<p style="text-align: center;"><em><strong>VARIA</strong></em></p> <p style="text-align: left;"><em><span style="font-size:12.0pt">Par Denis Jeffrey, Professeur titulaire Facult&eacute; des sciences de l&rsquo;&eacute;ducation, Universit&eacute; Laval, Qu&eacute;bec, Canada</span>.</em></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">J&rsquo;ai assist&eacute; le 2 d&eacute;cembre 2015 dans l&rsquo;enceinte de l&rsquo;Universit&eacute; de Montpellier &agrave; un s&eacute;minaire qui devait porter, selon le titre de l&rsquo;affiche publicitaire, sur une controverse scientifique. Il est tout &agrave; fait pertinent dans une institution universitaire de discuter librement de controverses scientifiques afin de montrer aux &eacute;tudiants comment la production des savoirs dans les sciences humaines et naturelles est travers&eacute;e par des questions morales, sociales, politiques et &eacute;conomiques. Sur ces sujets, on peut notamment lire les nombreux travaux de Bruno Latour en France et de Ernst von Glasersfeld aux &Eacute;tats-Unis.<strong> </strong></span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Habituellement, dans un d&eacute;bat autour d&rsquo;une controverse scientifique, on permet &agrave; des opposants de d&eacute;fendre une position contradictoire. Ce type de d&eacute;bat est courant dans les activit&eacute;s scientifiques, car il permet aux chercheurs de s&rsquo;expliquer publiquement dans le plus grand respect des personnes. Sur l&rsquo;affiche d&rsquo;invitation, il &eacute;tait &eacute;crit qu&rsquo;il s&rsquo;agissait d&rsquo;une &laquo; conf&eacute;rence-d&eacute;bat &raquo;. Le titre de cette conf&eacute;rence-d&eacute;bat &laquo; Un canular pour secouer le cocotier&nbsp;: controverse autour d&rsquo;une sociologie imaginaire &raquo; comporte d&rsquo;embl&eacute;e une provocation puisqu&rsquo;est vis&eacute;e ici la &laquo; sociologie <em>de</em> l&rsquo;imaginaire &raquo;. Aussi, pour attirer l&rsquo;attention du public, les organisateurs de ce s&eacute;minaire &laquo; acad&eacute;mique &raquo; ont utilis&eacute; la couverture d&rsquo;un num&eacute;ro de la revue <em>Les Cahiers de l&rsquo;imaginaire</em> qui porte le titre &laquo;&nbsp;Le fake&nbsp;&raquo;. Disons que ce lien calcul&eacute; visait d&rsquo;embl&eacute;e &agrave; sugg&eacute;rer que la sociologie de l&rsquo;imaginaire ne pourrait &ecirc;tre que du &laquo; fake &raquo;. Que penser de promoteurs d&rsquo;un d&eacute;bat-conf&eacute;rence qui annoncent d&rsquo;embl&eacute;e leur impartialit&eacute;&nbsp;? </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">J&rsquo;ai vite r&eacute;alis&eacute; que le s&eacute;minaire du 2 d&eacute;cembre n&rsquo;&eacute;tait pas une activit&eacute; de formation universitaire. Des Professeurs de l&rsquo;Universit&eacute; de Montpellier ont profit&eacute; d&rsquo;une activit&eacute; acad&eacute;mique pour porter atteinte &agrave; la r&eacute;putation du Professeur Michel Maffesoli. C&#39;est-&agrave;-dire qu&rsquo;ils ont transform&eacute; une activit&eacute; d&eacute;di&eacute;e &agrave; la formation des &eacute;tudiants en proc&egrave;s d&rsquo;intention contre le Professeur Maffesoli et sa sociologie sous couvert de pr&eacute;senter une controverse scientifique. On aurait pu s&rsquo;attendre &agrave; ce que les r&egrave;gles de l&rsquo;art d&rsquo;un d&eacute;bat soient respect&eacute;es afin que les opposants puissent pr&eacute;senter leur point de vue. Or, un point de vue a &eacute;t&eacute; favoris&eacute; au d&eacute;triment de l&rsquo;autre. </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Lorsque l&rsquo;arbitre d&rsquo;un d&eacute;bat est neutre et impartial, chacun des opposants a alors la chance de pr&eacute;senter franchement et sans &eacute;quivoque ses id&eacute;es, ses arguments, ses positions th&eacute;oriques et sa posture &eacute;pist&eacute;mologique. Mais le s&eacute;minaire du 2 d&eacute;cembre n&rsquo;a respect&eacute; aucune des r&egrave;gles qui encadrent habituellement un d&eacute;bat entre intellectuels. Les organisateurs ont plut&ocirc;t cherch&eacute; &agrave; attaquer l&rsquo;int&eacute;grit&eacute; de Michel Maffesoli et de ses coll&egrave;gues. Cette position est injustifiable. Attaquer l&rsquo;int&eacute;grit&eacute; de la personne d&rsquo;un Professeur, dans une enceinte universitaire ou hors d&rsquo;une enceinte universitaire, est toujours injustifiable. Dans mon pays, une atteinte &agrave; la r&eacute;putation ou &agrave; l&rsquo;int&eacute;grit&eacute; d&rsquo;une personne n&rsquo;est pas seulement inacceptable du point de vue de l&rsquo;&eacute;thique, mais aussi du point de vue du droit.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">En fait, l&rsquo;atteinte &agrave; la r&eacute;putation d&rsquo;une personne est une forme de diffamation, et sous d&rsquo;autres cieux elle peut &ecirc;tre s&eacute;v&egrave;rement punie. Cela dit, il est possible de discuter d&rsquo;id&eacute;es et de th&eacute;ories tout en se respectant, c&rsquo;est ce que l&rsquo;histoire de la d&eacute;mocratie nous montre depuis au moins Solon. </span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12.0pt">Chacun d&rsquo;entre nous a droit au respect de sa r&eacute;putation, que ce soit lors d&rsquo;un d&eacute;bat public, sur Internet ou en d&rsquo;autres espaces publics. Il me semble que la France l&rsquo;a bien compris puisqu&rsquo;elle a r&eacute;cemment ajout&eacute; des lois pour prot&eacute;ger davantage les enfants contre l&rsquo;intimidation dans les &eacute;coles et sur Internet (cyberintimidation). Or, il y a des Professeurs d&rsquo;universit&eacute; qui ne donnent vraiment pas le bon exemple. Ils se comportent, en fait, comme des &eacute;l&egrave;ves qui transgressent par plaisir sadique les r&egrave;gles convenues de civilit&eacute; bas&eacute;es sur le respect r&eacute;ciproque.</span></p> <h2 style="text-align: center;"><span style="font-size:13pt"><span style="background:white"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Limites de la libert&eacute; d&rsquo;expression en d&eacute;mocratie</span></span></span></span></h2> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Par ailleurs, dans un pays comme la France qui a quasi sacralis&eacute; la libert&eacute; d&rsquo;expression, surtout &agrave; la suite des attentats de Charlie Hebdo, il est plut&ocirc;t &eacute;tonnant qu&rsquo;on permette &agrave; deux jeunes chercheurs connus pour leur pastiche paru dans la revue <em>Soci&eacute;t&eacute;</em>, de tenir des propos diffamatoires contre Michel Maffesoli. Non pas qu&rsquo;il faudrait brimer leur libert&eacute; d&rsquo;expression. Il leur est permis d&rsquo;aiguiser avidement leurs crocs sur la pens&eacute;e de Michel Maffesoli, mais il ne leur est pas permis de lui manquer de respect. </span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12.0pt">&Agrave; ce sujet, il est &eacute;vident que dans leur pr&eacute;sentation de Michel Maffesoli, ils ont multipli&eacute; les insinuations douteuses au sujet du nombre &eacute;lev&eacute; de doctorants qu&rsquo;il a men&eacute; jusqu&rsquo;&agrave; la soutenance, au sujet du nombre &eacute;lev&eacute; de ses publications, au sujet de son passage au CNU, de sa nomination &agrave; l&rsquo;IUF, etc. Ils ont m&ecirc;me odieusement soulign&eacute; l&rsquo;association de Michel Maffesoli avec des entreprises priv&eacute;es comme <em>Kedge business school</em>. Le but de l&rsquo;op&eacute;ration &eacute;tait de disqualifier la personne de Michel Maffesoli. Dans les d&eacute;mocraties de droits, habituellement, de tels propos sont sanctionn&eacute;s. J&rsquo;irai plus loin en soulignant que dans les enceintes universitaires canadiennes, de tels propos sont imm&eacute;diatement r&eacute;prim&eacute;s. Chez nous, on discute d&rsquo;id&eacute;es avec des id&eacute;es. C&rsquo;est la base m&ecirc;me de la discussion savante qui permet la libre circulation de la parole entre chercheurs, universitaires et intellectuels.</span></p> <h2 style="text-align: center;"><span style="font-size:13pt"><span style="background:white"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">D&eacute;viance dans la formation universitaire</span></span></span></span></h2> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Il y a lieu de se demander pourquoi les responsables d&rsquo;un s&eacute;minaire qui porte sur les controverses scientifiques ont permis que soient tenus de tels propos. On pourra m&ecirc;me penser qu&rsquo;ils ont instrumentalis&eacute; les jeunes auteurs du pastiche paru dans la revue <em>Soci&eacute;t&eacute;s</em> pour discr&eacute;diter la sociologie de Michel Maffesoli et par cons&eacute;quent, attaquer ses coll&egrave;gues de Montpellier. &Eacute;videmment, c&rsquo;est une question qu&rsquo;il est l&eacute;gitime de se poser, disons, pour rester dans un cadre scientifique, &agrave; titre hypoth&eacute;tique. </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Le fait est le s&eacute;minaire annonc&eacute; n&rsquo;&eacute;tait pas d&eacute;di&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;tude d&rsquo;une controverse scientifique. Nous avons plut&ocirc;t entendu deux jeunes chercheurs soutenir que la personne de Michel Maffesoli est controvers&eacute;e. La man&oelig;uvre &eacute;tait facilement d&eacute;tectable comme bon nombre de participants l&rsquo;ont bien vue. Le jeu des amalgames entre la personne du sociologue et sa pens&eacute;e sautait aux yeux. On portait atteinte &agrave; sa r&eacute;putation en cherchant &agrave; d&eacute;valoriser sa pens&eacute;e, et en cherchant &agrave; d&eacute;valoriser sa pens&eacute;e, on voulait porter atteinte &agrave; sa r&eacute;putation. Encore une fois, pour ceux qui ne le savent pas, la diffamation est d&eacute;finie comme une all&eacute;gation de nature &agrave; porter atteinte &agrave; la r&eacute;putation et &agrave; la renomm&eacute;e d&rsquo;une personne en l&rsquo;exposant &agrave; la haine ou au m&eacute;pris et en lui faisant perdre l&rsquo;estime ou la confiance des autres &agrave; son &eacute;gard.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Les responsables de l&rsquo;activit&eacute; acad&eacute;mique auraient pu organiser un d&eacute;bat contradictoire entre les maffesoliens et une autre &eacute;cole sociologique sur un th&egrave;me pr&eacute;cis. Cela aurait &eacute;t&eacute; de bon aloi. C&rsquo;est la mani&egrave;re honn&ecirc;te de faire les choses dans les universit&eacute;s o&ugrave; les Professeurs respectent l&rsquo;&eacute;thique des chercheurs et l&rsquo;&eacute;thique de la recherche. Mais dans le s&eacute;minaire du 2 d&eacute;cembre, on a demand&eacute; &agrave; deux jeunes chercheurs, dont l&rsquo;un montrait un rapport amourhaine avec la personne et la pens&eacute;e de Michel Maffesoli, de venir exposer un point de vue qui constituait une attaque contre la personne et l&rsquo;&oelig;uvre.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Il est clair que la r&eacute;putation de Michel Maffesoli a &eacute;t&eacute; attaqu&eacute;e. Il y a eu diffamation. Quant &agrave; l&rsquo;&oelig;uvre, les propos de ces jeunes chercheurs &eacute;taient entach&eacute;s d&rsquo;un parti pris. On a pu avoir le sentiment que l&rsquo;un d&rsquo;eux &eacute;tait &agrave; la fois fascin&eacute; et terroris&eacute; par la pens&eacute;e de Michel Maffesoli. Ce dernier a essay&eacute; de mettre en &eacute;vidence quelques caract&eacute;ristiques bien connues de la pens&eacute;e de Michel Maffesoli&nbsp;: qu&rsquo;il multiplie les m&eacute;taphores, qu&rsquo;il fait usage de concepts oppos&eacute;s, qu&rsquo;il r&eacute;f&egrave;re &agrave; Heidegger, &agrave; Durand ou &agrave; Jung, etc. Or, ce sont des aspects de son travail qu&rsquo;il assume. Ce ne sont d&rsquo;ailleurs pas des commentaires tr&egrave;s int&eacute;ressants. On pourrait adresser les m&ecirc;mes remarques &agrave; Edgar Morin. Or, l&agrave; o&ugrave; le b&acirc;t blesse, c&rsquo;est qu&rsquo;il a associ&eacute; la structure de la pens&eacute;e de Michel Maffesoli &agrave; des biais scientifiques. S&rsquo;il y a biais scientifique, et l&rsquo;accusation est grave, il faudrait alors que cela soit mieux montr&eacute;. La d&eacute;monstration de ce jeune chercheur souffrait de ses insuffisances et de ses novices interpr&eacute;tations. Dans un sens, &agrave; la mani&egrave;re de Monsieur Jourdain, il ne faisait que communiquer des truismes. On ne peut reprocher &agrave; un penseur son style. Ce n&rsquo;est pas une faute. Va-t-on reprocher &agrave; Lacan d&rsquo;&eacute;crire dans un style lacanien, &agrave; Marx dans un style marxien ou &agrave; Bourdieu dans un style bourdieusien&nbsp;!</span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12.0pt">Il y avait lieu, pour les responsables de ce s&eacute;minaire, de pr&eacute;senter aux &eacute;tudiants ce qu&rsquo;est une r&eacute;elle controverse scientifique, ce qu&rsquo;est un biais scientifique et quels sont les crit&egrave;res de validit&eacute; d&rsquo;une production scientifique autant en sciences naturelles qu&rsquo;en sciences humaines. Mais il semble que les petites haines intellectuelles et politiques &eacute;taient le v&eacute;ritable enjeu de ce s&eacute;minaire.</span></p> <h2 style="text-align: center;"><span style="font-size:13pt"><span style="background:white"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Un s&eacute;minaire qui a tourn&eacute; en proc&egrave;s contre un sociologue</span></span></span></span></h2> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">D&rsquo;une part, dans ce s&eacute;minaire qui n&rsquo;en &eacute;tait pas un, il n&rsquo;y a pas eu d&eacute;bat, car on n&rsquo;a pas permis &agrave; un d&eacute;fenseur de la sociologie de l&rsquo;imaginaire de pr&eacute;senter d&rsquo;une mani&egrave;re syst&eacute;matique un autre point de vue que celui de deux jeunes chercheurs qui, eux, ont eu une heure trente pour pr&eacute;senter le leur. D&rsquo;autre part, lorsque le Professeur Patrick Tacussel voulut prendre la parole pour pr&eacute;senter justement un point de vue contradictoire, l&rsquo;animateur du s&eacute;minaire lui criait apr&egrave;s pour l&rsquo;obliger &agrave; s&rsquo;inscrire dans une perspective positiviste de la preuve. Cette demande &eacute;tait d&rsquo;autant plus choquante qu&rsquo;il devait savoir que depuis presqu&rsquo;un si&egrave;cle, les productions de savoir en sciences naturelles et en sciences humaines ont en commun de trouver une validit&eacute; non pas par la preuve, mais &agrave; l&rsquo;aune d&rsquo;autres crit&egrave;res comme la falsifiabilit&eacute;, l&rsquo;inscription dans une filiation th&eacute;orique, la ma&icirc;trise des outils de collecte de donn&eacute;es, etc.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Nous ne vivons plus dans une &eacute;poque o&ugrave; les chercheurs croyaient r&eacute;v&eacute;ler les lois de la nature ni dans une &eacute;poque o&ugrave; les chercheurs croyaient trouver la validit&eacute; d&rsquo;un savoir dans son ad&eacute;quation avec un r&eacute;el. Depuis au moins Nietzsche, les chercheurs savent qu&rsquo;ils ne produisent plus des v&eacute;rit&eacute;s, mais des savoirs ouverts &agrave; la production de nouveaux savoirs. Nietzsche a notamment soulign&eacute; ce fait&nbsp;: &laquo; Ce qu&rsquo;il y a de nouveau dans la situation actuelle, c&rsquo;est une conviction qui n&rsquo;a encore &eacute;t&eacute; celle d&rsquo;aucune &eacute;poque&nbsp;: Nous ne poss&eacute;dons pas la v&eacute;rit&eacute;. Tous les hommes d&rsquo;autrefois poss&eacute;daient la v&eacute;rit&eacute;, m&ecirc;me les sceptiques &raquo;.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Les chercheurs ont r&eacute;alis&eacute;, au moins depuis la seconde modernit&eacute;, que l&rsquo;objectivit&eacute; d&rsquo;un savoir scientifique est d&rsquo;abord dans la m&eacute;thode utilis&eacute;e pour le produire. D&eacute;j&agrave; &agrave; la Renaissance, on a d&eacute;fendu l&rsquo;id&eacute;e que les chercheurs produisaient des savoirs scientifiques, alors que les th&eacute;ologies produisent des v&eacute;rit&eacute;s apodictiques. Karl Popper radicalise cette position en soutenant que toutes productions de savoirs doivent &ecirc;tre falsifiables. Aujourd&rsquo;hui, nous construisons des savoirs, c&rsquo;est pourquoi nous nous int&eacute;ressons aux m&eacute;thodologies utilis&eacute;es pour construire des savoirs. C&rsquo;est aussi pourquoi nous nous int&eacute;ressons aux controverses scientifiques.</span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12.0pt">Il y a controverse parce qu&rsquo;on ne peut jamais enti&egrave;rement neutraliser la subjectivit&eacute; du chercheur. Par cons&eacute;quent, le chercheur lui-m&ecirc;me peut devenir le biais le plus important d&rsquo;une d&eacute;marche scientifique lorsqu&rsquo;il nie la place occup&eacute;e par sa subjectivit&eacute;. L&rsquo;immense courant herm&eacute;neutique qui traverse l&rsquo;histoire de la pens&eacute;e occidentale rappelle aux producteurs de savoirs (Jean Grondin, <em>L&rsquo;Herm&eacute;neutique</em>, Paris, PUF, coll. &laquo; Que sais-je ? &raquo;, 2006) qu&rsquo;ils doivent &ecirc;tre au clair avec leurs pr&eacute;conceptions (leurs id&eacute;es re&ccedil;ues, leurs pr&eacute;jug&eacute;s, leur usage de concepts non d&eacute;finis) sur le monde, sur eux-m&ecirc;mes et sur autrui. Le sujet chercheur n&rsquo;est jamais neutre, et c&rsquo;est l&agrave; le but d&rsquo;une m&eacute;thode, non pas de neutraliser le sujet, mais d&rsquo;&eacute;viter de le refouler.</span></p> <h2 style="text-align: center;"><span style="font-size:13pt"><span style="background:white"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Nous ne sommes pas tous positivistes</span></span></span></span></h2> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Lorsque l&rsquo;animateur du s&eacute;minaire du 2 d&eacute;cembre veut qu&rsquo;on fasse la preuve (la preuve de quoi&nbsp;? &ndash; Que les deux &eacute;tudiants qui ont parl&eacute; de Michel Maffesoli avaient raison d&rsquo;atteindre &agrave; sa r&eacute;putation&nbsp;?), qu&rsquo;on lui donne des preuves, il posait une question dont il ne semblait pas ma&icirc;triser les sous-entendus &eacute;pist&eacute;mologiques. Et s&rsquo;il les ma&icirc;trisait, il montrait alors qu&rsquo;il ne voulait pas ouvrir la discussion avec des maffesoliens puisqu&rsquo;il n&rsquo;&eacute;tait pas sans savoir que ces derniers ne se situent pas du tout dans une tradition positiviste. Le discours de la preuve, pour les sociologues contemporains, quelle que soit leur filiation, a &eacute;t&eacute; remplac&eacute; par celui de la m&eacute;thode (la m&eacute;thode comprend &eacute;galement la clarification des concepts, l&rsquo;inscription sous un mode critique dans un h&eacute;ritage de pens&eacute;e, la ma&icirc;trise des savoirs de pointe dans son champ disciplinaire, etc.). En fait, il existe quelques distinctions dans les crit&egrave;res de validit&eacute; des sciences naturelles et des sciences humaines (y compris les sciences historiques) &ndash; comme la reproductibilit&eacute; et la pr&eacute;visibilit&eacute; &ndash;, &eacute;tant donn&eacute; que les sciences humaines ne sont pas pr&eacute;dictives m&ecirc;me si on peut trouver des invariants, des occurrences, des tendances, mais aussi des ruptures et des discontinuit&eacute;s.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">En fait, qu&rsquo;il s&rsquo;agisse des sciences humaines ou des sciences naturelles, nul chercheur n&rsquo;a la pr&eacute;tention de dire le r&eacute;el, car il construit une r&eacute;alit&eacute;, c&#39;est-&agrave;-dire une repr&eacute;sentation du r&eacute;el, un discours sur le r&eacute;el, quel que soit ce r&eacute;el, c&#39;est-&agrave;-dire cet objet sur lequel il travaille. Dit autrement, le scientifique construit sur le r&eacute;el une r&eacute;alit&eacute; &agrave; partir de sa filiation th&eacute;orique. C&rsquo;est pourquoi les savoirs scientifiques ne repr&eacute;sentent pas le r&eacute;el tel qu&rsquo;il est, mais tel que leurs concepts et leurs th&eacute;ories permettent de le d&eacute;crire, de l&rsquo;expliquer et de le comprendre. Pour donner des exemples, soulignons qu&rsquo;un dossier m&eacute;dical repr&eacute;sente un patient, qu&rsquo;un dossier scolaire repr&eacute;sente un &eacute;l&egrave;ve, qu&rsquo;une carte routi&egrave;re repr&eacute;sente un territoire. La sociologie maffesolienne repr&eacute;sente la socialit&eacute; contemporaine, comme celle de Bourdieu repr&eacute;sente les tensions et conflits dans les constructions identitaires. Ce ne sont pas des v&eacute;rit&eacute;s, ce sont des perspectives th&eacute;oriques sur un r&eacute;el.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">En fait, une repr&eacute;sentation, pour utiliser cette m&eacute;taphore, peut &ecirc;tre compar&eacute;e &agrave; la carte routi&egrave;re d&rsquo;un territoire. Une carte routi&egrave;re ne peut repr&eacute;senter l&rsquo;ensemble du r&eacute;el, c&rsquo;est pourquoi on dit qu&rsquo;elle repr&eacute;sente un point de vue sur le r&eacute;el, une perspective sur le r&eacute;el, l&rsquo;une de ses r&eacute;alit&eacute;s. En fait, une carte routi&egrave;re est une interpr&eacute;tation du r&eacute;el qui op&egrave;re &agrave; la fois par r&eacute;duction et simplification pour la rendre lisible. On simplifie le complexe en le r&eacute;duisant &agrave; des intentions de fabrication d&rsquo;une carte, et cette carte ne doit pas comprendre trop d&rsquo;informations, car elle ne sera plus lisible ni utilisable.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">La m&eacute;taphore du g&eacute;n&eacute;ral et du soldat constitue une belle illustration de cela. Le g&eacute;n&eacute;ral suit un combat dans son bureau d&rsquo;&eacute;tat-major par le biais de cam&eacute;ras satellites. Il a un point de vue transcendant du terrain o&ugrave; se d&eacute;roule l&rsquo;action guerri&egrave;re. Sa repr&eacute;sentation de la r&eacute;alit&eacute; ne peut &ecirc;tre celle du soldat qui a plut&ocirc;t un point de vue immanent du terrain. Mais aucune n&rsquo;est fausse. Le soldat qui subit les bombardements et les fusillades ne voient &eacute;videmment pas la guerre du m&ecirc;me point de vue que le g&eacute;n&eacute;ral. Mais il n&rsquo;est pas plus objectif que le g&eacute;n&eacute;ral. Ce sont deux points de vue objectifs, deux perspectives qui peuvent se compl&eacute;ter et s&rsquo;enrichir l&rsquo;un l&rsquo;autre. La validit&eacute; des points de vue, d&egrave;s lors, n&rsquo;est pas tant dans une preuve, mais dans le processus d&rsquo;interactions sociales entre le g&eacute;n&eacute;ral et le soldat qui s&rsquo;&eacute;changent des informations. Il en va de m&ecirc;me pour les chercheurs qui, s&rsquo;ils s&rsquo;engagent avec honn&ecirc;tet&eacute; dans un d&eacute;bat, proposent leurs points de vue, leurs perspectives, leurs th&eacute;ories, c&#39;est-&agrave;-dire des repr&eacute;sentations concurrentes du r&eacute;el, et les discutent franchement, non pas pour prouver qu&rsquo;ils ont raison, mais pour enrichir leur propre point de vue.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Ce &laquo; perspectivisme m&eacute;thodologique &raquo; ne disqualifie pas le travail des scientifiques. Par ailleurs, il ne faudrait pas penser que les productions de savoir issues des approches qualitatives ou des approches compr&eacute;hensives sont d&eacute;pourvues de cr&eacute;dibilit&eacute; scientifique. Or, cette cr&eacute;dibilit&eacute; ne peut s&rsquo;&eacute;tablir sur les crit&egrave;res utilis&eacute;s dans les anciennes conceptions positivistes. N&rsquo;oublions pas que les positivismes ont la pr&eacute;tention de d&eacute;crire le r&eacute;el tel qu&rsquo;il est. C&#39;est-&agrave;-dire de dire la v&eacute;rit&eacute;. C&rsquo;est pourquoi leur m&eacute;thodologie s&rsquo;inscrit dans un discours de la preuve. Pour notre part, nous savons qu&rsquo;une preuve est une interpr&eacute;tation du r&eacute;el, et nous nous nous consacrons plut&ocirc;t &agrave; discuter avec nos coll&egrave;gues de nos interpr&eacute;tations du r&eacute;el afin d&rsquo;enrichir les connaissances.</span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12.0pt">En somme, en plus d&rsquo;inviter deux jeunes chercheurs qui ont attaqu&eacute; la r&eacute;putation de Michel Maffesoli, le responsable du s&eacute;minaire a min&eacute; le d&eacute;bat en demandant que les maffesoliens fassent la preuve que Michel Maffesoli est un honn&ecirc;te homme et que sa sociologie n&rsquo;est pas sulfureuse. En fait, en plus de se retrouver dans un tribunal, dans ce tribunal les d&eacute;s &eacute;taient pip&eacute;s.</span></p> <h2 style="text-align: center;"><span style="font-size:13pt"><span style="background:white"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Un canular qui est un attentat contre la libert&eacute; d&rsquo;expression</span></span></span></span></h2> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Une partie de la pr&eacute;sentation des deux jeunes chercheurs a port&eacute; sur le plaisir qu&rsquo;ils ont eu &agrave; faire &eacute;diter un pastiche dans une revue associ&eacute;e &agrave; Michel Maffesoli. Nous avons bien observ&eacute; leur jubilation lorsqu&rsquo;ils ont parl&eacute; de ce canular. L&rsquo;un d&rsquo;eux tr&eacute;pignait sur sa chaise, comme Sainte-Th&eacute;r&egrave;se lorsqu&rsquo;elle jouissait d&rsquo;avoir en elle le petit J&eacute;sus.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Pourtant, il n&rsquo;y a pas de quoi rire avec un tel canular, comme il n&rsquo;y a pas de quoi rire lorsque des &eacute;tudiants trichent en plagiant ou en achetant un travail scolaire sur Internet. Tous les Professeurs savent bien que certains &eacute;tudiants remplissent leurs travaux de textes trouv&eacute;s sur Internet, mais sans donner les r&eacute;f&eacute;rences. Ce sont des tromperies qui viennent fragiliser nos formations universitaires.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Un canular constitue un torpillage dans les institutions de diffusion du savoir que sont les revues savantes. Ici, permettez-moi de parler &agrave; partir de mes responsabilit&eacute;s de directeur d&rsquo;une revue scientifique internationale en sciences de l&rsquo;&eacute;ducation qui porte le nom de <em>Formation et Profession</em>. Comme &eacute;diteur de travaux savants, nous craignons les pastiches et les canulars de toutes sortes parce que nous savons qu&rsquo;il est facile de les produire. En effet, il est facile de produire un article dans lequel on a volontairement ins&eacute;r&eacute; des biais. Et que penser de ces chercheurs sans &eacute;thique qui inventent des donn&eacute;es, qui inventent un terrain, qui invente des entrevues. Il est affreusement difficile de tout v&eacute;rifier, m&ecirc;me si tous les articles qu&rsquo;une revue publie sont syst&eacute;matiquement &eacute;valu&eacute;s par deux &eacute;valuateurs externes. </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Nous pouvons en tout temps nous faire arnaquer. C&rsquo;est pourquoi nous pensons que les deux jeunes chercheurs fran&ccedil;ais instigateurs de l&rsquo;arnaque de la revue <em>Soci&eacute;t&eacute;s</em> sont fautifs. En s&rsquo;attaquant d&rsquo;une mani&egrave;re frauduleuse &agrave; une revue savante, ils s&rsquo;attaquent au processus m&ecirc;me de diffusion des productions scientifiques. </span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Nous savons, comme &eacute;diteurs, qu&rsquo;on peut nous tromper, mais nous pr&eacute;f&eacute;rons croire &agrave; l&rsquo;honn&ecirc;tet&eacute; des chercheurs. Nous pr&eacute;f&eacute;rons croire que le contenu d&rsquo;un article n&rsquo;est pas un faux, en fait que le chercheur ne fait pas usage de faux. De m&ecirc;me, comme Professeur, nous pr&eacute;f&eacute;rons croire que l&rsquo;&eacute;tudiant qui d&eacute;pose sa th&egrave;se n&rsquo;a pas pay&eacute; un &laquo; n&egrave;gre &raquo; pour l&rsquo;&eacute;crire.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Comme directeur d&rsquo;une revue, nous pr&eacute;f&eacute;rons croire que les donn&eacute;es d&rsquo;une recherche ont &eacute;t&eacute; collig&eacute;es selon les r&egrave;gles de l&rsquo;art. Nous pr&eacute;f&eacute;rons nous faire confiance. N&eacute;anmoins, nous savons bien qu&rsquo;un canular peut saper cette confiance. Nous savons bien que nous pouvons &ecirc;tre pi&eacute;g&eacute;s. Nous savons bien que nous pouvons tomber dans un guet-apens.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Dans une revue comme la n&ocirc;tre qui publie des travaux qualitatifs, quantitatifs et r&eacute;flexifs, nous ne pouvons pas ma&icirc;triser toutes les &eacute;coles de pens&eacute;es, toutes les disciplines des sciences de l&rsquo;&eacute;ducation, tous les cadres th&eacute;oriques, toutes les m&eacute;thodes de collecte de donn&eacute;es. Nous faisons confiance &agrave; ceux et celles qui nous soumettent des articles.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Nous devons aussi faire confiance aux &eacute;valuateurs et croire qu&rsquo;ils font un excellent travail. Notre cr&eacute;dibilit&eacute; repose sur leurs &eacute;paules. Mais nous savons qu&rsquo;ils peuvent se tromper. Nous recevons r&eacute;guli&egrave;rement des &eacute;valuations contradictoires&nbsp;: l&rsquo;un encense un article et l&rsquo;autre n&rsquo;y trouve que des d&eacute;fauts. Cela survient aussi dans un jury de soutenance de doctorat.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Pour notre part, nous pr&eacute;f&eacute;rons demander l&rsquo;avis d&rsquo;un troisi&egrave;me &eacute;valuateur m&ecirc;me si cela entra&icirc;ne des d&eacute;lais. Malgr&eacute; les avis contradictoires sur un m&ecirc;me article, nous continuons de faire confiance aux &eacute;valuateurs. La confiance est au c&oelig;ur de nos activit&eacute;s d&rsquo;&eacute;diteur et de notre profession de chercheur. Nous ne pourrions travailler autrement que dans la confiance.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">Aussi, nous savons que nos lecteurs nous font confiance parce qu&rsquo;ils reconnaissent la probit&eacute; de notre processus d&rsquo;&eacute;valuation. Encore une fois, sans ce syst&egrave;me de confiance r&eacute;ciproque, nous devrions alors fermer notre revue.</span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12.0pt">Le 2 d&eacute;cembre dernier, j&rsquo;ai eu le sentiment que les responsables d&rsquo;un s&eacute;minaire sur les controverses scientifiques encensaient les deux jeunes auteurs d&rsquo;un pastiche. Ils &eacute;taient heureux d&rsquo;inviter ceux qui ont torpill&eacute; la vie intellectuelle d&rsquo;une revue, qui cherchaient &agrave; la d&eacute;l&eacute;gitimer, &agrave; la discr&eacute;diter. Ce terrorisme intellectuel constitue un attentat contre la libert&eacute; d&rsquo;expression. Ils s&rsquo;en sont pris au principe de la libre publication des articles savants dans une revue sociologique. Il n&rsquo;y a pas de quoi les f&eacute;liciter. Bien au contraire, nous devons fortement bl&acirc;mer ce type d&rsquo;op&eacute;ration. Nous savons la fragilit&eacute; de nos processus de publication, et personne n&rsquo;a &agrave; nous le rappeler par un canular.</span></p> <h2 style="text-align: center;"><span style="font-size:13pt"><span style="background:white"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Triste &eacute;v&egrave;nement</span></span></span></span></h2> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">En somme, j&rsquo;&eacute;tais venu entendre un sain d&eacute;bat autour d&rsquo;une controverse. Au final, j&rsquo;ai bien vu comment des universitaires &agrave; la morale l&eacute;g&egrave;re peuvent volontairement cr&eacute;er une controverse intellectuelle (et non scientifique) dans le but d&rsquo;attaquer gratuitement des personnes qu&rsquo;ils n&rsquo;aiment pas. Si c&rsquo;est &ccedil;a la vie intellectuelle, si c&rsquo;est comme &ccedil;a qu&rsquo;on discute les productions de savoir dans un s&eacute;minaire &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Montpellier, et bien, c&rsquo;est plut&ocirc;t d&eacute;courageant.</span></span></p> <p style="margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="color:black">&Agrave; la fin de cette op&eacute;ration de salissage de la r&eacute;putation d&rsquo;un ami que j&rsquo;admire, j&rsquo;&eacute;tais triste, j&rsquo;&eacute;tais constern&eacute; et m&ecirc;me tr&egrave;s malheureux. Mais je garde espoir, car je crois qu&rsquo;il y a encore des intellectuels honn&ecirc;tes, des chercheurs qui s&rsquo;accrochent &agrave; une &eacute;thique du respect, et que ceux qui d&eacute;rivent dans de basses manigances auront au moins avoir le courage de dire ouvertement les motifs de leur entreprise.</span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12.0pt">Enfin, quel exemple minable de vie intellectuelle pr&eacute;sentent-ils aux &eacute;tudiants de l&rsquo;Universit&eacute; de Montpellier&nbsp;! Chers coll&egrave;gues, comme on le dit souvent entre nous, revenez vite &agrave; la production et &agrave; la discussion de savoirs savants. Lorsque j&rsquo;&eacute;tais &eacute;tudiant, la vie intellectuelle m&rsquo;a fascin&eacute; et elle me fascine encore, mais j&rsquo;ai toujours fui les universitaires qui attaquent vicieusement d&rsquo;autres universitaires. Les Professeurs qui prenaient plaisir &agrave; dire que Nietzsche &eacute;tait un malade avant d&rsquo;&ecirc;tre un penseur. Je les fuyais et je les fuis encore, car je continue de penser que nous n&rsquo;avons pas &agrave; &ecirc;tre expos&eacute;s &agrave; leurs obsc&eacute;nit&eacute;s.</span></p>