<p>Article</p> <p>&nbsp;</p> <p><strong>Introduction :</strong></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Les vell&eacute;it&eacute;s d&rsquo;interdisciplinarit&eacute; ne peuvent &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;es l&eacute;gitimes, &agrave; notre sens, que si est investigu&eacute;e la question pr&eacute;judicielle de leurs conditions de possibilit&eacute;. En ce sens, le cas des relations entre philosophie et sociologie appara&icirc;t comme un exemple int&eacute;ressant en ce qu&rsquo;il concerne deux disciplines, dont l&rsquo;une est n&eacute;e dans la proximit&eacute; directe de l&rsquo;autre, mais qui ont parall&egrave;lement fait l&rsquo;objet de griefs r&eacute;ciproques tr&egrave;s vifs qui ont engendr&eacute; une mise &agrave; distance d&eacute;courageant souvent de mener une r&eacute;flexion sereine sur les relations qu&rsquo;elles pouvaient encore entretenir.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Les relations d&eacute;licates de la philosophie et de la sociologie constituent en effet une question &eacute;pist&eacute;mologique importante et largement rebattue depuis la fin du XIX&egrave;me si&egrave;cle et il ne s&rsquo;agit &eacute;videmment pas ici de retracer en d&eacute;tails leur fil directeur. Nous nous contenterons de proposer un amendement de la vision g&eacute;n&eacute;ralement pr&eacute;sent&eacute;e que nous jugeons trop simpliste d&rsquo;un d&eacute;tachement de la sociologie vis-&agrave;-vis de la philosophie notamment par l&rsquo;entremise d&rsquo;&Eacute;mile Durkheim, pourtant originellement form&eacute; &agrave; la philosophie. Cette vision a naturellement sa part de v&eacute;rit&eacute; mais elle est trop sujette aux deux erreurs oppos&eacute;es que sont d&rsquo;une part le biais r&eacute;trospectif du chercheur contemporain qui analyse ce pan consid&eacute;rable de l&rsquo;histoire des sciences de l&rsquo;homme avec un recul qui lui donne une vision <em>a posteriori</em> des &eacute;v&eacute;nements&nbsp;; et d&rsquo;autre part court le risque de trop prendre au s&eacute;rieux ce que les acteurs de ces diff&eacute;rentes &eacute;poques, du XIX&egrave;me si&egrave;cle jusqu&rsquo;aux auteurs contemporains comme Bourdieu, se racontaient du tournant disciplinaire et des rapports entre philosophie et sciences sociales.&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; De ce point de vue, qu&rsquo;ils aient feint ou non de r&eacute;ellement pr&eacute;tendre d&eacute;tacher la sociologie de toute philosophie et notamment de ses consid&eacute;rations m&eacute;taphysiques, les pr&eacute;curseurs de la sociologie scientifique sont vites revenus de ce souhait g&eacute;n&eacute;ralement exprim&eacute; dans les premi&egrave;res ann&eacute;es et tr&egrave;s vite nuanc&eacute; dans les textes post&eacute;rieurs. Ce processus de s&eacute;paration, qu&rsquo;il soit r&eacute;el ou exag&eacute;r&eacute;, semble en tout cas avoir emp&ecirc;ch&eacute; toute tentative de rapprochement entre les deux disciplines qui serait appr&eacute;hend&eacute; comme volont&eacute; de r&eacute;annexion de la sociologie &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur du giron de la philosophie.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Or il semble que c&rsquo;est autour de l&rsquo;emploi des concepts entre ces deux disciplines, concepts envisag&eacute;s alors comme &laquo;&nbsp;connecteurs interdisciplinaires&nbsp;&raquo; comme l&rsquo;&eacute;voquait l&rsquo;appel &agrave; communications, que se pose peut-&ecirc;tre la question d&rsquo;un dialogue possible entre sociologie et philosophie. </span></span><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Le mot du grand historien de l&rsquo;&Eacute;cole des Annales, Lucien Febvre&nbsp;: &laquo;&nbsp;Historiens, soyez g&eacute;ographes, soyez juristes aussi, et sociologues et psychologues&nbsp;&raquo; (Febvre, 1943, p. 17) est en effet tout autant stimulant que complexe &agrave; mettre en application. Si la fronti&egrave;re disciplinaire peut dans une certaine mesure &ecirc;tre relativis&eacute;e en tant que s&eacute;paration arbitraire, elle n&rsquo;en a pas moins cr&eacute;&eacute; des effets objectifs qui pr&eacute;viennent de rapprochements trop brusques, au risque de ne pas respecter le sch&egrave;me de pens&eacute;e &eacute;ventuellement import&eacute; depuis une discipline vers une autre. Est-il en ce sens l&eacute;gitime de faire des &oelig;uvres philosophiques des &laquo; boite à outils &raquo; conceptuelles dans lesquelles les chercheurs en sciences sociales viendraient se servir,&nbsp;et l&rsquo;int&eacute;grit&eacute; d&rsquo;un concept n&rsquo;est-elle pas ternie par une application particuli&egrave;re &agrave; un terrain alors m&ecirc;me que ces concepts avaient &eacute;t&eacute; &eacute;labor&eacute;s dans un cadre th&eacute;orique diff&eacute;rent ? L&rsquo;enjeu d&rsquo;une telle utilisation, par la sociologie, des concepts de la philosophie n&rsquo;est pas de produire une simple m&eacute;taphore qui viendrait illustrer un ph&eacute;nom&egrave;ne par un effet de d&eacute;calage mais bien son insertion dans le r&eacute;gime disciplinaire d&rsquo;accueil afin de ne pas se trouver coupable de l&rsquo;utilisation de concepts emprunt&eacute;s &agrave; un autre champ disciplinaire sans en ma&icirc;triser le sens d&rsquo;origine qu&rsquo;ont &eacute;voqu&eacute; les fameux canulars de Sokal et Bricmont (Robert-Demontrond, 2004, p. 39-43). S&rsquo;il nous semble pertinent de favoriser un dialogue de la philosophie avec la sociologie, il faut n&eacute;anmoins tenter de restituer d&rsquo;une part le cadre disciplinaire dans lequel un &eacute;change est possible et les conditions sous l&rsquo;&eacute;gide desquelles l&rsquo;&eacute;change de bons proc&eacute;d&eacute;s autour des concepts est possible, c&rsquo;est-&agrave;-dire &eacute;pist&eacute;mologiquement satisfaisant. </span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <ol style="list-style-type:upper-roman"> <li style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><strong><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">La proposition de l&rsquo;unidisciplinarit&eacute; comme connexion disciplinaire</span></span></strong></span></span></li> </ol> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Un certain nombre d&rsquo;auteurs r&eacute;fl&eacute;chissent aux connexions disciplinaires possibles entre sociologie et philosophie. Dans des configurations propres, Jean-Louis Fabiani (2010, 2015), Bruno Karsenti (2013), Cyril Lemieux (2009, 2012), Fr&eacute;d&eacute;ric Lordon (2013), parmi de nombreux autres chercheurs, ne se satisfont pas de l&rsquo;image qu&rsquo;ils jugent na&iuml;vement positiviste d&rsquo;une sociologie d&eacute;finitivement lib&eacute;r&eacute;e de la philosophie d&eacute;nonc&eacute;e comme pure &laquo;&nbsp;discipline du couronnement&nbsp;&raquo; &agrave; vis&eacute;e h&eacute;g&eacute;monique.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Entre le &laquo;&nbsp;d&eacute;marcationnisme &raquo;, &laquo;&nbsp;l&#39;int&eacute;grationnisme&nbsp;&raquo; et le &laquo;&nbsp;conversionnisme&nbsp;&raquo;, c&#39;est &agrave; dire l&rsquo;id&eacute;al-type des trois positions cat&eacute;goris&eacute;es par Cyril Lemieux (2012, p. 200-201) des rapports entre sociologie et philosophie, ceux-ci se situent g&eacute;n&eacute;ralement dans le cadre de la derni&egrave;re, r&eacute;sum&eacute;e de la fa&ccedil;on suivante&nbsp;:</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">&laquo;<em> </em>philosophie et sociologie ne sont pas, et ne peuvent pas &ecirc;tre, deux disciplines indiff&eacute;rentes l&rsquo;une &agrave; l&rsquo;autre. Elles ne le sont pas et ne peuvent pas l&rsquo;&ecirc;tre, car la sociologie proc&eacute;dant d&rsquo;une rupture avec la philosophie, en m&ecirc;me temps qu&rsquo;elle en sauvegarde les ambitions et en conserve pour partie les questionnements, elle ne saurait se penser, ni penser ses ambitions propres, ind&eacute;pendamment de ce qu&rsquo;est et de ce que continue &agrave; &laquo;&nbsp;vouloir&nbsp;&raquo; de son c&ocirc;t&eacute; la philosophie&nbsp;&raquo; (<em>Ibid</em>., p. 201)<em>. </em></span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Dans le prolongement de ces analyses, il est peut-&ecirc;tre possible de caract&eacute;riser une articulation entre sociologie et philosophie qui int&egrave;gre cette h&eacute;t&eacute;ronomie relative en les pensant comme des disciplines &agrave; la fois autonomes mais li&eacute;es. En s&rsquo;&eacute;loignant donc des deux lectures autant en termes d&rsquo;autonomisation compl&egrave;te aussi bien que de <em>statu quo</em> c&rsquo;est-&agrave;-dire de r&eacute;int&eacute;gration de la sociologie au sein de la philosophie, nous pouvons plut&ocirc;t caract&eacute;riser les rapports entre sociologie et philosophie sous le th&egrave;me de l&rsquo;<em>unidisciplinarit&eacute;</em>. Ce terme, dans la lign&eacute;e de ceux connexes d&rsquo;interdisciplinarit&eacute; ou de pluridisciplinarit&eacute;, a pour but de d&eacute;signer un cadre conceptuel commun qui rassemble diff&eacute;rentes disciplines traditionnellement s&eacute;par&eacute;es par des fronti&egrave;res disciplinaires dont les inconv&eacute;nients finissent par d&eacute;passer les avantages. Andr&eacute; Orl&eacute;an (2005) a propos&eacute; la mise en place de ce cadre d&rsquo;analyse dans le cas de l&rsquo;&eacute;conomie et de la sociologie, pour tenter de mettre au jour la base commune qui relie souterrainement ces deux disciplines et engager un programme de recherche qui ne se bornerait plus aux fronti&egrave;res classiques. L&rsquo;&eacute;conomiste en trouve la meilleure illustration chez Durkheim et Fauconnet qui &eacute;voquent un &laquo;&nbsp;corps de sciences distinctes et solidaires, mais ayant le sentiment de leur solidarit&eacute; &raquo; (1903). Cette unidisciplinarit&eacute; des sciences sociales &eacute;tait alors pens&eacute;e ouvertement contre l&rsquo;influence de la philosophie. </span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">L&rsquo;unidisciplinarit&eacute; entre philosophie et sociologie, si l&rsquo;on se l&rsquo;autorise, en poussant le curseur, a donc pour but de remettre en question les sch&eacute;mas disciplinaires qui voient dans le fait pour les sociologues de mobiliser les ressources de la philosophie une aberration rendue soit coupable par principe en tant qu&rsquo;intrusion ennemie d&rsquo;une discipline arrogante, soit &eacute;ventuellement acceptable par le prestige th&eacute;orique dont cette discipline jouirait. Ce sont l&agrave; deux &eacute;cueils que l&rsquo;unidisciplinarit&eacute; tente de pr&eacute;venir en se concentrant notamment sur le fait que le corpus sociologique serait consid&eacute;rablement appauvri si lui &eacute;tait &ocirc;t&eacute;e, par exp&eacute;rience de pens&eacute;e, toute trace de questionnement et r&eacute;f&eacute;rence &agrave; la philosophie, mais r&eacute;ciproquement que la sociologie ne compte pas pour rien dans la fa&ccedil;on d&rsquo;appr&eacute;hender les r&eacute;sultats de la philosophie aujourd&rsquo;hui, et que cette situation n&eacute;cessite un r&eacute;agencement disciplinaire heuristique pour la recherche.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Nous pensons ainsi qu&rsquo;une autre repr&eacute;sentation et une autre configuration disciplinaire pourrait s&rsquo;articuler non pas entre sociologues d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; et philosophes de l&rsquo;autre, mais entre philosophes et sociologues partageant une m&ecirc;me &eacute;pist&eacute;mologie. Les oppositions &eacute;pist&eacute;mologiques en sociologie semblent en effet parfois tellement virulentes qu&rsquo;on a peine &agrave; appr&eacute;hender qu&rsquo;elles puissent coexister &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur d&rsquo;une m&ecirc;me discipline. Certes, une discipline ne vise &agrave; aucun consensus par principe et tol&egrave;re des courants, des m&eacute;thodes et des approches concurrents. Cependant, pour prendre une opposition paradigmatique, entre Boudon et Bourdieu, au-del&agrave; des animosit&eacute;s personnelles, il semble n&eacute;anmoins qu&rsquo;aucun travail en commun ne soit possible au point que les diff&eacute;rents courants semblent rejeter l&rsquo;autre en dehors de la discipline. Qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de la vision de la neutralit&eacute; axiologique, de la n&eacute;cessit&eacute; ou non d&rsquo;une rupture &eacute;pist&eacute;mologique, de la vision anthropologique de l&rsquo;homme, de la th&eacute;orie de l&rsquo;action qu&rsquo;ils mobilisent, voire dans une certaine mesure de la d&eacute;nonciation de la m&eacute;taphysique qui est plus virulente chez les individualistes qui pr&ecirc;tent une ontologie mal ma&icirc;tris&eacute;e aux holistes &agrave; propos du &laquo;&nbsp;social&nbsp;&raquo;, on ne voit &agrave; peu pr&egrave;s rien qui rapproche les deux courants. Bourdieu peut ainsi d&eacute;clarer&nbsp;de mani&egrave;re virulente : &laquo;&nbsp;la plupart des objections qui me sont adress&eacute;es, surtout par les plus &quot;&eacute;minents des sociologues fran&ccedil;ais&quot; entre guillemets, ont, selon moi, valeur d&rsquo;auto-exclusion. Si tant est qu&rsquo;on accepte les principes fondamentaux de la connaissance sociologique. Je ne vois pas comment on peut faire de telles objections sans se radier de l&rsquo;ordre des sociologues&nbsp;&raquo; (Bourdieu, 1994, p. 329).&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">A l&rsquo;inverse, tout semble &eacute;loigner <em>a priori</em> les philosophes d&rsquo;avec une sociologie bourdieusienne Bourdieu qui a &eacute;mis une critique de la philosophie telle qu&rsquo;il semble improbable d&rsquo;envisager une quelconque collaboration. Il est pourtant possible d&rsquo;&eacute;tudier l&rsquo;importance, par exemple, que l&rsquo;&oelig;uvre &nbsp;du philosophe hollandais Spinoza a repr&eacute;sent&eacute;e pour diff&eacute;rents sociologues, et la contribution qu&rsquo;il a l&eacute;gu&eacute;e &agrave; la sociologie de par le caract&egrave;re pr&eacute;curseur de ses analyses au point que l&rsquo;on puisse l&eacute;gitimement se demander si Bourdieu n&rsquo;est pas plus en dialogue avec ce philosophe qu&rsquo;avec bon nombre de ses condisciples sociologues. C&rsquo;est alors ce concept d&rsquo;&laquo;&nbsp;unidisciplinarit&eacute;&nbsp;&raquo; qui nous para&icirc;t &agrave; m&ecirc;me de forger un r&eacute;gime disciplinaire qui articule plus qu&rsquo;il ne s&eacute;pare diff&eacute;rents niveaux de savoirs, tout en leur r&eacute;servant un niveau propre d&rsquo;analyse, et qui semble avoir caract&eacute;ris&eacute; la vision disciplinaire de Bourdieu.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Il ne s&rsquo;agit certainement pas de postuler que philosophes et sociologues pratiquent des op&eacute;rations identiques, ce qui serait absurde notamment du point de vue du r&eacute;gime de preuves empiriques qui constitue la sociologie et auquel les philosophes sont &eacute;trangers.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">En revanche, en postulant une compl&eacute;mentarit&eacute; entre certains philosophes et certains sociologues, il s&rsquo;agirait alors d&rsquo;envisager l&rsquo;unidisciplinarit&eacute; comme une cha&icirc;ne partant d&rsquo;un p&ocirc;le philosophique faisant la part aux r&eacute;flexions y compris m&eacute;taphysiques jusqu&rsquo;&agrave; un p&ocirc;le sociologique consacr&eacute; aux enqu&ecirc;tes de terrain, &agrave; laquelle les chercheurs contribuent &agrave; diff&eacute;rents niveaux du processus. En ayant admis, &agrave; la suite de leur tentative &laquo;&nbsp;positiviste&nbsp;&raquo; rapidement avort&eacute;e, que les propositions m&eacute;taphysiques ne peuvent &ecirc;tre laiss&eacute;es de c&ocirc;t&eacute; par les sociologues, Durkheim et Bourdieu autorisent cette repr&eacute;sentation de la sociologie en termes de prolongement de la philosophie avec des techniques propres qui en font n&eacute;anmoins un domaine de savoir ayant son autonomie. Si les philosophes et les sociologues peuvent travailler chacun &agrave; un p&ocirc;le de l&rsquo;unidisciplinarit&eacute; dans un relatif d&eacute;sint&eacute;r&ecirc;t des chercheurs situ&eacute;s au p&ocirc;le oppos&eacute; du leur, c&rsquo;est la force d&rsquo;une figure comme Bourdieu par exemple que d&rsquo;avoir parfois travaill&eacute; au p&ocirc;le sociologique de l&rsquo;unidisciplinarit&eacute; avec des travaux de terrain &agrave; base fortement empirique comme ses enqu&ecirc;tes alg&eacute;riennes (2008) et ses &eacute;crits de sociologie de l&rsquo;&eacute;ducation et de la culture (1964, 1965, 1966), mais d&rsquo;avoir aussi eu la possibilit&eacute; de se porter au p&ocirc;le philosophique par exemple dans <em>M&eacute;ditations pascaliennes </em>(1997). A l&rsquo;int&eacute;rieur d&rsquo;un m&ecirc;me ouvrage, Bourdieu pouvait m&ecirc;me alterner les deux p&ocirc;les de l&rsquo;unidisciplinarit&eacute; en passant de descriptions empiriques tr&egrave;s d&eacute;velopp&eacute;es &agrave; un post-scriptum o&ugrave; il se l&acirc;chait philosophiquement contre Kant et comme il l&rsquo;affirmait de mani&egrave;re d&eacute;sacralisante et cela illustre qu&rsquo;il n&rsquo;y aucune hi&eacute;rarchie entre les deux p&ocirc;les de l&rsquo;unidisciplinarit&eacute;&nbsp;: &laquo;&nbsp;je ne fais pas une diff&eacute;rence ontologique entre un concept de Kant ou de Platon et une analyse factorielle&hellip;&nbsp;&raquo; (Bourdieu, 2014, 211). Cette phrase est pourtant aussi stimulante que probl&eacute;matique car elle donne &agrave; penser que l&rsquo;int&eacute;gration des deux disciplines dispenserait de toute r&eacute;flexion &eacute;pist&eacute;mologique&hellip;</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <ol start="2" style="list-style-type:upper-roman"> <li style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><strong><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Le concept comme point de passage entre philosophie et sociologie</span></span></strong></span></span></li> </ol> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Si l&rsquo;on accepte cette id&eacute;e d&rsquo;unidisciplinarit&eacute; et ce lien donc possible entre sociologie et philosophie mais dans une armature qui ne supprime en rien la pr&eacute;tention &agrave; l&rsquo;autonomie de ces deux disciplines, il semble possible d&rsquo;envisager les points de contact possibles et de s&rsquo;int&eacute;resser dans cette perspective au transfert de concepts de la philosophie vers la sociologie. Cette question a pourtant cristallis&eacute; beaucoup d&rsquo;animosit&eacute; entre philosophes et sociologues, les uns s&rsquo;accaparant le monopole de leur production tandis que les seconds pr&eacute;tendaient ne pas avoir &agrave; qu&eacute;mander une quelconque aide conceptuelle aux philosophes. </span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">De ce point de vue, Gilles Deleuze dans son fameux ouvrage <em>Qu&rsquo;est-ce que la philosophie&nbsp;? </em>co-&eacute;crit avec F&eacute;lix Guattari (Deleuze, Guattari, 1991), est intervenu &agrave; sa fa&ccedil;on dans l&rsquo;histoire des relations entre philosophie et sciences sociales en faisant de la philosophie la discipline avant tout d&eacute;finie par sa capacit&eacute; de productrice de concepts. A c&ocirc;t&eacute; des arts et des sciences fonctionnant respectivement par &laquo;&nbsp;percepts&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;fonctions&nbsp;&raquo;, Deleuze identifiait une discipline philosophique qui aurait pour mission voire comme essence de cr&eacute;er des concepts. Il n&rsquo;est pas interdit n&eacute;anmoins interroger cette id&eacute;e de Deleuze d&rsquo;une philosophie qui serait seule cr&eacute;atrice de concepts. D&rsquo;abord en se demandant si les sociologues ne cr&eacute;ent pas eux aussi des concepts. Comme le remarque Jean-Louis Fabiani, les &oelig;uvres sociologiques les plus marquantes sont pr&eacute;cis&eacute;ment celles qui ont &eacute;labor&eacute; des concepts, que l&rsquo;on se permet d&rsquo;ailleurs d&rsquo;utiliser m&ecirc;me sans avoir pr&eacute;cis&eacute;ment lu l&rsquo;&oelig;uvre dans laquelle ils avaient &eacute;t&eacute; &eacute;labor&eacute;s originellement, selon le principe de Merton d&rsquo;<em>obliteration by incorporation</em></span></span><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> (2010b). Le sous-titre du premier tome de l&rsquo;ouvrage inachev&eacute; de Max Weber <em>&Eacute;conomie et soci&eacute;t&eacute; </em>(Weber, 1922) est d&rsquo;ailleurs intitul&eacute; &laquo;&nbsp;concepts fondamentaux de la sociologie&nbsp;&raquo;. On pourrait en effet se demander si les termes de &laquo;&nbsp;fait social&nbsp;&raquo; ou de &laquo;&nbsp;fait social total&nbsp;&raquo; sur lesquels ont insist&eacute; Durkheim (1895) et Mauss (1923-1924) ne pourraient pas ressortir d&rsquo;un concept au sein plein du terme et s&rsquo;il n&rsquo;est pas dangereux de pr&eacute;tendre &eacute;tablir un effet de seuil qui s&eacute;parerait de mani&egrave;re plus ou moins arbitraire la vague cr&eacute;ation terminologique, d&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, du &laquo;&nbsp;concept pur&nbsp;&raquo; de l&rsquo;autre&nbsp;? &nbsp;Si l&rsquo;on peut admettre qu&rsquo;entre le concept d&rsquo;habitus et celui de d&eacute;saffiliation, l&rsquo;&eacute;tendue du champ de ce que ces deux concepts permettent de penser n&rsquo;est pas la m&ecirc;me, n&rsquo;y-a-t-il pas une sorte de r&eacute;flexe un peu condescendant consistant &agrave; effectuer des hi&eacute;rarchies sans argumenter la l&eacute;gitimit&eacute; du crit&egrave;re de jugement port&eacute;&nbsp;?</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="font-size:11.0pt">Il appara&icirc;t pourtant possible de d&eacute;laisser ces questions. Concernant la capacit&eacute; exclusive ou non des philosophes &agrave; produire des concepts&nbsp;: de grandes figures des sciences sociales ont produit indubitablement des concepts qu&rsquo;il s&rsquo;agisse de Durkheim, Mauss, Halbwachs, L&eacute;vi-Strauss, Bourdieu, mais &eacute;videmment tous sont agr&eacute;g&eacute;s de philosophie. Comme le note &agrave; raison le sociologue Julien Duval&nbsp;: &laquo;</span><span style="font-size:11.0pt">&nbsp;La sociologie durkheimienne n&rsquo;aurait sans doute pas accord&eacute; une telle importance aux concepts, si elle n&rsquo;avait &eacute;t&eacute; l&rsquo;&oelig;uvre de savants qui, comme &Eacute;mile Durkheim, Marcel Mauss, Maurice Halbwachs ou Fran&ccedil;ois Simiand &eacute;taient philosophes de formation&nbsp;&raquo; (Duval, 2004, p. 139).</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Faut-il alors s&rsquo;imposer la t&acirc;che, impossible, de distinguer dans leurs parcours de philosophes puis leur parcours de chercheurs en sciences sociales la part qui revient dans cette cr&eacute;ation de concepts&nbsp;? Le parcours scolaire d&rsquo;&eacute;tudiants en philosophie n&rsquo;est pas constitu&eacute; de cours de production de concepts, en revanche la philosophie se situe &agrave; un niveau d&rsquo;analyse qui lui enjoint plus que dans d&rsquo;autres disciplines de cr&eacute;er des concepts. Les premi&egrave;res g&eacute;n&eacute;rations de sociologues disposaient indubitablement de</span></span><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"> cette formation philosophique qui leur permettait de ne pas avoir besoin de recourir &agrave; d&rsquo;autres pour d&eacute;velopper des concepts comme ce fut le cas notamment de Bourdieu. On pourrait dire qu&rsquo;avec les g&eacute;n&eacute;rations d&rsquo;apr&egrave;s, la question pourrait se poser, &agrave; partir notamment de la g&eacute;n&eacute;ration form&eacute;e avec la premi&egrave;re licence autonome de sociologie cr&eacute;&eacute;e en 1958. </span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">De plus, dans les <em>R&egrave;gles de la m&eacute;thode sociologique </em>(Durkheim, 2007), comme l&rsquo;a bien montr&eacute; Julien Duval, Durkheim fait un usage marqu&eacute; du terme de &laquo;&nbsp;concepts&nbsp;&raquo; en distinguant ceux qui rel&egrave;vent de la science et ceux qui au contraire ne sont que &laquo;&nbsp;vulgaires&nbsp;&raquo;, bien que la nettet&eacute; de la distinction soit peu &eacute;vidente. En revanche, Durkheim semble englober dans les concepts vulgaires ceux issus de la philosophie qu&rsquo;il n&rsquo;estime pas assez scientifiques car trop g&eacute;n&eacute;raux. Comme le dit Julien Duval &agrave; propos de la figure du sociologue &laquo;&nbsp;sa seule particularit&eacute; est d&rsquo;utiliser des concepts sp&eacute;cifiques, produits &agrave; des seules fins de connaissances&nbsp;&raquo; (Duval, 2004, p. 136). On peut tout &agrave; fait admettre que la philosophie a cette capacit&eacute; &agrave; penser d&rsquo;un point de vue g&eacute;n&eacute;ral et de proc&eacute;der de mani&egrave;re hypoth&eacute;tico-d&eacute;ductive en se concentrant sur la production de concepts de port&eacute;e plus ou moins universelle mais l&rsquo;on voit alors la co-production que cela engendre avec les sociologues puisque les concepts ne sont pens&eacute;s alors que comme des outils en vue d&rsquo;explorer scientifiquement le monde social. </span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Peut-&ecirc;tre est-ce le sens qu&rsquo;il faut donner &agrave; l&rsquo;expression de Durkheim de <strong>&laquo; </strong>d&eacute;pouiller le philosophe<strong> &raquo;</strong> dans les <em>R&egrave;gles de la m&eacute;thode sociologique</em> (Durkheim, 2007, p. 140)&nbsp;: le sociologue peut lorsqu&rsquo;il le souhaite pour faire progresser sa recherche dans son champ emprunter des concepts au philosophe mais les retraduire pour ses besoins propres afin de faire progresser son op&eacute;rabilit&eacute; pour sortir d&rsquo;une philosophie sociale critiqu&eacute;e par de nombreuses g&eacute;n&eacute;rations de sociologues comme synth&egrave;se floue entre les deux disciplines, et rendre cette fois le concept r&eacute;ellement op&eacute;ratoire. C&rsquo;est ce que faisait valoir Bourdieu en affirmant le caract&egrave;re n&eacute;cessairement empirique de ses concepts, au sens o&ugrave; ils ne prenaient r&eacute;ellement sens que confront&eacute;s &agrave; une situation d&rsquo;enqu&ecirc;te particuli&egrave;re&nbsp;: &laquo;&nbsp;Les concepts n&rsquo;ont d&rsquo;autre d&eacute;finition que syst&eacute;mique et sont con&ccedil;us pour &ecirc;tre mis en &oelig;uvre empiriquement de fa&ccedil;on syst&eacute;matique. Des notions telles qu&rsquo;habitus, champ et capital peuvent &ecirc;tre d&eacute;finies, mais seulement &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur du syst&egrave;me th&eacute;orique qu&rsquo;elles constituent, jamais &agrave; l&rsquo;&eacute;tat isol&eacute;&nbsp;&raquo; (Bourdieu, 1992, p. 71). Il n&rsquo;est donc pas difficile de trouver la parade en accordant &agrave; Deleuze que la philosophie est la discipline la plus &agrave; m&ecirc;me de produire des concepts mais cela n&rsquo;emp&ecirc;che en rien les chercheurs en sciences sociales de s&rsquo;en emparer pour leurs besoins propres. Ce qui montre que la porte d&rsquo;entr&eacute;e par les concepts est stimulante en ce qu&rsquo;elle se situe dans une sorte de proximit&eacute; avec les deux types de disciplines en &eacute;tant proche de la philosophie qui les cr&eacute;&eacute; mais &eacute;galement proche des sciences sociales au sens o&ugrave; celles-ci les actualisent en les confrontant &agrave; un terrain. C&rsquo;est donc autour du concept que peut se nouer le lien entre philosophie et sociologie, qui montre que la sociologie prolonge la philosophie plus qu&rsquo;elle ne s&rsquo;y oppose, ce qui ne doit pas faire appr&eacute;hender la philosophie comme une discipline reine et premi&egrave;re mais comme un mode de savoir qui b&eacute;n&eacute;ficie elle-aussi pour son propre compte d&rsquo;une mise en application de ses concepts dont Bourdieu disait qu&rsquo;ils n&rsquo;&eacute;taient en rien destin&eacute;s &agrave; la &laquo;&nbsp;contemplation analytique&nbsp;&raquo; (Bourdieu, 1999, p. 5). Il faut n&eacute;anmoins s&rsquo;interroger sur la capacit&eacute; de ces deux disciplines &agrave; op&eacute;rer ces transmutations. Comment peut s&rsquo;op&eacute;rer la connexion entre deux univers disciplinaires qui sont s&eacute;par&eacute;s par des pratiques et des niveaux d&rsquo;analyse diff&eacute;rents&nbsp;? L&rsquo;utilisation de concepts philosophiques ne semblent pouvoir &ecirc;tre r&eacute;alis&eacute;e mais aussi n&rsquo;avoir d&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t qu&rsquo;au moyen d&rsquo;une traduction dans les coordonn&eacute;es de la discipline d&rsquo;importation. &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; </span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; S&rsquo;il y a ici traduction de la philosophie &agrave; la sociologie au sens o&ugrave; le sociologue transf&egrave;re ici une &laquo;&nbsp;langue source&nbsp;&raquo; vers une &laquo;&nbsp;langue cible&nbsp;&raquo; pour le dire dans les mots de la th&eacute;orie traductologique (Ladmiral, 2014), on peut n&eacute;anmoins consid&eacute;rer que la langue source de la philosophie contient d&eacute;j&agrave; en elle-m&ecirc;me cette &laquo;&nbsp;envie&nbsp;&raquo; d&rsquo;&ecirc;tre traduite, parce que l&rsquo;usage qui en est fait dans la langue cible de la sociologie rend plus justice &agrave; l&rsquo;heuristique de ce concept que ce que ses coordonn&eacute;es disciplinaires en philosophie avaient tendance &agrave; appauvrir. Si chaque discipline a forg&eacute; son lexique, l&rsquo;interdisciplinarit&eacute; peut engendrer des transferts terminologiques qui posent la question de leur compatibilit&eacute;. Inversement c&rsquo;est cette compatibilit&eacute; dans le transfert lexical qui pourrait &ecirc;tre r&eacute;v&eacute;latrice ou non de la pertinence de l&rsquo;union entre deux disciplines.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <ol start="3"> <li style="text-align:justify"><span style="font-size:16px"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><strong><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Le structuralisme des passions comme interdisciplinarit&eacute; par les concepts</span></strong></span></span></li> </ol> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Pour donner une dimension plus pratique &agrave; ces consid&eacute;rations plus &eacute;pist&eacute;mologiques, il est possible de recourir &agrave; quelques exemples que nous pouvons reprendre &agrave; un programme de recherche qui vise pr&eacute;cis&eacute;ment &agrave; l&rsquo;ouverture d&rsquo;un dialogue entre philosophie et sociologie afin de surmonter un certain nombre de probl&egrave;mes qu&rsquo;il serait plus difficile, pour ces disciplines agissant seules, de r&eacute;soudre. </span></span><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Le &laquo;&nbsp;structuralisme des passions&nbsp;&raquo; (Lordon, 2013) r&eacute;fl&eacute;chit en ce sens &agrave; une alliance entre la philosophie de Spinoza et une certaine sociologie, avant tout objectiviste, dans la lign&eacute;e de Durkheim &agrave; Bourdieu. Il ne s&rsquo;agit donc pas seulement de recourir ponctuellement &agrave; certains philosophes pour leur emprunter sch&egrave;mes de pens&eacute;e, voire simples m&eacute;taphores, mais bien de tenter de constituer une th&eacute;orie qui int&egrave;gre les deux. Comme l&rsquo;affirmer F. Lordon&nbsp;: &laquo;&nbsp;Or il est une autre modalit&eacute; de l&rsquo;unification th&eacute;orique ad&eacute;quate aux sciences sociales&nbsp;: l&rsquo;unification par les concepts. C&rsquo;est la g&eacute;n&eacute;ralit&eacute; des concepts qui peut &ecirc;tre l&rsquo;op&eacute;rateur de l&rsquo;int&eacute;gration d&rsquo;un corpus th&eacute;orique en sciences sociales &ndash; pourvu que le corps de ces concepts fondamentaux forme une &eacute;conomie assez puissante, c&rsquo;est-&agrave;-dire que, peu nombreux, ils fassent la d&eacute;monstration de leur g&eacute;n&eacute;rativit&eacute;&nbsp;&raquo; (<em>Ibid</em>, p. 65). La question de cette int&eacute;gration se pose donc au premier chef, <em>a fortiori </em>lorsqu&rsquo;il s&rsquo;agit de marier le philosophe hollandais Spinoza, consid&eacute;r&eacute; comme le plus m&eacute;taphysicien des philosophes, et un sociologue comme Bourdieu dont l&rsquo;image r&eacute;pandue, comme nous l&rsquo;avons d&eacute;j&agrave; &eacute;voqu&eacute; est celle d&rsquo;un adversaire particuli&egrave;rement critique de la philosophie.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">L&rsquo;un des enjeux de ce structuralisme des passions, du point de vue qui nous int&eacute;resse ici, consiste notamment en cette retraduction de concepts tir&eacute;e de la philosophie spinoziste avec pour objectif de produire des effets en sciences sociales. </span></span><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">D&rsquo;une part, il ne s&rsquo;agit pas l&agrave; d&rsquo;une greffe mais d&rsquo;une m&eacute;diation. En effet, la sociologie courrait un grand risque si elle pensait pouvoir reprendre sans m&eacute;nagement un concept sans le rendre acceptable dans le plan &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur duquel il est import&eacute;. F. </span></span><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Lordon </span></span><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">en donne un exemple frappant &agrave; propos du concept de &laquo;&nbsp;multitude&nbsp;&raquo; (Lordon, 2015). Celui-ci d&eacute;signe, dans la philosophie spinoziste, la puissance collective par laquelle les individus produisent des repr&eacute;sentations et des entit&eacute;s symboliques et mat&eacute;rielles qui s&rsquo;imposent aux individus. La multitude est donc un concept g&eacute;n&eacute;ral visant &agrave; d&eacute;signer th&eacute;oriquement la fa&ccedil;on dont une soci&eacute;t&eacute; impose &agrave; ses citoyens, sans qu&rsquo;ils n&rsquo;aient pu aller contre, et ce d&egrave;s leur naissance, des pr&eacute;rogatives auxquelles se conformer : la langue, le syst&egrave;me m&eacute;trique, la monnaie, toute chose qui ne sont pas &eacute;ternelles, ne font pas l&rsquo;objet d&rsquo;un r&eacute;f&eacute;rendum permanent mais sont accept&eacute;s par la multitude, acceptation prouv&eacute;e du fait m&ecirc;me que ces institutions existent.&nbsp; Or, comme le rappelle F. Lordon&nbsp;: </span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">&laquo;&nbsp;</span></span><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">En tant que concept philosophique ainsi d&eacute;fini, cette multitude est une cat&eacute;gorie en quelque sorte sp&eacute;culative, en tout cas sans contrepartie empirique imm&eacute;diate. On ne rencontre nulle part la multitude philosophique. Elle n&#39;a aucun caract&egrave;re d&#39;objet r&eacute;el identifiable.&nbsp;La pire erreur consiste alors &agrave; prendre la multitude philosophique pour un objet r&eacute;ellement existant. Car voil&agrave; l&#39;autre statut conceptuel possible de la multitude : la multitude comme concept sociologique.&nbsp;Mais celui-l&agrave;, par construction, porte tout le poids de la confrontation &agrave; la r&eacute;alit&eacute; sociale. Qui le rend d&#39;ailleurs d&#39;embl&eacute;e probl&eacute;matique - pour ne pas dire cong&eacute;nitalement nul et non avenu. Car, sociologiquement parlant,&nbsp;<em>la</em>&nbsp;multitude, au singulier, &ccedil;a n&#39;existe pas. &Ccedil;a n&#39;existe pas pour cette raison que, le social &eacute;tant toujours d&eacute;j&agrave; l&agrave;, &quot;la multitude&quot; est toujours d&eacute;j&agrave; socialis&eacute;e, c&#39;est-&agrave;-dire diff&eacute;renci&eacute;e, structur&eacute;e, institutionnalis&eacute;e - et surtout cliv&eacute;e</span></span><span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">&nbsp;&raquo; (Lordon, 2015, p. 104).</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Parler de multitude dans un travail de science sociale n&rsquo;aurait donc pas de sens si ne sont pas pr&eacute;cis&eacute;s les processus par lesquels op&egrave;re pr&eacute;cis&eacute;ment cette puissance de la multitude qui est en soi un concept vide en attente d&rsquo;actualisations dans le monde social. Il y va donc ici d&rsquo;une op&eacute;ration de retraduction du concept de multitude proprement philosophique en un concept sociologique c&rsquo;est-&agrave;-dire un concept tir&eacute; de la philosophie mais confront&eacute; &agrave; un terrain d&rsquo;enqu&ecirc;te.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Un autre cas de figure potentiellement int&eacute;ressant r&eacute;side dans la fa&ccedil;on dont un autre concept, celui de <em>conatus</em>, pourrait &ecirc;tre appliqu&eacute; en sciences sociales. Le <em>conatus</em> d&eacute;signe la propension de ce que Spinoza appelle des &laquo;&nbsp;modes&nbsp;&raquo; qui englobe absolument tous les &ecirc;tres vivants et non vivants (mais nous nous limiterons ici aux individus humains), &agrave; &laquo;&nbsp;pers&eacute;v&eacute;rer dans leur &ecirc;tre&nbsp;&raquo; selon la formule consacr&eacute;e, c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; vouloir r&eacute;sister et affirmer leur puissance. Or le <em>conatus</em> dans le syst&egrave;me de Spinoza dans l&rsquo;<em>&Eacute;thique</em> (Spinoza, 2010) intervient pour la premi&egrave;re fois &agrave; la proposition 6 de la troisi&egrave;me partie. Il n&rsquo;est donc pas un simple postulat mais d&eacute;riv&eacute;, d&eacute;montr&eacute; d&rsquo;un ensemble de propositions &laquo;&nbsp;&agrave; la mani&egrave;re des g&eacute;om&egrave;tres&nbsp;&raquo; comme le dit le sous-titre de l&rsquo;<em>&Eacute;thique</em>. Pour ce qui nous int&eacute;resse ici, cela signifie qu&rsquo;un chercheur en sciences sociales qui voudrait r&eacute;utiliser le concept de conatus pour marquer la propension des individus qu&rsquo;il &eacute;tudie &agrave; lutter pour leur survie et am&eacute;liorer ses positions (aux multiples sens que peut prendre ce terme) importera peut-&ecirc;tre na&iuml;vement un concept qui draine un grand nombre de consid&eacute;rations avec lui. Et pourtant, sous peine de faire revenir la science sociale &agrave; des consid&eacute;rations ontologiques qu&rsquo;elle a en grande partie quitt&eacute;s pour s&rsquo;&eacute;tablir sur un plan positif, il y aurait danger &agrave; l&rsquo;y reconduire. Dans ce cas donc, il faudra comme le dit F. Lordon en faire un &laquo;&nbsp;postulat fond&eacute;&nbsp;&raquo; (Lordon, 2013, p.&nbsp;71), c&rsquo;est-&agrave;-dire un postulat du point de vue des sciences sociales pour ne pas en revenir &agrave; un stade m&eacute;taphysique, mais un postulat &laquo;&nbsp;fond&eacute;&nbsp;&raquo; car l&rsquo;on sait malgr&eacute; tout que ce postulat n&rsquo;est pas totalement arbitraire et que son statut est d&eacute;riv&eacute; d&rsquo;une longue d&eacute;monstration du point de vue philosophique mais qui n&rsquo;int&eacute;resse en l&rsquo;esp&egrave;ce pas les sciences sociales.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; Le caract&egrave;re de co-production entre philosophie et sciences sociales se marque dans la distinction que fait F. Lordon entre &laquo;&nbsp;conatus essentiel&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;conatus actualis&eacute;&nbsp;&raquo; (Lordon, 2003). Le premier renvoie au caract&egrave;re g&eacute;n&eacute;ral et philosophique du concept mais prend un sens diff&eacute;rent lorsqu&rsquo;il est retraduit dans le plan de la sociologie. A un conatus philosophique, purement conceptuel, propre au plan de la philosophie, se verra adjointe sa traduction dans le plan des sciences sociales, &agrave; savoir un conatus &laquo;&nbsp;actualis&eacute;&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;appliqu&eacute;&nbsp;&raquo;, que l&rsquo;on pr&eacute;sente g&eacute;n&eacute;ralement comme libido, pulsion non pas seulement sexuelle mais de &laquo;&nbsp;r&eacute;alisation&nbsp;&raquo; au sens g&eacute;n&eacute;ral et qui peut prendre des formes extr&ecirc;mement vari&eacute;es comme l&rsquo;envie d&rsquo;&ecirc;tre enseignant, sportif, &eacute;crivain etc. C&rsquo;est la raison pour laquelle Bourdieu t&eacute;moignait indirectement de la difficult&eacute; &agrave; articuler le refus de la dimension m&eacute;taphysique avec la n&eacute;cessit&eacute; paradoxale d&rsquo;un pr&eacute;alable m&eacute;taphysique &agrave; la sociologie qu&rsquo;il souhaitait d&eacute;velopper&nbsp;: </span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; <span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">&laquo;</span></span> <span style="font-size:10.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">&Eacute;videmment, le pr&eacute;suppos&eacute; de tout ce que j&rsquo;avance &agrave; propos des modes de reproduction est que le pouvoir est anim&eacute; d&rsquo;une sorte de conatus, pour parler comme Spinoza, d&rsquo;une tendance &agrave; se perp&eacute;tuer lui-m&ecirc;me, d&rsquo;une tendance &agrave; pers&eacute;v&eacute;rer dans l&rsquo;&ecirc;tre. (Quand on fait de la sociologie, c&rsquo;est un postulat qu&rsquo;on est oblig&eacute; d&rsquo;admettre explicitement pour comprendre comment marche le monde social ; ce n&rsquo;est pas du tout comme si c&rsquo;&eacute;tait un principe m&eacute;taphysique : on est oblig&eacute; de supposer que les gens qui d&eacute;tiennent un pouvoir, un capital, agissent, qu&rsquo;ils le sachent ou non, de mani&egrave;re &agrave; perp&eacute;tuer ou augmenter leur pouvoir et leur capital) &raquo; (Bourdieu, 2012, p. 443)<em>. </em></span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Nous pouvons analyser bri&egrave;vement un dernier cas, celui d&rsquo;un concept sociologique existant mais qui pourrait &ecirc;tre prolong&eacute; et pr&eacute;cis&eacute; par un autre&nbsp;d&rsquo;ordre plus philosophique : la correspondance entre l&rsquo;habitus bourdieusien et l&rsquo;<em>ingenium</em> spinoziste. L&rsquo;<em>ingenium</em> est un concept spinoziste qui vise &agrave; </span></span><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">rendre compte de l&rsquo;ensemble des affects que &laquo;&nbsp;transporte&nbsp;&raquo; un individu en tant qu&rsquo;il a connu des exp&eacute;riences sociales plus ou moins vari&eacute;es qui ont laiss&eacute; des traces en lui, qui l&rsquo;ont litt&eacute;ralement &laquo;&nbsp;pli&eacute;&nbsp;&raquo;, lui ont donn&eacute; des plis. Comme l&rsquo;habitus, l&rsquo;<em>ingenium</em> vise &agrave; la fois &agrave; ne pas &eacute;terniser dans une nature humaine ce qui ne rel&egrave;ve que d&rsquo;exp&eacute;riences sociales qui peuvent par d&eacute;finition &ecirc;tre &laquo;&nbsp;d&eacute;pli&eacute;es&nbsp;&raquo;, mais en m&ecirc;me temps &agrave; ne pas consid&eacute;rer cette possibilit&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre &laquo;&nbsp;d&eacute;pli&eacute;&nbsp;&raquo; comme la plus probable &eacute;tant donn&eacute; que la sociologie insiste au contraire sur une certaine inertie due &agrave; la fr&eacute;quentation de m&ecirc;mes milieux tout au long de la vie.</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Un point de vue chronologiquement paradoxal pourrait ainsi faire voir l&#39;<em>ingenium</em> en tant que &laquo;&nbsp;prolongement&nbsp;&raquo; spinoziste du concept bourdieusien d&rsquo;habitus (Jaquet, 2014&nbsp;; Lordon, 2010). Les r&eacute;sonances spinozistes &agrave; l&#39;&eacute;gard du concept d&#39;<em>ingenium</em> sont assez frappantes, pour prendre un exemple parmi d&#39;autres, dans la d&eacute;finition que donnait Bourdieu de son concept phare d&#39;<em>habitus</em> comme<em> </em>&laquo;&nbsp;ce que l&#39;on a acquis mais qui s&#39;est incarn&eacute; de fa&ccedil;on durable dans le corps sous forme de dispositions permanentes&nbsp;&raquo; (Bourdieu, 1984, p. 134) ? </span><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">L&rsquo;<em>ingenium</em> engloberait en ce sens le concept d&rsquo;<em>habitus</em> mais permet de mieux appr&eacute;hender les &laquo;&nbsp;plis singuliers du social&nbsp;&raquo; comme le dit Bernard Lahire (2013), c&#39;est-&agrave;-dire les rencontres qui ont tendance &agrave; passer sous le radar de la sociologie en tant que celle-ci se focalise g&eacute;n&eacute;ralement sur des processus structurels&nbsp;: l&rsquo;influence de la classe sociale, du genre, pour ne prendre que ces exemples, mais a tendance &agrave; d&eacute;laisser en revanche les rencontres d&rsquo;un.e professeur.e, d&rsquo;une rencontre amoureuse qui peuvent faire bifurquer un individu et menacer l&rsquo;ambition nomologique de la sociologie &agrave; partir du moment o&ugrave; ses statistiques paraissent ne pas pouvoir expliquer certaines trajectoires exceptionnelles. </span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Le concept d&rsquo;<em>ingenium</em> pourrait donc &agrave; profit &ecirc;tre import&eacute; par le sociologue bourdieusien mais en ce cas, remplacer habitus par <em>ingenium</em> ne rel&egrave;ve pas uniquement de la substitution lexicale pure mais bien de l&rsquo;importation d&rsquo;un cadre nouveau et en l&rsquo;occurrence plus ad&eacute;quat &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre bourdieusienne en elle-m&ecirc;me, en ce que la pens&eacute;e spinoziste a par exemple d&eacute;velopp&eacute; une th&eacute;orie des corps dont ne disposait pas Bourdieu et qui viendrait donner une r&eacute;elle armature &agrave; ce concept de dispositions qui rev&ecirc;t un statut assez &eacute;trange et peu explicit&eacute; chez Bourdieu.</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Le structuralisme des passions para&icirc;t donc une illustration possible de la r&eacute;ouverture d&rsquo;un dialogue entre sociologie et philosophie autour de la question du renfort de concepts issus du champ philosophique mais adapt&eacute;s au champ sociologique dans une perspective qui ne serait pas que pauvrement illustrative mais permettrait en certains cas d&rsquo;&eacute;clairer la compr&eacute;hension du terrain des chercheurs en sciences sociales et en retour d&rsquo;aiguiser les concepts. Il apparaitrait fort dommageable pour les sciences sociales de se priver <em>a priori</em> des concepts import&eacute;s de la philosophie mais c&rsquo;est en les retraduisant dans leur champ propre qu&rsquo;elles montreront qu&rsquo;il n&rsquo;y va pas l&agrave; d&rsquo;une aide un peu infantilisante apport&eacute;e par la philosophie, mais d&rsquo;un v&eacute;ritable partenariat.</span></span></p> <div>&nbsp;</div> <div>&nbsp;</div> <div> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><strong><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Bibliographie&nbsp;:</span></span></strong></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><u><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Ouvrages&nbsp;:</span></span></u></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Bourdieu, P. (1964), </span></span><em><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Les h&eacute;ritiers. Les &eacute;tudiants et la culture</span></span></em><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">, &Eacute;ditions de Minuit, Le sens commun</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Bourdieu, P. (1965), </span></span><em><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Un art moyen. Essai sur les usages sociaux de la photographie</span></span></em><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">, &Eacute;ditions de Minuit, Le sens commun</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Bourdieu, P. (1966), </span></span><em><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">L&rsquo;amour de l&rsquo;art</span></span></em><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">, &Eacute;ditions de Minuit, Le sens commun</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Bourdieu, P. (1984), <em>Questions de sociologie</em>,<em> </em></span></span><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">&Eacute;</span></span><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">ditions de Minuit</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Bourdieu, P. (2008), </span></span><em><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Esquisses alg&eacute;riennes</span></span></em><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">, Le Seuil</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Bourdieu, P. (2012) <em>Sur l&rsquo;&Eacute;tat</em>, <em>Cours au Coll&egrave;ge de France, 1989-1992</em>, Seuil</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Bourdieu P., Wacquant L. (2014) <em>Invitation &agrave; une sociologie r&eacute;flexive</em>, Seuil, Liber</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Deleuze, G., Guattari, F. (1991), <em>Qu&rsquo;est-ce que la philosophie&nbsp;?</em>, &Eacute;ditions de Minuit</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Durkheim, E. (2007) [1895], <em>Les r&egrave;gles de la m&eacute;thode sociologique</em>, P.U.F </span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Fabiani, J-L. (2010a)<em>, Qu&#39;est-ce qu&#39;un philosophe fran&ccedil;ais ?, La vie sociale des concepts (1880 - 1980)</em>, Paris, &Eacute;ditions de l&#39;EHESS</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Fabiani, J-L. (2010b)<em>, La sociologie comme elle s&#39;&eacute;crit. De Bourdieu &agrave; Latour</em>, Paris, EHESS, 2015</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Jaquet, C. (2014), <em>Les Transclasses. Ou la non-reproduction</em>, P.U.F</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Karsenti, B. (2013), <em>D&rsquo;une philosophie &agrave; l&rsquo;autre. Les sciences sociales et la politique des modernes</em>, Gallimard</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Ladmiral, J-R (2014), <em>Sourcier ou cibliste&nbsp;?</em> Les Belles Lettres, Collection Traductologiques</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Lahire, B. (2013), <em>Dans les plis singuliers du social</em>, La d&eacute;couverte</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Lemieux, C. (2009), <em>Le devoir et la gr&acirc;ce</em>, Economica</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Lordon, F. (2015), <em>Imperium. Structure et affects des corps politiques</em>, La Fabrique</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Spinoza, B. (2010), <em>&Eacute;thique</em>, (trad. Bernard Pautrat), Seuil</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify">&nbsp;</p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Helvetica"><strong><u><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Articles&nbsp;: </span></u></strong></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Bonvini, E. (1981), &laquo;&nbsp;L&#39;ethnolinguistique entre la pluridisciplinarit&eacute; et l&#39;unidisciplinarit&eacute;&nbsp;&raquo;, La Linguistique, Vol. 17, Fasc. 1, p. 131-141</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Bourdieu, P. <em>in</em> G&eacute;rard Mauger, G., Pinto, L. (1994) &laquo;&nbsp;&Eacute;l&eacute;ments. Pour une anthropologie r&eacute;flexive&nbsp;&raquo;, in <em>Lire les sciences sociales</em>, Belin</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Bourdieu, P. (1999), &laquo;&nbsp;Le fonctionnement du champ intellectuel&nbsp;&raquo;, Regards sociologiques, n&deg;17-18</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Durkheim, &Eacute;., Fauconnet, P. (1903), &laquo;&nbsp;La sociologie et les sciences sociales&nbsp;&raquo;, Extrait de la Revue philosophique, 55, p. 465-497</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="font-size:11.0pt">Duval, J. (2004) &laquo; Les concepts comme instruments et comme objets. &Eacute;l&eacute;ments sur l&rsquo;analyse et l&rsquo;usage de concepts en sociologie &raquo; <em>in</em> Philippe Robert-Demontrond (dir.), <em>L&rsquo;analyse de concepts</em>, Rennes, Apogée</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Fabiani, J-L. (2010c), &laquo;&nbsp;Une sociologie transcendantale&nbsp;?&nbsp;&raquo;, </span><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Annales HSS, novembre-d&eacute;cembre, n&deg; 6</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Febvre L. (1943), &laquo;&nbsp;Propos d&#39;initiation : vivre l&#39;histoire&nbsp;&raquo;, M&eacute;langes d&rsquo;histoire sociale, N&deg;3</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Lemieux, C. (2012), &laquo;&nbsp;Philosophie et sociologie ? Le prix du passage&nbsp;&raquo;, Sociologie, vol. 3, n&deg;2, </span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:11pt"><span style="font-family:Helvetica"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Lordon, F. (2010), &laquo;&nbsp;La puissance des institutions&nbsp;&raquo;, Revue du Mauss</span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Calibri,sans-serif"><span style="font-size:11.0pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif">Orl&eacute;an, A. (2005), &laquo; La sociologie &eacute;conomique et la question de l&#39;unit&eacute; des sciences sociales &raquo;, L&#39;Ann&eacute;e sociologique, (Vol. 55), p. 279-305</span></span></span></span></p> <p style="margin-left:0cm; margin-right:0cm; text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:&quot;Times New Roman&quot;,serif"><span style="font-size:11.0pt">Robert-Demontrond, P. (2004), &laquo;&nbsp;Vices et vertus en sciences des m&eacute;taphores et analogies&nbsp;&raquo; <em>in</em> Philippe Robert-Demontrond (dir.), <em>L&rsquo;analyse de concepts</em>, Rennes, Apogée</span></span></span></p> </div>