<p>Article</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><b><span style="font-size:14.0pt">Introduction</span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:24pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Quelle est la place du sujet dans le choix des langues qu&rsquo;il va apprendre&nbsp;? Si les &eacute;tudiants avaient la libert&eacute; et la possibilit&eacute; de choisir n&rsquo;importe quelle langue, iraient-ils vers l&rsquo;estonien ou le serbe plut&ocirc;t que l&rsquo;anglais, l&rsquo;allemand ou l&rsquo;espagnol&nbsp;? C&rsquo;est peu probable parce que ces derni&egrave;res sont ressenties comme plus &laquo;&nbsp;utiles&nbsp;&raquo; et que c&rsquo;est sur cette base que se fait l&rsquo;offre institutionnelle de formation en langues, ne laissant que peu de place &agrave; celles qui sont consid&eacute;r&eacute;es comme moins &laquo;&nbsp;utiles&nbsp;&raquo;.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:24pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Dans ce texte, on se propose d&rsquo;&eacute;claircir la notion d&rsquo;utilit&eacute; &agrave; l&rsquo;aide d&rsquo;une classification gnos&eacute;ologique des langues, c&rsquo;est-&agrave;-dire par rapport &agrave; l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; la connaissance qu&rsquo;elles permettent. On donnera ensuite les grandes lignes d&rsquo;une politique des langues &agrave; l&rsquo;universit&eacute; qui puisse encourager le plurilinguisme. On terminera par la description d&rsquo;un dispositif d&rsquo;apprentissage et d&rsquo;&eacute;valuation &agrave; m&ecirc;me de favoriser le libre choix des langues au-del&agrave; de leur utilit&eacute; suppos&eacute;e.&nbsp; </span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><b><span style="font-size:14.0pt">1. Une classification gnos&eacute;ologique des langues<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><b><span style="font-size:14.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[1]</span></span></b></span></span></a></span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:30pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Le linguiste Louis-Jean Calvet a propos&eacute; un mod&egrave;le &laquo;&nbsp;gravitationnel&nbsp;&raquo; des langues, qu&rsquo;il d&eacute;crit ainsi&nbsp;:</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><span style="font-size:11.0pt">Il est possible de mettre de l&rsquo;ordre dans ce grand d&eacute;sordre bab&eacute;lien [celui de la grande diversit&eacute; des langues] &agrave; l&rsquo;aide de ce que j&rsquo;ai appel&eacute; le <i>mod&egrave;le gravitationnel</i> (dans CALVET 1999), en partant de l&rsquo;id&eacute;e que les langues sont reli&eacute;es entre elles par les bilingues. Autour d&rsquo;une langue hyper-centrale, l&rsquo;anglais, dont les locuteurs pr&eacute;sentent une forte tendance au monolinguisme, gravitent ainsi une dizaine de langues super-centrales dont les locuteurs, lorsqu&rsquo;ils sont bilingues, ont tendance &agrave; parler soit une langue de m&ecirc;me niveau, soit l&rsquo;anglais. Autour de ces langues super centrales gravitent une centaine de langues-centrales qui sont &agrave; leur tour le centre de gravitation de milliers de langues p&eacute;riph&eacute;riques (CALVET 2004&nbsp;: 287). </span></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Ce mod&egrave;le se fonde sur le bilinguisme des locuteurs, qui vont pr&eacute;f&eacute;rentiellement choisir d&rsquo;apprendre une langue situ&eacute;e au niveau de la leur ou bien au niveau sup&eacute;rieur. Les anglophones, situ&eacute;s au sommet de la pyramide, disposent th&eacute;oriquement d&rsquo;un choix absolu. Dans la pratique, lorsqu&rsquo;ils apprennent une langue, ils privil&eacute;gient la langue autrefois situ&eacute;e au-dessus de la leur (le fran&ccedil;ais) ou au m&ecirc;me niveau (l&rsquo;espagnol, l&rsquo;allemand, l&rsquo;italien, et quelques autres). Mais on constate une tendance g&eacute;n&eacute;rale vers la monoglossie, qui cro&icirc;t au fur et &agrave; mesure que la domination de l&rsquo;anglais s&rsquo;affirme&nbsp;: plus leur langue est apprise, moins les anglophones apprennent celles des autres.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Mais pour &eacute;clairant qu&rsquo;il soit, le mod&egrave;le de Calvet ne dit rien du <i>moteur</i> du choix et il ne permet donc pas d&rsquo;agir sur lui. C&rsquo;est pourquoi on proposera ici une classification <i>gnos&eacute;ologique</i> des langues, c&rsquo;est-&agrave;-dire fond&eacute;e sur les connaissances qu&rsquo;elles v&eacute;hiculent et que les parents estiment n&eacute;cessaires &agrave; la vie professionnelle future de leurs enfants. De ce point de vue, on peut distinguer trois types&nbsp;de langues&nbsp;: les langues patrimoniales, les langues nationales et les langues d&rsquo;acc&egrave;s universel &agrave; la connaissance.</span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><b>1.1 </b><b>Les langues patrimoniales</b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:30pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">L&rsquo;&eacute;crasante majorit&eacute; des quelque six &agrave; sept mille langues encore parl&eacute;es dans le monde sont des langues <i>patrimoniales</i>, c&rsquo;est-&agrave;-dire transmises par le milieu familial et la communaut&eacute; locale. Chacune comprend de nombreuses vari&eacute;t&eacute;s, plus ou moins mutuellement compr&eacute;hensibles.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Ces langues sont en recul, voire en voie de disparition. Elles sont parfois les victimes de politiques d&eacute;lib&eacute;r&eacute;es, comme celle que pr&eacute;conisait l&rsquo;abb&eacute; Gr&eacute;goire dans son <i>Rapport sur la n&eacute;cessit&eacute; et les moyens d&#39;an&eacute;antir les patois et d&#39;universaliser l&#39;usage de la langue fran&ccedil;aise</i> pr&eacute;sent&eacute; &agrave; la Convention nationale le 4 juin 1794. Mais c&rsquo;est surtout la scolarisation de l&rsquo;ensemble de la population qui les a conduites &agrave; leur perte dans notre pays, et ailleurs aussi. Les langues r&eacute;gionales de France ont &eacute;t&eacute; remplac&eacute;es tout au long des XIX<sup>e</sup> et XX<sup>e</sup> par le fran&ccedil;ais <i>en tant que langue maternelle</i>, ce qui signifie la fin de leur transmission et leur disparition in&eacute;luctable.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">S&rsquo;il faut en juger d&rsquo;apr&egrave;s l&rsquo;exemple alsacien, l&rsquo;abandon d&rsquo;une langue patrimoniale et son remplacement par une langue nationale s&rsquo;&eacute;tend sur environ un si&egrave;cle. &Agrave; la fin de la premi&egrave;re guerre mondiale, les Alsaciens &eacute;taient locuteurs de leur langue patrimoniale, l&rsquo;alsacien, et de l&rsquo;allemand, la langue nationale du <i>Reich,</i> enseign&eacute;e &agrave; l&rsquo;&eacute;cole. Une partie de la bourgeoisie et des classes moyennes avait conserv&eacute; une tradition familiale d&rsquo;apprentissage du fran&ccedil;ais, plus pour des raisons d&rsquo;attachement &agrave; la France que pour s&rsquo;en servir r&eacute;ellement dans la communication quotidienne. Entre les deux guerres, on a enseign&eacute; en allemand et en fran&ccedil;ais &agrave; parts &eacute;gales dans les &eacute;coles, et c&rsquo;est ainsi que la population dans son ensemble a commenc&eacute; &agrave; &ecirc;tre expos&eacute;e &agrave; la langue fran&ccedil;aise. La bourgeoisie s&rsquo;est mise &agrave; utiliser le fran&ccedil;ais comme langue de distinction, dans le sens bourdieusien du terme, pour marquer sa diff&eacute;rence et affirmer sa sup&eacute;riorit&eacute; culturelle. L&rsquo;acc&egrave;s aux emplois bien r&eacute;mun&eacute;r&eacute;s devint difficile pour les Alsaciens qui ne ma&icirc;trisaient pas le fran&ccedil;ais, et c&rsquo;est ainsi que son apprentissage se valorisa socialement. Apr&egrave;s la seconde guerre mondiale, les Alsaciens ont voulu se distancier de la barbarie nazie et ils n&rsquo;ont gu&egrave;re protest&eacute; lorsque la R&eacute;publique a supprim&eacute; les enseignements en allemand et que la langue de Goethe n&rsquo;a plus &eacute;t&eacute; consid&eacute;r&eacute;e que comme une langue vivante parmi d&rsquo;autres, apprise &agrave; partir de la sixi&egrave;me. Le fran&ccedil;ais est alors devenu la langue quotidienne des Alsaciens, et c&rsquo;est elle que la g&eacute;n&eacute;ration d&rsquo;apr&egrave;s-guerre a transmise &agrave; ses enfants en tant que langue maternelle.</span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><b>1.2 </b><b>Les langues nationales</b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:24pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Les langues patrimoniales servent dans la vie de tous les jours. Elles disposent bien souvent d&rsquo;un riche vocabulaire capable d&rsquo;exprimer les connaissances d&rsquo;un pass&eacute; agricole ou de chasseur-cueilleur, mais qui se perd rapidement quand le mode de vie des populations change. C&rsquo;est pourquoi leurs locuteurs doivent n&eacute;cessairement apprendre une ou plusieurs autres langues pour acc&eacute;der aux savoirs qui leur seront n&eacute;cessaires dans leur vie professionnelle.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">La premi&egrave;re langue apprise par les locuteurs de langues patrimoniales est g&eacute;n&eacute;ralement la langue nationale du pays o&ugrave; ils habitent. Elles sont au nombre de quelques centaines dans le monde. Il s&rsquo;agit de langues qui se sont impos&eacute;es sur un territoire d&eacute;limit&eacute; par des fronti&egrave;res politiques, qui se sont standardis&eacute;es, et qui se sont dot&eacute;es de l&rsquo;appareil linguistique et p&eacute;dagogique n&eacute;cessaire &agrave; leur apprentissage. Il peut s&rsquo;agir de vari&eacute;t&eacute;s locales, par exemple le fran&ccedil;ais en France &agrave; partir du Haut Moyen &Acirc;ge face aux autres langues d&rsquo;o&iuml;l et aux langues d&rsquo;oc, ou d&rsquo;une langue &eacute;trang&egrave;re, comme le fran&ccedil;ais en Afrique francophone. Les langues nationales finissent par avoir raison des langues patrimoniales, essentiellement parce que les locuteurs de ces derni&egrave;res les consid&egrave;rent comme plus prestigieuses et qu&rsquo;ils en ont besoin pour acqu&eacute;rir les connaissances de la modernit&eacute;.</span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><b>1.3 </b><b>Les langues universelles</b></span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Les langues nationales sont utilis&eacute;es &agrave; l&rsquo;&eacute;cole, et sont donc en mesure d&rsquo;exprimer les connaissances ordinaires des locuteurs. Mais elles ne sont pas toutes utilis&eacute;es dans les sciences. Celles qui le sont donnent &agrave; leurs locuteurs la capacit&eacute; d&rsquo;exprimer <i>toutes</i> les connaissances existantes. On les qualifiera ici d&rsquo;<i>universelles&nbsp;</i>; il s&rsquo;agit de l&rsquo;anglais, du fran&ccedil;ais, de l&rsquo;allemand, de l&rsquo;italien, du russe, et de quelques autres, sans doute pas plus d&rsquo;une vingtaine. Ce sont elles que Calvet appelle &laquo;&nbsp;hyper-centrale&nbsp;&raquo; (l&rsquo;anglais) et &laquo;&nbsp;super-centrales&nbsp;&raquo; (d&rsquo;autres langues universelles). Les locuteurs de langues nationales non universelles, par exemple les Finlandais, doivent apprendre une de ces langues s&rsquo;ils veulent contribuer &agrave; la recherche scientifique.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Les langues universelles europ&eacute;ennes ont &eacute;merg&eacute; &agrave; partir de la Renaissance, lorsque les langues nationales ont remplac&eacute; le latin en tant que langues juridiques et administratives et qu&rsquo;elles sont alors devenues les langues de la culture, de la litt&eacute;rature et peu &agrave; peu, des sciences (le latin a continu&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre utilis&eacute; pendant quelques si&egrave;cles). Ce sont elles qui ont cr&eacute;&eacute; notre modernit&eacute;, fond&eacute;e sur un h&eacute;ritage gr&eacute;co-latin et chr&eacute;tien dont les textes &eacute;taient conserv&eacute;s depuis le Haut Moyen &Acirc;ge dans les monast&egrave;res. Il faut mentionner aussi l&rsquo;influence des Arabes dont la langue &eacute;tait devenue universelle suite &agrave; l&rsquo;expansion de l&rsquo;islam qui les avait mis au contact de la civilisation grecque au Moyen-Orient et latine en Afrique du Nord. C&rsquo;est pourquoi l&rsquo;arabe, qui &eacute;tait jusque-l&agrave; la langue patrimoniale de nomades et de commer&ccedil;ants de la p&eacute;ninsule arabique, &eacute;tait appris par les clercs chr&eacute;tiens du Moyen &Acirc;ge.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:21.3pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Toutes ces langues se sont illustr&eacute;es dans les sciences et la connaissance, parfois de mani&egrave;re tout &agrave; fait innovante, et les sp&eacute;cialistes &eacute;trangers ont alors lu ces textes ou les ont fait traduire. Chaque langue universelle est ainsi la d&eacute;positaire de traditions scientifiques riches et vari&eacute;es qui s&rsquo;entrelacent mais ne se superposent pas.</span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><b>1.4 </b><b>La domination de l&rsquo;anglais<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[2]</span></span></b></span></span></a></b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Le fran&ccedil;ais est donc une de ces langues universelles qui permet &agrave; ses locuteurs, rare privil&egrave;ge, de penser et dire toutes les connaissances de la modernit&eacute;. Mais son universalit&eacute; est d&eacute;sormais&nbsp; menac&eacute;e par l&rsquo;anglicisation de l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur et de la recherche. Le su&eacute;dois l&rsquo;a d&eacute;j&agrave; perdue au profit de l&rsquo;anglais, et le processus est en cours en n&eacute;erlandais, en italien, en allemand, et dans d&rsquo;autres langues jusqu&rsquo;ici universelles. Ce qui menace ces langues, c&rsquo;est le retour &agrave; un statut purement national, et donc la perte de leur &laquo;&nbsp;utilit&eacute;&nbsp;&raquo; dans la production des connaissances aux yeux des nouvelles g&eacute;n&eacute;rations, qui cessent alors de les apprendre. Concernant le fran&ccedil;ais, ce serait la fin de la francophonie. Si la France anglicise ses universit&eacute;s, les Africains francophones seront <i>oblig&eacute;s</i> d&rsquo;apprendre l&rsquo;anglais pour acc&eacute;der aux connaissances<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[3]</span></span></span></span></a>. D&rsquo;ailleurs un mouvement en ce sens se dessine d&eacute;j&agrave; dans certains pays africains, o&ugrave; l&rsquo;anglais a &eacute;t&eacute; d&eacute;clar&eacute; langue officielle au m&ecirc;me titre que le fran&ccedil;ais.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Ce ph&eacute;nom&egrave;ne passe presque totalement inaper&ccedil;u des &eacute;lites politiques et intellectuelles fran&ccedil;aises. En mars 2018, notre pr&eacute;sident a fait un tr&egrave;s beau discours sur la Francophonie avec maintes bonnes id&eacute;es pour son d&eacute;veloppement&nbsp;; il manquait malheureusement la mesure essentielle, la fin du processus d&rsquo;anglicisation des masters et des doctorats, d&rsquo;ailleurs ill&eacute;gale<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[4]</span></span></span></span></a>, qui sonnera le glas de l&rsquo;universalit&eacute; du fran&ccedil;ais.&nbsp; </span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">L&rsquo;anglicisation des universit&eacute;s et des entreprises se met souvent en place sans v&eacute;ritable d&eacute;bat. On semble ob&eacute;ir &agrave; une sorte d&rsquo;injonction soci&eacute;tale inconsciente et &agrave; des motivations que l&rsquo;anthropologue Leroi-Gourhan aurait qualifi&eacute;es de &laquo;&nbsp;cr&eacute;pusculaires&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[5]</span></span></span></span></a>. Derri&egrave;re un discours d&rsquo;apparence raisonnable et progressiste, on per&ccedil;oit des rapports de force entre &laquo;&nbsp;anciens&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;modernes&nbsp;&raquo;, et du c&ocirc;t&eacute; de ces derniers, un d&eacute;sir paradoxal et contradictoire, celui de se distinguer (angliciser, c&rsquo;est se mettre &agrave; la pointe du progr&egrave;s) en faisant comme tout le monde (beaucoup d&rsquo;universit&eacute;s et d&rsquo;entreprises s&rsquo;y sont mises), un m&eacute;lange donc de snobisme et de conformisme caract&eacute;ristique de la mode en g&eacute;n&eacute;ral.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">L&rsquo;anglicisation progresse dans une inconscience totale de ses cons&eacute;quences. Je les rappelle bri&egrave;vement ici&nbsp;<span style="color:black">: p</span>ertes de terminologies, de domaines, de traditions, de bibliographies<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[6]</span></span></span></span></a>&nbsp;; difficult&eacute;s p&eacute;dagogiques&nbsp;pour les enseignants et baisse du niveau d&rsquo;apprentissage<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[7]</span></span></span></span></a>&nbsp;; augmentation du conformisme dans la recherche<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[8]</span></span></span></span></a>. A cela s&rsquo;ajoute la perte de cr&eacute;ativit&eacute; et la soumission aux conceptions am&eacute;ricaines de ce qu&rsquo;est la science. Or on sait que dans les sciences humaines, les conceptions anglo-saxonnes sur l&rsquo;homme, la pens&eacute;e et le langage sont impr&eacute;gn&eacute;es d&rsquo;une m&eacute;taphysique logiciste, m&eacute;caniste et dualiste trop souvent prise pour de la science<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[9]</span></span></span></span></a>. On la voit d&rsquo;ailleurs r&eacute;gner sans partage dans les domaines issus directement de la science am&eacute;ricaine, en particulier les neurosciences et le transhumanisme<a href="#_ftn10" name="_ftnref10" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[10]</span></span></span></span></a>. &nbsp;&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">La science a besoin&nbsp; d&rsquo;une <i>lingua franca&nbsp;</i>et l&rsquo;anglais joue bien ce r&ocirc;le. Tous les b&eacute;n&eacute;fices vant&eacute;s de l&rsquo;anglicisation sont en fait li&eacute;s &agrave; son usage en tant que <i>lingua franca</i>&nbsp;: acc&egrave;s aux publications du monde entier, &eacute;changes universitaires facilit&eacute;s, coop&eacute;ration internationale, etc. Mais pourquoi <i>remplacer</i> le fran&ccedil;ais par l&rsquo;anglais dans la recherche et l&rsquo;enseignement&nbsp;? Il suffirait d&rsquo;enseigner l&rsquo;anglais aux &eacute;tudiants, et d&rsquo;autres langues universelles &eacute;galement, tout en continuant de faire de la recherche en fran&ccedil;ais, conservant ainsi l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; nos propres traditions scientifiques et &agrave; celles v&eacute;hicul&eacute;es par toutes ces langues. L&rsquo;usage de l&rsquo;anglais et d&rsquo;autres langues en plus du fran&ccedil;ais est source de richesse et de d&eacute;veloppement&nbsp;; l&rsquo;usage&nbsp; exclusif de l&rsquo;anglais est un appauvrissement.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><b><span style="font-size:14.0pt">2. N&eacute;cessit&eacute; et d&eacute;sir de langue</span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><b>2.1 </b><b>Choix des langues fond&eacute; sur la n&eacute;cessit&eacute;</b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Le choix des langues repose donc essentiellement sur la n&eacute;cessit&eacute;, et celle-ci se comprend par rapport &agrave; l&rsquo;acc&egrave;s aux connaissances qu&rsquo;elles permettent. C&rsquo;est ce qui explique la pr&eacute;&eacute;minence de l&rsquo;anglais, ressenti comme absolument n&eacute;cessaire pour faire une carri&egrave;re dans la production des connaissances et des biens. Cette langue est en outre plus ou moins bien parl&eacute;e par environ deux milliards de personnes et elle est devenue une <i>lingua franca</i> plan&eacute;taire dont on ne peut se passer. Comme les langues jusqu&rsquo;ici universelles, telles le fran&ccedil;ais, l&rsquo;allemand, le russe et quelques autres, sont en train d&rsquo;&ecirc;tre abandonn&eacute;es par leur locuteurs dans la recherche et l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur, les &eacute;trangers cessent de les apprendre au profit exclusif de l&rsquo;anglais. L&rsquo;Afrique francophone est une exception&nbsp;: elle per&ccedil;oit encore notre pays comme productrice de connaissances originales, ce qui est le cas, surtout dans les sciences humaines, mais si l&rsquo;universit&eacute; fran&ccedil;aise s&rsquo;anglicisait totalement, le fran&ccedil;ais serait rapidement abandonn&eacute; en Afrique. Il rejoindrait alors les langues ayant d&eacute;j&agrave; perdu leur universalit&eacute;, comme le su&eacute;dois ou le n&eacute;erlandais, et celles qui n&rsquo;ont jamais &eacute;t&eacute; universelles, comme l&rsquo;estonien et le serbe, qui ne sont apprises que pour des raisons personnelles d&eacute;pendant des hasards de la vie, par exemple un d&eacute;m&eacute;nagement ou un mariage.&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><b>2.2 </b><b>Choix des langues fond&eacute; sur le d&eacute;sir</b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:24pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Il existe cependant un d&eacute;sir de langue dans la population, notamment estudiantine, qui n&rsquo;est pas satisfait par l&rsquo;apprentissage exclusif et n&eacute;cessaire de l&rsquo;anglais. Dans les Centres de langues que j&rsquo;ai dirig&eacute;s &agrave; Strasbourg et &agrave; Reims, j&rsquo;ai pu constater que les &eacute;tudiants &eacute;taient pr&ecirc;ts &agrave; apprendre des langues telles que le japonais, le norv&eacute;gien ou le polonais pour des raisons multiples et vari&eacute;es, toutes personnelles&nbsp;: petit(e) ami(e) parlant une de ces langues, d&eacute;sir de voyage, projet Erasmus, anc&ecirc;tre originaire de pays &eacute;trangers et d&eacute;sir de reprendre contact avec sa culture ou la famille rest&eacute;e sur place, int&eacute;r&ecirc;t pour la culture &eacute;trang&egrave;re et sa litt&eacute;rature, simple curiosit&eacute; ou bien d&eacute;sir de se confronter &agrave; une langue r&eacute;put&eacute;e difficile, comme l&rsquo;arabe ou le chinois.&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:24pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Mais pour que ces d&eacute;sirs de langues prennent corps, il faut que certaines conditions soient remplies, et notamment que ces langues soient propos&eacute;es dans un dispositif d&rsquo;apprentissage ad&eacute;quat qui prenne sa place dans une politique des langues intelligente favorisant le plurilinguisme. La suite du texte sera consacr&eacute;e &agrave; quelques id&eacute;es qui pourraient inspirer les universit&eacute;s. &nbsp;</span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><b><span style="font-size:14.0pt">3. Quelles politiques linguistiques pour les universit&eacute;s&nbsp;?</span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Les universit&eacute;s fran&ccedil;aises peuvent continuer dans la voie sur laquelle elles se sont engag&eacute;es dans l&rsquo;inconscience g&eacute;n&eacute;rale et poursuivre leur anglicisation. C&rsquo;est ce qui est malheureusement le plus probable, sauf si une prise de conscience se fait au niveau du public, des politiques, et surtout des universitaires, que leurs connaissances et leur expertise ne vaccinent aucunement contre le conformisme.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Si au contraire on d&eacute;cidait d&rsquo;une v&eacute;ritable politique linguistique intelligente et humaniste, quelle pourrait-elle &ecirc;tre&nbsp;? Quelles langues faudrait-il proposer&nbsp;? Comment faudrait-il les enseigner et les &eacute;valuer&nbsp;? Et pour commencer quelle devrait &ecirc;tre l&rsquo;attitude des universit&eacute;s face &agrave; l&rsquo;anglais&nbsp;?</span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><b>3.1 </b><b>Attitude des universit&eacute;s fran&ccedil;aises par rapport &agrave; l&rsquo;anglais</b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">L&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur devrait continuer de se faire en fran&ccedil;ais, comme le stipule la loi Toubon de 1994 renforc&eacute;e par la loi Fioraso de 2013. Cela ne veut nullement dire que certains cours ne pourraient pas &ecirc;tre donn&eacute;s dans une autre langue, par exemple par tel ou tel enseignant ou chercheur &eacute;tranger dont l&rsquo;expertise serait significative. Mais il faudrait &eacute;viter l&rsquo;absurdit&eacute; des enseignements en anglais par des francophones &agrave; d&rsquo;autres francophones. Quant &agrave; la recherche, il faudrait continuer de la faire en fran&ccedil;ais et publier dans cette langue dans des revues multilingues contr&ocirc;l&eacute;es par des Europ&eacute;ens et non les seuls Anglo-saxons. Il faudrait en tout &eacute;tat de cause laisser les chercheurs s&rsquo;exprimer librement dans leur langue et ne publier en anglais que ce qu&rsquo;il y a de meilleur. Cela permettrait de travailler dans sa propre tradition et de prendre connaissance de celles des autres au lieu de devoir se conformer aux pr&eacute;suppos&eacute;s culturels de chercheurs am&eacute;ricains qui ne connaissent que leur propre mani&egrave;re de concevoir les choses. Cela produirait moins de conformisme<a href="#_ftn11" name="_ftnref11" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[11]</span></span></span></span></a> et permettrait une plus grande diversit&eacute; culturelle et une meilleure cr&eacute;ativit&eacute; scientifique. Il faudrait naturellement ignorer les<b> </b>classements de type Shanghai, qui prennent peu en compte les publications dans d&rsquo;autres langues que l&rsquo;anglais&nbsp;; il faudrait surtout ignorer les instruments de mesure bibliom&eacute;trique de type &laquo;&nbsp;impact factor&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;citation index&nbsp;&raquo;, dont l&rsquo;influence d&eacute;l&eacute;t&egrave;re est maintenant bien document&eacute;e<a href="#_ftn12" name="_ftnref12" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[12]</span></span></span></span></a>. Il est regrettable que beaucoup de pays se servent de ces index pour l&rsquo;&eacute;valuation et la promotion de leurs enseignants-chercheurs. Il faudrait enfin que le fran&ccedil;ais soit syst&eacute;matiquement langue des colloques en France, avec d&rsquo;autres langues, au lieu d&rsquo;&ecirc;tre souvent exclu au seul profit de l&rsquo;anglais.</span></span></p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><b>3.2 </b><b>Quelles langues proposer&nbsp;?</b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><b>L&rsquo;anglais </b>reste &eacute;videmment une langue que tout &eacute;tudiant devrait apprendre. Mais son r&ocirc;le doit &ecirc;tre celui d&rsquo;une <i>lingua franca&nbsp;</i>; il ne doit pas devenir une <i>langue de</i> <i>remplacement</i>, ainsi qu&rsquo;il a &eacute;t&eacute; dut plus haut.&nbsp; </span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Au-del&agrave; de l&rsquo;anglais, il faudrait enseigner <b>les langues universelles</b> qui se sont illustr&eacute;es dans les domaines &eacute;tudi&eacute;s par les &eacute;tudiants afin qu&rsquo;ils aient acc&egrave;s &agrave; des sources diversifi&eacute;es. Les math&eacute;maticiens pourraient apprendre l&rsquo;italien ou l&rsquo;arabe, les philosophes le grec ou allemand, les physiciens et les linguistes l&rsquo;allemand et l&rsquo;anglais, et dans les sciences spatiales, le russe semble de rigueur.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">D&rsquo;autres langues pourraient &ecirc;tre apprises par dilection personnelle. Il peut s&rsquo;agir tout d&rsquo;abord des <b>langues apprises dans le secondaire</b>, que les &eacute;tudiants ont souvent envie de consolider. Par ailleurs, l&rsquo;exp&eacute;rience montre qu&rsquo;une politique de l&rsquo;offre incite beaucoup d&rsquo;&eacute;tudiants &agrave; s&rsquo;initier &agrave; de nouvelles langues. Ce fut le cas dans les deux centres de langues que j&rsquo;ai cr&eacute;&eacute;s ou contribu&eacute; &agrave; cr&eacute;er et que j&rsquo;ai ensuite dirig&eacute;s, &agrave; savoir SPIRAL<a href="#_ftn13" name="_ftnref13" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[13]</span></span></span></span></a> &agrave; Strasbourg, et la Maison des Langues &agrave; Reims<a href="#_ftn14" name="_ftnref14" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[14]</span></span></span></span></a>. Un grand nombre d&rsquo;&eacute;tudiants ont utilis&eacute; les dispositifs d&rsquo;apprentissage qui leur &eacute;taient propos&eacute;s pour apprendre des langues qu&rsquo;ils n&rsquo;auraient pas apprises en-dehors d&rsquo;une politique de l&rsquo;offre, et avec des r&eacute;sultats non n&eacute;gligeables.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Concernant <b>les langues patrimoniales</b>, il semble naturel de permettre aux &eacute;tudiants d&rsquo;apprendre la langue locale, par exemple l&rsquo;alsacien &agrave; Strasbourg, le basque &agrave; Bayonne, ou l&rsquo;occitan &agrave; Toulouse.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Quant aux <b>langues anciennes</b>, latin, grec, h&eacute;breu biblique, arabe m&eacute;di&eacute;val, sanscrit, etc., elles devraient elles aussi &ecirc;tre propos&eacute;es aux &eacute;tudiants qui s&rsquo;y int&eacute;ressent.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Un grand nombre d&rsquo;&eacute;tudiants seront alors de vrais polyglottes &agrave; l&rsquo;issue de leurs &eacute;tudes, ce qui ne manquera pas de leur &ecirc;tre fort utile &agrave; la fois dans leur vie personnelle et dans leur cadre professionnel. Ils disposeront d&rsquo;une ouverture sur des peuples et des cultures qu&rsquo;ils n&rsquo;auraient pas eue sans cet apprentissage. Ils acquerront des savoir-faire pour leurs contacts &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger bien plus adapt&eacute;s que ceux des &eacute;tudiants qui auront appris un peu d&rsquo;anglais d&rsquo;a&eacute;roport, souvent &agrave; reculons, et qui passeront &agrave; c&ocirc;t&eacute; d&rsquo;une grande partie de la vie culturelle locale parce qu&rsquo;elle aura &eacute;t&eacute; filtr&eacute;e par la langue anglaise.&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><b><span style="font-size:14.0pt">4. </span></b><b><span style="font-size:14.0pt">Quels dispositifs d&rsquo;apprentissage&nbsp;dans les universit&eacute;s&nbsp;?</span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:30pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Dans les universit&eacute;s fran&ccedil;aises, ce sont essentiellement les facult&eacute;s qui sont en charge de l&rsquo;enseignement des langues aux non-sp&eacute;cialistes (les LANSAD<a href="#_ftn15" name="_ftnref15" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[15]</span></span></span></span></a>), qu&rsquo;elles confient le plus souvent &agrave; des enseignants du secondaire et &agrave; des contractuels ou des vacataires recrut&eacute;s &agrave; cet effet et g&eacute;r&eacute;s localement. Comme les facult&eacute;s n&rsquo;ont pas souvent une id&eacute;e tr&egrave;s claire des comp&eacute;tences qu&rsquo;il faudrait faire acqu&eacute;rir aux &eacute;tudiants, elles ont tendance &agrave; laisser la bride sur le cou aux enseignants, ce qui leur convient bien, mais avec le risque d&rsquo;un manque de pertinence des enseignements et d&rsquo;une grande dispersion des pratiques gu&egrave;re favorable &agrave; un travail en &eacute;quipe pourtant n&eacute;cessaire.&nbsp; Lorsque les facult&eacute;s s&rsquo;inqui&egrave;tent de ces risques, elles tendent &agrave; mettre en place des certifications qui vont inciter des enseignants &agrave; calibrer leurs cours pour favoriser la r&eacute;ussite de leurs &eacute;tudiants &agrave; ces certifications. On verra comment plus loin dans le texte.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:30pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Comme les enseignants sont pay&eacute;s sur le budget de la composante, et comme les langues sont souvent consid&eacute;r&eacute;es comme des mati&egrave;res secondaires, leur enseignement se caract&eacute;rise par une certaine p&eacute;nurie en moyens et en personnel parce que les budgets iront d&rsquo;abord aux disciplines prioritaires.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:30pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Dans certaines universit&eacute;s, ce sont les facult&eacute;s de langues, litt&eacute;ratures et cultures &eacute;trang&egrave;res (LLCE) qui dispensent des cours aux non-sp&eacute;cialistes. Mais l&rsquo;exp&eacute;rience montre que les facult&eacute;s de LLCE ne sont pas comp&eacute;tentes pour ces enseignements, qu&rsquo;elles confient souvent &agrave; des personnels de faible statut ou d&eacute;butants. Elles veulent en conserver la ma&icirc;trise, cependant, parce qu&rsquo;elles s&rsquo;en servent comme d&rsquo;un volant d&rsquo;heures pour compl&eacute;ter les services.&nbsp;&nbsp; </span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:30pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Certaines universit&eacute;s ont mis en place des dispositifs d&rsquo;enseignement des langues centralis&eacute;s qui d&eacute;pendent du budget central. Appelons-les du terme g&eacute;n&eacute;rique de &laquo;&nbsp;Maison des langues&nbsp;&raquo;. Elles sont souvent innovantes parce qu&rsquo;elles sont souvent mises en place par des enseignants-chercheurs motiv&eacute;s et comp&eacute;tents en didactique des langues. Celles que j&rsquo;ai dirig&eacute;es proposaient une vingtaine de langues et elles reposaient sur la notion d&rsquo;auto-apprentissage guid&eacute; dans un ou plusieurs locaux d&eacute;di&eacute;s, appelons-les des &laquo;&nbsp;Centres de ressources en langues&nbsp;&raquo; (CRL), &eacute;quip&eacute;s de ressources de divers types, &eacute;crites, orales, audio-visuelles, informatiques, etc., le tout compl&eacute;t&eacute; par des cours de conversation anim&eacute;s par des &eacute;tudiants natifs pr&eacute;alablement form&eacute;s, et pay&eacute;s sur le budget de la maison des langues. L&rsquo;accent &eacute;tait mis sur l&rsquo;autonomie des &eacute;tudiants, adoss&eacute;e &agrave; des fiches m&eacute;thodologiques pour chaque type d&rsquo;activit&eacute;. Les CRL &eacute;taient ouverts en permanence, surveill&eacute;s par des moniteurs &eacute;tudiants, et anim&eacute;s &agrave; certaines heures par des enseignants de langues qualifi&eacute;s, qui pouvaient &ecirc;tre des enseignants-chercheurs, des titulaires du secondaire, des contractuels ou des vacataires, ou alors des &eacute;tudiants form&eacute;s &agrave; ce travail, parfois dans le cadre de stages en master de didactique des langues ou de fran&ccedil;ais langue &eacute;trang&egrave;re.&nbsp; </span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:30pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Certaines facult&eacute;s ont confi&eacute; leurs enseignements obligatoires de langues &agrave; la maison des langues. Les &eacute;tudiants &eacute;taient alors astreints &agrave; des heures de travail au CRL sur leur emploi du temps, sous la direction de leurs enseignants, qui pouvaient ainsi concentrer leur attention sur de petits groupes &agrave; besoins sp&eacute;cifiques tandis que le reste de la classe travaillait en autonomie. Les &eacute;tudiants pouvaient compl&eacute;ter leurs apprentissages par des heures en acc&egrave;s libre pour rattraper un &eacute;ventuel retard ou am&eacute;liorer certaines de leurs comp&eacute;tences. Concernant les autres langues, elles &eacute;taient dans l&rsquo;ensemble apprises en autonomie totale sous la responsabilit&eacute; d&rsquo;enseignants de langues, pas forc&eacute;ment des locuteurs des langues apprises par les &eacute;tudiants. Ils mettaient alors l&rsquo;accent sur la m&eacute;thodologie et se faisaient aider par les &eacute;tudiants natifs en charge des cours de conversation.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:30pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Ce dispositif recueillait r&eacute;guli&egrave;rement l&rsquo;assentiment des trois-quarts des &eacute;tudiants interrog&eacute;s par des questionnaires anonymes. Il faut toutefois noter que ces chiffres ne sont pas significatifs&nbsp;en eux-m&ecirc;mes&nbsp;: pour qu&rsquo;ils le soient, il aurait fallu les comparer &agrave; des &eacute;valuations du m&ecirc;me type dans les cours&nbsp; traditionnels, ce qui ne se faisait pas. Les &eacute;tudiants appr&eacute;ciaient en particulier la libert&eacute; dont ils jouissaient pour leurs apprentissages, ainsi que l&rsquo;efficacit&eacute; du syst&egrave;me qui permettait effectivement de se remettre &agrave; niveau en anglais et d&rsquo;apprendre ou de consolider d&rsquo;autres langues. Le quart qui &eacute;tait critique par rapport au dispositif d&rsquo;autoformation regrettait le manque d&rsquo;encadrement et une certaine ins&eacute;curit&eacute; quant &agrave; la qualit&eacute; de leurs apprentissages. Tous ont remarqu&eacute; la n&eacute;cessit&eacute; de s&rsquo;investir personnellement.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:30pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">D&rsquo;autres universit&eacute;s ont mis en place des dispositifs hybrides, pr&eacute;senciel et autonomie, dans des structures centralis&eacute;es, d&eacute;pendant des composantes, ou mixtes.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:30pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Dans les centres que j&rsquo;ai dirig&eacute;s, nous avons fait un grand effort de formation des enseignants et des &eacute;tudiants &agrave; ces formes de p&eacute;dagogie. J&rsquo;avais &eacute;galement not&eacute; la n&eacute;cessit&eacute; pour les enseignants confirm&eacute;s, c&rsquo;est-&agrave;-dire l&rsquo;&eacute;pine dorsale du dispositif, de s&rsquo;investir dans des projets structurants &agrave; longue haleine capables de les motiver et remotiver en permanence&nbsp;; c&rsquo;est ainsi que nous avons mis en place et fait aboutir des projets sur la m&eacute;thodologie, l&rsquo;&eacute;valuation, la certification, le portfolio, la cr&eacute;ation d&rsquo;un site d&rsquo;apprentissage en ligne, etc.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:30pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">En conclusion, une maison des langues centralis&eacute;e adoss&eacute;e au budget de l&rsquo;universit&eacute; est effectivement un dispositif qui permet une grande souplesse &agrave; la fois dans l&rsquo;enseignement des langues obligatoires&nbsp; et dans l&rsquo;apprentissage des langues choisies par dilection personnelle. La maison des langues doit pouvoir implanter des CRL sur tous les campus afin que les &eacute;tudiants n&rsquo;aient pas trop de d&eacute;placements &agrave; faire pour s&rsquo;y rendre. Le dispositif peut &ecirc;tre hybride, combinant le pr&eacute;senciel et l&rsquo;autonomie selon les circonstances locales. Les personnels doivent tous relever de la maison des langues. Ils doivent &ecirc;tre r&eacute;unis r&eacute;guli&egrave;rement pour recevoir ou dispenser des formations, r&eacute;fl&eacute;chir et discuter des probl&egrave;mes, et mettre en place des projets structurants. Il faudrait aussi que les maisons des langues puissent se constituer en unit&eacute;s de recherche pour produire celle dont elles ont besoin, former les personnels et les &eacute;tudiants, et acqu&eacute;rir un statut &eacute;quivalent &agrave; celui des autres composantes de l&rsquo;universit&eacute; afin de pouvoir n&eacute;gocier avec elles d&rsquo;&eacute;gal &agrave; &eacute;gal. Il faudrait aussi encourager les personnels &agrave; faire des doctorats et ensuite les recruter sur place en tant que ma&icirc;tres de conf&eacute;rences afin que l&rsquo;investissement en formation et l&rsquo;expertise ne soit pas perdus par l&rsquo;universit&eacute;.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:30pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Les universit&eacute;s ressentent cependant une certaine ambigu&iuml;t&eacute; par rapport aux maisons des langues. D&rsquo;une part elles savent bien que les langues sont n&eacute;cessaires et que la dispersion de leur enseignement dans les composantes n&rsquo;est pas satisfaisante, mais elles souhaitent garder le contr&ocirc;le des maisons des langues qu&rsquo;elles ont cr&eacute;&eacute;es, parce que malgr&eacute; tout, elles peinent &agrave; accepter l&rsquo;importance des langues et l&rsquo;investissement que leur d&eacute;veloppement n&eacute;cessite. C&rsquo;est pourquoi elles ont tendance &agrave; confier la direction des maisons des langues et des CRL &agrave; des personnels du secondaire, voire &agrave; des contractuels ou &agrave; des vacataires. Ces enseignants, quelles que soient leurs comp&eacute;tences et leur motivation, ne sont pas en mesure d&rsquo;imposer une politique des langues aux composantes, d&rsquo;une part parce que leur statut est inf&eacute;rieur, et d&rsquo;autre part parce qu&rsquo;ils n&rsquo;ont pas acc&egrave;s &agrave; toutes les instances de d&eacute;cision.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><b><span style="font-size:14.0pt">5. </span></b><b><span style="font-size:14.0pt">Quelle &eacute;valuation&nbsp;en langue&nbsp;?</span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">La question de l&rsquo;&eacute;valuation est cruciale dans l&rsquo;enseignement des langues, et il faut reconna&icirc;tre qu&rsquo;elle est tr&egrave;s souvent mal faite, car mal comprise. Je vais essayer de clarifier un peu la question. On peut distinguer quatre types d&rsquo;&eacute;valuation.</span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><b>5.1 </b><b>La note sur 20</b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">C&rsquo;est la notation par d&eacute;faut, celle qui est connue depuis l&rsquo;enfance par les enseignants et les &eacute;tudiants, celle qu&rsquo;on consid&egrave;re comme allant de soi. Malheureusement, elle g&eacute;n&egrave;re ce qu&rsquo;Andr&eacute; Antibi appelle &laquo;&nbsp;la constante macabre&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn16" name="_ftnref16" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[16]</span></span></span></span></a>, c&rsquo;est-&agrave;-dire qu&rsquo;elle produit n&eacute;cessairement un tiers d&rsquo;&eacute;chec dans le groupe classe, quel que soit le niveau de cette classe&nbsp;et les moyens mis en &oelig;uvre&nbsp;: certains &eacute;tudiants doivent &eacute;chouer pour que la r&eacute;ussite des autres ait une valeur. Ce type de notation convient lorsqu&rsquo;on veut s&eacute;lectionner les meilleurs et maintenir la pression sur les &eacute;tudiants. Elle est acceptable en LLCE, o&ugrave; l&rsquo;on forme traditionnellement des professeurs de langues dont il faut &ecirc;tre s&ucirc;r qu&rsquo;ils ont acquis un niveau suffisant lorsqu&rsquo;ils sont dipl&ocirc;m&eacute;s. Elle est totalement contre-productive dans l&rsquo;enseignement des LANSAD, o&ugrave; l&rsquo;objectif est l&rsquo;acquisition d&rsquo;un niveau donn&eacute;, et o&ugrave; la comp&eacute;tition entre les &eacute;tudiants est inutile.</span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><b>5.2 </b><b>L&rsquo;&eacute;valuation par rapport &agrave; un r&eacute;f&eacute;rentiel externe</b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Dans les LANSAD, le niveau des &eacute;tudiants devrait &ecirc;tre &eacute;valu&eacute; par rapport &agrave; un r&eacute;f&eacute;rentiel externe, c&rsquo;est-&agrave;-dire un document officiel dont la validit&eacute; est reconnue, tel le <i>Cadre europ&eacute;en commun de r&eacute;f&eacute;rence en langues</i> (CECRL), o&ugrave; les comp&eacute;tences &agrave; acqu&eacute;rir sont d&eacute;crites avec pr&eacute;cision. Une fois &eacute;valu&eacute;s, les &eacute;tudiants sont r&eacute;put&eacute;s avoir atteint un certain niveau dans les comp&eacute;tences d&eacute;crites dans le r&eacute;f&eacute;rentiel, par exemple A2 en compr&eacute;hension de l&rsquo;oral et B1 en compr&eacute;hension de l&rsquo;&eacute;crit. Jusqu&rsquo;ici, il n&rsquo;y a pas d&rsquo;&eacute;chec. L&rsquo;&eacute;chec peut intervenir lorsque l&rsquo;&eacute;tablissement d&eacute;cide d&rsquo;un niveau minimal, mettons B2 &agrave; la fin de telle ou telle ann&eacute;e. Dans ce cas, ceux qui ne l&rsquo;ont pas atteint ont &eacute;chou&eacute;. Mais les &eacute;tudiants peuvent r&eacute;ussir malgr&eacute; tout s&rsquo;ils fournissent un surcro&icirc;t de travail dans les comp&eacute;tences o&ugrave; ils sont en difficult&eacute;, et dans ce cas, il est possible que tous r&eacute;ussissent. A noter que le r&eacute;sultat est binaire&nbsp;: &eacute;chec ou r&eacute;ussite &agrave; tel ou tel niveau de comp&eacute;tence. Malheureusement, la notation sur 20 est tellement pr&eacute;gnante que les r&eacute;sultats binaires sont ensuite transform&eacute;s en notes sur 20, ce qui ruine la philosophie de l&rsquo;&eacute;valuation par r&eacute;f&eacute;rentiel. Une des raisons en est que ni les coll&egrave;gues, ni l&rsquo;administration, ni m&ecirc;me les &eacute;tudiants n&rsquo;acceptent facilement un syst&egrave;me o&ugrave; tous peuvent r&eacute;ussir. Je me souviens avoir d&ucirc; passer ann&eacute;e apr&egrave;s ann&eacute;e dans les diff&eacute;rentes composantes de l&rsquo;universit&eacute; pour expliquer le taux de r&eacute;ussite &eacute;lev&eacute; des &eacute;tudiants LANSAD.</span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><b>5.3 </b><b>La certification</b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Les certifications modernes sont adoss&eacute;es au CECRL. Ce sont des examens qui &eacute;valuent le niveau des &eacute;tudiants dans quelques-unes ou toutes les comp&eacute;tences d&eacute;crites dans le r&eacute;f&eacute;rentiel. Ils sont g&eacute;n&eacute;ralement produits &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur de l&rsquo;universit&eacute;, soit par le minist&egrave;re de l&rsquo;Enseignement Sup&eacute;rieur (tel le CLES), soit par des officines priv&eacute;es qui les vendent aux universit&eacute;s ou aux &eacute;tudiants (TOEIC, TOEFL, &hellip;). Ils certifient un niveau de comp&eacute;tence reconnu et certaines universit&eacute;s &eacute;trang&egrave;res imposent tel ou tel niveau pour tel ou tel type d&rsquo;&eacute;tudes. Les certifications ont donc leur utilit&eacute;.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Le probl&egrave;me est que l&rsquo;enseignement en amont de l&rsquo;examen est souvent lourdement impact&eacute; par les exigences des certifications. Leur partisans s&rsquo;en r&eacute;jouissent et appellent ce ph&eacute;nom&egrave;ne le &laquo;&nbsp;washback effect&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire l&rsquo;effet levier de l&rsquo;examen sur l&rsquo;enseignement, et c&rsquo;est un des moyens mis en place pour contr&ocirc;ler le travail des enseignants. Mais peut-&ecirc;tre que le &laquo;&nbsp;washback effect&nbsp;&raquo; n&rsquo;est qu&rsquo;un autre mot pour &laquo;&nbsp;bachotage&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire un ensemble de pratiques p&eacute;dagogiques qui &ocirc;tent tout plaisir &agrave; l&rsquo;apprentissage et le r&eacute;duisent &agrave; une suite de rituels dont l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t est limit&eacute; par l&rsquo;horizon de l&rsquo;examen. Que des &eacute;tudiants passent les certifications dont ils ont besoin et qu&rsquo;on les y pr&eacute;pare, c&rsquo;est une t&acirc;che normale pour un dispositif de langues. Structurer tout l&rsquo;apprentissage sur elles, c&rsquo;est abusif, et finalement contre-productif si on en juge par le niveau r&eacute;el des dipl&ocirc;m&eacute;s. Une langue ne s&rsquo;apprend pas sans plaisir&nbsp; ni sans investissement personnel.&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><b>5.4 </b><b>Le portfolio</b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Une autre mani&egrave;re d&rsquo;utiliser un r&eacute;f&eacute;rentiel est le portfolio. Il est particuli&egrave;rement adapt&eacute; &agrave; l&rsquo;apprentissage des langues <i>choisies</i> par les &eacute;tudiants au-del&agrave; des langues obligatoires. Lorsqu&rsquo;un &eacute;tudiant a pass&eacute; volontairement plusieurs heures par semaine &agrave; s&rsquo;initier par exemple &agrave; la langue japonaise, il est malvenu de lui imposer un examen classique avec une note sur vingt qui sera forc&eacute;ment sans rapport avec l&rsquo;apprentissage en autonomie. L&rsquo;&eacute;chec sera alors plus que probable, suivi de l&rsquo;abandon de l&rsquo;apprentissage. Il faut donc &eacute;valuer le travail qui a &eacute;t&eacute; r&eacute;ellement accompli. C&rsquo;est possible gr&acirc;ce &agrave; un portfolio que l&rsquo;&eacute;tudiant soumet &agrave; un jury compos&eacute; d&rsquo;un enseignant de la maison des langues assist&eacute; d&rsquo;un natif de la langue apprise. L&rsquo;&eacute;tudiant affirme qu&rsquo;il a atteint tel ou tel niveau, mettons A1 en lecture du japonais, et il le d&eacute;montre au jury gr&acirc;ce au portfolio. Le jury prend alors une d&eacute;cision binaire&nbsp;: non, le niveau n&rsquo;est pas (encore) atteint, ou bien oui, le niveau est atteint, auquel cas il d&eacute;livre un certificat d&rsquo;obtention.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><b>5.5 </b><b>Pas d&rsquo;&eacute;valuation</b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Il ne faut pas oublier que l&rsquo;apprentissage peut &ecirc;tre &laquo;&nbsp;gratuit&nbsp;&raquo;, sans &eacute;valuation. J&rsquo;ai pu constater que c&rsquo;&eacute;tait effectivement souvent le cas&nbsp;: lorsque les &eacute;tudiants ont <i>choisi</i> une langue, s&rsquo;y int&eacute;ressent et y travaillent assidument, ils ne ressentent pas forc&eacute;ment le besoin d&rsquo;une &eacute;valuation pour r&eacute;compenser leurs efforts. La carotte n&rsquo;est pas toujours n&eacute;cessaire. Dans ce cas, si le CRL demande aux &eacute;tudiants de remplir une fiche de travail sur laquelle sont mentionn&eacute;s le nombre d&rsquo;heures pass&eacute;es et le type de travail fourni, la maison des langues peut d&eacute;livrer une attestation mentionnant le temps pass&eacute; &agrave; l&rsquo;apprentissage de telle ou telle langue.</span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><b>5.6 </b><b>Une &eacute;valuation humaniste et positive</b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">L&rsquo;&eacute;valuation en LANSAD doit &ecirc;tre positive. Le niveau exig&eacute; dans les langues obligatoires doit &ecirc;tre fix&eacute; par l&rsquo;institution et quand il est atteint, cela doit &ecirc;tre reconnu gr&acirc;ce &agrave; un examen adapt&eacute; &agrave; l&rsquo;apprentissage effectu&eacute;. Si l&rsquo;&eacute;tudiant ne l&rsquo;atteint pas, il doit pouvoir utiliser un dispositif d&rsquo;autoformation pour le pr&eacute;parer. En cas de succ&egrave;s, l&rsquo;&eacute;tudiant doit &ecirc;tre encourag&eacute; &agrave; d&eacute;velopper librement certaines des comp&eacute;tences d&eacute;j&agrave; acquises sur son horaire impos&eacute;, ou alors s&rsquo;investir dans une autre langue.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Dans les langues librement choisies au-del&agrave; des langues obligatoires, on pourra proc&eacute;der &agrave; une &eacute;valuation par portfolio, ou bien s&rsquo;en passer totalement.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Dans tous les cas, les niveaux atteints dans les diff&eacute;rentes langues devraient &ecirc;tre report&eacute;s sur le suppl&eacute;ment au dipl&ocirc;me afin de permettre aux &eacute;tudiants de les valoriser &agrave; l&rsquo;externe, que ce soit sur le march&eacute; du travail ou pour l&rsquo;acc&egrave;s &agrave; des universit&eacute;s &eacute;trang&egrave;res.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><b><span style="font-size:14.0pt">Conclusion </span></b></span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Les parents s&rsquo;inqui&egrave;tent de l&rsquo;avenir de leurs enfants, et donc de leur &eacute;ducation. Ils sont ainsi amen&eacute;s &agrave; faire des choix &eacute;ducatifs, parmi lesquels celui des langues &agrave; l&rsquo;&eacute;cole.&nbsp; Mais leur libre-arbitre et leurs d&eacute;sirs n&rsquo;interviennent pas beaucoup dans ce choix. L&rsquo;apprentissage des&nbsp; langues se fait dans un cadre institutionnel qui propose un nombre restreint de langues, celles auxquelles la soci&eacute;t&eacute; accorde une certaine importance et pour lesquelles elle a mis en place des structures de formation p&eacute;dagogiques et des appareils linguistiques et didactiques qui permettent de les enseigner. Il a &eacute;t&eacute; argument&eacute; ici que l&rsquo;importance d&rsquo;une langue est li&eacute;e &agrave; ce qu&rsquo;on consid&egrave;re comme son utilit&eacute;, et que celle-ci d&eacute;pend largement de l&rsquo;acc&egrave;s aux connaissances qu&rsquo;elle permet. C&rsquo;est ce qui explique pourquoi les langues enseign&eacute;es &agrave; l&rsquo;&eacute;cole dans notre pays sont toutes &laquo;&nbsp;universelles&nbsp;&raquo;.&nbsp; </span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">L&rsquo;offre en langues est ainsi de fruit de la tradition, de l&rsquo;histoire, et de facteurs anthropologiques largement inconscients. Mais il n&rsquo;y aucune garantie que ces op&eacute;rations &laquo;&nbsp;cr&eacute;pusculaires&nbsp;&raquo;&nbsp;soient n&eacute;cessairement b&eacute;n&eacute;fiques&nbsp;: les universit&eacute;s ont ainsi laiss&eacute; une langue universelle, l&rsquo;anglais, remplacer presque toutes les autres dans l&rsquo;offre de formation, et elles ont mis en route un processus qui aboutira, si aucune prise de conscience ne se fait, au remplacement de la langue nationale, le fran&ccedil;ais, par cette langue dominante.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">Le sujet n&rsquo;est ainsi pas libre de ses choix&nbsp;linguistiques&nbsp;: il se conforme tout &agrave; fait naturellement &agrave; la n&eacute;cessit&eacute; sociale qui pr&eacute;vaut durant son enfance. En revanche, il existe un v&eacute;ritable d&eacute;sir de langues dans la population, notamment estudiantine, qui ne demande qu&rsquo;&agrave; &eacute;clore pour peu que la possibilit&eacute; lui en soit donn&eacute;e. Dans ce texte on a pr&eacute;sent&eacute; les grandes lignes d&rsquo;un dispositif humaniste qui encourage et valorise l&rsquo;apprentissage des langues sur la base d&rsquo;un d&eacute;sir personnel. La n&eacute;cessit&eacute; n&rsquo;est pas incompatible avec le d&eacute;sir. &nbsp;</span></span></p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><b><span style="font-size:14.0pt">R&eacute;f&eacute;rences bibliographiques</span></b></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">ANTIBI, Andr&eacute;, 2003, <i>La constante macabre</i>, Toulouse, &eacute;dition Math&rsquo;Adore.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">CALVET, Louis-Jean, 1999, <i>Pour une &eacute;cologie des langues du monde</i>, Paris, Plon.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">FRATH, Pierre, 2020 (&agrave; para&icirc;tre), <i>Linguistique anthropologique et r&eacute;f&eacute;rentielle</i>, &eacute;ditions Sapientia Hominis (www.sapentia-hominis.org).</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">FRATH, Pierre, 2019, <i>Anthropologie de l&rsquo;anglicisation</i>, &eacute;ditions Sapientia Hominis (www.sapentia-hominis.org).</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">FRATH, Pierre, 2018a, &laquo;&nbsp;Une classification gnos&eacute;ologique des langues au service de la politique linguistique&nbsp;&raquo;, in <i>Revue Rep&egrave;res-Dorif n&deg;17 Autour du fran&ccedil;ais: langues, cultures et plurilinguisme : &laquo;&nbsp;Diversit&eacute; linguistique, progr&egrave;s scientifique, d&eacute;veloppement durable</i>&nbsp;&raquo;, coord. Giovanni Agresti.</span></span></p> <p style="text-align:justify; text-indent:-36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">FRATH, Pierre, 2018b, &laquo;&nbsp;Les pertes caus&eacute;es par l&rsquo;anglicisation dans la recherche et l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur&nbsp;&raquo;, in <i>Mehrsprachigkeit im Wissenschatfdiskurs</i>, Hans W. Giessen, Arno Krause, Patricia Oster-Stierle, Albert Raasch (Hrsg.), Nomos, Baden-Baden.</span></span></p> <p style="text-indent:-36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">FRATH, Pierre, 2018c, &laquo;&nbsp;Langues et connaissances : l&#39;impact de l&#39;anglicisation de la recherche et de l&#39;enseignement sup&eacute;rieur&nbsp;&raquo;, in <i>Grief n&deg;5</i>, <i>Langue et R&eacute;publique</i>, revue co&eacute;dit&eacute;e par l&rsquo;&Eacute;cole des hautes &eacute;tudes en sciences sociales (EHESS) et la maison Dalloz, dir. Olivier Cayla.</span></span></p> <p style="text-indent:-36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">FRATH, Pierre, 2018d, &laquo;&nbsp;Anthropologie de l&#39;anglicisation de l&#39;enseignement sup&eacute;rieur et de la recherche&nbsp;&raquo;. In <i>European Journal of Language Policy 9_2 06</i>, Liverpool University Press on behalf of The European Language Council / Conseil europ&eacute;en pour les langues. </span></span></p> <p style="text-indent:-36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">FRATH, &nbsp;Pierre, 2018e, &laquo;&nbsp;L&#39;anglicisation comme ph&eacute;nom&egrave;ne anthropologique&nbsp;&raquo;. In <i>Langues et cultures dans l&#39;internationalisation de l&#39;enseignement sup&eacute;rieur au XXIe si&egrave;cle. (Re)penser les politiques linguistiques : anglais et plurilinguisme. </i>Fran&ccedil;oise Le Li&egrave;vre, Mathilde Anquetil, Martine Derivry-Plard, Christiane F&auml;cke, Lisbeth Verstraete-Hansen (&eacute;ds.), Transversales n&deg; 46, Bern/Berlin: Peter Lang.</span></span></p> <p style="text-indent:-36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">FRATH, &nbsp;Pierre, 2018f, &laquo;&nbsp;Langues universelles et francophonie&nbsp;&raquo;. In <i>Culture et Recherche n&deg; 137 - printemps 2018</i>, Thibault Grouas, dir, Paris: Minist&egrave;re de la Culture (http://www.culture.gouv.fr/Thematiques/Enseignement-superieur-et-Recherche/La-revue-Culture-et-Recherche/Recherche-Formation-Innovation)</span></span></p> <p style="text-indent:-36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">FRATH, <st1:place w:st="on"><st1:city w:st="on">Pierre</st1:city></st1:place>, 2017, &laquo;&nbsp;<i>Publish rubbish or perish</i>. De l&#39;uniformit&eacute; et du conformisme dans les sciences humaines&nbsp;&raquo;. In <i>M&eacute;langes du Crapel n&deg;37</i>. Coord. P. Candas.</span></span></p> <p style="text-indent:-36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">FRATH, Pierre, 2014, &ldquo;There is no recursion in language&rdquo;. In <i>Language and Recursion</i>, Francis Lowenthal &amp; Laurent Lefebvre (Eds.), chapter XIV, 2014, XIX, 232 pages. Springer Verlag, Berlin. (http://www.springer.com/psychology/cognitive+psychology/book/978-1-4614-9413-3?otherVersion=978-1-4614-9414-0)</span></span></p> <p style="text-indent:-36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">GAZZOLA, Michele, 2018, &laquo;&nbsp;Les classements des universit&eacute;s et les indicateurs bibliom&eacute;triques: Quels effets sur le multilinguisme dans l&rsquo;enseignement et la recherche?&nbsp;&raquo;, in Le Li&egrave;vre, Fran&ccedil;oise, Mathilde Anquetil, Lisbeth Verstraete-Hansen, Christiane F&auml;cke, and Martine Derivry (eds.), <em>Langues et cultures dans l&#39;internationalisation de l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur - Languages and cultures in the internationalization of higher education</em>, Bern/Berlin: Peter Lang.</span></span></p> <p style="text-indent:-36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">GAZZOLA, Michele, 2012, &laquo;The linguistic implications of academic performance indicators: general trends and case study &raquo;, <i>International Journal of the Sociology of Language, n. 216, p. 131-156, (2012).</i></span></span></p> <p style="text-indent:-36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">GOEBL, Hans, 2009, &bdquo;English only und die Romanistik &ndash; ein Aufschrei&ldquo;, in<b> </b><strong><i><span lang="DE" style="font-weight:normal">Semiotische Weltmodelle: Kultur - Sprache - Literatur -Wissenschaft. Festschrift f&uuml;r Eckhard H&ouml;fner zum 65.Geburtstag.</span></i></strong><strong><span lang="DE" style="font-weight:normal"> Eds. Hartmut Schr&ouml;der/Roland Posner, Berlin: LIT Verlag, 2009 (Reihe &bdquo;Semiotik der Kultur&ldquo;) 190-214.</span></strong></span></span></p> <p style="text-indent:-36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">KELLY Paul, PELLI-EHRENSBERGER, Annabarbara &amp; STUDER, Patrick, 2009, <i>Mehrsprachigkeit an universit&auml;ren Bildungsinstitutionen: Arbeitssprache im Hochschulfachunterricht.</i> ISBB Working Papers. ZHAW Z&uuml;rcher Hochschule f&uuml;r Angewandte Wissenschaften.</span></span></p> <p style="text-indent:-36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">LEROI-GOURHAN, Andr&eacute;, 1965, <i>Le geste et la parole. La m&eacute;moire et les rythmes.</i> Albin Michel.</span></span></p> <p style="text-indent:-36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">TRUCHOT, Claude, 2011, &laquo;&nbsp;L&rsquo;enseignement en anglais abaisse le niveau des formations&nbsp;&raquo;, <i>La recherche</i>, n&deg; 453, p.82, http://www.larecherche.fr/idees/grand-debat/enseignement-anglais-abaisse-niveau-formations-01-06-2011-77376</span></span></p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align:justify">&nbsp;</p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[1]</span></span></span></span></a> Pour un d&eacute;veloppement de cette classification, voir Frath 2018a.</span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[2]</span></span></span></span></a> Pour la question de la domination de l&rsquo;anglais, voir Frath 2019, 2018b, 2018c, 2018d, 2018e.</span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[3]</span></span></span></span></a> Voir notamment le site de l&rsquo;<i>Organisation Internationale de la Francophonie</i> (https://www.francophonie.org/Estimation-des-francophones.html). On estime que d&rsquo;ici une cinquantaine d&rsquo;ann&eacute;es, les francophones seront entre huit cent millions et un milliard, l&rsquo;&eacute;crasante majorit&eacute; d&rsquo;entre eux en Afrique, ce qui fera&nbsp; de notre langue la troisi&egrave;me la plus parl&eacute;e au monde, derri&egrave;re l&rsquo;anglais et le chinois. Bien s&ucirc;r, ces chiffres ne deviendront r&eacute;alit&eacute; que si nous maintenons une production des connaissances en fran&ccedil;ais.</span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[4]</span></span></span></span></a> On pense souvent que la loi Fioraso de 2013 a sonn&eacute; le glas de la loi Toubon de 1994. Ce n&rsquo;est pas le cas&nbsp;: des amendements ont &eacute;t&eacute; apport&eacute;s au projet de loi et la loi Toubon a &eacute;t&eacute; en fait renforc&eacute;e. Malheureusement le minist&egrave;re de l&rsquo;Enseignement Sup&eacute;rieur ne la fait pas appliquer.&nbsp;&nbsp; </span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[5]</span></span></span></span></a> Leroi-Gourhan 1965&nbsp;: 20.</span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[6]</span></span></span></span></a> Arguments d&eacute;velopp&eacute;s dans&nbsp; <i>Anthropologie de l&rsquo;anglicisation</i> (Frath 2019). Pour la perte des bibliographies, voir Goebl 2009.</span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[7]</span></span></span></span></a> Truchot 2011 et Kelly et al. 2009</span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[8]</span></span></span></span></a> <span lang="EN-GB" style="font-size:10.0pt">Voir Frath 2017, &laquo;&nbsp;<i>Publish rubbish or perish</i>. </span><span style="font-size:10.0pt">De l&#39;uniformit&eacute; et du conformisme dans les sciences humaines&nbsp;&raquo;. In <i>M&eacute;langes du Crapel n&deg;37</i>. Coord. P. Candas. </span></span></span></p> </div> <div id="ftn9"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[9]</span></span></span></span></a> Voir Frath 2014 sur la m&eacute;taphysique du g&eacute;n&eacute;rativisme.&nbsp; </span></span></p> </div> <div id="ftn10"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[10]</span></span></span></span></a> Ce point est d&eacute;velopp&eacute; dans <i>Linguistique anthropologique et r&eacute;f&eacute;rentielle</i>, Frath 2020 (&agrave; para&icirc;tre).</span></span></p> </div> <div id="ftn11"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[11]</span></span></span></span></a> Voir Frath 2017.</span></span></p> </div> <div id="ftn12"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><a href="#_ftnref12" name="_ftn12" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[12]</span></span></span></span></a> Voir Gazzola 2012, 2018.</span></span></p> </div> <div id="ftn13"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><a href="#_ftnref13" name="_ftn13" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[13]</span></span></span></span></a> http://spiral.unistra.fr/</span></span></p> </div> <div id="ftn14"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><a href="#_ftnref14" name="_ftn14" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[14]</span></span></span></span></a> https://www.univ-reims.fr/formation/apprendre-les-langues-etrangeres/la-maison-des-langues/la-maison-des-langues,8256,15736.html</span></span></p> </div> <div id="ftn15"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><a href="#_ftnref15" name="_ftn15" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[15]</span></span></span></span></a> Les LANgues pour Sp&eacute;cialistes d&rsquo;Autres Disciplines, une expression invent&eacute;e par Michel Perrin, et qui a eu un grand succ&egrave;s.</span></span></p> </div> <div id="ftn16"> <p class="MsoFootnoteText" style="text-align:justify"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;"><a href="#_ftnref16" name="_ftn16" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;">[16]</span></span></span></span></a> Antibi 2003.</span></span></p> </div> </div> <p>&nbsp;</p>