<p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><i><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">Par Bertrand VIDAL, LEIRIS, Universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry &ndash; Montpellier 3 </span></span></i></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px; text-align: right;"><span style="font-size:11pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><i><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">S&#39;il voulait effacer des photographies de sa vie, ce n&#39;&eacute;tait pas parce qu&#39;il ne l&#39;aimait pas, mais parce qu&#39;il l&#39;avait aim&eacute;e. Il l&#39;avait gomm&eacute;e, elle et son amour pour elle, il avait gratt&eacute; son image jusqu&#39;&agrave; la faire dispara&icirc;tre comme la section de propagande du parti avait fait dispara&icirc;tre Clementis du balcon o&ugrave; Gottwald avait prononc&eacute; son discours historique. Mirek r&eacute;crit l&#39;Histoire exactement comme le parti communiste, comme tous les partis politiques, comme tous les peuples, comme l&#39;homme. On crie qu&#39;on veut fa&ccedil;onner un avenir meilleur, mais ce n&#39;est pas vrai. L&#39;avenir n&#39;est qu&#39;un vide indiff&eacute;rent qui n&#39;int&eacute;resse personne, mais le pass&eacute; est plein de vie et son visage irrite, r&eacute;volte, blesse, au point que nous voulons le d&eacute;truire ou le repeindre. On ne veut &ecirc;tre ma&icirc;tre de l&#39;avenir que pour pouvoir changer le pass&eacute;. On se bat pour avoir acc&egrave;s aux laboratoires o&ugrave; on peut retoucher les photos et r&eacute;crire les biographies et l&#39;Histoire</span></span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">.</span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px; text-align: right;"><span style="font-size:11pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Kundera M., <i>Le Livre du rire et de l&rsquo;oubli</i></span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">.</span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:14px">&nbsp;</p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">Le p&eacute;trole et ses d&eacute;riv&eacute;s sont omnipr&eacute;sents dans l&rsquo;ensemble de notre vie quotidienne. Modulable &agrave; souhait, relativement bon march&eacute; et dot&eacute; de caract&eacute;ristiques physico-chimiques hors du commun, rien n&rsquo;&eacute;chappe &agrave; la p&eacute;tro-industrie : nos chaudi&egrave;res et r&eacute;servoirs, mais aussi nos routes (et leur bitume), nos voitures (et leur habitacle), notre frigo (et ses emballages), les jouets de nos enfants (et leur plastique), et notre peau (du nylon, au polyester et au polyur&eacute;thanne que nous portons au paraben que nous trouvons dans nos champoings et m&ecirc;me nos dentifrices&hellip;). Nous vivons dans un environnement presqu&rsquo;enti&egrave;rement p&eacute;trochimique.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">Cependant, la &laquo;&nbsp;p&eacute;tromodernit&eacute;&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:">[1]</span></span></span></span></span></a> vacille aujourd&rsquo;hui. De moteur du progr&egrave;s et du confort moderne, le p&eacute;trole et ses imaginaires sont actuellement au c&oelig;ur d&rsquo;une m&eacute;tamorphose sans &eacute;gale. En effet, si, jusqu&rsquo;alors nous &eacute;tions berc&eacute;s par rengaines faisant rimer bonheur, confort, avenir et exploitation des &eacute;nergies fossiles (autrement dit&nbsp;: &laquo;&nbsp;Nous&nbsp;&raquo; &ndash; <i>ma&icirc;tres et possesseurs de la nature</i> &ndash; trouverons le bonheur, le confort et un meilleur avenir dans &laquo;&nbsp;l&rsquo;arraisonnement&nbsp;&raquo; de la Nature), cette id&eacute;e ne semble plus &ecirc;tre en phase avec notre &eacute;poque&nbsp;: &laquo;&nbsp;l&rsquo;Or Noir&nbsp;&raquo; est &agrave; l&rsquo;&eacute;poque actuelle l&rsquo;une des principales causes de l&rsquo;effondrement civilisationnel qui s&rsquo;annonce.</span></span></span></span></span></p> <h1 align="center" style="text-align: center; text-indent: 35.4pt; margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:13.0pt"><span arial="" style="font-family:">L&rsquo;Or Noir, la drogue&nbsp;de l&rsquo;<i>homo petroleum</i> ?</span></span></span></span></span></h1> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">La fable populaire raconte que l&rsquo;industrie p&eacute;troli&egrave;re d&eacute;buta le 27 ao&ucirc;t 1859 pr&egrave;s de Titus Ville, en Pennsylvanie. S&rsquo;inspirant des techniques d&rsquo;extraction du sel en cours &agrave; son &eacute;poque, un retrait&eacute; des chemins de fer du Connecticut flanqu&eacute; d&rsquo;un pseudo-grade militaire afin d&rsquo;asseoir son autorit&eacute; sur les autochtones et leur terre, le &laquo;&nbsp;colonel&nbsp;&raquo; Edwin Laurentine Drake, &agrave; l&rsquo;aide d&rsquo;un lourd tr&eacute;pan suspendu au bout d&rsquo;un c&acirc;ble qui transmettait depuis la surface un mouvement alternatif produit par un balancier, fit jaillir du sol le pr&eacute;cieux liquide quelques mois plus tard. Le p&eacute;trole &eacute;tait certes connu depuis l&rsquo;Antiquit&eacute;, mais c&rsquo;est le dispositif du &laquo;&nbsp;colonel&nbsp;&raquo; Drake qui provoqua une ru&eacute;e qui allait peu &agrave; peu changer la face du monde. L&rsquo;exploitation industrielle &agrave; grande &eacute;chelle de ce que l&rsquo;on nomma l&rsquo;&laquo; Or noir&nbsp;&raquo; pouvait commencer. De tr&egrave;s nombreuses villes de l&rsquo;&Eacute;tat connurent une expansion sans pr&eacute;c&eacute;dent. Le p&eacute;trole supplanta d&egrave;s lors l&rsquo;huile de baleine comme combustible pour l&rsquo;&eacute;clairage public et, si une nouvelle industrie vit le jour, une nouvelle modernit&eacute; lui embo&icirc;ta le pas : par exemple, quarante ans apr&egrave;s la d&eacute;couverte du &laquo;&nbsp;colonel&nbsp;&raquo; Drake, en 1900, dans le bassin des Appalaches (o&ugrave; se situe la Pennsylvanie) 183 champs p&eacute;troliers avaient pomp&eacute; un total de 1,33 milliard de barils &ndash; Au rythme actuel (&agrave; savoir 97,4 mbj), ceux-ci repr&eacute;sentent &agrave; peine moins de deux semaines de consommation mondiale&nbsp;!</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">C&rsquo;est un fait, d&eacute;sormais, le p&eacute;trole est devenu un &eacute;l&eacute;ment au c&oelig;ur de notre contemporan&eacute;it&eacute;. Il est un produit strat&eacute;gique dont l&rsquo;utilisation touche bon nombre de secteurs, de pr&egrave;s ou de loin&nbsp;: les transports et le carburant, auquel l&rsquo;on pense en premier lieu, mais aussi l&rsquo;habillement, le domaine pharmaceutique, les produits d&rsquo;hygi&egrave;ne et m&eacute;nagers, la construction, l&rsquo;agriculture et l&rsquo;agroalimentaire, l&rsquo;industrie des mati&egrave;res synth&eacute;tiques... sans parler de la pr&eacute;caire stabilit&eacute; de l&rsquo;&eacute;quilibre &eacute;conomique et g&eacute;opolitique mondial. Au bout du compte, il est l&rsquo;assise sur laquelle notre soci&eacute;t&eacute;, qualifi&eacute;e de soci&eacute;t&eacute; de consommation, s&rsquo;est &eacute;panouie et peut encore se d&eacute;ployer&nbsp;: lorsque son prix fluctue &agrave; la hausse comme &agrave; la baisse, son impact se fait sentir dans nos portefeuilles, nos d&eacute;placements, notre nourriture, notre confort et m&ecirc;me&hellip; notre s&eacute;curit&eacute;. Bienvenue dans la <i>p&eacute;tromodernit&eacute;</i>&nbsp;!</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">Finalement, n&rsquo;est-il pas l&eacute;gitime d&rsquo;envisager que le m&eacute;tar&eacute;cit occidental n&rsquo;est que l&rsquo;histoire d&rsquo;une grande divagation teint&eacute;e d&rsquo;enthousiasme et de d&rsquo;exaltation d&eacute;vergond&eacute;s poussant irr&eacute;m&eacute;diablement &agrave; la d&eacute;mesure et cela depuis le XIXe si&egrave;cle ? Dans cette perspective, n&rsquo;est-on pas invit&eacute; &agrave; consid&eacute;rer que derri&egrave;re notre relation au p&eacute;trole &ndash; des campagnes d&rsquo;exploration g&eacute;ologique &agrave; son imaginaire social en passant par son extraction, son raffinage, &nbsp;sa distribution, ses taxes et enfin sa consommation quotidienne &ndash; se cache plus qu&rsquo;une simple industrie ou un moteur de l&rsquo;&eacute;conomie occidentale, mais une v&eacute;ritable religion de la modernit&eacute;&nbsp;? L&rsquo;opium du mode de vie moderne, sans aucun doute, substitue dans un grand maelstrom mythico-id&eacute;ologique la d&eacute;pendance que nous connaissons vis-&agrave;-vis du p&eacute;trole aux jouissances superf&eacute;tatoires du bonheur consum&eacute;riste et de la profusion mat&eacute;rielle. C&rsquo;est ce que corrobore le math&eacute;maticien et homme politique Yves Cochet en annon&ccedil;ant dans <i>P&eacute;trole apocalypse</i> que &laquo; la faiblesse des soci&eacute;t&eacute;s industrielles, c&rsquo;est d&rsquo;&ecirc;tre drogu&eacute;es au p&eacute;trole. Ce qui fut appel&eacute; d&eacute;veloppement dans la seconde moiti&eacute; du XXe si&egrave;cle se r&eacute;sume &agrave; l&rsquo;acc&egrave;s facile et bon march&eacute; au p&eacute;trole pour produire du travail m&eacute;canique&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:">[2]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;&ndash; compl&eacute;tons en soulignant que, toujours dans cette m&ecirc;me p&eacute;riode et soutenu par le mythe de la croissance infinie, l&rsquo;acc&egrave;s au p&eacute;trole bon march&eacute; demeure &eacute;galement synonyme de lendemains qui chantent. Cette vision optimiste, relay&eacute;e par les agences pr&eacute;visionnistes internationales &agrave; l&rsquo;instar de l&rsquo;IEA (International Energy Agency), est aux fondements mythico-id&eacute;ologiques de nos soci&eacute;t&eacute;s de consommation.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">En effet, </span></span><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">pendant plus d&rsquo;un si&egrave;cle, gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;abondance du p&eacute;trole et aux extraordinaires propri&eacute;t&eacute;s physico-chimiques de ce combustible, l&rsquo;imaginaire social a int&eacute;gr&eacute; la pr&eacute;sence d&rsquo;&eacute;nergie abondante et bon march&eacute; de nos soci&eacute;t&eacute;s<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:">[3]</span></span></span></span></span></a> et a fait de cette &eacute;nergie tr&egrave;s rentable la cheville ouvri&egrave;re du mode de vie occidental et la voie privil&eacute;gi&eacute;e vers un avenir cens&eacute; &ecirc;tre toujours plus radieux.</span></span><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:"> Autrement dit, les soubassements du mod&egrave;le occidental se trouvent &ecirc;tre &eacute;troitement li&eacute;s &agrave; la croyance en l&rsquo;abondance et en la p&eacute;rennit&eacute; des ressources &eacute;nerg&eacute;tiques fossiles. Au c&oelig;ur de cette conception se trouve le mythe de la croissance et de la consommation tous azimuts faisant s&rsquo;accointer bien-&ecirc;tre, acc&egrave;s au bonheur et d&eacute;veloppement &eacute;conomique et industriel, avec pour principal point de suture l&rsquo;indicateur permettant de mesurer le taux de croissance &eacute;conomique d&rsquo;un pays, le sacro-saint PIB. Or, cet indicateur, purement id&eacute;ologique et index&eacute; sur des principes strictement mat&eacute;riels, consid&egrave;re &agrave; partir de crit&egrave;res incomplets voire obsol&egrave;tes le bien-&ecirc;tre d&rsquo;une population essentiellement &agrave; l&rsquo;aune de sa consommation &eacute;nerg&eacute;tique et, donc dans une large mesure, du prix du p&eacute;trole.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">Pris dans cet engrenage et convaincu que toujours plus de croissance &eacute;conomique doit forc&eacute;ment pr&eacute;parer &agrave; toujours plus de confort, de bonheur mat&eacute;riel ainsi qu&rsquo;une meilleure esp&eacute;rance de vie pour ses membres, le bon fonctionnement de nos soci&eacute;t&eacute;s ainsi que la perp&eacute;tuation de ses imaginaires et ses matrices socio-culturelles r&eacute;clament une quantit&eacute; d&rsquo;&eacute;nergie toujours plus grande et, <i>de facto</i>, la d&eacute;pendance au p&eacute;trole ne cesse de s&rsquo;intensifier jour apr&egrave;s jour, tout comme l&rsquo;arraisonnement de la nature. Ainsi quand le p&eacute;trole infiltre l&rsquo;imaginaire du bien-vivre, l&rsquo;implacable logique de la d&eacute;vastation du monde en vient &agrave; &ecirc;tre &eacute;tay&eacute;e par l&rsquo;apparition d&rsquo;un nouveau sujet de l&rsquo;histoire contemporaine n&rsquo;ayant assimil&eacute; de l&rsquo;incommensurable histoire culturelle des id&eacute;es en Occident qu&rsquo;un seul et unique pr&eacute;dicat, la maxime cart&eacute;sienne &ndash; c&rsquo;est-&agrave;-dire se constituer &laquo;&nbsp;comme ma&icirc;tre et possesseur de la nature&nbsp;&raquo; &ndash; et n&rsquo;&eacute;tant subjugu&eacute; que par un seul et unique imp&eacute;ratif cat&eacute;gorique, l&rsquo;injonction &agrave; la jouissance ici-bas et &agrave; la consommation ostentatoire : autrement dit, l&rsquo;<i>homo petroleum</i> et sa philosophie licencieuse.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">Pour cette nouvelle cr&eacute;ature &ndash; &eacute;duqu&eacute;e aux sommations publicitaires de la soci&eacute;t&eacute; de consommation et disciplin&eacute;e aux comminations de ses pairs &ndash; la conqu&ecirc;te du bonheur est &agrave; port&eacute;e de main. Elle est, certainement pour la premi&egrave;re fois de l&rsquo;histoire de l&rsquo;humanit&eacute;, terrestre et se fait avant tout mat&eacute;riellement&hellip; Pour se d&eacute;placer un simple v&eacute;hicule de plus d&rsquo;une tonne lui suffit pour atteindre (comme le pr&eacute;cise une publicit&eacute; Nissan)<i> </i>&laquo;&nbsp;le Nirvana&nbsp;en 5,9 secondes &raquo;&nbsp;; pour &laquo;&nbsp;savourer l&rsquo;instant&nbsp;&raquo; (Coca-Cola), il lui suffit d&rsquo;une bouteille plastique remplie de cola&nbsp;; en revanche s&rsquo;il ne peut pas attendre, alors un bouquet de fleurs produites &agrave; l&rsquo;autre bout du monde lui suffira (&laquo;&nbsp;le Bonheur imm&eacute;diat&nbsp;!&nbsp;&raquo; annonce Florajet)&nbsp;; un shampoing au paraben et c&rsquo;est &laquo;&nbsp;l&rsquo;extase &agrave; l&rsquo;&eacute;tat pur&nbsp;&raquo; (Herbal Essence), alors il ne lui reste plus qu&rsquo;&agrave; &laquo;&nbsp;choisir son paradis&nbsp;&raquo; (Tahiti Douche) et s&rsquo;habiller &ndash; comble de la <i>p&eacute;trophilie</i> &ndash; en Diesel &laquo;&nbsp;<i>For successful living</i>&nbsp;&raquo;&hellip; &laquo;&nbsp;Le confort a de l&rsquo;avenir&nbsp;&raquo; (surench&eacute;rit Daikin) et pour tout le reste &ndash; les frustrations et les insatisfactions, authentique colonne vert&eacute;brale de la soci&eacute;t&eacute; de consommation &ndash;, il y a le <i>syst&egrave;me des objets</i> d&eacute;riv&eacute;s du p&eacute;trole, l&rsquo;obsolescence programm&eacute;e et bien-s&ucirc;r l&rsquo;achat-plaisir. En d&rsquo;autres termes, pour l&rsquo;homme de la p&eacute;tromodernit&eacute;, la r&eacute;ussite, le mieux-vivre ou plus g&eacute;n&eacute;ralement l&rsquo;am&eacute;lioration des conditions et du niveau de vie s&rsquo;&eacute;chafaudent sur l&rsquo;exploitation sans fin de l&rsquo;&eacute;nergie fossile, &agrave; savoir sur l&rsquo;arraisonnement de la nature : le r&eacute;el ne prend du sens que comme ressource disponible et la nature est comme &laquo;&nbsp;somm&eacute;e&nbsp;&raquo; de fournir ce dont le p&eacute;tro-consommateur a besoin.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">En d&eacute;finitive, pour l&rsquo;<i>homo petroleum</i>&nbsp;l&rsquo;arraisonnement est associ&eacute; &agrave; l&rsquo;id&eacute;e de plaisir et par cons&eacute;quent devient synonyme de bonheur. Ce discours, qui se base donc sur une logique socio-&eacute;conomique dont les paradigmes fond&eacute;s au XIXe si&egrave;cle n&rsquo;ont pas int&eacute;gr&eacute; la possibilit&eacute; d&rsquo;une d&eacute;pl&eacute;tion de la mati&egrave;re fossile, n&rsquo;est possible que dans un contexte d&rsquo;abondance &eacute;nerg&eacute;tique. C&rsquo;est aussi pourquoi il sera relay&eacute; dans nombre de secteurs (de l&rsquo;&eacute;ducation des plus jeunes aux discours politiques et m&ecirc;me scientifiques, en passant bien entendu par l&rsquo;industrie culturelle, ses fictions et m&ecirc;me ses documentaires) et contaminera l&rsquo;ensemble de notre imaginaire social, jusque dans les ann&eacute;es 1970.</span></span></span></span></span></p> <h1 align="center" style="text-align: center; margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><i><span style="font-size:13.0pt"><span arial="" style="font-family:">Post-petroleum</span></span></i><span style="font-size:13.0pt"><span arial="" style="font-family:">&nbsp;: sacrifier le mode de vie occidental, le nouveau m&eacute;tar&eacute;cit</span></span></span></span></span></h1> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">La nature dans laquelle vit l&rsquo;<i>homo petroleum</i> n&rsquo;est qu&rsquo;une r&eacute;serve dans laquelle il puise pour en d&eacute;pouiller ce qui lui servira &agrave; maintenir son niveau de vie et sa qu&ecirc;te du bonheur marchand. Voici le rapport au monde dans lequel la p&eacute;tromodernit&eacute; nous plonge&nbsp;: un rapport imp&eacute;rieux o&ugrave; l&rsquo;environnement naturel est en permanence mis en demeure, c&rsquo;est-&agrave;-dire &laquo;&nbsp;somm&eacute;&nbsp;&raquo; de livrer ses ressources. C&rsquo;est ici ce que se d&eacute;roule la mythologie du Progr&egrave;s, celle du f&eacute;tichisme du p&eacute;trole. Extraire, raffiner, distribuer puis consommer des &eacute;nergies fossiles non renouvelables ou, autrement dit, vivre-p&eacute;trole participe non simplement de la g&eacute;opolitique moderne, mais par-dessus tout d&rsquo;un imaginaire culturel&nbsp;: celui de la conqu&ecirc;te sans &eacute;quivoque<b> </b>du bonheur ici-bas&hellip; quitte &agrave; participer &agrave; la d&eacute;vastation du monde.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">D&eacute;sormais, les circonstances sont en grande partie diff&eacute;rentes. &Agrave; l&rsquo;&eacute;vidence, ce fut dans l&rsquo;apr&egrave;s-midi du 28 janvier 1969 que notre imaginaire collectif s&rsquo;est comme m&eacute;tamorphos&eacute;, lorsque commen&ccedil;a un v&eacute;ritable cauchemar environnemental sur les c&ocirc;tes de Santa Barbara, en Californie. Suite &agrave; l&rsquo;explosion sur la plate-forme A de l&rsquo;Union Oil dans le gisement p&eacute;trolif&egrave;re de la mer de Dos Cuadras, plusieurs millions de litres de brut se sont d&eacute;vers&eacute;s (entre 80&nbsp;000 et 100&nbsp;000 barils) dans l&rsquo;oc&eacute;an puis sur les plages du comt&eacute; de Santa Barbara. Le d&eacute;versement (une nappe de 800 km&sup2;) a eu un impact significatif sur la vie marine, provoquant la mort de plus de 3500 oiseaux de mer (sachant qu&rsquo;il s&rsquo;agit de ceux qui ont &eacute;t&eacute; compt&eacute;s), ainsi que d&rsquo;animaux marins tels que les dauphins, les &eacute;l&eacute;phants et les lions de mer (leur nombre reste inconnu). L&rsquo;indignation publique suscit&eacute;e par ce d&eacute;versement, ayant fait l&rsquo;objet d&rsquo;une couverture m&eacute;diatique sans pr&eacute;c&eacute;dent, a entra&icirc;n&eacute; de nombreuses lois environnementales au cours de la d&eacute;cennie.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">Si, comme l&rsquo;affirme Darryl Malek-Wiley, porte-parole de Sierra Club (une association de d&eacute;fense de l&rsquo;environnement fond&eacute;e en 1892), l&rsquo;on peut dire que fut cr&eacute;&eacute; en r&eacute;action &agrave; cette catastrophe la plus importante c&eacute;l&eacute;bration en faveur de la protection environnementale par la soci&eacute;t&eacute; civile &ndash; &laquo;&nbsp;le Jour de la Terre&nbsp;&raquo; &ndash;, il est &agrave; n&rsquo;en pas dout&eacute; &agrave; peu pr&egrave;s certain que les quatre auteurs du rapport <i>The Limits to Growth </i>(command&eacute; en 1970 par le Club de Rome et publi&eacute; en 1972), quand ils propos&egrave;rent de limiter drastiquement la croissance &eacute;conomique, avaient eux aussi en t&ecirc;te les images des plages de Santa Barbara souill&eacute;es par la pollution et des plusieurs milliers de ses animaux mazout&eacute;s et comme offerts en sacrifice &agrave; la gloire du culte de la croissance sans limite et de ce que l&rsquo;on peut nommer avec l&rsquo;un des th&eacute;oricien de la d&eacute;pl&eacute;tion &eacute;nerg&eacute;tique, Richard Heinberg, la &laquo;&nbsp;bulle industrielle&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:">[4]</span></span></span></span></span></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">La situation ne pouvait honn&ecirc;tement plus durer. Le mode de vie occidental n&rsquo;est absolument pas soutenable. <i>Game Over</i>&nbsp;! Non seulement la survie de l&rsquo;homme est de la partie, mais, plus que tout autre chose, c&rsquo;est l&rsquo;avenir m&ecirc;me de la plan&egrave;te qui est mis en jeu. Dans sa conqu&ecirc;te imp&eacute;rieuse du confort mat&eacute;riel et de la jouissance consum&eacute;riste, l&rsquo;<i>homo petroleum</i> a outrepass&eacute; les limites du raisonnable. Nous sommes tous un peu responsables.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">Effectivement, en d&eacute;pit des nombreuses alertes, nous &ndash; que l&rsquo;on soit d&eacute;cideurs politiques, industriels, boursicoteurs ou simples consommateurs &ndash; nous ent&ecirc;tons &agrave; foncer t&ecirc;te baiss&eacute;e droit dans le mur. Notre enthousiasme excessif vis-&agrave;-vis de la conqu&ecirc;te du bonheur mat&eacute;riel et de la jouissance imm&eacute;diate nous a compl&egrave;tement aveugl&eacute;s aux r&eacute;alit&eacute;s du monde. Notre &eacute;poque, que l&rsquo;on qualifie d&rsquo;&laquo;&nbsp;Anthropoc&egrave;ne&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn5" name="_ftnref5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:">[5]</span></span></span></span></span></a> &ndash; c&rsquo;est-&agrave;-dire la p&eacute;riode g&eacute;ologique succ&eacute;dant &agrave; l&rsquo;Holoc&egrave;ne et durant laquelle l&rsquo;influence des activit&eacute;s humaines sur la biosph&egrave;re a un impact significatif sur l&rsquo;&eacute;quilibre de l&rsquo;&eacute;cosyst&egrave;me terrestre comparable au &laquo;&nbsp;forces g&eacute;ologiques&nbsp;&raquo; &ndash;, est frapp&eacute;e par la destruction toujours plus acc&eacute;l&eacute;r&eacute;e des &eacute;cosyst&egrave;mes et est accompagn&eacute;e d&rsquo;un &eacute;puisement des ressources disponibles. Ces impasses ont &eacute;t&eacute; magistralement expos&eacute;es dans <i>P&eacute;trole&nbsp;: La f&ecirc;te est finie&nbsp;!</i> de Richard Heinberg. Pour l&rsquo;auteur, nous n&rsquo;avons plus le choix, c&rsquo;est notre avenir qui est en jeu&nbsp;: contr&ocirc;ler la &laquo;&nbsp;chute&nbsp;&raquo;, faute de pouvoir l&rsquo;&eacute;viter&nbsp;!</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;">&nbsp;</p> <blockquote> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">L</span><span style="background:white"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">a civilisation industrielle s&rsquo;appuie sur la consommation de ressources &eacute;nerg&eacute;tiques qui sont intrins&egrave;quement limit&eacute;es en quantit&eacute; et sur le point de devenir rares.&nbsp;[&hellip;] Devons-nous continuer &agrave; nous complaire jusqu&#39;&agrave; la triste fin, et entra&icirc;ner l&#39;essentiel du reste du monde dans la chute&nbsp;? Ou alors faut-il reconna&icirc;tre que la f&ecirc;te est finie&nbsp;? <em>s&rsquo;interroge Richard Heinberg </em>[&hellip;].&nbsp;Nous en sommes arriv&eacute;s &agrave; d&eacute;pendre d&#39;un syst&egrave;me &eacute;conomique reposant sur la croyance selon laquelle la croissance est normale, n&eacute;cessaire et qu&#39;elle peut durer ind&eacute;finiment.<a href="#_ftn6" name="_ftnref6" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">[6]</span></span></span></span></span></span></span></a></span></span></span></span></span></span></span></p> </blockquote> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">C&rsquo;est un fait dont on ne peut plus faire l&rsquo;&eacute;conomie&nbsp;: la perp&eacute;tuation de notre mode de vie d&eacute;pend int&eacute;gralement de sa croissance perp&eacute;tuelle. Et aujourd&rsquo;hui, en tout lieu o&ugrave; l&rsquo;on pense et o&ugrave; l&rsquo;on vit, un petit vent de fin du monde se fait ressentir. La culture de la croissance est mise en doute de toute part&nbsp;: effondristes, collapsologues, minimalistes, d&eacute;croissants, survivalistes, <i>preppers</i>&hellip; Pour une frange tous les jours plus grandissante de la population, l&rsquo;abondance mat&eacute;rielle et le bonheur imm&eacute;diat ne sont plus les valeurs dominantes, et ne restent que de lointains souvenirs d&rsquo;une p&eacute;riode surtout temporaire et transitoire&hellip; une p&eacute;riode d&eacute;finitivement r&eacute;volue.<b> </b>En cons&eacute;quent, le futur n&rsquo;est plus que l&rsquo;ombre de lui-m&ecirc;me. Plus aucun espoir de retrouver de la croissance. Plus d&rsquo;espoir en l&rsquo;avenir.</span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Pour revenir aux ann&eacute;es 1970, quand le spectre de la d&eacute;pl&eacute;tion tourmentait nos visions d&rsquo;avenir et que, par cons&eacute;quent, comme obs&eacute;d&eacute;, l&rsquo;on ne pouvait cesser de se demander dans la plus grande solennit&eacute; &laquo;&nbsp;&Agrave; quoi pourrait bien ressembler un monde sans p&eacute;trole&nbsp;?&nbsp;&raquo; ou mieux encore &laquo;&nbsp;Quel impact aura la d&eacute;pl&eacute;tion sur nos modes de vie &agrave; l&rsquo;avenir&nbsp;?&nbsp;&raquo;, autrement dit &laquo;&nbsp;Comment vivrons-nous dans un univers priv&eacute; de cette ressource &eacute;nerg&eacute;tique, pourtant si indispensable aujourd&rsquo;hui&nbsp;?&nbsp;&raquo;, mais que ces questionnements restaient sans r&eacute;ponse, une &oelig;uvre punk d&rsquo;un r&eacute;alisateur australien surgit et, tout en creusant le sillon de l&rsquo;imaginaire du post-p&eacute;trole, permit de visualiser pour la premi&egrave;re fois nos angoisses existentielles. Ce ne fut ni le premier choc p&eacute;trolier (1973), ni le second (1979), mais en tout &eacute;tat de cause la sortie en salle </span></span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">du premier &eacute;pisode de la saga cin&eacute;matographique <i>Mad Max</i> (George Miller), &oelig;uvre porte-&eacute;tendard des impasses de l&rsquo;<i>homo petroleum</i>, du sacrifice du mode de vie occidental et surtout annonciatrice d&rsquo;un nouvel imaginaire&nbsp;: le <i>No-future</i>.</span></span></span></span></span></p> <h1 align="center" style="text-align: center; margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:13.0pt"><span arial="" style="font-family:">Le <i>No-Future</i> sympt&ocirc;me d&rsquo;une p&eacute;tro-m&eacute;lancolie&nbsp;?</span></span></span></span></span></h1> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">Avant tout, le futur apocalyptique de <i>Mad Max</i>, c&rsquo;est l&rsquo;esth&eacute;tisation d&rsquo;un monde r&eacute;duit au chaos et &agrave; la d&eacute;liquescence. Sorti en 1979,&nbsp;le film traite m&eacute;taphoriquement des cons&eacute;quences de la r&eacute;cession &eacute;conomique et, sur le tr&egrave;s long terme, de la d&eacute;pl&eacute;tion &eacute;nerg&eacute;tique. Le postulat est simple&nbsp;: priv&eacute; de sa puissance industrielle et &eacute;conomique, l&rsquo;Occident sombre dans l&rsquo;anarchie et la barbarie. Le r&eacute;alisateur d&eacute;crit un monde o&ugrave; le d&eacute;sengagement de l&rsquo;&Eacute;tat, dans une logique purement lib&eacute;rale, ne permet m&ecirc;me plus &agrave; celui-ci d&rsquo;exercer la protection des libert&eacute;s fondamentales qu&rsquo;il avait lui-m&ecirc;me arbitrairement d&eacute;finies, &agrave; savoir le droit &agrave; la s&eacute;curit&eacute; et la propri&eacute;t&eacute; priv&eacute;e. Livr&eacute;s &agrave; eux-m&ecirc;mes, dans une soci&eacute;t&eacute; o&ugrave; transparaissent plus que jamais les in&eacute;galit&eacute;s, les hommes, consum&eacute;s par la folie, r&eacute;gressent au rang d&rsquo;animaux sanguinaires, de charognards sans foi ni loi.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">Dans la d&eacute;mence d&rsquo;un monde o&ugrave; il ne s&rsquo;agit plus que de survivre et le cynisme d&rsquo;un univers o&ugrave; plus aucun espoir de renouveau ne s&rsquo;offre &agrave; nous, seules la violence et la fureur existent. Telle est la morale, paradoxalement amorale, de la saga <i>Mad Max</i>&nbsp;: l&rsquo;arraisonnement du monde n&rsquo;a pour seul corollaire l&rsquo;arraisonnement de l&rsquo;humanit&eacute;, la d&eacute;vastation de la civilisation, la fin du Progr&egrave;s quel qu&rsquo;il soit, c&rsquo;est-&agrave;-dire la fin de tous lendemains qui chantent. Dit d&rsquo;une autre mani&egrave;re, les <i>Mad Max </i>et<i> </i>la foule de dystopies post-p&eacute;trole qui va les accompagner (en litt&eacute;rature, au cin&eacute;ma mais aussi dans les comics et les jeux-vid&eacute;o) mettent en images le potentiel autodestructeur de l&rsquo;humanit&eacute;, ainsi que la nature bestiale de l&rsquo;homme une fois priv&eacute; d&rsquo;une structure sociale et &eacute;conomique stable.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">L&rsquo;avenir certes n&rsquo;est plus au p&eacute;trole, mais comme le dit narrateur&nbsp;du second &eacute;pisode, <i>Mad Max 2</i> (George Miller, 1981) : &laquo;&nbsp;Sans carburant, l&rsquo;homme n&rsquo;&eacute;tait rien. Son empire &eacute;tait de paille. [&hellip;] Rien ne pouvait endiguer le d&eacute;sastre&nbsp;&raquo;. En d&eacute;finitive, quand il n&rsquo;y a plus de p&eacute;trole, il n&rsquo;y a plus d&rsquo;avenir, et c&rsquo;est le retour fracassant de la barbarie, comme le sugg&egrave;re Paul Ari&egrave;s dans <i>D&eacute;croissance ou barbarie<a href="#_ftn7" name="_ftnref7" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><b><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:">[7]</span></span></span></b></span></span></a>&nbsp;</i>: c&rsquo;est-&agrave;-dire que nous avons peut-&ecirc;tre encore un avenir mais celui-ci ne peut se d&eacute;cliner que de deux mani&egrave;res, soit sacrifier notre mode de vie d&eacute;brid&eacute; (sobri&eacute;t&eacute; et d&eacute;croissance), soit s&rsquo;engager vers le d&eacute;foulement de la sauvagerie inh&eacute;rente &agrave; l&rsquo;homme (effondrement et retour de la barbarie).<b> </b></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">En ce sens, sur bien des aspects, l&rsquo;on comprend d&egrave;s lors que comme l&rsquo;a d&eacute;montr&eacute; le sociologue Norbert Elias, la civilisation et ses multiples avatars (Progr&egrave;s, pacification des interactions, morale, refoulement des bas-instincts&hellip;) n&rsquo;est pas un acquis de l&rsquo;histoire de l&rsquo;Occident, mais un simple et fr&ecirc;le id&eacute;al vers lequel l&rsquo;on tend<a href="#_ftn8" name="_ftnref8" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:">[8]</span></span></span></span></span></a>.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">L&rsquo;exploitation du p&eacute;trole au milieu du XIXe si&egrave;cle a cr&eacute;&eacute; l&rsquo;illusion d&rsquo;un futur qui d&eacute;sormais s&rsquo;av&egrave;re insoutenable. Aujourd&rsquo;hui, sa rar&eacute;faction nous laisse coi. Elle tarit, en m&ecirc;me temps que tous les biomes, notre imaginaire m&ecirc;me. Car, il faut malheureusement se l&rsquo;avouer, que l&rsquo;on soit r&eacute;alisateur, scientifique, industriel ou simple &laquo;&nbsp;homme de la rue&nbsp;&raquo;, il nous est &agrave; pr&eacute;sent impossible d&rsquo;imaginer un monde meilleur sans p&eacute;trole. Toutes nos pr&eacute;visions, tous les r&eacute;cits d&rsquo;avenir qui font nos id&eacute;aux-directeurs, tous nos imaginaires du futur divulguent &agrave; peu pr&egrave;s le m&ecirc;me message&nbsp;: sans p&eacute;trole, le monde n&rsquo;est pas meilleur&hellip; bien au contraire. Ici r&eacute;side le vice ultime de la p&eacute;tro-modernit&eacute; et de l&rsquo;<i>homo petroleum</i>, la &laquo;&nbsp;p&eacute;tro-m&eacute;lancolie&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn9" name="_ftnref9" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:">[9]</span></span></span></span></span></a>&nbsp;: notre addiction au p&eacute;trole n&rsquo;est pas simplement tangible, elle<b> </b>comporte une grande part d&rsquo;intangible, de sensible.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">Manifestement, c&rsquo;est ce que nous enseignent toutes les prospectives et fictions post-p&eacute;trole, sans cette &eacute;nergie fossile, l&rsquo;avenir est au n&eacute;gatif. Nous ne sommes pas capables de penser autrement que p&eacute;trole&nbsp;: sa disparition, sa d&eacute;pl&eacute;tion, est aussi une disparition, une d&eacute;pl&eacute;tion de nos esp&eacute;rances de survie (notre survie, passe par une r&eacute;duction de la population mondiale, par le sacrifice de notre confort mat&eacute;riel, de notre mode et de notre niveau de vie, de notre bonheur mat&eacute;riel&hellip;). Et, l&agrave; r&eacute;side le plus grand probl&egrave;me, l&rsquo;emprise absolue du p&eacute;trole. Notre soumission radicale. Effectivement, si nous savons pertinemment que nous sommes d&eacute;pendant mat&eacute;riellement du p&eacute;trole, nous ne pouvons plus nous voiler la face, nous le sommes aussi intellectuellement. L&rsquo;obsession-p&eacute;trole a comme infiltr&eacute; l&rsquo;infrastructure et la superstructure sociale. Si dans un premier temps, nous sommes aujourd&rsquo;hui incapables de vivre mat&eacute;riellement notre quotidien sans le p&eacute;trole et ses d&eacute;riv&eacute;s, nous sommes aussi dans un second temps incapables d&rsquo;imaginer la possibilit&eacute; d&rsquo;un avenir sans p&eacute;trole. Nous ne sommes plus en capacit&eacute; de penser sans p&eacute;trole&nbsp;: apr&egrave;s avoir infiltr&eacute; le syst&egrave;me des objets et la soci&eacute;t&eacute; de consommation, il a poursuivi la guerre en conqu&eacute;rant notre imaginaire de l&rsquo;avenir. Et aujourd&rsquo;hui, l&rsquo;industrie culturelle (film, litt&eacute;rature, bande-dessin&eacute;e, <i>comics</i>, jeu-vid&eacute;o&hellip;) &ndash; qui a toujours su &ecirc;tre le r&eacute;ceptacle et l&rsquo;amplificateur de nos r&ecirc;ves et esp&eacute;rances d&rsquo;avenir &ndash; engendre, quand elle figure le monde post-p&eacute;trole, un large sentiment de fatalit&eacute;, et <i>de facto</i>, conduit &agrave; la d&eacute;mobilisation, &agrave; la faillite de l&rsquo;avenir.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">En d&eacute;finitive, comme le souligne Richard Heinberg, si &laquo;&nbsp;sur le papier, nos probl&egrave;mes peuvent &ecirc;tre r&eacute;solus, [&hellip;] pour l&rsquo;instant nos soci&eacute;t&eacute;s ne sont pas pr&ecirc;tes &agrave; une remise en cause en profondeur de leur mode de fonctionnement&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn10" name="_ftnref10" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:">[10]</span></span></span></span></span></a>. Une crise syst&eacute;mique d&rsquo;une ampleur inou&iuml;e nous attend, car nous sommes dans l&rsquo;impossibilit&eacute; de contester vraiment le consum&eacute;risme et le culte de la croissance mat&eacute;rielle perp&eacute;tuelle. C&rsquo;est pourquoi, il nous faut r&eacute;injecter de l&rsquo;avenir et de l&rsquo;esp&eacute;rance dans nos mythologies contemporaines, pallier ce qu&rsquo;il convient de nommer la panne des imaginaires de demain, car, comme le pr&eacute;cise le philosophe et historien Michel de Certeau, &laquo;&nbsp;les r&eacute;cits &quot;marchent&quot; devant les pratiques sociales pour leur ouvrir le champ&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn11" name="_ftnref11" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:12.0pt"><span style="line-height:115%"><span arial="" style="font-family:">[11]</span></span></span></span></span></a>. Ainsi mettre en &eacute;chec non seulement la p&eacute;tro-d&eacute;pendance, mais surtout cette p&eacute;tro-m&eacute;lancolie qui noyaute et phagocyte notre imaginaire, reste sans aucun doute notre dernier d&eacute;fi pour un avenir d&eacute;sirable et en commun.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">En effet, en s&rsquo;&eacute;tant accapar&eacute; les attributs du bonheur et les imaginaires de la r&eacute;ussite, le p&eacute;trole nous a aussi rendu compl&egrave;tement d&eacute;pendant. Et il nous est d&eacute;sormais quasiment impossible d&rsquo;imaginer un avenir d&eacute;sirable priv&eacute;e de cette ressource. </span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;">&nbsp;</p> <h1 style="margin-bottom: 14px;"><strong><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:13.0pt"><span style="background:white"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"><span style="font-weight:normal">Bibliographie</span></span></span></span></span></span></span></span></strong></h1> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="text-transform:uppercase">Ari&egrave;s</span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:"> P., <i>D&eacute;croissance ou Barbarie</i>, Villeurbanne, Golias, 2005.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:"><span style="text-transform:uppercase">de Certeau</span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:"> M., <i>L&rsquo;invention du quotidien,&nbsp;tome I, Arts de faire</i>, Paris, Gallimard, 1990.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">COCHET Y., <i>P&eacute;trole apocalypse</i>, Paris, Fayard, 2005.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Crutzen P., Grinevald J., McNeill</span></span></span></span></span><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black"> J. <span style="text-transform:uppercase">&amp; Steffen W.</span>,&nbsp;</span></span></span></span><span lang="EN" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;<cite><span arial="" style="font-family:"><span style="font-style:normal">The Anthropocene: conceptual and historical perspectives</span></span></cite>&nbsp;&raquo;</span></span></span></span><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">,&nbsp;</span></span></span></span><i><span lang="EN" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">Philosophical transactions of the royal society</span></span></span></span></i><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">,&nbsp;</span></span></span></span><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">n<sup>o</sup><span style="background:white"><span style="color:black">&nbsp;349,&nbsp;</span></span>2011<span style="background:white"><span style="color:black">,&nbsp;</span></span>pp.<span style="background:white"><span style="color:black">&nbsp;862-867.</span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">ELIAS N., <i>La dynamique de l&rsquo;Occident</i>, Paris, Pocket, 2003 (1975).</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">HEINBERG R., <i>P&eacute;trole&nbsp;: La f&ecirc;te est finie&nbsp;! Avenir des soci&eacute;t&eacute;s industrielles apr&egrave;s le pic p&eacute;trolier</i>, Paris, &Eacute;ditions Demi-Lune, 2008 (2003).</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span style="background:white"><span arial="" style="font-family:"><span style="color:black">&ndash;</span></span></span></span><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">, <i>La fin de la croissance. S&rsquo;adapter &agrave; notre nouvelle r&eacute;alit&eacute; &eacute;conomique</i>, Paris, &Eacute;ditions Demi-Lune, 2012 (2011).</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span lang="EN-US" style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">LEMENAGER S., <i>Living Oil: Petroleum Culture in the American Century</i>, New York, Oxford University Press, 2013.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom: 14px;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:115%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="font-size:12.0pt"><span arial="" style="font-family:">WINGERT J.-L., <i>La Vie apr&egrave;s le p&eacute;trole. De la p&eacute;nurie aux &eacute;nergies nouvelles</i>, Paris, Autrement, 2005.</span></span></span></span></span></p> <div> <p>&nbsp;</p> <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[1]</span></span></span></span></span></a> L&rsquo;expression est de St&eacute;phanie LeMenager. Cf. LEMENAGER S., <i>Living Oil: Petroleum Culture in the American Century</i>, New York, Oxford University Press, 2013.</span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[2]</span></span></span></span></span></a> COCHET Y., <i>P&eacute;trole apocalypse</i>, Paris, Fayard, 2005, p. 172.</span></span></p> </div> <div id="ftn3"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref3" name="_ftn3" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[3]</span></span></span></span></span></a> Cf. WINGERT J.-L., <i>La Vie apr&egrave;s le p&eacute;trole. De la p&eacute;nurie aux &eacute;nergies nouvelles</i>, Paris, Autrement, 2005.</span></span></p> </div> <div id="ftn4"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref4" name="_ftn4" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[4]</span></span></span></span></span></a> HEINBERG R., <i>P&eacute;trole&nbsp;: La f&ecirc;te est finie&nbsp;! Avenir des soci&eacute;t&eacute;s industrielles apr&egrave;s le pic p&eacute;trolier</i>, Paris, &Eacute;ditions Demi-Lune, 2008 (2003), p. 66.</span></span></p> </div> <div id="ftn5"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref5" name="_ftn5" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[5]</span></span></span></span></span></a> Cf. <span lang="EN-US" style="background:white"><span style="color:black"><span style="text-transform:uppercase">Crutzen P., Grinevald J., McNeill</span></span></span><span lang="EN-US" style="background:white"><span style="color:black"> J. <span style="text-transform:uppercase">&amp; Steffen W.</span>,&nbsp;</span></span><span lang="EN" style="background:white"><span style="color:black">&laquo;&nbsp;<cite><span calibri="" style="font-family:">The Anthropocene: conceptual and historical perspectives</span></cite>&nbsp;&raquo;</span></span><span lang="EN-US" style="background:white"><span style="color:black">,&nbsp;</span></span><i><span lang="EN" style="background:white"><span style="color:black">Philosophical transactions of the royal society</span></span></i><span lang="EN-US" style="background:white"><span style="color:black">,&nbsp;</span></span>n<sup>o</sup><span style="background:white"><span style="color:black">&nbsp;349,&nbsp;</span></span>2011<span style="background:white"><span style="color:black">,&nbsp;</span></span>pp.<span style="background:white"><span style="color:black">&nbsp;862-867</span></span>.</span></span></p> </div> <div id="ftn6"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref6" name="_ftn6" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[6]</span></span></span></span></span></a> Cf. HEINBERG R., <i>P&eacute;trole&nbsp;: La f&ecirc;te est finie&nbsp;! Avenir des soci&eacute;t&eacute;s industrielles apr&egrave;s le pic p&eacute;trolier</i>,<span style="background:white"><span style="color:black"> <i>op. cit.</i>, p. 13 et p. 240.</span></span></span></span></p> </div> <div id="ftn7"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref7" name="_ftn7" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[7]</span></span></span></span></span></a> Cf. <span style="text-transform:uppercase">Ari&egrave;s</span> P., <i>D&eacute;croissance ou Barbarie</i>, Villeurbanne, Golias, 2005.</span></span></p> </div> <div id="ftn8"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref8" name="_ftn8" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[8]</span></span></span></span></span></a> Cf. ELIAS N., <i>La dynamique de l&rsquo;Occident</i>, Paris, Pocket, 2003 (1975). </span></span></p> </div> <div id="ftn9"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref9" name="_ftn9" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[9]</span></span></span></span></span></a> Cf. LEMENAGER S., <i>Living Oil: Petroleum Culture in the American Century</i>, <i>op. cit.</i></span></span></p> </div> <div id="ftn10"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref10" name="_ftn10" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[10]</span></span></span></span></span></a> HEINBERG R., <i>La fin de la croissance. S&rsquo;adapter &agrave; notre nouvelle r&eacute;alit&eacute; &eacute;conomique</i>, Paris, &Eacute;ditions Demi-Lune, 2012 (2011), p. 299.</span></span></p> </div> <div id="ftn11"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><a href="#_ftnref11" name="_ftn11" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:115%"><span calibri="" style="font-family:">[11]</span></span></span></span></span></a> <span style="text-transform:uppercase">de Certeau</span> M., <i>L&rsquo;invention du quotidien,&nbsp;tome I, Arts de faire</i>, Paris, Gallimard, 1990, p. 185.</span></span></p> </div> </div>