<p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><i><span arial="" style="font-family:">Par Eric Lucy,&nbsp;Docteur en Sciences de l&#39;&eacute;ducation et responsable de formation &agrave; l&#39;IRTS Nouvelle-Aquitaine.</span></i></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Parfois il existe une douloureuse disconvenance entre les intentions et les actions notamment dans les exp&eacute;riences de la limite, de la fronti&egrave;re ou de la s&eacute;paration. Ce sont des &eacute;preuves o&ugrave; la pens&eacute;e tant sur le plan individuel que collectif nourrit des projets qui s&rsquo;opposent jusqu&rsquo;en devenir ineffables. Le mouvement de la libre circulation s&rsquo;amplifie mais les murs et les fronti&egrave;res prolif&egrave;rent, les acc&egrave;s aux autres se d&eacute;veloppent et les socialisations se referment sur un entre soi, plus on construit de murs, plus ils sont d&eacute;nonc&eacute;s, sanctifi&eacute;s ou banalis&eacute;s. Le &laquo;&nbsp;paradigme du mur&nbsp;&raquo; vu ici en tant que cat&eacute;gorie &eacute;tatique se pr&eacute;sente comme un ph&eacute;nom&egrave;ne fondamental plus que total qui vise plusieurs choses, nourrit leurs contraires et suppose un &Eacute;tat capable de soulever la balance en son milieu. &laquo;&nbsp;On recense des murs-fronti&egrave;res &agrave; la surface du globe comme dans les mentalit&eacute;s : ce &quot;paradigme du Mur&quot; semble m&ecirc;me repr&eacute;senter une donn&eacute;e constante de l&rsquo;histoire contemporaine des relations internationales.&nbsp;Souvent virtuels et de dimension m&eacute;taphorique, mais &eacute;galement concrets dans leur dimension g&eacute;ographique et spatiale &raquo;<a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1" title=""><sup><span style="color:black">[1]</span></sup></a>. Diff&eacute;rentes expressions de murs indiquent les antagonismes que les d&eacute;mocraties lib&eacute;rales sont en demeure de tenir face &agrave; leurs propres soci&eacute;t&eacute;s civiles, territoires, syst&egrave;mes d&#39;assistance aux d&eacute;munis, m&eacute;dias, etc. Notamment &eacute;tudi&eacute;s sous le prisme de la production des s&eacute;gr&eacute;gations spatiales (</span></span><span arial="" style="font-family:"><a href="https://hal.archives-ouvertes.fr/search/index/q/*/authFullName_s/Yves+Grafmeyer"><span style="color:black">Grafmeyer</span></a><span style="color:black">, 1996) les murs sont &agrave; la fois un ph&eacute;nom&egrave;ne d&#39;&Eacute;tat comme &laquo;&nbsp;champ&nbsp;&raquo; et appareil bureaucratique de gestion puis comme autorit&eacute; qui exerce cet appareil dans ce &laquo;&nbsp;champ&nbsp;&raquo;.&nbsp;Si dans la tradition marxiste la notion d&rsquo;appareil permet de d&eacute;finir le mur comme une organisation m&eacute;caniste qui pr&ecirc;te &agrave; l&rsquo;&Eacute;tat un pouvoir de production, le &laquo;&nbsp;champ en tant que jeu structur&eacute; de mani&egrave;re souple et peu formalis&eacute; [...] n&rsquo;est pas un appareil ob&eacute;issant &agrave; la logique quasi m&eacute;canique d&rsquo;une discipline capable de convertir toute action en simple ex&eacute;cution, limite jamais atteinte, m&ecirc;me dans les &quot;institutions totales&quot;&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2" title=""><sup><span style="color:black">[2]</span></sup></a>. Le paradigme du mur est envisag&eacute; ici en r&eacute;f&eacute;rence &agrave; la th&eacute;orie de Pierre Bourdieu &agrave; partir d&rsquo;une perspective qui consid&egrave;re donc l&rsquo;&Eacute;tat comme principe de production de diff&eacute;renciations du monde social dans un champ autonome o&ugrave; les murs conduisent le th&eacute;&acirc;tre de son autorit&eacute; et ce qui compte, c&rsquo;est la fiction juridique du territoire qu&rsquo;ils supposent. Et cette derni&egrave;re vient en retour l&eacute;gitimer l&rsquo;&Eacute;tat. Avec le vote d&eacute;mocratique, les commissions, les espaces de concertations, le mur devient une des solutions officielles et partag&eacute;es des probl&egrave;mes sociaux, &eacute;conomiques, identitaires ou religieux. Il est &laquo;&nbsp;le point de vue des points de vue&nbsp;&raquo; qui va rassembler en un seul mouvement les antagonismes<a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3" title=""><sup><span style="color:black">[3]</span></sup></a>. Il op&egrave;re de mani&egrave;re symbolique et r&eacute;elle en officialisant le fait que l&#39;&Eacute;tat bureaucratique est per&ccedil;u comme une autorit&eacute; qui fait fonctionner les territoires. Il mat&eacute;rialise et instruit une vision officielle qui trouve sa logique dans une cha&icirc;ne de l&eacute;gitimations en rassemblant les &eacute;v&eacute;nements dans des unit&eacute;s signifiantes. Aujourd&rsquo;hui, les formes mat&eacute;rielles du mur d&rsquo;&Eacute;tat sont diverses. Elles peuvent se classer en grandes cat&eacute;gories. Les situations de blindage de fronti&egrave;res issues de la forme s&eacute;curitaire civile et militaire des &Eacute;tats, le mur est alors construit sur le territoire d&rsquo;un &Eacute;tat dans un contexte de rapport de forces. Certains rel&egrave;vent exclusivement d&rsquo;une production militaire, il peut s&rsquo;agir par exemple de lignes de cessez-le-feu dont le trac&eacute; est contest&eacute;. Il existe aussi des murs de s&eacute;paration entre communaut&eacute;s dans des contextes de guerre civile ainsi que des murs &agrave; caract&egrave;re&nbsp;s&eacute;curitaire et social&nbsp;qui attestent d&rsquo;une logique de s&eacute;parations urbaines fortifi&eacute;es comme les <i>barrios privados</i> d&rsquo;Am&eacute;rique latine. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; margin-left: 40px;"><q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Des milliers de kilom&egrave;tres de fronti&egrave;re blind&eacute;e s&rsquo;&eacute;tendent ainsi aujourd&rsquo;hui entre les &Eacute;tats-Unis et le Mexique, entre l&rsquo;Union europ&eacute;enne et l&rsquo;Afrique (notamment entre l&rsquo;Espagne et le Maroc, mais aussi tout le long des c&ocirc;tes m&eacute;diterran&eacute;ennes par une forme de blindage maritime, une &quot;mer blind&eacute;e&quot;), entre l&rsquo;Inde et le Bangladesh, entre la Chine et la Cor&eacute;e du Nord, entre le Botswana et le Zimbabwe, entre l&rsquo;Arabie saoudite et l&rsquo;Irak, etc. [...] Des limites territoriales de fait semblent bien &ecirc;tre la strat&eacute;gie sous-jacente &agrave; l&rsquo;&eacute;rection de ces murs : ainsi de la construction par Isra&euml;l d&rsquo;un mur, et de nombreux dispositifs d&rsquo;emp&ecirc;chement, sur et au-del&agrave; de la ligne verte de 1949, en Cisjordanie ; ainsi de la construction, par le Maroc, de murs successifs, sur et au-del&agrave; de la limite internationalement reconnue des Territoires sahraouis, au Sahara occidental ; ainsi du blindage, par l&rsquo;Inde, de la ligne de cessez-le-feu au Cachemire.[...] Du s&eacute;curitaire militaire rel&egrave;vent aussi les murs de s&eacute;paration entre communaut&eacute;s, &eacute;rig&eacute;s dans des contextes de guerre civile par des forces militaires tierces, pour s&eacute;parer les bellig&eacute;rants : les <i>peacelines</i> de Belfast entre quartiers catholiques et quartiers protestants, construits par l&rsquo;arm&eacute;e britannique ; les <i>Bremer walls</i> &agrave; Bagdad entre quartiers sunnites et quartiers chiites, plac&eacute;s par l&rsquo;arm&eacute;e am&eacute;ricaine.<a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4" title=""><span style="color:black">[4]</span></a></span></span></span></span></span></q></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Dans les villes divis&eacute;es, la discrimination ethnique et la s&eacute;gr&eacute;gation spatiale sont souvent l&eacute;gitim&eacute;es par des proph&eacute;ties de violence et des perspectives inconciliables qui font du mur une solution.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; margin-left: 40px;"><q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">À Belfast, Beyrouth, J&eacute;rusalem, Mostar ou Nicosie, les chemins de la partition physique furent d&eacute;termin&eacute;s à la fois par des modes anciens de s&eacute;paration et par les vicissitudes de la fortune politique : l&rsquo;issue finale n&rsquo;intervint pas par hasard, mais elle n&rsquo;&eacute;tait pas in&eacute;vitable. Dans un grand nombre de conjonctures, les actions d&rsquo;une poign&eacute;e d&rsquo;individus peuvent d&eacute;terminer si une ville d&eacute;vie ou non du droit chemin de son d&eacute;veloppement. Bien que ces cinq cit&eacute;s ne soient pas parvenues à &eacute;viter la division, cela aurait pu &ecirc;tre le cas.<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5" title=""><span style="color:black">[5]</span></a></span></span></span></span></span></q></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Avec les fronti&egrave;res des d&eacute;marches administratives comme l&rsquo;espace de Schengen, les espaces maritimes et a&eacute;riens de d&eacute;fense, ces diverses formes de murs indiquent comment l&rsquo;&Eacute;tat, au sens de ses administrations et de ses institutions, se fait au nom de la protection d&rsquo;un territoire physique mais aussi administratif et virtuel. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; margin-left: 40px;"><q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">L&rsquo;acceptation par l&rsquo;Organisation du traité de l&rsquo;Atlantique nord (OTAN), en novembre 2010, du projet am&eacute;ricain d&rsquo;une d&eacute;fense antimissile du territoire, participe d&rsquo;une logique qui est à la fois celle de la modernisation technologique de la fonction de d&eacute;fense, et de la s&eacute;paration. Face à la prolif&eacute;ration balistique et nucl&eacute;aire, les membres de l&rsquo;Alliance d&eacute;cident de se prot&eacute;ger par un bouclier virtuel, un mur dans l&rsquo;espace, au moment o&ugrave; l&rsquo;on peut estimer qu&rsquo;une cinquantaine de pays, en Asie et au Moyen-Orient pour l&rsquo;essentiel, ma&icirc;triseront d&rsquo;ici à 2020 la technologie des missiles de moyenne port&eacute;e. Dans un m&ecirc;me esprit de virtualit&eacute;́, on rel&egrave;vera &eacute;galement l&rsquo;&eacute;rection d&rsquo;un v&eacute;ritable &quot;mur de Schengen&quot; qui, avec la multiplication, en amont, des d&eacute;marches administratives pour obtenir un visa d&rsquo;entr&eacute;e sur l&rsquo;espace europ&eacute;en, entend aider à contr&ocirc;ler certains flux migratoires. Plus encore, le d&eacute;veloppement des r&eacute;seaux informatiques a contribu&eacute; à l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une nouvelle cat&eacute;gorie de menaces (les cybermenaces) auxquelles des murs exclusivement virtuels, les pares-feux, tentent de s&rsquo;opposer.<a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6" title=""><span style="color:black">[6]</span></a></span></span></span></span></span></q></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Les processus tant mat&eacute;riels que symboliques des murs d&rsquo;&Eacute;tats profitent de la production, la condensation ou le d&eacute;placement de probl&egrave;mes publics et priv&eacute;s. Ils fonctionnent dans un rapport officiel au territoire qui doit aussi &ecirc;tre reconnu jusque dans la contestation car c&rsquo;est ce qui fait sa force puisqu&rsquo;il constitue l&rsquo;officiel des dissensus. L&rsquo;essence des l&eacute;gitimations, au sens de la justification dans la soci&eacute;t&eacute; de l&rsquo;ordre &eacute;tablit, r&eacute;side dans ce que la construction du mur peut faire croire comme possibilit&eacute;s du rapport au territoire. Ainsi, le fictif de l&rsquo;invasion identitaire ou les dangers r&eacute;els d&rsquo;attentats conduisent pour des raisons diff&eacute;rentes &agrave; des discours de justifications dont la force vient de ce qu&rsquo;elle contribue &agrave; diverses op&eacute;rations. Ce mouvement fonde l&rsquo;&Eacute;tat et l&eacute;gitime un rapport de force des relations du citoyen au territoire en les inscrivant dans des pratiques sociales qui sont elles-m&ecirc;mes une construction sociale naturalis&eacute;e dans des fictions juridiques.</span></span></span></span></span></p> <h1>Fictions juridiques</h1> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">N&eacute;anmoins, &eacute;tudier le mur comme processus d&rsquo;&Eacute;tat suppose de ne pas opposer une perspective agonistique qui viserait la mise en relief de la conflictualit&eacute; des rapports de force dans le fonctionnement du monde social, et une vision consensualiste que les constructions juridiques devraient r&eacute;duire (Commaille, 2004, pp. 12-15). Le champ juridique est un univers &laquo; relativement ind&eacute;pendant par rapport aux demandes externes &raquo;, il appartient &agrave; un champ sp&eacute;cifique d&rsquo;une &laquo; concurrence pour le droit de dire le droit dans lequel s&rsquo;affrontent des interpr&egrave;tes autoris&eacute;s du corpus des textes juridiques consacrant la vision l&eacute;gitime du monde social&nbsp;&raquo;, il reste cependant la &laquo;&nbsp;forme par excellence de la violence symbolique l&eacute;gitime dont le monopole appartient à l&rsquo;&Eacute;tat et qui peut s&rsquo;assortir de l&rsquo;exercice de la violence physique &raquo;<a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7" title=""><span style="color:black">[7]</span></a>. Comprendre le mur comme processus d&rsquo;&Eacute;tat consiste &agrave; situer le champ juridique &agrave; la fois comme ind&eacute;pendant et partie prenante de la ph&eacute;nom&eacute;nologie des actes officiels de cons&eacute;crations qui r&egrave;glent les dissensus des rapports citoyens au territoire. Avec l&rsquo;&Eacute;tat, le paradigme du mur produit &laquo; du fiduciaire organis&eacute;, de la confiance organis&eacute;e, de la croyance organis&eacute;e, de la fiction collective reconnue comme r&eacute;elle par la croyance &raquo;<a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8" title=""><span style="color:black">[8]</span></a>. La fiction juridique du mur tient de l&rsquo;effet de l&rsquo;<i>illusio </i>comme se plait &agrave; le dire Pierre Bourdieu. Elle oblige &agrave; entrer dans un jeu collectivement valid&eacute; par un consensus selon une double naturalisation &agrave; la fois dans les corps et les choses et, &agrave; ce titre, le mur peut &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute; comme un des principaux promoteurs de l&rsquo;ordre dogmatique propre aux processus d&rsquo;&Eacute;tat. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Bien avant les remugles contemporains des murs, l&rsquo;enceinte de l&rsquo;utopie asilaire visait une construction juridique nouvelle de la folie. La loi de 1838 qui demanda &agrave; chaque d&eacute;partement la r&eacute;alisation d&rsquo;un asile a, comme l&rsquo;avait per&ccedil;u Michel Foucault, annex&eacute; &agrave; la m&eacute;decine un domaine qui lui &eacute;tait &eacute;tranger. Le mur asilaire envisageait un territoire avec comme argumentation l&rsquo;observation de la v&eacute;ritable nature de la maladie. Cette fiction donna au geste de Pinel la possibilit&eacute; d&rsquo;un lieu th&eacute;rapeutique l&eacute;gitime fond&eacute; sur la clinique et avec Esquirol, la maladie est devenue une question morale. Le m&eacute;decin en &eacute;tait le guide et le gardien. Elle reposait sur l&rsquo;isolement qui devait lib&eacute;rer le fou des influences externes, de leurs familles, vaincre les r&eacute;sistances personnelles face aux soins et imposer de nouvelles habitudes intellectuelles et morales. Sous la forme d&rsquo;une banalisation id&eacute;ologique, les murs de l&rsquo;asile construisirent la maladie mentale comme le probl&egrave;me du rapport entre l&rsquo;humanit&eacute; du normal avec celle perdue ou pathologique de la maladie mentale. L&rsquo;&eacute;vidence montra qu&rsquo;une &laquo; production id&eacute;ologique est d&rsquo;autant plus r&eacute;ussie qu&rsquo;elle est plus capable de mettre dans son tort quiconque tente de la r&eacute;duire &agrave; sa v&eacute;rit&eacute; objective &raquo;<a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9" title=""><span style="color:black">[9]</span></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Plus proche de nous, le mur de Berlin comme justification de la scission du territoire, consista &agrave; l&rsquo;invention d&rsquo;un rapport de force Est-Ouest pour masquer l&rsquo;exode vers l&rsquo;Ouest. D&rsquo;un c&ocirc;t&eacute; le mur fut mis en &oelig;uvre pour se prot&eacute;ger efficacement de la propagande dite &laquo;&nbsp;imp&eacute;rialiste&nbsp;&raquo; et avoir une v&eacute;ritable chance de se d&eacute;velopper, de l&rsquo;autre, l&rsquo;abandon de l&rsquo;objectif d&rsquo;unit&eacute; nationale par le chancelier Konrad Adenauer avait comme objectif une plus grande int&eacute;gration dans le camp europ&eacute;en et am&eacute;ricain (Goepper, 2010). La fiction juridique allemande du concept de nation s&rsquo;exprimant dans l&rsquo;&Eacute;tat par le droit du sang (jus sanguins) indiquait au final la possibilit&eacute; de la r&eacute;unification. Cependant, avec la perte de ses justifications au travers de sa chute, la l&eacute;gitimit&eacute; de la s&eacute;paration est devenue un traumatisme (Soeur,&nbsp; 2013). Le mur garde une emprunte spatiale importante sur le territoire (Laporte, 2017) et la comm&eacute;moration de sa destruction est toujours compliqu&eacute;e (Vaillant, 2015), m&ecirc;me vingt-cinq ans apr&egrave;s (Vianna, 2015). &Agrave; l&rsquo;aune de cette exp&eacute;rience on peut comprendre ensuite la g&eacute;n&eacute;rosit&eacute; de l&rsquo;Allemagne europ&eacute;enne dans l&rsquo;accueil des migrants que l&rsquo;on autorisait a passer le mur de la fiction juridique que constitue l&rsquo;espace de Schengen. Certes, il ne s&rsquo;agissait pas d&rsquo;ouvrir vers un droit du sol (jus soli) comme en France o&ugrave; il n&rsquo;y a pas d&rsquo;autre projet que celui de l&rsquo;assimilation, cela impliquait cependant une force culturelle universalisante suffisante que les conservateurs refusent aujourd&rsquo;hui dans une nostalgie de la grandeur de la culture. Entre la volont&eacute; de la libert&eacute; de circulation et d&rsquo;agrandissement, puis la justification d&rsquo;une fronti&egrave;re administrative, le paradoxe du projet europ&eacute;en s&rsquo;est cristallis&eacute; sur la question de la migration avec&nbsp;la cr&eacute;ation de Frontex, laquelle s&rsquo;inscrit dans une large panoplie d&rsquo;instruments europ&eacute;ens de renforcement des contr&ocirc;les aux fronti&egrave;res ext&eacute;rieures (Wihtol de Wenden, 2004). Le pouvoir symbolique du mur administratif est maintenant de faire faire, faire voir et de faire agir. Il op&egrave;re comme un rituel vers ceux &agrave; qui il est adress&eacute; et ces derniers, s&rsquo;ils ne meurent pas avant d&rsquo;avoir pass&eacute; ce mur, doivent pr&eacute;senter les dispositions pour reconna&icirc;tre et ob&eacute;ir aux r&egrave;gles du jeu du rapport citoyen au territoire dans un but d&rsquo;int&eacute;gration, d&rsquo;assimilation ou au mieux, d&rsquo;adoption, malgr&eacute; les hypocrisies, les dominations, les in&eacute;galit&eacute;s et les exclusions qu&rsquo;il conditionne.</span></span></span></span></span></p> <h1>Tonalit&eacute;s du dissensus</h1> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Le mur comme l&rsquo;&ecirc;tre et le faire de ce que l&rsquo;on nomme &Eacute;tat, &laquo; est le fondement n&rsquo;ont pas n&eacute;cessairement d&rsquo;un consensus mais de l&rsquo;existence m&ecirc;me des &eacute;changes conduisant &agrave; un dissensus&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10" title=""><sup><span style="color:black">[10]</span></sup></a>. Comme la r&egrave;gle parlementaire, il sert &agrave; la construction d&rsquo;un espace politique socialement et juridiquement reconnu avec la naissance du citoyen qui a des devoirs envers l&rsquo;&Eacute;tat mais qui est aussi capable juridiquement de demander des comptes (Bourdieu 2012, pp. 552-555). Si le mur donne une existence juridique de la citoyennet&eacute; sur le territoire, il le fait souvent selon une certaine asym&eacute;trie des obligations, des droits et des devoirs. Ainsi, le mur de la Cisjordanie, comme d&rsquo;autres dans le monde pour d&rsquo;autres &Eacute;tats, permet d&rsquo;occuper de plus en plus de terre en l&eacute;gitimant le rapport de domination par l&rsquo;impossibilit&eacute; finalement d&rsquo;une solution &agrave; deux &Eacute;tats, et dans l&rsquo;usage du mur, les pratiques du checkpoint&nbsp;sont une mise en politique de l&rsquo;asym&eacute;trie des citoyens sur le territoire. La tonalit&eacute; du dissenssus y est alors marqu&eacute;e du sceau des c&eacute;r&eacute;monies de l&rsquo;humiliation qui alimentent en retour le probl&egrave;me du rapport citoyen au territoire (Ritaine, 2009). Ces pratiques proc&egrave;dent d&rsquo;une &laquo; domestication des domin&eacute;s&nbsp;&raquo; qu&rsquo;il faut faire entrer dans les r&egrave;gles de l&rsquo;h&eacute;g&eacute;monie<a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11" title=""><sup><span style="color:black">[11]</span></sup></a>. Quand le mur participe &agrave; la production d&rsquo;un ordre commun il est toujours au regard d&rsquo;un champ de forces. Il impose des formes symboliques d&rsquo;une pens&eacute;e commune de classifications et de sch&egrave;mes d&rsquo;action. Par exemple, le mur peut s&rsquo;appeler une &laquo;&nbsp;ligne verte&nbsp;&raquo; comme dans le trait&eacute; de Rhodes de 1949 qui d&eacute;signait la ligne d&rsquo;armistice entre les pays arabes et Isra&euml;l, puis devenir une &laquo; barri&egrave;re de s&eacute;paration &raquo; pour finalement se m&eacute;tamorphoser en &laquo; barri&egrave;re de s&eacute;curit&eacute; &raquo; (<em>gader bitahon</em>). </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; margin-left: 40px;"><q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Du c&ocirc;t&eacute; palestinien, sa pr&eacute;sence et sa mat&eacute;rialit&eacute; s&rsquo;imposent avec la force et la violence des confiscations et de l&rsquo;enfermement qu&rsquo;il cr&eacute;e. Il donne ainsi un caract&egrave;re encore plus pr&eacute;sent et contraignant &agrave; l&rsquo;occupation. Du c&ocirc;t&eacute; isra&eacute;lien, son manque de visibilit&eacute; pour la majorit&eacute; et les projections qu&rsquo;il favorise tendent &agrave; donner l&rsquo;illusion d&rsquo;un &eacute;loignement du conflit. En d&rsquo;autres termes, renfor&ccedil;ant le sentiment de s&eacute;paration au sein de la population isra&eacute;lienne, le projet de construction du mur repousse, du point de vue de celle-ci, la n&eacute;cessit&eacute; de r&eacute;soudre le conflit et de n&eacute;gocier une fronti&egrave;re entre Isra&eacute;liens et Palestiniens. (Parisot, 2009, <i>Op. Cit.</i>, p. 72)</span></span></span></span></span></q></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Dans la &laquo;&nbsp;passion nationaliste&nbsp;&raquo; le mur impose de la m&ecirc;me mani&egrave;re ses perceptions du territoire<a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12" title=""><sup><span style="color:black">[12]</span></sup></a>&nbsp;: </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; margin-left: 40px;"><q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">&hellip; sous la forme de structures objectiv&eacute;es, s&eacute;gr&eacute;gation de fait, &eacute;conomique, spatiale, -et dans les corps- sous forme de go&ucirc;ts et de d&eacute;go&ucirc;ts, de sympathies et d&rsquo;antipathies, d&rsquo;attractions et de r&eacute;pulsions, que l&rsquo;on dit parfois visc&eacute;rales. La critique objective (et objectiviste) a beau jeu de d&eacute;noncer la vision naturalis&eacute;e de la r&eacute;gion ou de la nation, avec ses &quot;fronti&egrave;res naturelles&quot; ses &quot;unit&eacute;s linguistiques&quot;&nbsp;, ou autres, et elle n&rsquo;a pas de peine &agrave; faire appara&icirc;tre&nbsp; que toutes ces entit&eacute;s substantielles ne sont que des constructions sociales, des artefacts historiques qui, souvent issus de luttes historiques analogues &agrave; celles qu&rsquo;ils sont cens&eacute;s trancher, ne sont pas reconnues comme tels, mais appr&eacute;hend&eacute;s &agrave; tort comme des donn&eacute;es naturelles (Bourdieu, 1997, 2003) <i>Op. Cit.</i>, pp. 260-261).</span></span></span></span></span></q></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">L&rsquo;exemple du mur de la langue en Belgique indique comment l&rsquo;&Eacute;tat s&rsquo;est fait en donnant &agrave; croire &agrave; l&rsquo;existence d&rsquo;un probl&egrave;me naturel. Jusqu&rsquo;en 1878 il n&rsquo;y avait pas de difficult&eacute; avec la double langue ; &laquo;&nbsp;Dans les quatre provinces du nord (Anvers, Flandre orientale, Flandre occidentale et Limbourg) et les arrondissements de Louvain et de Bruxelles (province de Brabant), les avis et communications au public [devaient] &ecirc;tre r&eacute;dig&eacute;s en n&eacute;erlandais ou dans les deux langues&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref13"></a><a href="#_ftn13" title=""><sup><span style="color:black">[13]</span></sup></a>. C&rsquo;est la loi du 22 mai 1878 qui cr&eacute;a trois r&eacute;gions linguistiques, elle suscita de fait des anomalies administratives et le pays s&rsquo;est divis&eacute; en deux r&eacute;gions linguistiques ouvertes sur d&rsquo;interminables controverses.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Selon une autre perspective et puisque &laquo; toute r&egrave;gle a sa porte &raquo;, le mur exprime aussi la duplicit&eacute; du dissenssus qu&rsquo;il propose de tenir<a name="_ftnref14"></a><a href="#_ftn14" title=""><sup><span style="color:black">[14]</span></sup></a>. Par exemple, en 1986, l&rsquo;Inde voulait mettre fin &agrave; l&rsquo;immigration musulmane tr&egrave;s pauvre du Bangladesh, trois mille cinq cents kilom&egrave;tres de mur furent &eacute;difi&eacute;s. Mais cette fronti&egrave;re qui s&eacute;pare les habitants de leur territoire de vie est travers&eacute;e quotidiennement, notamment pour cultiver les champs, et le flux migratoire ne s&rsquo;est pas tari. Le mur exprime alors une mani&egrave;re de ne rien faire tout en donnant l&rsquo;air d&rsquo;avoir apport&eacute; une solution. Dans un autre contexte, le mur entre les &Eacute;tats-Unis et le Mexique suit aussi une logique de dissimulation des rapports sociaux si on consid&egrave;re qu&rsquo;il est le plus travers&eacute; au monde avec ses quarante-deux points de passages et une moyenne de 250 millions de travers&eacute;es par an (Le Texier 2010).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Enfin, les murs servent aussi l&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute; du dissensus. Et l&rsquo;expression de cette ambigu&iuml;t&eacute; peut trouver une destin&eacute;e t&ecirc;tue dans les mots d&rsquo;ordres politiques. Par exemple, en France, dans un contexte de campagne &eacute;lectorale tr&egrave;s focalis&eacute;e sur les questions d&rsquo;immigration, le premier ministre Michel Rocard pronon&ccedil;a le 3 d&eacute;cembre 1989 une formule qui servira toutes les &eacute;quivoques. Invit&eacute; dans une &eacute;mission de t&eacute;l&eacute;vision, il pr&eacute;cisa la nouvelle position de la France en mati&egrave;re d&rsquo;immigration selon une formule langagi&egrave;re qui fera &eacute;cole gr&acirc;ce &agrave; la qualit&eacute; de ces transformations au gr&egrave;s des positions politiques : &laquo; Nous ne pouvons pas h&eacute;berger toute la mis&egrave;re du monde. La France doit rester ce qu&rsquo;elle est, une terre d&rsquo;asile politique [&hellip;] mais pas plus. [&hellip;] Il faut savoir qu&rsquo;en 1988 nous avons refoul&eacute; &agrave; nos fronti&egrave;res 66 000 personnes. 66 000 personnes refoul&eacute;es aux fronti&egrave;res ! &Agrave; quoi s&rsquo;ajoutent une dizaine de milliers d&rsquo;expulsions du territoire national. Et je m&rsquo;attends &agrave; ce que pour l&rsquo;ann&eacute;e 1989 les chiffres soient un peu plus forts &raquo; (Deborde 2015). Les pr&eacute;misses du mur administratif de Schengen &eacute;taient pos&eacute;es. L&rsquo;entretien provoqua de nombreuses r&eacute;actions et depuis, cet acte de langage ouvre sur le jeu sans fin des ambigu&iuml;t&eacute;s de la politique de la France.</span></span></span></span></span></p> <h1>Rh&eacute;toriques de l&rsquo;officiel</h1> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Si le mur est une fiction du monopole d&rsquo;&Eacute;tat sur le territoire qui vise un int&eacute;r&ecirc;t universel, ce monopole est constitu&eacute; d&rsquo;un r&eacute;seau et d&rsquo;une cha&icirc;ne d&rsquo;interd&eacute;pendance de puissance et de forces diff&eacute;rentes (&eacute;conomiques, religieuses, priv&eacute;es, publiques, associatives et collectives) concernant l&rsquo;usage du territoire. Les int&eacute;r&ecirc;ts particuliers recouvrent de nombreux acteurs d&eacute;sirant faire avancer leurs int&eacute;r&ecirc;ts autour d&rsquo;un int&eacute;r&ecirc;t universel, il est par exemple possible de penser que ce fut l&rsquo;objectif du mur du candidat Donald Trump.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left; margin-left: 40px;"><q><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Commenc&eacute; en 1994 avec l&rsquo;op&eacute;ration <i>Gatekeeper</i> &agrave; San Diego, en Californie, et poursuivi par <i>Hold-the-Line</i> &agrave; El Paso (Texas), <i>Safeguard</i> &agrave; Tucson, et <i>Ice Storm</i> &agrave; Phoenix (Arizona), le mur (qui peut &ecirc;tre un syst&egrave;me de barri&egrave;res uniques ou multiples), s&rsquo;&eacute;tend aujourd&rsquo;hui sur pr&egrave;s de 1 000 kilom&egrave;tres, soit sur un tiers de la longueur de la fronti&egrave;re. Apr&egrave;s les attentats du 11 septembre 2001 et le vote du <i>Patriot Act</i> le 26 octobre de la m&ecirc;me ann&eacute;e, il est devenu le symbole de la lutte antiterroriste. Simultan&eacute;ment, l&rsquo;int&eacute;gration &eacute;conomique facilit&eacute;e par l&rsquo;Accord de libre-&eacute;change nord-am&eacute;ricain (ALENA) a entra&icirc;n&eacute; depuis 1994 un quadruplement des &eacute;changes commerciaux, ainsi qu&rsquo;une rapide croissance d&eacute;mographique dans les villes fronti&egrave;res (Le Texier 2010, <i>Op. Cit.</i>, p. 758).</span></span></span></span></span></q></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">La rh&eacute;torique du mur &eacute;tait la solution pour r&eacute;pondre aux demandes identitaires, elle constituait ainsi une des multiples expressions du slogan <i>America first</i>, de m&ecirc;me, elle permettait de f&eacute;d&eacute;rer les int&eacute;r&ecirc;ts des multinationales tout en proposant une perspective &agrave; ce qui s&rsquo;annon&ccedil;ait comme une nouvelle politique internationale. Les demandes particuli&egrave;res pouvaient &ecirc;tre entendues comme des demandes officielles que le candidat promettait d&rsquo;universaliser en int&eacute;r&ecirc;ts communs. Le mur, comme dans l&rsquo;ancien r&eacute;gime, est une supplication, c&rsquo;est-&agrave;-dire une proc&eacute;dure hors du pouvoir des juges qui autorisait de soumettre au roi toutes les demandes des diverses juridictions du royaume (Bourdieu 2012, p. 333). Le futur pr&eacute;sident avait donc un avantage &agrave; incarner l&rsquo;unification des demandes vers un int&eacute;r&ecirc;t universel pour constituer la souverainet&eacute; d&rsquo;un &Eacute;tat non pas centralis&eacute; qui va garantir le commun, mais un &Eacute;tat qui peut d&eacute;fendre des int&eacute;r&ecirc;ts priv&eacute;s.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Enfin, avec la supplication et les proc&eacute;dures d&rsquo;universalisation, l&#39;<i>obsequium</i> appara&icirc;t comme la n&eacute;cessit&eacute; premi&egrave;re d&rsquo;une rh&eacute;torique de l&rsquo;officiel qui enserre un respect &agrave; l&#39;ordre symbolique par lequel l&rsquo;&Eacute;tat nous fa&ccedil;onne &agrave; son usage (Bourdieu, 1980, p.113 note 2). Il comprend toujours des bouc-&eacute;missaires qui doivent payer un hommage &agrave; l&#39;officiel (Bourdieu, 2012, pp. 63-66), et, avec les murs, les figures du &laquo;&nbsp;migrant&nbsp;&raquo;, du &laquo;&nbsp;r&eacute;fugi&eacute;&nbsp;&raquo;, du &laquo;&nbsp;travailleur &eacute;tranger&nbsp;&raquo; forment les h&eacute;ros qui sauvent la face des officiels du territoire. Ainsi, en vertu des r&egrave;gles dites de &laquo;&nbsp;Dublin&nbsp;III&nbsp;&raquo;, chaque r&eacute;fugi&eacute; doit demander l&rsquo;asile dans le pays o&ugrave; ses empreintes ont &eacute;t&eacute; enregistr&eacute;es. Peu importe si de nombreux migrants &eacute;chappent &agrave; ce contr&ocirc;le pourvu qu&rsquo;existe l&rsquo;expression d&rsquo;une strat&eacute;gie de&nbsp;&laquo;&nbsp;police&nbsp;&agrave; distance&nbsp;&raquo;&nbsp;(Guild, Bigo, 2003). Le paradigme du mur doit incarner les rapports de force m&ecirc;me les plus fuligineux. &Agrave; cette liste des bouc-&eacute;missaires, nous pouvons ajouter pour la France les &laquo;&nbsp;dublim&eacute;s&nbsp;&raquo;, puisque depuis d&eacute;cembre 2017 les d&eacute;put&eacute;s ont adopt&eacute;s une proposition de loi qui donne la possibilit&eacute; de mettre directement en r&eacute;tention les migrants qui n&rsquo;ont pas demand&eacute;s asile dans le pays d&rsquo;entr&eacute;e dans l&rsquo;espace de Schengen, m&ecirc;me si quarante pour cent de ceux qui s&rsquo;enregistrent en pr&eacute;fecture pour une d&eacute;marche d&rsquo;asile avaient d&eacute;j&agrave; demand&eacute; l&rsquo;asile dans un autre pays et souvent en avaient &eacute;t&eacute; d&eacute;bout&eacute;s<a name="_ftnref15"></a><a href="#_ftn15" title=""><sup><span style="color:black">[15]</span></sup></a>. En prenant le parti de penser le paradigme du mur comme processus d&rsquo;&Eacute;tat il appara&icirc;t aussi n&eacute;cessaire de saisir les contextes de vie de ces &eacute;trangers comme de nouvelles formes sociologiques. Cela nous entra&icirc;ne alors &agrave; faire usage de la formulation de Georg Simmel, c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; comprendre que ces &eacute;trangers sont d&eacute;sign&eacute;s comme des &ecirc;tres mobiles qui viennent aujourd&rsquo;hui et qui restent demain. Pour Simmel l&rsquo;&eacute;tranger est une forme sociologique qui se rattache &agrave; un point mais qui en est aussi d&eacute;tach&eacute;. Il est ainsi possible de penser que le mur et notamment le cadre juridique europ&eacute;en de Schengen, vise non pas &agrave; situer l&rsquo;&eacute;tranger dans un espace selon la perspective positive que Simmel d&eacute;fend, mais cet espace suppose de le rattacher &agrave; un lieu g&eacute;ographique selon un destin qui ne serait pas fortuit mais inscrit selon cette forme sociologique, dans un destin d&rsquo;&eacute;tranger. Ce qui importe, c&rsquo;est l&rsquo;officiel, le principe, plus que la r&eacute;alit&eacute; et les bouc-&eacute;missaires t&eacute;moignent de ces effets. L&rsquo;euph&eacute;misme de la &laquo;&nbsp;r&eacute;tention&nbsp;&raquo; banalise l&rsquo;enfermement qui devient une salle d&rsquo;attente dans laquelle &laquo; la manipulation des aspirations et des esp&eacute;rances subjectives doit, pour &ecirc;tre efficace, pouvoir compter avec une v&eacute;ritable incertitude objective, inscrite dans la structure m&ecirc;me du jeu &raquo;<a name="_ftnref16"></a><a href="#_ftn16" title=""><sup><span style="color:black">[16]</span></sup></a>. La &laquo;&nbsp;domestication&nbsp;&raquo; peut aussi fonctionner selon une rh&eacute;torique philanthropique. L&rsquo;argumentation du <i>hotspot</i> est &eacute;difiante quand l&rsquo;&Eacute;tat, non sans un certain cynisme, parle d&rsquo;int&eacute;gration. Le 27 ao&ucirc;t 2017 lors d&rsquo;une rencontre &agrave; l&rsquo;&Eacute;lys&eacute;e avec des repr&eacute;sentants des pays du Sahel, le pr&eacute;sident Fran&ccedil;ais d&eacute;clarait : ces &laquo;&nbsp;nouveaux guichets&nbsp;&raquo; de pr&eacute;-examen au Niger et au Tchad &laquo;&nbsp; ne constitueront pas&nbsp;un outil de contr&ocirc;le des flux migratoires &raquo;, ils permettront de &laquo;&nbsp;faire de la p&eacute;dagogie&nbsp;&raquo; puisque ces crit&egrave;res de distinction entre migrants &eacute;conomiques et r&eacute;fugi&eacute;s politiques sont &laquo;&nbsp;op&eacute;rants&nbsp;&raquo; pour la d&eacute;livrance d&rsquo;un titre de s&eacute;jour tout en conduisant les &laquo;&nbsp;missions de protection en vue de la r&eacute;installation de r&eacute;fugi&eacute;s en Europe&nbsp;&raquo; (Hulot-Guiot, 2017). D&eacute;crit comme des dispositifs d&rsquo;accueil, les <i>hotspots</i> apparaissent n&eacute;anmoins comme les nouveaux camps d&rsquo;internements des agences europ&eacute;ennes. Dans le glossaire de la Commission europ&eacute;enne, le terme &laquo;&nbsp;d&rsquo;accueil&nbsp;&raquo; &eacute;tait pourtant explicite dans une section intitul&eacute;e <i>Save Lives and secure the External Borders</i> mais aujourd&rsquo;hui, ce dispositif d&rsquo;accueil est une fronti&egrave;re pour mieux renvoyer (Tassin 2016) et&nbsp;c&rsquo;est bien la logique de dissuasion et non celle de secours qui pr&eacute;domine<a name="_ftnref17"></a><a href="#_ftn17" title=""><sup><span style="color:black">[17]</span></sup></a>. Avec les oxymores de l&rsquo;officiel, cet exemple exprime aussi toute la difficult&eacute; &agrave; penser le paradigme du mur dans le champ de l&rsquo;&Eacute;tat sans esquiver la question de la production des agents qui participent aux usages du mur puisqu&rsquo;un champ ne peut fonctionner que s&rsquo;il trouve des individus socialement pr&eacute;dispos&eacute;s &agrave; poursuivre les enjeux et obtenir les profits qu&rsquo;il propose.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;">&nbsp;</p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">En conclusion, le paradigme du mur &oelig;uvre comme rite d&rsquo;institution d&rsquo;un transcendantal historique commun qui propose ses nomenclatures de classifications des personnes sur un territoire. Dans sa forme &Eacute;tat, il conditionne des programmes d&rsquo;action politique visant &agrave; imposer une vision particuli&egrave;re de l&rsquo;&Eacute;tat conforme aux int&eacute;r&ecirc;ts et aux valeurs associ&eacute;es &agrave; la position occup&eacute;e par ceux qui les produisent dans l&rsquo;univers bureaucratique en voie de constitution. C&rsquo;est pourquoi, si nous continuons &agrave; penser la construction &eacute;tatique des murs dans les esprits, &laquo; on est entra&icirc;n&eacute; dans une r&eacute;gression &agrave; l&rsquo;infini au terme de laquelle &quot;il faut s&rsquo;arr&ecirc;ter&quot; et l&rsquo;on peut, &agrave; la fa&ccedil;on des th&eacute;ologiens, choisir de donner le nom d&rsquo;&Eacute;tat au dernier (ou au premier) maillon de la longue cha&icirc;ne des actes officiels de cons&eacute;crations<i> </i>&raquo;<a name="_ftnref18"></a><a href="#_ftn18" title=""><sup><span style="color:black">[18]</span></sup></a>. Le mur institue des usages du territoire, des repr&eacute;sentations de l&rsquo;&Eacute;tat associ&eacute;es &agrave; ceux qui les font vivre en s&rsquo;instaurant comme incarnation statutairement mandat&eacute;e de l&rsquo;officiel. Les rapports de forces qu&rsquo;ils &eacute;tablissent sont les plus asym&eacute;triques, ils assujettissent ou excluent de mani&egrave;re brutale les domin&eacute;s qui se retrouvent r&eacute;guli&egrave;rement assign&eacute;s &agrave; des places de victimes &eacute;missaires des processus d&rsquo;&Eacute;tat, conjointement, ils produisent des rapports symboliques qui mettent en &oelig;uvre des structures cognitives. Ces derni&egrave;res sont des formes constitu&eacute;es, arbitraires et conventionnelles, elles fonctionnent comme des &eacute;vidences qui fondent les relations de soumissions doxiques au territoire. Enfin, la construction des murs permet &agrave; l&rsquo;&Eacute;tat de ne pas &ecirc;tre uniquement une fiction juridique mais un ordre autonome capable de monopoliser la violence physique et symbolique au b&eacute;n&eacute;fice d&rsquo;agents qui sont charg&eacute;s de transcender l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t particulier dans un int&eacute;r&ecirc;t g&eacute;n&eacute;ral par le recours &agrave; une rh&eacute;torique de l&rsquo;officiel. </span></span></span></span></span></p> <h1>Bibliographie</h1> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">BOURDIEU P., <i>Sur l&rsquo;&Eacute;tat</i>, Paris, </span></span></span><span arial="" style="font-family:">É</span><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">ditions du Seuil, 2012.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&ndash;,<span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> <i>M&eacute;ditation pascaliennes</i>, Paris, </span></span></span><span arial="" style="font-family:">É</span><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">ditions du Seuil, 2003 (1997).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&ndash;,<span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> <i>Langage et pouvoir symbolique</i>, Paris,&nbsp;</span></span></span><span arial="" style="font-family:">É</span><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">ditions&nbsp; du Seuil, 2001.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&ndash;,<span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> <i>Raisons pratiques</i>, Sur la th&eacute;orie de l&rsquo;action, Paris, </span></span></span><span arial="" style="font-family:">É</span><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">ditions du Seuil, 1994.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&ndash;,<span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> &laquo;&nbsp;Droit et passe-droit [Le champ des pouvoirs territoriaux et la mise en oeuvre des r&egrave;glements]&nbsp;&raquo;, <i>in Actes de la recherche en sciences sociales</i>. Vol. 81-82, mars 1990. L&rsquo;&eacute;conomie de la maison. pp. 86-96.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&ndash;,<span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> &laquo;&nbsp;La derni&egrave;re instance&nbsp;&raquo;, Le si&egrave;cle de Kafka, Paris, Centre Georges Pompidou, <i>in Choses dites</i>, Paris, Les &Eacute;ditions de Minuit, 1987 (1984) , pp. 268-270.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&ndash;,<span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> &laquo; La force du droit. Éléments pour une sociologie du champ juridique &raquo;, in <i>Actes de la recherche en sciences sociales</i>, n&deg; 64, 1986, pp. 3-19.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&ndash;,<span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> <i>Ce que parler veut dire</i>, Paris, </span></span></span><span arial="" style="font-family:">É</span><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">ditions Fayard, 1982.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&ndash;,<span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> <i>Le sens pratique</i>, Paris, </span></span></span><span arial="" style="font-family:">É</span><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">ditions de Minuit, 1980.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">CALAME&nbsp; J., &laquo; La ville divis&eacute;e&nbsp;: les minorit&eacute;s hors les murs&nbsp;&raquo;, <i>in Politique &eacute;trang&egrave;re, Les murs : s&eacute;paration et traits d&rsquo;union</i>, vol. hiver, n&deg;. 4, 2010, pp. 783-797.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">COMMAILLE J., &laquo; Présentation &raquo;, La place du droit dans l&rsquo;&oelig;uvre de Pierre Bourdieu, <i>in Droit et soci&eacute;t&eacute;́</i>, n&deg;56-57, Paris, 2004, pp. 11-15.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">DEBORDE J., &laquo; &quot;Mis&egrave;re du monde&quot;, ce qu&#39;a vraiment dit Michel Rocard&nbsp;&raquo;, <i>in Lib&eacute;ration</i>,&nbsp; 22 avril 2015.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">GOETTER S., &laquo; Du &quot;mur dans les &oelig;uvres&quot; au &quot;mur dans les t&ecirc;tes&quot;&nbsp;&raquo;, <i>in Les Cahiers du MIMMOC</i>, [<a href="http://mimmoc.revues.org/391">en ligne</a>], 2009, [</span></span><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">consult&eacute; le 08 octobre 2017].</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">GRAFMEYER Y, &laquo;&nbsp;La s&eacute;gr&eacute;gation spatiale : une approche conceptuelle et m&eacute;thodologique&nbsp;&raquo;, <i>in</i> PAUGAM S. (Dir.), <i>L&#39;Exclusion. L&#39;&Eacute;tat des savoirs</i>, Paris, </span></span></span><span arial="" style="font-family:">É</span><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">ditions La D&eacute;couverte, 1996, pp.209-217.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">BIGO D., GUILD E. (dir.), &laquo; Schengen la politique des visas&nbsp;&raquo;, <i>in Cultures &amp; Conflits, La Mise &agrave; l&rsquo;&eacute;cart des &eacute;trangers. La logique du visa Schengen</i>, n&deg;49, 2003, pp. 22-37.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">HULLOT-GUIOT K., &laquo;&nbsp;Une proposition de loi pour placer plus de migrants en centre de r&eacute;tention&nbsp;&raquo;, <i>in Lib&eacute;ration</i>, 7/12/2017.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">KHOOJINIAM M., &laquo; La Police des &Eacute;trangers face &agrave; l&rsquo;immigration de travail dans la Belgique des Golden Sixties : gouvernementalit&eacute; s&eacute;curitaire et gestion diff&eacute;rentielle du s&eacute;jour ill&eacute;gal (1962-1967) &raquo;, <i>in Cahiers Bruxellois</i>, n&ordm; 48, 2016, pp. 223-325.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">LAPORTE A., &laquo;&nbsp;L&rsquo;empreinte spatiale de l&rsquo;ancienne fronti&egrave;re interallemande dans le Berlin d&rsquo;aujourd&rsquo;hui&nbsp;&raquo;, <i>in Belgeo, </i>[<a href="http://belgeo.revues.org/10645">en ligne</a>], 2013, [</span></span><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">consult&eacute; le 31 octobre 2017].</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Le TEXIER E., &laquo; Mexique/&Eacute;tats-Unis : de la fronti&egrave;re intelligente au mur int&eacute;rieur &raquo;, <i>in Politique &eacute;trang&egrave;re, Les murs : s&eacute;paration et traits d&rsquo;union</i>, 2010/4 (Hiver), 757-766.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">MAC&Eacute; C, &laquo;&nbsp;Demandes d&#39;asile&nbsp;: Macron d&eacute;fend ses &laquo;hot spots&raquo; au Niger et au Tchad&nbsp;&raquo;, <i>in Lib&eacute;ration</i> le 28/08/2017, </span></span><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">[<a href="http://www.liberation.fr/planete/2017/08/28/demandes-d-asile-macron-defend-ses-hot-spots-au-niger-et-au-tchad_1592571">en ligne</a>].</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">NEISSE, F., NOVOSSELOFF A., &laquo; L&#39;expansion des murs : le reflet d&#39;un monde fragmenté ? &raquo;, <i>in Politique étrangère, Les murs : s&eacute;paration et traits d&rsquo;union</i>, n&ordm; 4, 2010, pp. 731-742. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">PARIZOT C., &laquo; Apr&egrave;s le mur : les repr&eacute;sentations isra&eacute;liennes de la s&eacute;paration avec les Palestiniens&nbsp;&raquo;, <i>in Cultures &amp; Conflit, Fronti&egrave;res, marquages et disputes</i>, n&deg;73, 2009, pp. 53-72.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">RILLAERTS S., &laquo; La frontière linguistique, 1878-1963 &raquo;, <i>in Courrier hebdomadaire du CRISP</i>, n&deg; 2069-2070, 2010, pp. 7-106.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">RITAINE E., &laquo;&nbsp;La barri&egrave;re et le checkpoint&nbsp;: mise en politique de l&rsquo;asym&eacute;trie&nbsp;&raquo;, <i>in Cultures &amp; Conflits</i>, [<a href="http://conflits.revues.org/17500">en ligne</a>],&nbsp;2009, [</span></span><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">consult&eacute; le </span></span><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">27 septembre 2017].</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">SIMMEL Georg, <i>Soziologie</i>, Leipzig, 1908, p.&nbsp;685-691, trad. fran&ccedil;aise par Liliane Desroche et <i>Digressions sur l&rsquo;&eacute;tranger</i>, trad. fran&ccedil;aise par Philippe Fritsch et Isaac Joseph, in Yves Grafmeyer et Isaac Joseph, <i>L&rsquo;&Ecirc;cole de Chicago</i>, Paris, Aubier, 1984, p.&nbsp;53-59.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">SOEUR M., &laquo; La chute du mur &raquo;, <i>in Revue fran&ccedil;aise de psychanalyse</i>, n&ordm; 80, 2016, pp. 123-135.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">TASSIN L., &laquo; Le mirage des hotspots. Nouveaux concepts et vieilles recettes à Lesbos et Lampedusa&nbsp;&raquo;, <i>in Savoir/Agir</i>, Accueillir les migrants, n&ordm; 36, 2016, pp. 39-45.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Y&Egrave;CHE H., &laquo;&nbsp;Le paradigme du Mur dans le monde contemporain&nbsp;: &eacute;volution et perspectives 1989-2009&nbsp;&raquo;, <i>in Les Cahiers du MIMMOC</i>, n&ordm; 5, [<a href="http://journals.openedition.org/mimmoc/381">en ligne</a>], 2009, [</span></span><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">consult&eacute; le 27 septembre 2017].</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">VAILLANT J., &laquo; Essai d&rsquo;introduction sur un sujet multiple et complexe &raquo;, <i>in Allemagne d&#39;aujourd&#39;hui</i>, n&ordm;211, 2015, pp. 7-9.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">VIANNA P., &laquo; Vingt-cinq ans apr&egrave;s la chute du mur de berlin &raquo;, <i>in Migrations Soci&eacute;t&eacute;</i>, n&ordm;158, 2015, pp. 55-60.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">WIHTOL de WENDEN C., &laquo; Le tournant de 2004 : l&rsquo;&eacute;largissement de l&rsquo;Union europ&eacute;enne et la cr&eacute;ation de Frontex &raquo;, <i>in Migrations Soci&eacute;t&eacute;</i>, n&ordm;158, 2015, pp. 125-130.</span></span></span></span></span></p> <div align="center" style="text-align:center"> <hr align="center" size="3" width="100%" /></div> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[1]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:">&nbsp;Y&Egrave;CHE H., &laquo;&nbsp;Le paradigme du Mur dans le monde contemporain&nbsp;: &eacute;volution et perspectives 1989-2009&nbsp;&raquo;, <i>in&nbsp; Les Cahiers du MIMMOC</i>, n&ordm; 5, [<a href="http://http://journals.openedition.org/mimmoc/381">en ligne</a>], 2009, [consult&eacute; le 27 septembre 2017].</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[2]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:">&nbsp;BOURDIEU P., Droit et passe-droit [Le champ des pouvoirs territoriaux et la mise en &oelig;uvre des r&egrave;glements],<i> in Actes de la recherche en sciences sociales</i>, vol. 81-82, mars 1990. L&rsquo;&eacute;conomie de la maison, <i>op. cit</i>. p. 88.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[3]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> BOURDIEU P., <i>Sur l&rsquo;&Eacute;tat</i>, Paris, </span></span><span arial="" style="font-family:">É</span><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">ditions du Seuil, 2012, <i>op. cit</i>., &nbsp;p. 53.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4" title=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[4]</span></span></a><span arial="" style="font-family:"> </span></span><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">RITAINE E., &laquo;&nbsp;La barri&egrave;re et le checkpoint&nbsp;: mise en politique de l&rsquo;asym&eacute;trie&nbsp;&raquo;, <i>in Cultures &amp; Conflits</i>, 2009, [<a href="http://conflits.revues.org/17500">en ligne</a>].</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5" title=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[5]</span></span></a><span arial="" style="font-family:"> </span></span><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">CALAME&nbsp; J., &laquo; La ville divis&eacute;e&nbsp;: les minorit&eacute;s hors les murs&nbsp;&raquo;, <i>in Politique &eacute;trang&egrave;re, Les murs : s&eacute;paration et traits d&rsquo;union</i>, vol. hiver, n&deg;. 4, 2010, pp. 783-797</span></span><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">, p. 783.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6" title=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[6]</span></span></a><span arial="" style="font-family:"> </span></span><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">NEISSE, F., NOVOSSELOFF A., &laquo; L&#39;expansion des murs : le reflet d&#39;un monde fragmenté ? &raquo;, <i>in Politique étrangère, Les murs : s&eacute;paration et traits d&rsquo;union</i>, n&ordm; 4, 2010, pp. 731-742</span></span><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">, p. 733.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[7]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> BOURDIEU P.,<i> </i>&laquo;&nbsp;La force du droit. Éléments pour une sociologie du champ juridique&nbsp;&raquo;<i>, in Actes de la recherche en sciences sociales, </i>n&deg; 64, 1986, p.&nbsp;6-7.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[8]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span>BOURDIEU P.<span style="color:black">, <i>Sur l&rsquo;&Eacute;tat</i>, Paris, </span></span></span><span arial="" style="font-family:">É</span><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">ditions du Seuil, 2012, <i>op. cit.</i>, &nbsp;p. 67.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[9]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span>BOURDIEU P.<span style="color:black">, <i>Langage et pouvoir symbolique</i>, Paris,&nbsp;</span></span></span><span arial="" style="font-family:">É</span><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">ditions&nbsp; du Seuil, 2001, p. 368.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[10]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span>BOURDIEU P.<span style="color:black">, <i>Sur l&rsquo;&Eacute;tat</i>, Paris, </span></span></span><span arial="" style="font-family:">É</span><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">ditions du Seuil, 2012, op. cit., &nbsp;p. 16.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[11]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> <i>Ibid</i>., p. 566.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[12]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> BOURDIEU P., <i>M&eacute;ditation pascaliennes</i>, Paris, </span></span><span arial="" style="font-family:">É</span><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">ditions du Seuil, 2003 (1997), p. 260.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn13"></a><a href="#_ftnref13" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[13]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:">&nbsp;RILLAERTS S., &laquo;&nbsp;La frontière linguistique, 1878-1963&nbsp;&raquo;<i>, in Courrier hebdomadaire du CRISP, n&deg; 2069-2070, 2010</i>, <i>op. cit</i>., 14.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn14"></a><a href="#_ftnref14" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[14]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> BOURDIEU P.,&nbsp;&laquo;&nbsp;Droit et passe-droit [Le champ des pouvoirs territoriaux et la mise en oeuvre des r&egrave;glements]&nbsp;&raquo;<i>, in Actes de la recherche en sciences sociales</i>, vol. 81-82, mars 1990, L&rsquo;&eacute;conomie de la maison, <i>&nbsp;</i>p. 88.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn15"></a><a href="#_ftnref15" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[15]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> &laquo;&nbsp;Le 27 septembre, la Cour de cassation avait r&eacute;pondu par la n&eacute;gative, jugeant que le texte transposant dans le droit fran&ccedil;ais le r&egrave;glement &laquo;&nbsp;Dublin III&nbsp;&raquo; ne d&eacute;finissait pas ce qu&rsquo;&eacute;tait un &laquo;&nbsp;risque non n&eacute;gligeable de fuite&raquo;, invoqu&eacute; pour justifier le placement en r&eacute;tention des personnes qui devraient effectuer leurs d&eacute;marches de r&eacute;gularisation dans le premier pays europ&eacute;en o&ugrave; ils sont arriv&eacute;s (ou ont laiss&eacute; une trace), et donc s&rsquo;y trouver. Selon les autorit&eacute;s fran&ccedil;aises, depuis d&eacute;but 2017, quatre migrants venus s&rsquo;enregistrer en pr&eacute;fecture sur dix&nbsp;sont d&eacute;j&agrave; connus dans un autre pays europ&eacute;en. La d&eacute;cision de la Cour de cassation faisait suite &agrave; un jugement de la Cour de justice de l&rsquo;Union europ&eacute;enne, qui, dans l&rsquo;arr&ecirc;t Chodor rendu en mars dernier, estimait &eacute;galement ce&nbsp;&laquo;&nbsp;risque de fuite&nbsp;&raquo; insuffisamment d&eacute;fini&nbsp;&raquo; Hullot-Guiot K., &laquo;&nbsp;Une proposition de loi pour placer plus de migrants en centre de r&eacute;tention&nbsp;&raquo;, <i>in Lib&eacute;ration , Op. Cit</i>. 7/12/2017.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn16"></a><a href="#_ftnref16" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[16]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> BOURDIEU P., &laquo;&nbsp;La derni&egrave;re instance, Le si&egrave;cle de Kafka&nbsp;&raquo;, Paris, Centre Georges Pompidou, <em>in </em><i>Choses dites</i>, Paris, Les &Eacute;ditions de Minuit, 1987 (1984), <i>p.</i>&nbsp;270.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn17"></a><a href="#_ftnref17" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[17]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> &laquo;&nbsp;Des hotspots au c&oelig;ur de l&rsquo;archipel des camps&nbsp;&raquo;, <i>Revue migreurop.org</i>, <a href="http://http://www.migreurop.org/IMG/pdf/note_4_fr.pdf">les notes de migreurop</a>, n&ordm; 4, [consult&eacute; le 8 d&eacute;cembre 2017].</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn18"></a><a href="#_ftnref18" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:blue">[18]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> </span>BOURDIEU P.<span style="color:black">, <i>Raisons pratiques</i>, <i>Sur la th&eacute;orie de l&rsquo;action</i>, Paris, </span></span></span><span arial="" style="font-family:">É</span><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">ditions du Seuil, 1994, p.&nbsp;122.</span></span></span></span></span></p>