&nbsp;</p> <p>En revanche, nous pensons que les scripteurs monolingues des deux langues vont suivre le plan de leur lettre et mettre en place une organisation logique des arguments. Elle sera probablement influenc&eacute;e par leur culture. Il est donc int&eacute;ressant de savoir quel impact a la langue-culture sur l&rsquo;organisation globale du texte de nos scripteurs monolingues.&nbsp;</p> <p>Quant aux apprenants, l&rsquo;acquisition de la comp&eacute;tence &eacute;crite &laquo; exige un va-et-vient entre l&rsquo;appropriation du bien commun que sont la langue et les mod&egrave;les discursifs impos&eacute;s culturellement, et l&rsquo;implication personnelle du scripteur qui a besoin de croire qu&rsquo;il est le premier &agrave; dire ce qu&rsquo;il dit, et &agrave; la fa&ccedil;on dont il le dit &raquo; (Plane, 2005 : 36). Nous souhaitons donc analyser les productions des apprenants sinophones afin de mieux comprendre les m&eacute;canismes qu&rsquo;ils mettent en place pour organiser leurs textes et trouver leur place en tant que scripteur dans leur propre production.&nbsp;</p> <p>Nous avons pour projet d&rsquo;enrichir nos analyses d&rsquo;autres crit&egrave;res rh&eacute;toriques pour construire une connaissance plus globale des conventions rh&eacute;toriques propres &agrave; chacun des pays et mieux comprendre les difficult&eacute;s des apprenants.&nbsp;</p> <p>3. M&eacute;thodologie</p> <p>Notre &eacute;tude consiste &agrave; &eacute;tudier un corpus de productions &eacute;crites de 15 apprenants sinophones du FLE. Ces apprenants, en majorit&eacute; des femmes, ont 23 ans en moyenne et sont en France depuis environ 1 an au moment du recueil des donn&eacute;es. Ils suivent tous des cours de fran&ccedil;ais les pr&eacute;parant &agrave; passer le Dipl&ocirc;me d&rsquo;&eacute;tudes en langue fran&ccedil;aise (DELF) du niveau B2 au Centre Universitaire d&rsquo;Etudes Fran&ccedil;aises (CUEF) &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; Grenoble Alpes. Le nombre moyen d&rsquo;ann&eacute;es d&rsquo;&eacute;tudes de fran&ccedil;ais au total s&rsquo;&eacute;l&egrave;ve &agrave; 5 ans. Cet apprentissage a pour tous commenc&eacute; en Chine, dans leur pays d&rsquo;origine. Tous les apprenants parlent le chinois mandarin. Quelques-uns utilisent &eacute;galement des dialectes locaux dans leur communication de tous les jours. Le fran&ccedil;ais n&rsquo;est pas la premi&egrave;re langue &eacute;trang&egrave;re apprise par ces apprenants, mais la deuxi&egrave;me, la premi&egrave;re &eacute;tant l&rsquo;anglais. Selon les r&eacute;sultats du questionnaire socio-biographique utilis&eacute; pour recueillir les m&eacute;tadonn&eacute;es, les apprenants ont une ma&icirc;trise de l&rsquo;anglais qui ne d&eacute;passe pas le niveau B1. Les apprenants n&rsquo;utilisent pas cette langue dans leurs &eacute;changes quotidiens et n&rsquo;ont pas fait de s&eacute;jours de plus de trois mois dans les pays anglophones.</p> <p>Nous avons compar&eacute; les productions de ce groupe d&rsquo;apprenants &agrave; celles des groupes de contr&ocirc;le, &agrave; savoir des scripteurs natifs et monolingues sinophones et francophones. Les scripteurs sinophones au nombre de 15 sont des &eacute;tudiants universitaires dans une fili&egrave;re des sciences humaines en Chine qui n&rsquo;apprennent pas le fran&ccedil;ais. L&rsquo;anglais n&rsquo;est pas une langue qu&rsquo;ils pratiquent au moment de l&rsquo;&eacute;tude, m&ecirc;me s&rsquo;ils ont des connaissances dans cette langue, tout comme le groupe des apprenants. Ils ont le m&ecirc;me &acirc;ge moyen que les apprenants et le m&ecirc;me profil socio-culturel, &agrave; savoir &eacute;tudient dans une universit&eacute; et sont donc confront&eacute;s &agrave; des productions &eacute;crites r&eacute;guli&egrave;rement. Quant aux francophones, il s&rsquo;agit de 20 &eacute;tudiants de troisi&egrave;me ann&eacute;e de licence Sciences du langage. Ils ont 21 ans en moyenne et partagent les m&ecirc;mes caract&eacute;ristiques socio-culturelles que les autres groupes.</p> <p>Nous avons essay&eacute; de veiller &agrave; ce que les groupes soient homog&egrave;nes du point de vue des profils socio-culturels, mais nous sommes conscients que le degr&eacute; de leur aisance &agrave; l&rsquo;&eacute;crit est fortement li&eacute; &agrave; chacun d&rsquo;eux. Certains scripteurs monolingues ou apprenants peuvent &ecirc;tre plus exp&eacute;riment&eacute;s que d&rsquo;autres. Nous ne nous attendons pas &agrave; une homog&eacute;n&eacute;it&eacute; des r&eacute;sultats, mais esp&eacute;rons cependant trouver des tendances li&eacute;es au groupe.</p> <p>Nous avons demand&eacute; aux trois groupes d&rsquo;apprenants de r&eacute;diger un court essai argumentatif sous forme de lettre officielle adress&eacute;e au maire de leur ville afin de le persuader de ne pas annuler un &eacute;v&eacute;nement culturel marquant pour leur ville. La r&eacute;daction se passe en conditions d&rsquo;examen dans tous les groupes, elle est limit&eacute;e &agrave; une heure. Voici la consigne en fran&ccedil;ais :</p> <p>Vous habitez dans une ville qui organise chaque ann&eacute;e un grand concert gratuit pour marquer la fin de l&#39;&eacute;t&eacute;. Pour des raisons financi&egrave;res, votre ville annonce qu&#39;elle veut supprimer cet &eacute;v&eacute;nement musical. Vous &eacute;crivez au maire de la ville pour le persuader, &agrave; l&#39;aide d&#39;arguments et d&#39;exemples pr&eacute;cis, des avantages culturels et touristiques que ce concert repr&eacute;sente. Vous insistez &eacute;galement sur l&#39;int&eacute;r&ecirc;t &eacute;conomique de cette manifestation pour les commer&ccedil;ants et les artistes de la r&eacute;gion. (250 mots)</p> <p>Ce type de consigne est habituel pour les &eacute;preuves du DELF, notamment au niveau B2. Nous nous attendons donc &agrave; ce que les apprenants soient pr&eacute;par&eacute;s &agrave; ce type d&rsquo;&eacute;crits.</p> <p>La longueur du texte attendu est de 250 mots pour le fran&ccedil;ais. Quant au chinois, le nombre de caract&egrave;res attendu est de 500, ce qui correspond relativement au m&ecirc;me nombre de mots, puisque les mots sont g&eacute;n&eacute;ralement compos&eacute;s de deux caract&egrave;res. La consigne a &eacute;t&eacute; traduite en chinois pour les scripteurs sinophones.</p> <p>Nous avons demand&eacute; aux scripteurs sinophones si ce type de consigne leur &eacute;tait familier et s&rsquo;ils &eacute;taient amen&eacute;s &agrave; r&eacute;diger des textes de ce type dans la vie de tous les jours. Les scripteurs avouent que du point de vue culturel il est assez artificiel d&rsquo;imaginer la situation o&ugrave; ils doivent &eacute;crire une lettre adress&eacute;e au maire de leur ville. Ils disent que s&rsquo;ils doivent exprimer leur point de vue, ils le feraient plut&ocirc;t sur un forum d&rsquo;&eacute;changes entre pairs. Cependant, l&rsquo;argumentation en tant que telle ne leur pose pas de probl&egrave;me. C&rsquo;est un exercice qu&rsquo;ils apprennent &agrave; faire dans les cours de politique chinoise et ils doivent &ecirc;tre capables de produire un texte argumentatif aux &eacute;preuves du baccalaur&eacute;at.</p> <p>L&rsquo;analyse des productions de ces deux groupes nous permet d&rsquo;observer les pratiques r&eacute;dactionnelles r&eacute;elles en ce qui concerne le genre et le type du texte choisi chez les scripteurs du m&ecirc;me &acirc;ge et du m&ecirc;me profil socio-culturel que celui des apprenants.</p> <p>Tous les textes r&eacute;dig&eacute;s manuellement ont &eacute;t&eacute; num&eacute;ris&eacute;s, &agrave; savoir saisis au format Word. Ils sont &eacute;galement disponibles au format XML qui permet un traitement automatique de certains &eacute;l&eacute;ments, comme les fr&eacute;quences de mots ou des associations lexicales. Les textes r&eacute;dig&eacute;s en chinois ont &eacute;t&eacute; traduits en fran&ccedil;ais par des sinophones natifs. Cette traduction comprend une ligne de glose indiquant la forme grammaticale du caract&egrave;re chinois : nom, verbe, pr&eacute;position, etc. Elle comprend &eacute;galement une ligne de traduction litt&eacute;rale de l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment lexical et une ligne de traduction classique en fran&ccedil;ais. De cette mani&egrave;re, un lecteur non sinophone peut comprendre la logique de la structure de la phrase en chinois ainsi que les liens syntaxiques entre les propositions et le d&eacute;roulement des id&eacute;es dans le texte.</p> <p>Nous avons donc proc&eacute;d&eacute; &agrave; l&rsquo;analyse de 50 textes : 35 textes r&eacute;dig&eacute;s en fran&ccedil;ais (15 textes de sinophones apprenants du fran&ccedil;ais et 20 textes de francophones) et 15 textes r&eacute;dig&eacute;s en chinois pour mieux comprendre les diff&eacute;rences dans la mani&egrave;re de traiter les propri&eacute;t&eacute;s du genre &eacute;pistolaire argument&eacute;.</p> <p>Les textes produits en langue maternelle ont &eacute;t&eacute; &eacute;valu&eacute;s par des professeurs qui enseignent au d&eacute;partement de didactique du FLE de l&rsquo;Universit&eacute; Grenoble Alpes en France et &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Suzhu en Chine. Pour chaque groupe de contr&ocirc;le, un enseignant universitaire natif a &eacute;t&eacute; sollicit&eacute; pour &eacute;valuer les textes. Nous avons recueilli au total 50 textes des francophones, dont seulement 20 ont &eacute;t&eacute; s&eacute;lectionn&eacute;s. Quant aux textes des scripteurs sinophones, nous en avons recueilli 20 et nous n&rsquo;utilisons que 15 textes. Nous n&rsquo;avons gard&eacute; que les productions qui ont &eacute;t&eacute; estim&eacute;es par les enseignants comme respectant les r&egrave;gles du genre afin de constituer un corpus de r&eacute;f&eacute;rence de qualit&eacute;.</p> <p>Nous nous sommes focalis&eacute;es sur la structure de la lettre, &agrave; savoir l&rsquo;importance des parties telles que l&rsquo;introduction, le d&eacute;veloppement des id&eacute;es et la conclusion ainsi que sur le degr&eacute; d&rsquo;implication du scripteur dans le texte &agrave; travers l&rsquo;utilisation des pronoms personnels et des modes comme l&rsquo;imp&eacute;ratif. Nous avons calcul&eacute; les moyennes et les pourcentages des formes et structures utilis&eacute;es par rapport au nombre total de participants dans chaque groupe. Les exemples sont pr&eacute;sent&eacute;s en fran&ccedil;ais et en chinois en fonction de la langue du scripteur. Ces derniers sont pour la plupart glos&eacute;s. Les erreurs pr&eacute;sentes dans les exemples d&rsquo;apprenants ou de natifs sont laiss&eacute;es telles quelles sans &ecirc;tre corrig&eacute;es.</p> <p>4. R&eacute;sultats</p> <p>4.1 Productions des groupes de contr&ocirc;le</p> <p>4.1.1 Structure de la lettre</p> <p>Nous allons dans un premier temps contraster les productions de scripteurs monolingues afin d&rsquo;identifier les diff&eacute;rences entre les textes produits en fran&ccedil;ais et en chinois. Au plan textuel, nous avons remarqu&eacute; que les scripteurs des deux cultures respectent un ordre canonique, &agrave; savoir une introduction, une partie argumentative, compos&eacute;e de paragraphes, et une conclusion. Cette organisation globale correspond au plan fixe d&eacute;fini par Adam (2005). Les scripteurs tendent donc &agrave; reproduire ce mod&egrave;le de plan conventionnel propre &agrave; chacun des pays. En revanche, chaque partie ne r&eacute;pond pas aux m&ecirc;mes principes. Ainsi, l&rsquo;introduction chez les francophones est g&eacute;n&eacute;ralement compos&eacute;e d&rsquo;une seule phrase, comme dans l&rsquo;exemple suivant :</p> <p>(1)</p> <p><em>Monsieur le Maire,</em></p> <p><em>Je vous &eacute;cris cette courte lettre suite &agrave; votre d&eacute;cision de supprimer le concert annuel de fin d&rsquo;&eacute;t&eacute;.</em>&nbsp; (Scripteur francophone natif)</p> <p>Dans 35% des productions des francophones, nous avons attest&eacute; l&rsquo;expression directe des sentiments du scripteur vis-&agrave;-vis de la suppression de la f&ecirc;te. Dans les autres productions, le scripteur reste neutre.</p> <p>(2)</p> <p><em>Monsieur le maire,</em></p> <p><em>Faisant partie des habitants de cette ville, je vous &eacute;cris cette lettre pour vous faire part de mon m&eacute;contentement.</em> (Scripteur francophone natif)</p> <p>Quant aux sinophones, l&rsquo;introduction est syst&eacute;matiquement plus longue et comporte quatre propositions en moyenne qui servent au scripteur non seulement &agrave; expliquer les raisons de la lettre et d&rsquo;exprimer son d&eacute;saccord, mais aussi &agrave; remercier son destinataire.</p> <p>(3)</p> <p><img height="398" src="https://www.numerev.com/img/ck_161_6_image.png" width="662" /></p> <p><img height="242" src="https://www.numerev.com/img/ck_161_6_image1.png" width="632" /></p> <p>Cette longueur de l&rsquo;introduction s&rsquo;explique par les conventions rh&eacute;toriques chinoises qui demandent au scripteur de remercier son destinataire afin de lui exprimer son respect, la recherche de l&rsquo;harmonie dans les relations interpersonnelles &eacute;tant un des points essentiels de la communication (Connor, 1996). Cette longueur assez importante peut aussi &ecirc;tre expliqu&eacute;e par la possibilit&eacute; dans une production en chinois de donner son point de vue d&egrave;s l&rsquo;introduction.</p> <p>&laquo; Le d&eacute;but de <em>yilun wen</em> sert &agrave; pr&eacute;senter de quoi on va discuter et &agrave; montrer clairement la position de l&rsquo;auteur en &eacute;clairant son point de vue. R&eacute;pondre directement &agrave; la question dans l&rsquo;introduction est donc consid&eacute;r&eacute; comme une fa&ccedil;on canonique de commencer un <em>yilun wen</em>. &raquo; (Bi, 2016 : 265).</p> <p>Le <em>yilun wen</em> est un type de texte argument&eacute; pr&eacute;conis&eacute; en Chine et qui correspondrait &agrave; l&#39;exercice de dissertation.</p> <p>Il s&rsquo;agit dans notre cas d&rsquo;exprimer son d&eacute;saccord. Cependant, tout comme dans les productions des francophones, cette information n&#39;appara&icirc;t pas syst&eacute;matiquement. Elle repr&eacute;sente 20% des cas dans les productions des sinophones. La majorit&eacute; des scripteurs (80%) n&rsquo;expriment pas leur d&eacute;saccord ouvertement pr&eacute;f&eacute;rant donner des arguments en faveur de l&#39;&eacute;v&eacute;nement sans critiquer la d&eacute;cision du maire.</p> <p>La partie argumentative se construit de fa&ccedil;ons diff&eacute;rentes &eacute;galement. Nous avons observ&eacute; trois paragraphes en moyenne dans les textes des francophones, alors que dans les textes en chinois deux paragraphes en moyenne sont visibles.</p> <p>Dans les productions des francophones, chaque paragraphe comprend une id&eacute;e qui est d&eacute;velopp&eacute;e &agrave; travers la justification et les exemples. Les arguments sont organis&eacute;s en cat&eacute;gories qui peuvent &ecirc;tre r&eacute;sum&eacute;es comme suit : acc&egrave;s au concert gratuit &agrave; tous les habitants de toutes les cat&eacute;gories sociales, avantages touristiques et commerciaux, d&eacute;veloppement de la culture artistique locale. Ci-dessous l&rsquo;exemple d&rsquo;une r&eacute;partition des informations en paragraphes.</p> <p>(4)</p> <p><em>Par cette pr&eacute;sente lettre, je tenais &agrave; vous faire part de mon grand d&eacute;sarroi face au souhait de notre ville d&rsquo;arr&ecirc;ter le Grand Concert de fin d&rsquo;&eacute;t&eacute;. Ce concert pour nous habitants de notre jolie ville, &eacute;tait un &eacute;v&eacute;nement festif incontournable qui avait un aspect touristique ind&eacute;niable.</em></p> <p><em>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Depuis la mise en place de cet &eacute;v&eacute;nement musical, le tourisme r&eacute;gional n&rsquo;a cess&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre &agrave; la hausse et nos sites culturels ont connus une constante augmentation. De ce fait, cela n&rsquo;a pu que b&eacute;n&eacute;fici&eacute; &agrave; nos commer&ccedil;ants. Combien d&rsquo;entre eux ont vu leur chiffre d&rsquo;affaire doubl&eacute; durant le week-end du concert&nbsp;? En plus de pouvoir profiter &agrave; nos produits de terroir. Puisque durant ce laps de temps nous pouvons mettre en avant les produits de notre r&eacute;gion et vanter les m&eacute;rites de nos agriculteurs et fermiers.</em></p> <p><em>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; De plus, nous ne pouvons nier que ce concert est une plaque tournante pour nos artistes locaux. Ces m&ecirc;mes artistes qui portent haut les valeurs et la culture de notre ville et de notre r&eacute;gion. Ils sont les ambassadeurs culturels et artistiques d&rsquo;une r&eacute;gion &agrave; forte identit&eacute; culturelle.</em> (Scripteur francophone natif)</p> <p>La partie argumentative en chinois compote deux paragraphes en moyenne. Nous proposons ici un extrait du texte r&eacute;dig&eacute; en chinois.</p> <p>(5)</p> <p>尊敬的市长先生</p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; 您好!我是一名热爱音乐的青年。得知我市因为财政原因将要取消今年的露天音乐会,带着希冀与渴望的心情给您写信,恳请您和您领导的市政府可以克服困难,保留住这场为全市人民和外来游客所喜爱的音乐会活动。</p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; 我市每年举办的这场露天音乐会,简直是我一年中最期待的一段时间!作为一名喜爱音乐的年轻人,每年我都会去观看露天音乐会以及参加相关的附属活动。音乐会对我而言不仅仅是一个可以欣赏到自己喜爱的歌手和音乐的机会,同时也为我带来商机。在音乐会会场附近,我经营着一家青年旅舍,每年音乐会的这段时间,我的旅社都住满从各地而来观看音乐会的游客,这为我带来了不小的一笔收入。</p> <p>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; 我只是从露天音乐会受益的人之一,我身边还有很多朋友,在享受音乐的同时,还参与到与音乐会相关的经营活动中。还有更多我不相识的人,参与到音乐会所涉及的餐饮、住宿、交通、筹备、纪念品以及其他环节之中。露天音乐会给我市居民和外来游客带来的,并不仅仅是精神上的愉悦和音乐上的享受,同时也给我们带来很多商机,我确信有非常多的人从中受益,回报远远大于我们对于音乐会的投入。(Scripteur sinophone natif)</p> <p>En ce qui concerne le d&eacute;veloppement des id&eacute;es, les scripteurs sinophones &eacute;voquent les m&ecirc;mes arguments que les francophones, &agrave; savoir l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t &eacute;conomique et touristique de l&rsquo;&eacute;v&egrave;nement et son importance pour la population de la ville du point de vue culturel. En revanche, plusieurs arguments peuvent faire partie du m&ecirc;me paragraphe.</p> <p>L&rsquo;exemple ci-dessous montre que le scripteur &eacute;voque l&rsquo;id&eacute;e de comp&eacute;tition culturelle et de mondialisation, l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;une marque culturelle locale li&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;v&egrave;nement, de son importance politique, de l&rsquo;innovation. Il revient &agrave; la fin &agrave; l&rsquo;id&eacute;e de la comp&eacute;titivit&eacute;.</p> <p>(6)</p> <p><img height="240" src="https://www.numerev.com/img/ck_161_6_image4.png" width="624" /></p> <p><img height="426" src="https://www.numerev.com/img/ck_161_6_image5.png" width="630" /></p> <p><img height="464" src="https://www.numerev.com/img/ck_161_6_image6.png" width="622" /></p> <p><img height="462" src="https://www.numerev.com/img/ck_161_6_image8.png" width="624" /></p> <p><img height="112" src="https://www.numerev.com/img/ck_161_6_image9.png" width="624" /></p> <p>Quant &agrave; la conclusion, les tendances observ&eacute;es diff&egrave;rent &eacute;galement entre les groupes des natifs. Dans les lettres de francophones, la conclusion compte 1,7 propositions en moyenne. Elle comporte syst&eacute;matiquement des remerciements, des propositions financi&egrave;res pour l&rsquo;organisation de l&rsquo;&eacute;v&egrave;nement, des demandes de reconsid&eacute;rer la d&eacute;cision ainsi qu&rsquo;une formule de politesse. En revanche, la longueur moyenne d&rsquo;une conclusion en chinois est de 1,2 propositions. Les conclusions sont donc un peu plus courtes. Deux lettres sur 15 n&rsquo;en comportent pas. Dans les autres cas, la conclusion comporte des remerciements et une formule de politesse ou indique l&rsquo;importance de l&#39;&eacute;v&eacute;nement pour la communaut&eacute; sans formules de politesse. Ces observations rejoignent les constats des &eacute;tudes pr&eacute;c&eacute;dentes sur la place de la conclusion dans une dissertation en chinois. En effet, elle est consid&eacute;r&eacute;e comme un point moins important que l&rsquo;introduction, car il est tout &agrave; fait possible d&rsquo;&eacute;noncer son point de vue d&egrave;s le d&eacute;but du texte. Elle sert &agrave; clore le th&egrave;me sans proposer des ouvertures possibles (Bi, 2016). Du point de vue du genre &eacute;tudi&eacute;, les scripteurs ne semblent pas &ecirc;tre g&ecirc;n&eacute;s de ne pas exprimer leur respect envers le destinataire.&nbsp;</p> <p>On peut donc voir que m&ecirc;me si les scripteurs des deux cultures rh&eacute;toriques suivent le m&ecirc;me plan dans leurs &eacute;crits, leur organisation diff&egrave;re. Le r&ocirc;le de l&rsquo;introduction est plus important en chinois qu&rsquo;en fran&ccedil;ais, puisque les francophones rentrent plus directement dans le sujet, alors que les sinophones passent par des formules de politesse et des remerciements. Pour ce qui est de l&rsquo;argumentation, elle est aussi organis&eacute;e diff&eacute;remment chez les scripteurs monolingues. Les francophones appliquent g&eacute;n&eacute;ralement le principe : un paragraphe - une id&eacute;e, alors que dans les productions en chinois on retrouve souvent une juxtaposition des id&eacute;es au sein d&rsquo;un m&ecirc;me paragraphe. Enfin, la conclusion semble avoir une place diff&eacute;rente &eacute;galement dans les &eacute;crits des deux groupes. Elle est syst&eacute;matique chez les francophones. En revanche, elle est parfois omise chez les sinophones. Les formes de politesse &agrave; la fin du texte semblent avoir moins d&rsquo;importance dans les productions en chinois que dans celles en fran&ccedil;ais.</p> <p>A travers cette analyse, on voit que la logique rh&eacute;torique est diff&eacute;rente dans les deux cultures, et m&ecirc;me si toutes les lettres sont individuelles et sont r&eacute;dig&eacute;es chacune d&rsquo;une mani&egrave;re diff&eacute;rente, on retrouve quelques propri&eacute;t&eacute;s communes partag&eacute;es par les scripteurs au sein du groupe. Cette analyse nous indique les points sur lesquels nous devons porter notre attention pour l&rsquo;analyse des productions des apprenants et &eacute;ventuellement ceux sur lesquels nous devons nous focaliser du point de vue didactique.</p> <p>4.1.2 Implication du scripteur dans les groupes de contr&ocirc;le</p> <p>Un autre crit&egrave;re qui nous semble important pour la r&eacute;daction de ce type de lettres correspond &agrave; la place du scripteur et, par cons&eacute;quent, au r&ocirc;le attribu&eacute; au lecteur. Est-ce que les scripteurs francophones et sinophones s&rsquo;impliquent de la m&ecirc;me mani&egrave;re dans la lettre ? Quel r&ocirc;le choisissent-ils ?</p> <p>Nous avons analys&eacute; trois moyens d&rsquo;implication du scripteur dans le texte : les pronoms personnels, les adjectifs possessifs et les formes imp&eacute;ratives. Nous avons calcul&eacute; la fr&eacute;quence moyenne d&rsquo;utilisation de ces moyens dans les textes analys&eacute;s.</p> <p>Ainsi, nous avons vu que les francophones et les sinophones natifs recourent principalement aux pronoms personnels pour se positionner dans le texte. Ces derniers sont utilis&eacute;s en moyenne 15 fois par texte par les francophones et 9,5 fois par texte en moyenne par les sinophones. Les adjectifs possessifs sont plus fr&eacute;quents en fran&ccedil;ais qu&rsquo;en chinois, car les d&eacute;terminants sont obligatoires en fran&ccedil;ais et ne le sont pas en chinois. Quant &agrave; l&rsquo;usage de l&rsquo;imp&eacute;ratif, il a &eacute;t&eacute; observ&eacute; 0,6 fois par texte en moyenne dans les productions des francophones. Les sinophones, quant &agrave; eux, n&rsquo;emploient pas cette forme dans leurs productions (figure 1).</p> <p><img height="177" src="https://www.numerev.com/img/ck_161_6_image10.png" width="455" /></p> <p>Figure 1&nbsp;: Fr&eacute;quence moyenne des moyens de marquage de l&rsquo;implication du scripteur dans les groupes de contr&ocirc;le</p> <p>En ce qui concerne le r&eacute;pertoire des pronoms, les francophones monolingues emploient le plus souvent le pronom &laquo; vous &raquo; qui indique l&rsquo;adresse directe vers l&rsquo;interlocuteur et moins d&rsquo;implication du scripteur. Ce pronom est utilis&eacute; 4 fois par texte en moyenne. Le pronom &laquo; je &raquo; (et sa forme tonique &laquo; moi &raquo;) est utilis&eacute; 3,5 fois par texte. Les pronoms &laquo; nous &raquo; et &laquo; on &raquo; sont moins fr&eacute;quents.</p> <p>(7)</p> <p><em>Malgr&eacute; le fait que cela peut vous revenir cher de faire venir des artistes, vous pouvez pour compenser, engager du personnel b&eacute;n&eacute;volement, cela all&eacute;gera les frais d&rsquo;une certaine mani&egrave;re.</em> (Scripteur francophone natif)</p> <p>Les sinophones, en revanche, emploient le plus souvent le pronom 我 l&rsquo;&eacute;quivalent du pronom &laquo;&nbsp;je&nbsp;&raquo; qui apparait environ 5 fois dans les textes. Il est suivi de 我们 (&laquo;&nbsp;nous&nbsp;&raquo;) et de 您 (&laquo;&nbsp;vous&nbsp;&raquo;) employ&eacute;s chacun deux fois par texte en moyenne. Les scripteurs sinophones manifestent donc une implication forte dans les textes mais sollicitent le destinataire moins souvent que les francophones.</p> <p>L&rsquo;exemple ci-dessous montre la fr&eacute;quence du pronom 我 (&laquo;&nbsp;je&nbsp;&raquo;) dans la production.</p> <p>(8)</p> <p>&nbsp;</p> <p><img height="502" src="https://www.numerev.com/img/ck_161_6_image11.png" width="618" /></p> <p><img height="128" src="https://www.numerev.com/img/ck_161_6_image12.png" width="620" /></p> <p><img height="146" src="https://www.numerev.com/img/ck_161_6_image13.png" width="626" /></p> <p>La diff&eacute;rence dans le degr&eacute; de l&rsquo;implication du scripteur se manifeste aussi dans l&rsquo;emploi de l&rsquo;imp&eacute;ratif par les scripteurs francophones et son absence chez les sinophones. En effet, les francophones recourent aux formes imp&eacute;ratives 0,6 fois par texte en moyenne.</p> <p>(9)</p> <p><em>Pensez aussi que ce concert est tellement populaire que des gens venus d&rsquo;autres r&eacute;gions viennent pour y participer.</em> (Scripteur francophone natif)</p> <p>L&rsquo;analyse des moyens d&rsquo;implication du scripteur dans les textes nous a montr&eacute; que les francophones s&rsquo;adressent plus directement &agrave; leur destinataire alors que les sinophones choisissent une autre strat&eacute;gie, &agrave; savoir une strat&eacute;gie moins directe o&ugrave; ils vont s&rsquo;impliquer personnellement mais moins solliciter le lecteur. La fr&eacute;quence des pronoms personnels &laquo;&nbsp;vous&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;je&nbsp;&raquo; et son &eacute;quivalent chinois ainsi que l&rsquo;usage de l&rsquo;imp&eacute;ratif montrent clairement la diff&eacute;rence dans le positionnement du scripteur vis-&agrave;-vis de son interlocuteur. Les francophones respectent les exigences du genre &eacute;pistolaire et plus pr&eacute;cis&eacute;ment celles d&rsquo;une lettre de protestation en utilisant les formes d&rsquo;adresse directes telles que le pronom &laquo;&nbsp;vous&nbsp;&raquo; et l&rsquo;imp&eacute;ratif. Quant aux sinophones, nous retrouvons les principes de l&rsquo;argumentation et la structure d&rsquo;une dissertation, mais les propri&eacute;t&eacute;s d&rsquo;une lettre de protestation semblent moins fortes que dans les productions des francophones natifs. Ces r&eacute;sultats confirment ceux des &eacute;tudes pr&eacute;c&eacute;dentes sur les sp&eacute;cificit&eacute;s culturelles des pays asiatiques et le respect soulign&eacute; du destinataire dans la communication.</p> <p>Nous allons maintenant analyser les m&ecirc;mes points dans les productions des apprenants afin de voir dans quelle mesure ils se rapprochent des scripteurs francophones par les conventions d&rsquo;&eacute;criture utilis&eacute;es.</p> <p>4.2 Productions des apprenants</p> <p>4.2.1 Structure de la lettre</p> <p>En ce qui concerne la planification du texte, nous avons remarqu&eacute; que les apprenants respectent la structure du texte en proposant, tout comme les natifs, trois parties, &agrave; savoir l&rsquo;introduction, la partie argumentative et la conclusion. A l&rsquo;int&eacute;rieur de ces parties, nous constatons la pr&eacute;sence de paragraphes.</p> <p>L&rsquo;introduction est compos&eacute;e de deux propositions en moyenne exprimant directement le d&eacute;saccord avec la suppression de la f&ecirc;te annuelle et expliquant les raisons de la lettre comme si l&rsquo;apprenant cherchait &agrave; se justifier. Dans certaines productions, on voit que les apprenants annoncent le plan de la lettre d&egrave;s l&rsquo;introduction, caract&eacute;ristique absente des productions des francophones natifs. Les apprenants semblent donc appliquer certaines r&egrave;gles de l&rsquo;argumentation apprises au cours de leur parcours, mais ils ne prennent pas en compte le genre de discours qui est une lettre, un &eacute;crit court qui ne n&eacute;cessite pas forc&eacute;ment de plan. Il s&#39;agit ici de la comp&eacute;tence pragmatique (cf. CECRL), plus sp&eacute;cifiquement de la comp&eacute;tence discursive o&ugrave; l&#39;apprenant est cens&eacute; prendre en compte la situation d&#39;&eacute;nonciation qui est &agrave; ce stade encore en cours d&rsquo;acquisition.</p> <p>(10)</p> <p><em>J&rsquo;ai entendu dire que notre ville va supprimer l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement musical car nous n&rsquo;avons pas assez de finances &agrave; le supporter. Pourtant je trouve qu&rsquo;il ne faut pas le supprimer. Pour l&rsquo;argumenter, je vous pr&eacute;sente tout d&rsquo;abord des avantages culturels et touristiques que ce concert nous apporte. Ensuite, je vais vous montrer l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t &eacute;conomique de cette manifestation. A la fin je vais vous pr&eacute;senter un moyen &agrave; r&eacute;soudre ce probl&egrave;me financier. </em></p> <p>Les textes repr&eacute;sentent en moyenne trois paragraphes, ce qui est proche des textes produits par les francophones monolingues. En revanche, la structure des paragraphes ne suit pas toujours les m&ecirc;mes principes que ceux attest&eacute;s dans les productions des francophones, &agrave; savoir une id&eacute;e, un argument et un exemple. L&rsquo;exemple 11 ci-dessous montre que l&#39;encha&icirc;nement des id&eacute;es exprim&eacute;es par le paragraphe n&rsquo;est pas tr&egrave;s clair. L&rsquo;apprenant &eacute;voque &agrave; la fois l&rsquo;id&eacute;e de la diffusion de la culture r&eacute;gionale et celle d&rsquo;une comp&eacute;tition culturelle. Si on peut comprendre le lien entre les deux id&eacute;es, ce dernier n&#39;est pas explicit&eacute;. L&#39;argument des avantages touristiques de la f&ecirc;te est &eacute;galement esquiss&eacute; &agrave; la fin du paragraphe.</p> <p>(11)</p> <p><em>Tout d&rsquo;abord, organiser une activit&eacute; est un bon moyen de diffuser notre culture r&eacute;gionale qui demeure un embl&egrave;me de notre ville. Aujourd&rsquo;hui, la comp&eacute;tition culturelle devient de plus en plus violente. Si on ne transmet pas notre culture on serait aval&eacute; par d&rsquo;autres cultures et on serait risque de perdre notre place culturelle. Je prends l&rsquo;exemple de Bretagne qui a une f&ecirc;te traditionnelle tous les ans &ndash; la f&ecirc;te de Bruy&egrave;re, pendant laquelle les villages portent leur v&ecirc;tements traditionnels pour f&ecirc;ter le mariage traditionnel. C&rsquo;est une bonne id&eacute;e de r&eacute;pandre leur traditions et en m&ecirc;me temps ils ont r&eacute;ussi &agrave; attirer des attentions des touristes. C&rsquo;est aussi le deuxi&egrave;me point des avantages que je veux montrer.</em></p> <p>La conclusion compte en moyenne 1,1 proposition chez les apprenants, ce qui est moins long par rapport aux francophones natifs et se rapproche davantage aux productions des scripteurs sinophones.</p> <p>(12)</p> <p><em>Je voudrais que vous puissiez consid&eacute;rer bien pour dont je parle et la bonne d&eacute;cision. Je vous prie d&rsquo;agr&eacute;er, Monsieur le maire, de l&rsquo;expression de mes salutations les plus sinc&egrave;res. </em></p> <p>Une seule production ne comporte pas de conclusion et se termine par la phrase suivante&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>Enfin, le concert estival fait d&eacute;j&agrave; partie de notre ville, de notre vie &hellip;</em>&nbsp;&raquo; (Apprenant sinophone du FLE). Le plus souvent, la conclusion comporte une formule de politesse comme &laquo;&nbsp;<em>Veuillez agr&eacute;er, Madame ou Monsieur, de mes salutations distingu&eacute;es.</em>&nbsp;&raquo;.&nbsp;</p> <p>L&rsquo;analyse des productions des apprenants montre trois tendances. D&rsquo;une part, on observe les traces de l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais qui sont visibles dans l&rsquo;expression directe du d&eacute;saccord du scripteur avec la d&eacute;cision du maire. Cette expression du point de vue est &agrave; notre avis le r&eacute;sultat de l&rsquo;acquisition de certaines conventions rh&eacute;toriques du fran&ccedil;ais. Elle montre que la formation donne des r&eacute;sultats satisfaisants et les apprenants acqui&egrave;rent les nouveaux principes rh&eacute;toriques m&ecirc;me si ces derniers sont &eacute;loign&eacute;s des principes propres &agrave; leur L1 et leur culture d&rsquo;origine.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</p> <p>D&rsquo;autre part, on atteste la pr&eacute;sence de traces de la L1 des apprenants dans l&rsquo;expression des raisons de la lettre comme si les apprenants chercheraient &agrave; se justifier. Cette caract&eacute;ristique est propre aux sinophones natifs qui ont tendance &agrave; expliquer en d&eacute;tails la raison de leur lettre. La courte conclusion est, selon nous, aussi l&rsquo;effet de la L1 des apprenants, car nous avons observ&eacute; des conclusions tr&egrave;s courtes dans les lettres des sinonohones natifs. Nous pensons que ce n&rsquo;est pas l&rsquo;incomp&eacute;tence des scripteurs qui conduit &agrave; cette longueur r&eacute;duite de la conclusion, mais plut&ocirc;t le fait que du point de vue rh&eacute;torique ils ne la consid&egrave;rent pas comme un &eacute;l&eacute;ment tr&egrave;s important. Les apprenants n&#39;&eacute;prouvent pas de difficult&eacute;s particuli&egrave;res pour la r&eacute;daction du texte, et sa longueur proche de celle des lettres des francophones, en est la preuve. Ils forment trois paragraphes en moyenne tout comme les francophones natifs. La longueur de l&rsquo;introduction est plus importante dans leurs productions que celle des francophones natifs. Si les francophones formulent g&eacute;n&eacute;ralement une proposition pour introduire le sujet, chez les apprenants on trouve deux propositions en moyenne. Cela prouve donc que ce ne sont pas les difficult&eacute;s r&eacute;dactionnelles qui les emp&ecirc;chent de renforcer leur conclusion, mais plut&ocirc;t la place qu&rsquo;ils lui attribuent.&nbsp;</p> <p>Un autre effet de la L1 est visible dans l&rsquo;organisation des paragraphes. Malgr&eacute; le fait que les apprenants essaient de structurer leur texte en paragraphes, le contenu de ceux-ci montre que les principes utilis&eacute;s pour structurer les id&eacute;es sont influenc&eacute;s par la L1 des apprenants avec une association de deux ou trois id&eacute;es au sein du m&ecirc;me paragraphe.</p> <p>Ces traces discursives de la L1 repr&eacute;sentent la manifestation du transfert n&eacute;gatif des comp&eacute;tences r&eacute;dactionnelles de nos apprenants acquises en L1 et montrent les limites de l&rsquo;enseignement.&nbsp;</p> <p>Finalement, nous attestons des efforts de se rapprocher des conventions rh&eacute;toriques du fran&ccedil;ais dans l&rsquo;annonce du plan de la lettre. C&rsquo;est certainement au cours de leur formation que les apprenants ont appris &agrave; annoncer le plan d&rsquo;un texte argumentatif. Cependant, la lettre &eacute;tant un &eacute;crit court, l&rsquo;&eacute;vocation du plan n&rsquo;est pas n&eacute;cessaire. Les apprenants ne respectent donc pas encore enti&egrave;rement les propri&eacute;t&eacute;s du genre &eacute;pistolaire. On est face ici &agrave; un&nbsp; ph&eacute;nom&egrave;ne d&rsquo;hypercorrection au niveau textuel, &agrave; savoir que le type du texte (argumentatif) prime sur le genre (&eacute;pistolaire). Les apprenants utilisent le mod&egrave;le type du texte argument&eacute; sans l&rsquo;adapter au genre &eacute;pistolaire. La pr&eacute;sence du plan alourdit l&rsquo;introduction de la lettre. Du point de vue didactique, cela nous montre que le guidage de l&rsquo;enseignant doit bien marquer ce qui rel&egrave;ve du type et ce qui rel&egrave;ve du genre.</p> <p>Ainsi, cette analyse montre que la comp&eacute;tence discursive est en cours d&rsquo;acquisition. L&rsquo;organisation de la lettre (de protestation) est encore fortement influenc&eacute;e par les conventions propres &agrave; la L1 des apprenants. Les probl&egrave;mes rencontr&eacute;s rel&egrave;vent d&rsquo;ordres diff&eacute;rents. Ils rel&egrave;vent &agrave; la fois de l&rsquo;organisation textuelle ou discursive et des moyens linguistiques utilis&eacute;s. Nous pensons que le travail autour du genre est insuffisant, ce qui montre que les apprenants font des efforts pour prendre une position, planifier leurs &eacute;crits, mais les outils dont ils disposent ne sont pas assez fins et pr&eacute;cis pour les adapter &agrave; la situation de communication.&nbsp;</p> <p>4.2.2 Implication du scripteur</p> <p>En ce qui concerne les moyens d&rsquo;implication du scripteur utilis&eacute;s par les apprenants, tout comme dans les groupes de contr&ocirc;le, on atteste l&rsquo;utilisation des pronoms personnels et des adjectifs possessifs. Les formes imp&eacute;ratives, pr&eacute;sentes dans les productions des francophones, sont absentes dans les productions des apprenants (figure 2).</p> <p><img height="208" src="https://www.numerev.com/img/ck_161_6_image15.png" width="465" /></p> <p>Figure 2&nbsp;: Moyens d&rsquo;implication du scripteur utilis&eacute;s par l&rsquo;ensemble de scripteurs</p> <p>Sur le graphique ci-dessus, on voit que les pronoms personnels repr&eacute;sentent le moyen le plus fr&eacute;quent d&rsquo;expression de l&rsquo;implication du scripteur dans les productions des apprenants. Les adjectifs possessifs sont &eacute;galement employ&eacute;s, car les apprenants savent qu&rsquo;ils doivent accompagner les noms de d&eacute;terminants. Quant au choix du pronom, le pronom le plus fr&eacute;quent est &laquo;&nbsp;je&nbsp;&raquo; qui est utilis&eacute; 3,3 fois par texte. Il est suivi par le pronom &laquo;&nbsp;nous&nbsp;&raquo;, employ&eacute; 2,7 fois en moyenne. Le pronom &laquo;&nbsp;vous&nbsp;&raquo; n&rsquo;apparait que 2,4 fois par texte en moyenne.</p> <p>Ainsi, notre analyse montre que du point de vue de l&rsquo;implication du scripteur, les apprenants choisissent la m&ecirc;me strat&eacute;gie que celle utilis&eacute;e par les scripteurs sinophones, &agrave; savoir l&rsquo;utilisation du pronom de la premi&egrave;re personne du singulier qui montre un degr&eacute; important d&rsquo;implication, mais peu de formes de sollicitation du destinataire sont observ&eacute;es.&nbsp;&nbsp;&nbsp;</p> <p>Ce r&eacute;sultat montre encore une fois que les propri&eacute;t&eacute;s du genre &eacute;pistolaire ne refl&egrave;tent pas les principes du fran&ccedil;ais et restent fortement influenc&eacute;es par la L1 des apprenants. Les conventions rh&eacute;toriques propres &agrave; la culture chinoise permettent aux scripteurs de s&rsquo;impliquer dans l&rsquo;&eacute;crit argumentatif et de marquer leurs position, car on trouve les pronoms de la premi&egrave;re personne dans les productions des sinophones natifs. Cela ne contredit donc pas les principes rh&eacute;toriques propres au chinois.&nbsp;</p> <p>En revanche, tout comme les sinophones, ils n&rsquo;emploient pas aussi souvent le pronom de la deuxi&egrave;me personne du pluriel et ne recourent jamais aux formes imp&eacute;ratives. Ces derni&egrave;res ne sont pas attest&eacute;es dans les productions de sinophones natifs non plus. Nous pensons donc que les apprenants n&rsquo;ont pas encore acquis les nouveaux principes rh&eacute;toriques propres au fran&ccedil;ais et n&rsquo;osent pas solliciter de fa&ccedil;on directe leur destinataire. Son statut social doit jouer un r&ocirc;le important dans leurs choix des moyens linguistiques. Les apprenants ne franchissent pas les r&egrave;gles de politesse propres &agrave; leur culture d&rsquo;origine. Cependant, le genre en question n&eacute;cessite l&rsquo;utilisation des formes d&rsquo;adresse plus directes en fran&ccedil;ais. Les apprenants devraient donc apprendre &agrave; utiliser ces moyens pour se rapprocher des conventions rh&eacute;toriques du fran&ccedil;ais.&nbsp;</p> <p>5. Discussion et propositions didactiques</p> <p>Par cet article nous avons essay&eacute; de montrer que la production &eacute;crite est une un processus complexe, car il englobe plusieurs processus mentaux et un niveau d&rsquo;abstraction &eacute;lev&eacute;. Les scripteurs monolingues de notre &eacute;tude semblent &ecirc;tre assez exp&eacute;riment&eacute;s pour produire des textes qui correspondent aux exigences de leurs cultures rh&eacute;toriques respectives. On peut donc supposer que les apprenants sont des scripteurs exp&eacute;riment&eacute;s dans leur L1 puisqu&rsquo;ils ont les m&ecirc;mes caract&eacute;ristiques socio-culturelles que les natifs. Ils peuvent donc transposer les comp&eacute;tences de leur L1 &agrave; la r&eacute;daction en L2.</p> <p>Ce qui les emp&ecirc;che de se rapprocher des natifs en r&eacute;daction en L2 c&rsquo;est justement ce transfert de conceptualisation (Jarvis, 2011) qu&rsquo;ils font en s&rsquo;appuyant sur les principes d&rsquo;organisation des textes qui sont propres &agrave; leur L1. Ces influences sont visibles dans l&rsquo;organisation de l&rsquo;introduction et des paragraphes en g&eacute;n&eacute;ral ainsi que dans le r&ocirc;le qu&rsquo;ils s&rsquo;attribuent dans le texte.</p> <p>Il est donc &eacute;vident que du point de vue de l&#39;organisation textuelle et discursive ils doivent encore perfectionner leur ma&icirc;trise de la L2. Ils doivent travailler la structure de l&rsquo;argumentation. Quant au genre, ils ont encore besoin de pr&eacute;cisions sur les caract&eacute;ristiques d&rsquo;une lettre de protestation.</p> <p>Nous avons voulu associer ce travail d&rsquo;analyse &agrave; une r&eacute;flexion proprement didactique, d&eacute;sirant proposer, pour la production &eacute;crite, des dispositifs qui r&eacute;pondent au mieux aux besoins des apprenants en fonction de leur culture d&#39;apprentissage. C&#39;est pourquoi nous avons essay&eacute; d&#39;adapter les d&eacute;marches p&eacute;dagogiques g&eacute;n&eacute;ralement mises en place pour travailler l&#39;argumentation en fonction des r&eacute;sultats de notre analyse des lettres de protestation r&eacute;dig&eacute;es par les apprenants sinophones du niveau B2. Nous avons &eacute;labor&eacute; trois modules organis&eacute;s de mani&egrave;re suivante : organiser et faire progresser sa pens&eacute;e, justifier sa pens&eacute;e, pr&eacute;ciser sa pens&eacute;e. Dans une optique de contextualisation, nos activit&eacute;s s&#39;adressent au public sinophone apprenants du fran&ccedil;ais niveau B2.</p> <p>L&#39;originalit&eacute; de la d&eacute;marche r&eacute;side principalement dans la premi&egrave;re phase : nous proposons aux apprenants chinois de r&eacute;aliser, en classe, une analyse contrastive de deux lettres : une lettre r&eacute;dig&eacute;e par un francophone et une produite par un scripteur sinophone (propos&eacute;e en chinois). On leur demande de faire des remarques g&eacute;n&eacute;rales sur les diff&eacute;rences observ&eacute;es. Dans le cadre du m&ecirc;me module, on r&eacute;alise une transposition didactique des cat&eacute;gories d&rsquo;analyse, &agrave; savoir les crit&egrave;res rh&eacute;toriques (Hidden, 2013) &eacute;voqu&eacute;s plus haut (plan, lin&eacute;arit&eacute;, encha&icirc;nement, implication du scripteur, style). Les apprenants se pr&ecirc;tent &agrave; une analyse rh&eacute;torique plus profonde en choisissant en groupes un ou deux crit&egrave;res rh&eacute;toriques &agrave; observer plus pr&eacute;cis&eacute;ment.&nbsp; Le fait de d&eacute;couvrir par eux-m&ecirc;mes les contrastes leur permet de prendre conscience des diff&eacute;rences existantes. Ce travail vise &agrave; les sensibiliser aux diff&eacute;rences qui existent. Cette sensibilisation est &agrave; notre avis plus facile dans une dimension comparative. Cela permet aussi de d&eacute;velopper leur comp&eacute;tence interculturelle puisqu&#39;ils sont invit&eacute;s &agrave; repenser leur propre mani&egrave;re d&#39;&eacute;crire et de formuler une argumentation tout en d&eacute;couvrant les codes de la langue cible. Les propos suivants recueillis en classe gr&acirc;ce &agrave; une captation vid&eacute;o mettent en valeur la prise de conscience des diff&eacute;rences par les apprenants chinois :&nbsp;</p> <p>&quot; <em>l&#39;&eacute;tudiant fran&ccedil;ais, il &eacute;crit ses arguments &agrave; partir des exp&eacute;riences personnelles (geste tourn&eacute; vers soi) et l&#39;&eacute;tudiant chinois, il &eacute;crit des arguments autour des choses grandes (geste de grandeurs) : les industries, des choses comme la valeur culturelle d&#39;une ville, ces choses comme &ccedil;a.</em>&quot;</p> <p>Les modules se poursuivent dans une deuxi&egrave;me phase avec des activit&eacute;s plus classiques qui correspondent &agrave; la r&eacute;daction d&rsquo;extraits de textes, comme l&rsquo;introduction, la conclusion, un paragraphe argumentatif, la planification des id&eacute;es et l&rsquo;organisation des paragraphes. Mais elles sont con&ccedil;ues &agrave; partir des corpus recueillis.</p> <p>Ces outils ont &eacute;t&eacute; propos&eacute;s en classe quelques fois mais n&eacute;cessitent d&rsquo;&ecirc;tre encore exploit&eacute;s et test&eacute;s (observation des productions &eacute;crites d&rsquo;&eacute;tudiants sur le long terme, questionnaire, entretiens avec les enseignants). Ces tests pourront nous indiquer dans quelle mesure ce travail est efficace et aide les apprenants &agrave; progresser.</p> <p>Nous pensons que l&#39;association d&rsquo;analyses linguistiques et d&rsquo;une r&eacute;flexion didactique appuy&eacute;e sur les r&eacute;sultats de ces analyses est une d&eacute;marche int&eacute;ressante, car elle permet &agrave; la fois de voir les tendances observ&eacute;es dans les productions de diff&eacute;rents groupes de scripteurs et de cr&eacute;er des outils didactiques contextualis&eacute;s. L&rsquo;analyse contrastive des crit&egrave;res rh&eacute;toriques met en lumi&egrave;re aussi bien les variations possibles au sein d&rsquo;un groupe que les tendances qui sont propres &agrave; la majorit&eacute; de participants du m&ecirc;me groupe. Ainsi, les diff&eacute;rences entre les langues et les cultures sont analysables m&ecirc;me si, nous restons conscientes que ces r&eacute;sultats sont valables pour un public donn&eacute; et dans une &eacute;poque donn&eacute;e. N&eacute;anmoins, elles permettent au linguiste d&rsquo;interpr&eacute;ter les strat&eacute;gies et les &eacute;ventuelles erreurs des apprenants. Elles permettent &eacute;galement au didacticien d&rsquo;introduire la dimension contrastive en classe de langue ce qui peut &ecirc;tre une premi&egrave;re &eacute;tape vers une d&eacute;marche interculturelle car les apprenants m&egrave;nent une r&eacute;flexion sur leurs pratiques et celles de scripteurs d&rsquo;une autre langue-culture.&nbsp;</p> <p>Notre souhait est donc de pouvoir approfondir nos analyses et de les diffuser au sein de la communaut&eacute; didactique et linguistique. Nous souhaitons affiner nos propositions didactiques et les tester dans des diff&eacute;rentes classes de FLE en contextes universitaires afin de proposer un outil pr&eacute;cis pour le public d&rsquo;apprenants sinophones du FLE.&nbsp;</p> <p>Notre ambition est &eacute;galement d&rsquo;&eacute;largir nos analyses &agrave; d&rsquo;autres langues &eacute;trang&egrave;res, telles que le turc, le russe, l&rsquo;indon&eacute;sien, etc. Les efforts sont d&eacute;j&agrave; faits pour recueillir des corpus n&eacute;cessaires dans le cadres de Master 2 ou de recherches doctorales en cours que nous encadrons. Ces analyses &eacute;largies nous permettraient de faire des rapprochements entre les langues-cultures et probablement de mutualiser certains outils didactiques.&nbsp;&nbsp;</p> <p>Nous restons &eacute;galement conscientes des variations tr&egrave;s importantes qu&rsquo;il peut y avoir au sein des groupes m&ecirc;mes s&rsquo;ils sont homog&egrave;nes du point de vue de la L1. Les apprenants sont tous uniques, ils ont chacun leur propre parcours scolaire et personnel, leurs acquis ne doivent pas &ecirc;tre g&eacute;n&eacute;ralis&eacute;s. Mais nous sommes persuad&eacute;es qu&rsquo;il est tr&egrave;s important d&rsquo;affiner les outils didactiques de r&eacute;daction des textes en FLE en prenant en compte plusieurs facteurs: l&rsquo;origine des apprenants et les principales caract&eacute;ristiques de leur culture &eacute;ducative, leur niveau scolaire, les types et les genres de textes qu&rsquo;on travaille ainsi que le registre. La prise en compte de ces facteurs permettrait d&rsquo;affiner les d&eacute;marches d&rsquo;enseignement et donner aux apprenants plus d&rsquo;outils pour leurs travaux &eacute;crits.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</p> <p>&nbsp; <p>R&eacute;f&eacute;rences bibliographiques</p> </p> <p>ADAM, Jean-Michel (2005). Grammaire textuelle, introduction &agrave; l&rsquo;analyse textuelle des discours. Paris&nbsp;: Armand Colin.</p> <p>ALLOUCHE, Victor (2011). Pour une didactique des actes de discours et des s&eacute;quences. Paris&nbsp;: L&#39;Harmattan.</p> <p>ALLOUCHE, Victor et MAURER, Bruno (2011). L&#39;&eacute;crit en FLE. Travail du style et ma&icirc;trise de la langue. Montpellier&nbsp;: Presses universitaires de la M&eacute;diterran&eacute;e.</p> <p>BI, Xiao (2016). Rh&eacute;torique de la dissertation&nbsp;: &eacute;tude contrastive des conventions d&rsquo;&eacute;criture acad&eacute;mique en fran&ccedil;ais et en chinois. Th&egrave;se de doctorat. Universit&eacute; Paris Sorbonne.</p> <p>CONNOR, Ulla (1996). Contrastive Rh&eacute;toric&nbsp;: Cross-cultural aspects of second-language writing. Cambridge&nbsp;: Cambridge University Press.</p> <p>CONRAIRE, Claudette-Mariet et RAYMOND, Patricia-Mary (1994). La production &eacute;crite en didactique des langues. Anjou: Centre Educatif et culturel.</p> <p>HAYES, John R. et FLOWER, Linda S. (1980). &ldquo;Identifying the Organization of Writing Processes&rdquo;. In LEE W. Gregg et Erwin R. STEINBERG (&eacute;ds.). Cognitive processes in writing. Hillsdale: Lawrence Erlbaum.</p> <p>HIDDEN, Marie-Odile (2013). Pratiques d&rsquo;&eacute;criture&nbsp;: apprendre &agrave; r&eacute;diger en langue &eacute;trang&egrave;re. Paris: Hachette.</p> <p>JARVIS, Scott (&eacute;d.) (2011). Bilingualism: Language and Cognition, Special Issue: Crosslinguistic influence in bilinguals&rsquo; concepts and conceptualizations, vol. 14, n&deg; 1.</p> <p>KAPLAN, Robert B. (1966). &ldquo;Cultural thought patterns in inter-cultural education&rdquo;. Language learning, 16, 1 et 2.</p> <p>KLEIN, Wolfgang et VON STUTTERHEIM, Christiane (1991). &ldquo;Text structure and referential movement&rdquo;. Sprache und Pragmatik, n&deg;22.</p> <p>PLANE, Sylvie (2005). &laquo;&nbsp;Singularit&eacute;s et constantes de la production d&rsquo;&eacute;crit &ndash; l&rsquo;&eacute;criture comme traitement de contraintes&nbsp;&raquo;. In Jacqueline LAFONT-TERRANOVA et Didier COLIN (&eacute;ds.). Didactique de l&rsquo;&eacute;crit&nbsp;: la construction des savoirs et le sujet-&eacute;crivant. Namur&nbsp;: Presses universitaires de Namur.</p> <p>Sitographie</p> <p>Grille de PE CIEP : http://www.delfdalf.fr/_media/grille-evaluation-production-ecrite-delf-b2-tp.pdf</p> <p>Exigences du DELF&nbsp;: https://communfrancais.com/2017/03/26/lettre-de-protestation-au-delf-b2/</p> <p>Annexes</p> <p>Liste d&rsquo;abr&eacute;viations pour les exemples en chinois&nbsp;</p> <p><img height="362" src="https://www.numerev.com/img/ck_161_6_image14.png" width="636" /></p>