<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Mon int&eacute;r&ecirc;t pour l&rsquo;hybride remonte &agrave; <i>l&rsquo;ancien monde</i>, au temps b&eacute;ni o&ugrave; on se souciait peu des particules fines&hellip; Merci aux gentils organisateurs de me faire revisiter ce pan de ma recherche, qui correspond &agrave; ma th&egrave;se tardive, soutenue il y a 25 ans (Lagarde,&nbsp;1993). Depuis, j&rsquo;ai &eacute;t&eacute; amen&eacute; &agrave; aborder d&rsquo;autres th&egrave;mes, mais j&rsquo;avoue m&rsquo;&ecirc;tre replong&eacute; sans d&eacute;plaisir dans les hybrides linguistiques. Je centrerai ici ma r&eacute;flexion sur la signification de l&rsquo;hybride au regard de la question des identit&eacute;s. Henri Boyer avait consacr&eacute; l&rsquo;ouvrage collectif <i>Hybrides linguistiques</i>, publi&eacute; en 2010, aux hybrides hors mouvements migratoires<a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1"><sup><span style="color:#0563c1"> [1]</span></sup></a>&hellip; Avec l&rsquo;autod&eacute;nomination <i>melandjao</i>&nbsp;(Lagarde, 1996a) &ndash; r&eacute;guli&egrave;rement cit&eacute;e par Boyer dans divers ouvrages<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2"><sup><span style="color:#0563c1"> [2]</span></sup></a> &ndash; dont je vais vous entretenir ici entre autres, on a affaire &agrave; une configuration &agrave; la fois semblable et diff&eacute;rente. Mais commen&ccedil;ons par tenter de d&eacute;finir les notions d&rsquo;hybride et d&rsquo;hybridit&eacute;.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;hybride, c&rsquo;est avant tout l&rsquo;h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne, comme la mythologie nous en offre maints exemples (centaure, minotaure etc.), parfois &ndash; presque toujours &ndash; l&rsquo;association de la carpe et du lapin. C&rsquo;est donc une rencontre <i>a priori</i> improbable, inattendue, insolite, qui de ce fait attire l&rsquo;attention de mani&egrave;re ambivalente, entre surprise et admiration, d&rsquo;une part, effroi et r&eacute;probation, de l&rsquo;autre. Tout d&eacute;pend bien entendu du point de vue d&rsquo;o&ugrave; l&rsquo;on parle. Si l&rsquo;on est du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;hybride (hybride soi-m&ecirc;me ou producteur/locuteur d&rsquo;hybride), on est/on se sait hors-norme&nbsp;; si on l&rsquo;observe ou le subit, on se trouve plut&ocirc;t du c&ocirc;t&eacute; de la norme. Du fait de sa singularit&eacute;, l&rsquo;hybride a vocation &agrave; &ecirc;tre minoritaire. Il faut donc nous rendre &agrave; l&rsquo;&eacute;vidence&nbsp;: nous sommes dans un rapport de domination (externe et non pas interne), qui peut en rev&ecirc;tir tous les aspects de violence, symbolique ou pas (Bourdieu, 2001).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Mais nous voil&agrave; &agrave; la fois au d&eacute;but et &agrave; la fin de la boucle que repr&eacute;sente cette approche, car si je tente de d&eacute;finir l&rsquo;hybride en tant que tel, j&rsquo;ouvre d&eacute;j&agrave; la porte aux interpr&eacute;tations &ndash; aux instrumentalisations &ndash; qui en sont faites. Mon intention est clairement de faire d&rsquo;abord un sort aux aspects proprement linguistiques, et de n&rsquo;en venir que dans un second temps &agrave; sa/ses dimension(s) identitaire(s)&nbsp;: ce n&rsquo;est que de l&rsquo;observation des donn&eacute;es qu&rsquo;il est permis d&rsquo;extrapoler, d&rsquo;en mesurer les effets voire les distorsions. Ce &agrave; quoi on objectera avec raison que l&rsquo;hybride linguistique n&rsquo;est jamais que la r&eacute;sultante d&rsquo;un processus sociolinguistique&hellip; Mais contentons-nous pour l&rsquo;instant de continuer de baliser le terrain, avant d&rsquo;entrer dans une analyse plus d&eacute;taill&eacute;e.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Un autre aspect de l&rsquo;hybride est qu&rsquo;<i>a priori</i> il ne se reproduit pas. Du moins peut-on en faire le constat dans le r&egrave;gne animal&nbsp;: les mulets et bardots issus du croisement des juments/chevaux avec des &acirc;nes/&acirc;nesses sont st&eacute;riles. Les hybrides linguistiques, quant &agrave; eux, &agrave; d&eacute;faut de se reproduire, &eacute;voluent-ils ou au contraire figent-ils&nbsp;? C&rsquo;est un aspect qu&rsquo;il nous faudrait analyser. Mais on conviendra qu&rsquo;on est ici aussi du c&ocirc;t&eacute; des r&eacute;sultats&hellip;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour ce qui est des donn&eacute;es linguistiques, comment et pourquoi ne pas analyser les modalit&eacute;s de l&rsquo;hybride linguistique, &agrave; savoir comment les &eacute;l&eacute;ments linguistiques se distribuent entre un code et un autre&nbsp;? Par modalit&eacute;s, on entendra deux types de configurations. Tout d&rsquo;abord, l&rsquo;alternance ou <i>code switching</i>, qui associe des segments de discours (ou des &eacute;l&eacute;ments isol&eacute;s, que sont les marques transcodiques) dans une langue, &agrave; d&rsquo;autres, r&eacute;alis&eacute;s dans l&rsquo;autre/d&rsquo;autres langue(s), selon l&rsquo;intitul&eacute; embl&eacute;matique du compte rendu d&rsquo;enqu&ecirc;te de Shana Poplack dans le <i>Barrio</i> new-yorkais&nbsp;: </span></span><q><span class="CitaCar" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:#404040"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt">Sometimes I&rsquo;ll start a sentence in English&hellip; y termino en espa&ntilde;ol</span></span></span></q><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (1980). Ou bien, comme forme interf&eacute;rentielle, le <i>code mixing</i>, c&rsquo;est-&agrave;-dire la production de termes de formation hybride, tel que <i>melandjao</i>, vocable qui croise le fran&ccedil;ais <em>m&eacute;langer</em> avec la forme populaire du suffixe du participe pass&eacute; espagnol de premier groupe. Et si <i>code switching</i> et <i>code mixing</i> sont bien tous deux le produit d&rsquo;un contact de langues, ils supposent une gestion linguistique de ce contact bien diff&eacute;rente.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&Agrave; partir de l&agrave;, il reste &agrave; tenter de rep&eacute;rer les &eacute;ventuelles r&eacute;gularit&eacute;s que pr&eacute;sente le discours hybride. Et qui dit r&eacute;gularit&eacute;, dit r&egrave;gles. Le discours hybride n&rsquo;est-il qu&rsquo;un chaos informe et inf&acirc;me, ou bien est-il, jusqu&rsquo;&agrave; un certain point, r&eacute;gul&eacute; &ndash; et m&ecirc;me autor&eacute;gul&eacute;&nbsp;? En tout cas, si r&egrave;gles il y a, elles ne sauraient &ecirc;tre qu&rsquo;implicites, l&rsquo;hybride relevant de l&rsquo;oralit&eacute;, celle-l&agrave; m&ecirc;me qui fait probl&egrave;me &agrave; l&rsquo;heure de sa transcription, du fait que l&rsquo;&eacute;crit est apparemment plus corset&eacute; par les normes &ndash; les sp&eacute;cialistes de ces corpus (Blanche Benveniste, 1998) ayant pourtant d&eacute;montr&eacute; le contraire. Autrement dit, est-il licite, ou en tout cas bien r&eacute;el, qu&rsquo;il existe une stricte dichotomie, une fronti&egrave;re bien &eacute;tanche entre r&eacute;gulations de l&rsquo;oral et de l&rsquo;&eacute;crit&nbsp;?</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Je n&rsquo;ai proc&eacute;d&eacute; jusqu&rsquo;ici qu&rsquo;&agrave; un balisage du pan linguistique de la question des hybrides. On acc&eacute;dera &agrave; partir de l&agrave; &agrave; la pente sociologique, c&rsquo;est-&agrave;-dire aux repr&eacute;sentations sociales qui s&rsquo;attachent &agrave; la pratique des hybrides linguistiques, avec la double interpr&eacute;tation antinomique d&eacute;j&agrave; signal&eacute;e&nbsp;: si les hybrides, en tant que <em>b&acirc;tards linguistiques</em> impurs sont le plus souvent facteur de stigmatisation, il arrive qu&rsquo;ils deviennent un embl&egrave;me de contestation de la domination qui vient &agrave; s&rsquo;exprimer &agrave; l&rsquo;encontre de la stigmatisation (cf. Benjamin-Labarthe, 1993 pour les chicano). L&rsquo;hybride est donc en ce sens ambivalent, r&eacute;versible. L&agrave; aussi, il conviendra de d&eacute;velopper.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <h2 style="text-align: justify; margin-top: 16px;"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">1. Quelles modalit&eacute;s d&rsquo;hybrides&nbsp;?</span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Parler ou &eacute;crire hybride, c&rsquo;est accoler dans un m&ecirc;me &eacute;nonc&eacute; ou un m&ecirc;me discours des &eacute;l&eacute;ments relevant de deux codes linguistiques distincts. Selon la linguistique de la langue, h&eacute;rit&eacute;e de Saussure et d&eacute;velopp&eacute;e (voire d&eacute;voy&eacute;e&nbsp;: Saussure, 2006&nbsp;; Arriv&eacute;,&nbsp;2007) par les structuralistes, on s&rsquo;est plu (complu) &agrave; faire de la parole (puis du discours) une simple traduction/mise en mots, &agrave; partir du syst&egrave;me, du corpus phon&eacute;tico-phonologique, morphosyntaxique et lexico-s&eacute;mantique d&rsquo;une langue donn&eacute;e. En se r&eacute;f&eacute;rant, de mani&egrave;re toujours implicite &ndash; comme si cela allait de soi &ndash; &agrave; la mise en &oelig;uvre de la langue de r&eacute;f&eacute;rence, voire du standard. Sans aucune consid&eacute;ration <i>dia</i>, c&rsquo;est-&agrave;-dire de type variationniste (diachronique, variation dans le temps&nbsp;; diatopique, dans l&rsquo;espace&nbsp;; diastratique, selon le niveau socioculturel et souvent socio&eacute;conomique&nbsp;; diaphasique, selon les contextes). Il aura fallu attendre Labov (1975) pour qu&rsquo;on s&rsquo;y int&eacute;resse, alors m&ecirc;me que Chomsky, en qu&ecirc;te d&rsquo;&eacute;laboration d&rsquo;une <q><i>grammaire des grammaires</i></q> (1968) continuait &agrave; se r&eacute;f&eacute;rer au <i>locuteur id&eacute;al</i>, celui-l&agrave; m&ecirc;me qui poss&egrave;de la comp&eacute;tence absolue dans sa langue. SA langue, une seule langue. Une langue &agrave; l&rsquo;&eacute;cart &ndash; &agrave; l&rsquo;abri &ndash; des autres&hellip;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Or, nous le savons bien &ndash; c&rsquo;est le constat qu&rsquo;on peut faire, et que l&rsquo;on a/aurait toujours pu faire &ndash;, une langue n&rsquo;est pas monolithique (son standard n&rsquo;en est qu&rsquo;une des vari&eacute;t&eacute;s) et elle n&rsquo;est pas &ndash; sauf exceptions &ndash; isol&eacute;e, pr&eacute;serv&eacute;e de tout contact avec les autres. Weinreich, le ma&icirc;tre de Labov, l&rsquo;avait affirm&eacute; haut et fort d&egrave;s les ann&eacute;es 1950, avec son &eacute;tude de cas sur la Suisse al&eacute;manique&nbsp;: <i>Languages in Contact. Findings and Problems </i>(1953).<i> </i>Le contact des langues engendre des <em>probl&egrave;mes</em>, c&rsquo;est-&agrave;-dire des alt&eacute;rations de toutes les langues ou vari&eacute;t&eacute;s mises en contact&nbsp;; aucune n&rsquo;en ressort vraiment indemne&nbsp;! Si Weinreich d&eacute;montre pour son cas d&rsquo;&eacute;tude qu&rsquo;il n&rsquo;y a pas v&eacute;ritable concurrence entre dialecte et standard (la situation pourtant de loin la plus r&eacute;pandue), il n&rsquo;en occulte pas pour autant les possibles alt&eacute;rations subies.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Tout d&eacute;pend s&rsquo;il y a, de la part des locuteurs,&nbsp;<i>m&eacute;lange</i> ou pas. La v&eacute;ritable hybridation <i>fautive</i>, qui d&eacute;clenche syst&eacute;matiquement la stigmatisation de la part, aussi bien des locuteurs <i>contr&ocirc;l&eacute;s</i> (ceux qui exercent sans faillir leur contr&ocirc;le linguistique sur leur discours) que des instances l&eacute;gitim&eacute;es de ce contr&ocirc;le (Acad&eacute;mies, institutions scolaires et culturelles) ou, &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle individuelle, des locuteurs cultiv&eacute;s, est le <i>code mixing</i>. Il consiste en des ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;interf&eacute;rence (vocable emprunt&eacute; aux sciences physiques), c&rsquo;est-&agrave;-dire de brouillage des codes linguistiques, comme il peut en advenir des fr&eacute;quences hertziennes.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le <i>code mixing</i> se pratique &agrave; l&rsquo;&eacute;chelon intraphrastique, au niveau des mots, des syntagmes ou des phrases. Dans les mots, toutes les apparences vont &agrave; une possible identification de ce ph&eacute;nom&egrave;ne comme relevant du lexique (le terme n&rsquo;est pas r&eacute;pertori&eacute;, il est <i>invent&eacute;</i>, donc fautif), mais en r&eacute;alit&eacute; les aspects lexicaux se m&ecirc;lent souvent &eacute;troitement &agrave; des consid&eacute;rations morph&eacute;miques (l&rsquo;erreur grammaticale porte g&eacute;n&eacute;ralement &ndash; pas exclusivement &ndash; sur la suffixation). Le plus souvent, il s&rsquo;agit de l&rsquo;association du lex&egrave;me appartenant &agrave; une langue avec un morph&egrave;me pr&eacute;lev&eacute; sur l&rsquo;autre. Dans le cas de locuteurs immigr&eacute;s, l&rsquo;hybride se constitue d&rsquo;un lex&egrave;me de langue seconde et d&rsquo;un morph&egrave;me de langue premi&egrave;re, pour la simple une raison&nbsp;qu&rsquo;il en co&ucirc;te moins de ma&icirc;triser le vocabulaire que la grammaire d&rsquo;une autre langue. Le vocabulaire s&rsquo;acquiert/peut s&rsquo;acqu&eacute;rir isol&eacute;ment, au cas par cas, la grammaire fait syst&egrave;me et se r&eacute;v&egrave;le par cons&eacute;quent plus complexe. Le terme&nbsp;<i>melandjao</i> dont on m&rsquo;attribue la paternit&eacute; scientifique est ainsi fait. <i>M&eacute;langer</i>, bien que passablement diff&eacute;rent de l&rsquo;espagnol <i>mezclar</i>, est moins difficile &agrave; s&rsquo;approprier que les formes de construction du participe pass&eacute;. Mieux vaut rester en terrain connu&hellip; &Agrave; l&rsquo;&eacute;chelle du syntagme et davantage encore de la phrase, ce sont les structures syntaxiques calqu&eacute;es ou mixtes qui sont en cause, d&rsquo;autant plus difficiles &agrave; d&eacute;celer que l&rsquo;habillage lexical pourra &ecirc;tre per&ccedil;u comme conforme aux normes de la langue affich&eacute;e.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt;"><span style="line-height:107%;"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;interf&eacute;rence peut advenir entre n&rsquo;importe quelle langue, y compris des langues &eacute;loign&eacute;es. Nous pouvons prendre l&rsquo;exemple du spanglish des &Eacute;tats-Unis (l&rsquo;anglo-am&eacute;ricain et l&rsquo;espagnol n&rsquo;ayant gu&egrave;re de points communs) ou plus encore du jopara du Paraguay (Penner 2010) &ndash; les structures du guarani, langue am&eacute;rindienne agglutinante, &eacute;tant fort diff&eacute;rentes de l&rsquo;espagnol). Mais force est de constater qu&rsquo;une plus grande proximit&eacute; (langues appartenant &agrave; une m&ecirc;me famille, comme les langues romanes) favorise l&rsquo;interf&eacute;rence, et donc le <i>code mixing</i>, parce qu&rsquo;elle est plus propice aux confusions (faux-amis). </span></span></span></span></span>&laquo; <em>Le hab&iacute;an emplatrao el brazo</em> &raquo;<span style="font-size:11pt;"><span style="line-height:107%;"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, signifie <em>pl&acirc;trer</em> que l&rsquo;on retrouve en position centrale comme lex&egrave;me, encadr&eacute; par un pr&eacute;fixe calqu&eacute; de l&rsquo;espagnol </span></span></span></span></span><em><strong>en</strong>yesar</em><span style="font-size:11pt;"><span style="line-height:107%;"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, et le suffixe <i>&ndash;ado </i>du participe pass&eacute;. Dans les locutions, le calque aboutit &agrave; une traduction litt&eacute;rale, mot-&agrave;-mot. Deux exemples plus ou moins cocasses&nbsp;: l&rsquo;expression </span></span></span></span></span>&laquo; <em>tocar la retreta</em> &raquo;<span style="font-size:11pt;"><span style="line-height:107%;"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, qui est correcte en espagnol. Elle signifie </span></span></span></span></span><em>sonner la retraite</em><span style="font-size:11pt;"><span style="line-height:107%;"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, le repli, sur un champ de bataille, &agrave; mille lieues de <em>toucher la retraite</em> (la percevoir), expression famili&egrave;re usuelle en fran&ccedil;ais que le locuteur souhaitait exprimer. Ou bien l&rsquo;exclamation </span></span></span></span></span>&laquo; &iquest;Pero d&oacute;nde tengo yo <strong>la teta</strong>? &raquo;<span style="font-size:11pt;"><span style="line-height:107%;"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> cens&eacute;e reprendre </span></span></span></span></span><em>mais o&ugrave; ai-je la t&ecirc;te&nbsp;?</em><span style="font-size:11pt;"><span style="line-height:107%;"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, sauf que l&rsquo;espagnol <i>teta</i> n&rsquo;est pas la t&ecirc;te, mais le sein, et que c&rsquo;est une femme qui s&rsquo;exprime&nbsp;!&hellip;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le <i>code switching </i>est d&rsquo;une tout autre nature. Il se manifeste, au bas mot, par l&rsquo;inclusion de marques transcodiques dans un discours. Toutefois, ces &eacute;l&eacute;ments ne peuvent pas toujours &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;s en tant que tels comme allog&egrave;nes, s&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;un emprunt que la langue r&eacute;ceptrice a incorpor&eacute;, et qu&rsquo;il a donc perdu tout caract&egrave;re d&rsquo;&eacute;tranget&eacute;. Les locutions pr&eacute;sentent cette m&ecirc;me ambivalence, mais au-del&agrave; on peut observer le <i>switch </i>dans des syntagmes, des propositions et jusqu&rsquo;&agrave; des phrases, dans une alternance plus ou moins &eacute;quilibr&eacute;e qui comporte des &eacute;l&eacute;ments &agrave; la fois relevant de codes diff&eacute;rents, corrects, conformes &agrave; la norme de chacune des langues convoqu&eacute;es au sein d&rsquo;un v&eacute;ritable interdiscours.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <h1 style="text-align:justify; margin-top:16px"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2. Qui sont les producteurs d&rsquo;hybrides&nbsp;?</span></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Apr&egrave;s avoir distingu&eacute; les deux formes de discours hybride, il convient de nous interroger au sujet de ceux qui les produisent. Que l&rsquo;on mixe ou que l&rsquo;on alterne, ces formes discursives mixtes supposent un &eacute;metteur bilingue, ou pr&eacute;sentant un certain degr&eacute; de bilinguisme&hellip; &agrave; moins que l&rsquo;on ne re&ccedil;oive en h&eacute;ritage le parler hybride et que l&rsquo;on se borne &agrave; le reproduire, &agrave; le mettre en &oelig;uvre, sans doute de mani&egrave;re &eacute;volutive&hellip;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le premier probl&egrave;me est celui des comp&eacute;tences, de la double comp&eacute;tence, et il doit &ecirc;tre mis en relation avec la conception que l&rsquo;on se fait du bilingue. Un <i>bilingue</i> est volontiers repr&eacute;sent&eacute; par le profane comme quelqu&rsquo;un qui&nbsp;<i>pense dans deux langues</i>, un &ecirc;tre exceptionnel qui aurait la parfaite ma&icirc;trise des deux codes linguistiques, sans doute aussi des deux cultures. Un bilingue sym&eacute;trique, &eacute;quilibr&eacute;. Ce &agrave; quoi l&rsquo;&eacute;crivain franco-am&eacute;ricain Julian/Julien Green ([1941] 1987), lui-m&ecirc;me exemplaire &agrave; cet &eacute;gard, r&eacute;pondait qu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;un v&eacute;ritable&nbsp;</span></span></span></span></span><q>merle blanc</q><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, autrement dit un oiseau rare, voire introuvable, arguant du fait, au terme de son </span></span></span></span></span><em>Exp&eacute;rience en anglais</em><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, que le changement de langue d&rsquo;&eacute;criture l&rsquo;a fait </span></span></span></span></span><q>deven[ir] quelqu&rsquo;un d&rsquo;autre</q><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, que le discours [plus pr&eacute;cis&eacute;ment, le texte] qu&rsquo;il produit, est devenu n&eacute;cessairement diff&eacute;rent, parce que con&ccedil;u (pens&eacute;) dans une langue-culture autre.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le <i>code switching </i>est n&eacute;anmoins la modalit&eacute; dans laquelle le locuteur/scripteur peut d&eacute;ployer ses comp&eacute;tences bilingues qui, sans atteindre la perfection, n&rsquo;en sont pas moins &eacute;lev&eacute;es. &Agrave; preuve&nbsp;: nous avons d&eacute;j&agrave; vu que les diff&eacute;rents segments produits dans les codes altern&eacute;s sont <i>a priori </i>exprim&eacute;s dans une (en fait, deux) langue(s) correcte(s). Switcher, c&rsquo;est jouer sur deux claviers (ou davantage), comme on passe du piano &agrave; l&rsquo;orgue. L&rsquo;interaction verbale en discours switch&eacute; met donc en principe en face-&agrave;-face deux <i>v&eacute;ritables</i> bilingues, capables de s&rsquo;astreindre aux activit&eacute;s d&rsquo;encodage et de d&eacute;codage partag&eacute;es, dans une v&eacute;ritable connivence transculturelle (qui va au-del&agrave; de la simple juxtaposition interculturelle). Il y a l&agrave; tout un espace ludique&nbsp;: on joue des langues en contact comme d&rsquo;un v&eacute;ritable instrument et cela peut procurer un plaisir partag&eacute;&hellip; au risque de se r&eacute;v&eacute;ler une fonction cryptique, du simple fait d&rsquo;exclure du jeu (et donc de la communication) les individus qui ne partagent pas ces doubles comp&eacute;tences&hellip;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Or, mixer n&rsquo;est pas switcher&hellip; Pour la bonne raison que mixer, c&rsquo;est ne pas discriminer les langues, le plus souvent ne pas &ecirc;tre conscient &ndash; contrairement au switch &ndash; de jouer sur deux r&eacute;pertoires linguistiques. C&rsquo;est &ndash; pour reprendre la terminologie de L&uuml;di et Py &ndash; ne pas ma&icirc;triser la&nbsp;<i>fonction interpr&eacute;tative</i> qui fait de la comp&eacute;tence bilingue l&rsquo;aptitude &agrave; la&nbsp;<i>construction m&eacute;talinguistique</i>, </span></span></span></span></span><q>chacune des deux langues constitu[ant] pour le bilingue une ressource qui lui permet d&rsquo;attribuer un sens &agrave; l&rsquo;autre</q><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> (2002&nbsp;: 78-79). Le <i>code mixing</i>, contrairement au switch, est involontaire. Il repose sur une comp&eacute;tence limit&eacute;e &ndash; parfois fort limit&eacute;e &ndash; en langue seconde, la langue premi&egrave;re venant suppl&eacute;er ces carences.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les n&eacute;cessit&eacute;s communicatives mettent le locuteur dans une position d&eacute;licate, avec un sentiment plus ou moins diffus d&rsquo;incomp&eacute;tence qui appelle des strat&eacute;gies, d&rsquo;un point de vue sociolinguistique, compensatoires. En effet, si l&rsquo;emprunt ou le calque sont dissimul&eacute;s (plus ou moins grossi&egrave;rement) par le recours au terme mixte (avec traitement diff&eacute;renci&eacute; selon le degr&eacute; de difficult&eacute; dans l&rsquo;appropriation des &eacute;l&eacute;ments de langue seconde pour les mots&nbsp;; avec recours &agrave; la traduction litt&eacute;rale pour les locutions et autres syntagmes), le locuteur peut en arriver &agrave; tenter de se persuader de la correction de son sabir voire &agrave; le revendiquer comme recevable. Autrement dit, le fait m&ecirc;me de compenser des lacunes peut aboutir &agrave; une v&eacute;ritable surcompensation, en tant que compensation ill&eacute;gitime, &agrave; la fois du point de vue linguistique (j&rsquo;ai des lacunes) et &eacute;thique (je reconnais les avoir). En lieu et place, je nie avoir des lacunes, je prends le contrepied pour valoriser ces formes discursives.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les <i>v&eacute;ritables</i> producteurs d&rsquo;hybride peuvent donc faire montre d&rsquo;attitudes ambivalentes&nbsp;: soit, en conscience, culpabiliser face &agrave; un interlocuteur comp&eacute;tent, soit, pour donner le change, se poser eux-m&ecirc;mes comme &eacute;tant de comp&eacute;tence &eacute;gale. Auquel cas l&rsquo;artifice devient duplice. L&rsquo;involontaire, le subi, peut donc &eacute;ventuellement (tenter de) se muer en style discursif assum&eacute;, comme affirmation de soi ou m&ecirc;me, au plan collectif, &agrave; des fins cryptiques. Ainsi, les formes tr&egrave;s particuli&egrave;res (entre catalan, <i>cal&oacute;</i> et fran&ccedil;ais r&eacute;gional) du parler des Gitans de Perpignan (Escudero, 2004), avec son phras&eacute; et ses courbes intonatives propres, permettent-elles aux seuls membres de la communaut&eacute; de se reconna&icirc;tre et d&rsquo;&eacute;changer &agrave; l&rsquo;exclusion des <i>paios</i> de tout poil.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;hybride peut donc se transmettre d&rsquo;une g&eacute;n&eacute;ration &agrave; l&rsquo;autre&nbsp;; il peut s&rsquo;apprendre en tant que tel, m&ecirc;me si &agrave; l&rsquo;origine il est n&eacute; d&rsquo;une situation de contact et d&rsquo;un d&eacute;ficit de comp&eacute;tence. Se trouve ainsi pos&eacute;e la question de l&rsquo;&eacute;volution de l&rsquo;hybride &ndash; et c&rsquo;est l&agrave;, comme dans la m&eacute;taphore &eacute;cosyst&eacute;mique et &eacute;colinguistique, que l&rsquo;analogie entre nature et culture, le biologique et le langage humain, atteint son aporie. Y a-t-il ou non figement des hybrides&nbsp;? On peut penser que les caract&eacute;ristiques majeures perdurent, que le caract&egrave;re d&rsquo;interlangue (Vogel, 1987), fondamentalement transitoire, peut se muer en interlecte, inscrit dans la dur&eacute;e, mais comment et pourquoi d&eacute;nier aux hybrides ce que l&rsquo;on peut constater pour l&rsquo;ensemble des autres formes langagi&egrave;res, c&rsquo;est-&agrave;-dire des degr&eacute;s plus ou moins importants d&rsquo;&eacute;volution&nbsp;? L&rsquo;&eacute;volution m&ecirc;me des langues en contact, des contextes et de la production terminologique dont ils sont le th&eacute;&acirc;tre, tout plaide &agrave; l&rsquo;encontre d&rsquo;un figement s&eacute;v&egrave;re du parler hybride. M&ecirc;me dans le cas o&ugrave; il endosse une fonction cryptique, il peut &ecirc;tre appel&eacute; &agrave; &eacute;voluer, plus ou moins &agrave; la marge, dans la mesure o&ugrave; il peut continuer &agrave; singulariser.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il n&rsquo;y a donc pas lieu de penser que l&rsquo;hybride n&rsquo;est pas/ ne serait pas transmissible et &eacute;volutif. Cette analyse appelle &agrave; s&rsquo;interroger, de mani&egrave;re connexe, sur le fait de savoir s&rsquo;il peut &ecirc;tre reproduit voire recr&eacute;&eacute;. La question se pose dans le cas d&rsquo;une transposition &agrave; l&rsquo;&eacute;crit litt&eacute;raire. Et comme pour tous les autres lectes diff&eacute;rents du standard ou de la langue de r&eacute;f&eacute;rence, il convient d&rsquo;avoir pr&eacute;sent &agrave; l&rsquo;esprit que toute situation de <i>mimesis</i> donne lieu &agrave; une simple r&eacute;fraction, c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; une imitation tant soi peu d&eacute;form&eacute;e du r&eacute;el observable. Concernant le <i>melandjao</i> ou <i>fragnol</i>, j&rsquo;en veux pour preuve le roman r&eacute;cemment prim&eacute; (2014) par le jury Goncourt, de Lydie Salvayre, intitul&eacute; <i>Pas pleurer</i>, qui met en sc&egrave;ne et en discours sa m&egrave;re, immigr&eacute;e espagnole en France. La recr&eacute;ation est-elle &agrave; l&rsquo;image/&agrave; la hauteur de son mod&egrave;le&nbsp;? Il y a bien des ressemblances, qui s&rsquo;appuient sur le souvenir de l&rsquo;exp&eacute;rience v&eacute;cue de la langue maternelle, mais on y voit dans le d&eacute;tail l&rsquo;auteur faire appel &agrave; une s&eacute;rie de proc&eacute;d&eacute;s un peu trop st&eacute;r&eacute;otypiques qui mettent &agrave; mal la cr&eacute;dibilit&eacute; du r&eacute;cit. Et l&rsquo;on pense &agrave; l&rsquo;espagnol <i>quechuis&eacute;</i> que s&rsquo;&eacute;tait forg&eacute; nagu&egrave;re le romancier p&eacute;ruvien Jos&eacute; Mar&iacute;a Arguedas ([1971] 1990), pour rendre compte de la parole des Am&eacute;rindiens de son pays, sur la base d&rsquo;une phon&eacute;tique et d&rsquo;une syntaxe proches l&agrave; aussi du st&eacute;r&eacute;otype. L&agrave; se situe vraisemblablement la limite de la reproductibilit&eacute; de l&rsquo;hybride&nbsp;; et par-del&agrave; se profile &eacute;galement toute la probl&eacute;matique des <i>revivals </i>linguistiques aux mains de n&eacute;o-locuteurs plus ou moins incomp&eacute;tents&hellip;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <h2 style="text-align: justify; margin-top: 16px;"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">3. Les repr&eacute;sentations sociolinguistiques sur les hybrides</span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Apr&egrave;s avoir tangent&eacute; les questions proprement sociolinguistiques de fond, et avoir point&eacute; les probl&eacute;matiques de la l&eacute;gitimit&eacute; et de la cr&eacute;dibilit&eacute; en mati&egrave;re d&rsquo;hybrides, il est temps &agrave; pr&eacute;sent d&rsquo;aborder l&rsquo;analyse par le biais des repr&eacute;sentations de cet objet, du jugement de valeur qui leur est attribu&eacute; dans la sph&egrave;re sociale, et d&rsquo;en rechercher les motifs.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;hybride, en tant que mixte non assignable, non cat&eacute;gorisable, d&eacute;range les taxonomies scientifiques et les codes sociaux (sociolinguistiques, socioculturels, voire sociopolitiques). On aura ainsi plut&ocirc;t tendance &agrave; d&eacute;finir l&rsquo;hybride par <i>ce qu&rsquo;il n&rsquo;est pas</i> que comme ce qu&rsquo;il est&nbsp;; <i>par d&eacute;faut</i> &ndash; de correction, de l&eacute;gitimit&eacute; &ndash; plut&ocirc;t que par ce qu&rsquo;il est, un aboutissement, une somme de plusieurs ressources langagi&egrave;res, par combinaison de celles-ci. Ce point de vue suppose en bonne logique une attitude n&eacute;gative de stigmatisation et de d&eacute;nigrement. Or ces attitudes n&rsquo;adviennent pas <i>ex nihilo</i>, elles s&rsquo;activent sur une base psychosociale, &eacute;thico-philosophique banale, un ensemble de normes et cat&eacute;gorisations dominantes, majoritaires, et donc per&ccedil;ues comme &eacute;videntes, non-marqu&eacute;es, alors m&ecirc;me que les configurations qui leur &eacute;chappent sont quant &agrave; elles marqu&eacute;es &ndash; le plus souvent du sceau de l&rsquo;infamie.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Les langues se con&ccedil;oivent, bien &agrave; tort, comme des corpus clos. Leurs locuteurs sont quant &agrave; eux volontiers assimil&eacute;s au locuteur id&eacute;al de Chomsky, et par voie de cons&eacute;quence, le bilingue se voit repr&eacute;senter comme locuteur pour ainsi dire doublement id&eacute;al (et de ce fait trop id&eacute;alis&eacute;). Si ce type d&rsquo;approche convient assez bien pour la description du locuteur switcheur capable d&rsquo;en faire un exercice de style et de partager celui-ci, il n&rsquo;est nullement applicable au switcheur par d&eacute;faut &ndash; celui qui passe d&rsquo;un code &agrave; l&rsquo;autre par d&eacute;faut de comp&eacute;tence, pour se mettre &agrave; l&rsquo;abri de l&rsquo;incorrection, de la faute &ndash; et <i>a fortiori </i>au <em>mixeur</em> qui, hormis dans la pratique consciente du cryptage, m&ecirc;le les langues faute de mieux, lui aussi par incomp&eacute;tence ou sentiment d&rsquo;incomp&eacute;tence, en esp&eacute;rant se faire entendre ainsi de ses interlocuteurs.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Du c&ocirc;t&eacute; de la r&eacute;ception (du seul point de vue de la communication), le locuteur (dominant) monolingue sera sans doute d&eacute;rout&eacute; &ndash; faute de ma&icirc;triser les deux codes &ndash; par la pratique du langage switch&eacute;&nbsp;: invoquant le principe de l&rsquo;&eacute;conomie, mis en lumi&egrave;re par Saussure et ses successeurs, &agrave; quoi bon mettre en &oelig;uvre deux codes, si un seul pourrait suffire&nbsp;? Pour quel(s) motif(s) se verrait-il exclu de la r&eacute;ception int&eacute;grale des messages produits, qui lui apparaissent (&agrave; dessein&nbsp;?) crypt&eacute;s&nbsp;? Ces consid&eacute;rations sont en soi recevables, mais c&rsquo;est l&agrave; d&eacute;nier, pour des raisons ego/ethno-centr&eacute;es, toute plus-value linguistique et stylistique (pr&eacute;cision lexicale), de comp&eacute;tence (dans deux langues au lieu d&rsquo;une) et psycho-socio-affective (connivence, esprit communautaire) au discours bilingue. Au-del&agrave;, se situent d&rsquo;autres types d&rsquo;approche, ortholinguistique (si je peux dire) et proprement sociolinguistique.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">J&rsquo;entends par ortholinguistique, l&rsquo;int&eacute;gration et la f&eacute;tichisation de la norme standard. Le discours switch&eacute;, qui produit des segments diff&eacute;rents mais corrects, n&rsquo;est pas vis&eacute; par une telle perspective. En revanche, le discours mix&eacute; (l&rsquo;hybride en tant que tel) sera per&ccedil;u sans coup f&eacute;rir comme incorrect, et partant r&eacute;pr&eacute;hensible, stigmatisable par les tenants du&nbsp;<i>bon usage</i>. Sera ainsi point&eacute; (somme toute &agrave; raison) le d&eacute;faut de comp&eacute;tence linguistique du locuteur ou de l&rsquo;interlocuteur. D&rsquo;un point de vue plus sp&eacute;cifiquement sociolinguistique, il s&rsquo;agira d&rsquo;une stigmatisation, non plus tant de la faute que de la diff&eacute;rence, de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; sociale et linguistique. Il vise de la m&ecirc;me mani&egrave;re les langues et vari&eacute;t&eacute;s minoritaires et/ou minor&eacute;es que les langues &eacute;trang&egrave;res, c&rsquo;est-&agrave;-dire celles des &eacute;trangers. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Le discours hybride et ses porteurs sont r&eacute;pr&eacute;hensibles, du fait m&ecirc;me qu&rsquo;ils ne r&eacute;pondent pas &agrave; une conception du monde et des hommes en forme de s&eacute;rie biunivoque&nbsp;: un locuteur, une langue, un peuple, une nation, un &Eacute;tat. Ce locuteur-l&agrave; est &agrave; cheval sur deux langues, et par voie de cons&eacute;quence sur tous les autres r&eacute;f&eacute;rents mentionn&eacute;s. Il attente potentiellement &agrave; la conception unitaire qui est faite du peuple, de la nation et de l&rsquo;&Eacute;tat, et se r&eacute;v&egrave;le en cela suspect parce que potentiellement dangereux, facteur d&rsquo;instabilit&eacute;. Et il est en quelque sorte somm&eacute; de choisir son camp. Derri&egrave;re une telle logique d&rsquo;inclusion/exclusion se trouve une conception particuli&egrave;re &ndash; quoique tr&egrave;s r&eacute;pandue &ndash; de l&rsquo;identit&eacute;, individuelle et/ou collective.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <h2 style="text-align: justify; margin-top: 16px;"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">4. Relire les hybrides &agrave; la lumi&egrave;re des th&eacute;ories de l&rsquo;identit&eacute;</span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cette conception, nous la retrouvons formul&eacute;e, heureusement m&eacute;taphoris&eacute;e chez les philosophes fran&ccedil;ais Gilles Deleuze et F&eacute;lix Guattari d&rsquo;une part, chez Paul Ric&oelig;ur de l&rsquo;autre, dont les th&eacute;ories sont particuli&egrave;rement &eacute;clairantes et ais&eacute;ment articulables. Elles prennent en compte l&rsquo;ambivalence de la notion m&ecirc;me d&rsquo;identit&eacute;, &agrave; savoir l&rsquo;identique (et donc le gr&eacute;gaire) et la singularit&eacute; (l&rsquo;unicit&eacute;, l&rsquo;originalit&eacute;). Dans <i>Mille plateaux</i> (1980), Deleuze et Guattari opposent deux conceptions de l&rsquo;identit&eacute;&nbsp;: l&rsquo;identit&eacute;-racine et l&rsquo;identit&eacute;-rhizome. Du c&ocirc;t&eacute; de la <i>racine</i>, se trouve cette conception biunivoque &eacute;voqu&eacute;e pr&eacute;c&eacute;demment. La racine est unique, elle nous assigne de mani&egrave;re d&eacute;finitive une s&eacute;rie de caract&eacute;ristiques qui nous d&eacute;finissent et qui font de chacun un membre d&rsquo;une communaut&eacute; qui se dessine de la m&ecirc;me mani&egrave;re. Il s&rsquo;agit d&rsquo;une identit&eacute; ferm&eacute;e, donc solide et opposable selon un crit&egrave;re d&rsquo;appartenance ou non au groupe, en permettant de dessiner les contours d&rsquo;un <i>nous</i> face &agrave; <i>eux</i>. Cette conception est en soi r&eacute;ductrice/r&eacute;ificatrice (tous les param&egrave;tres sont-ils pris en compte&nbsp;?)&nbsp;; elle est &agrave; la fois protectrice (le collectif qui me reconna&icirc;t/dans lequel je me reconnais, me prot&egrave;ge) et r&eacute;pulsive/hostile (si je n&rsquo;en suis pas). On retrouve dans <i>Soi-m&ecirc;me comme un autre</i> (1990) de Ric&oelig;ur, une polarit&eacute; similaire, qu&rsquo;il baptise la <i>m&ecirc;met&eacute;</i>, qui s&rsquo;inscrit elle aussi du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;identique, et le philosophe lui adjoint opportun&eacute;ment la notion d&rsquo;<i>exigence de m&ecirc;met&eacute;</i>. D&rsquo;une part, la m&ecirc;met&eacute; agglom&egrave;re, soude et fid&eacute;lise les groupes dans un certain confort que procure l&rsquo;appartenance &ndash; c&rsquo;est le cas des communautarismes et des nationalismes &ndash; mais ce faisant, elle s&eacute;pare en cat&eacute;gorisant, elle devient instrument de diff&eacute;renciation, d&rsquo;exclusion, de stigmatisation.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">De l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute; se trouvent l&rsquo;identit&eacute;-rhizome de Deleuze et Guattari, et l&rsquo;ips&eacute;it&eacute; de Ric&oelig;ur. Mais avant de les &eacute;voquer, je ferai un petit d&eacute;tour par la dichotomie propos&eacute;e par Fredrik Barth (1969) au sujet des groupes. Barth distingue utilement &agrave; mon sens les <i>groupes d&rsquo;appartenance</i> &ndash; on vient d&rsquo;en parler &ndash; et les <i>groupes de r&eacute;f&eacute;rence</i>. L&rsquo;appartenance nous est donn&eacute;e par la racine, par nos origines&nbsp;; on peut aussi y adh&eacute;rer/s&rsquo;y convertir dans une d&eacute;marche ult&eacute;rieure et individuelle (rejoindre le groupe). La r&eacute;f&eacute;rence, c&rsquo;est pr&eacute;cis&eacute;ment le fait de se d&eacute;marquer de son appartenance pour rejoindre un groupe dans les caract&eacute;ristiques/les valeurs duquel nous nous reconnaissons mieux, qui nous correspond. Les groupes de r&eacute;f&eacute;rence sont des collectifs choisis, auxquels je fais la d&eacute;marche &ndash; un tant soit peu inconfortable ou p&eacute;rilleuse, ayant quitt&eacute; le cocon de l&rsquo;appartenance &ndash; de me rapprocher, de m&rsquo;identifier. Il y a l&agrave; un signe d&rsquo;ouverture, place pour le libre-arbitre, que nous retrouvons dans le rhizome et dans l&rsquo;ips&eacute;it&eacute;, au p&ocirc;le de la singularit&eacute;.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;<i>identit&eacute;-rhizome</i>, contrairement &agrave; la racine, est multiple, &agrave; la mani&egrave;re des radicelles, et elle correspond aux nombreuses identifications que peut conna&icirc;tre et se reconna&icirc;tre l&rsquo;individu. Le rhizome est aussi anarchique, possiblement contradictoire, en recomposition constante et partant impr&eacute;visible. Au lieu d&rsquo;une vision essentialiste, nous sommes ici dans une perspective constructiviste, susceptible de baliser un parcours de vie. L&rsquo;<i>ips&eacute;it&eacute;</i> se situe en partie sur cette ligne&nbsp;: <i>ipse</i>, contrairement &agrave; <i>idem</i> (le m&ecirc;me), c&rsquo;est soi, soi-m&ecirc;me, en tant qu&rsquo;individu. Mais elle la d&eacute;passe&nbsp;: Ric&oelig;ur nous invite &agrave; se consid&eacute;rer <q>soi-m&ecirc;me comme un autre</q>, c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; prendre en compte (dans ce qui serait la multiplicit&eacute; des radicelles de Deleuze et Guattari) la part d&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, de diff&eacute;rence, de disconformit&eacute; que chacun peut avoir en lui par rapport aux siens. Nous ne sommes pas d&rsquo;une seule pi&egrave;ce&nbsp;: je suis moi et un autre/l&rsquo;Autre (c&rsquo;est l&rsquo;inqui&eacute;tante &eacute;tranget&eacute; de Freud). Et c&rsquo;est parce que je peux accepter cette part d&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; en moi que je peux admettre l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; chez l&rsquo;Autre, admettre sa diff&eacute;rence et coexister pacifiquement avec lui. Il y a donc ainsi possibilit&eacute; d&rsquo;une vision g&eacute;n&eacute;reuse et humaniste, qui a bien du mal &agrave; pr&eacute;valoir dans la r&eacute;alit&eacute; quotidienne et plan&eacute;taire. En revanche, si je me d&eacute;teste, ou si je d&eacute;teste mon image, on peut s&rsquo;attendre &agrave; ce que les autres aient &agrave; en souffrir. Et l&rsquo;actualit&eacute;, examin&eacute;e sous ce prisme, est &eacute;difiante&nbsp;!...</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour ma part, je consid&egrave;re les th&eacute;orisations, non pas comme une fin en soi mais comme susceptibles de fournir des cl&eacute;s interpr&eacute;tatives &agrave; des probl&eacute;matiques complexes, ce qui est aussi bien le cas avec les hybrides<b> </b>qu&rsquo;avec les identit&eacute;s. Nous tenterons de les appliquer &agrave; notre objet.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">On voit bien comment l&rsquo;hybride s&rsquo;inscrit dans la logique du rhizome, de par sa dualit&eacute; intrins&egrave;que, le caract&egrave;re contradictoire ou en tout cas inattendu, hors-norme, des &eacute;l&eacute;ments qu&rsquo;il associe. Il n&rsquo;est <b><i>n</i></b><i>i l&rsquo;un <b>ni</b> l&rsquo;autre </i>code linguistique (selon une approche n&eacute;gative par rapport au m&ecirc;me et &agrave; l&rsquo;injonction de m&ecirc;met&eacute;), mais bien <i>l&rsquo;un <b>et</b> l&rsquo;autre </i>des deux codes qu&rsquo;il associe (dans une perspective compr&eacute;hensive, aux deux sens de <em>prendre avec</em> et de <em>comprendre</em>, <em>admettre</em>). On voit bien ce que la conception en termes de racine peut avoir &agrave; lui reprocher, parce qu&rsquo;il &eacute;chappe &agrave; toute appartenance exclusive, et on comprend bien en quoi il peut &ecirc;tre stigmatis&eacute;, parce qu&rsquo;il ne se conforme pas &agrave; la r&egrave;gle, qu&rsquo;il est fautif. Les normes, linguistiques ou sociales, r&eacute;gulent le fonctionnement des groupes. Or l&rsquo;hybride (parfois partag&eacute; par des groupes) est toujours singulier par rapport &agrave; la masse, puisqu&rsquo;il a vocation &agrave; &ecirc;tre minoritaire. Il est aussi n&eacute;cessairement minor&eacute;, d&eacute;valoris&eacute; par rapport &agrave; la norme. Si bien que les locuteurs du <i>melandjao</i>, chaque fois qu&rsquo;ils &eacute;voquent leurs performances linguistiques (au sens chomskyen du terme), emploient le verbe <i>defenderse</i>, &agrave; savoir <i>se d&eacute;brouiller</i>, &ecirc;tre capable de faire face, dans l&rsquo;interaction, dans la position d&rsquo;outsider, de challenger qui est celle de l&rsquo;&eacute;tranger, de l&rsquo;immigr&eacute;&hellip;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans des groupes sociaux o&ugrave; la f&eacute;tichisation de la norme est de mise, o&ugrave; l&rsquo;ins&eacute;curit&eacute; linguistique et le contr&ocirc;le linguistique sont permanents, de l&rsquo;individu envers lui-m&ecirc;me, de l&rsquo;un &agrave; l&rsquo;autre, des institutions (acad&eacute;miques, scolaires, m&eacute;diatiques) &agrave; l&rsquo;individu et aux minorit&eacute;s, s&rsquo;exerce logiquement (et avec d&rsquo;autant plus de z&egrave;le) la censure et la r&eacute;probation vis-&agrave;-vis de l&rsquo;atypique et du trublion qu&rsquo;est l&rsquo;hybride. La hantise de l&rsquo;incorrect, de l&rsquo;inconforme est aux manettes, et elle va souvent de pair avec celle du d&eacute;classement, de la perte de pouvoir, d&rsquo;attractivit&eacute; des langues. Mais tout cela n&rsquo;est que r&eacute;ification, manipulation du r&eacute;el, qui appelle en r&eacute;ponse une attitude de d&eacute;fi, de revendication d&rsquo;une identit&eacute; hybride&nbsp;: dans&nbsp;</span></span></span></span></span>&laquo; <em>nosotros hablamos melandjao </em>&raquo;<span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, il y a &agrave; la fois aveu d&rsquo;incomp&eacute;tence, d&rsquo;&eacute;chec dans la production linguistique pure, mais aussi la revendication collective de l&rsquo;&ecirc;tre hybride que ne peut que difficilement &eacute;viter d&rsquo;&ecirc;tre le migrant, l&rsquo;immigr&eacute; ou son descendant. Il ne faudrait pas, &agrave; moins d&rsquo;attitude compensatoire, chercher chez lui la puret&eacute; de sang que r&eacute;clament depuis toujours les essentialistes.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">On voit bien en revanche comment une d&eacute;marche d&rsquo;acceptation du caract&egrave;re rhizomique des langues et de leurs locuteurs ouvre des perspectives de <i>convivencia</i>, du vivre ensemble. Au sein m&ecirc;me des langues, passer d&rsquo;une perspective purement normative de la langue en tant que syst&egrave;me qu&rsquo;on voudrait intangible, &agrave; une perspective sociolinguistique bas&eacute;e sur la s&eacute;rie des <i>dia-</i> qui am&egrave;ne &agrave; voir chaque langue ou la multiplicit&eacute; des langues comme un diasyst&egrave;me, conduit &agrave; accepter l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute; pour elle-m&ecirc;me, la multiplicit&eacute; et l&rsquo;hybridit&eacute; comme des faits attest&eacute;s et une v&eacute;ritable richesse.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Tant et si bien que l&rsquo;hybride en soi et sa perception constituent de puissants r&eacute;v&eacute;lateurs des conceptions qui peuvent pr&eacute;valoir ou s&rsquo;affronter de l&rsquo;identit&eacute;. Une conception herm&eacute;tique, d&eacute;fensive et offensive &agrave; la fois, des langues et de leurs locuteurs, propre aux nationalismes et aux imp&eacute;rialismes&nbsp;; une conception ouverte, sensible, militante, en faveur de la multiplicit&eacute; et des porosit&eacute;s, non pas comme de possibles ab&acirc;tardissements mais autant d&rsquo;enrichissements, voil&agrave; les deux termes du d&eacute;bat, les deux blocs au combat. La toile de fond de l&rsquo;ips&eacute;it&eacute; de Ric&oelig;ur n&rsquo;est autre que l&rsquo;&eacute;loge de la diversit&eacute;, ou de la cr&eacute;olisation au sein du <i>Tout-monde</i> d&rsquo;&Eacute;douard Glissant (1990). Elle me para&icirc;t bien pr&eacute;f&eacute;rable au conflit linguistique de Llu&iacute;s Vicent Aracil (1965) ou &agrave; la guerre des langues illustr&eacute;e en son temps par Louis-Jean Calvet (1987). Malheureusement, c&rsquo;est bien celle-ci qui prend le pas, et c&rsquo;est celle qui traite l&rsquo;Autre et l&rsquo;hybride en paria, &agrave; moins qu&rsquo;on ne le domine ou qu&rsquo;on ne le corrige.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <h2 style="text-align: justify; margin-top: 16px;"><span style="font-size:14pt"><span style="line-height:107%"><span style="break-after:avoid"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bibliographie</span></span></span></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Aracil, Llu&iacute;s Vicent, ([1965] 1982), &ldquo;Conflicte ling&uuml;&iacute;tic i normalitzaci&oacute; a l&rsquo;Europa nova&rdquo;, in <i>id., Papers de socioling&uuml;&iacute;stica</i>, Barcelona, La Magrana, pp. 23-38.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Arriv&eacute;, Michel, (2007), <i>&Agrave; la recherche de Ferdinand de Saussure</i>, Paris, PUF.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Barth, Fredrik, ([1969] 1995), &laquo;&nbsp;Les groupes ethniques et leurs fronti&egrave;res&nbsp;&raquo;, in Philippe Poutignat, Jocelyne Streiff-Fenart, <i>Th&eacute;ories de l&rsquo;ethnicit&eacute;</i>, Paris, PUF, 1995.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Benjamin-Labarthe, Elyette, (1993), &laquo;&nbsp;Introduction&nbsp;&raquo; in <i>id.</i>, <i>Vous avez dit chicano. Anthologie th&eacute;matique de po&eacute;sie chicano</i>, Bordeaux, Editions de la MSHA, pp. 7-58.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Blanche-Benveniste, Claire, (1998), <i>Estudios ling&uuml;&iacute;sticos sobre la relaci&oacute;n entre oralidad y escritura,</i> Barcelona, Gedisa editorial.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bourdieu, Pierre, (2001), <i>Langage et pouvoir symbolique</i>, Paris, Seuil.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Boyer, Henri, (&eacute;d.) (2010), <i>Hybrides linguistiques : Gen&egrave;ses, statuts, fonctionnements</i>, Paris, L&rsquo;Harmattan.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Calvet, Louis-Jean, (1987), <i>La guerre des langues et les politiques linguistiques</i>, Paris, Payot. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Deleuze, Gilles et F&eacute;lix Guattari, (1990), <i>Mille plateaux</i>, Paris, Minuit.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Escudero, Jean-Paul, (2004), <i>Les gitans catalans et leur langue : une &eacute;tude r&eacute;alis&eacute;e &agrave; Perpignan</i>, P&eacute;ronnas, &Eacute;d. de la Tour Gile.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Fell, &Egrave;ve-Marie (coord.), (1971), <i>Jos&eacute; Mar&iacute;a Arguedas: </i>El zorro de arriba y el zorro de abajo<i>, edici&oacute;n cr&iacute;tica</i>, Buenos Aires, Losada.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Glissant, &Eacute;douard, (1990), <i>Po&eacute;tique de la Relation</i>, Paris, Gallimard.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Green ,Julian/Julien, ([1941] 1987), &laquo;&nbsp;Une exp&eacute;rience en anglais / An Experiment in English&nbsp;&raquo;, in <i>id.</i>, <i>L&rsquo;&eacute;criture et son double</i>, Paris, Seuil, pp. 149-175.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Labov, William, (1975), <i>Sociolinguistique</i>, Paris, Minuit.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lagarde, Christian, (1993), <i>Les immigr&eacute;s espagnols castillanophones de premi&egrave;re g&eacute;n&eacute;ration en Roussillon : Pratiques et repr&eacute;sentations diglossiques sur fond de conflit linguistique</i>, Doctorat d&rsquo;&Eacute;tudes ib&eacute;riques et latino-am&eacute;ricaines, Universit&eacute; de Perpignan &ndash; Via Domitia.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lagarde, Christian, (1996<sup>a</sup>), <i>Le parler &laquo;&nbsp;melandjao&nbsp;&raquo; des immigr&eacute;s de langue espagnole en Roussillon</i>, Perpignan, Presses Universitaires de Perpignan.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lagarde, Christian, (1196<sup>b</sup>), <i>Conflits de langues, conflits de groupes. Les immigr&eacute;s espagnols du Roussillon</i>, Paris, L&#39;Harmattan.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Lagarde, Christian, (1997), &laquo; Un conflit dans le conflit : langue minoritaire et immigration espagnole en Roussillon &raquo;, in Henri Boyer, (dir.), Plurilinguisme : &laquo; contact &raquo; ou &laquo; conflit &raquo; de langues ?, Paris, L&#39;Harmattan, 1997, pp. 51-94.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">L&uuml;di, Georges et Bernard Py, ([1986] 2002), <i>&Ecirc;tre bilingue</i>, Berne, Peter Lang.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Penner, Hedy, (2010), &laquo;&nbsp;Jopara : la face m&eacute;pris&eacute;e du guarani ou/et du bilinguisme ?&nbsp;&raquo; in Henri Boyer (&eacute;d.), <i>Hybrides linguistiques : Gen&egrave;ses, statuts, fonctionnements</i>, Paris, L&rsquo;Harmattan, 2010, pp. 175-201.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="EN-GB" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Poplack, Shana, (1980), &ldquo;Sometimes I&#39;ll start a sentence in English y termino en Espa&ntilde;ol: toward a typology of code-switching&rdquo;, <i>Linguistique</i>, 18, 1980, pp. 581-618. </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a href="https://pdfs.semanticscholar.org/ecb0/c5d4594e65d41afc05d151a44043038fbb50.pdf"><span lang="FR" style="color:#0563c1">https://pdfs.semanticscholar.org/ecb0/c5d4594e65d41afc05d151a44043038fbb50.pdf</span></a></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ric&oelig;ur, Paul, (1990), <i>Soi-m&ecirc;me comme un autre</i>, Paris, Seuil.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Salvayre, Lydie, (2014), <i>Pas pleurer</i>, Paris, Seuil.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Sarrazin, Sophie, (2010), &laquo; Le spanglish &agrave; l&rsquo;aube du XXIe si&egrave;cle ou l&rsquo;histoire d&rsquo;un &ldquo;b&acirc;tard&rdquo; entr&eacute; en politique &raquo;, in Henri Boyer (&eacute;d.), <i>Hybrides linguistiques : Gen&egrave;ses, statuts, fonctionnements</i>, Paris, L&rsquo;Harmattan, 2010, pp. 127-171.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Saussure, Louis de (&eacute;d.), (2006), <i>Nouveaux regards sur Saussure</i>, Gen&egrave;ve, Droz. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Vogel, Klaus, (1995), <i>L&#39;interlangue : la langue de l&#39;apprenant</i>, Toulouse, PUM.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="EN-GB" style="font-size:12.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Weinreich, Uriel, ([1953] 1968), <i>Languages in Contact. Findings and Problems</i>, La Haye, Mouton.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <div style="margin-bottom:11px"> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1"><sup><span lang="FR" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:#0563c1">[1]</span></span></span></sup></a><span lang="FR" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> &hellip; encore que ce point soit discutable s&rsquo;agissant du spanglish, que traite de mani&egrave;re remarquable dans cet ouvrage Sophie Sarrazin (2010).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2"><sup><span lang="FR" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:#0563c1">[2]</span></span></span></sup></a><span lang="FR" style="font-size:10.0pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> On citera entre autres les diff&eacute;rentes &eacute;ditions de&nbsp;: Henri Boyer, <i>Introduction &agrave; la sociolinguistique</i>, Paris, Dunod, 2017, pp. 89-90, pour la derni&egrave;re en date, et un d&eacute;veloppement du caract&egrave;re conflictuel de l&rsquo;hybride dans Lagarde, 1997.</span></span></span></span></span></p>