<p style="text-align:left"><br /> &nbsp;</p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium"><em>Apprendre la/en langue de scolarisation par l&rsquo;aide et l&rsquo;estime de soi mutuelles </em></span></p> <p style="text-align:left">― <span style="font-size:medium"><em>retour sur exp&eacute;rience de classe et perspectives</em></span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:small">Marie BERCHOUD, universit&eacute; de Bourgogne</span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium"><em>Mots-cl&eacute;s</em></span><span style="font-size:medium">&nbsp;: exp&eacute;rience - estime de soi &ndash; aide &ndash; coop&eacute;ration &ndash; langue de scolarisation &ndash; apprentissages mutualis&eacute;s &ndash; sentiment d&rsquo;efficacit&eacute; personnelle </span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium"><em>R&eacute;sum&eacute;</em></span><span style="font-size:medium">&nbsp;: </span>cet article d&eacute;veloppe et analyse l&rsquo;exp&eacute;rimentation men&eacute;e par une enseignante, en formation continue par alternance pour la certification d&rsquo;enseignant sp&eacute;cialis&eacute;e, avec des &eacute;l&egrave;ves &laquo;&nbsp;&agrave; besoin &eacute;ducatifs particuliers&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;handicap&eacute;s&nbsp;&raquo; (classe ULIS) en relation avec des &eacute;l&egrave;ves allophones de leur &acirc;ge apprenant la langue de l&rsquo;&eacute;cole en France. Leur seul point commun est leur &eacute;loignement de la langue de scolarisation, et le d&eacute;sir de se conna&icirc;tre, d&rsquo;&eacute;changer. On montre donc en quoi susciter l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t des &eacute;l&egrave;ves et leur capacit&eacute; &agrave; s&rsquo;engager dans une activit&eacute; choisie pour aider autrui peut favoriser l&rsquo;estime de soi, le sentiment d&rsquo;efficacit&eacute; personnelle, et le travail langagier dans les deux classes&nbsp;: en effet, les &eacute;crits &eacute;chang&eacute;s sont alors per&ccedil;us dans leur processus de fabrication, qui renvoie &agrave; l&rsquo;oralit&eacute; et engage les &eacute;l&egrave;ves dans un travail intellectuel. La valeur de ces activit&eacute;s choisies en vue de destinataires d&eacute;j&agrave; identifi&eacute;s provient aussi du r&eacute;veil des potentialit&eacute;s cognitives, langagi&egrave;res et relationnelles. L&rsquo;exp&eacute;rience reste &agrave; poursuivre et conforter&nbsp;: elle a le m&eacute;rite d&rsquo;exister, et de montrer la vari&eacute;t&eacute; des param&egrave;tres en jeu dans un apprentissage langagier, en mettant l&rsquo;accent sur les dimensions contextuelles et relationnelles optimales, c&rsquo;est-&agrave;-dire de nature &agrave; respecter chacun des participants comme porteur de ressources et de potentiel.</p> <p style="text-align:left"><br /> &nbsp;</p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium"><strong>Pr&eacute;sentation - Contexte, participants</strong></span><span style="font-size:medium">,</span><span style="font-size:medium"><strong> probl&eacute;matique</strong></span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">Cet article aborde la question du perfectionnement en fran&ccedil;ais langue de scolarisation de jeunes &eacute;l&egrave;ves d&rsquo;une classe ULIS (v. note 1) en France, en relation avec une classe d&rsquo;accueil pour allophones. Le lien s&rsquo;est fait entre eux et s&rsquo;est poursuivi, comme on le verra, mais cet article traitera surtout des &eacute;l&egrave;ves ULIS, car les donn&eacute;es relatives &agrave; la classe d&rsquo;accueil des allophones sont trop minces. Le retour sur l&rsquo;exp&eacute;rience d&eacute;crite met en lumi&egrave;re ses conditions de production, et permet une r&eacute;flexion et des &eacute;changes sur les facteurs favorisant les apprentissages, en particulier langagiers, mais pas seulement.</span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">Soit, en France, une formation continue de sp&eacute;cialisation d&rsquo;enseignants dite (jusqu&rsquo;en 2017) CAPA-SH 1</span><sup><span style="font-size:medium">er</span></sup><span style="font-size:medium"> et second degr&eacute;s, &agrave; destination d&rsquo;enseignants des 1</span><sup><span style="font-size:medium">er</span></sup><span style="font-size:medium"> et second degr&eacute;s, en charge d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves entre six et seize ans &laquo;&nbsp;&agrave; besoins &eacute;ducatifs particuliers&nbsp;&raquo;. Ces &eacute;l&egrave;ves nomm&eacute;s ainsi ne peuvent pas suivre dans une classe ordinaire, pour diverses causes, souvent imbriqu&eacute;es&nbsp;: non-conformit&eacute; au syst&egrave;me scolaire, difficult&eacute;s d&rsquo;apprentissage, handicaps socio-cognitifs li&eacute;s pour partie au milieu familial ou d&rsquo;&eacute;ducation, maladies invalidantes (</span><span style="color:#0563c1"><u><a href="http://eduscol.education.fr/cid46984/formations" style="color:#0563c1"><span style="font-size:medium">http://eduscol.education.fr/cid46984/formations</span></a></u></span><span style="font-size:medium">). Cette formation continue d&rsquo;une ann&eacute;e &agrave; destination d&rsquo;enseignants d&eacute;sirant obtenir la certification officielle, financ&eacute;e par le rectorat sur temps partag&eacute;, par un syst&egrave;me de regroupements, en alternance avec la prise en charge d&rsquo;une classe de premier ou second degr&eacute; regroupant des &eacute;l&egrave;ves &agrave; besoins &eacute;ducatifs particuliers, en &eacute;tablissements sp&eacute;cialis&eacute;s ou en coll&egrave;ge. </span>Tout<span style="font-size:medium"> au long de cette ann&eacute;e en alternance, chaque professeur en formation doit, sous la responsabilit&eacute; d&rsquo;un encadrant, &eacute;laborer un dispositif d&rsquo;exp&eacute;rimentation p&eacute;dagogique, le tester en classe et rendre compte de ses effets dans un m&eacute;moire qui sera ensuite soutenu devant un jury. Dans cette formation, l&rsquo;auteure de l&rsquo;article a assur&eacute; l&rsquo;enseignement de didactique adapt&eacute;e du fran&ccedil;ais pendant neuf ans (2007-2016).</span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">L&rsquo;exp&eacute;rience et le sujet de m&eacute;moire propos&eacute;s en 2013 par ASJ, en</span><span style="font-size:medium"><strong>s</strong></span><span style="font-size:medium">eignante en formation que j&rsquo;encadrais, &eacute;tait originale et int&eacute;ressante&nbsp;:&nbsp;ses &eacute;l&egrave;ves d&rsquo;une classe d&rsquo;ULIS</span><sup><span style="font-size:medium"><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc" style="font-size:57%; color:#0563c1"><sup>1</sup></a></span></sup><span style="font-size:medium"> , dix &eacute;l&egrave;ves d&rsquo;&acirc;ges vari&eacute;s, 12-15 ans, avaient rencontr&eacute; lors d&rsquo;une sortie scolaire organis&eacute;e par elle une classe d&rsquo;un autre &eacute;tablissement, &agrave; trente kilom&egrave;tres de l&agrave; (ce qui excluait les rencontres ult&eacute;rieures en co-pr&eacute;sence et allait permettre de d&eacute;velopper l&rsquo;&eacute;criture de sms), compos&eacute;e d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves allophones arriv&eacute;s en France sans ma&icirc;trise suffisante du fran&ccedil;ais (voir&nbsp;: </span><span style="color:#0563c1"><u><a href="http://www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=61536" style="color:#0563c1"><span style="font-size:medium">www.education.gouv.fr/pid285/bulletin_officiel.html?cid_bo=61536</span></a></u></span><span style="font-size:medium">).</span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">Cette rencontre avait fortement marqu&eacute;</span><sup><span style="font-size:medium"><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc" style="font-size:57%; color:#0563c1"><sup>2</sup></a></span></sup><span style="font-size:medium"> les &eacute;l&egrave;ves ULIS&nbsp;: non seulement ces &eacute;l&egrave;ves de leur &acirc;ge avaient quitt&eacute; leur pays, souvent en situation d&rsquo;urgence, ils avaient fait un grand voyage et, pour certains, &eacute;taient loin de leurs parents (comme certains enfants plac&eacute;s en familles d&rsquo;accueil) mais en plus ils devaient &agrave; pr&eacute;sent vite apprendre la langue fran&ccedil;aise pour suivre &agrave; l&rsquo;&eacute;cole&nbsp;! Ils &eacute;taient, disaient-ils, &laquo;&nbsp;plus mal partis que nous&nbsp;&raquo; et avec &laquo;&nbsp;plus de difficult&eacute;s&nbsp;&raquo;. Les &eacute;l&egrave;ves de la classe sp&eacute;cialis&eacute;e d&rsquo;ASJ avaient crois&eacute; la route de jeunes qui pouvaient avoir besoin d&rsquo;eux, alors que, d&rsquo;ordinaire, ceux qui &eacute;taient insuffisants en tout, manquaient de bases, ne pouvaient pas suivre (etc.), et avaient besoin d&rsquo;autrui, c&rsquo;&eacute;tait eux, &laquo;&nbsp;&eacute;l&egrave;ves &agrave; besoins &eacute;ducatifs particuliers&nbsp;&raquo;. Ainsi, &laquo;&nbsp;les nuls&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;les mauvais&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;les rat&eacute;s&nbsp;&raquo; comme ils se surnommaient eux-m&ecirc;mes, d&eacute;couvraient la libert&eacute; d&rsquo;aider, d&rsquo;apporter &agrave; des &eacute;l&egrave;ves plus mal lotis qu&rsquo;eux quelque chose qu&rsquo;eux savaient, et pourraient donner. </span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">Ce choix d&rsquo;aider joint au travail qui en d&eacute;coulait, &eacute;tait-ce ce qui leur ouvrirait la voie vers la re-motivation, l&rsquo;estime de soi et la dignit&eacute;&nbsp;? Et cela, au travers de la pratique langagi&egrave;re en situation d&rsquo;engagement de soi, qui paraissait motiver les &eacute;l&egrave;ves ULIS bien davantage que les exercices,</span><sup><span style="font-size:medium"><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc" style="font-size:57%; color:#0563c1"><sup>3</sup></a></span></sup><span style="font-size:medium"> si vari&eacute;s soient-ils. Cette hypoth&egrave;se fut valid&eacute;e d&rsquo;abord par l&rsquo;enthousiasme des &eacute;l&egrave;ves. Il s&rsquo;agissait cependant, pour l&rsquo;enseignante, de conserver la motivation initiale, de la renforcer, de la faire durer afin que la r&eacute;alisation permette &agrave; ses &eacute;l&egrave;ves de d&eacute;ployer la t&eacute;nacit&eacute; et la capacit&eacute; &agrave; surmonter les probables difficult&eacute;s &agrave; venir&nbsp;: le renforcement de l&rsquo;estime de soi (Andr&eacute; &amp; Lelord&nbsp;: 2008), et le sentiment d&rsquo;efficacit&eacute; personnelle (Bandura&nbsp;: 2003) que l&rsquo;action engag&eacute;e suscitait, joints &agrave; la continuit&eacute; du contact &agrave; distance (sous forme de brefs courriels, photos et SMS) avec les &eacute;l&egrave;ves allophones vis&eacute;s par l&rsquo;aide seraient-ils suffisants&nbsp;? Il allait falloir, en guise de support &agrave; la continuit&eacute; de l&rsquo;action, toute la finesse p&eacute;dagogique et humaine d&rsquo;ASJ, l&rsquo;enseignante, et sa volont&eacute; de se perfectionner, elle et sa pratique. </span></p> <p style="text-align:left"><br /> &nbsp;</p> <ol style="list-style-type:upper-roman"> <li> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium"><strong>R&eacute;alisation&nbsp;: point de d&eacute;part et &eacute;volutions</strong></span></p> </li> </ol> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">Le point de d&eacute;part a &eacute;t&eacute; formul&eacute;&nbsp;: permettre et organiser l&rsquo;engagement d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves d&rsquo;ULIS, &agrave; leur demande, dans l&rsquo;aide &agrave; une classe d&rsquo;autres &eacute;l&egrave;ves non ou peu francophones, donc plus en difficult&eacute; qu&rsquo;eux, cela pourrait faire &eacute;merger chez ces &eacute;l&egrave;ves d&rsquo;ULIS une estime de soi renforc&eacute;e tout en d&eacute;veloppant des savoirs et savoir-faire langagiers. Concr&egrave;tement, il s&rsquo;agissait de r&eacute;aliser un support d&rsquo;apprentissage pour les &eacute;l&egrave;ves nouveaux arrivants. Cette r&eacute;alisation rev&ecirc;tait des dimensions humaines, p&eacute;dagogiques, langagi&egrave;res et relationnelles&nbsp;: en effet, il semblait possible de faire progresser les &eacute;l&egrave;ves engag&eacute;s dans l&rsquo;action, et m&ecirc;me l&rsquo;enseignante, en ann&eacute;e de formation continue. Au long des trois mois qu&rsquo;a dur&eacute; l&rsquo;exp&eacute;rimentation, puis dans la r&eacute;daction du m&eacute;moire, des progressions parall&egrave;les se sont effectu&eacute;es, tant du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;enseignante (ins&eacute;r&eacute;e dans un dispositif de formation continue &agrave; valeur dipl&ocirc;mante), que du c&ocirc;t&eacute; de ses &eacute;l&egrave;ves. </span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">1.1. Ayant pris en compte le souhait de sa classe, ASJ engagea la conversation avec celle-ci (rappel&nbsp;: dix &eacute;l&egrave;ves d&rsquo;ULIS, voir ci-dessus note 1) sur l&rsquo;action &agrave; mener en faveur de ces &eacute;l&egrave;ves venus de si loin sans parler le fran&ccedil;ais. Le projet initial qui &eacute;mergea consistait &agrave; &eacute;laborer un imagier de la vie avec un mot + une illustration par page, et une phrase simple contenant ce mot, une sorte de kit de survie. Remarquons au passage la vision de la langue et de l&rsquo;apprentissage d&rsquo;une langue v&eacute;hicul&eacute;e par cette proposition&nbsp;: des mots correspondant &agrave; des objets, et au-del&agrave;, des situations simples reli&eacute;es &agrave; une phrase, elle aussi simple. En clair, du concret, mais aussi une repr&eacute;sentation de ce que sont la langue et son apprentissage relativement aux besoins d&rsquo;insertion scolaire. L&rsquo;enseignante n&rsquo;&eacute;voqua pas la difficult&eacute; de dire la tristesse, le chagrin, la nostalgie&nbsp;: cela lui semblait trop t&ocirc;t&nbsp;; il fallait commencer, car le temps lui &eacute;tait compt&eacute;. </span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">En effet, l&rsquo;enseignant en formation continue CAPA-SH a l&rsquo;obligation de mettre en place un exp&eacute;rimentation, certes, mais aussi de la d&eacute;velopper en s&eacute;quence de formation appuy&eacute;e sur des observations, des mesures, des lectures, en r&eacute;ponse &agrave; un besoin rep&eacute;r&eacute; chez ses &eacute;l&egrave;ves&nbsp;: dans le cas trait&eacute;, c&rsquo;&eacute;tait le besoin d&rsquo;aider en donnant ce qui est su &agrave; d&rsquo;autres&nbsp;; c&rsquo;&eacute;tait aussi, pour l&rsquo;enseignante, l&rsquo;occasion de faire progresser ses &eacute;l&egrave;ves sur des lacunes rep&eacute;r&eacute;es, comme la difficult&eacute; &agrave; lire et &eacute;crire des mots de plus de trois syllabes, le d&eacute;ficit de correspondances oral/&eacute;crit v&eacute;cues, donc une orthographe en souffrance (et peut-&ecirc;tre pas seulement elle). </span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">D&rsquo;abord, ASJ recueille les choix des &eacute;l&egrave;ves pour l&rsquo;imagier qu&rsquo;ils souhaitaient r&eacute;aliser&nbsp;: quels mots, quelles illustrations&nbsp;? Dix mots sont bri&egrave;vement retenus, jusqu&rsquo;&agrave; ce que les &eacute;l&egrave;ves r&eacute;alisent qu&rsquo;ils sont &agrave; la fois des mots pour l&rsquo;&eacute;cole (</span><span style="font-size:medium"><em>cahier, crayon, feutre</em></span><span style="font-size:medium">&hellip;) et des mots de la vie (</span><span style="font-size:medium"><em>ami, amie</em></span><span style="font-size:medium">, plus faciles &agrave; &eacute;crire que </span><span style="font-size:medium"><em>copain, copine</em></span><span style="font-size:medium">&hellip;). Il vaut donc mieux chercher des situations, plut&ocirc;t que des mots et phrases. Apr&egrave;s une s&eacute;ance de r&eacute;flexion et de propositions en commun, une situation est retenue&nbsp;: &eacute;couter une histoire venue d&rsquo;ailleurs, comme les &eacute;l&egrave;ves allophones, la raconter &agrave; son tour. L&rsquo;histoire choisie est </span><em><span style="font-size:medium">Z&eacute;k&eacute;y&eacute;</span></em> <span style="font-size:medium"><em>et le Serpent</em></span> <em><span style="font-size:medium">python</span></em><span style="font-size:medium">, o&ugrave; un python menace de manger des villageois, elle se passe dans un pays lointain (en relation avec les &eacute;l&egrave;ves nouvellement arriv&eacute;s, destinataires du travail fini). L&rsquo;imagier toujours pr&eacute;vu contiendra des images, avec les mots utiles &agrave; la compr&eacute;hension et l&rsquo;expression, et quelques phrases, en lien avec les images.</span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">Ensuite, dans ses t&acirc;ches de pr&eacute;paration de classe, et de pr&eacute;paration du m&eacute;moire, ASJ se doit de r&eacute;aliser une &eacute;valuation de d&eacute;part sur ce que savent les &eacute;l&egrave;ves avant l&rsquo;exp&eacute;rimentation et apr&egrave;s. Elle se focalise d&rsquo;abord sur l&rsquo;orthographe lexicale, elle compte les mots bien entendus, et ceux &eacute;galement bien orthographi&eacute;s dans une s&eacute;rie de termes extraits de l&rsquo;histoire lue. Cependant, elle prend conscience qu&rsquo;elle lit dans son &eacute;valuation ce qu&rsquo;elle sait d&eacute;j&agrave;, que les uns sont plus avanc&eacute;s que les autres, sans autre levier pour les faire tous progresser, par manque de crit&egrave;res pertinents&nbsp;; en outre, l&rsquo;&eacute;valuation doit &ecirc;tre en relation avec la r&eacute;alisation pour les &eacute;l&egrave;ves allophones. Elle est donc amen&eacute;e &agrave; faire &eacute;voluer son dispositif d&rsquo;&eacute;valuation. Elle va rep&eacute;rer ce que reformulent les &eacute;l&egrave;ves apr&egrave;s la premi&egrave;re lecture oralis&eacute;e de l&rsquo;album </span><em><span style="font-size:medium">Z&eacute;k&eacute;y&eacute;</span></em> <span style="font-size:medium"><em>et le Serpent</em></span> <em><span style="font-size:medium">python</span></em><span style="font-size:medium"> (de niveau CP), de Nathalie Dieterl&eacute;</span><span style="font-size:medium">, puis apr&egrave;s une deuxi&egrave;me lecture (voir retranscriptions des restitutions orales, et graphiques d&rsquo;ASJ en annexe II). En clair, ASJ va faire passer ses &eacute;l&egrave;ves d&rsquo;une logique de mots et d&rsquo;images statiques, &agrave; une logique de r&eacute;cit, d&rsquo;action, de tension dramatique en vue de la r&eacute;solution d&rsquo;une difficult&eacute; majeure (le python &agrave; vaincre). Peut-&ecirc;tre des le&ccedil;ons sur la mani&egrave;re de se d&eacute;brouiller pour triompher d&rsquo;une difficult&eacute; seront-elles accessibles aux &eacute;l&egrave;ves. Cela est hors le champ de l&rsquo;exp&eacute;rimentation, mais probable. </span></p> <p style="text-align:left"><br /> &nbsp;</p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">1.2. Ainsi ASJ b&acirc;tit-elle pas &agrave; pas des savoirs sur le v&eacute;cu socio-scolaire des &eacute;l&egrave;ves, et la marge d&rsquo;&eacute;volution possible avec des &eacute;l&egrave;ves acteurs de leurs apprentissages &agrave; travers un choix &agrave; eux. Elle note (voir annexe II) que l&rsquo;histoire racont&eacute;e demeure hors champ de la vie des &eacute;l&egrave;ves ULIS (ce n&rsquo;est pas leur monde, m&ecirc;me si ASJ a &eacute;voqu&eacute; le lointain des &eacute;l&egrave;ves allophones), que leurs restitutions manquent de contextualisation et de continuit&eacute;, comme si elles &eacute;taient irr&eacute;elles. On verra plus loin l&rsquo;apport des &eacute;l&egrave;ves de la classe d&rsquo;accueil&nbsp;: leur pr&eacute;sence a finalement fait entrer le r&eacute;cit dans le r&eacute;el des &eacute;l&egrave;ves, elle les a sortis un temps du colloque singulier, de la marge o&ugrave; ils sont trop souvent enferm&eacute;s, voire confin&eacute;s. </span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">La mise en contexte de l&rsquo;histoire du python se fait en lien avec les pays de d&eacute;part des &eacute;l&egrave;ves de la classe d&rsquo;accueil qui ont besoin d&rsquo;aide, l&rsquo;histoire a donc un lieu, un sens, elle peut &ecirc;tre habit&eacute;e par des personnes r&eacute;elles, et avec des lecteurs eux aussi ancr&eacute;s dans la r&eacute;alit&eacute;, la leur mais aussi celle d&rsquo;autrui. Comment le savoir&nbsp;? ASJ rep&egrave;re les attitudes des &eacute;l&egrave;ves pendant la lecture de l&rsquo;histoire, avec l&rsquo;aide de l&rsquo;auxiliaire de vie scolaire (personne qui vient aider dans la classe). Ici, il convient de se reporter &agrave; l&rsquo;annexe II pour constater l&rsquo;&eacute;volution des attitudes des &eacute;l&egrave;ves ULIS pendant les lectures oralis&eacute;es. Les initiales correspondent aux noms des &eacute;l&egrave;ves, et on observera l&rsquo;&eacute;volution entre la premi&egrave;re lecture et la deuxi&egrave;me, par exemple d&rsquo;A.C., et de L.D.&nbsp; ou de K.B. : l&agrave; encore, l&rsquo;&eacute;volution se fait dans le sens d&rsquo;une prise de parole pour commenter, mais sans aucune question sur l&rsquo;histoire racont&eacute;e, qui semble demeure hors d&rsquo;eux-m&ecirc;mes, tel un &eacute;l&eacute;ment exog&egrave;ne non r&eacute;el, non tol&eacute;r&eacute;, non mentalis&eacute;. On notera aussi qu&rsquo;un(e) seule &eacute;l&egrave;ve tente de se r&eacute;f&eacute;rer &agrave; l&rsquo;album, qui est sur la table commune, mais ferm&eacute;, c&rsquo;est AC, qui a eu, d&egrave;s la premi&egrave;re lecture, une attitude active de commentaires et questions. </span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">Revenons un instant sur ces deux graphiques notant les attitudes des &eacute;l&egrave;ves pendant la lecture&nbsp;: dans le second graphique, on note que les &eacute;l&egrave;ves aux attitudes les plus en retrait commentent davantage en deuxi&egrave;me lecture, donc (voir L.D. et K.B.) mais ne posent pas plus de questions sur la lecture&nbsp;; autrement dit, ils ont finalement &eacute;t&eacute; accroch&eacute;s par l&rsquo;histoire, mais ne se projettent pas vers elle, dans ce monde de la fiction (source de la pens&eacute;e), ils la ram&egrave;nent &agrave; eux. Il faudra d&rsquo;autres lectures, et le lien continu tress&eacute; par l&rsquo;enseignante avec la classe CLA &agrave; l&rsquo;aide de petits messages et photos.</span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">Et c&rsquo;est bien en cela que le projet de confection d&rsquo;une aide pour apprendre le fran&ccedil;ais (imagier, devenu histoire avec mots et phrases pour aider) pour les &eacute;l&egrave;ves peu francophones de la classe d&rsquo;accueil est positif&nbsp;: il am&egrave;ne les &eacute;l&egrave;ves ULIS &agrave; sortir de leur monde pour s&rsquo;int&eacute;resser &agrave; autrui, ces &eacute;l&egrave;ves qui ont besoin d&rsquo;eux, de leurs savoirs et de leurs r&eacute;alisations. Ce projet demande le soutien et la compr&eacute;hension fine de l&rsquo;enseignante.</span></p> <p style="text-align:left">&nbsp;</p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">En effet, les &eacute;l&egrave;ves scolaris&eacute;s en ULIS ont au d&eacute;part peu d&rsquo;exp&eacute;riences vari&eacute;es de socialisation, ils viennent des villages environnants et se trouvent pour la premi&egrave;re fois dans un &eacute;tablissement d&rsquo;enseignement secondaire &laquo;&nbsp;&eacute;norme&nbsp;&raquo;, disent-ils [selon ASJ], dans une ville quand m&ecirc;me, avec un cin&eacute;ma, des grands magasins, des caf&eacute;s. ASJ, l&rsquo;enseignante, se demande alors dans son m&eacute;moire, </span></p> <p style="margin-left:0.5cm; text-align:left"><span style="font-size:medium"><em>&laquo;&nbsp;comment les dix &eacute;l&egrave;ves d&rsquo;ULIS,</em></span><span style="font-size:medium"><em> &lsquo;dispositif collectif permettant aux &eacute;l&egrave;ves handicap&eacute;s de recevoir une p&eacute;dagogie et un enseignement adapt&eacute;s &agrave; leurs besoins sp&eacute;cifiques&rsquo;</em></span><span style="font-size:medium"><em> de Montbard (21) en sont-ils venus &agrave; leur demande d&rsquo;organiser une aide pour les enfants r&eacute;cemment arriv&eacute;s en France sans ma&icirc;trise suffisante de la langue des apprentissages, le fran&ccedil;ais&nbsp;?&nbsp;&raquo; </em></span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">L&rsquo;enseignante commence par une contextualisation comprenant un cadrage r&eacute;glementaire de la situation et des acteurs en pr&eacute;sence (voir annexe I). Puis elle revient sur l&rsquo;&eacute;volution des choix de ses &eacute;l&egrave;ves &agrave; partir de la sortie de classe en autocar vers la ville voisine, dans la classe d&rsquo;accueil d&rsquo;une coll&egrave;gue d&rsquo;ASJ&nbsp;: l&rsquo;imagier, puis les phrases, puis l&rsquo;histoire &agrave; leur raconter, une histoire qui se passe loin, tr&egrave;s loin de la France. Enfin dans le retour sur son exp&eacute;rimentation, elle est amen&eacute;e &agrave; d&eacute;velopper ce qui a &eacute;volu&eacute; chez les &eacute;l&egrave;ves, ainsi que les notions qui lui permettent d&rsquo;en parler et d&rsquo;analyser l&rsquo;&eacute;volution. </span></p> <p style="text-align:left"><br /> &nbsp;</p> <ol start="2" style="list-style-type:upper-roman"> <li> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium"><strong>Notions utiles et r&eacute;sultats</strong></span></p> </li> </ol> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">&Agrave; l&rsquo;issue de l&rsquo;exp&eacute;rimentation collective n&eacute;e d&rsquo;un besoin et d&rsquo;une id&eacute;e exprim&eacute;s par ses &eacute;l&egrave;ves ULIS, ASJ avait ouvert, avec eux, une fen&ecirc;tre nouvelle dans leur v&eacute;cu scolaire. D&rsquo;abord, ils avaient su exprimer, et ASJ avait entendu leur d&eacute;sir d&rsquo;agir et d&rsquo;apporter de l&rsquo;aide &agrave; plus mal loti qu&rsquo;eux, elle avait de ce fait ouvert une voie vers leur possible position d&rsquo;acteurs et auteurs de leurs choix, par-del&agrave; la distinction &eacute;tablie d&egrave;s 1970 par Bourdieu &amp; Passeron dans </span><span style="font-size:medium"><em>La Reproduction &ndash; &eacute;l&eacute;ments pour une th&eacute;orie du syst&egrave;me d&rsquo;enseignement </em></span><span style="font-size:medium">(1970&nbsp;: I.4.1.1) entre &laquo;&nbsp;auctor&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;lector&nbsp;&raquo;, autrement dit, ma&icirc;tre et &eacute;l&egrave;ve(s). </span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">2.1. Depuis ces ann&eacute;es soixante-dix, la mise en activit&eacute; des &eacute;l&egrave;ves a &eacute;t&eacute; valoris&eacute;e par les didacticiens et p&eacute;dagogues ainsi que par l&rsquo;&Eacute;ducation nationale elle-m&ecirc;me, mais il faut se demander quels sont les moyens et conditions pour la r&eacute;ussite d&rsquo;une telle &eacute;volution. Il y a, certes, les incantations autour de la notion de projet (avec des r&eacute;alisations plus ou moins durables tant l&rsquo;imp&eacute;ratif scolaire pousse les &eacute;l&egrave;ves toujours plus vers l&rsquo;avant), puis de la perspective actionnelle (promue par le Cadre europ&eacute;en de r&eacute;f&eacute;rences pour les langues depuis 2001), c&rsquo;est-&agrave;-dire apprendre en faisant, comme le valorise la p&eacute;dagogie Freinet </span><sup><span style="font-size:medium"><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc" style="font-size:57%; color:#0563c1"><sup>4</sup></a></span></sup><span style="font-size:medium">depuis pr&egrave;s de cent ans, que Freinet lui-m&ecirc;me a exp&eacute;riment&eacute; avec succ&egrave;s&hellip; mais sur une toute petite &eacute;chelle. Cette &laquo;&nbsp;action&nbsp;&raquo; convoqu&eacute;e par les tenants de la perspective actionnelle reste marqu&eacute;e par le &laquo;&nbsp;comme-si&nbsp;&raquo; qu&rsquo;est l&rsquo;univers de la classe. Il n&rsquo;est donc pas indiff&eacute;rent que l&rsquo;exp&eacute;rience men&eacute;e par ASJ se soit produite dans une structure situ&eacute;e aux marges du syst&egrave;me scolaire, avec des &eacute;l&egrave;ves d&eacute;finis par leur handicap et leurs difficult&eacute;s, ce qui permet des classes moins lourdes, avec une p&eacute;dagogie fortement diff&eacute;renci&eacute;e, sans la pression d&rsquo;un programme.</span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">Il faut mettre en &eacute;vidence &eacute;galement le fait que les &eacute;l&egrave;ves d&rsquo;ULIS ont pu se sentir autoris&eacute;s &agrave; exprimer leurs int&eacute;r&ecirc;ts et leur besoin d&rsquo;aider, apr&egrave;s que leur enseignante, ASJ, leur a eu fait rencontrer des &eacute;l&egrave;ves nouvellement arriv&eacute;s en France et apprenant le fran&ccedil;ais pour suivre &agrave; l&rsquo;&eacute;cole. Ainsi, ces &eacute;l&egrave;ves d&rsquo;ULIS ont rencontr&eacute; des enfants-&eacute;l&egrave;ves d&rsquo;&acirc;ges vari&eacute;s, comme l&rsquo;est leur classe, et d&rsquo;origines diverses, comme ils le sont eux aussi (sept sur dix sont des &laquo;&nbsp;deuxi&egrave;me g&eacute;n&eacute;ration&nbsp;&raquo; issus de cultures diverses). L&rsquo;enseignante a su d&eacute;celer le besoin d&rsquo;aider, soutenu par un besoin d&rsquo;estime de soi renforc&eacute;e, ainsi qu&rsquo;un besoin de ressentir qu&rsquo;ils peuvent &ecirc;tre efficaces eux aussi, bien que class&eacute;s handicap&eacute;s et d&eacute;pos&eacute;s aux marges du syst&egrave;me scolaire, dans le creux discret d&rsquo;un &laquo;&nbsp;&eacute;norme&nbsp;&raquo; &eacute;tablissement. </span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">Ces notions d&rsquo;estime de soi n&eacute;cessaire, si souvent &agrave; renforcer chez les &eacute;l&egrave;ves en d&eacute;licatesse avec la norme scolaire sans pour autant les materner, se conjugue ainsi avec un d&eacute;sir d&rsquo;agir, d&rsquo;apporter de l&rsquo;aide, en &eacute;prouvant enfin un sentiment d&rsquo;efficacit&eacute; personnelle, renfor&ccedil;ant l&rsquo;estime de soi, &laquo;&nbsp;un outil pour affronter la r&eacute;alit&eacute;&nbsp;&raquo; (Andr&eacute;, op. c. infra). Ces deux notions sont li&eacute;es dans la pratique actuelle valorisant le faire&nbsp;: </span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">&laquo;&nbsp;</span><span style="font-size:medium">L&#39;estime de soi est une donn&eacute;e fondamentale de la personnalit&eacute;, plac&eacute;e au carrefour des trois composantes essentielles du soi&nbsp;: comportementale, cognitive et &eacute;motionnelle. Elle comporte des aspects comportementaux (elle influence nos capacit&eacute;s &agrave; l&#39;action et se nourrit en retour de nos succ&egrave;s) et cognitifs (elle d&eacute;pend &eacute;troitement du regard que nous portons sur nous, mais elle le module aussi &agrave; la hausse ou &agrave; la baisse). Enfin, l&#39;estime</span><span style="font-family:Times New Roman,serif"> </span><span style="font-size:medium">de soi reste pour une grande part une dimension fortement affective de notre personne&nbsp;&raquo; (Andr&eacute;, 2002, revue Sciences humaines, n&deg; 131, </span><span style="font-size:medium"><em>L&rsquo;estime de soi au quotidien</em></span><span style="font-size:medium">)</span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">On voit alors comment le sentiment d&rsquo;efficacit&eacute; personnelle (</span><span style="font-size:medium"><em>self efficacy</em></span><span style="font-size:medium">) vient s&rsquo;imbriquer, &eacute;tant donn&eacute; qu&rsquo;il &laquo;&nbsp;</span><span style="font-size:medium">n&rsquo;est pas une mesure des aptitudes d&rsquo;une personne mais une croyance relative &agrave; ce qu&rsquo;elle peut faire dans diverses situations, quelles que soient ses aptitudes&nbsp;&raquo; (Bandura, 2003&nbsp;: 64). </span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">Il y a plus. Ces sentiments, ces perceptions de soi auto-&eacute;valuatives, souvent n&eacute;es, entretenues au miroir des relations sociales et scolaires, engagent l&rsquo;individu dans une spirale d&eacute;pr&eacute;ciative qui peut &ecirc;tre sans retour. Or, nous les savons d&eacute;sormais par les travaux de neurosciences</span><sup><span style="font-size:medium"><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote5sym" name="sdfootnote5anc" style="font-size:57%; color:#0563c1"><sup>5</sup></a></span></sup><span style="font-size:medium">, apr&egrave;s que tant d&rsquo;&eacute;ducateurs en ont eu l&rsquo;intuition&nbsp;: l&rsquo;exp&eacute;rience v&eacute;cue, dont l&rsquo;apprentissage, peut faire &eacute;voluer la capacit&eacute; &agrave; agir, &agrave; &ecirc;tre acteur, &agrave; se situer dans le temps, l&rsquo;espace et les situations, et &agrave; ajuster ses actes. Nous avons vu cela mis en &oelig;uvre. Certes, davantage par l&rsquo;enseignante que par les &eacute;l&egrave;ves, mais elle leur a &agrave; chaque fois expliqu&eacute; le pourquoi de l&rsquo;&eacute;volution des formes de l&rsquo;aide&nbsp;: donner des mots dans un imagier ne suffit pas pour se perfectionner, ce serait mieux d&rsquo;apprendre &agrave; se d&eacute;brouiller face un probl&egrave;me, et cela, les histoires nous l&rsquo;enseignent&nbsp;; il fallait donc &eacute;couter des histoires, les reformuler et en tirer ce qui serait utile aux &eacute;l&egrave;ves ma&icirc;trisant peu le fran&ccedil;ais, et nous verrons </span><span style="font-size:medium"><em>in fine</em></span><span style="font-size:medium"> ce qu&rsquo;il en fut. </span></p> <ol style="list-style-type:upper-roman"> <li> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">Revenons sur ce qui est langagier, dont pour partie l&rsquo;agentivit&eacute;, afin de pr&eacute;ciser la notion et ses ouvertures, que ce soit l&rsquo;entr&eacute;e dans le langage en Langue 1, et la nouvelle entr&eacute;e en Langues 2 ou 3, en tout cas de scolarisation (parfois nomm&eacute;e, par commodit&eacute; globalisante mais erron&eacute;e, &laquo;&nbsp;langue seconde&nbsp;&raquo;). L&rsquo;agentivit&eacute;, c&rsquo;est le fait d&rsquo;&ecirc;tre agent de l&rsquo;action, dans une situation donn&eacute;e, ou dans une ambiance familiale&nbsp;: qui d&eacute;cide&nbsp;? Les enfants, grands strat&egrave;ges, le per&ccedil;oivent vite et s&rsquo;adaptent. L&rsquo;exp&eacute;rience commence l&agrave;, en effet, puis elle se poursuit tout au long de la vie, elle peut &ecirc;tre ou non valorisante. Selon Dewey</span><sup><span style="font-size:medium"><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote6sym" name="sdfootnote6anc" style="font-size:57%; color:#0563c1"><sup>6</sup></a></span></sup><span style="font-size:medium">, </span><span style="font-size:medium">&laquo; chaque exp&eacute;rience faite modifie le sujet, et cette modification, &agrave; son tour, affecte la qualit&eacute; des exp&eacute;riences suivantes, le sujet &eacute;tant un peu diff&eacute;rent apr&egrave;s chaque exp&eacute;rience de ce qu&rsquo;il &eacute;tait auparavant &raquo; (1938&nbsp;: 79). Aucune exp&eacute;rience positive ne saurait &ecirc;tre n&eacute;glig&eacute;e, surtout si elle peut venir nuancer une exp&eacute;rience ant&eacute;rieure n&eacute;gative. </span></p> </li> </ol> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">Harriet Jisa</span><sup><span style="font-size:medium"><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote7sym" name="sdfootnote7anc" style="font-size:57%; color:#0563c1"><sup>7</sup></a></span></sup><span style="font-size:medium"> (2003&nbsp;: 115-116), qui se fonde elle aussi sur l&rsquo;apport des neurosciences, dont la plasticit&eacute; c&eacute;r&eacute;brale, explique que &laquo;&nbsp;</span><span style="font-family:FreeSerif,serif"><span style="font-size:medium">le point de d&eacute;part de l&rsquo;acquisition du langage consisterait dans un stock de cat&eacute;gories conceptuelles, pr&eacute;linguistiques et universelles dont disposerait l&rsquo;enfant. Toutes les langues offrent des instruments pour exprimer les concepts d&rsquo;agentivit&eacute;, de localisation, de possession, de r&eacute;sultat, d&rsquo;existence, etc. ; et, partout dans le monde, les enfants savent trouver, t&ocirc;t dans le d&eacute;veloppement de leur aptitude &agrave; parler, les moyens d&rsquo;exprimer ces concepts. [&hellip;] </span></span><span style="font-size:medium">Cependant, bien que la possession de ces fondations cognitives en soit une condition n&eacute;cessaire, elle n&rsquo;est pas suffisante pour permettre l&rsquo;acquisition du langage. L&rsquo;enfant a &eacute;galement besoin d&rsquo;interagir avec l&rsquo;adulte afin de d&eacute;couvrir comment les cat&eacute;gories pr&eacute;linguistiques sont, ou ne sont pas, &lsquo;encapsul&eacute;es&rsquo; dans la grammaire de la langue qu&rsquo;il est en train d&rsquo;acqu&eacute;rir</span><span style="font-family:FreeSerif,serif"><span style="font-size:medium">&nbsp;&raquo;. Ajoutons&nbsp;: &hellip; et de quelle fa&ccedil;on tel concept (agentivit&eacute;, possession, localisation&hellip;) peut &ecirc;tre compris, exprim&eacute; dans leur langue premi&egrave;re, d&rsquo;entr&eacute;e dans le langage.</span></span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-family:FreeSerif,serif"><span style="font-size:medium">Ainsi, les &eacute;l&egrave;ves d&rsquo;ULIS sont, sauf accident pr&eacute;- ou post-natal majeur, des &ecirc;tres qui ont &eacute;labor&eacute; leur langue premi&egrave;re et ont appris &agrave; percevoir et exprimer l&rsquo;agentivit&eacute;, la possession, la localisation, ces concepts fondateurs de la pens&eacute;e. Ce qui s&rsquo;est pass&eacute; ensuite m&egrave;ne &agrave; imaginer un immense repli sur soi de protection, comme se construisent ann&eacute;e apr&egrave;s ann&eacute;e le passage d&rsquo;une classe &agrave; l&rsquo;autre qui, pour les uns est progression, et pour les autres, repli, recul, fuite. La question utile est donc&nbsp;: comment r&eacute;animer, r&eacute;activer ces savoirs anciens&nbsp;? Jusqu&rsquo;o&ugrave; aller puiser dans l&rsquo;oubli salvateur&nbsp;&eacute;labor&eacute; par ces &eacute;l&egrave;ves ULIS, sans pour autant les mettre en danger ? Chacun est seul juge intuitif de ce qu&rsquo;il peut supporter, mais un effet de groupe peut entra&icirc;ner &agrave; d&eacute;passer ses limites dans une certaine s&eacute;curit&eacute;. </span></span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-family:FreeSerif,serif"><span style="font-size:medium">Et est-ce un travail qui peut &ecirc;tre men&eacute; en classe&nbsp;? Comme l&rsquo;a montr&eacute; l&rsquo;exp&eacute;rience v&eacute;cue par et avec ASJ, il est possible de l&rsquo;amorcer, et ainsi de faire exp&eacute;rimenter du neuf, du positif qui am&egrave;ne &agrave; sortir de soi, de &laquo;&nbsp;soulever le couvercle&nbsp;&raquo; des d&eacute;terminations pesant sur chaque &eacute;l&egrave;ve d&rsquo;ULIS. Mais le mieux est une coop&eacute;ration entre tous les professionnels, &agrave; l&rsquo;instar de ce qui se fait dans les h&ocirc;pitaux de jour et CMPP pour enfants et adolescents. Bien s&ucirc;r, les moyens (financiers), les volont&eacute;s aussi peut-&ecirc;tre manquent&hellip; pour cela.</span></span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-family:FreeSerif,serif"><span style="font-size:medium">Dans le cas de cette classe ULIS, une rencontre s&rsquo;est produite, entre une enseignante disponible, &agrave; l&rsquo;&eacute;coute, en formation continu&eacute;e et des &eacute;l&egrave;ves chez qui elle a su r&eacute;veiller le d&eacute;sir d&rsquo;exister. L&rsquo;aide &agrave; plus en difficult&eacute; qu&rsquo;eux a &eacute;t&eacute; une porte d&rsquo;entr&eacute;e, &agrave; partir de l&agrave;, des &eacute;volutions se sont faites, on l&rsquo;a vu ci-dessus. Nul ne sait ce qu&rsquo;il restera de cette exp&eacute;rience chez ces &eacute;l&egrave;ves dans leur vie d&rsquo;adultes. Mais en tout cas, chacun d&rsquo;eux aura v&eacute;cu une exp&eacute;rience positive, de renforcement de soi, estime, sentiment d&rsquo;efficacit&eacute;, ouverture aux autres. Il y avait peut-&ecirc;tre longtemps que ce n&rsquo;&eacute;tait pas arriv&eacute;. Il y a plus&nbsp;: l&rsquo;exp&eacute;rience personnelle et sociale des &eacute;l&egrave;ves a &eacute;t&eacute; valoris&eacute;e, convoqu&eacute;e, suscit&eacute;e dans un apprentissage neuf, et choisi. Un bon souvenir d&rsquo;exp&eacute;rience et d&rsquo;apprentissage n&rsquo;a pas de prix. Mais on l&rsquo;a vu, il a sans doute un co&ucirc;t, notamment financier. Consid&eacute;rons cependant qu&rsquo;il ne concerne pas une mais deux classes.</span></span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-family:FreeSerif,serif"><span style="font-size:medium">Tandis que les &eacute;l&egrave;ves ULIS retrouvaient le go&ucirc;t d&rsquo;apprendre, de chercher, les &eacute;l&egrave;ves de classe d&rsquo;accueil se voyaient ins&eacute;r&eacute;s dans une relation d&rsquo;&eacute;changes &eacute;pistolaires, messages SMS et courriels entre classes&nbsp;: leurs phrases, imparfaites, n&eacute;es de l&rsquo;oral et color&eacute;es de perceptions phon&eacute;tiques, &eacute;taient lues et d&eacute;crypt&eacute;es par les &eacute;l&egrave;ves ULIS, amen&eacute;s &agrave; r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; ce qui avait fait qu&rsquo;un &eacute;l&egrave;ve &eacute;tranger &eacute;crivait, par exemple, &laquo;&nbsp;asteur&nbsp;&raquo; . Fallait-il lire &laquo;&nbsp;acteur&nbsp;&raquo;&nbsp;? Mais alors, qu&rsquo;est-ce qui &eacute;tait dit&nbsp;? Qui parlait, o&ugrave; &eacute;taient le sujet, le verbe &hellip;&nbsp;? Et puis, un sujet sans article &hellip;. Non, d&eacute;cid&eacute;ment, &laquo;&nbsp;asteur&nbsp;&raquo; voulait dire autre chose. A sept heures&nbsp;? A cette heure&nbsp;? Comment trancher&nbsp;? Il fallait consid&eacute;rer l&rsquo;ensemble du message. On pouvait aussi leur demander. Ainsi, les deux groupes d&rsquo;&eacute;l&egrave;ves se faisaient &laquo;&nbsp;perceurs de code&nbsp;&raquo; (Adamczewski, 1995 / 2014&nbsp;: 4</span></span><sup><span style="font-family:FreeSerif,serif"><span style="font-size:medium">e</span></span></sup><span style="font-family:FreeSerif,serif"><span style="font-size:medium"> de couverture) engag&eacute;s dans une d&eacute;marche de retour sur leurs propos oraux puis &eacute;crit&hellip;. Et une d&eacute;marche de retour sur leur acquisition -apprentissage de la langue premi&egrave;re, puis des suivantes.</span></span></p> <p style="text-align:left"><br /> &nbsp;</p> <p style="margin-left:0.75cm; text-align:left"><span style="font-size:medium"><strong>Conclusion et perspectives</strong></span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-family:FreeSerif,serif"><span style="font-size:medium">D&rsquo;abord, il faut le dire, nous n&rsquo;avons pas de donn&eacute;es sur ce qu&rsquo;il est advenu de la classe d&rsquo;accueil au-del&agrave; de la premi&egrave;re rencontre puis des &eacute;changes des enfants allophones avec les &eacute;l&egrave;ves ULIS. Il y eut quelques &eacute;changes entre les deux classes, ce qui a stimul&eacute; chacun dans son processus d&rsquo;apprentissage et/ou de r&eacute;-acquisition. Parmi les &eacute;changes de messages, le dernier a suivi la r&eacute;ception de l&rsquo;album compos&eacute; de vignettes sur l&rsquo;histoire du python sous lesquelles une phrase compos&eacute;e par les &eacute;l&egrave;ves ULIS disait l&rsquo;essentiel. Tous ces &eacute;l&egrave;ves se sont fondus dans la scolarit&eacute; ult&eacute;rieure pour les uns, et pour les autres dans d&rsquo;autres &eacute;tablissements. Il leur reste, &agrave; eux aussi, cette exp&eacute;rience langagi&egrave;re et humaine positive.</span></span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-family:FreeSerif,serif"><span style="font-size:medium">Pour l&rsquo;enseignante, elle a soutenu son m&eacute;moire et obtenu son dipl&ocirc;me, elle continue d&rsquo;exercer. Elle reste modeste. I&nbsp;&raquo;l y a des dizaines de coll&egrave;gues comme moi&nbsp;&raquo;, dit-elle. Pourtant, (faire) exp&eacute;rimenter &agrave; des &eacute;l&egrave;ves un autre r&ocirc;le que celui dans lequel la soci&eacute;t&eacute; les a rang&eacute;s, class&eacute;s, quelle riche id&eacute;e&nbsp;! Elle rappelle que le cadre pr&eacute;alable &agrave; tout apprentissages est le respect de l&rsquo;humanit&eacute; et des potentiels jamais fossilis&eacute;s des &eacute;l&egrave;ves, m&ecirc;me les plus en difficult&eacute;, et que ce cadre ne devrait pas &ecirc;tre n&eacute;gociable. </span></span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-family:FreeSerif,serif"><span style="font-size:medium">Au-del&agrave; de cette exp&eacute;rience, quelques conclusions &eacute;mergent et s&rsquo;imposent&nbsp;: d&rsquo;abord le fait qu&rsquo;apprendre l&rsquo;exercice du m&eacute;tier d&rsquo;enseignant est malais&eacute;ment s&eacute;parable de la classe, mais pas une classe-type, des classes, dans leur diversit&eacute;&nbsp;; cela, pour la formation continue, h&eacute;las aujourd&rsquo;hui r&eacute;duite, mais aussi pour la formation initiale.</span></span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-family:FreeSerif,serif"><span style="font-size:medium">Il convient aussi de r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; ce qu&rsquo;est &laquo;&nbsp;&ecirc;tre &eacute;l&egrave;ve&nbsp;&raquo; (certains disent &laquo;&nbsp;le m&eacute;tier&nbsp;&raquo; d&rsquo;&eacute;l&egrave;ve) pour se demander dans quelle mesure il est possible de faire entrer des exp&eacute;riences choisies, dans lesquelles chaque &eacute;l&egrave;ve se sentirait engag&eacute;&nbsp;: c&rsquo;est possible si on veut, et peut (encore la formation continue), et alors, m&ecirc;me apprendre &agrave; lire pourrait devenir une aventure personnelle (ce qu&rsquo;elle est en r&eacute;alit&eacute;, mais tous les enfants ne le savent pas&nbsp;; pour ne rien dire des enseignants). </span></span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium">Et maintenant, pour voir plus large, pourrions-nous &ccedil;&agrave; et l&agrave; imaginer un dispositif trans-m&eacute;diterran&eacute;en d&rsquo;apprentissage mutualis&eacute; (classes d&rsquo;enseignement adapt&eacute;, ou concern&eacute;es par le Maghreb / classes de premi&egrave;res ann&eacute;es de fran&ccedil;ais langue non maternelle, et/ou de scolarisation)&nbsp;? L&rsquo;ouverture est l&agrave;, mais la question finale&nbsp;demeure celle des enseignants&nbsp;et formateurs d&rsquo;enseignants ainsi que l&rsquo;acceptation de l&rsquo;exp&eacute;rience par les autorit&eacute;s ici et l&agrave;. </span></p> <p style="text-align:left"><br /> &nbsp;</p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium"><strong>R&eacute;f&eacute;rences bibliographiques</strong></span></p> <p style="text-align:left">ADAMCZEWSKI H., 1995 / 2014 r&eacute;&eacute;d., <em>Caroline, grammairienne en herbe, ou comment les enfants inventent leur langue maternelle</em>, Paris&nbsp;: Presses de la Sorbonne nouvelle.</p> <p style="text-align:left">ANDR&Eacute; Ch. &amp; LELORD F, 2008, <em>L&rsquo;estime de soi</em>, Paris&nbsp;: Odile Jacob.</p> <p style="text-align:left">ANDR&Eacute; Ch., 2002, &laquo;&nbsp;L&rsquo;estime de soi au quotidien&nbsp;&raquo;, Revue <em>Sciences humaines</em> n&deg; 131, Paris</p> <p style="text-align:left">ANSERMET F. &amp; MAGISTRETTI P., 2006, <em>&Agrave; chacun son cerveau</em>, Paris&nbsp;: Odile Jacob, puis Le Livre de poche.</p> <p style="text-align:left">BANDURA A., 2003, <em>Le sentiment d&rsquo;efficacit&eacute; personnelle</em>, Paris, De Boeck.</p> <p style="text-align:left">BOURDIEU P. &amp; PASSERON J.-C., 1970, <em>La reproduction &ndash; &eacute;l&eacute;ments pour une th&eacute;orie du syst&egrave;me d&rsquo;enseignement</em>, Paris&nbsp;: &eacute;ditions de Minuit</p> <p style="text-align:left">DEWEY J., 1938/1968<em> Exp&eacute;rience et &eacute;ducation</em>. Paris : A. Colin<span style="font-family:Times New Roman,serif">.</span></p> <p style="text-align:left">FREINET C, 1994, &OElig;uvres <em>p&eacute;dagogiques</em>, Paris&nbsp;: Seuil.</p> <p style="text-align:left">JISA, H., &laquo;&nbsp;Acquisition du langage. Ce que l&rsquo;enfant nous apprend sur l&rsquo;homme&nbsp;&raquo;, revue <em>Terrain</em>, n&deg; 42, mars 2003 (115-132).</p> <p style="text-align:left"><br /> &nbsp;</p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium"><strong>ANNEXES</strong></span></p> <ol style="list-style-type:upper-roman"> <li> <p style="text-align:left"><span style="font-size:medium"><strong>&Eacute;l&eacute;ments sur les ULIS et les &eacute;l&egrave;ves qui y sont scolaris&eacute;s (extraits du m&eacute;moire de ASJ)</strong></span></p> </li> </ol> <p style="margin-left:0.5cm; text-align:left"><span style="font-size:medium"><em>&laquo;&nbsp;La circulaire n&deg;&nbsp;2010-088 du 18 juin&nbsp;2010 constitue le premier support du coord</em></span><span style="color:#943634"><span style="font-size:medium"><em>in</em></span></span><span style="font-size:medium"><em>ateur ULIS. Il parait important d&#39;en rapporter les &eacute;l&eacute;ments cl&eacute;s, afin d&#39;&eacute;clairer pr&eacute;cis&eacute;ment l&#39;organisation du dispositif ULIS au coll&egrave;ge de Montbard, et les cons&eacute;quences directes sur l&#39;enseignement que je mets en &oelig;uvre au sein de cette unit&eacute;. </em></span></p> <p style="margin-left:0.5cm; text-align:left"><span style="font-size:medium"><em>1) Les Ulis constituent un &rsquo;dispositif collectif permettant aux &eacute;l&egrave;ves handicap&eacute;s de recevoir une p&eacute;dagogie et un enseignement adapt&eacute;s &agrave; leurs besoins sp&eacute;cifiques&rsquo;</em></span></p> <p style="margin-left:0.5cm; text-align:left"><span style="font-size:medium"><em>2) Les &eacute;l&egrave;ves handicap&eacute;s ont&nbsp;&lsquo;vocation &agrave; suivre les cours dispens&eacute;s dans une classe ordinaire de l&#39;&eacute;tablissement correspondant au niveau de scolarit&eacute; mentionn&eacute; dans leur PPS&rsquo; [ndlr&nbsp;: Parcours, Personnalis&eacute; de Scolarisation].</em></span></p> <p style="margin-left:0.5cm; text-align:left"><span style="font-size:medium"><em>3) La loi pr&eacute;cise&nbsp; que&nbsp;&nbsp; &lsquo;l&#39;&eacute;tat de sant&eacute; ou la situation de handicap de certains &eacute;l&egrave;ves peuvent g&eacute;n&eacute;rer une fatigabilit&eacute;, une lenteur, des difficult&eacute;s d&#39;apprentissage ou des besoins p&eacute;dagogiques sp&eacute;cifiques qui ne peuvent objectivement &ecirc;tre prises en compte dans le cadre d&#39;une classe ordinaire. Ces &eacute;l&egrave;ves ont besoin de modalit&eacute;s de scolarisation plus souples et plus diversifi&eacute;es sur le plan p&eacute;dagogique, qui leur sont propos&eacute;es par les unit&eacute;s&rsquo;&nbsp;&raquo;.</em></span></p> <p style="text-align:left"><strong>II </strong> <span style="font-size:medium"><strong>&Eacute;l&eacute;ments d&rsquo;&eacute;valuations (formatives) effectu&eacute;es par ASJ en vue de son m&eacute;moire</strong></span></p> <p style="text-align:left"><span style="color:#00b0f0"><span style="font-family:Times New Roman,serif">En bleu</span></span><span style="font-family:Times New Roman,serif">&nbsp;restitution du pr&eacute;-test (lecture 1). </span><span style="color:#00b050"><span style="font-family:Times New Roman,serif">En vert</span></span><span style="font-family:Times New Roman,serif">&nbsp;restitution du post-test (lecture 2)</span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-family:Times New Roman,serif">Album </span><span style="font-family:Times New Roman,serif"><em>Z&eacute;k&eacute;y&eacute; et le serpent python</em></span><span style="font-family:Times New Roman,serif">, N. Dieterl&eacute; (Ribamelle, 2008)</span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-family:Times New Roman,serif">(transcription faite au plus proche de l&rsquo;&eacute;crit par ASJ)</span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-family:Times New Roman,serif">A.C</span></p> <p style="text-align:left"><span style="color:#00b0f0"><span style="font-family:Times New Roman,serif">&laquo;&nbsp;Le serpent i veut manger l&rsquo;homme qui dormait. L&rsquo;homme a &eacute;cart&eacute; ses jambes. Apr&egrave;s, &ccedil;a ensemble, tout &ccedil;a, voil&agrave;. Apr&egrave;s Z&eacute;k&eacute;y&eacute; il est plus petit. Z&eacute;k&eacute;y&eacute; a voulu manger 4 ou 5 hommes, je sais plus combien </span></span><span style="color:#00b0f0"><span style="font-family:Times New Roman,serif"><em>(tente de regarder dans le livre)</em></span></span><span style="color:#00b0f0"><span style="font-family:Times New Roman,serif">. Z&eacute;k&eacute;y&eacute; a &eacute;t&eacute; voir le gros. Le serpent a serr&eacute; le gros. Z&eacute;k&eacute;y&eacute; a &eacute;t&eacute; chercher le sorcier. Z&eacute;k&eacute;y&eacute; coupe la t&ecirc;te du serpent. A la fin, on a vu la m&egrave;re de Z&eacute;k&eacute;y&eacute; avec des bijoux. Et c&rsquo;est fini.&nbsp;&raquo; </span></span></p> <p style="text-align:left"><span style="color:#00b050"><span style="font-family:Times New Roman,serif">&laquo;&nbsp;Z&eacute;k&eacute;y&eacute; est petit. Les hommes i dorment les jambes &eacute;cart&eacute;es. Z&eacute;k&eacute;y&eacute; i va voir guerrier le plus fort pour tuer le python. Mais le gros est tout serr&eacute;, tout rouge. &Ccedil;a marche pas. I va voir le sorcier. I fait du Dol&eacute;. Le python i mange le Dol&eacute; mais i tombe pas dans le trou. Apr&egrave;s voil&agrave;. Z&eacute;k&eacute;y&eacute; va voir le Boutou, il lui dit ce qui faut faire. Z&eacute;k&eacute;y&eacute; prend des feuilles de bananier. Il les met sur sa jambe. Le python mange sa jambe et Z&eacute;k&eacute;y&eacute; lui coupe la t&ecirc;te. Apr&egrave;s Z&eacute;k&eacute;y&eacute; il est content et tout le monde aussi. Et Z&eacute;k&eacute;y&eacute; il est plus petit. Voil&agrave;.&nbsp;&raquo;</span></span></p> <p style="text-align:left"><br /> &nbsp;</p> <p style="text-align:left"><span style="font-family:Times New Roman,serif">L.D</span></p> <p style="text-align:left"><span style="color:#00b0f0"><span style="font-family:Times New Roman,serif">&laquo;&nbsp;En fait le serpent y mange les hommes, i commence par les pieds. Maintenant y ont trouv&eacute; un moyen, y z&rsquo;&eacute;cartent les jambes pour pas qui les mange. Apr&egrave;s je me souviens plus.&nbsp;&raquo; </span></span></p> <p style="text-align:left"><span style="color:#00b050"><span style="font-family:Times New Roman,serif">&laquo;&nbsp;Une fois il y avait un serpent python qui mange les hommes de la m&ecirc;me fa&ccedil;on, il commence par les pieds. Ils trouvent un truc pour pas se faire manger, i dorment les jambes &eacute;cart&eacute;es. Z&eacute;k&eacute;y&eacute; est le plus petit de la tribu. Il veut tuer le serpent python pour que plus personne le trouve petit. Il va voir le guerrier le plus fort. Le serpent est plus fort que lui. Il va voir le guerrier le plus rus&eacute; qui fait un pi&egrave;ge. Le serpent est encore plus rus&eacute;. Z&eacute;k&eacute;y&eacute; va voir le gu&eacute;risseur&nbsp;: il dit sois malin comme une araign&eacute;e. Prends des feuilles de bananier pour te prot&eacute;ger de la salive du serpent python. Z&eacute;k&eacute;y&eacute; met des feuilles de bananiers &agrave; c&ocirc;t&eacute; de lui avec du Dol&eacute; et une machette. Il renverse le Dol&eacute; sur ses jambes pour que le serpent python vienne. Le serpent python mange la jambe de Z&eacute;k&eacute;y&eacute; et il lui coupe la t&ecirc;te puis il lib&egrave;re sa jambe puis plus personne le trouve petit.&nbsp;&raquo;</span></span><span style="color:#00b0f0"> </span></p> <p style="text-align:left"><span style="font-family:Times New Roman,serif">K.B</span></p> <p style="text-align:left"><span style="color:#00b0f0"><span style="font-family:Times New Roman,serif">&laquo;&nbsp;Bah, le serpent python va manger. Apr&egrave;s, il coupe la t&ecirc;te, c&rsquo;est le serpent python, c&rsquo;est Z&eacute;k&eacute;y&eacute;. A la fin, il a mang&eacute; le pied de Z&eacute;k&eacute;y&eacute; et tout le monde est heureux.&nbsp;&raquo; </span></span></p> <p style="text-align:left"><span style="color:#00b050"><span style="font-family:Times New Roman,serif">&laquo;&nbsp;Z&eacute;k&eacute;y&eacute; il est tr&egrave;s malheureux car personne ne faisait attention &agrave; lui. Le serpent python mange les hommes. Z&eacute;k&eacute;y&eacute; se met en chasse du serpent pour le tuer. Il va voir le guerrier le plus fort, apr&egrave;s il va voir le guerrier le plus rus&eacute;. Apr&egrave;s il va voir le sorcier gu&eacute;risseur. Il dit sois malin comme une araign&eacute;e. Le gu&eacute;risseur met un pi&egrave;ge (des piques avec du Dol&eacute;). Apr&egrave;s il a pas r&eacute;ussi. Apr&egrave;s Z&eacute;k&eacute;y&eacute; il va voir le sorcier qui lui dit de mettre des feuilles de bananier, du dol&eacute; et une machette. Ensuite Z&eacute;k&eacute;y&eacute; enroule ses jambes de feuilles de bananier. Le serpent python arrive. Le serpent commence &agrave; manger la jambe de Z&eacute;k&eacute;y&eacute; et il lui coupe la t&ecirc;te. Ensuite tout le monde porte Z&eacute;k&eacute;y&eacute; en triomphe et sa maman fait des d&eacute;guisements. Z&eacute;k&eacute;y&eacute; est content.&nbsp;&raquo;</span></span></p> <p style="text-align:left"><br /> &nbsp;</p> <p style="text-align:left"><br /> &nbsp;</p> <p style="text-align:left"><br /> &nbsp;</p> <p style="text-align:left"><br /> &nbsp;</p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:small">(pr&eacute;-test&nbsp;: premi&egrave;re lecture)</span></p> <p style="text-align:left"><img alt="" src="/img/6/images/73_berchoud_1.png" style="height:327px; width:552px" /></p> <p style="text-align:left"><span style="font-size:small">post-test&nbsp;: deuxi&egrave;me lecture</span></p> <p style="text-align:left"><img alt="" src="/img/6/images/73_berchoud_2.png" style="height:327px; width:554px" /></p> <div id="sdfootnote1"> <p style="text-align:left"><span style="font-size:10pt"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym" style="color:#0563c1">1</a><sup></sup> ULIS, Unit&eacute;s localis&eacute;es pour l&rsquo;Inclusion scolaire&nbsp;: www. <em>eduscol.education.fr/cid53163/les-unites-localisees-pour-l-inclusion-scolaire-ulis.html</em>&nbsp;: &laquo;&nbsp;dispositif collectif permettant aux &eacute;l&egrave;ves handicap&eacute;s de recevoir une p&eacute;dagogie et un enseignement adapt&eacute;s &agrave; leurs besoins sp&eacute;cifiques&nbsp;&raquo;</span></p> </div> <div id="sdfootnote2"> <p style="text-align:left"><span style="font-size:10pt"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym" style="color:#0563c1">2</a><sup></sup> Les &eacute;l&egrave;ves allophones aussi, mais le propos est ici plut&ocirc;t centr&eacute; sur les &eacute;l&egrave;ves ULIS.</span></p> </div> <div id="sdfootnote3"> <p style="text-align:left"><span style="font-size:10pt"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym" style="color:#0563c1">3</a><sup></sup> Des exercices sont parfois nomm&eacute;s &laquo;&nbsp;activit&eacute;s&nbsp;&raquo; pour en estomper l&rsquo;effet de contrainte, mais cela trompe-t-il vraiment un &eacute;l&egrave;ve sensible aux blessures que l&rsquo;&eacute;cole lui a inflig&eacute;es&nbsp;?</span></p> <p style="text-align:left">&nbsp;</p> </div> <div id="sdfootnote4"> <p style="text-align:left"><span style="font-size:10pt"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym" style="color:#0563c1">4</a><sup></sup> Pour en savoir plus, on peut consulter cette publication de l&rsquo;universit&eacute; de Normandie &agrave; Caen&nbsp;: https://books.openedition.org/puc/10534</span></p> </div> <div id="sdfootnote5"> <p style="text-align:left"><span style="font-size:10pt"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote5anc" name="sdfootnote5sym" style="color:#0563c1">5</a><sup></sup> Voir cet ouvrage simple d&rsquo;acc&egrave;s et pr&eacute;cis quand il le faut, mais bourr&eacute; de r&eacute;f&eacute;rences &agrave; des travaux internationaux sur tel ou tel point&nbsp;: Ansermet et Magistretti<span style="font-family:Calibri Light,serif">, </span><span style="font-family:Calibri Light,serif"><em>&Agrave; chacun son cerveau</em></span><span style="font-family:Calibri Light,serif">,</span> Le Livre de poche, 2006, page 80&nbsp;:&nbsp;&laquo;Ne disait-on pas que chaque individu na&icirc;t avec un &lsquo;capital&rsquo; donn&eacute; de neurones qui ne fait que diminuer tout au long de l&rsquo;existence. Triste perspective. La donne a chang&eacute;&nbsp;: il s&rsquo;agit de la neurogen&egrave;se. Ainsi, le cerveau adulte produit en permanence de nouveaux neurones &agrave; partir de cellules souche&nbsp;; il s&rsquo;agit de cellules peu diff&eacute;renci&eacute;es qui, sous l&rsquo;effet de diff&eacute;rents facteurs, peuvent se diff&eacute;rencier en neurones. Un de ces facteurs est constitu&eacute; par&hellip; l&rsquo;apprentissage.&nbsp;&raquo;</span></p> </div> <div id="sdfootnote6"> <p style="text-align:left"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote6anc" name="sdfootnote6sym" style="color:#0563c1">6</a><sup></sup> <span style="font-size:small">Dewey J., 1938/1968</span><span style="font-size:small"><em> Exp&eacute;rience et &eacute;ducation</em></span><span style="font-size:small">. Paris : A. Colin</span><span style="font-family:Times New Roman,serif"><span style="font-size:small">.</span></span></p> </div> <div id="sdfootnote7"> <p style="text-align:left"><span style="font-size:10pt"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote7anc" name="sdfootnote7sym" style="color:#0563c1">7</a><sup></sup> In revue <em>Terrain</em> n&deg; 40, mars 2003 (115-132), &laquo;&nbsp;L&rsquo;acquisition du langage. Ce que l&rsquo;enfant nous apprend sur l&rsquo;homme&nbsp;&raquo;. Acc&egrave;s&nbsp;: <span style="color:#0563c1"><u><a href="http://terrain.revues.org/1562" style="color:#0563c1"><span style="font-size:small">http://terrain.revues.org/1562</span></a></u></span></span></p> <p style="text-align:left">&nbsp;</p> </div>