<h1>Les diff&eacute;rentes dimensions en jeu dans la formation universitaire d&rsquo;&eacute;tudiants &eacute;trangers&nbsp;: vers des approches r&eacute;flexives historicisantes dans le champ du FOU</h1> <h2>L&eacute;a Courtaud - EA 4428 Dynadiv</h2> <h2>&nbsp;</h2> <h4>Introduction</h4> <p>La pr&eacute;sente contribution propose une r&eacute;flexion th&eacute;orique avec pour objectif d&rsquo;investiguer les dimensions linguistiques et culturelles en jeu dans les situations formatives &agrave; l&#39;universit&eacute; fran&ccedil;aise, en interrogeant en particulier les processus d&#39;&eacute;laboration et de restitution des connaissances. Quelques exemples tir&eacute;s d&#39;une recherche doctorale<a href="#nbp1" name="nbp1">[1]</a> en cours portant sur l&#39;internationalisation des universit&eacute;s fran&ccedil;aises constituent le point de d&eacute;part de ce travail. Plus pr&eacute;cis&eacute;ment, il s&rsquo;agit d&rsquo;interpr&eacute;ter la diversit&eacute; des rapports au savoir d&rsquo;un contexte &agrave; un autre et d&rsquo;&eacute;laborer des propositions pour une politique de formation universitaire sur les plans linguistique et culturel. En effet, si le FOU &laquo;&nbsp;[&hellip;] met au premier plan la question de la ma&icirc;trise de la langue pour le suivi des &eacute;tudes universitaires&nbsp;&raquo; (Mourlhon-Dallies, 2010&nbsp;: 137), il apparait que &laquo;&nbsp;[&hellip;] ses enseignements prennent &eacute;galement en compte les domaines et les logiques d&rsquo;appr&eacute;hension et d&rsquo;organisation de la pens&eacute;e au c&oelig;ur de chaque champ de connaissances&nbsp;&raquo; (<em>op. cit</em>). Dans cette optique, la contribution s&rsquo;attache d&rsquo;une part &agrave; pr&eacute;ciser en quoi une approche r&eacute;flexive et historicisante des situations formatives<a href="#" name="nbp2">[2]</a> peut constituer un apport pour l&rsquo;approche des dimensions interculturelles en jeu dans ces situations et porte d&rsquo;autre part sur le r&ocirc;le des langues dans les disciplines et leur implication d&rsquo;un point de vue m&eacute;thodologique &agrave; travers la question des formats d&rsquo;&eacute;criture acad&eacute;mique. Ces r&eacute;flexions conduiront &agrave; proposer des pistes d&rsquo;accompagnement p&eacute;dagogique des &eacute;tudiant.es &eacute;trangers.&egrave;res (et autochtones)<a href="#" name="nbp3">[3]</a> &agrave; l&#39;universit&eacute; fran&ccedil;aise. Apr&egrave;s avoir pr&eacute;sent&eacute; la probl&eacute;matique, le contexte, le cadre &eacute;pist&eacute;mologique et th&eacute;orique de la recherche, je d&eacute;velopperai les deux r&eacute;flexions formul&eacute;es <em>supra</em>.&nbsp;</p> <h4>1. Probl&eacute;matique de d&eacute;part&nbsp;: l&rsquo;internationalisation des universit&eacute;s fran&ccedil;aises&nbsp;et ses cons&eacute;quences</h4> <p>L&#39;histoire de ce travail commence lorsque, jeune enseignante de FLE, je me trouve face &agrave; des &eacute;tudiants &eacute;trangers souhaitant que je leur apporte des &laquo;&nbsp;cl&eacute;s&nbsp;&raquo;, portant sur la culture universitaire fran&ccedil;aise, pour les aider &agrave; r&eacute;ussir leur insertion universitaire en France. Alors que j&rsquo;avais choisi dans un premier temps de leur apporter, principalement, des &eacute;l&eacute;ments relatifs &agrave; la r&eacute;daction de textes acad&eacute;miques et &agrave; la prise de notes, pouvant pour cela m&#39;appuyer sur une litt&eacute;rature existante (notamment Boch, 2000&nbsp;; Claudel, Vlad &amp; Cislaru, 2009), il est rapidement apparu que mes propositions ne pouvaient suffire. En effet, alors que l&#39;activit&eacute; universitaire est loin d&#39;&ecirc;tre homog&egrave;ne, mes propositions ne comportaient rien de r&eacute;ellement sp&eacute;cifique&nbsp;; en outre, l&#39;appropriation par les &eacute;tudiants des questions d&#39;&eacute;criture acad&eacute;mique comportait des implications dont les origines se situent au-del&agrave; d&#39;un apprentissage &laquo;&nbsp;technique&nbsp;&raquo; des pratiques litt&eacute;rati&eacute;es &ndash; cela faisant n&eacute;anmoins partie des habilet&eacute;s n&eacute;cessaires au suivi des &eacute;tudes &ndash; sans que je puisse les formuler &agrave; ce moment-l&agrave;. La diversit&eacute; des disciplines, des courants m&eacute;thodologiques et de pens&eacute;e au sein des disciplines, des enseignants, rendait cette t&acirc;che impossible. Cela m&rsquo;a amen&eacute;e &agrave; m&rsquo;interroger sur le possible r&ocirc;le des enseignants de disciplines sur ces questions dans la mesure o&ugrave; certains, rencontr&eacute;s en entretien, estimaient insuffisantes les comp&eacute;tences linguistiques des &eacute;tudiant.es&nbsp;; y avait-il des pistes d&rsquo;accompagnement envisageables que les enseignant.es pourraient mettre en &oelig;uvre selon leur situations sp&eacute;cifique d&rsquo;enseignement, &agrave; l&rsquo;instar de ce que proposent Mangiante &amp; Parpette (2011&nbsp;: 7)&nbsp;? Dans le sillon de la d&eacute;marche du FOU propos&eacute;e par Mangiante et Parpette (2004, 2011) qui s&rsquo;attache &agrave; r&eacute;pondre aux besoins des &eacute;tudiants en mati&egrave;re de comp&eacute;tences linguistiques et communicatives &agrave; l&rsquo;universit&eacute;, la d&eacute;marche que je tente d&rsquo;emprunter se propose de r&eacute;fl&eacute;chir, en compl&eacute;ment, &agrave; un accompagnement des &eacute;tudiants via un travail r&eacute;flexif sur l&rsquo;histoire des h&eacute;ritages acad&eacute;miques et sur les relations entre langues et disciplines.</p> <p>&nbsp;</p> <h4>1.1. Choix d&rsquo;une approche compr&eacute;hensive</h4> <p>Les choix &eacute;pist&eacute;mologiques adopt&eacute;s pour mener cette recherche sont issus de l&rsquo;approche compr&eacute;hensive, ayant pour objectif de placer la question du sens au centre de la d&eacute;marche. &Agrave; partir d&#39;une approche situ&eacute;e qui consiste &agrave; prendre en compte l&#39;ensemble des conditions sociales et th&eacute;oriques de r&eacute;alisation de la recherche (Groulx, 1999&nbsp;: 322, cit&eacute; par Charmillot et Dayer, 2007&nbsp;: 129, Mucchielli, 2009), les modalit&eacute;s de la recherche r&eacute;sident dans des allers-retours r&eacute;flexifs entre la th&eacute;orie et le terrain. La th&eacute;orie sert d&#39;appui, permet d&#39;interroger le terrain dont des &eacute;l&eacute;ments d&#39;interpr&eacute;tation viennent &agrave; leur tour interroger la th&eacute;orie et en formuler des &eacute;l&eacute;ments. Plus sp&eacute;cifiquement, la pr&eacute;sente recherche s&#39;inscrit dans une tradition de recherche ph&eacute;nom&eacute;nologique-herm&eacute;neutique en sciences humaines qui provient d&#39;une r&eacute;flexion sur ce qu&#39;est la connaissance dans les sciences humaines (Robillard, &agrave; par.<a href="#" name="nbp4">[4]</a>). Dans cette tradition, l&#39;interpr&eacute;tation est la d&eacute;marche traduisante qui sert le processus de compr&eacute;hension. Celui qui comprend est plac&eacute; dans une contextualit&eacute;, un horizon historique (Ric&oelig;ur&nbsp;: 1972, Gadamer&nbsp;: 1986). Le replacement de la compr&eacute;hension dans cet horizon (Gadamer, 1986&nbsp;: 326-327) sert l&#39;objectif d&#39;expliciter la perspective dans laquelle la connaissance est &eacute;labor&eacute;e et proc&egrave;de d&#39;une d&eacute;marche r&eacute;flexive qu&#39;il incombe au chercheur de mettre en &oelig;uvre. Les t&eacute;moignages des &eacute;tudiant.es et des enseignant.es rencontr&eacute;.es pour la recherche sont interpr&eacute;t&eacute;s au regard de ce qu&rsquo;ils livrent plus largement de leurs situations personnelles lors des entretiens et de ma fa&ccedil;on d&rsquo;appr&eacute;hender ce qu&rsquo;ils me donnent &agrave; entendre&nbsp;; leurs t&eacute;moignages sont mobilis&eacute;s avec le sens que je leur conf&egrave;re en les situant dans les diverses dimensions du contexte et de la situation de la recherche.</p> <h4>1.2. La question de d&eacute;part&nbsp;: l&rsquo;impact de la &laquo;&nbsp;culture &eacute;ducative&nbsp;&raquo; dans la construction du rapport au savoir&nbsp;?</h4> <p>La rencontre avec des &eacute;tudiants et des enseignants d&#39;horizons g&eacute;ographiques et de disciplines divers permet de rendre compte de la diversit&eacute; des conceptions des &eacute;tudes universitaires selon les lieux et les disciplines. S&rsquo;il est commun&eacute;ment admis que le c&oelig;ur de l&#39;activit&eacute; r&eacute;unissant &eacute;tudiants et enseignants consiste en la transmission et l&#39;&eacute;laboration de connaissances, il n&#39;y a pas de v&eacute;ritable consensus sur ce que recouvrent ces notions. Le fait d&#39;&eacute;tudier dans un pays ou dans un autre, dans une langue ou dans une autre, implique diff&eacute;rentes fa&ccedil;ons de concevoir les &eacute;tudes, les disciplines, les traditions d&#39;enseignement. Aussi, &eacute;tudier dans une langue &laquo;&nbsp;&eacute;trang&egrave;re&nbsp;&raquo;<a href="#" name="nbp5">[5]</a> implique des situations singuli&egrave;res de confrontation &agrave; l&#39;alt&eacute;rit&eacute;. Dans le cadre de ce travail, ce sont les dimensions socioculturelles des enseignements qui sont questionn&eacute;es afin de pouvoir expliciter ce qui est entendu et attendu par &laquo;&nbsp;transmission&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;apprentissage&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;restitution des connaissances&nbsp;&raquo; &agrave; l&#39;universit&eacute;, et qui constitue ce que l&#39;on appelle &laquo;&nbsp;culture &eacute;ducative&nbsp;&raquo; (voir Beacco <em>et al.</em>, 2005) en didactique des langues et des cultures. La probl&eacute;matique centrale, inh&eacute;rente aux situations interculturelles en formation, porte sur l&#39;appropriation par les &eacute;tudiant.es des formes de (rapport au) savoir privil&eacute;gi&eacute;es &agrave; l&#39;universit&eacute;<a href="#" name="nbp6">[6]</a>.</p> <p>Apr&egrave;s avoir pr&eacute;sent&eacute; quelques exemples tir&eacute;s de mes entretiens, j&rsquo;explorerai comment la contextualisation et l&#39;historicisation des pratiques universitaires (formats d&#39;enseignement, formats d&#39;&eacute;valuation, contenu des disciplines, situation des savoirs et rapports aux langues) peuvent constituer une explicitation heuristique pour les &eacute;tudiants. Ce questionnement est envisag&eacute; sous l&#39;angle du &laquo;&nbsp;projet&nbsp;&raquo; et de &laquo;&nbsp;l&#39;appropriation&nbsp;&raquo; (Castellotti, 2017) en r&eacute;fl&eacute;chissant aux aspects suivants&nbsp;: les cultures et les traditions (&eacute;ducatives) (Espagne&nbsp;: 2004, Beacco <em>et. al</em>&nbsp;: 2005), la notion de contexte (Castellotti &amp; Moore&nbsp;: 2008, Castellotti, Debono &amp; Huver&nbsp;: 2016), l&#39;histoire pour aborder les cultures et les traditions, et l&#39;herm&eacute;neutique (Ric&oelig;ur&nbsp;: 1972, Gadamer&nbsp;: 1986) pour les interpr&eacute;ter comme mode d&#39;appropriation.</p> <p>Les &eacute;tudiant.es rencontr&eacute;.es dans le cadre d&#39;entretiens r&eacute;alis&eacute;s pour ma recherche<a href="#" name="nbp7">[7]</a> ont fait part de situations diverses, que j&#39;ai identifi&eacute;es comme &eacute;tant relatives &agrave; une pluralit&eacute; de formes de rapports au savoir (Charlot, 1997), de traditions et cultures acad&eacute;miques, de significations des concepts selon les &laquo;&nbsp;aires culturelles&nbsp;&raquo;. Parmi ces situations, celle d&#39;Elli, &eacute;tudiante japonaise de comptabilit&eacute; qui au Japon apprenait des listes de questions/r&eacute;ponses par c&oelig;ur, et qui en France a d&ucirc; se confronter &agrave; la r&eacute;alisation d&#39;&eacute;crits analytiques et argument&eacute;s pour son m&eacute;moire de Master 1&nbsp;; celle de Bianca, &eacute;tudiante colombienne qui dit s&#39;&ecirc;tre rendu compte qu&#39;un m&ecirc;me concept ne signifiait pas la m&ecirc;me chose en France et en Colombie&nbsp;; celle de Nene, &eacute;tudiant congolais d&#39;Administration &eacute;conomique et sociale (AES), se d&eacute;clarant surpris du rapport &agrave; l&#39;oral et &agrave; la langue fran&ccedil;aise des &eacute;tudiants dans les travaux dirig&eacute;s (TD)&nbsp;; ou encore en Lettres/Litt&eacute;rature, celle d&#39;&eacute;tudiants &eacute;tats-uniens qui ont l&#39;habitude d&rsquo;&eacute;crire des essais aux USA, confront&eacute;s en France &agrave; l&#39;exercice de la dissertation. Le fait d&#39;apprendre (dans) une autre langue ou vari&eacute;t&eacute; (que celle la plus famili&egrave;re) est d&rsquo;abord une question de rapport &agrave; l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;, ce qui semble constituer le &laquo;&nbsp;n&oelig;ud&nbsp;&raquo; des difficult&eacute;s rencontr&eacute;es, tant pour les enseignants que les &eacute;tudiants qui ne sont pas conscients de cette dimension. Les questions interculturelles que suscitent ces situations sont donc abord&eacute;es dans ce travail sous l&#39;angle du rapport &agrave; l&#39;alt&eacute;rit&eacute;. Avant de pr&eacute;ciser quelle pourrait &ecirc;tre une d&eacute;marche p&eacute;dagogique int&eacute;grant ces questions, il appara&icirc;t n&eacute;cessaire d&#39;expliciter les notions mobilis&eacute;es pour penser la diversit&eacute; linguistique et culturelle dans les situations formatives &agrave; l&#39;universit&eacute;.</p> <h4>1.3. Cultures d&rsquo;apprentissage / d&rsquo;enseignement, traditions acad&eacute;miques, h&eacute;ritages &eacute;ducatifs&nbsp;? &Eacute;volution des conceptions</h4> <p>La notion de culture &eacute;ducative est conceptualis&eacute;e et mobilis&eacute;e en didactique des langues et des cultures, en particulier par Beacco <em>et. a</em>l (dir.), (2005). Beacco (2008), rappelle que &laquo;&nbsp;[&hellip;] par ce terme de culture éducative, on désigne plusieurs ensembles de traits qui configurent les processus éducatifs dans une société ou un ensemble de sociétés donné.&nbsp;&raquo; (Beacco, 2008&nbsp;: 7). Ces processus sont &agrave; la fois didactiques, linguistiques (dans le cadre des enseignements de langue, mais aussi dans le cadre des enseignements disciplinaires &agrave; l&#39;universit&eacute; m&ecirc;me si cela diff&egrave;re en partie) et &eacute;ducatifs. Les traits des cultures &eacute;ducatives s&#39;articulent en plusieurs aspects et concernent &agrave; la fois &laquo;&nbsp;[&hellip;] les activités éducatives et les traditions d&rsquo;apprentissage [&hellip;], forment comme un ensemble de contraintes qui conditionnent en partie enseignants et apprenants&nbsp;&raquo; (<em>ibid.</em>) et peuvent n&eacute;cessiter des activit&eacute;s de m&eacute;diation pour amener les &eacute;tudiants &agrave; comprendre les enjeux et les objectifs des formats d&#39;apprentissage en question (<em>ibid.</em>). La notion de culture &eacute;ducative est rattach&eacute;e &agrave; la notion de contexte pour d&eacute;signer l&#39;ensemble des caract&eacute;ristiques &agrave; prendre en compte pour analyser, interpr&eacute;ter, d&eacute;crire les situations d&#39;enseignement et d&#39;apprentissage (voir Chiss et Cicurel, 2005&nbsp;: 5-6).</p> <p>L&#39;un des int&eacute;r&ecirc;ts de la description d&#39;une culture &eacute;ducative est donc de pouvoir identifier des traits culturels propres qui peuvent &ecirc;tre mis en regard et compar&eacute;s ou &eacute;tudi&eacute;s dans leur dimension crois&eacute;e &agrave; d&#39;autres &eacute;l&eacute;ments culturels d&#39;autres cultures identifi&eacute;es. Cependant, la coloration donn&eacute;e &agrave; la notion de culture &agrave; travers l&#39;id&eacute;e de &laquo;&nbsp;traits culturels&nbsp;&raquo; tend &agrave; en cr&eacute;er une image homog&egrave;ne, stable et &eacute;troitement d&eacute;terministe. Bien que la notion de contexte permette d&#39;envisager l&#39;ensemble des param&egrave;tres au sein desquels un &eacute;tat de fait se forme, celle de situation permet de d&eacute;faire le clivage suppos&eacute; entre un sujet et un environnement qui lui serait ext&eacute;rieur et le conditionnerait (Castellotti, Debono &amp; Huver, 2016&nbsp;: 50), en &laquo;&nbsp;[&hellip;] renv[oyant] davantage aux circonstances m&ecirc;me de ce qu&rsquo;on vise &agrave; caract&eacute;riser&nbsp;&raquo; (<em>ibid.</em>).</p> <p>Plus que l&#39;id&eacute;e de &laquo;&nbsp;traditions acad&eacute;miques&nbsp;&raquo; qui peut avoir une connotation n&eacute;gative puisqu&#39;il renvoie implicitement au pass&eacute;, la notion d&#39;h&eacute;ritage permet de &laquo;&nbsp;rendre pr&eacute;sente&nbsp;&raquo; la tradition et de faire le lien entre &laquo;&nbsp;culture&nbsp;&raquo; (qui en serait le r&eacute;sultat pr&eacute;sent) et &laquo;&nbsp;tradition&nbsp;&raquo;, qui renvoient chacun &agrave; des formes de d&eacute;terminisme. Un h&eacute;ritage peut &ecirc;tre accept&eacute; ou refus&eacute;, et quel que soit le choix ou la r&eacute;action face &agrave; cet h&eacute;ritage, c&#39;est une appropriation positive ou n&eacute;gative (donc, dynamique) qui en est faite. Les pratiques p&eacute;dagogiques li&eacute;es aux disciplines constituent des fa&ccedil;ons de faire, de penser, h&eacute;rit&eacute;es du pass&eacute; par un groupe social ou professionnel (Chervel, 1988). A travers les propos des &eacute;tudiants synth&eacute;tis&eacute;s ci-dessus, j&#39;observe effectivement un entrecroisement de ces dimensions tant explicites qu&#39;implicites, les &eacute;l&eacute;ments implicites constituant parfois une v&eacute;ritable difficult&eacute; pour les &eacute;tudiants qui n&#39;en sont pas d&eacute;positaires. On peut d&eacute;celer en outre une intrication des traditions disciplinaires et &eacute;ducatives, et des formes de continuit&eacute; entre traditions &eacute;ducatives et universitaires. Il appara&icirc;t alors n&eacute;cessaire d&#39;expliciter cette pluri-dimensionnalit&eacute; dans les traditions universitaires, et &eacute;galement de clarifier ce qui rel&egrave;ve de l&#39;implicite et de l&#39;explicite.</p> <p>J&rsquo;illustrerai cette articulation au moyen de la notion de Bildung, considérée comme un &laquo;&nbsp;intraduisible&nbsp;&raquo; (Cassin, 2004), qui &eacute;claire autrement les notions de culture et de civilisation et qui offre une vision de la culture comme &agrave; la fois culture personnelle de l&#39;individu, et formation imprégnée d&#39;une situation culturelle et de traditions historiques, ce qui est &eacute;clairant dans le contexte de cette recherche. Selon Espagne (dans Cassin, 2004&nbsp;: 197), le terme de Bildung &laquo;&nbsp;[&hellip;] acquiert chez [Herder, philosophe du nationalisme romantique] un statut qui permet d&#39;englober à la fois la référence au devenir biologique, et organique des formes, et à l&#39;éducation intellectuelle, au raffinement des m&oelig;urs&nbsp;&raquo; (<em>ibid.</em> : 197). Or, chez Herder,</p> <blockquote> <p>&laquo; [...] la Bildung s&#39;applique moins à l&#39;individu qu&#39;à l&#39;ensemble de l&#39;humanité. Du coup elle tend à se confondre purement et simplement avec l&#39;histoire, une histoire qui ne serait pas seulement celle des idées, mais aussi celle des comportements, des sentiments et des impressions sensibles [...]. &raquo; (ibid.)</p> </blockquote> <p>La notion continue de prendre forme dans le travail de Fichte,</p> <blockquote> <p>&laquo; [...] notamment [dans le] Discours à la nation allemande où l&#39;éducation qui modifie non pas seulement le patrimoine de l&#39;individu mais sa nature même joue au niveau du peuple le rôle d&#39;un ciment unificateur. La Bildung n&#39;est plus alors une formation spécifique, elle est alors &ldquo;allgemeine Bildung (culture générale)&rdquo;.&nbsp;&raquo; (ibid. : 198)</p> </blockquote> <p>Aborder les h&eacute;ritages culturels des enseignements, fruits de traditions, en compl&eacute;tant avec une r&eacute;flexion historique sur l&#39;&eacute;volution des fonctions de l&#39;universit&eacute; dans le temps<a href="#" name="nbp8">[8]</a> permet de construire une r&eacute;flexion sur les questions culturelles dans le champ universitaire, en particulier des points de vue des situations d&#39;enseignement et d&#39;apprentissage. Il est cependant n&eacute;cessaire d&#39;envisager une d&eacute;marche qui articule les dimensions culturelles et la question du rapport &agrave; l&#39;alt&eacute;rit&eacute;.</p> <h4>1.4. Approches r&eacute;flexives&nbsp;: l&rsquo;appui des d&eacute;marches (inter)culturelles</h4> <p>Le pr&eacute;sent travail propose de s&#39;int&eacute;resser &agrave; une d&eacute;marche qui consisterait, pour les &eacute;tudiants, &agrave; r&eacute;flexiver<a href="#" name="nbp9">[9]</a> leur exp&eacute;rience &agrave; travers des approches historicisantes<a href="#" name="nbp10">[10]</a> des disciplines et des cultures didactiques et p&eacute;dagogiques li&eacute;es &agrave; des h&eacute;ritages &eacute;ducatifs. Pour cela, le travail s&rsquo;appuie sur les approches interculturelles qui ont pour objectif premier une conscience et une compr&eacute;hension de l&rsquo;alt&eacute;rit&eacute;. En didactique des langues et des cultures, ces approches apparaissent dans les années 1980-1990 avec pour finalité pédagogique la mise en &oelig;uvre de processus de décentration (sortir de l&#39;ethnocentrisme) et de &laquo; compréhension de l&#39;autre &raquo;. Ainsi, Zarate en 1993 propose une approche par les représentations et stéréotypes élaborés sur la culture des autres et la sienne propre. À travers une approche anthropologique, Abdallah-Pretceille et Porcher (1996) développent une conception &agrave; la fois pragmatique (Abdallah-Pretceille, 2003&nbsp;: 177) et herméneutique de l&#39;interculturel&nbsp;: &laquo;&nbsp;[&hellip;] l&rsquo;enjeu consiste &agrave; passer du stade descriptif au processus d&rsquo;engendrement et d&rsquo;interpr&eacute;tation en s&rsquo;appuyant sur des savoirs m&ecirc;l&eacute;s&nbsp;&raquo; (Abdallah-Pretceille et Porcher, 1996&nbsp;: 65). Il est ainsi impossible d&#39;imaginer ou d&#39;expliquer des savoirs préconçus (Abdallah-Pretceille, 2003) sur les éléments culturels&nbsp;; en revanche, la réflexion sur des champs culturels et leur interprétation menant à des hypothèses (tel le travail de l&#39;anthropologue) constitue un exercice herméneutique.</p> <p>Ces approches (inter)culturelles peuvent contribuer &agrave; expliciter les situations internationalis&eacute;es de formation universitaires &agrave; travers deux aspects&nbsp;: les dimensions m&eacute;thodologiques qui s&rsquo;inscrivent dans l&rsquo;histoire des cultures acad&eacute;miques, et qui se traduisent en m&ecirc;me temps dans des usages linguistiques et scripturaux sp&eacute;cifiques dans la mesure o&ugrave; les &eacute;tudiants doivent s&rsquo;approprier le langage scientifique, qui n&rsquo;est pas du langage commun, et dont les concepts ne sont pas n&eacute;cessairement &eacute;quivalents d&rsquo;une langue &agrave; l&rsquo;autre. Nous le verrons en explorant les dimensions historiques des h&eacute;ritages culturels dans les contextes de formation universitaire et leur interpr&eacute;tation, &agrave; travers notamment, ci-dessous l&rsquo;exemple de Bianca.</p> <h4>2.&nbsp; Une approche r&eacute;flexive et historicisante n&eacute;cessaire dans les situations formatives universitaires</h4> <p>Un des objectifs de ma recherche &ndash; et de la pr&eacute;sente contribution dans une moindre mesure -, est d&#39;expliciter, au moins en partie et pour certaines aires disciplinaires, des &eacute;l&eacute;ments de contextualisation et d&#39;historicisation sur lesquels les enseignants pourraient s&#39;appuyer (qu&#39;ils pourraient &eacute;galement approfondir et prolonger) pour que les &eacute;tudiants puissent mieux situer les usages auxquels ils sont confront&eacute;s. Les r&eacute;ponses aux questions pos&eacute;es en entretiens portant sur les situations d&#39;&eacute;criture en formation t&eacute;moignent de la pr&eacute;sence forte des traditions et dimensions culturelles dans l&#39;enseignement. Le propos de Sonia, enseignante de Lettres modernes, en constitue un exemple. Elle d&eacute;clare que &laquo; (...) s&#39;il est vrai que parfois, pour aller vite, on dit aux étudiants qu&#39;ils ont des problèmes linguistiques, en fait ce n&#39;est pas que cela, voire, pas du tout cela &raquo;. Quand je lui demande de quoi il s&#39;agit, elle explique qu&#39;il s&#39;agit de la méconnaissance des éléments propres à &laquo; la pensée cartésienne française &raquo; et &laquo; à la tradition critique française &raquo;. Ces deux &eacute;l&eacute;ments sont des exemples de dimensions culturelles li&eacute;es &agrave; l&#39;histoire des sciences et des disciplines, qui peuvent constituer des obstacles et des implicites de taille pour qui n&#39;en est pas familier. Nous verrons ci-dessous comment la question des &laquo;&nbsp;formats&nbsp;&raquo; des &eacute;crits acad&eacute;miques et des disciplines se conjugue pour former des implicites culturels, et pourquoi les aborder &agrave; travers l&#39;histoire constitue une d&eacute;marche heuristique.</p> <h4>2.1. Historicit&eacute; des h&eacute;ritages&nbsp;: l&#39;exemple des &eacute;crits acad&eacute;miques</h4> <p>L&#39;&eacute;criture, en tant que m&eacute;dium ayant une place centrale dans l&#39;univers scolaire et plus sp&eacute;cifiquement &agrave; l&rsquo;universit&eacute; (Chervel, 1998&nbsp;; Barr&eacute;-de Miniac, 2000&nbsp;; Boch &amp; Frier, 2015) peut &ecirc;tre con&ccedil;ue comme simple canal de restitution des connaissances, ou &agrave; l&rsquo;inverse comme un moyen processuel d&#39;appropriation des connaissances. Ces diff&eacute;rentes conceptions de l&#39;&eacute;criture acad&eacute;mique m&eacute;ritent d&#39;&ecirc;tre explicit&eacute;es aupr&egrave;s des &eacute;tudiants car elles d&eacute;coulent d&rsquo;h&eacute;ritages &eacute;ducatifs, si l&rsquo;on consid&egrave;re que les enseignants participent &agrave; v&eacute;hiculer ces conceptions (Barr&eacute;-de Miniac, 2002&nbsp;: 35-36). Outre ces dimensions conceptuelles, on peut observer dans les &eacute;crits acad&eacute;miques d&#39;autres dimensions culturelles &agrave; l&#39;&oelig;uvre telles que des r&egrave;gles, normes, types d&rsquo;exercices, attendus implicites et explicites&nbsp;; elles prennent forme dans l&#39;histoire des disciplines, des traditions scolaires et universitaires, et tout &eacute;tudiant peut en int&eacute;grer sa compr&eacute;hension &agrave; son travail acad&eacute;mique. Mais la compr&eacute;hension de ces divers h&eacute;ritages &laquo;&nbsp;culturels&nbsp;&raquo; (linguistiques, &eacute;ducatifs, scolaires, philosophiques, &eacute;pist&eacute;mologiques, etc.) qui sous-tendent toute acquisition des connaissances et tout &eacute;crit (ici acad&eacute;mique), donne lieu &agrave; des interrogations pr&eacute;alables.</p> <p>Nous allons le voir &agrave; travers l&rsquo;exemple significatif de Bianca, &eacute;tudiante colombienne en Master 1 de Sciences de l&rsquo;&eacute;ducation. Au cours de l&rsquo;entretien que je m&egrave;ne avec elle, elle &eacute;voque sa perception des textes disciplinaires en fran&ccedil;ais&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Bianca&nbsp;: &laquo;&nbsp;[&hellip;] y&#39;a encore plein de... d&#39;expressions, de mots, des choses que je connais pas donc quand je lis je comprends presque tout mais y&#39;a toujours des mots &agrave; chercher, y&#39;a des nuances que je comprends pas vraiment, donc des mots qui se ressemblent et qui pour moi sont presque pareils mais pour un Fran&ccedil;ais c&#39;est pas du tout la m&ecirc;me chose, voil&agrave;, ou en tout cas pour les professeurs c&#39;est pas du tout la m&ecirc;me chose [...]. &raquo;</p> </blockquote> <p>Au cours de l&rsquo;&eacute;change, elle se rend compte qu&rsquo;il n&rsquo;y a pas toujours d&rsquo;&eacute;quivalence conceptuelle bien que certains concepts puissent sembler transparents ou proches du fait d&rsquo;une terminologie similaire en fran&ccedil;ais et en castillan, sa langue maternelle. Elle d&eacute;clare&nbsp;: &laquo;&nbsp;pour un Fran&ccedil;ais c&rsquo;est pas du tout la m&ecirc;me chose&nbsp;&raquo;, puis ajoute&nbsp;: &laquo;&nbsp;en tout cas pour les professeurs c&rsquo;est pas du tout la m&ecirc;me chose&nbsp;&raquo;. Le lien entre langue et science est ainsi soulev&eacute;&nbsp;: il ne s&rsquo;agit pas de la langue en soi, mais de l&rsquo;histoire de cette discipline et de son d&eacute;veloppement dans cette langue qui a elle-m&ecirc;me &eacute;volu&eacute; &agrave; une &eacute;poque et dans un contexte pr&eacute;cis. Les propos de L&eacute;vy-Leblond (1996) cit&eacute;s par Gajo (2013) appuient ce constat qui pose que &laquo;&nbsp;[&hellip;] &lsquo;parler la science&rsquo; va au-del&agrave; de &lsquo;parler de la science&rsquo;, pratiques linguistiques et pratiques scientifiques relevant d&rsquo;une m&ecirc;me dynamique&nbsp;&raquo; (Gajo, 2013 : 100). Par exemple, dans le domaine du management interculturel, Usunier (2010) montre en quoi le fait de r&eacute;aliser des comparaisons entre diff&eacute;rentes cultures de management &agrave; partir de questionnaires uniquement en anglais, partant du principe que des concepts sont &eacute;quivalents en diff&eacute;rentes langues, &laquo; [&hellip;] tend &agrave; estomper les diff&eacute;rences culturelles entre contextes linguistiques &raquo; (<em>ibid.</em> : 23). Il s&#39;agit selon lui d&#39;une &laquo; [&hellip;] vue purement instrumentale de la langue, en tant que v&eacute;hicule neutre des id&eacute;es et des concepts, [qui] conduit au d&eacute;veloppement d&#39;un corps de savoir artificiellement homog&egrave;ne et standardis&eacute; &raquo; (<em>ibid.</em> : 22). Beacco souligne que les relations entre langues et production de connaissances se d&eacute;veloppent de fa&ccedil;on interinfluentes : la qualit&eacute; de la communication entre les chercheurs &eacute;laborant des connaissances scientifiques a &agrave; voir avec les r&eacute;sultats &eacute;labor&eacute;s (2017 : 198) ; en outre, &laquo; [&hellip;] dans la construction des connaissances interviennent les m&eacute;taphores qui sont des cr&eacute;ations propres &agrave; chaque langue &raquo; (<em>op.cit.</em>).</p> <p>Dans ce second exemple, Bianca nous parle de son rapport &agrave; l&rsquo;&eacute;criture de textes universitaires&nbsp;:</p> <blockquote> <p>Bianca&nbsp;: &laquo;&nbsp;Dans l&rsquo;&eacute;criture, il y a la m&eacute;thode fran&ccedil;aise, ce qu&rsquo;on appelait dans les cours de fran&ccedil;ais [langue &eacute;trang&egrave;re] la m&eacute;thode fran&ccedil;aise, donc il faut &eacute;crire avec un plan puis d&eacute;velopper et tout &ccedil;a, moi j&rsquo;ai pas du tout appris &agrave; &eacute;crire comme &ccedil;a, comme on fait &agrave; la fac, donc c&rsquo;est-&agrave;-dire que j&rsquo;essaie un petit peu de faire semblant que je connais le plan, donc j&rsquo;essaie de suivre un plan, mais je peux pas le faire comme le font souvent les Fran&ccedil;ais, les Fran&ccedil;ais que je connais. Genre, &eacute;crire une table des mati&egrave;res et commencer &agrave; d&eacute;velopper point par point, je peux pas. J&rsquo;&eacute;cris tout d&rsquo;un coup et puis apr&egrave;s j&rsquo;essaie de le poser comme si c&rsquo;&eacute;tait un plan mais en fait c&rsquo;est pas du tout pareil.&nbsp;&raquo;</p> </blockquote> <p>Ici, l&rsquo;&eacute;tudiante &eacute;voque deux aspects qui peuvent &ecirc;tre identifi&eacute;s selon deux th&eacute;matiques. La premi&egrave;re est celle des &laquo;&nbsp;formats&nbsp;&raquo; des &eacute;crits acad&eacute;miques&nbsp;qui se diff&eacute;rencient selon les aires g&eacute;ographiques et culturelles (la dissertation et l&rsquo;essai par exemple) et que l&rsquo;on enseigne, dans les cours de FLE ou de FOU, mais aussi dans les cours de discipline (en lettres ou en histoire par exemple). La seconde est celle des conceptions du travail d&rsquo;&eacute;criture, selon que l&rsquo;on per&ccedil;oit l&rsquo;&eacute;criture comme processuelle et structurante ou comme moyen d&rsquo;exprimer une pens&eacute;e d&eacute;j&agrave; formul&eacute;e.</p> <p>De ces exemples d&eacute;coulent les questions suivantes&nbsp;: comment la situation et l&#39;historicisation des usages<a href="#" name="nbp11">[11]</a> peuvent-elle constituer une voie d&#39;explicitation / d&#39;appropriation pertinente pour les &eacute;tudiants&nbsp;? Quelles d&eacute;marches d&rsquo;accompagnement peuvent &eacute;clairer ou contribuer &agrave; leur compr&eacute;hension des situations et pratiques universitaires&nbsp;?</p> <h4>2.2. Les disciplines universitaires&nbsp;et leur enseignement : au carrefour des contextes, des mod&egrave;les scientifiques et des impulsions politiques</h4> <p>Les disciplines universitaires ne sont pas d&eacute;termin&eacute;es universellement par l&#39;objet de connaissance dont elles sont cens&eacute;es traiter et d&eacute;pendent fortement de la conception &eacute;pist&eacute;mologique et gnos&eacute;ologique qu&#39;en ont (eu) les savants, chercheurs, th&eacute;oriciens, mais aussi les d&eacute;cideurs politiques dans le temps historique et selon les espaces. Les contextes historiques et locaux, culturels (c&#39;est ici que la notion de culture / tradition scolaire et universitaire prend son sens), conditionnent partiellement les conceptions des disciplines, ce qui peut surprendre voire d&eacute;router les &eacute;tudiant.es. Viñao (2010) expose l&#39;int&eacute;r&ecirc;t de l&#39;&eacute;tude des disciplines scolaires d&#39;un point de vue historiographique, dont la transposition pourrait &ecirc;tre pertinente dans le champ de la didactique universitaire, pour aborder ces &laquo;&nbsp;aspects mal connus&nbsp;&raquo; (<em>ibid.</em>&nbsp;: 8), pas seulement pour la question de la transmission et la reproduction des connaissances, mais pour la question des formes de savoirs. Dans sa synth&egrave;se des id&eacute;es de l&#39;historien Julia pour penser le concept de discipline scolaire, Viñao mentionne ce que constitue pour l&#39;historien la culture scolaire, &agrave; savoir &laquo;&nbsp;un ensemble de normes qui définissent des savoirs à enseigner et des conduites à inculquer et un ensemble de pratiques qui permettent la transmission de ces savoirs et l&rsquo;incorporation de ces comportements&nbsp;&raquo; (Viñao citant Julia, 2010&nbsp;: 83). Ces pratiques, selon Julia, rel&egrave;vent de &laquo;&nbsp;processus formels scolarisés&nbsp;&raquo;, il va jusqu&#39;&agrave; parler de &laquo;&nbsp;nouvelle religion avec ses rites et ses mythes&nbsp;&raquo; (<em>ibid.</em>). Les savoirs diffus&eacute;s dans les institutions scolaires ont donc une forme sp&eacute;cifique&nbsp;: &laquo;&nbsp;[l]es disciplines scolaires, qui résultent de la médiation pédagogique dans un champ de connaissances, seraient une de ces productions [de savoir] ou créations propres.&nbsp;&raquo; (<em>ibid.</em>&nbsp;: 83). L&#39;historien de l&#39;&eacute;ducation Chervel ajoute que</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;[c]hasser la pédagogie de l&#39;étude des contenus, c&#39;est se condamner à ne rien comprendre au fonctionnement réel des enseignements. La pédagogie, bien loin d&#39;être un lubrifiant déversé sur le mécanisme, n&#39;est pas autre chose qu&#39;un élément de ce mécanisme, celui qui transforme les enseignements en apprentissages.&nbsp;&raquo; (Chervel, 1988&nbsp;: 67)</p> </blockquote> <p>Ce propos conforte l&#39;int&eacute;r&ecirc;t port&eacute; dans le pr&eacute;sent travail aux pratiques p&eacute;dagogiques qui donnent en partie forme aux disciplines universitaires. La r&eacute;flexion peut ainsi s&#39;articuler sur deux axes&nbsp;: celui des disciplines, interrogeant prioritairement ce qu&#39;est une discipline, et celui de l&#39;enseignement des disciplines qui d&eacute;coule de/ou dialogue avec la conception qu&#39;ont les enseignants de la discipline en question. &Agrave; travers l&#39;exemple de l&#39;enseignement de l&#39;histoire ou des lettres, Jacquet-Francillon (2015&nbsp;: 51) montre que la fa&ccedil;on d&#39;envisager les enseignements ne d&eacute;pend pas seulement des mod&egrave;les scientifiques dominants &agrave; une &eacute;poque donn&eacute;e mais aussi d&#39;impulsions politiques<a href="#" name="nbp12">[12]</a>. Selon l&#39;auteur (<em>ibid.</em>), les objectifs de la p&eacute;dagogie peuvent &ecirc;tre disjoints des mod&egrave;les &eacute;pist&eacute;mologiques dominants. En outre, l&#39;histoire politique de l&#39;&eacute;ducation et de l&#39;enseignement sup&eacute;rieur donne &agrave; voir des orientations particuli&egrave;res. Par exemple, un professeur comme Lanson (1857-1943), qui fut directeur de l&#39;Ecole Normale Sup&eacute;rieure, exer&ccedil;a une influence politique dans les r&eacute;formes universitaires de son temps<a href="#" name="nbp13">[13]</a> et par cons&eacute;quent sur la forme donn&eacute;e &agrave; certains enseignements. Les positionnements des hommes politiques, &eacute;galement issus du corps universitaire comme Duruy, ou non, comme Ferry, contribuent &agrave; donner une orientation particuli&egrave;re &agrave; la culture scolaire et universitaire fran&ccedil;aise. Jacquet-Francillon rapporte ainsi, entre autres exemples, que &laquo;&nbsp;Victor Duruy, dans un rapport sur le baccalauréat du 27 novembre 1864, déclare que l&rsquo;épreuve de philosophie doit &ecirc;tre moins une &eacute;preuve de mémoire qu&rsquo;une &eacute;preuve d&rsquo;intelligence [...]&nbsp;&raquo; (Jacquet-Francillon, 2015&nbsp;: 53). Enfin, les finalit&eacute;s donn&eacute;es &agrave; l&#39;universit&eacute; peuvent donner une direction particuli&egrave;re &agrave; la formation des disciplines et des usages universitaires. Liard nous en donne un exemple&nbsp;:</p> <blockquote> <p>&laquo;&nbsp;Pour les philosophes de la R&eacute;volution, la science &eacute;tait le but de l&#39;enseignement sup&eacute;rieur. Pour les administrateurs du Consulat le but fut la poursuite des grades professionnels.&nbsp;&raquo; (Liard, 1890&nbsp;: 5)</p> </blockquote> <p>Les exemples propos&eacute;s ici forment le d&eacute;tail de diff&eacute;rents crit&egrave;res d&#39;explicitation qui peuvent jalonner les d&eacute;marches historicisantes envisag&eacute;es dans une approche interculturelle des situations de formation universitaire.</p> <h4>Conclusion&nbsp;: Former les &eacute;tudiants en sensibilisant les enseignants aux approches historicisantes</h4> <p>Les extraits du t&eacute;moignage de Bianca nous ont montr&eacute; &agrave; quel point les dimensions culturelles &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre dans l&rsquo;appropriation des usages universitaires (formats d&rsquo;&eacute;crit, usages langagiers, etc.) m&eacute;ritent d&rsquo;&ecirc;tre travaill&eacute;es avec les &eacute;tudiant.es. &Agrave; partir de l&rsquo;histoire des langues et de leur r&ocirc;le dans les disciplines (2.1), on peut inviter les enseignant.es &agrave; former leurs &eacute;tudiant.es &agrave; travers des approches historicisantes des &eacute;crits acad&eacute;miques et des disciplines&nbsp;universitaires.</p> <p>Ces approches constitueraient ainsi une entr&eacute;e privil&eacute;gi&eacute;e permettant de proposer aux &eacute;tudiant.es des pistes de r&eacute;flexion, comme&nbsp;: investiguer sur l&rsquo;&eacute;mergence et l&rsquo;itin&eacute;raire d&rsquo;un concept&nbsp;&agrave; travers le temps et d&rsquo;un contexte &agrave; un autre, en mettant l&rsquo;accent sur la r&eacute;ception, la perception et l&rsquo;explicitation mutuelle de ce concept ; comparer des &eacute;crits scientifiques et leurs modalit&eacute;s d&rsquo;interpr&eacute;tation sur un m&ecirc;me sujet en les situant dans le temps et l&rsquo;espace&nbsp;; proposer des activit&eacute;s de traduction&nbsp;entre deux langues (ou plus) mettant en &eacute;vidence les diff&eacute;rences entre les normes discursives et la diversit&eacute; des interpr&eacute;tations conceptuelles&nbsp;; mener une enqu&ecirc;te sur la constitution et le d&eacute;veloppement d&rsquo;une discipline, en d&rsquo;autre termes sur son histoire dans le contexte universitaire d&rsquo;accueil et dans celui d&rsquo;origine&nbsp;; expliciter les rapports aux langues et aux normes (&agrave; la langue d&rsquo;enseignement et aux autres langues) dans un contexte formatif donn&eacute; selon une perspective sociolinguistique historique en compl&eacute;tant par des activit&eacute;s interactives et r&eacute;flexives, partant de l&rsquo;exp&eacute;rience des &eacute;tudiant.es.</p> <p>En outre, on pourrait pr&eacute;voir pour les enseignant.es des modules de formation portant sur la diversit&eacute; des pratiques acad&eacute;miques, en mettant au jour les dimensions historiques, &eacute;pist&eacute;mologiques et linguistiques qui sous-tendent ces normes &agrave; l&rsquo;&eacute;crit, en analysant les concepts mobilis&eacute;s dans la construction des disciplines et l&rsquo;&eacute;volution de leurs conceptions, en interrogeant le rapport au savoir et &agrave; sa constitution historique dans sa propre soci&eacute;t&eacute;. Ces d&eacute;marches p&eacute;dagogiques pourraient faire l&rsquo;objet d&rsquo;un travail concert&eacute; entre les enseignants de fran&ccedil;ais des centres universitaires de langue au service des &eacute;tudiants allophones et des enseignants des disciplines, mais pourraient &eacute;galement &ecirc;tre int&eacute;gr&eacute;es aux cursus disciplinaires et s&rsquo;adresser &agrave; l&rsquo;ensemble des &eacute;tudiant.es des promotions, quel que soit leurs parcours universitaires ant&eacute;rieurs.</p> <p>En outre, afin de sensibiliser les enseignant.es &agrave; ces questions d&rsquo;appropriation socioculturelle par les &eacute;tudiant.es, il serait int&eacute;ressant de leur proposer une immersion dans des situations d&rsquo;enseignement, de communication et d&rsquo;&eacute;criture scientifique en langue &eacute;trang&egrave;re. Cela pourrait les amener &agrave; rendre plus explicites leurs propres attentes vis-&agrave;-vis de leurs &eacute;tudiants. Ces propositions devraient constituer un empan important de la formation des enseignants-chercheurs du sup&eacute;rieur, en &eacute;tant par exemple int&eacute;gr&eacute;es dans les formations doctorales, ou dans des modules des centres de p&eacute;dagogie universitaire.</p> <p>Autant de pistes qui pourraient permettre aux &eacute;tudiant.es de cerner les attentes formatives et &eacute;valuatives des enseignant.es et aux enseignant.es d&rsquo;anticiper les difficult&eacute;s rencontr&eacute;es par les &eacute;tudiant.es venant d&rsquo;autres syst&egrave;mes acad&eacute;miques.</p> <p>Pour finir, l&#39;approche historicisante et situationnelle que nous avons propos&eacute;e a pour ambition de d&eacute;voiler progressivement une herméneutique des valeurs / normes / usages du syst&egrave;me &eacute;ducatif et universitaire concern&eacute;, crois&eacute;e avec une herm&eacute;neutique de la construction et l&#39;&eacute;volution du champ disciplinaire concern&eacute;<a href="#" name="nbp14">[14]</a>. Ce d&eacute;voilement des dimensions culturelles implicites se ferait dans un constant va et vient entre le contexte d&rsquo;accueil et le contexte d&rsquo;origine des &eacute;tudiants &eacute;trangers et selon un processus de conscientisation des &laquo;&nbsp;&eacute;vidences culturelles&nbsp;&raquo; tant chez les enseignant.es que chez les &eacute;tudiant.es, qui, selon nous, est partie prenante des probl&eacute;matiques du champ du FOU.</p> <h4>Bibliographie</h4> <p>ABDALLAH-PRETCEILLE, Martine, Former et &eacute;duquer en contexte h&eacute;t&eacute;rog&egrave;ne. Pour un humanisme du divers, Paris, Anthropos/Economica, 2003.</p> <p>ABDALLAH-PRETCEILLE, Martine, PORCHER, Louis, Éducation et communication interculturelle, Paris, PUF, 1996.</p> <p>BARR&Eacute;-DE MINIAC, Christine, &laquo;&nbsp;Le rapport &agrave; l&rsquo;&eacute;criture. Une notion &agrave; plusieurs dimensions&nbsp;&raquo;, dans Pratiques n&deg;113-114, 2002, p. 29-40. URL&nbsp;: https://www.persee.fr/doc/prati_0338-2389_2002_num_113_1_1943</p> <p>BARR&Eacute;-DE MINIAC, Christine, Le rapport &agrave; l&#39;&eacute;criture&nbsp;: aspects th&eacute;oriques et didactiques, Villeneuve d&#39;Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2000.</p> <p>BEACCO, Jean-Claude, &laquo; Les cultures éducatives et le Cadre européen commun de référence pour les langues &raquo;, in Revue japonaise de didactique du français, Vol. 3, n&deg; 1, Études didactiques, 2008, p. 6-18. URL&nbsp;: https://sjdf.org/pdf/01Beacco.pdf</p> <p>BEACCO, Jean-Claude, De la diversit&eacute; linguistique &agrave; l&rsquo;&eacute;ducation plurilingue. Guide pour l&rsquo;&eacute;laboration des politiques linguistiques &eacute;ducatives en Europe, Conseil de l&rsquo;Europe, Strasbourg, 2007.</p> <p>BEACCO, Jean-Claude, CHISS, Jean-Louis, CICUREL, Francine &amp; VERONIQUE, Daniel, (dir.), Les cultures &eacute;ducatives et linguistiques dans l&#39;enseignement des langues, Paris, PUF, 2005.</p> <p>BOCH, Fran&ccedil;oise, &laquo;&nbsp;Prise de notes et &eacute;criture conceptuelle (Deug 1)&nbsp;&raquo;, Pratiques, n&deg; 105-106, 2000, p. 137-158. URL&nbsp;: https://www.persee.fr/doc/prati_0338-2389_2000_num_105_1_2405</p> <p>BORDO, Widiane, GOES, Jan, MANGIANTE, Jean-Marc, (dir.) Le fran&ccedil;ais sur objectif universitaire. Entre apports th&eacute;oriques et pratiques de terrain, Arras, Artois Presses Universit&eacute;, 2016.</p> <p>CASTELLOTTI, V&eacute;ronique, Pour une didactique de l&#39;appropriation, Paris, Didier, 2017.</p> <p>CASTELLOTTI, V&eacute;ronique, DEBONO, Marc et HUVER, Emmanuelle, &laquo;&nbsp;D&rsquo;une didactique contextualisée à une didactique diversitaire&nbsp;&raquo;, dans Babault Sophie, Bento Margaret et Spa&euml;th Val&eacute;rie, (dir.), Tensions en didactique des langues. Entre enjeu global et enjeux locaux, Bern : Peter Lang, coll. Gram-R &ndash; Etudes de linguistique française, 2016, p. 49-76.</p> <p>CASTELLOTTI, V&eacute;ronique, MOORE, Dani&egrave;le, &laquo;&nbsp;Contextualisation et universalisme. Quelle didactique des langues pour le 21ème siècle&nbsp;?&nbsp;&raquo; dans Blanchet Philippe, Moore Dani&egrave;le et Assalah-Rahal Safia (eds.), Perspectives pour une didactique des langues contextualisée, Paris, Éditions des Archives Contemporaines et AUF, p. 183-203.</p> <p>CASTELLOTTI, V&eacute;ronique, MOORE, Dani&egrave;le, &laquo;&nbsp;R&eacute;pertoires pluriels, culture m&eacute;talinguistique et usages d&rsquo;appropriation&nbsp;&raquo;, dans Beacco Jean-Claude et al. (dir.), Les cultures &eacute;ducatives et linguistiques dans l&rsquo;enseignement des langues, Paris, PUF, 2005.</p> <p>CHARLOT, Bernard, Du rapport au savoir, Paris, Anthropos, 1997.</p> <p>CHARMILLOT, Maryvonne, DAYER, Caroline, &laquo;&nbsp;D&eacute;marche compr&eacute;hensive et m&eacute;thodes qualitatives&nbsp;: clarifications &eacute;pist&eacute;mologiques&nbsp;&raquo;, Recherches qualitatives &ndash; Hors s&eacute;rie n&deg;3, Actes du colloque &laquo;&nbsp;Bilan et prospective de la recherche qualitative&nbsp;&raquo;, 2007.</p> <p>CHERVEL, Andr&eacute;, La culture scolaire. Une approche historique, Paris, Belin, 1998.</p> <p>CHERVEL, Andr&eacute;, &laquo; L&rsquo;histoire des disciplines scolaires : réflexions sur un domaine de recherche &raquo;, in Histoire de l&rsquo;&eacute;ducation, n&deg; 38, mai 1988, p. 59-119.</p> <p>CHISS, Jean-Louis, CICUREL, Francine, 2005, &laquo;&nbsp;Introduction&nbsp;&raquo;, dans Beacco Jean-Claude, Chiss Jean-Louis, Cicurel Francine, V&eacute;ronique Daniel, (dir.), Les cultures &eacute;ducatives et linguistiques dans l&rsquo;enseignement des langues, Paris&nbsp;: PUF, 2005.</p> <p>CISLARU, Georgeta, CLAUDEL, Chantal, VLAD, Monica, L&rsquo;&eacute;crit universitaire en pratique, M&eacute;thodologie, application et exercices autocorrectifs, Bruxelles, De Boeck Université, 2011.</p> <p>ESPAGNE, Michel, &laquo;&nbsp;Bildung&nbsp;&raquo;, entrée du Dictionnaire des philosophies europ&eacute;ennes, sous la direction de Barbara CASSIN, 2004, p. 195-205.</p> <p>GADAMER, Hans-Georg, V&eacute;rit&eacute; et m&eacute;thode, 4e éd. trad. par Pierre Fruchon, Jean Grondin et Gilbert Merlio, Paris, Le Seuil, [2006]1986.</p> <p>GAJO, Laurent, &laquo;&nbsp; Le plurilinguisme dans et pour la science : enjeux d&rsquo;une politique linguistique &agrave; l&rsquo;universit&eacute;&nbsp;&raquo;, Synergies Europe 8, Revue du GERFLINT, 2013, p. 97-109. URL&nbsp;: http://gerflint.fr/Base/Europe8/Gajo.pdf</p> <p>JACQUET-FRANCILLON, Fran&ccedil;ois, &laquo;&nbsp;Un autre regard sur les disciplines scolaires&nbsp;&raquo;, Le T&eacute;l&eacute;maque, 2015/1, Rouen, Presses universitaires de Caen, 2015.</p> <p>LEVY-LEBLOND, Jean-Marc, La pierre de touche : la science &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve, Paris, Gallimard, 1996.</p> <p>LIARD, Louis, Universit&eacute;s et facult&eacute;s, Paris, Armand Colin et Cie, 1890.</p> <p>MANGIANTE, Jean-Marc, PARPETTE, Chantal, Le fran&ccedil;ais sur objectif universitaire, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2011.</p> <p>MANGIANTE, Jean-Marc, PARPETTE, Chantal, Le Fran&ccedil;ais sur Objectif Sp&eacute;cifique : de l&#39;analyse des besoins &agrave; l&#39;&eacute;laboration d&#39;un cours, Paris, Hachette FLE, 2004</p> <p>MOURLHON-DALLIES, Florence, &laquo;&nbsp;Le fran&ccedil;ais sur objectifs universitaires, entre fran&ccedil;ais acad&eacute;mique, fran&ccedil;ais de sp&eacute;cialit&eacute; et fran&ccedil;ais pr&eacute;-professionnel&nbsp;&raquo;, Synergies monde n&deg;8, 1, 2011, p. 135-143. URL&nbsp;: https://gerflint.fr/Base/Monde8-T1/mourlhon-dallies.pdf</p> <p>RICOEUR, Paul, &laquo;&nbsp;La métaphore et le problème central de l&#39;herméneutique&nbsp;&raquo;, Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, tome 70, n&deg;5, 1972. p. 93-112. URL&nbsp;: &nbsp;https://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1972_num_70_5_5651</p> <p>ROBILLARD, Didier, (de), Essai de sociolinguistique, &agrave; para&icirc;tre.</p> <p>USUNIER, Jean-Claude, &laquo;&nbsp;Langue et équivalence conceptuelle en management interculturel&nbsp;&raquo;, Le Libellio d&rsquo; AEGIS, Vol. 6, n&deg; 2, 2010, p. 3-25.</p> <p>VI&Ntilde;AO, Antonio, &laquo;&nbsp;Les disciplines scolaires dans l&rsquo;historiographie européenne. Angleterre, France, Espagne&nbsp;&raquo;, Texte original &laquo;&nbsp;Las asignaturas escolares en la historiografia europea&nbsp;: Inglaterra, Francia, España&nbsp;&raquo;, traduction française de J. Casenave, rubrique Varia dans Histoire de l&#39;éducation 125/1, 2010, p. 73-98. URL : https://doi.org/10.4000/histoire-education.2111</p> <p>ZARATE, Genevi&egrave;ve, Repr&eacute;sentations de l&#39;&eacute;tranger en didactique des langues, Paris, Didier, 1993.</p> <h4>Notes</h4> <p><a href="#nbp1">[1]</a>&nbsp;Th&egrave;se en cours sous la direction de V. Castellotti, r&eacute;alis&eacute;e &agrave; l&rsquo;universit&eacute; de Tours. Titre provisoire&nbsp;: Politiques linguistiques et culturelles et insertion d&rsquo;étudiants internationaux. Rapports à la diversité dans des parcours universitaires.</p> <p><a href="#nbp2">[2]</a>&nbsp;&nbsp;Les analyses sont r&eacute;alis&eacute;es &agrave; partir d&rsquo;un corpus d&rsquo;entretiens avec des enseignant.es et des &eacute;tudiant.es de l&rsquo;universit&eacute; de Tours et de l&rsquo;Institut de Touraine (Tours) ainsi que sur un questionnaire anonyme adress&eacute; &agrave; des enseignants de toutes universit&eacute;s fran&ccedil;aises (54 r&eacute;pondants).</p> <p><a href="#nbp3">[3]</a>&nbsp; Il ressort des entretiens que j&rsquo;ai men&eacute;s avec des enseignants que les &eacute;tudiant.es allophones ne sont pas les seuls concern&eacute;s par les probl&eacute;matiques d&rsquo;appropriation des normes socioculturelles universitaires, disciplinaires, m&eacute;thodologiques. Bordo, Goes &amp; Mangiante (2014) mentionnent aussi &agrave; cet &eacute;gard que &laquo;&nbsp;[l]a probl&eacute;matique pos&eacute;e pour [l]es &eacute;tudiants allophones peut s&rsquo;appliquer aujourd&rsquo;hui aux &eacute;tudiants natifs en raison de leur fort taux d&rsquo;&eacute;chec&nbsp;&raquo;. (Bordo, Goes &amp; Mangiante, ibid.&nbsp;: 8).</p> <p><a href="#nbp4">[4]</a>&nbsp; Pour une perspective historique des d&eacute;marches herméneutiques, v. Robillard, Essai de sociolinguistique, &agrave; para&icirc;tre.</p> <p><a href="#nbp5">[5]</a>&nbsp; Le qualificatif peut appara&icirc;tre ici inad&eacute;quat dans la mesure o&ugrave; d&egrave;s lors que l&#39;on &eacute;tudie dans cette langue, il est difficile de penser qu&#39;elle soit consid&eacute;r&eacute;e comme &laquo;&nbsp;&eacute;trang&egrave;re&nbsp;&raquo;&nbsp;; ici l&#39;id&eacute;e est d&#39;&eacute;voquer une langue qui n&#39;est pas la langue premi&egrave;re et/ou du moins qui n&#39;est pas la langue premi&egrave;re de scolarisation/d&#39;&eacute;tudes.</p> <p><a href="#nbp6">[6]</a>&nbsp;&nbsp;Comme mentionn&eacute; supra, cette probl&eacute;matique concerne autant les &eacute;tudiants &eacute;trangers que les &eacute;tudiants autochtones (v. note de bas de page 3).</p> <p><a href="#nbp7">[7]</a>&nbsp;Il s&#39;agit de vingt-et-un entretiens semi-directifs &ndash; compr&eacute;hensifs, douze entretiens aupr&egrave;s d&#39;&eacute;tudiant.es, neuf entretiens aupr&egrave;s d&#39;enseignant.es de diff&eacute;rentes unit&eacute;s de formation et de recherche, d&#39;une dur&eacute;e allant d&rsquo;environ trente minutes &agrave; une heure quinze. Les entretiens se sont d&eacute;roul&eacute;s entre 2016 et 2018 aupr&egrave;s d&#39;enseignant.es de l&#39;universit&eacute; de Tours ainsi qu&#39;aupr&egrave;s d&#39;&eacute;tudiant.es de diff&eacute;rentes universit&eacute;s fran&ccedil;aises. Un tableau synth&eacute;tique des t&eacute;moins rencontr&eacute;s pour cette recherche est situ&eacute; en annexe de l&rsquo;article.</p> <p><a href="#nbp8">[8]</a>&nbsp;&nbsp;La question de l&#39;&eacute;volution des fonctions de l&#39;universit&eacute; n&#39;est pas abord&eacute;e dans l&#39;article mais constitue un point dans la th&egrave;se en cours.</p> <p><a href="#nbp9">[9]</a>&nbsp;&nbsp;La r&eacute;flexivit&eacute;, qui consiste &agrave; analyser son positionnement et plus g&eacute;n&eacute;ralement ses pratiques, de chercheur ou de praticien, assumant ainsi la subjectivit&eacute; de son travail, pourrait constituer pour les &eacute;tudiants une posture consistant &agrave; analyser les conditions et les diff&eacute;rents param&egrave;tres et enjeux pr&eacute;sents dans leurs situations d&#39;&eacute;tudes. Ces param&egrave;tres et enjeux sont ici les questions linguistiques et culturelles li&eacute;es aux disciplines et aux traditions / h&eacute;ritages &eacute;ducatifs, scolaires, universitaires.</p> <p><a href="#nbp9">[10]</a> Ici, l&#39;emploi de l&#39;adjectif &laquo;&nbsp;historicisant&nbsp;&raquo; renvoie &agrave; une d&eacute;marche consistant &agrave; interpr&eacute;ter une situation donn&eacute;e en la repla&ccedil;ant dans une histoire, dans une temporalit&eacute; et une spatialit&eacute; particuli&egrave;re, et a ceci de diff&eacute;rent avec une d&eacute;marche &laquo;&nbsp;historique&nbsp;&raquo; que cette derni&egrave;re, r&eacute;alis&eacute;e par des historiens, s&#39;appuie sur un cadre th&eacute;orique universitaire et a la pr&eacute;tention de contribuer &agrave; la science historique.</p> <p><a href="#nbp11">[11]</a> Selon Castellotti &amp; Moore (2005&nbsp;: 109), les &laquo;&nbsp;&#39;usages d&rsquo;appropriation&#39; [sont] construits dans des contextes vari&eacute;s, [ils] s&rsquo;appuient sur des pratiques et des repr&eacute;sentations ancr&eacute;es dans un certain type de culture m&eacute;talinguistique et qui visent &agrave; l&rsquo;&eacute;laboration des r&eacute;pertoires linguistico-culturels&nbsp;&raquo;. La notion d&#39;usage, plus dynamique que celle de repr&eacute;sentations et moins exclusivement centr&eacute;e sur l&#39;action que celle de &laquo;&nbsp;pratiques&nbsp;&raquo;, permet de signifier l&#39;action de la pens&eacute;e.</p> <p><a href="#nbp12">[12]</a> V. &eacute;galement Chervel, 1988.</p> <p><a href="#nbp13">[13]</a> Il influence notamment l&#39;enseignement des lettres par le renforcement de l&#39;int&eacute;r&ecirc;t pour la dissertation et l&#39;explication de texte.</p> <p><a href="#nbp14">[14]</a>&nbsp;Cette approche peut &eacute;galement int&eacute;grer la question des rapports aux langues et aux normes linguistiques des acteurs de la communaut&eacute; universitaire.</p>