<h2><v:shape filled="t" id="_x0000_i1025" type="#_x0000_t75"> <v:fill color2="black"> <v:textbox inset="0,0,0,0"> </v:textbox></v:fill></v:shape>1. Introduction</h2> <p>Au Maroc, la fracture que l&rsquo;on constate entre l&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais au secondaire et les cours de langue fran&ccedil;aise &agrave; l&rsquo;universit&eacute; fait que ces derniers ne r&eacute;pondent pas ou peu aux besoins des apprenants. En d&eacute;pit des cours de rem&eacute;diation linguistique mis en place &agrave; l&rsquo;universit&eacute;, depuis la rentr&eacute;e 2003 d&rsquo;abord, puis en 2009, afin d&rsquo;assurer une remise &agrave; niveau des &eacute;tudiants, on assiste &agrave; une baisse de celui-ci. Non seulement les &eacute;tudiants, m&ecirc;me avanc&eacute;s (du niveau de la deuxi&egrave;me ann&eacute;e voire de la derni&egrave;re ann&eacute;e de la formation de licence) n&rsquo;arrivent pas &agrave; s&rsquo;exprimer correctement en fran&ccedil;ais mais peinent encore &agrave; comprendre ce qu&rsquo;ils lisent. Les difficult&eacute;s sont bien plus importantes que celles que signalait M. Chami qui note que :</p> <blockquote> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria">&laquo; </span></span>la majorit&eacute; des &eacute;l&egrave;ves marocains qui acc&egrave;dent aujourd&rsquo;hui &agrave; l&rsquo;universit&eacute; ont une connaissance tr&egrave;s approximative de la langue fran&ccedil;aise aussi bien &agrave; l&rsquo;oral qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;&eacute;crit. Beaucoup d&rsquo;entre eux &eacute;prouvent d&rsquo;&eacute;normes difficult&eacute;s &agrave; poursuivre leurs &eacute;tudes sup&eacute;rieures dans cette langue <span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria">&raquo;</span></span> (2004 : 65).</p> </blockquote> <p>Ces difficult&eacute;s s&rsquo;expliquent, pour la majorit&eacute; des &eacute;tudiants des d&eacute;partements des &eacute;tudes fran&ccedil;aises et plus pr&eacute;cis&eacute;ment de celui de notre facult&eacute; <a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title="">[1]</a> que nous prenons pour cible, par deux raisons au moins (si on laisse de c&ocirc;t&eacute; le manque de volont&eacute; qui prend de l&rsquo;ampleur, les apprenants &eacute;tant de moins en moins motiv&eacute;s), &agrave; savoir :<br /> - la prolif&eacute;ration des modules,<br /> - le volume horaire de plus en plus r&eacute;duit d&eacute;di&eacute; &agrave; l&rsquo;enseignement de la langue.</p> <p>L&rsquo;environnement bilingue est sans doute un autre facteur qui influe sur le niveau de fran&ccedil;ais des &eacute;tudiants, en raison du r&ocirc;le et de la place d&eacute;terminante qu&rsquo;y occupe l&rsquo;arabe. Cependant, le contact des deux langues n&rsquo;explique pas tous les dysfonctionnements de coh&eacute;sion r&eacute;f&eacute;rentielle (dans l&rsquo;&eacute;tude&nbsp;des marques de r&eacute;f&eacute;rence qui suit et que nous prenons&nbsp;comme exemple de difficult&eacute;s),&nbsp;ind&ucirc;ment pr&ecirc;t&eacute;s aux interf&eacute;rences (voir 5.1 et 5.3).</p> <h2><br /> 2. Un enseignement modulaire</h2> <p><br /> Suite &agrave; l&rsquo;organisation modulaire intervenue au niveau de l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur au Maroc, les fili&egrave;res des &eacute;tudes fran&ccedil;aises ne comptent pas moins de 36 modules, depuis la derni&egrave;re accr&eacute;ditation de 2014, dont le plus grand nombre est d&eacute;di&eacute; &agrave; la&nbsp;litt&eacute;rature (contre 22 pour l&rsquo;accr&eacute;ditation pr&eacute;c&eacute;dente). On compte ainsi 48 heures&nbsp;de morphosyntaxe pour le S4 dans l&rsquo;accr&eacute;ditation de 2014, contre 80 heures de&nbsp;langue fran&ccedil;aise dans celle de 2009 (voir tableaux ci-dessous).</p> <p>&Eacute;tudes fran&ccedil;aises, 2009-2014</p> <table> <tbody> <tr> <td> <p>Semestre</p> </td> <td> <p>Modules</p> </td> <td> <p>Volume horaire</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>S3</p> </td> <td> <p>1. Langue et informatique<br /> 2. Langue fran&ccedil;aise II<br /> 3. Litt&eacute;rature fran&ccedil;aise II<br /> 4. Culture g&eacute;n&eacute;rale</p> </td> <td> <p>80h<br /> 80h<br /> 80h<br /> 80h</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>S4</p> </td> <td> <p>1. Langue et informatique<br /> 2. Langue fran&ccedil;aise III<br /> 3. Litt&eacute;rature fran&ccedil;aise III<br /> 4. Culture g&eacute;n&eacute;rale</p> </td> <td> <p>80h<br /> 80h<br /> 80h<br /> 80h</p> </td> </tr> </tbody> </table> <p>&nbsp;</p> <p>2014-2019 (accr&eacute;ditation tacitement reconduite jusqu&rsquo;&agrave; ce jour)</p> <table> <tbody> <tr> <td> <p>Semestre</p> </td> <td> <p>Modules</p> </td> <td> <p>Volume horaire</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>S3</p> </td> <td> <p>1. Morphosyntaxe 1<br /> 2. Lexicologie<br /> 3. Analyse du roman<br /> 4. Th&eacute;&acirc;tre classique<br /> 5. Histoire des id&eacute;es<br /> 6. Initiation &agrave; la traduction</p> </td> <td> <p>48h<br /> 48h<br /> 48h<br /> 48h<br /> 48h<br /> 48h</p> </td> </tr> <tr> <td> <p>S4</p> </td> <td> <p>1. Morphosyntaxe 2<br /> 2. Initiation &agrave; la linguistique<br /> 3. Po&eacute;sie<br /> 4. Th&eacute;&acirc;tre romantique<br /> 5. Histoire des id&eacute;es<br /> 6. Initiation &agrave; la recherche</p> </td> <td> <p>48h<br /> 48h<br /> 48h<br /> 48h<br /> 48h<br /> 48h</p> </td> </tr> </tbody> </table> <p>&nbsp;</p> <p>La prolif&eacute;ration des modules qui passent de 24 &agrave; 36 entre les deux derni&egrave;res accr&eacute;ditations ainsi que la r&eacute;duction du volume horaire d&eacute;di&eacute; &agrave; l&rsquo;enseignement de la langue expliquent en grande partie, nous semble t-il, l&rsquo;&eacute;chec que l&rsquo;on vient de constater. Pour y parer il convient, &agrave; notre avis, d&rsquo;instaurer un enseignement de la langue en guise de rem&eacute;diation ou de remise &agrave; niveau tout au long de la premi&egrave;re ann&eacute;e. Les mati&egrave;res disciplinaires viendront par la suite compl&eacute;ter la formation. Cela est d&rsquo;autant plus urgent que les &eacute;tudiants qui s&rsquo;inscrivent en premi&egrave;re ann&eacute;e des &eacute;tudes fran&ccedil;aises sont recrut&eacute;s sans condition&nbsp;(de pr&eacute;-s&eacute;lection entre autre) parmi tous les &eacute;tudiants, quel qu&rsquo;en soit le niveau de fran&ccedil;ais. Il en r&eacute;sulte qu&rsquo;en pratique on enseigne la langue plut&ocirc;t que dans la langue, les apprenants butant sur les probl&egrave;mes les plus simples aff&eacute;rant au vocabulaire et &agrave; la grammaire. Ceci rend difficile, pour ne pas dire impossible, tout enseignement de sp&eacute;cialit&eacute;. Ce que tentera de confirmer l&rsquo;&eacute;tude&nbsp;des marques de r&eacute;f&eacute;rence (pris comme exemple de difficult&eacute;s) qui suit.</p> <h2>3. Cadre de la recherche</h2> <p>Ce travail, qui pour la typologie des anaphores doit beaucoup aux travaux de&nbsp;Kleiber (1988, 1991), se focalisera sur les anaphores infid&egrave;les qui sollicitent pour leur interpr&eacute;tation la maitrise d&rsquo;&eacute;l&eacute;ments de s&eacute;mantique lexicale ainsi que la&nbsp;connaissance de st&eacute;r&eacute;otypes culturels. On d&eacute;finira l&rsquo;anaphore, facteur de&nbsp;textualit&eacute;, comme :</p> <blockquote> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria">&laquo;&nbsp; </span></span>la mise en relation interpr&eacute;tative, dans un &eacute;nonc&eacute; ou une suite d&rsquo;&eacute;nonc&eacute;s,&nbsp;d&rsquo;au moins deux s&eacute;quences, la premi&egrave;re guidant l&rsquo;interpr&eacute;tation de l&rsquo;autre ou&nbsp;des autres <span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria">&raquo; </span></span>(Charaudeau, 2002 : 46).</p> </blockquote> <p>Non autonomes du fait que leur interpr&eacute;tation d&eacute;pend d&#39;une autre expression du&nbsp;texte, les expressions anaphoriques peuvent renvoyer &agrave; une mention ant&eacute;rieure&nbsp;(dans le cas de l&rsquo;anaphore proprement dite) ou post&eacute;rieure (dans le cas de la&nbsp;cataphore).</p> <p>Il est loisible d&rsquo;expliquer la fa&ccedil;on dont nos &eacute;tudiants construisent en fran&ccedil;ais&nbsp;l&rsquo;interpr&eacute;tation des anaphores en recourant fr&eacute;quemment par exemple &agrave; l&rsquo;anaphore&nbsp;possessive<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title="">[2]</a> et non associative par le fait qu&rsquo;ils ne parviennent pas &agrave; se d&eacute;tacher de&nbsp;leur langue premi&egrave;re et s&rsquo;appuient sur le mode de r&eacute;f&eacute;rence h&eacute;rit&eacute; de celle-ci. Ces &eacute;tudiants manquent en effet, comme le disent V. Castellotti et D. Moore, &laquo; d&rsquo;aborder le nouveau&nbsp;syst&egrave;me en fonction de [ses] caract&eacute;ristiques propres &raquo; (Castellotti et Moore, 2002 : 17), ce qui suppose une certaine &laquo; d&eacute;centration &raquo;.<br /> Les particularit&eacute;s inh&eacute;rentes au syst&egrave;me de l&rsquo;arabe n&rsquo;expliquent cependant pas&nbsp;tout. Les d&eacute;fauts de coh&eacute;rence que nous constatons chez nos &eacute;tudiants montrent&nbsp;aussi bien une faible comp&eacute;tence au niveau des marques de r&eacute;f&eacute;rence qui se&nbsp;justifie par une connaissance insuffisante des relations lexicales fondamentales en&nbsp;s&eacute;mantique lexicale d&rsquo;hyperonymie-hyponymie, de synonymie ou encore de m&eacute;ronymie que des repr&eacute;sentations conceptuelles comme la st&eacute;r&eacute;otypie.</p> <h2>4. Les donn&eacute;es</h2> <p>Un premier exercice&nbsp;&eacute;valuera&nbsp;la comp&eacute;tence des &eacute;tudiants &agrave; rep&eacute;rer et reconna&icirc;tre&nbsp;des expressions r&eacute;f&eacute;rentielles. Il consiste&nbsp;&agrave; d&eacute;gager la cha&icirc;ne de r&eacute;f&eacute;rence d&rsquo;un&nbsp;personnage en regroupant les &eacute;l&eacute;ments relatifs au m&ecirc;me r&eacute;f&eacute;rent dans le&nbsp;texte (voir 5). Un&nbsp;deuxi&egrave;me exercice, ax&eacute; sur la cor&eacute;f&eacute;rence pronominale (voir 5.2), jugera&nbsp;de l&rsquo;aptitude des &eacute;tudiants &agrave; op&eacute;rer correctement les pronominalisations.</p> <h2>5. Anaphore et compr&eacute;hension des textes</h2> <p>On sait que les cha&icirc;nes de r&eacute;f&eacute;rence, ou ensemble des termes qui cor&eacute;f&egrave;rent dans&nbsp;un texte, contribuent &agrave; l&rsquo;organisation de celui-ci, notamment en ce qui concerne sa&nbsp;coh&eacute;sion (Corblin, 1995). Or les anaphores interviennent crucialement dans&nbsp;l&rsquo;identification de ces cha&icirc;nes et participent de ce fait &agrave; la compr&eacute;hension des&nbsp;textes. Elles consistent &agrave; rattacher &agrave; l&rsquo;ant&eacute;c&eacute;dent l&rsquo;expression anaphorique gr&acirc;ce&nbsp;aux informations donn&eacute;es par le texte, aux connaissances encyclop&eacute;diques, au&nbsp;contexte.&nbsp;Ph&eacute;nom&egrave;ne important mais difficile, l&#39;anaphore influence fortement la lecture et&nbsp;son r&ocirc;le dans la compr&eacute;hension d&rsquo;un texte n&rsquo;est plus &agrave; d&eacute;montrer.<br /> Au-del&agrave; du travail sur le vocabulaire et la grammaire, qui sont des pr&eacute;alables pour&nbsp;&eacute;luder les probl&egrave;mes aff&eacute;rant au lexique et &agrave; la syntaxe, la compr&eacute;hension des&nbsp;textes suppose, en effet, une comp&eacute;tence &agrave; la r&eacute;solution des r&eacute;f&eacute;rents&nbsp;anaphoriques. En l&rsquo;absence d&rsquo;un tel savoir la lecture compr&eacute;hension devient&nbsp;difficile.</p> <p>La reconnaissance des expressions anaphoriques reste, comme on va le voir, une&nbsp;des grandes difficult&eacute;s que rencontre l&rsquo;apprenant marocain. Aussi&nbsp; parvient-il difficilement, compte tenu de la complexit&eacute; qu&rsquo;ils impliquent, &agrave;&nbsp;reconna&icirc;tre les groupes nominaux et &agrave; les mettre en rapport et &eacute;prouvera des&nbsp;difficult&eacute;s &agrave; acc&eacute;der au sens : son aptitude &agrave; identifier la source d&rsquo;une expression&nbsp;anaphorique n&rsquo;&eacute;tant pas toujours &eacute;tablie. S&rsquo;il sait par exemple que le pronom <em>il</em> est&nbsp;une anaphore pronominale qui remplace un nom mentionn&eacute; pr&eacute;c&eacute;demment dans le&nbsp;texte, les anaphores infid&egrave;les lui poseront toujours des probl&egrave;mes du fait qu&rsquo;il ne&nbsp;reconna&icirc;t pas le lien cor&eacute;f&eacute;rentiel (dans les anaphores cor&eacute;f&eacute;rentiels au moins)&nbsp;entre, d&rsquo;une part, l&rsquo;ant&eacute;c&eacute;dent et, d&rsquo;autre part, la reprise de cette mention. Deux&nbsp;exemples nous permettront de le montrer :&nbsp;</p> <blockquote> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria">&laquo; </span></span>La magnificence et la galanterie n&#39;ont jamais paru en France avec tant d&#39;&eacute;clat que dans les derni&egrave;res ann&eacute;es du r&egrave;gne de Henri second. Ce prince &eacute;tait&nbsp;galant, bien fait et amoureux ; quoique sa passion pour Diane de Poitiers,&nbsp;duchesse de Valentinois, e&ucirc;t commenc&eacute; il y avait plus de vingt ans, elle n&#39;en&nbsp;&eacute;tait pas moins violente, et il n&#39;en donnait pas des t&eacute;moignages moins&nbsp;&eacute;clatants.&nbsp;Comme il r&eacute;ussissait admirablement dans tous les exercices du corps, il en&nbsp;faisait une de ses plus grandes occupations. C&#39;&eacute;tait tous les jours des parties&nbsp;de chasse et de paume, des ballets, des courses de bagues, ou de semblables&nbsp;divertissements ; les couleurs et les chiffres de madame de Valentinois&nbsp;paraissaient partout, et elle paraissait elle-m&ecirc;me avec tous les ajustements&nbsp;que pouvait avoir mademoiselle de La Marck, sa petite-fille, qui &eacute;tait alors &agrave;&nbsp;marier.<br /> La pr&eacute;sence de la reine autorisait la sienne. Cette princesse &eacute;tait belle,&nbsp;quoiqu&#39;elle e&ucirc;t pass&eacute; la premi&egrave;re jeunesse ; elle aimait la grandeur, la&nbsp;magnificence et les plaisirs. Le roi l&#39;avait &eacute;pous&eacute;e lorsqu&#39;il &eacute;tait encore duc&nbsp;d&#39;Orl&eacute;ans, et qu&#39;il avait pour a&icirc;n&eacute; le dauphin, qui mourut &agrave; Tournon, prince&nbsp;que sa naissance et ses grandes qualit&eacute;s destinaient &agrave; remplir dignement la&nbsp;place du roi Fran&ccedil;ois premier, son p&egrave;re <span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria">&raquo; </span></span>(Mme de La Fayette, La princesse de Cl&egrave;ves, 1678, tome I, p. 4).</p> </blockquote> <p>Quand ils d&eacute;gagent la cha&icirc;ne de r&eacute;f&eacute;rence des diff&eacute;rents personnages de cet extrait, qui sont dans l&rsquo;ordre de leur apparition dans le texte le roi Henri second, Diane de&nbsp;Poitiers qui est d&eacute;sign&eacute;e aussi comme duchesse de Valentinois, Mlle de La Marck, la reine, le dauphin et le roi Fran&ccedil;ois 1er, les &eacute;tudiants n&rsquo;arrivent pas &agrave; identifier&nbsp;tous les personnages du texte. Ils en comptent 5 et parfois seulement 4, au&nbsp;lieu de 6 compte tenu des erreurs qui tiennent &agrave; la s&eacute;lection d&rsquo;un mauvais candidat&nbsp;consid&eacute;r&eacute; comme source ou ant&eacute;c&eacute;dent. Il s&rsquo;ensuit que tel personnage est pris&nbsp;pour tel autre quand Diane de Poitiers par exemple est confondue avec la reine. Le nombre des r&eacute;f&eacute;rents n&rsquo;&eacute;tant pas clairement identifi&eacute;, il en r&eacute;sulte que la&nbsp;coh&eacute;sion anaphorique ne peut &ecirc;tre correctement g&eacute;r&eacute;e.<br /> Si ce premier texte mobilise un savoir encyclop&eacute;dique qui peut faire d&eacute;faut &agrave;&nbsp;l&rsquo;apprenant d&rsquo;o&ugrave; sa relative difficult&eacute;, ce dernier parviendra difficilement malgr&eacute;&nbsp;tout &agrave; lier l&rsquo;anaphore au bon ant&eacute;c&eacute;dent dans l&rsquo;extrait suivant, en d&eacute;pit de sa&nbsp;simplicit&eacute; :</p> <blockquote> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria">&laquo; </span></span>Mais, un matin, Zidore eut une id&eacute;e : c&rsquo;&eacute;tait de ne plus remuer Coco. Il en&nbsp;avait assez d&rsquo;aller si loin pour cette carcasse. Il vint cependant, pour&nbsp;savourer sa vengeance. La b&ecirc;te inqui&egrave;te le regardait... Il tournait autour, les&nbsp;mains dans les poches...Le cheval, le voyant partir, hennit pour le rappeler ;&nbsp;mais le goujat se mit &agrave; courir, le laissant seul, tout seul dans son vallon, bien&nbsp;attach&eacute;, et sans un brin d&rsquo;herbe &agrave; port&eacute;e de la m&acirc;choire. Affam&eacute;, il essaya&nbsp;d&rsquo;atteindre la grasse verdure qu&rsquo;il touchait du bout de ses naseaux. Il se mit&nbsp;sur les genoux, tendant le cou, allongeant ses grandes l&egrave;vres baveuses.... <span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria">&raquo; </span></span>(Guy de Maupassant, &laquo;Coco&raquo;, Contes du jour et de la nuit, 1977, p.154).</p> </blockquote> <p>Dans cet extrait, on peut noter en g&eacute;n&eacute;ral que les &eacute;tudiants :</p> <p>- m&ecirc;lent les r&eacute;f&eacute;rents propres au cheval et ceux du gar&ccedil;on de la ferme (goujat dans le texte).</p> <p>- soulignent en moyenne entre 5 &agrave; 8 bonnes occurrences sur un total de 27.</p> <p>- omettent dans leur majorit&eacute; de souligner la mention &laquo; cette carcasse &raquo; tout en soulignant par ailleurs celles de &laquo; la b&ecirc;te &raquo; ou &laquo; la vieille b&ecirc;te &raquo;.</p> <p>- se heurtent au probl&egrave;me des anaphores pronominales &laquo; il &raquo; et &laquo; le &raquo; qu&rsquo;ils attribuent arbitrairement au cheval ou au goujat.</p> <p>- ne soulignent pratiquement jamais les anaphores associatives comme &laquo; le cou &raquo;, &laquo; les genoux &raquo;, <em>etc.</em></p> <p>&nbsp;</p> <h3>5.1. Cor&eacute;f&eacute;rence vs non-cor&eacute;f&eacute;rence</h3> <p>L&rsquo;identification des anaphores cor&eacute;f&eacute;rentielles se fera ais&eacute;ment par nos &eacute;tudiants chaque fois qu&rsquo;il y a une relation de cor&eacute;f&eacute;rence entre l&#39;expression anaphorique et sa source, autrement dit chaque fois que l&#39;expression anaphorique reprend une mention ant&eacute;rieure. L&rsquo;anaphore fid&egrave;le et l&rsquo;anaphore pronominale pr&eacute;sentent peu de difficult&eacute;s au niveau de leur interpr&eacute;tation.</p> <p>Comme la pronominalisation est le cas d&rsquo;anaphore le plus simple (avec l&rsquo;anaphore fid&egrave;le qui r&eacute;p&egrave;te le nom d&rsquo;un SN en modifiant son d&eacute;terminant) les &eacute;tudiants reconnaissent (1) comme un exemple d&rsquo;anaphore et trouvent le r&eacute;f&eacute;rent de l&rsquo;expression anaphorique, le pronom <em>elle </em>cor&eacute;f&eacute;rentiel &agrave; Marie, son ant&eacute;c&eacute;dent, pr&eacute;sent dans le contexte ant&eacute;rieur :</p> <p>(1) Marie croit qu&rsquo;elle est intelligente,</p> <p>ou bien, encore, dans le cas de la r&eacute;p&eacute;tition lexicale comme dans la cha&icirc;ne &laquo; une b&ecirc;te... la b&ecirc;te &raquo; dans le texte ci-dessus de Maupassant, o&ugrave; l&rsquo;anaphore en deuxi&egrave;me mention r&eacute;p&egrave;te le m&ecirc;me nom en l&rsquo;introduisant par un d&eacute;terminant diff&eacute;rent. Encore qu&rsquo;il leur arrive d&rsquo;interpr&eacute;ter comme cor&eacute;f&eacute;rentielle la relation entre deux expressions qui ne sont pas pour autant cor&eacute;f&eacute;rentes.</p> <p>Il est bizarre, ainsi, qu&rsquo;on compte sur un total de 100 copies, 19% de cas de non-cor&eacute;f&eacute;rence dans les r&eacute;ponses (2a) et (2b) des &eacute;tudiants &agrave; l&rsquo;exercice qui consiste &agrave; remplacer l&rsquo;une des deux occurrences de Marie (qui renvoient &agrave; la m&ecirc;me personne) par une forme pronominale tout en conservant la cor&eacute;f&eacute;rence dans la phrase (2) :&nbsp;</p> <p>(2) Marie attribue &agrave; Marie tout le succ&egrave;s de l&rsquo;affaire.</p> <p>(2a) Elle attribue &agrave; Marie tout le succ&egrave;s de l&rsquo;affaire.</p> <p>(2b) Marie lui attribue tout le succ&egrave;s de l&rsquo;affaire.</p> <p>Les phrases (2a) et (2b) sont jug&eacute;es agrammaticales du point de vue de la cor&eacute;f&eacute;rence, impossible ici entre elle/lui d&rsquo;une part et Marie de l&rsquo;autre. Si le pronom d&eacute;signe une autre personne, la phrase est parfaitement grammaticale.</p> <p>L&rsquo;interf&eacute;rence entre l&rsquo;arabe et le fran&ccedil;ais permet d&rsquo;expliquer les probl&egrave;mes de repr&eacute;sentation ou de substitution pronominale (voir 5.2.) ou encore les difficult&eacute;s &agrave; reconna&icirc;tre les cataphores qui pr&eacute;sentent des difficult&eacute;s pour l&rsquo;apprenant arabophone du fait de leur usage contraint et moins habituel dans sa langue. Moins fr&eacute;quente qu&rsquo;en fran&ccedil;ais, la cataphore est, en effet, d&rsquo;un usage tr&egrave;s restreint dans cette langue. Par suite, sa reconnaissance est moins imm&eacute;diate : le passage de A &agrave; B (o&ugrave; A est l&rsquo;anaphorisant et B l&rsquo;anaphoris&eacute;) se fera moins&nbsp;facilement que si le r&eacute;f&eacute;rent de B, subs&eacute;quent ou de seconde mention, &eacute;tait satur&eacute; par A.</p> <p>L&rsquo;interf&eacute;rence n&rsquo;explique pas cependant l&rsquo;erreur qui consiste &agrave; &eacute;tablir une identit&eacute; de r&eacute;f&eacute;rence (ou cor&eacute;f&eacute;rence) entre deux segments de discours que l&rsquo;on ne peut mettre ainsi en rapport. On en dira autant des substitutions lexicales (voir 5.3.). Ici encore, il convient de minimiser l&rsquo;effet des interf&eacute;rences.</p> <h3>5.2. Cor&eacute;f&eacute;rence et pronoms</h3> <p>Il convient d&rsquo;embl&eacute;e de souligner, chez nos &eacute;tudiants, une comp&eacute;tence tr&egrave;s lacunaire dans la production des substituts pronominaux comme nous allons le voir dans l&rsquo;exercice de pronominalisation suivant qui porte sur les pronoms de troisi&egrave;me personne. En particulier, les pronoms personnels, r&eacute;fl&eacute;chis et possessifs o&ugrave; il s&rsquo;agit,&nbsp;tout en conservant la cor&eacute;f&eacute;rence, de remplacer la ou les occurrences du nom&nbsp;propre&nbsp;qui doivent l&rsquo;&ecirc;tre par une forme pronominale&nbsp;:</p> <p>- Pierre pense que Pierre ne m&eacute;rite pas toutes les critiques que Pierre re&ccedil;oit <a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title="">[3]</a>.</p> <p>- Pierre accepte mal tous les conseils qu&rsquo;on donne &agrave; Pierre.</p> <p>- Pierre croit que je mens &agrave; Pierre.</p> <p>- Pierre prot&egrave;ge Pierre du froid.</p> <p>- Pierre n&rsquo;attribue qu&rsquo;&agrave; Pierre le succ&egrave;s de l&rsquo;affaire.</p> <p>- Pierre impose &agrave; Pierre plusieurs heures de marche par jour.</p> <p>- Pierre prot&egrave;ge les plantations de Pierre du froid.</p> <p>- Pierre est conscient de l&rsquo;attitude embarrass&eacute;e de Pierre.</p> <p>Sur un total de 100 copies environ, les &eacute;tudiants ont encore tendance &agrave; dire &laquo; que lui re&ccedil;oit &raquo; ou bien &laquo; que le re&ccedil;oit &raquo; au lieu de &laquo; qu&rsquo;il re&ccedil;oit &raquo; ou encore &laquo; je le mens &raquo; ou bien &laquo; je mens &agrave; il &raquo; ou encore &laquo; je mens &agrave; lui &raquo; (31%) et &laquo; donne &agrave; lui &raquo; (22%) au lieu respectivement de &laquo; lui mens &raquo; et &laquo; lui donne &raquo; sans &eacute;gard &agrave; la distribution de Pierre dans la proposition. Ce qui montre qu&rsquo;ils confondent encore les pronoms de 3<sup>&egrave;me</sup> personne en fonction de sujet, de compl&eacute;ment direct ou indirect. La m&ecirc;me tendance s&rsquo;observe avec le pronom r&eacute;fl&eacute;chi &laquo; s&rsquo;imposer &raquo; o&ugrave; l&rsquo;on per&ccedil;oit une plus grande difficult&eacute; : on rel&egrave;vera ainsi &laquo; impose &agrave; lui &raquo; (32%) au lieu de &laquo;s&rsquo;impose&raquo;. Ils arrivent toutefois &agrave; dire dans leur majorit&eacute; &laquo; Pierre se prot&egrave;ge du froid &raquo; pour &laquo; Pierre prot&egrave;ge Pierre du froid &raquo;. Ils sont en effet plus nombreux &agrave; dire &laquo; se prot&egrave;ge &raquo;, 13% diront toujours &laquo; prot&egrave;ge lui-m&ecirc;me &raquo;. Ce taux s&rsquo;&eacute;l&egrave;ve &agrave; 57% pour les &eacute;tudiants qui diront &laquo; attribue &agrave; lui-m&ecirc;me &raquo; au lieu de &laquo; s&rsquo;attribue &raquo;, quand ils ne choisissent pas une forme pronominale inad&eacute;quate : en/l&rsquo;/y (12,5%).</p> <p>Pour les autres exemples, on trouvera &laquo; l&rsquo;attitude embarrass&eacute;e de lui &raquo; (17%) au lieu de &laquo; son attitude embarrass&eacute;e &raquo; et &laquo; les plantations de lui &raquo; (5%) au lieu de &laquo; ses plantations &raquo; avec une difficult&eacute; moins marqu&eacute;e dans ce deuxi&egrave;me exemple par rapport au premier.<br /> Une d&eacute;marche constante qui opte chaque fois pour la forme du g&eacute;nitif o&ugrave; la construction binominale le N de N est rendue comme le N + de lui au lieu du possessif (son/sa). Il s&#39;agit sans doute d&#39;une erreur interf&eacute;rentielle qui consiste &agrave; reproduire les propri&eacute;t&eacute;s syntaxiques des pronoms arabes : (kitabulwaladi : kitabuhu = le livre de lui = son livre) o&ugrave; l&rsquo;on remarque le r&ocirc;le de l&rsquo;influence directe de l&rsquo;arabe dont les dites propri&eacute;t&eacute;s sont transf&eacute;r&eacute;es en fran&ccedil;ais.</p> <p>En gros et pour r&eacute;sumer, on peut noter que les &eacute;tudiants ne ma&icirc;trisent pas encore la clitisation en fran&ccedil;ais. Ils transf&egrave;rent des propri&eacute;t&eacute;s syntaxiques de leur langue en fran&ccedil;ais m&ecirc;me si la repr&eacute;sentation structurale, dans les deux langues est diff&eacute;rente. Ils ont certaines difficult&eacute;s &agrave; distinguer les compl&eacute;ments d&rsquo;objet direct et indirect du verbe et les fonctions casuelles des pronoms clitiques inexistantes dans leur langue maternelle : ainsi les diff&eacute;rences entre l&rsquo;accusatif et le datif <em>je le mens </em>au lieu de j<em>e lui men</em>s ne sont pas encod&eacute;es morphologiquement chez eux. Ils violent la contrainte qui fait que &laquo; lui-m&ecirc;me n&rsquo;appara&icirc;t normalement pas dans la position d&rsquo;un compl&eacute;ment accusatif ou datif, o&ugrave; sont g&eacute;n&eacute;ralement proscrits en fran&ccedil;ais les pronoms personnels non-clitiques.&raquo; (Zribi-Hertz, 1990 : 101)</p> <h3>5.3. Anaphore infid&egrave;le</h3> <p>Les reprises qui mettent en jeu des substitutions lexicales sont les plus d&eacute;licates &agrave; utiliser (Thyrion, 1997). Elles entra&icirc;nent chez nos &eacute;tudiants des probl&egrave;mes de reconnaissance du lien cor&eacute;f&eacute;rentiel entre une mention et sa reprise. Il s&rsquo;agit ici d&rsquo;apprendre &agrave; nommer autrement une r&eacute;alit&eacute;. Les reprises de ce type mobilisent des connaissances &laquo; partag&eacute;es &raquo;. Il peut s&rsquo;agir de synonymes en cas d&rsquo;&eacute;quivalence s&eacute;mantique entre l&rsquo;anaphore et son ant&eacute;c&eacute;dent ou d&rsquo;hyperonymes quand il y a inclusion lexicale entre l&rsquo;hyponyme et l&rsquo;expression qui le reprend.</p> <p>Ces diff&eacute;rentes relations lexicales fondamentales en s&eacute;mantique lexicale d&rsquo;hyperonymie-hyponymie et de synonymie comme celle de la relation m&eacute;ronymique (dont il sera question plus loin) ne sont pas encore compl&egrave;tement assimil&eacute;es par les &eacute;tudiants. Ces derniers sont plut&ocirc;t familiers aux r&eacute;p&eacute;titions lexicales plus importantes dans leur langue maternelle, comme on va le voir. L&rsquo;arabe compte en effet parmi les langues qui se diff&eacute;rencient par un degr&eacute; tr&egrave;s &eacute;lev&eacute; de tol&eacute;rance &agrave; la r&eacute;p&eacute;tition lexicale. On notera une diff&eacute;rence sensible entre cette langue qui tend &agrave; r&eacute;p&eacute;ter les m&ecirc;mes constituants et le fran&ccedil;ais qui opte pour la variation lexicale (Scarpa, 2011).</p> <p>Les anaphores de partie &agrave; tout qui se fondent sur un savoir conventionnel ou st&eacute;r&eacute;otype supposent elles aussi une connaissance g&eacute;n&eacute;rale du monde partag&eacute;e par la communaut&eacute; linguistique. Ceci fait que &laquo; l&rsquo;&eacute;glise &raquo; dans (3) qui tire pourtant son interpr&eacute;tation r&eacute;f&eacute;rentielle de l&rsquo;expression ant&eacute;rieure &laquo; un village &raquo; n&rsquo;est plus mise par nos &eacute;tudiants en relation anaphorique avec son ant&eacute;c&eacute;dent, tant que l&#39;article d&eacute;fini n&rsquo;op&egrave;re pas une reprise cor&eacute;f&eacute;rentielle ; l&rsquo;expression anaphorique l&rsquo;&eacute;glise reprend partiellement le nom village en tant que partie d&rsquo;un tout.&nbsp;</p> <p>(3) Nous entr&acirc;mes dans un village. L&rsquo;&eacute;glise &eacute;tait situ&eacute;e sur une butte<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title="">[4]</a></p> <p>Cette anaphore indirecte n&eacute;cessite ainsi des connaissances g&eacute;n&eacute;rales et mobilise des savoirs sur l&rsquo;encodage des relations (exemple de partie-tout) dans le lexique qui peuvent ne pas faire chez l&rsquo;apprenant l&rsquo;objet de connaissances. Dans le cas &eacute;glise/clocher de (4), l&rsquo;expression anaphorique, le nom clocher en l&rsquo;occurrence, est n&eacute;cessairement constitutif du nom ant&eacute;c&eacute;dent &eacute;glise.</p> <p>(4) L&rsquo;&eacute;glise &eacute;tait ouverte. Le clocher &eacute;tait pench&eacute;</p> <p>Ce savoir conventionnel ou st&eacute;r&eacute;otype qui suppose une connaissance g&eacute;n&eacute;rale du monde partag&eacute;e par la communaut&eacute; linguistique est cependant plus difficilement mobilisable qu&rsquo;entre maison et toit dans (5). Et cela quand bien m&ecirc;me l&rsquo;identification des relations entre les deux unit&eacute;s lexicales constitue dans les deux cas une probl&eacute;matique qui rel&egrave;ve principalement de la s&eacute;mantique lexicale, c&#39;est-&agrave;-dire de la relation de sens entre deux entit&eacute;s lexicales.</p> <p>(5) J&rsquo;habite dans une petite maison, le toit me prot&egrave;ge de tout.</p> <p>Le probl&egrave;me est que l&rsquo;&eacute;tudiant n&rsquo;arrive pas toujours &agrave; d&eacute;celer le lien st&eacute;r&eacute;otypique de nature m&eacute;ronymique sous-jacent &agrave; l&rsquo;anaphore associative&nbsp;qui est l&rsquo;une des sp&eacute;cificit&eacute;s qui la d&eacute;finissent. Relevant d&rsquo;un savoir <em>a priori</em> ou conventionnel associ&eacute; aux lex&egrave;mes, c&rsquo;est une relation pr&eacute;construite entre un substantif qui est d&eacute;fini comme un holonyme par rapport &agrave; d&rsquo;autres substantifs d&eacute;finis comme ses m&eacute;ronymes (Kleiber, 2001) qui repose sur des structures pr&eacute;&eacute;tablies de la langue :</p> <blockquote> <p><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria">&laquo;&nbsp; </span></span>le ph&eacute;nom&egrave;ne d&rsquo;anaphore associative est &laquo;[une]manifestation [...] tangible [...] du lien st&eacute;r&eacute;otypique qui structure le lexique d&rsquo;une langue culture<span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Cambria"> &raquo; </span></span>(Pescheux 2010 : 166).</p> </blockquote> <p>Comme pour les autres types d&rsquo;anaphore nominale, les relations fondamentales de s&eacute;mantique lexicale qui sont requises sont loin d&rsquo;&ecirc;tre acquises. Ici, il s&rsquo;agit de la relation m&eacute;ronymique avec les propri&eacute;t&eacute;s s&eacute;mantiques rattach&eacute;es &agrave; la relation partie-tout.</p> <p>Les interf&eacute;rences avec l&rsquo;arabe se situent, dans ce cas, sur un autre plan. Au d&eacute;fini associatif fran&ccedil;ais on pr&eacute;f&egrave;re en arabe le possessif plus coh&eacute;sif. Dans les grammaires arabes, l&rsquo;article d&eacute;fini forme avec le nom des expressions d&eacute;finies r&eacute;f&eacute;rentielles. Le SN d&eacute;fini se traduit, dans le cas d&#39;un r&eacute;f&eacute;rent sp&eacute;cifique, par le fait qu&rsquo;il d&eacute;signe un ou des individus particuliers d&eacute;j&agrave; &eacute;voqu&eacute;s ou pr&eacute;sents dans la conscience des interlocuteurs (al ala&rsquo;diyya), anaphorique. Dans le cas d&#39;un r&eacute;f&eacute;rent g&eacute;n&eacute;rique, il a une port&eacute;e universelle : le SN d&eacute;signe l&rsquo;ensemble d&rsquo;une classe ou sous classe d&rsquo;individus (al aljinssiyya). Le d&eacute;terminant d&eacute;fini en arabe r&eacute;f&egrave;re donc &agrave; des &ecirc;tres particuliers ou &agrave; des classes. Pour ce d&eacute;terminant, les grammairiens ne r&eacute;pertorient pas d&#39;usage tel que celui du d&eacute;fini associatif du fran&ccedil;ais. Face &agrave; (6) o&ugrave; la partie est rapport&eacute;e &agrave; un tout, l&#39;arabe recourt &agrave; une forme &eacute;quivalente &agrave; la reprise possessive de (7). Ce que dit &eacute;galement l&#39;anglais (&quot;His eyes are blue&quot;).</p> <p>(6) Pierre est petit. Il a les yeux bleus.</p> <p>(7) ? Ses yeux sont bleus.</p> <p>D&rsquo;o&ugrave; les fr&eacute;quentes erreurs interf&eacute;rentielles que l&rsquo;on rencontre chez les &eacute;tudiants o&ugrave; des anaphores possessives sont mises pour une anaphore associative. Ces derniers n&rsquo;op&egrave;rent quasiment jamais, pour la plupart d&rsquo;entre eux, la transformation qui s&rsquo;impose en passant de l&rsquo;arabe au fran&ccedil;ais et diront majoritairement (9) au lieu de (8)</p> <p>(8) Il est sorti les yeux brillants.</p> <p>(9) *Il est sorti, ses yeux brillants.</p> <p>Quoique la relation de possession ou d&rsquo;appartenance soit &eacute;videntes en fran&ccedil;ais comme dans (10),&nbsp; l&rsquo;adjectif possessif est mis dans (11) pour l&rsquo;article d&eacute;fini de ce dernier exemple :</p> <p>(10) J&rsquo;ai mal au dos.</p> <p>(11) *J&rsquo;ai mal &agrave; mon dos.</p> <p>Que l&rsquo;on assiste en langue fran&ccedil;aise &agrave; une concurrence entre l&rsquo;anaphore possessive et l&rsquo;anaphore associative comme dans (12) et (13) o&ugrave; la configuration est favorable aux deux d&eacute;terminants, ou que la relation partie-tout soit construite par le biais de l&rsquo;anaphore associative exclusivement comme dans (14), les &eacute;tudiants favoriseront le possessif aux d&eacute;pens du d&eacute;fini associatif :</p> <p>(12) Il promena sa main devant les yeux.</p> <p>(13) Il promena la main devant les yeux.</p> <p>(14) Il a achet&eacute; une maison &hellip; le toit.</p> <p>Sans doute peut-on expliquer la pr&eacute;f&eacute;rence du possessif &agrave; cause de la relation de reprise directe avec l&rsquo;ant&eacute;c&eacute;dent dans le cas du possessif et indirecte dans le cas de l&rsquo;anaphore associative, mais il est plus plausible de penser qu&rsquo;il s&rsquo;agit d&rsquo;une convergence structurale o&ugrave; l&rsquo;on op&egrave;re par analogie avec le syst&egrave;me de l&rsquo;arabe. Dire en effet (9) au lieu de (8) n&rsquo;est pas sans rappeler l&rsquo;usage propre &agrave; l&rsquo;arabe qui dit litt&eacute;ralement <em>ses yeux</em> moyennant une anaphore cor&eacute;f&eacute;rentielle. Le d&eacute;fini associatif <em>le toit </em>dans l&rsquo;exemple (5) ci-dessus appara&icirc;t donc comme peu coh&eacute;sif. Il &laquo; op&egrave;re une sorte de d&eacute;tachement &laquo; imaginaire &raquo;, d&ucirc; &agrave; la s&eacute;mantique de la structure &laquo; le N &raquo; [qui a] la propri&eacute;t&eacute; de pr&eacute;senter le r&eacute;f&eacute;rent comme autonome &raquo; (Kleiber, 1999 : 85). Il passe en arabe au moyen d&rsquo;une&nbsp;&laquo; anaphore possessive &raquo; qui op&egrave;re une reprise cor&eacute;f&eacute;rentielle et, par suite, ne se comprend qu&rsquo;&agrave; partir de son ant&eacute;c&eacute;dent. Le lien est en effet plus explicite avec le &laquo; possessif &raquo; des exemples de l&rsquo;arabe que nous venons d&rsquo;examiner. Ce qui pourrait expliquer, chez nos &eacute;tudiants, qui d&eacute;laissent le d&eacute;fini associatif, le recours syst&eacute;matique &agrave; la d&eacute;termination possessive.</p> <h2>6. CONCLUSION</h2> <p>Pour conclure, on peut dire en gros, que si l&rsquo;apprenant du fran&ccedil;ais dans l&rsquo;environnement bilingue de l&rsquo;universit&eacute; marocaine manque de cette indispensable distanciation &agrave; cet &laquo; attachement au connu &raquo; dans l&rsquo;apprentissage tant et si bien qu&rsquo;il transf&egrave;re des propri&eacute;t&eacute;s syntaxiques de sa langue en fran&ccedil;ais, m&ecirc;me si la repr&eacute;sentation structurale dans les deux langues est diff&eacute;rente, il convient toutefois, de ne pas sur&eacute;valuer les effets des interf&eacute;rences de l&rsquo;arabe qui peuvent se produire chez lui. Comme nous avons pu le montrer &agrave; partir d&rsquo;exemples de marqueurs de coh&eacute;sion r&eacute;f&eacute;rentielle en fran&ccedil;ais, le &laquo; mode propre &raquo; de construction de la coh&eacute;rence en arabe, qui peut &ecirc;tre assur&eacute;e diff&eacute;remment en comparaison avec le fran&ccedil;ais, n&rsquo;explique pas tous les dysfonctionnements de coh&eacute;sion r&eacute;f&eacute;rentielle que nous avons rencontr&eacute;s dans le cas des anaphores infid&egrave;les. Ceux-ci tiennent davantage &agrave; une connaissance insuffisante des relations lexicales fondamentales en s&eacute;mantique lexicale d&rsquo;hyperonymie-hyponymie et de synonymie comme celle de la relation m&eacute;ronymique et des repr&eacute;sentations conceptuelles (la st&eacute;r&eacute;otypie). Ce qui appelle &agrave; rem&eacute;dier &agrave; l&rsquo;offre actuelle en mati&egrave;re d&rsquo;enseignement du fran&ccedil;ais au Maroc qui, par une foisonnante mati&egrave;re et un volume horaire d&eacute;di&eacute; au module de langue fran&ccedil;aise aussi r&eacute;duit, ne permet pas de consolider, entre autres, les connaissances linguistiques et culturelles de l&rsquo;apprenant (repr&eacute;sentations conceptuelles et st&eacute;r&eacute;otypes), donn&eacute;es cruciales pour la r&eacute;solution de beaucoup d&rsquo;anaphores.</p> <p style="margin-top:19px; margin-bottom:19px">&nbsp;</p> <h2>Bibliographie</h2> <p style="text-align: left;">BORILLO, Andr&eacute;e, TAMINE, Jo&euml;lle, SOUBLIN, Fran&ccedil;oise, <em>Exercices de syntaxe transformationnelle</em>, Paris, Armand Colin, 1974.</p> <p style="text-align: left;">CASTELLOTTI, V&eacute;ronique, MOORE, Dani&egrave;le, <em>Repr&eacute;sentations sociales des langues et enseignements. Guide pour l&rsquo;&eacute;laboration des politiques linguistiques &eacute;ducatives en Europe. De la diversit&eacute; linguistique &agrave; l&rsquo;&eacute;ducation plurilingue</em>, Division des politiques linguistiques, Strasbourg, Conseil de l&rsquo;Europe, 2002.</p> <p style="text-align: left;">CHAMI, Moussa, &laquo; Quel fran&ccedil;ais aujourd&rsquo;hui &agrave; l&rsquo;universit&eacute; marocaine? &raquo;, Revue Langues et Litt&eacute;ratures, Vol XVIII, 2004, p. 63-69.&nbsp;</p> <p style="text-align: left;">CHARAUDEAU, Patrick, MAINGUENEAU, Dominique, <em>Dictionnaire d&rsquo;analyse du discours</em>, Paris, Seuil, 2002.</p> <p style="text-align: left;">CORBLIN, Francis, <em>Les formes de reprise dans le discours. Anaphores et cha&icirc;nes de r&eacute;f&eacute;rence</em>, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 1995.</p> <p style="text-align: left;">de MAUPASSANT, Guy, Contes du jour et de la nuit, Paris, Garnier Flammarion, n. 292, 1977.</p> <p style="text-align: left;">KLEIBER, Georges, &laquo; Peut-on d&eacute;finir une cat&eacute;gorie g&eacute;n&eacute;rale de l&#39;anaphore ? &raquo;, Vox Rom&aacute;nica, n&deg; 48, 1988, p. 1-14.</p> <p style="text-align: left;">KLEIBER, Georges, &laquo; Anaphore-d&eacute;ixis. O&ugrave; en sommes-nous? &raquo;, L&rsquo;Information grammaticale, n&deg; 51, 1991, p. 3-18.</p> <p style="text-align: left;">KLEIBER, Georges, <em>Anaphore et pronoms</em>, Louvain, Duculot, 1994.</p> <p style="text-align: left;">KLEIBER, Georges, &laquo; Anaphore associative et relation partie-tout : condition d&rsquo;ali&eacute;nation et principe de congruence ontologique &raquo;, Langue fran&ccedil;aise, n&deg;122, 1999, p. 70-100.</p> <p style="text-align: left;">KLEIBER, Georges, <em>L&rsquo;anaphore associative</em>, Paris, PUF, 2001.</p> <p style="text-align: left;">MADAME de LAFAYETTE, <em>La princesse de Cl&egrave;ves,</em> &eacute;d. de Ph. Sellier, Paris, Le Livre de Poche, Collection Classiques, 1973.</p> <p style="text-align: left;">PESCHEUX, Marion, &laquo; L&rsquo;article d&eacute;fini en fran&ccedil;ais et l&rsquo;anaphore associative &raquo; dans Galatanu, Olga (dir.), Enseigner les structures langagi&egrave;res en FLE, 2010, p. 159-172.</p> <p style="text-align: left;">SCARPA, Federica, <em>La Traduction sp&eacute;cialis&eacute;e : Une approche professionnelle &agrave; l&#39;enseignement de la traduction</em>, Ottawa, University Of Ottawa Press, 2011.</p> <p style="text-align: left;">THYRION, Francine, &laquo; L&rsquo;&eacute;crit argument&eacute; : questions d&rsquo;apprentissage &raquo;, S&eacute;rie p&eacute;dagogique de l&rsquo;institut de linguistique de Louvain, n&deg;21, Louvain-La-Neuve, Peeters, 1997.</p> <p style="text-align: left;">ZRIBI-HERTZ, Anne, &laquo; Lui-m&ecirc;me argument et le concept de &quot;pronom A&quot; &raquo;, Langages, n&deg; 97, 1990, p. 100-127.</p> <p style="margin-top: 19px; margin-bottom: 19px; text-align: left;">&nbsp;</p> <div> <p style="text-align: left;">&nbsp;</p> <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p style="text-align: left;"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title="">[1]</a> Facult&eacute; Polydiscilinaire de Taza, Universit&eacute; de F&egrave;s.</p> <p style="text-align: left;"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title="">[2]</a> L&rsquo;anaphore associative est, en effet, tr&egrave;s concurrenc&eacute;e en arabe par l&rsquo;anaphore possessive au point d&rsquo;en &ecirc;tre pratiquement supplant&eacute;e.</p> </div> <div id="ftn3"> <p style="text-align: left;"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title="">[3] </a>Cet exemple, comme les suivants, est repris de Borillo, Tamine et Soublin (1974).</p> </div> <div id="ftn4"> <p style="text-align: left;"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title="">[4]</a> Sauf mention contraire,&nbsp; les exemples qui suivent sont emprunt&eacute;s &agrave; Kleiber.</p> </div> </div>