<p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><em><span arial="" style="font-family:">Par Florian Besson,&nbsp; ATER en Histoire m&eacute;di&eacute;vale, Universit&eacute; Paris-Sorbonne &amp; Jan Synowiecki, EHESS, Paris.</span></em></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">L&rsquo;uchronie est souvent d&eacute;finie en reprenant la d&eacute;finition propos&eacute;e par Charles Renouvier, comme le versant historique de l&rsquo;utopie&nbsp;; mais cette d&eacute;finition est trop r&eacute;ductrice, car l&rsquo;uchronie est surtout une m&eacute;thode qui permet aux historiens de se ressaisir des futurs possibles pour mieux travailler sur les causes des &eacute;v&eacute;nements advenus, comme l&rsquo;ont soulign&eacute; Paul Ric&oelig;ur et Antoine Prost.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Nous nous proposons ici de prendre l&rsquo;exemple des &eacute;v&eacute;nements de Mai 68. Ceux-ci sont int&eacute;ressants &agrave; double titre. D&rsquo;une part, ils sont &agrave; l&rsquo;origine de plusieurs uchronies dont l&rsquo;&eacute;tude sera au c&oelig;ur de notre article&nbsp;: deux bandes dessin&eacute;es de la s&eacute;rie Jour J, sc&eacute;naris&eacute;es par Jean-Pierre P&eacute;cau, un chapitre du Et si on refaisait l&rsquo;histoire &nbsp;? d&rsquo;Anthony Rowley et Fabrice D&rsquo;Almeida, un roman de Jorge Semprun, L&rsquo;Algarabie, et un roman de science-fiction intitul&eacute; La R&eacute;publique des enrag&eacute;s, &eacute;crit par Xavier Bruce. Ces cinq &oelig;uvres adoptent un point de vue extr&ecirc;mement diff&eacute;rent sur les issues possibles des &eacute;v&eacute;nements de mai. Si certains sc&eacute;narios sont tr&egrave;s optimistes, voire compl&egrave;tement utopiques, d&rsquo;autres, au contraire, d&eacute;roulent une histoire alternative nettement plus sombre et plus dure que la n&ocirc;tre, allant jusqu&rsquo;&agrave; fr&ocirc;ler la dystopie. Entre ces deux p&ocirc;les, A. Rowley et F. d&rsquo;Almeida proposent une r&eacute;flexion plus fine, centr&eacute;e sur l&rsquo;histoire politique et les institutions de la ve R&eacute;publique. D&rsquo;autre part, les acteurs contemporains, engag&eacute;s dans la lutte politique ou dans les r&eacute;formes sociales, ont produit &eacute;norm&eacute;ment de sc&eacute;narios construisant des avenirs possibles. &laquo;&nbsp;Qu&rsquo;est-ce que Mai 68 ? Un devenir r&eacute;volutionnaire sans avenir de r&eacute;volution&nbsp;&raquo; disait Gilles Deleuze dans son Ab&eacute;c&eacute;daire, pla&ccedil;ant ainsi la focale sur une r&eacute;volution pas comme les autres. Si Mai 68 a pu susciter tant d&rsquo;&eacute;mules uchroniques, c&rsquo;est qu&rsquo;il est, pour ces contemporains, &agrave; la fois l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement initial des possibilit&eacute;s de transgression de l&rsquo;ordre social et d&rsquo;invention d&rsquo;imaginaires &ndash; ce que Cornelius Castoriadis appelait des institutions imaginaires de la soci&eacute;t&eacute;. R&eacute;&eacute;crire Mai 68, ce n&rsquo;est pas seulement imaginer dans le vide, mais aussi se situer au plus pr&egrave;s des horizons des acteurs contemporains, horizons forc&eacute;ment ouverts et pluriels, car pour eux l&rsquo;avenir n&rsquo;&eacute;tait pas fix&eacute;&nbsp;:&nbsp;les sc&eacute;narios construits, plusieurs ann&eacute;es apr&egrave;s, par les romanciers ou les historiens correspondent en fait aux questionnement des acteurs contemporains. Faire l&rsquo;uchronie d&rsquo;une utopie permet ainsi de restituer &laquo;&nbsp;l&rsquo;incertitude des &eacute;v&eacute;nements&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">En croisant les histoires alternatives propos&eacute;es par ces auteurs, qu&rsquo;ils soient historiens, romanciers ou sc&eacute;naristes de BD, il s&rsquo;agira de d&eacute;gager les lignes de force qui traversent ces diff&eacute;rents r&eacute;cits, et de pointer que les r&eacute;&eacute;critures contrefactuelles de Mai 68 renvoient, dans un jeu entre l&rsquo;uchronie et l&rsquo;utopie, &agrave; la fa&ccedil;on dont on pense l&rsquo;histoire aujourd&rsquo;hui.</span></span></span></p> <h1>Des r&eacute;&eacute;critures franco-centr&eacute;es</h1> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Les cinq uchronies &eacute;tudi&eacute;es ici reprennent et relaient un discours bien ancr&eacute;&nbsp;: Mai 68 appartient &agrave; l&rsquo;histoire de France. &Agrave; chaque fois, en effet, la France, &agrave; la fois comme nation et comme aire g&eacute;ographique, est clairement au c&oelig;ur des r&eacute;&eacute;critures. Elle devient un aimant&nbsp;:&nbsp;dans L&rsquo;imagination au pouvoir, la guerre civile fran&ccedil;aise attire des utopistes et des r&eacute;volutionnaires venus du monde entier, dont Jim Morrison. Autrement dit, la France est au centre. De plus, non seulement ces uchronies se centrent sur la France, mais elles se centrent surtout sur Paris, un Paris qui est le th&eacute;&acirc;tre des affrontements. Jorge Semprun condense ainsi l&rsquo;action dans une Zone d&rsquo;Utopie Populaire, nouvelle Commune qui ne d&eacute;borde pas de la rive gauche. Il y a bien s&ucirc;r, ici, une part de jubilation&nbsp;de la part des auteurs&nbsp;: on sent par exemple que J.P. P&eacute;cau s&rsquo;amuse, autant avec ce Paris d&eacute;chir&eacute; et d&eacute;truit (t. 8) qu&rsquo;avec ce Paris rose fluo o&ugrave; des vaches paissent devant le Sacr&eacute;-C&oelig;ur (t. 6).</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Au-del&agrave; de cette dimension ludique, reste qu&rsquo;on observe une incapacit&eacute; &agrave; penser Mai 68 en dehors de Paris. Il y a l&agrave; une double illusion historique, et donc une double erreur m&eacute;thodologique. La premi&egrave;re illusion, c&rsquo;est d&rsquo;isoler Paris du pays, de passer d&rsquo;une macroc&eacute;phalie &ndash; Paris d&eacute;cide pour la France &ndash; &agrave; une autoc&eacute;phalie &ndash; Paris vit toute seule. Or il n&rsquo;est pas cr&eacute;dible par exemple que la r&eacute;volution se fasse &agrave; Paris sans que le pays ne bouge. Dans Paris br&ucirc;le encore comme dans L&rsquo;imagination au pouvoir, l&rsquo;arm&eacute;e est par exemple repr&eacute;sent&eacute;e comme un &eacute;l&eacute;ment purement ext&eacute;rieur, qui n&rsquo;intervient que pour faire feu sur les gr&eacute;vistes&nbsp;: or l&rsquo;arm&eacute;e fran&ccedil;aise est elle-m&ecirc;me, &eacute;videmment, compos&eacute;e d&rsquo;hommes qui se sentaient souvent partie prenante des &eacute;v&eacute;nements. Le Times, dans un &eacute;ditorial du 30 mai 1968, demandait significativement &laquo;&nbsp;De Gaulle peut-il utiliser l&rsquo;arm&eacute;e&nbsp;?&nbsp;&raquo;, et concluait largement par la n&eacute;gative. Illusion, donc, qui consiste &agrave; identifier Paris &agrave; la France. Deuxi&egrave;me illusion, plus grave&nbsp;: mettre la France au c&oelig;ur d&rsquo;une uchronie sur Mai 68, c&rsquo;est isoler les &eacute;v&eacute;nements de 68 de leur contexte international. Or les manifestations &eacute;tudiantes du quartier latin ne sont que l&rsquo;une des facettes de la grande vague de troubles qui &eacute;branlent la plan&egrave;te&nbsp;: du Mexique aux &Eacute;tats-Unis, de Prague &agrave; P&eacute;kin, c&rsquo;est toute la jeunesse de la plan&egrave;te qui bouge, et les mouvements s&rsquo;inspirent mutuellement. Ici, ces r&eacute;&eacute;critures oublient &agrave; chaque fois cette dimension. Cela revient &agrave; supposer qu&rsquo;une &eacute;ventuelle r&eacute;volution ou guerre civile en France n&rsquo;aurait eu aucun impact sur le reste du monde&nbsp;; et c&rsquo;est aussi sous-entendre que le contexte international ne p&egrave;se gu&egrave;re sur les &eacute;v&eacute;nements fran&ccedil;ais.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Par exemple, A. Rowley et F. d&rsquo;Almeida proposent un turning point l&eacute;g&egrave;rement d&eacute;cal&eacute;&nbsp;: De Gaulle meurt dans un accident d&rsquo;h&eacute;licopt&egrave;re le 29 mai 1968. Les auteurs imaginent alors, avec beaucoup de finesse, une cons&eacute;quence inattendue de cette mort soudaine&nbsp;: suite au d&eacute;c&egrave;s du pr&eacute;sident de la R&eacute;publique, c&rsquo;est le pr&eacute;sident du S&eacute;nat qui devient imm&eacute;diatement pr&eacute;sident par int&eacute;rim. Or, en 1968, celui qui occupe cette fonction est Gaston Monnerville... qui est noir&nbsp;: &laquo;&nbsp;un Noir est le premier personnage de l&rsquo;&Eacute;tat en France, trois mois apr&egrave;s l&rsquo;assassinat de Martin Luther King et quarante ans avant l&rsquo;&eacute;lection de Barack Obama&nbsp;! &raquo;. Mais les auteurs ne font rien de cette excellente id&eacute;e&nbsp;: or on peut supposer que cela aurait eu des r&eacute;percussions &eacute;normes, notamment au niveau des relations entre la France et l&rsquo;Afrique. Avec un pr&eacute;sident noir en 68, tr&egrave;s attach&eacute; qui plus est &agrave; la politique de prestige de De&nbsp;Gaulle, qu&rsquo;en serait-il de la Fran&ccedil;afrique&nbsp;? Et, quarante ans plus tard, l&rsquo;&eacute;lection de Barack Obama aurait-elle caus&eacute; le m&ecirc;me enthousiasme&nbsp;?</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Bref, isoler la France, c&rsquo;est perdre en cr&eacute;dibilit&eacute;. Pourquoi cette lecture franco-centr&eacute;e qui oublie le reste du monde&nbsp;? Peut-&ecirc;tre faut-il y voir le poids du contexte politique et g&eacute;opolitique actuel&nbsp;: on a l&rsquo;impression que la France est isol&eacute;e, en retrait, ne pesant plus sur les grandes d&eacute;cisions du monde. La r&eacute;&eacute;criture uchronique porte du coup une vision politique et id&eacute;ologique de la place de la France dans le monde&nbsp;: elle invente un monde dans lequel la France est toujours au centre des &eacute;v&eacute;nements r&eacute;volutionnaires, oubliant le contexte international pour mieux construire la singularit&eacute; du destin fran&ccedil;ais.</span></span></span></p> <h1>Des r&eacute;&eacute;critures politiques</h1> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Deuxi&egrave;me point commun de ces textes, ils ont tous un arri&egrave;re-plan politique tr&egrave;s fort. Les uchronies s&rsquo;int&eacute;ressent en effet &agrave; la transition du pouvoir et mettent en sc&egrave;ne des hommes politiques. Certains personnages reviennent dans plusieurs &oelig;uvres, sous un jour parfois peu flatteur&nbsp;: Jacques Chirac est ainsi repr&eacute;sent&eacute; comme un ignoble arriviste dans la bande dessin&eacute;e et comme un ambitieux pr&ecirc;t &agrave; tout chez A. Rowley et F. d&rsquo;Almeida. Dans L&rsquo;Algarabie, J. Semprun d&eacute;crit de longues discussions id&eacute;ologiques entre divers groupes marxistes, discussions qui tournent &agrave; vide, d&rsquo;o&ugrave; le titre de l&rsquo;&oelig;uvre &ndash; algarabie &eacute;tant la version francis&eacute;e de charabia.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Mettre l&rsquo;accent sur la dimension politique, c&rsquo;est oublier les dimensions &eacute;conomique, sociale,&nbsp;culturelle, pourtant pleinement constitutives des &eacute;v&eacute;nements de Mai 68. Ce tropisme participe bien s&ucirc;r de l&rsquo;oubli du monde et du pays&nbsp;: ce qui compte, c&rsquo;est Paris, et Paris c&rsquo;est le politique. C&rsquo;est l&rsquo;un des probl&egrave;mes de l&rsquo;uchronie, qui p&egrave;se lourdement sur sa production et explique s&ucirc;rement le scepticisme de nombre d&rsquo;historiens&nbsp;: dans une France o&ugrave; l&rsquo;&eacute;cole des Annales a profond&eacute;ment marqu&eacute; le paysage historiographique, une histoire qui oublie l&rsquo;&eacute;conomique et le social au profit du seul politique ne p&egrave;se pas lourd. Cette coupure entre histoire &eacute;conomique et uchronie est d&rsquo;autant plus curieuse que Robert Fogel a &eacute;t&eacute; l&rsquo;un des premiers &agrave; souligner l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t de la d&eacute;marche contrefactuelle d&egrave;s lors qu&rsquo;elle est crois&eacute;e &agrave; une approche &eacute;conom&eacute;trique.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">D&rsquo;o&ugrave;, bien souvent, une impression de superficialit&eacute; &ndash; qui tient aussi, &eacute;videmment, &agrave; la bri&egrave;vet&eacute; des &oelig;uvres ici &eacute;tudi&eacute;es&nbsp;: quelques pages, loin des centaines de pages que Jacques Sapir a consacr&eacute; &agrave; la seconde guerre mondiale. Tr&egrave;s vite, en effet, cette focalisation sur le politique conduit &agrave; des visions caricaturales, puisque d&eacute;contextualis&eacute;es&nbsp;: l&rsquo;hypoth&egrave;se d&rsquo;une guerre civile en France &agrave; la suite de la mort de De Gaulle, adopt&eacute;e dans l&rsquo;Algarabie et dans Paris br&ucirc;le encore, surestime tr&egrave;s largement les divisions de la population. &Agrave; l&rsquo;inverse, dans la m&ecirc;me bande dessin&eacute;e, si la pr&eacute;sence de plusieurs groupes marxistes est plausible, la formation des &laquo;&nbsp;n&eacute;o-templiers&nbsp;&raquo;, une milice chr&eacute;tienne arm&eacute;e, l&rsquo;est beaucoup moins, les sc&eacute;naristes de la bande dessin&eacute;e sous-estimant l&rsquo;importance de la d&eacute;christianisation dans la France des ann&eacute;es 60. Denis Pelletier, et &agrave; sa suite Hugh McLeod, ont en effet d&eacute;montr&eacute; &agrave; quel point cette d&eacute;cennie &eacute;tait aussi celle d&rsquo;une profonde crise religieuse qui touchait tous les secteurs de la soci&eacute;t&eacute;.</span></span></span></p> <h1>Des r&eacute;&eacute;critures gaullistes</h1> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Troisi&egrave;me caract&eacute;ristique de ces textes&nbsp;:&nbsp;la place-cl&eacute; accord&eacute;e &agrave; De Gaulle dans tous ces r&eacute;cits. &Agrave; chaque fois, en effet, c&rsquo;est sa mort qui marque le turning point&nbsp;: assassin&eacute; au cours d&rsquo;une nuit de troubles dans Paris br&ucirc;le encore, mort, sans plus de d&eacute;tail, dans L&rsquo;Imagination au pouvoir, tu&eacute; dans un accident d&rsquo;h&eacute;licopt&egrave;re chez d&rsquo;Almeida et Semprun, et disparu myst&eacute;rieusement suite &agrave; sa rencontre avec un mutant chez Xavier Bruce. Cette lecture pose De Gaulle comme une pesanteur, une structure &agrave; lui seul, comme si l&rsquo;histoire n&rsquo;aurait pas pu &ecirc;tre diff&eacute;rente tant que De Gaulle &eacute;tait l&agrave;, sa mort soudaine est un vide dans lequel va d&eacute;railler le train de l&rsquo;histoire. Et les r&eacute;cits, souvent, ne d&eacute;taillent pas les cons&eacute;quences pr&eacute;cises qui pourraient amener de la mort du pr&eacute;sident &agrave; la guerre civile&nbsp;: les deux s&rsquo;encha&icirc;nent sans autre caract&eacute;ristique que l&rsquo;imm&eacute;diatet&eacute;, comme un allant de soi.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Les diff&eacute;rentes uchronies reprennent ici, sans forc&eacute;ment s&rsquo;en rendre compte, le mythe gaulliste&nbsp;&ndash; et contribuent, &eacute;videmment, &agrave; le renforcer&nbsp;:&nbsp;c&rsquo;est De Gaulle qui assure l&rsquo;ordre et la coh&eacute;sion de la France, et sa mort rime avec guerre civile et bouleversement politique &ndash; &laquo;&nbsp;apr&egrave;s lui le chaos&nbsp;&raquo;, en quelque sorte. Paradoxe&nbsp;:&nbsp;c&rsquo;est en faisant dispara&icirc;tre De Gaulle qu&rsquo;on le mythifie le plus. J.P. P&eacute;cau &eacute;crit avec une sensibilit&eacute; de gauche &eacute;vidente et assum&eacute;e, mais il n&rsquo;en pose pas moins De&nbsp;Gaulle comme ce grand homme dont la seule pr&eacute;sence a emp&ecirc;ch&eacute; la guerre civile. Indice, peut-&ecirc;tre, que la figure du g&eacute;n&eacute;ral transcende d&eacute;sormais le clivage politique droite-gauche&nbsp;? Plus g&eacute;n&eacute;ralement, les turning points s&rsquo;attachent tr&egrave;s fr&eacute;quemment aux grands hommes, proph&egrave;tes, g&eacute;n&eacute;raux, chefs politiques, repr&eacute;sent&eacute;s comme les seuls gonds sur lesquels peut tourner la porte de l&rsquo;histoire. Ici, de toute &eacute;vidence, De Gaulle est mis sur le m&ecirc;me pied que Napol&eacute;on ou le Christ&nbsp;: on touche ici &agrave; la fabrication d&rsquo;une mythologie contemporaine, qui h&eacute;ro&iuml;se les grandes figures du pass&eacute;.</span></span></span></p> <h1>Des r&eacute;&eacute;critures utopiques ?</h1> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">On pourrait penser, a priori, que Mai 68 est le cadre par excellence o&ugrave; d&eacute;ployer une r&eacute;&eacute;criture utopique, en prenant au s&eacute;rieux les souhaits et les projets de r&eacute;forme des acteurs contemporains. La bande dessin&eacute;e est ici une exp&eacute;rience int&eacute;ressante&nbsp;: un tome montre en effet un Mai 68 qui &laquo;&nbsp;a r&eacute;ussi&nbsp;&raquo;, autrement dit dans lequel les groupes r&eacute;volutionnaires l&rsquo;ont emport&eacute; sur l&rsquo;ordre &eacute;tabli, l&rsquo;autre tome un Mai 68 o&ugrave; les &eacute;v&eacute;nements d&eacute;rapent et conduisent &agrave; la guerre civile. Dans le premier tome, l&rsquo;utopie est surtout architecturale&nbsp;: des b&acirc;timents futuristes, aux couleurs vives et aux formes &eacute;tranges, envahissent Paris. Mais on finit par retomber sur la m&ecirc;me situation&nbsp;: la reconstruction d&rsquo;une France ruin&eacute;e par la guerre civile, sous l&rsquo;&eacute;troite surveillance des &Eacute;tats-Unis. M&ecirc;me quand &laquo;&nbsp;l&rsquo;imagination a pris le pouvoir&nbsp;&raquo;, selon le titre du tome six, reprenant en l&rsquo;actualisant un slogan de Mai 68, l&rsquo;uchronie livre une vision cynique de la vie politique&nbsp;&ndash;&nbsp;Mitterrand fait assassiner ses rivaux, dont Chirac, pour prendre le pouvoir&nbsp;&ndash;&nbsp;sur fond de sexe, d&rsquo;argent, et de scandales. Cette lecture est tr&egrave;s r&eacute;v&eacute;latrice et renvoie &agrave; une vision critique de Mai 68, qu&rsquo;on retrouve aussi, &eacute;videmment, dans la bouche de certains responsables politiques&nbsp;: le 29 avril 2007, dans un discours &agrave; Bercy, Nicolas Sarkozy, alors candidat &agrave; la pr&eacute;sidentielle, appelait &agrave; &laquo;&nbsp;liquider Mai 68&nbsp;&raquo; &ndash; rejouant Napol&eacute;on face &agrave; la R&eacute;volution. Au-del&agrave; de la critique des &eacute;v&eacute;nements eux-m&ecirc;mes, le candidat de l&rsquo;UMP d&eacute;non&ccedil;ait toute la culture politique qui en &eacute;tait issue, ramen&eacute;e au relativisme moral et &agrave; l&rsquo;app&eacute;tit de jouir &ndash; suscitant, en retour, une vague de protestations qui s&rsquo;attach&egrave;rent &agrave; d&eacute;fendre l&rsquo;h&eacute;ritage de Mai 68.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">La s&eacute;rie Jour J a pu proposer, au fil de ses tomes, des uchronies qui dessinaient vraiment des mondes meilleurs &ndash; comme le premier tome, centr&eacute; sur la course &agrave; l&rsquo;espace pendant la guerre froide. Mais, de toute &eacute;vidence, Mai 68 ne peut pas porter ce genre de visions. Ce qui s&rsquo;exprime ici, c&rsquo;est une lecture d&eacute;sabus&eacute;e des utopies&nbsp;: en 68, on croyait sinc&egrave;rement aux utopies, notamment communistes&nbsp;; en 2010, on est plus sceptique... L&rsquo;uchronie s&rsquo;arrache donc ici &agrave; toute tentation nostalgique&nbsp;: le but de ces r&eacute;cits n&rsquo;est jamais de dire ou de faire penser que &laquo;&nbsp;&ccedil;a aurait d&ucirc; se passer comme &ccedil;a&nbsp;&raquo;, mais au contraire de souligner que les futurs hypoth&eacute;tiques forment de bien tristes possibles. Le Paris d&eacute;chir&eacute; de J. Semprun joue comme un &eacute;cho de la guerre d&rsquo;Espagne, les milices chr&eacute;tiennes mettent le feu &agrave; la Joconde dans Paris br&ucirc;le encore, et, chez A. Rowley et F. d&rsquo;Almeida, l&rsquo;&Eacute;tat fran&ccedil;ais vire &agrave; l&rsquo;&Eacute;tat policier pour emp&ecirc;cher les attentats mao&iuml;stes. Ici, on tire au mortier depuis le Sacr&eacute; C&oelig;ur&nbsp;; l&agrave;, les chars du g&eacute;n&eacute;ral Massu massacrent les gr&eacute;vistes dans le quartier latin. Partout, les pav&eacute;s volent, et il n&rsquo;y a aucune plage dessous. Ce traitement n&rsquo;est pas propre aux r&eacute;&eacute;critures fran&ccedil;aises&nbsp;: le d&eacute;but de Watchmen, film r&eacute;alis&eacute; par Zack Snyder en 2009, propose ainsi une uchronie visuelle qui passe par la d&eacute;formation d&rsquo;images c&eacute;l&egrave;bres&nbsp;: on y voit notamment les GI de la photographie &laquo;&nbsp;La jeune fille &agrave; la fleur&nbsp;&raquo; de Marc Riboud ouvrir le feu sur la foule r&eacute;unie, en 1967, pour manifester contre la guerre du Vietnam. Loin de la nostalgie des soixante-huitards, qui pensent Mai 68 comme une occasion manqu&eacute;e, les uchronies soulignent ainsi que la France a plut&ocirc;t &eacute;vit&eacute; une catastrophe.</span></span></span></p> <h1>Conclusion</h1> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Il y a donc dans toutes ces uchronies un traitement tr&egrave;s curieux et, au fond, un peu contradictoire des &eacute;v&eacute;nements de 1968. D&rsquo;un c&ocirc;t&eacute;, on les isole de leur contexte international, on en fait un &eacute;v&eacute;nement seulement fran&ccedil;ais et seulement politique&nbsp;: c&rsquo;est qu&rsquo;en fait toutes ces uchronies sont tributaires d&rsquo;un discours qui a essentialis&eacute; Mai 68. Un processus que l&rsquo;on retrouve pour la R&eacute;sistance&nbsp;: de m&ecirc;me qu&rsquo;il faut sans cesse rappeler qu&rsquo;il y a eu des r&eacute;sistances partout en Europe, y compris en Allemagne nazie, il faut ici rappeler qu&rsquo;il y a eu des Mai 68 partout dans le monde. D&#39;un autre c&ocirc;t&eacute;, alors m&ecirc;me que ces uchronies reprennent le mythe de Mai 68, elles le passent au crible de notre scepticisme, du d&eacute;senchantement du monde, soulignant que les utopies ne fonctionnent plus. Ce ne sont plus des ann&eacute;es h&eacute;ro&iuml;ques, mais des ann&eacute;es chaotiques... On peut penser que les auteurs de ces uchronies reprennent et retravaillent des id&eacute;es qui viennent avant tout des acteurs de l&rsquo;&eacute;poque eux-m&ecirc;mes&nbsp;: en 2008, Daniel Cohn-Bendit, dans un ouvrage &eacute;crit en r&eacute;ponse &agrave; la d&eacute;claration de Nicolas Sarkozy &eacute;voqu&eacute;e plus haut, appelait ainsi &agrave; &laquo;&nbsp;oublier Mai 68&nbsp;&raquo;, pour qu&rsquo;on cesse de l&rsquo;accuser de nostalgie. L&rsquo;enjeu, soulignait-il, est de r&eacute;gler les probl&egrave;mes contemporains, et non pas de se disputer sans fin sur les &eacute;v&eacute;nements du pass&eacute;.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Les uchronies de Mai 68 reprennent finalement un discours assez sombre, une vision relativement cynique et d&eacute;sabus&eacute;e de l&rsquo;histoire, en soulignant soit que les choses n&rsquo;auraient pas pu tourner autrement &ndash; on finit toujours par revenir dans le fil de &laquo;&nbsp;notre&nbsp;&raquo; histoire &ndash; soit que les divergences auraient forc&eacute;ment &eacute;t&eacute; catastrophiques. &Agrave; cet &eacute;gard, ces uchronies, r&eacute;dig&eacute;es &agrave; des moments diff&eacute;rents et sur des supports vari&eacute;s &ndash; livre d&rsquo;historien, roman, bande dessin&eacute;e &ndash; renvoient pourtant &agrave; une m&ecirc;me fa&ccedil;on de penser l&rsquo;histoire&nbsp;: la place-cl&eacute; du grand homme, le repli sur l&rsquo;espace fran&ccedil;ais, la vision critique des projets utopiques. Comment ne pas deviner, derri&egrave;re ces lignes de force, les tensions qui traversent notre contemporain&nbsp;?</span></span></span></p> <h1>Bibliographie</h1> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">AMOR&Oacute;S M., <i>1968. El a&ntilde;o sublime de la acracia</i>, Bilbao, Muturreko Burutazioak, 2014.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">ARTI&Egrave;RES P. et ZANCARINI-FOURNEL M. (dir.), <i>Mai 68, une histoire collective (1968-1981)</i>, Paris, La D&eacute;couverte, coll. &laquo;&nbsp;Cahiers libres&nbsp;&raquo;, 2008</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">BESSON F. et SYNOWIECKI J. (dir.), <i>&Eacute;crire l&rsquo;histoire avec des si</i>, Paris, Presses de l&rsquo;&Eacute;cole Normale sup&eacute;rieure, coll. &laquo;&nbsp;Actes de la recherche &agrave; l&rsquo;ENS&nbsp;&raquo;, 2015.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">BRUCE X., <i>La R&eacute;publique des enrag&eacute;s</i>, Chamb&eacute;ry, ActuSF, 2015.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">LE BLANC G., &laquo;&nbsp;Mai 68 en philosophie. Vers la vie alternative&nbsp;&raquo;, <i>in Cit&eacute;s</i>, 2009, n&deg;&nbsp;4, pp.&nbsp;97-114.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">CASTORIADIS C., <i>L&rsquo;Institution imaginaire de la soci&eacute;t&eacute;</i>, Paris, Le Seuil, coll. &laquo;&nbsp;Esprit&nbsp;&raquo;, 1975.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">COHN-BENDIT D.,<i> Forget 68</i>, La Tour d&rsquo;Aigues, &Eacute;ditions de l&rsquo;Aube, coll. &laquo;&nbsp;Monde en cours&nbsp;&raquo;, 2008.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">DAMAMME D., GOBILLE B., MATONI F. et PUDAL B. (dir.), <i>Mai-Juin 68</i>, Paris, &Eacute;ditions de l&rsquo;Atelier, 2008.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">DESSY C. et STI&Eacute;NON V., <i>(B&eacute;)-vues du futur: les imaginaires visuels de la dystopie (1840-1940)</i>, Villeneuve d&rsquo;Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, coll. &laquo;&nbsp;Litt&eacute;rature&nbsp;&raquo;, 2015.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">DUVAL F. et P&Eacute;CAU J.P. (sc&eacute;nario), Mr Fab (dessins),<i> L&rsquo;Imagination au pouvoir</i>, tome VI, Paris, &Eacute;ditions Delcourt, 2011.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">ID., Damien (dessin), <i>Paris br&ucirc;le encore</i>, tome VIII, Paris, &Eacute;ditions Delcourt, 2012.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">FOGEL R. W., <i>Railroads and American Economic Growth: Essays in Econometric History</i>, Baltimore, John Hopkins University Press, 1964.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">FURET F., <i>Le Pass&eacute; d&rsquo;une illusion. Essai sur l&rsquo;id&eacute;e communiste au XXe si&egrave;cle</i>, Paris, R. Laffont, 1995.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">GAUCHET M., <i>Le D&eacute;senchantement du monde. Une histoire politique de la religion</i>, Paris, Gallimard, coll.&nbsp;&laquo;&nbsp;Biblioth&egrave;que des sciences humaines&nbsp;&raquo;, 1985.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">GUILHAUMOU J., <i>Cartographier la nostalgie. L&rsquo;utopie concr&egrave;te de Mai 68</i>, Besan&ccedil;on, Presses Universitaires de Franche-Comt&eacute;, coll. &laquo;&nbsp;Annales litt&eacute;raires de l&rsquo;Universit&eacute; de Franche-Comt&eacute;&nbsp;&raquo;, 2013.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">McLEOD H., <i>The Religious Crisis of the 1960<sup>s</sup></i>, Oxford, Oxford University Press, 2007.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">MUSSET A., <i>Le Syndrome de Babylone : g&eacute;ofictions de l&rsquo;Apocalypse</i>, Paris, Armand Colin, 2012.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">PELLETIER D., <i>La Crise catholique. Religion, soci&eacute;t&eacute;, politique en France (1965-1978)</i>, Paris, Payot, coll. &laquo;&nbsp;Histoire&nbsp;&raquo;, 2002.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">PROST A.,<i> Douze le&ccedil;ons sur l&rsquo;histoire</i>, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, coll. &laquo;&nbsp;Points. S&eacute;rie Essais&nbsp;&raquo;, 1996.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">RENOUVIER C., <i>Uchronie : l&rsquo;utopie dans l&rsquo;histoire. Histoire de la civilisation europ&eacute;enne telle qu&rsquo;elle n&rsquo;a pas &eacute;t&eacute;, telle qu&rsquo;elle aurait pu &ecirc;tre</i>, Paris, E. Martinet, 1876.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">RIC&OElig;UR P., <i>Temps et r&eacute;cit, tome 2. L&rsquo;intrigue et le r&eacute;cit historique</i>, Paris, Le Seuil, 1983.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">ROWLEY A. et D&rsquo;ALMEIDA F., <i>Et si on refaisait l&rsquo;histoire ?</i>, Paris, Odile Jacob, coll.&nbsp;&laquo;&nbsp;Histoire&nbsp;&raquo;, 2009.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">SAPIR J., STORA F. et MAH&Eacute; L., <i>1940, et si la France avait continu&eacute; la guerre. Essai d&rsquo;alternative historique</i>, Paris, Tallandier, 2010.</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">&ndash;ID., 1941-1942, et si la France avait continu&eacute; la guerre. Essai d&rsquo;alternative historique, Paris, Tallandier, 2012. &nbsp;</span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">SEMPRUN J., <i>L&rsquo;Algarabie</i>, Paris, Fayard, 1981.</span></span></span></p>