<h2 align="justify">Introduction</h2> <p>Il s&rsquo;agit selon les termes de l&rsquo;appel &agrave; communication du colloque de &laquo;&nbsp;r&eacute;fl&eacute;chir &agrave; la place et &agrave; la figure du <em>sujet </em>en didactique des langues &raquo;. Je tenterai de mettre en lumi&egrave;re certains enjeux identitaires et subjectifs - deux dimensions anthropologiques diff&eacute;rentes mais articul&eacute;es et parfois contradictoires - r&eacute;v&eacute;l&eacute;s par la gestion et les modes d&rsquo;enseignement/apprentissage des langues par et pour l&rsquo;Union Europ&eacute;enne (UE), dans le cadre des dispositifs de politique &eacute;ducative, notamment l&rsquo;approche dite plurilingue adoss&eacute;e &agrave; une didactique du m&ecirc;me nom et associ&eacute;e &agrave; une dimension pluri/inter-culturelle. J&rsquo;interrogerai la pertinence m&eacute;tapsychologique de la notion op&eacute;ratoire de &laquo;&nbsp;plurilinguisme&nbsp;&raquo; qui joue un r&ocirc;le central dans la politique linguistique de l&rsquo;UE, telle qu&rsquo;elle appara&icirc;t li&eacute;e &agrave; un projet id&eacute;ologique d&rsquo;une nouvelle identit&eacute; citoyenne plurilingue et pluriculturelle associ&eacute;e &agrave; une didactique du plurilinguisme, outill&eacute;e par des dispositifs comme le CECRL<a href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc">1</a> et le CARAP<a href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc">2</a>, entre autres. Je rappelle le r&ocirc;le central du plurilinguisme qui selon Jean-Claude Beacco<a href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc">3</a> (2004&nbsp;: 45)&nbsp;:</p> <blockquote> <p><q>est une notion qui comporte &agrave; la fois des dimensions psycho-cognitives et didactiques, politiques et &eacute;ducatives, qui sont toutes en mesure de constituer, ensemble ou s&eacute;par&eacute;ment, des finalit&eacute;s communes pour les politiques linguistiques &eacute;ducatives conformes aux valeurs d&eacute;finies conjointement par les Etats europ&eacute;ens.&nbsp;</q></p> </blockquote> <h2>1. L&rsquo;Union Europ&eacute;enne et la question des langues</h2> <p>A la lecture de nombreux textes officiels de l&rsquo;UE, la question des langues en Europe appara&icirc;t comme un enjeu identitaire crucial et le projet de politique linguistique et &eacute;ducative con&ccedil;u par le Conseil de l&rsquo;Europe est donc centr&eacute; sur la promotion et le d&eacute;veloppement d&rsquo;un plurilinguisme &laquo;&nbsp;en r&eacute;ponse&nbsp;&agrave; la diversit&eacute; linguistique et culturelle de l&rsquo;Europe<a href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc">4</a> &raquo;. Je rappelle la devise de l&rsquo;UE&nbsp;: &laquo;&nbsp;In varietate concordia&nbsp;&raquo; (&laquo;&nbsp;Unie dans la diversit&eacute;&nbsp;&raquo;) car pr&eacute;cis&eacute;ment la grande diversit&eacute; culturelle et ethno-linguistique europ&eacute;enne rend l&rsquo;union probl&eacute;matique. Et de fait, l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; ethno-linguistique de l&rsquo;Europe est grandissante, elle est d&rsquo;abord constitu&eacute;e par la diversit&eacute; des nombreux peuples natifs mais aussi par l&rsquo;apport cons&eacute;quent des vagues migratoires successives depuis plusieurs d&eacute;cennies. Selon &laquo;&nbsp;EUROSTAT<a href="#sdfootnote5sym" name="sdfootnote5anc">5</a>&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo; Au 1er&nbsp;janvier&nbsp;2018, on d&eacute;nombrait 38,2&nbsp;millions de personnes n&eacute;es en dehors de l&rsquo;UE-28 et vivant dans un &Eacute;tat membre de l&rsquo;Union, tandis que 21,8&nbsp;millions de personnes &eacute;taient n&eacute;es dans un &Eacute;tat membre diff&eacute;rent de celui dans lequel elles r&eacute;sidaient.&nbsp;&raquo; Ces quelques chiffres sont &eacute;vocateurs d&rsquo;une situation fortement h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne qui fait peser la menace (selon les analyses des experts du Conseil de l&rsquo;Europe) de replis identitaires, tensions communautaires et difficult&eacute;s d&rsquo;int&eacute;gration. Une &eacute;ducation plurilingue et pluri/inter-culturelle est donc envisag&eacute;e pour contrer le danger d&rsquo;une Europe &laquo;&nbsp;hyper-bab&eacute;lienne&nbsp;&raquo; ainsi nomm&eacute;e car cette h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; constitue une diversit&eacute; qui cr&eacute;e des angoisses, des peurs<a href="#sdfootnote6sym" name="sdfootnote6anc">6</a>, de la x&eacute;nophobie, un euroscepticisme<a href="#sdfootnote7sym" name="sdfootnote7anc">7</a>. Ce plurilinguisme semble pourtant contribuer &agrave; renforcer un sentiment phobique &agrave; l&rsquo;&eacute;gard d&rsquo;une Europe dont l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; ethno-linguistique croissante effraye les peuples europ&eacute;ens. Nous consid&eacute;rons l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&eacute;n&eacute;it&eacute; comme une diversit&eacute; exacerb&eacute;e, construite et probl&eacute;matique. Pour le cas fran&ccedil;ais, Jean-Claude Chevalier, linguiste, &eacute;crivait en 2009&nbsp;:&nbsp;</p> <blockquote> <p><q>Il ne semble pas exag&eacute;r&eacute; de penser que l&rsquo;instauration du plurilinguisme, pr&eacute;sent dans la plupart des pays europ&eacute;ens, mais nouveau en France, pays jusque-l&agrave; monolingue jusqu&rsquo;&agrave; la provocation, n&rsquo;est pas &eacute;trang&egrave;re au sentiment d&rsquo;inqui&eacute;tude qui agite les Fran&ccedil;ais et qui s&rsquo;est manifest&eacute; par la multiplication de conflits mettant en cause les fondements de la d&eacute;mocratie.&nbsp;</q></p> </blockquote> <p>Pr&eacute;cisons que le plurilinguisme &eacute;voqu&eacute; par Chevalier est en fait un multilinguisme &eacute;thique&nbsp;: le fait de parler plusieurs langues et d&rsquo;accueillir l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; linguistique. Cette Europe, il faut bien le souligner, est construite et planifi&eacute;e, au plan d&eacute;mographique, par les institutions europ&eacute;ennes, pour &ecirc;tre ce qu&rsquo;elle est devenue aujourd&rsquo;hui. Le paysage d&eacute;mographique et culturel europ&eacute;en se modifie contin&ucirc;ment et encore plus profond&eacute;ment par l&rsquo;arriv&eacute;e substantielle de populations &eacute;trang&egrave;res et allophones. Babel, c&rsquo;&eacute;tait le monde tel que nous le connaissions avant la mondialisation. &laquo;&nbsp;Hyper-Babel&nbsp;&raquo; c&rsquo;est le monde - l&rsquo;Europe en l&rsquo;occurrence - construit dans l&rsquo;hyper-diversit&eacute;. Beacco (2004 : 45) confirme ce projet europ&eacute;en de construction d&rsquo;une Europe nouvelle, &laquo;&nbsp;post-nationale&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;plurilingue&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <blockquote> <p><q>On ne construira pas l&rsquo;Europe comme on a construit les nations europ&eacute;ennes au XIX&deg; si&egrave;cle, autour d&rsquo;une langue europ&eacute;enne commune identifi&eacute;e &agrave; la &laquo; maison Europe &raquo;. Fonder des finalit&eacute;s, partag&eacute;es entre Europ&eacute;ens, relatives aux langues et &agrave; leur enseignement implique de consid&eacute;rer que ce qui est primordial ne sont pas tant les langues que ceux qui les parlent, non pas tant la diversit&eacute; des langues dans un territoire (dit alors multilingue) que la diversit&eacute; des langues utilis&eacute;es par les individus (dite plurilinguisme), c&rsquo;est-&agrave;-dire la diversit&eacute; de leur &laquo;r&eacute;pertoires de langues&raquo;, quel que soit le statut ou la fonction de celles-ci (y compris donc la langue dite maternelle).&nbsp;</q></p> </blockquote> <p>Trois points probl&eacute;matiques retiendront particuli&egrave;rement notre attention&nbsp;:</p> <p>- La re-motivation s&eacute;mantique du terme &laquo;&nbsp;plurilinguisme&nbsp;&raquo; afin de le diff&eacute;rencier de &laquo;&nbsp;multilinguisme&nbsp;&raquo; et lui conf&eacute;rer un sens id&eacute;ologico-politique dans une vis&eacute;e de gestion sociale de la diversit&eacute; linguistique. Cette op&eacute;ration sur la paire notionnelle plurilinguisme/multilinguisme entra&icirc;ne confusions et contradictions r&eacute;currentes dans les textes officiels de l&rsquo;UE et dans les repr&eacute;sentations.</p> <p>- L&rsquo;instrumentalisation des langues et des modes d&rsquo;apprentissage, au profit d&rsquo;une nouvelle identification plurilingue <em>versus </em>monolingue, pour en faire les vecteurs axiologiques d&rsquo;une identit&eacute; nouvelle produite <em>ex nihilo</em>&nbsp;dans le cadre d&rsquo;une politique de refonte voire d&eacute;passement du sentiment national&nbsp; par le biais d&rsquo;un vaste projet d&rsquo;&eacute;ducation plurilingue et interculturelle qui exc&egrave;de largement la didactique des langues.</p> <p>- Enfin, la construction de la subjectivit&eacute; langagi&egrave;re et le poids identificatoire et constituant des langues dont la langue maternelle qui, dans ce projet, subit une mod&eacute;lisation en rupture puisque l&rsquo;identification &agrave; la langue maternelle (souvent nationale) est, d&rsquo;une certaine mani&egrave;re, non pas ouvertement remise en question, mais id&eacute;alement compl&eacute;t&eacute;e voire relay&eacute;e par un r&eacute;pertoire plurilingue &agrave; d&eacute;velopper et s&rsquo;approprier, n&eacute;cessitant un processus de d&eacute;centration subjective.</p> <h2>2. Caract&eacute;risation du plurilinguisme europ&eacute;en</h2> <h3>2.1 La re-s&eacute;mantisation du terme &laquo;&nbsp;plurilinguisme&nbsp;&raquo;</h3> <p>L&rsquo;utilisation r&eacute;currente et al&eacute;atoire de la paire notionnelle plurilinguisme/multilinguisme dans les textes officiels de l&rsquo;UE a entra&icirc;n&eacute; une confusion sur la base d&rsquo;un amalgame synonymique qui a rendu n&eacute;cessaire une re-motivation s&eacute;mantique du terme plurilinguisme afin de lui conf&eacute;rer un sens nouveau. Il s&rsquo;agissait surtout de fonder une nouvelle approche du rapport du sujet aux langues par un plurilinguisme qui remplacerait l&rsquo;apprentissage acad&eacute;mique, traditionnel des langues (didactique monolingue) ou qui <em>a minima</em> serait pr&eacute;pond&eacute;rant.</p> <p>Dans une acception commune, &laquo;&nbsp;plurilingue&nbsp;&raquo; (<em>pluri-lingua</em>), du latin &laquo;&nbsp;<em>plures&nbsp;</em>&raquo;, signifie &laquo;&nbsp;plusieurs langues&nbsp;&raquo;. Le plurilinguisme est donc l&rsquo;&eacute;tat ou la situation de l&rsquo;individu ou de la communaut&eacute; qui utilise plusieurs langues. &laquo;&nbsp;Multilinguisme&nbsp;&raquo; (<em>multi-lingua</em>) est form&eacute; sur &laquo;&nbsp;<em>multi/multus</em>&nbsp;&raquo; c&rsquo;est-&agrave;-dire beaucoup, nombreux. Multilingue signifie que l&rsquo;individu ou la communaut&eacute; multilingue parle, poss&egrave;de plusieurs langues dans le sens de &laquo;&nbsp;beaucoup de langues&nbsp;&raquo;, proche du terme &laquo;&nbsp;polyglotte&nbsp;&raquo; (du grec &laquo;&nbsp;<em>poly&nbsp;</em>&raquo; qui signifie nombreux, abondant).</p> <p>Le multilinguisme serait ainsi, &eacute;tymologiquement et commun&eacute;ment, un plurilinguisme accentu&eacute;, d&eacute;velopp&eacute; quantitativement &agrave; l&rsquo;&eacute;gard du nombre de langues parl&eacute;es. Le s&eacute;mantisme premier confirme que le rapport entre ces deux concepts est d&rsquo;ordre quantitatif et non pas qualitatif. &laquo;&nbsp;Plusieurs&nbsp;&raquo; est moindre que &laquo;&nbsp;beaucoup&nbsp;&raquo; mais il n&rsquo;y a pas d&rsquo;opposition conceptuelle franche entre les deux notions qui sont apparent&eacute;es.</p> <p>On assiste pourtant &agrave; une diff&eacute;renciation &agrave; la lecture de certains textes officiels de l&rsquo;UE qui conduit &agrave; une incompr&eacute;hension voire une contradiction car malgr&eacute; la co-existence et la promotion des deux attitudes (pluri et multi) dans de nombreux textes, on trouve entre ces deux notions une opposition sans aucune ambigu&iuml;t&eacute; dans les textes abordant la didactique du plurilinguisme. Mais il est clair qu&rsquo;il s&rsquo;agit pour le multilinguisme de parler plusieurs langues, on en pr&eacute;conise trois et c&rsquo;est bien l&rsquo;UE qui est &agrave; l&rsquo;origine de cette promotion. Les caract&eacute;ristiques d&rsquo;un plurilinguisme <em>ad hoc </em>en font assur&eacute;ment un outil id&eacute;ologique car il ne s&rsquo;agit pas uniquement d&rsquo;acqu&eacute;rir une comp&eacute;tence multilingue fonctionnelle mais de promouvoir une &laquo;&nbsp;conscience pluriculturelle&nbsp;&raquo; afin d&rsquo;agir sur les processus de construction de l&rsquo;identit&eacute; personnelle par une identification plurielle aux diff&eacute;rentes langues-cultures d&rsquo;un r&eacute;pertoire langagier &agrave; constituer. La distinction plurilinguisme/multilinguisme&nbsp;est bien pr&eacute;cis&eacute;e dans le pr&eacute;ambule de la &laquo;&nbsp;Charte europ&eacute;enne du plurilinguisme&nbsp;&raquo; (Assises europ&eacute;ennes du plurilinguisme, 2005-2019)&nbsp;:</p> <blockquote> <p><q>Nous convenons de d&eacute;signer par plurilinguisme l&#39;usage de plusieurs langues par un m&ecirc;me individu. Cette notion se distingue de celle de multilinguisme qui signifie la coexistence de plusieurs langues au sein d&#39;un groupe social. Une soci&eacute;t&eacute; plurilingue est compos&eacute;e majoritairement d&#39;individus capables de s&#39;exprimer &agrave; divers niveaux de comp&eacute;tence en plusieurs langues, c&#39;est-&agrave;-dire d&#39;individus multilingues ou plurilingues, alors qu&#39;une soci&eacute;t&eacute; multilingue peut &ecirc;tre majoritairement form&eacute;e d&#39;individus monolingues ignorant la langue de l&#39;autre.&nbsp;</q></p> </blockquote> <h3>2.2 Un &laquo;&nbsp;changement de paradigme&nbsp;&raquo;</h3> <p>En outre, la version int&eacute;grale du &laquo;&nbsp;Guide pour l&rsquo;&eacute;laboration des politiques linguistiques &eacute;ducatives en Europe&nbsp;: de la diversit&eacute; linguistique &agrave; l&rsquo;&eacute;ducation plurilingue&nbsp;&raquo; (2003 : 38-39) annonce&nbsp;que&nbsp;:</p> <blockquote> <p><q>Ce plurilinguisme est consid&eacute;r&eacute; comme un r&eacute;pertoire de ressources communicatives dont le locuteur joue selon ses besoins propres&hellip; Cet emploi simultan&eacute; de plusieurs vari&eacute;t&eacute;s linguistiques, nomm&eacute; alternance codique, donne au locuteur une grande souplesse dans la communication&hellip; Ce qui demeure commun &agrave; tous ces plurilinguismes est une comp&eacute;tence &agrave; ma&icirc;triser diff&eacute;rentes langues &agrave; des degr&eacute;s divers, &agrave; utiliser toutes les ressources de ces langues connues dans la communication et &agrave; faire que toutes les langues des r&eacute;pertoires individuels, du sien comme de celui des autres, soient consid&eacute;r&eacute;es comme &eacute;tant d&#39;&eacute;gale valeur.</q></p> </blockquote> <p>Et J-C. Beacco (2003 : 40) de proposer que&nbsp;:</p> <blockquote> <p><q>La question de l&rsquo;enseignement des langues en Europe devrait alors &ecirc;tre reformul&eacute;e. Ainsi, il ne s&#39;agit pas tant de d&eacute;cider quelles langues &#39;&#39;&eacute;trang&egrave;res&#39;&#39; (et combien) doivent &ecirc;tre enseign&eacute;es dans les syst&egrave;mes &eacute;ducatifs que d&#39;orienter les finalit&eacute;s des formations en langue vers l&#39;acquisition d&#39;une comp&eacute;tence plurilingue, de fait unique, englobant la langue &#39;&#39;maternelle&#39;&#39;, la ou les langues nationales, les langues r&eacute;gionales et minoritaires, les langues europ&eacute;ennes et extra europ&eacute;ennes.&nbsp;</q></p> </blockquote> <p>Le CECRL (2001 : 11) confirme que&nbsp;:</p> <blockquote> <p><q>De ce point de vue, le but de l&rsquo;enseignement des langues se trouve profond&eacute;ment modifi&eacute;. Il ne s&rsquo;agit plus simplement d&rsquo;acqu&eacute;rir la &#39;&#39;ma&icirc;trise&#39;&#39; d&rsquo;une, deux, voire trois langues, chacune de son c&ocirc;t&eacute;, avec le &#39;&#39;locuteur natif id&eacute;al&#39;&#39; comme ultime mod&egrave;le. Le but est de d&eacute;velopper un r&eacute;pertoire langagier dans lequel toutes les capacit&eacute;s linguistiques trouvent leur place.&nbsp;</q></p> </blockquote> <p>Dans cette configuration, ce &laquo;&nbsp;r&eacute;pertoire langagier&nbsp;&raquo; ressemblerait &agrave; une forme d&rsquo;attelage langagier h&eacute;t&eacute;roclite proche du &laquo;&nbsp;bricolage&nbsp;&raquo; (qui peut tout &agrave; fait &ecirc;tre pertinent) mais &agrave; partir duquel il est difficile d&rsquo;imaginer une communication structur&eacute;e et satisfaisante. J&rsquo;ai moi-m&ecirc;me tent&eacute; l&rsquo;exp&eacute;rience subjective d&rsquo;exploiter les ressources de mon r&eacute;pertoire langagier en Italie r&eacute;cemment mais avec fort peu de r&eacute;ussite&hellip; Ce dispositif glottopolitique semble surtout servir de levier agissant sur l&rsquo;identit&eacute; personnelle par le biais de l&rsquo;&eacute;ducatif et des didactiques du plurilinguisme en se diff&eacute;renciant des didactiques &laquo;&nbsp;traditionnelles&nbsp;&raquo; des langues. Selon Bruno Maurer (2015)&nbsp;:</p> <blockquote> <p><q>Cette didactique du plurilinguisme, qui s&#39;est d&eacute;velopp&eacute;e &agrave; la suite du CECR s&#39;est construite sur une erreur logique qui en condamne le d&eacute;veloppement, avec de potentiels effets n&eacute;gatifs sur la didactique des langues&hellip; On cherche &agrave; former des attitudes de plurilingues mais en essayant de faire l&#39;&eacute;conomie du d&eacute;veloppement de r&eacute;elles comp&eacute;tences dans plusieurs langues&hellip; Il faut retrouver la possibilit&eacute; d&#39;une v&eacute;ritable didactique plurilingue qui se d&eacute;tacherait des vis&eacute;es trop &eacute;troitement utilitaristes ou politiques que l&#39;on assigne, depuis le CECR, aux langues et &agrave; leur enseignement.&nbsp;</q></p> </blockquote> <p>Nous comprenons que l&rsquo;objectif de ce plurilinguisme n&rsquo;est pas uniquement langagier/communicatif, il est aussi politique et culturel ou plut&ocirc;t pluri/inter-culturel&nbsp;car :</p> <blockquote> <p><q>Ce plurilinguisme est consid&eacute;r&eacute; comme comportant un versant culturel, constituant ainsi la comp&eacute;tence plurilingue et pluriculturelle, comme exp&eacute;rience potentielle de plusieurs cultures. Con&ccedil;u comme valeur il peut fonder un enseignement plurilingue mais aussi peut avoir pour finalit&eacute; une conscience pluriculturelle... La mise en &oelig;uvre du plurilinguisme implique&nbsp;de promouvoir une &eacute;ducation au plurilinguisme, qui ne se confond pas avec l&rsquo;enseignement des langues et qui est en relation avec l&rsquo;&eacute;ducation &agrave; la citoyennet&eacute; d&eacute;mocratique.</q> (Guide, 2007 : 40)</p> </blockquote> <p>La didactique du plurilinguisme occupe donc une place strat&eacute;gique dans le processus de construction du futur citoyen europ&eacute;en. Michel Candelier (in Simonin, 2013) &eacute;voque un &laquo;&nbsp;changement de paradigme&nbsp;&raquo; et affirme que &laquo;&nbsp;ce qui porte la didactique du plurilinguisme, se place au niveau d&rsquo;un renouvellement des repr&eacute;sentations de ce qu&rsquo;est la comp&eacute;tence linguistique&nbsp;&raquo;. Beacco (2004 : 49) confirme ce renouvellement n&eacute;cessaire des repr&eacute;sentations collectives &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des langues, de leur apprentissage scolaire et des modes d&rsquo;enseignement&nbsp;:</p> <blockquote> <p><q>La mise en &oelig;uvre d&rsquo;une &eacute;ducation plurilingue, comme d&eacute;nominateur commun des politiques linguistiques &eacute;ducatives, ne passe pas par des mesures r&eacute;volutionnaires, mais par l&rsquo;am&eacute;nagement des enseignements existants. Modifier les curriculums existants pour arriver &agrave; des formes d&rsquo;&eacute;ducation linguistique int&eacute;grant les enseignements de langues et diversifiant les langues sur toute la dur&eacute;e des apprentissages, suppose fondamentalement d&rsquo;agir sur les repr&eacute;sentations sociales des utilisateurs et des d&eacute;cideurs.</q></p> </blockquote> <h2>3. Plurilinguisme et identit&eacute; europ&eacute;enne</h2> <p>A l&rsquo;&eacute;vidence, l&rsquo;ensemble de ces textes et d&eacute;clarations montrent qu&rsquo;il ne s&rsquo;agit pas simplement d&rsquo;enseigner ou d&rsquo;apprendre des langues mais aussi de promouvoir et construire une nouvelle forme d&rsquo;identit&eacute; plurilingue et pluriculturelle, afin d&rsquo;habiter, autrement qu&rsquo;enferm&eacute; dans les fronti&egrave;res ethniques et nationales, un territoire europ&eacute;en &agrave; r&eacute;organiser et unifier &agrave; partir d&rsquo;une certaine &laquo;&nbsp;mani&egrave;re d&rsquo;&ecirc;tre aux langues&nbsp;&raquo; (Beacco). Effectivement, la division des politiques linguistiques du Conseil de l&#39;Europe th&eacute;orise dans de tr&egrave;s nombreux textes un &laquo; plurilinguisme politique &raquo; associ&eacute; &agrave; une &laquo; identit&eacute;-carrefour &raquo; inter/pluri-culturelle.</p> <blockquote> <p><q>Les programmes &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre en Europe&hellip; empruntent deux grandes voies : l&rsquo;une est tourn&eacute;e vers la recherche&hellip; de &quot;bonnes pratiques d&rsquo;enseignement&quot;, l&rsquo;autre est de nature politique. Elle s&rsquo;interroge sur les finalit&eacute;s des enseignements de langues, sur leur relation avec la constitution d&rsquo;une appartenance &agrave; l&rsquo;espace culturel et politique europ&eacute;en ou sur leur r&ocirc;le dans la coh&eacute;sion sociale et la citoyennet&eacute; d&eacute;mocratique. Elle n&rsquo;est plus de nature didactique, mais bien d&rsquo;ordre politique, au moins au sens de l&rsquo;anglais policy.</q>&nbsp;(Beacco, 2004 : 42)</p> </blockquote> <p>Ainsi, il ne s&rsquo;agit pas simplement d&rsquo;apprendre plusieurs langues. Ce dispositif glottopolitique du plurilinguisme se d&eacute;veloppe au plan &eacute;thico-p&eacute;dagogique dans une &laquo; &eacute;ducation au plurilinguisme &raquo;, un &laquo;&nbsp;&eacute;veil aux langues&nbsp;&raquo;, &agrave; la pluri-culturalit&eacute;, s&rsquo;exprime pragmatiquement par une m&eacute;thodologie en didactique des langues et s&rsquo;inscrit plus largement dans une conception politique et sociale de la &laquo; citoyennet&eacute; d&eacute;mocratique&nbsp;&raquo; europ&eacute;enne. Les langues comme objets d&rsquo;enseignement et d&rsquo;apprentissage deviennent ainsi des outils de production et d&rsquo;&eacute;laboration identitaires au service d&rsquo;une certaine id&eacute;ologie sociolinguistique face au d&eacute;fi probl&eacute;matique de la diversit&eacute; et de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; dans le cadre des politiques d&#39;int&eacute;gration europ&eacute;enne. Candelier (in Simonin, 2013 : 206) justifie cette strat&eacute;gie en expliquant que&nbsp;:</p> <blockquote> <p><q>L&rsquo;Europe est, historiquement, le lieu de naissance des nations unifi&eacute;es et, conjointement, de construction des langues nationales appuy&eacute;es sur une id&eacute;ologie monolingue triomphante, mais l&rsquo;influence de ces langues (comme celle des nations qui les portent) est actuellement en d&eacute;clin, face &agrave; la domination linguistique anglophone et &agrave; l&rsquo;&eacute;volution d&rsquo;autres galaxies linguistiques. En outre, se pose la question des formes d&rsquo;une citoyennet&eacute; europ&eacute;enne multir&eacute;f&eacute;rentielle, difficilement conciliable avec le choix et l&rsquo;imposition d&rsquo;une langue commune. Le d&eacute;veloppement d&rsquo;une didactique du plurilinguisme en Europe appara&icirc;t donc aujourd&rsquo;hui coh&eacute;rente avec cette situation.</q></p> </blockquote> <p>La charte europ&eacute;enne du plurilinguisme annon&ccedil;ait d&eacute;j&agrave; en 2005 que&nbsp;: &laquo; Le plurilinguisme est ins&eacute;parable de l&rsquo;affirmation d&rsquo;une Europe politique &raquo; [&hellip;] Il est une source fondamentale du sentiment de citoyennet&eacute; europ&eacute;enne &raquo; et pr&eacute;conisait une p&eacute;dagogie d&rsquo;&eacute;veil aux langues et de &laquo; distanciation vis-&agrave;-vis de la langue maternelle &raquo;, l&rsquo;une des &laquo;&nbsp;comp&eacute;tences&nbsp;&raquo; (C5) vis&eacute;es par le CARAP<a href="#sdfootnote8sym" name="sdfootnote8anc">8</a>. Beacco (2005) &eacute;voque&nbsp;:</p> <blockquote> <p><q>La cr&eacute;ation d&rsquo;une collectivit&eacute; nouvelle europ&eacute;enne qui rel&egrave;ve d&rsquo;une dynamique de constitution globalisante et qui a pour fin de cr&eacute;er en particulier par un processus d&rsquo;identification culturelle aux allures de mythe fondateur une communaut&eacute; transnationale&hellip; Cette entit&eacute; europ&eacute;enne en gestation ne saurait se constituer sur le mod&egrave;le des &eacute;tats du XIXe si&egrave;cle.</q></p> </blockquote> <p>Et ajoute que &laquo;&nbsp;l&rsquo;identification &agrave; une langue est un artefact &raquo;. Ces propos sont annonciateurs de projets identitaires qui vont bien au-del&agrave; du simple objectif de multi ou pluri-linguisme. A l&rsquo;&eacute;vidence, les langues constituent dans ce projet politique des instruments de r&eacute;&eacute;laboration des repr&eacute;sentations identitaires et la didactique des langues se retrouve instrumentalis&eacute;e et noy&eacute;e sous des pr&eacute;suppos&eacute;s id&eacute;ologiques. Beacco annonce un projet de changement radical de paradigme :</p> <blockquote> <p><q>Les nations &eacute;tant devenues du fait des flux migratoires massifs des entit&eacute;s politiques culturellement complexes, il faudrait donc parier sur l&#39;identification plurilingue et pluriculturelle en abandonnant l&#39;identification mono-linguistique/culturelle.</q></p> </blockquote> <p>Bruno Maurer (2011 : 1) dans son pr&eacute;ambule confirme cette instrumentalisation des langues&nbsp;:</p> <blockquote> <p><q>Avec l&rsquo;&eacute;ducation plurilingue et interculturelle, il ne s&rsquo;agit plus en r&eacute;alit&eacute; d&rsquo;enseigner les langues, mais de construire de toutes pi&egrave;ces l&rsquo;identit&eacute; du futur citoyen europ&eacute;en. Les langues sont instrumentalis&eacute;es au profit d&rsquo;un projet politique.&nbsp;</q></p> </blockquote> <h2>4. L&rsquo;&laquo;&nbsp;Autre versant du langage&nbsp;&raquo;. Subjectivit&eacute; et motivation inconsciente</h2> <p>D&eacute;velopper une &laquo;&nbsp;comp&eacute;tence de d&eacute;centration et distanciation par rapport &agrave; sa propre langue/culture&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;regarder sa propre langue de l&#39;ext&eacute;rieur&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;d&eacute;passer les &eacute;vidences qui sont forg&eacute;es en relation avec la langue/culture maternelle&nbsp;&raquo; (cf. notes de bas de page 6 sur le CARAP), &laquo;&nbsp;parier sur l&#39;identification plurilingue et pluriculturelle&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;abandonner l&#39;identification mono-linguistique/culturelle&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;consid&eacute;rer l&rsquo;identification &agrave; une langue comme un artefact&nbsp;&raquo;&hellip; etc. Il s&rsquo;agit assur&eacute;ment d&rsquo;une politique linguistique et &eacute;ducative en rupture nette avec l&rsquo;id&eacute;ologie linguistique de la plupart des nations europ&eacute;ennes qui conf&egrave;rent une valeur identitaire pr&eacute;pond&eacute;rante &agrave; la langue nationale souvent confondue avec la langue maternelle. Beacco (2001 : 2) &eacute;crit que &laquo;&nbsp;promouvoir le plurilinguisme ne saurait se faire sans tenir compte des id&eacute;ologies linguistiques antagonistes toujours fort actives et qui sont en mesure d&rsquo;en entraver la diffusion&nbsp;&raquo;. Il reconna&icirc;t que &laquo;&nbsp;le plurilinguisme ne va pas de soi&nbsp;&raquo;.</p> <p>Et en effet, nous savons qu&rsquo;une langue premi&egrave;re a des incidences sur la structure m&eacute;tapsychologique<a href="#sdfootnote9sym" name="sdfootnote9anc">9</a> et cognitive du sujet parlant. Les langues apprises en tant que langues &eacute;trang&egrave;res, langues secondes ou d&rsquo;emprunt, ont &eacute;galement des effets sur la constitution subjective, c&rsquo;est-&agrave;-dire sur le rapport inconscient du sujet aux langues qui l&rsquo;affectent, selon le contexte, la situation, la configuration familiale, culturelle&hellip; etc.&nbsp;: l&rsquo;apprentissage scolaire d&rsquo;un natif n&rsquo;est pas l&rsquo;apprentissage obligatoire d&rsquo;un migrant ou la formation d&rsquo;un expatri&eacute; volontaire ou encore d&rsquo;un r&eacute;fugi&eacute;. Les conditions d&rsquo;appropriation et de subjectivation des langues diff&egrave;rent consid&eacute;rablement selon les situations et le d&eacute;sir inconscient du sujet qui est &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre &agrave; son insu, selon les attentes conscientes et inconscientes des sujets &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des langues du r&eacute;pertoire.</p> <p>Nous entendons par subjectivit&eacute;, ce qui rel&egrave;ve des d&eacute;terminations et op&eacute;rations inconscientes structurant le sujet, qui se superposent ou s&rsquo;interposent &agrave; la production d&rsquo;identit&eacute; qui elle rel&egrave;ve de l&rsquo;acteur social, de ce que Freud nomme le &laquo;&nbsp;Moi&nbsp;&raquo; dans sa seconde topique. Deux registres bien diff&eacute;rents, l&rsquo;un m&eacute;tapsychologique, l&rsquo;autre sociologique qui ne mettent pas en jeu les m&ecirc;mes structures et dont il faut diff&eacute;rencier les incidences provoqu&eacute;es par toute gestion institutionnelle des langues. Car les&nbsp;effets de subjectivit&eacute; sont&nbsp;li&eacute;s &agrave; la prise des sujets&nbsp;dans les langues et les discours.&nbsp;Ainsi, supposer qu&rsquo;une action sur les langues n&rsquo;affecterait que la dimension fonctionnelle du locuteur en tant qu&rsquo;utilisateur conscient (c&rsquo;est-&agrave;-dire acteur social), c&rsquo;est ignorer ce que Mich&egrave;le Aquien nomme &laquo;&nbsp;l&rsquo;Autre versant du langage&nbsp;&raquo; (1997 : 10). Elle explique que&nbsp;:</p> <blockquote> <p><q>La fonction de communication sociale (utilitaire) est d&eacute;bord&eacute;e de tous c&ocirc;t&eacute;s car il existe aussi au niveau de l&rsquo;individu des &eacute;mergences langagi&egrave;res qui brouillent la pure information au sens du rapport socialis&eacute; et qui ne rel&egrave;vent que de fa&ccedil;on biais&eacute;e de l&rsquo;analyse linguistique. Tout ph&eacute;nom&egrave;ne de langage n&rsquo;est pas destin&eacute; &agrave; &ecirc;tre communiqu&eacute;&nbsp;: la r&eacute;alit&eacute; dans la communication sociale est fond&eacute;e sur un consensus, et il arrive que pour le locuteur, il y ait une part de r&eacute;alit&eacute; qu&rsquo;il voudrait cacher ou que la r&egrave;gle sociale invite &agrave; cacher, et qui appara&icirc;t plus ou moins malgr&eacute; lui, dans son langage&nbsp;; le locuteur fait ainsi entendre cette r&eacute;alit&eacute; dans la vie courante, soit de mani&egrave;re involontaire dans les lapsus, oublis, confusions, malentendus, sympt&ocirc;mes divers, soit de mani&egrave;re plus dirig&eacute;e dans les jeux de mots, mots d&rsquo;esprit et figures diverses.</q></p> </blockquote> <p>C&rsquo;est dire que la langue (ici en production mais aussi en r&eacute;ception) poss&egrave;de bien d&rsquo;autres fonctions que simplement utilitaristes et que dans le cadre de l&rsquo;apprentissage plurilingue europ&eacute;en, le processus de subjectivation des langues (dont les &laquo;&nbsp;&eacute;mergences langagi&egrave;res&nbsp;&raquo; de M. Aquien) n&rsquo;est absolument pas envisag&eacute; car la langue, d&eacute;compos&eacute;e en comp&eacute;tences/attitudes, descripteurs de capacit&eacute;s et actions ou t&acirc;ches&hellip; est suppos&eacute;e transparente et viser l&rsquo;efficacit&eacute; performative. Il n&rsquo;y a pas de &laquo;&nbsp;reste&nbsp;&raquo; dans cette conception &laquo;&nbsp;actionnelle&nbsp;&raquo; et utilitariste de la langue. Selon J-M. Prieur et R-M. Volle (2016 : 75)&nbsp;:</p> <blockquote> <p><q>Le CECR construit l&rsquo;&laquo;image folle&raquo; d&rsquo;une langue comme simple processus d&rsquo;encodage de la r&eacute;alit&eacute;, trouvant un &eacute;quivalent d&rsquo;une langue &agrave; l&rsquo;autre, et o&ugrave; s&rsquo;annonce comme possible une communication transparente, ma&icirc;tris&eacute;e, toute enti&egrave;re d&eacute;volue &agrave; l&rsquo;accomplissement de l&rsquo;action. C&rsquo;est oublier que la langue est avant tout un espace d&rsquo;&eacute;quivoques travaill&eacute; par de l&rsquo;impossible &agrave; dire qui place toute parole sous le sceau de l&rsquo;incompr&eacute;hension, du malentendu, de la perte.</q></p> </blockquote> <p>Emile Benveniste dans ses &laquo;&nbsp;Remarques sur la fonction du langage dans la d&eacute;couverte freudienne&nbsp;&raquo; (in Aquien, p. 12) remarque, lui aussi, qu&rsquo;&agrave; travers le discours qui raconte, se configure lentement (pour le psychanalyste), un autre discours, celui du &laquo;&nbsp;complexe enseveli de l&rsquo;inconscient&nbsp;&raquo; (c&rsquo;est-&agrave;-dire la structure m&eacute;ta-psychologique du sujet, la v&eacute;rit&eacute; de son d&eacute;sir). Il &eacute;voque des &laquo;&nbsp;d&eacute;chirures du discours&nbsp;&raquo; qui proc&egrave;dent de &laquo;&nbsp;la motivation inconsciente&nbsp;&raquo;. Il s&rsquo;agit ainsi de&nbsp;prendre &laquo; le discours comme truchement d&rsquo;un autre &#39;&#39;langage&#39;&#39; qui a ses r&egrave;gles, ses symboles et sa &#39;&#39;syntaxe&#39;&#39; propres, et qui renvoie aux structures profondes du psychisme&nbsp;&raquo;. Julia Kristeva (1981 : 266) &eacute;voque &eacute;galement une &laquo;&nbsp;langue subjective, personnelle&nbsp;&raquo; organis&eacute;e en &laquo;&nbsp;un syst&egrave;me signifiant secondaire appuy&eacute; sur la langue et en rapport &eacute;vident avec ses cat&eacute;gories, mais lui superposant une organisation propre, une logique sp&eacute;cifique&nbsp;&raquo; qui s&rsquo;inscrit de mani&egrave;re parasite dans la &laquo;&nbsp;langue comme structure sociale neutre&nbsp;&raquo;.</p> <p>Ainsi, cet &laquo;&nbsp;Autre versant du langage&nbsp;&raquo; est r&eacute;v&eacute;lateur de la subjectivit&eacute; singuli&egrave;re, d&rsquo;une dimension autre de la langue, qui dans le Cadre europ&eacute;en semble totalement ignor&eacute;e. Car nous consid&eacute;rons que toute &laquo;&nbsp;op&eacute;ration&nbsp;&raquo; sur les langues (concernant le rapport du sujet &agrave; sa ou ses langues) produit des incidences subjectives et identitaires (micro et macro) et que les politiques linguistiques europ&eacute;ennes ne sont donc pas sans effets sur les soci&eacute;t&eacute;s mais aussi et d&rsquo;abord sur les locuteurs en tant qu&rsquo;ils sont des sujets parlants soumis et structur&eacute;s par leurs langues. Lacan qualifie le sujet humain de &laquo;&nbsp;parle-&ecirc;tre&nbsp;&raquo; &ndash; concept qui noue le sujet m&eacute;tapsychologique &agrave; l&rsquo;espace de la parole &ndash; et affirme que &laquo;&nbsp;l&rsquo;inconscient est structur&eacute; comme un langage&nbsp;&raquo;. Ainsi peut-on supposer que les effets des actions glottopolitiques ne sont pas seulement sociaux mais aussi subjectifs, ontologiques, qu&rsquo;ils touchent et transforment l&rsquo;&ecirc;tre de l&rsquo;&eacute;tant.</p> <h2>5. L&rsquo;impact subjectif de ce nouveau rapport aux langues. La place de la langue maternelle</h2> <p>On assiste ainsi &agrave; une op&eacute;ration glottopolitique sur tout le territoire europ&eacute;en<a href="#sdfootnote10sym" name="sdfootnote10anc">10</a> &ndash;&nbsp;la vis&eacute;e est globalisante &ndash;&nbsp;qui r&eacute;organise les pratiques et apprentissages des langues et les repr&eacute;sentations dans le cadre d&rsquo;une &eacute;ducation au plurilinguisme. Cette politique &eacute;ducative et linguistique, assum&eacute;e et promue par le Conseil de l&rsquo;Europe, utilise strat&eacute;giquement les langues mais en ignorant la dynamique des d&eacute;sirs subjectifs singuliers des personnes ainsi que les incidences de ces op&eacute;rations langagi&egrave;res sur la subjectivit&eacute;. Nous touchons du doigt le nouvel enjeu socio-politique et le nouvel usage id&eacute;ologique des langues op&eacute;rant par le biais d&rsquo;une &eacute;ducation au plurilinguisme en rupture avec les didactiques des langues telles qu&rsquo;elles sont pratiqu&eacute;es aujourd&rsquo;hui et en remplacement progressif de celles-ci qui ne r&eacute;pondront plus aux attentes et finalit&eacute;s. Beacco (2005) r&eacute;fl&eacute;chit &agrave; un processus identitaire qui estomperait l&rsquo;h&eacute;ritage culturel des nations, les identit&eacute;s essentialis&eacute;es, nationales et ethniques. Il souhaite modifier la nature des affiliations culturelles par un processus de conscientisation, une <em>educatio</em>. Il affirme que &laquo;&nbsp;des comp&eacute;tences monolingues effectives ne doivent &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;es que comme la forme par d&eacute;faut du plurilinguisme&nbsp;&raquo;. Et, plus radical, la langue identitaire (nationale ou minoritaire) n&rsquo;est pas, selon Beacco (2005 : 11), &laquo;&nbsp;une r&eacute;alit&eacute; sociolinguistique&nbsp;&raquo;&nbsp;; il minore l&rsquo;appartenance nationale et le monolinguisme et souhaite promouvoir une identit&eacute; carrefour port&eacute;e par une &laquo;&nbsp;mani&egrave;re d&rsquo;&ecirc;tre aux langues&nbsp;&raquo; et surtout&nbsp;:</p> <blockquote> <p><q>Fonder une forme d&rsquo;appartenance non ancr&eacute;e dans la valorisation de telle ou telle langue particuli&egrave;re mais fond&eacute;e sur une mani&egrave;re d&rsquo;&ecirc;tre aux langues comme conscience de la diversit&eacute; des r&eacute;pertoires plurilingues des citoyens europ&eacute;ens et comme manifestation commune mais plurielle de leurs identit&eacute;s&hellip; L&rsquo;espace europ&eacute;en pourrait &ecirc;tre identifi&eacute; non par les langues qui s&rsquo;y parlent, qu&rsquo;elles soient ou non autochtones, mais par l&rsquo;adh&eacute;sion commune &agrave; des principes d&eacute;finissant une mani&egrave;re d&rsquo;&ecirc;tre aux langues.</q> (p. 22)</p> </blockquote> <p>Le projet est nettement en rupture avec l&rsquo;identit&eacute; monolingue nationale et la didactique du plurilinguisme doit remplacer les apprentissages classiques des langues &eacute;trang&egrave;res. Le fondement des identit&eacute;s culturalistes/nationales/essentialis&eacute;es est certes en partie imaginaire mais les effets de cet Imaginaire sur les individus sont bien r&eacute;els comme en t&eacute;moignent les dynamiques de communalisation qui s&rsquo;inscrivent dans un processus long, historique et politique, de constitution tangible des soci&eacute;t&eacute;s/communaut&eacute;s/nations, soutenu par une identification bien r&eacute;elle. Beacco propose donc de d&eacute;construire ce qui est pr&eacute;gnant aujourd&rsquo;hui.</p> <p>On pourrait ainsi comprendre les r&eacute;serves &eacute;mises &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de cette politique (et didactique) plurilingue qui est devenue une nouvelle doxa. Elle se d&eacute;veloppe depuis une vingtaine d&rsquo;ann&eacute;es sans trop d&rsquo;informations aupr&egrave;s des populations afin de cr&eacute;er les conditions d&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une nouvelle identit&eacute; citoyenne europ&eacute;enne. La finalit&eacute; est avant tout politique et non linguistique, sans vraiment le souci de ce que deviendront les locuteurs au plan subjectif et m&eacute;tapsychologique, de l&rsquo;impact subjectif de ce nouveau rapport aux langues (maternelle et &eacute;trang&egrave;res) qui r&eacute;organise la structure du &laquo;&nbsp;parle-&ecirc;tre&nbsp;&raquo; pour reprendre la formule lacanienne. Quelles incidences subjectives&nbsp;? Quelles cons&eacute;quences et effets identitaires en termes de renforcement ou de fragilit&eacute;&nbsp;? La question de trouver sa place subjective entre les langues &eacute;chappe &agrave; cette op&eacute;ration de macro-gestion sociolinguistique qui oublie qu&rsquo;il est d&rsquo;abord question d&rsquo;une subjectivation langagi&egrave;re toujours intime et contextualis&eacute;e. Luci Nussbaum (in Candelier, 2008 : 126) dans un article pourtant favorable &agrave; l&rsquo;&eacute;ducation plurilingue en Catalogne insiste sur la notion de &laquo;&nbsp;contexte&nbsp;&raquo; et &eacute;met toutefois quelques conditions indispensables&nbsp;:</p> <blockquote> <p><q>Les objectifs (de l&rsquo;&eacute;ducation plurilingue) r&eacute;clament l&rsquo;am&eacute;nagement de politiques linguistiques sp&eacute;cifiques pour chaque contexte &eacute;ducatif&hellip; il faut que les r&eacute;ponses donn&eacute;es s&rsquo;adaptent &agrave; chaque contexte&hellip; et amorcer d&rsquo;autres recherches pour conna&icirc;tre de plus pr&egrave;s la r&eacute;alit&eacute; sur laquelle sur laquelle on veut intervenir&hellip; ce type d&rsquo;&eacute;tudes, fortement enracin&eacute; dans le terrain, permet aussi de conna&icirc;tre les raisons et les positionnements id&eacute;ologiques des acteurs impliqu&eacute;s, ceux des &eacute;quipes de recherche aussi.</q></p> </blockquote> <p>Il est question dans cette citation de contextes &eacute;ducatifs, id&eacute;ologiques, auxquels il faudrait associer le contexte subjectif et &agrave; ce propos, Charles Melman (1995 : 3), psychanalyste, &eacute;voque les diff&eacute;rents modes de rapport aux langues dans les situations de migration linguistique. Il pr&eacute;cise que les langues font l&rsquo;objet de positionnements subjectifs et parle pour la langue premi&egrave;re, d&rsquo;un &laquo;&nbsp;attachement, d&rsquo;un lien tr&egrave;s particulier, tr&egrave;s &eacute;trange qui nous lie &agrave; la langue maternelle.&nbsp;&raquo; Cette langue occupe une place centrale dans notre &eacute;conomie psychique. La langue maternelle serait la langue dans laquelle a op&eacute;r&eacute; le refoulement. Ce qui n&rsquo;est pas le cas pour une langue d&rsquo;emprunt. Il s&rsquo;agit de trouver sa place subjective dans une langue et, selon l&rsquo;analyste, une langue seconde ne le permettrait pas facilement&nbsp;:</p> <blockquote> <p><q>Si l&#39;on oppose ce qui se passe pour un sujet qui est pris dans une langue d&#39;emprunt, dans une langue autre, qui va servir par exemple de langue dominante, (parce que si c&#39;est simplement une langue qu&#39;il a apprise, &ccedil;a n&#39;a pas d&#39;importance,) mais si on parle de migration linguistique, c&#39;est-&agrave;-dire d&#39;un sujet oblig&eacute; &agrave; changer de langue, ne peut-on pas dire qu&#39;&agrave; ce moment-l&agrave;, la langue d&#39;accueil signifie au sujet qu&#39;il n&#39;y a pas sa place. S&ucirc;rement pas qu&#39;il est un sujet, qu&#39;elle lui renvoie surtout le fait qu&#39;il est un &eacute;tranger, c&#39;est-&agrave;-dire qu&#39;il n&#39;a pas sa place dans cette langue.</q></p> </blockquote> <p>Melman d&eacute;finit la langue maternelle comme &eacute;tant &laquo;&nbsp;celle dans laquelle, pour le parleur, la m&egrave;re a &eacute;t&eacute; interdite. C&#39;est cet objet interdit qui nous rend une langue maternelle, langue dans laquelle le d&eacute;sir peut se donner &agrave; entendre, ce qui n&#39;est pas toujours le cas d&#39;une langue &eacute;trang&egrave;re.&nbsp;&raquo; Et Julien Green, &eacute;crivain franco-am&eacute;ricain bilingue et acad&eacute;micien, &eacute;crit &agrave; partir de son exp&eacute;rience litt&eacute;raire et de sa condition d&rsquo;exil&eacute; dans <em>Le langage et son double</em> (1987 : 155 et 161) que&nbsp;:</p> <blockquote> <p><q>Tout notre syst&egrave;me d&rsquo;id&eacute;es, nous pouvons l&rsquo;admettre, se fait naturellement dans les termes d&rsquo;un langage d&eacute;fini. Un langage n&rsquo;est pas seulement le moyen de d&eacute;signer les objets ou de d&eacute;crire des &eacute;motions, c&rsquo;est en lui-m&ecirc;me un processus de pens&eacute;e&hellip; Une langue est un monde d&rsquo;o&ugrave; il est difficile de s&rsquo;&eacute;vader&hellip; Je suis s&ucirc;r que notre langue maternelle plonge en nous une racine qui ne peut jamais &ecirc;tre arrach&eacute;e.</q></p> </blockquote> <p>Sur cette question du rapport subjectif et diff&eacute;rentiel aux langues, Patrick Dahlet (2008 : 73) expose le cas de Julien&nbsp;qui&nbsp;&laquo;&nbsp;livre un raccourci saisissant de la mani&egrave;re dont peut se faire jour, difficilement, un registre bilingue ou plurilingue&nbsp;&raquo; :</p> <blockquote> <p><q>De fait, Julien, martiniquais, dit du cr&eacute;ole et du fran&ccedil;ais que&nbsp;: &laquo; Ce sont les deux langues &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur desquelles j&rsquo;&eacute;volue tr&egrave;s &agrave; l&rsquo;aise, tr&egrave;s &agrave; l&rsquo;aise &raquo;. Mais alors qu&rsquo;on vient de l&rsquo;entendre assurer son bonheur bilingue, franco-cr&eacute;ole, il d&eacute;nie subitement dans le m&ecirc;me discours que le fran&ccedil;ais le symbolise&nbsp;: &laquo; Le fran&ccedil;ais n&rsquo;est pas ma langue, le fran&ccedil;ais n&rsquo;est pas ma langue, le fran&ccedil;ais vient d&rsquo;Europe, je ne suis pas europ&eacute;en, &agrave; aucun moment je ne suis un europ&eacute;en, dans l&rsquo;esprit peut-&ecirc;tre, mais dans les faits non. &raquo; A la question de savoir dans quelle langue il s&rsquo;exprime le plus facilement, il r&eacute;pond&nbsp;: &laquo; c&rsquo;est les deux les les deux euh incontournablement et et je dirais le fran&ccedil;ais parce que nous avons tellement parl&eacute; fran&ccedil;ais pendant des mill&eacute;naires que euh des fois je je je parle le cr&eacute;ole en fran&ccedil;ais je francise le cr&eacute;ole ce qui veut dire que le le fran&ccedil;ais est la langue dans laquelle je m&rsquo;exprime le mieux voil&agrave; des fois j&rsquo;&eacute;corche mon cr&eacute;ole au profit du fran&ccedil;ais &raquo;. On voit, dans les perturbations paradoxales de cette r&eacute;ponse, o&ugrave; la langue admise, quelle qu&rsquo;elle soit, cr&eacute;ole ou fran&ccedil;ais, est irr&eacute;ductiblement aussi la langue d&eacute;mise, d&rsquo;une histoire oblit&eacute;r&eacute;e par l&rsquo;autre, &agrave; quel point le processus d&rsquo;identification plurilingue peut s&rsquo;av&eacute;rer comme b&eacute;ance ou suture de connexions impossibles ou assujettissantes, associ&eacute;es au sentiment plus ou moins d&eacute;stabilisant d&rsquo;un d&eacute;doublement de soi, voire d&rsquo;une schizophr&eacute;nie subjective, parce que fond&eacute;e sur du manque, le manque du cr&eacute;ole ici, m&ecirc;me si ce manque ne fonde pas toujours le d&eacute;sir.&nbsp;</q></p> </blockquote> <p>Et Jean Arceneaux (1994 : 22), po&egrave;te et folkloriste, appartenant &agrave; la communaut&eacute; minoritaire francophone des Cadiens/Cajuns de Louisiane exprime douloureusement dans un long manifeste po&eacute;tique intitul&eacute; &laquo;&nbsp;Je suis Cadien&nbsp;&raquo; son plurilinguisme contraint qui l&rsquo;affecte, comme Julien, de qu&rsquo;il nomme une &laquo;&nbsp;schizophr&eacute;nie linguistique&nbsp;&raquo; :</p> <blockquote> <p><q>Faut parler en anglais&hellip; Comme de bons Am&eacute;ricains&hellip; Why not just go ahead and learn english. Don&rsquo;t fight it, it&rsquo;s much easier anyway. No bilingual bills, no bilingual publicity. No danger of internal frontiers&hellip; Mais quand on doit rire, c&rsquo;est en quelle langue qu&rsquo;on rit&nbsp;? Et pour pleurer, c&rsquo;est en quelle langue qu&rsquo;on pleure&nbsp;? Et pour crier&nbsp;? Et chanter&nbsp;? Et aimer&nbsp;? Et vivre&nbsp;?</q></p> </blockquote> <p>Ainsi les langues en tant que vecteurs principaux des cultures, et fonci&egrave;rement la langue maternelle, structurent les identit&eacute;s subjectives mais il y a bien d&rsquo;autres param&egrave;tres, outre les langues, qui contraignent les identifications et probl&eacute;matisent les rencontres entre langues-cultures. Melman avance une explication psychanalytique aux nombreux malentendus et conflits interculturels (d&rsquo;o&ugrave; la difficult&eacute; de faire du commun sur un territoire h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne comme l&rsquo;Europe) selon laquelle tout processus de communication sociale implique entre les interlocuteurs de rechercher une communaut&eacute; de formes, une certaine identit&eacute; entre l&rsquo;autre et moi, des traits &agrave; partager et souvent des traits &agrave; s&rsquo;approprier, une introjection, le contraire de la projection. Le sujet est donc contraint d&rsquo;accepter dans la transaction exolingue, de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, de l&rsquo;autre en lui, c&rsquo;est-&agrave;-dire une alt&eacute;ration imaginaire de son identit&eacute;. Quelque chose vient toujours alt&eacute;rer le sujet dans toute rencontre, c&rsquo;est ce que Melman appelle la &laquo;&nbsp;dimension parano&iuml;aque de la formation de l&rsquo;identit&eacute;&nbsp;&raquo;. C&rsquo;est pourquoi il y a de la r&eacute;sistance &agrave; cette alt&eacute;ration d&rsquo;autant plus importante que &laquo;&nbsp;l&rsquo;autre&nbsp;&raquo; est &eacute;loign&eacute; des repr&eacute;sentations culturelles, de l&rsquo;Imaginaire, de l&rsquo;Ordre symbolique qui constituent et rassemblent &laquo;&nbsp;les m&ecirc;mes&nbsp;&raquo; comme sujets de cet ordre social et langagier particulier. D&rsquo;autant plus grande est la r&eacute;sistance que l&rsquo;autre est &eacute;tranger &agrave; ce que le sujet est (ou croit &ecirc;tre), car le sujet ne se reconna&icirc;t pas en l&rsquo;autre, l&rsquo;autre ne pouvant devenir le support de sa propre image. L&rsquo;&eacute;cart n&eacute; de la diff&eacute;rence non subjectiv&eacute;e peut ainsi entra&icirc;ner une dialectique impossible entre le m&ecirc;me et l&rsquo;autre, un ab&icirc;me d&rsquo;incompr&eacute;hension. Il en va ainsi pour la langue &eacute;trang&egrave;re lorsqu&rsquo;elle s&rsquo;impose, dans des situations de minorisation, des dispositifs de migration ou de politique linguistique, comme une introjection impossible &agrave; r&eacute;aliser pour le sujet, une corruption imaginaire et symbolique de Soi, entra&icirc;nant une &laquo;&nbsp;d&eacute;subjectivation&nbsp;&raquo;. Mais la langue n&rsquo;est assur&eacute;ment pas le seul vecteur d&rsquo;identification. Et croire que la seule didactique du plurilinguisme pourrait r&eacute;gler la question anthropologique et ethnocentrique de la diff&eacute;rence semble peu cr&eacute;dible. Ainsi selon Laurent Jenny (2005)&nbsp;:</p> <blockquote> <p><q>Les situations de multi ou pluri-linguisme, qu&rsquo;elles soient personnelles ou culturelles, n&rsquo;y changent rien. Elles ne font que multiplier le probl&egrave;me, langue &agrave; langue. Elles ne permettent pas d&rsquo;objectiver et en quelque sorte d&rsquo;ext&eacute;rioriser la langue dans laquelle on pense, on parle&hellip; La langue maternelle est, sur le plan symbolique, l&rsquo;&eacute;quivalent d&rsquo;un &laquo;&nbsp;corps propre&nbsp;&raquo;. Ce corps qu&rsquo;on appelle &laquo;&nbsp;propre&nbsp;&raquo; dans la psychologie ph&eacute;nom&eacute;nologique ne se constituera jamais comme un &laquo;&nbsp;objet&nbsp;&raquo; parmi d&rsquo;autres. &laquo;&nbsp;Ma&nbsp;&raquo; langue est une &laquo;&nbsp;atmosph&egrave;re habituelle&nbsp;&raquo;, un &laquo;&nbsp;milieu&nbsp;&raquo; o&ugrave; je suis immerg&eacute; et duquel je ne saurais m&rsquo;extraire pour la contempler.&nbsp;</q></p> </blockquote> <p>Jenny cite Jacques Derrida qui &eacute;voque son rapport &agrave; la langue maternelle dans <em>Le monolinguisme de l&rsquo;autre</em>&nbsp;en soutenant que tout sujet parlant &laquo;&nbsp;quel que soit son patrimoine linguistique, simple ou m&eacute;tiss&eacute; voire polyglotte&nbsp;&raquo; est affect&eacute; d&rsquo;un &laquo;&nbsp;monolinguisme essentiel&nbsp;&raquo;&nbsp;:</p> <blockquote> <p><q>Le monolinguisme dans lequel je respire, m&ecirc;me, c&rsquo;est pour moi l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment. Non pas un &eacute;l&eacute;ment naturel, non pas la transparence de l&rsquo;&eacute;ther, mais un milieu absolu. Ind&eacute;passable, incontestable&nbsp;: je ne peux le r&eacute;cuser qu&rsquo;en attestant son omnipr&eacute;sence en moi. Il m&rsquo;aura de tout temps pr&eacute;c&eacute;d&eacute;. C&rsquo;est moi. Ce monolinguisme, pour moi, c&rsquo;est moi. Cela ne veut pas dire, surtout pas, ne va pas le croire, que je sois une figure all&eacute;gorique de cet animal ou de cette v&eacute;rit&eacute;, le monolinguisme. Mais hors de lui, je ne serais pas moi-m&ecirc;me. Il me constitue, il me dicte jusqu&rsquo;&agrave; l&rsquo;ips&eacute;it&eacute; de tout, il me prescrit, aussi, une solitude monacale, comme si des v&oelig;ux m&rsquo;avaient li&eacute; avant m&ecirc;me que j&rsquo;apprenne &agrave; parler. Ce solipsisme intarissable, c&rsquo;est moi avant moi, &agrave; demeure.&nbsp;</q></p> </blockquote> <h2>Conclusion : Une entreprise d&eacute;subjectivante et &laquo;&nbsp;hyst&eacute;rique&nbsp;&raquo;&nbsp;?</h2> <p>Ainsi, une question essentielle qui se pose &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de ce nouveau paradigme plurilingue et identitaire concerne l&rsquo;ontologie du sujet. Or nous constatons que le CECRL associ&eacute; &agrave; la promotion du plurilinguisme comme comp&eacute;tence centrale et composite se donne comme un savoir totalisant &eacute;rig&eacute; en discours de v&eacute;rit&eacute;. Ce type de discours &agrave; vocation &laquo;&nbsp;scientifique&nbsp;&raquo;, Lacan (1970 : 89) le d&eacute;finit comme hyst&eacute;rique et affirme qu&rsquo;il rel&egrave;ve d&rsquo;&laquo;&nbsp;une id&eacute;ologie de suppression, forclusion du sujet et de la castration&nbsp;&raquo;. Dans une perspective m&eacute;tapsychologique, le plurilinguisme tel que propos&eacute; fait courir le risque aux locuteurs d&rsquo;une d&eacute;sorganisation subjective voire une d&eacute;-subjectivation&nbsp;; le sujet, dispers&eacute; entre les langues, dispara&icirc;t dans ce que Lacan nomme un &laquo;&nbsp;fading&nbsp;&raquo;. En outre, est-il vraiment possible de ren&eacute;gocier par une &laquo;&nbsp;&eacute;ducation interculturelle et plurilingue&nbsp;&raquo; le rapport du sujet &agrave; sa langue maternelle/premi&egrave;re&nbsp;? Car il est question dans cette relation d&rsquo;un d&eacute;sir inconscient, d&rsquo;une position subjective &agrave; l&rsquo;&eacute;gard de l&rsquo;objet langue qui construit le sujet parlant &agrave; son insu mais aussi d&rsquo;une posture affective. Dans le s&eacute;minaire&nbsp;<em>Encore </em>(p.127), Jacques Lacan reprend le concept de &laquo;&nbsp;lalangue&nbsp;&raquo; qu&rsquo;il a forg&eacute; &laquo;&nbsp;pour d&eacute;signer ce qui est notre affaire &agrave; chacun, lalangue dite maternelle, et pas pour rien dite ainsi&nbsp;&raquo;. Car les effets de lalangue se manifestent par toutes sortes d&rsquo;affects&nbsp;: &laquo;&nbsp;L&rsquo;inconscient est un savoir, un savoir-faire avec lalangue. Et ce que l&rsquo;on sait faire avec lalangue d&eacute;passe de beaucoup ce dont on peut rendre compte au titre du langage.&nbsp;&raquo; Cette lalangue, attach&eacute;e &agrave; la langue maternelle, est un savoir subjectif inconscient qui s&rsquo;articule au corps, &agrave; l&rsquo;affect, &agrave; la jouissance. Jacques Derrida sur &laquo;&nbsp;sa&nbsp;&raquo; seule langue confiait dans une interview donn&eacute;e dans &laquo;&nbsp;Le Monde&nbsp;&raquo; du 19 ao&ucirc;t 2004&nbsp;:</p> <blockquote> <p><q>De m&ecirc;me que j&rsquo;aime la vie, et ma vie, j&rsquo;aime ce qui m&rsquo;a constitu&eacute;, et dont l&rsquo;&eacute;l&eacute;ment m&ecirc;me est la langue, cette langue fran&ccedil;aise qui est la seule langue qu&rsquo;on m&rsquo;a appris &agrave; cultiver, la seule aussi dont je puisse me dire plus ou moins responsable&hellip; L&rsquo;amour en g&eacute;n&eacute;ral passe par l&rsquo;amour de la langue, qui n&rsquo;est ni nationaliste ni conservateur, mais qui exige des preuves. Et des &eacute;preuves. On ne fait pas n&rsquo;importe quoi avec la langue, elle nous pr&eacute;existe, elle nous survit.&nbsp;</q></p> </blockquote> <p>Et de m&ecirc;me qu&rsquo;Albert Camus a incit&eacute; &agrave; imaginer Sisyphe heureux, Barthes (1973) a postul&eacute;, dans <em>Le plaisir du texte</em>, une &laquo;&nbsp;Babel heureuse&nbsp;&raquo;&nbsp;: &laquo;&nbsp;le sujet acc&egrave;de &agrave; la jouissance par la cohabitation des langages, qui travaillent c&ocirc;te &agrave; c&ocirc;te&nbsp;: le texte de plaisir, c&rsquo;est Babel heureuse&nbsp;&raquo;. Il faudrait oser concevoir une Babel Europe heureuse.</p> <h2>R&eacute;f&eacute;rences bibliographiques</h2> <p align="justify"><span style="line-height:115%"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">ARCENEAUX, Jean, <i>Je suis cadien</i></font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">, Cross-cultural communications, Merrick, New York, 1994.</font></font></font></span></p> <p align="justify"><span style="line-height:115%"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">AQUIEN, Mich&egrave;le, </font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><i>L&rsquo;Autre versant du langage, </i>Paris, Jos&eacute; Corti, 1997.</font></font></font></span></p> <p align="justify"><span style="line-height:115%"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">BARTHES, Roland, </font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><i>Le plaisir du texte</i>, Paris, Seuil, 1973.</font></font></font></span></p> <p align="justify"><span style="line-height:115%"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">BEACCO, Jean-Claude, &laquo;&nbsp;Les id&eacute;ologies linguistiques et le plurilinguisme&nbsp;&raquo;, revue </font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><i>Le Fran&ccedil;ais dans le monde </i>n&deg;314, 2001.</font></font></font></span></p> <p align="justify"><span style="line-height:115%"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">BEACCO, Jean-Claude et BYRAM, Michael</font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">,</font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><i> Guide pour l&rsquo;&eacute;laboration des politiques linguistiques &eacute;ducatives en Europe. De la diversit&eacute; linguistique &agrave; l&rsquo;&eacute;ducation plurilingue</i>, version int&eacute;grale, Strasbourg, Conseil de l&rsquo;Europe<i>, </i></font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">2003. <a href="http://epc.univ-lorraine.fr/EPCHPT_F/pdf/GuideIntegralF.pdf">http://epc.univ-lorraine.fr/EPCHPT_F/pdf/GuideIntegralF.pdf</a>&nbsp;et <a href="https://rm.coe.int/CoERMPublicCommonSearchServices/DisplayDCTMContent?documentId=09000016802fc3ab">https://rm.coe.int/CoERMPublicCommonSearchServices/DisplayDCTMContent?documentId=09000016802fc3ab</a> (version int&eacute;grale 2007)</font></font></font></span></p> <p align="justify" style="margin-bottom:13px"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">BEACCO, Jean-Claude,</font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><b> </b></font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">&laquo;&nbsp;L&rsquo;Europe des langues aujourd&rsquo;hui : de technique en politique &raquo;, </font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><i>Synergies Italie</i>, n&deg;1, p. 42-49, 2004. <a href="https://gerflint.fr/Base/Chili1/Beacco.pdf">https://gerflint.fr/Base/Chili1/Beacco.pdf</a> </font></font></font></p> <p align="justify" style="margin-bottom:13px"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">BEACCO, Jean-Claude</font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><i>, Langues et r&eacute;pertoire de langues : le plurilinguisme comme &laquo; mani&egrave;re d&rsquo;&ecirc;tre &raquo; en Europe,</i> Conseil de l&rsquo;Europe, 2005.</font></font></font></p> <p align="justify" style="margin-bottom:13px"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">CANDELIER Michel, IOANNITOU Gina, OMER Danielle et VASSEUR Marie-Th&eacute;r&egrave;se, </font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><i>Conscience du plurilinguisme. Pratiques, repr&eacute;sentations et interventions</i>, Presses universitaires de Rennes, 2008.</font></font></font></p> <p align="justify" style="margin-bottom:13px"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><span style="font-style:normal"><span style="background:#ffffff"><em>CARAP, </em></span></span><span style="background:#ffffff"><em>Cadre de r&eacute;f&eacute;rence pour les approches plurielles des langues et des cultures</em></span><span style="font-style:normal"><span style="background:#ffffff">, 2012&nbsp;</span></span><span style="background:#ffffff">,<em> </em></span></font></font></font></span><a href="https://carap.ecml.at/Portals/11/documents/CARAP-FR-web.pdf"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">https://carap.ecml.at/Portals/11/documents/CARAP-FR-web.pdf</font></font></font></a></p> <p align="justify" style="margin-bottom:13px"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">CECRL, </font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><i>Cadre Europ&eacute;en Commun de R&eacute;f&eacute;rence pour les langues</i></font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">, Conseil de l&rsquo;Europe, Paris, Les &Eacute;ditions Didier, 2001. <a href="https://rm.coe.int/16802fc3a8">https://rm.coe.int/16802fc3a8</a> </font></font></font></p> <p align="justify" style="margin-bottom:13px"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">CHARTE europ&eacute;enne du plurilinguisme, Assises europ&eacute;ennes du plurilinguisme 2005-2019. </font></font></font><font color="#0563c1"><a href="https://www.observatoireplurilinguisme.eu/images/Fondamentaux/CharteplurilinguismefrV2.13.pdf"><font color="#000000"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><span style="text-decoration:none">https://www.observatoireplurilinguisme.eu/images/Fondamentaux/CharteplurilinguismefrV2.13.pdf</span></font></font></font></font></a></font><font face="Times New Roman, serif"> </font></p> <p align="justify" style="margin-bottom:13px"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">CHEVALIER, Jean-Claude, &laquo;&nbsp;La France et l&rsquo;Europe : monolinguisme et plurilinguisme&nbsp;&raquo;, </font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><i>Revue de la soci&eacute;t&eacute; japonaise de didactique du fran&ccedil;ais</i>, vol. 31, 2003.</font></font></font></p> <p align="justify" style="margin-bottom:13px"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">DAHLET, Patrick, &laquo; Entre la gr&acirc;ce et l&rsquo;effroi : R&eacute;sistibles identit&eacute;s plurilingues &raquo;, <em>Synergies Mond</em>e n&deg;5,&nbsp;2008, p. 69-82.</font></font></font></p> <p align="justify" style="margin-bottom:13px"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">FREUD, Sigmund, </font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><i>M&eacute;tapsychologie,</i> &laquo;&nbsp;L&rsquo;inconscient&nbsp;&raquo;, Paris, Gallimard 1986, 1915.</font></font></font></p> <p align="justify" style="margin-bottom:13px"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">GREEN, Julien, </font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><i>Le langage et son double</i>, Paris, Seuil, 1987.</font></font></font></p> <p align="justify"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">JENNY, Laurent, &laquo;&nbsp;La langue, le m&ecirc;me et l&rsquo;autre&nbsp;&raquo;, dans </font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><i>Th&eacute;orie et histoire litt&eacute;raire</i></font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">, revue en ligne </font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><i>Fabula LHT (Litt&eacute;rature, histoire, th&eacute;orie)</i>, n&deg; z&eacute;ro, 2005. </font></font></font></p> <p align="justify"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">KRISTEVA, Julia, </font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><i>Le langage, cet inconnu</i>, Paris, Seuil, 1981.</font></font></font></p> <p align="justify"><font color="#000000"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><span style="background:#ffffff">LACAN, Jacques, &laquo;&nbsp;Radiophonie&nbsp;&raquo;, &nbsp;</span></font></font></font></font><em><font color="#000000"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><span style="background:#ffffff">Silicet,&nbsp;</span></font></font></font></font></em><font color="#000000"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><span style="background:#ffffff">&nbsp;n&deg;2/3, Paris, Seuil, 1970.</span></font></font></font></font></p> <p align="justify"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">LACAN, Jacques, </font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><i>Encore</i>, S&eacute;minaire, Livre XX, Paris, Seuil, 2016.</font></font></font></p> <p align="justify"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">MAURER, Bruno, </font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><i>Enseignement des langues et construction europ&eacute;enne. Le plurilinguisme, nouvelle id&eacute;ologie dominante</i>, Editions des archives contemporaines, 2011.</font></font></font></p> <p align="justify"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">MAURER, Bruno, &laquo; Les impasses d&rsquo;une didactique du plurilinguisme &raquo;, <em>Tribune Libre</em> (LTF),&nbsp;2015, p. 17. URL&nbsp;https://www.apps.atilf.fr/reseaultf/wp-content/uploads /2015 /11/Maurer-TL.pdf&nbsp;</font></font></font></p> <p align="justify"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">MELMAN, Charles,</font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"> &laquo;&nbsp;Les effets subjectifs de la migration linguistique&nbsp;&raquo;, </font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><i>D&rsquo;un inconscient post-colonial s&rsquo;il existe</i>, Ed. Association lacanienne internationale et la Maison de l&rsquo;Am&eacute;rique latine, 1995.</font></font></font></p> <p align="justify"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">PERROT, Laurent et JULIE,</font></font></font><font face="Times New Roman, serif"> </font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">Kathleen, </font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><i>Enseigner l&rsquo;anglais</i>, Paris, Hachette, 2017.</font></font></font></p> <p align="justify"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">PRIEUR, Jean-Marie Prieur et VOLLE, Rose-Marie, &laquo; Le CECR : une technologie politique de l&rsquo;enseignement des langues &raquo;, revue </font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><i>&Eacute;ducation et soci&eacute;t&eacute;s plurilingues</i>, n&deg;41,&nbsp;2016, p. 75-87.</font></font></font></p> <p align="justify" style="margin-bottom:13px"><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt">SIMONIN, Jacky et WHARTON, Sylvie, </font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="3"><font style="font-size: 12pt"><i>Sociolinguistique du contact. Dictionnaire des termes et concepts</i>, Lyon, ENS Editions, 2013.</font></font></font></p> <p align="justify" style="margin-bottom:13px">&nbsp;</p> <div id="sdfootnote1"> <p align="justify"><small><span style="line-height:100%"><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"></font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"> Cadre Europ&eacute;en Commun de R&eacute;f&eacute;rence pour les langues.</font></font></font></span></span></small></p> </div> <div id="sdfootnote2"> <p align="justify"><small><span style="line-height:100%"><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2</a><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"></font></font></font><font face="Times New Roman, serif"> </font><em><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"><span style="font-style:normal">Cadre de r&eacute;f&eacute;rence pour les approches plurielles des langues et des cultures.</span></font></font></font></em></span></span></small></p> </div> <div id="sdfootnote3"> <p align="justify"><small><span style="line-height:100%"><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3</a><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"></font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"> J-C Beacco est expert aupr&egrave;s de la D&eacute;l&eacute;gation g&eacute;n&eacute;rale &agrave; la langue fran&ccedil;aise et aux langues de France, il est aussi responsable d&rsquo;un groupe de travail du Conseil de l&rsquo;Europe sur les migrants adultes et les langues.&nbsp; </font></font></font></span></span></small></p> </div> <div id="sdfootnote4"> <p align="justify"><small><span style="line-height:100%"><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym">4</a><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"></font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"> CECRL, p.7&nbsp;: &laquo;&nbsp;Le chapitre I d&eacute;finit les buts, les objectifs et les fonctions du Cadre de r&eacute;f&eacute;rence &agrave; la lumi&egrave;re de la politique g&eacute;n&eacute;rale en langues du Conseil de l&rsquo;Europe et, en particulier, de la promotion du plurilinguisme en r&eacute;ponse &agrave; la diversit&eacute; linguistique et culturelle de l&rsquo;Europe.&nbsp;&raquo; </font></font></font><font color="#0563c1"><a href="https://rm.coe.int/16802fc3a8"><font color="#000000"><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"><span style="text-decoration:none">https://rm.coe.int/16802fc3a8</span></font></font></font></font></a></font><font face="Times New Roman, serif"> </font></span></span></small></p> </div> <div id="sdfootnote5"> <p align="justify"><small><span style="line-height:100%"><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote5anc" name="sdfootnote5sym">5</a><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"></font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"> &laquo;&nbsp;Eurostat est l&#39;autorit&eacute; statistique communautaire d&eacute;sign&eacute;e par la Commission pour d&eacute;velopper, produire et diffuser des statistiques europ&eacute;ennes.&nbsp;&raquo;. <a href="https://ec.europa.eu/eurostat/fr/home">https://ec.europa.eu/eurostat/fr/home</a></font></font></font></span></span></small></p> </div> <div id="sdfootnote6"> <p align="justify"><small><span style="line-height:100%"><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote6anc" name="sdfootnote6sym">6</a><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"></font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"> Eric Verhaeghe, &eacute;narque et haut fonctionnaire de l&rsquo;Education Nationale, affirme le <a href="http://www.economiematin.fr/news-refugue-peur-mort-europe-danger-migrants-crise-verhaeghe">17/09/2015</a> dans un &eacute;dito en ligne sur &laquo;&nbsp;Economie matin&nbsp;&raquo; &laquo;&nbsp;qu&rsquo;en appelant &agrave; l&rsquo;installation de 800.000 r&eacute;fugi&eacute;s sur son sol, Angela Merkel a r&eacute;veill&eacute; la veille hydre du continent : la peur propre aux peuples europ&eacute;ens de dispara&icirc;tre sous des vagues migratoires&hellip; Il commente ce ph&eacute;nom&egrave;ne d&rsquo;un point de vue historique (la guerre des Gaules, les croisades&hellip;etc.) et &eacute;crit que&nbsp;: &laquo;&nbsp;Cette angoisse est ancienne et structure notre culture populaire. Elle &eacute;tait notamment au centre du mouvement imp&eacute;rial romain : il faut s&eacute;curiser les fronti&egrave;res en matant militairement les r&eacute;gions o&ugrave; des mouvements de population peuvent se produire&hellip;.etc.&nbsp;&raquo; </font></font></font></span></span></small></p> </div> <div id="sdfootnote7"> <p align="justify"><small><span style="line-height:100%"><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote7anc" name="sdfootnote7sym">7</a><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"></font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"> Dans un entretien (28 juin 2016, site d&rsquo;information &laquo; Le Temps &raquo;), Yves Bertoncini, Directeur de l&#39;Institut Jacques Delors et administrateur de la Commission europ&eacute;enne, &eacute;voque un euroscepticisme, &laquo; une angoisse identitaire devant des flux migratoires anarchiques&hellip;les peuples sont divis&eacute;s &raquo;. </font></font></font></span></span></small></p> </div> <div id="sdfootnote8"> <p align="justify"><small><span style="line-height:100%"><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote8anc" name="sdfootnote8sym">8</a><sup><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"></font></font></font></sup><font face="Times New Roman, serif"> </font><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt">CARAP&nbsp;: Attitudes / postures de : questionnement-distanciation-d&eacute;centration-relativisation (Section 3, p. 44-45)</font></font></font></span></span></small></p> <p align="justify"><small><span style="line-height:100%"><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"><font color="#000000">C3&nbsp;: &laquo;&nbsp;Comp&eacute;tence de d&eacute;centration&nbsp;&raquo; et </font></font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"><span style="background:#ffffff"><font color="#000000">C5&nbsp;: &laquo;&nbsp;Comp&eacute;tence de distanciation&nbsp;&raquo;</font></span></font></font></font></span></span></small></p> <p align="justify"><small><span style="line-height:100%"><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt">A 11.1 &laquo;&nbsp;Etre dispos&eacute; &agrave; prendre de la distance par rapport &agrave; sa propre &quot;langue/culture&quot;// regarder sa propre langue de l&#39;ext&eacute;rieur&nbsp;&raquo;</font></font></font></span></small></p> <p align="justify"><small><span style="line-height:100%"><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt">A 12.3 &laquo;&nbsp;Disponibilit&eacute; &agrave; d&eacute;passer les &eacute;vidences qui sont forg&eacute;es en relation avec la &quot;langue/culture&quot; maternelle pour appr&eacute;hender les langues/cultures quelles qu&#39;elles soient et mieux comprendre leur fonctionnement&nbsp;&raquo; </font></font></font></span></small></p> <p align="justify"><small><span style="line-height:100%"><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt">A 12.2.1 &Ecirc;tre dispos&eacute; &agrave; se d&eacute;centrer par rapport &agrave; la langue et la culture maternelles </font></font></font></span></small></p> </div> <div id="sdfootnote9"> <p align="justify"><small><span style="line-height:100%"><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote9anc" name="sdfootnote9sym">9</a><sup><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"></font></font></font></sup><font face="Times New Roman, serif"> </font><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"><span style="background:#ffffff">Le &laquo;&nbsp;sujet&nbsp;&raquo;, rapport&eacute; &agrave; la </span></font></font></font><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"><span style="background:#ffffff"><font face="Times New Roman, serif">psychanalyse, est d&eacute;fini par le dictionnaire Larousse comme :</font></span></font></font></span><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"> &laquo;&nbsp;</font></font></font><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"><span style="background:#ffffff"><font face="Times New Roman, serif">L&#39;&ecirc;tre humain, en tant qu&#39;il est soumis &agrave; la loi symbolique et contraint de passer par la parole pour &eacute;tablir sa v&eacute;rit&eacute;&nbsp;&raquo;. (</font></span></font></font></span><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"><a href="https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/sujet/75322">https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/sujet/75322</a>). </font></font></font><span style="border:none; display:inline-block; padding:0cm"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"><span style="background:#ffffff"><font face="Times New Roman, serif">Sa v&eacute;rit&eacute; qui est d&rsquo;abord m&eacute;tapsychologique.</font></span></font></font></span><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"> &nbsp;Freud en 1915 &eacute;crit&nbsp;: </font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt">&laquo;&nbsp;Je propose qu&rsquo;on parle de pr&eacute;sentation (</font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt">Darstellung</font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt">)</font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt">&nbsp;</font></font></font><em><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt">m&eacute;tapsychologique</font></font></font></em><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt">, lorsqu&rsquo;on parvient &agrave; d&eacute;crire un processus psychique dans ses relations</font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt">&nbsp;</font></font></font><em><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt">dynamiques</font></font></font></em><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt">,</font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt">&nbsp;</font></font></font><em><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt">topiques </font></font></font></em><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt">et</font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt">&nbsp;</font></font></font><em><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt">&eacute;conomiques</font></font></font></em><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt">&nbsp;&raquo;</font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt">. </font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt">Il cr&eacute;e ce terme pour d&eacute;signer la psychanalyse qu&rsquo;il a fond&eacute;e. Cette m&eacute;tapsychologie &eacute;labore un ensemble de mod&egrave;les conceptuels tels qu&rsquo;un appareil psychique divis&eacute; en instances, la th&eacute;orie des pulsions, le processus du refoulement,</font></font></font><font face="Times New Roman, serif"><font size="2"><font style="font-size: 10pt"><i> etc.</i></font></font></font></span></span></small></p> </div> <div id="sdfootnote10"> <p align="justify" class="sdfootnote-western"><small><span style="page-break-before:always"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote10anc" name="sdfootnote10sym">10</a><sup></sup> &laquo;&nbsp;Le CECRL (qui promeut le plurilinguisme) donne les principales recommandations en mati&egrave;re de politique linguistique aux 47 (en 2017) &eacute;tats membres du Conseil de l&rsquo;Europe.&nbsp;&raquo; (Perrot et Juli&eacute;, 2017 : 63).</span></small></p> </div>