<p><em><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Par Fabio La Rocca, Ma&icirc;tre de conf&eacute;rences en sociologie &agrave; l&rsquo;universit&eacute; Paul-Val&eacute;ry Montpellier 3, chercheur au LEIRIS.</span></span></span></span></em></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span arial="" style="font-family:">INTRODUCTION </span></b></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Comment penser la ville contemporaine et ses espaces&nbsp;?&nbsp;Quels sont ces fragments significatifs ? C&rsquo;est &agrave; partir d&rsquo;interrogations sur les mani&egrave;res dont la ville &laquo;&nbsp;est&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;se pr&eacute;sente&nbsp;&raquo; &agrave; nos yeux qu&rsquo;il faut positionner notre regard dans une strat&eacute;gie d&rsquo;ontologie de l&rsquo;actualit&eacute;. Le &laquo;&nbsp;comment&nbsp;&raquo; accompagne ainsi la pens&eacute;e et le regard par une observation en profondeur, en proposant une sorte de situationnisme m&eacute;thodologique qui s&rsquo;oppose &agrave; la pens&eacute;e <i>a priori</i>. Selon une strat&eacute;gie de pens&eacute;e d&rsquo;inspiration simmelienne, que nous pouvons d&eacute;finir comme &laquo;&nbsp;organique&nbsp;&raquo;, le quotidien urbain s&rsquo;invente et se r&eacute;invente sans cesse parce que toujours en mouvement. Cette mani&egrave;re de penser dans une dimension non statique mais dynamique nous am&egrave;ne &agrave; concevoir notre relation singuli&egrave;re aux lieux comme produit des effets du milieu d&rsquo;un point de vue symbolique, affectif, sensible. </span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">L&#39;exp&eacute;rience du sensible met &agrave; l&rsquo;&eacute;preuve tant les sens que la raison et participe de ce fait &agrave; une sorte de ph&eacute;nom&eacute;nologie de la connaissance du v&eacute;cu et de l&rsquo;espace urbain. L&rsquo;espace v&eacute;cu est &agrave; comprendre &agrave; partir de la construction d&rsquo;une identification collective mais aussi par la diversit&eacute; des spatialit&eacute;s et des pratiques sensibles qui constitue la vari&eacute;t&eacute; des ambiances dans une perspective complexe (dans le sens de divers &eacute;l&eacute;ments tiss&eacute;s ensemble). Plus pr&eacute;cis&eacute;ment, nous pensons qu&rsquo;une approche microsociologique nous permet de faire ressortir les qualit&eacute;s esth&eacute;tiques des lieux et des exp&eacute;riences.&nbsp; </span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span arial="" style="font-family:">PARADIGME SENSIBLE </span></b></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">En se pla&ccedil;ant dans l&rsquo;approche th&eacute;orique de Thomas Kuhn, une perspective paradigmatique doit toujours r&eacute;viser ses attentes et sa th&eacute;orie. Dans le parcours paradigmatique il faut, &agrave; notre sens, remettre &agrave; jour les cat&eacute;gories de la pens&eacute;e afin de pouvoir dire le monde que l&rsquo;on vit et se &laquo;&nbsp;situer&nbsp;&raquo; par rapport &agrave; l&rsquo;&eacute;poque afin d&rsquo;observer et raconter la ville et ses espaces. </span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Nous proposons ainsi une pens&eacute;e et une vision &laquo;&nbsp;climatologique&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref1"></a><a href="#_ftn1" title=""><sup><span style="color:#0563c1">[1]</span></sup></a> qui se plonge dans l&rsquo;esprit du temps contemporain pour saisir l&rsquo;air que l&rsquo;on respire, l&rsquo;atmosph&egrave;re dans laquelle on baigne&nbsp;: c&rsquo;est-&agrave;-dire une observation et une perception en permanence de la mutation sensible. La mutation de l&rsquo;environnement urbain est toujours accompagn&eacute;e par la mutation de l&rsquo;exp&eacute;rience mettant en perspective l&rsquo;id&eacute;e de base de la relation indissociable entre espaces et individus et de leur r&eacute;ciprocit&eacute; d&rsquo;influence symbolique. Dans cette optique, la m&eacute;thode la plus apte &agrave; scruter et percevoir en profondeur cette mutation permanente est une m&eacute;thode sensible, celle d&rsquo;un fl&acirc;neur avec un regard photographique. Ici l&rsquo;&oelig;il qui scrute devient un espacement entre la conscience et le monde o&ugrave; percevoir rime avec compr&eacute;hension. Si nous nous r&eacute;f&eacute;rons par exemple &agrave; la pens&eacute;e de Siegfried Kracauer<a name="_ftnref2"></a><a href="#_ftn2" title=""><sup><span style="color:#0563c1">[2]</span></sup></a> on peut voir de quelle mani&egrave;re un regard photographique va donner forme &agrave; la construction d&rsquo;un tableau pour &laquo;&nbsp;faire penser&nbsp;&raquo;. Une sorte de regard augment&eacute; par la prise de vue qui constituerait un tableau id&eacute;altypique de la ville et de ses espaces. Il y a ainsi une intention du regard sur l&rsquo;espace qui nous am&egrave;ne &agrave; explorer le quotidien urbain par la fl&acirc;nerie exp&eacute;rientielle. Si comme le montrait en son temps Walter Benjamin la ville doit &ecirc;tre pens&eacute;e comme un texte, le fl&acirc;neur en sera alors le lecteur. Une ville comme un livre ouvert o&ugrave; l&rsquo;on parcourt les pages afin d&rsquo;en relever et montrer des fragments significatifs &ndash; dans une approche subjective &ndash; de son essence. De ce fait nous allons construire une pens&eacute;e en mosa&iuml;que, c&rsquo;est-&agrave;-dire une spatialisation de l&rsquo;imaginaire avec une accentuation sur le pr&eacute;sent, le quotidien qui met en &eacute;vidence les divers fragments qui vont former dans leur ensemble significatif le puzzle de l&rsquo;imaginaire urbain. Il s&rsquo;installe subs&eacute;quemment une m&eacute;thode de d&eacute;chiffrement des significations entre les divers &eacute;l&eacute;ments de l&rsquo;urbain. Une vision fragmentaire faite de montages, constellations et impressions flottantes, comme nous l&rsquo;enseigne bien Benjamin<a name="_ftnref3"></a><a href="#_ftn3" title=""><sup><span style="color:#0563c1">[3]</span></sup></a>.&nbsp; </span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">D&rsquo;ailleurs il faut rappeler que le fragment comme m&eacute;thode se retrouve aussi dans la sensibilit&eacute; th&eacute;orique de Georg Simmel o&ugrave; il signifie le fait de renoncer &agrave; voir le monde comme totalit&eacute;. Il faut alors, &agrave; travers cette mise en place d&rsquo;une pens&eacute;e en mosa&iuml;que, essayer de trouver des indices, des traces, des indicateurs nous permettant de former un tableau de r&eacute;f&eacute;rence pour dire la ville et ses espaces et illustrer les caract&eacute;ristiques du v&eacute;cu. Nous savons aussi que l&rsquo;habitat n&rsquo;est pas donn&eacute; mais qu&rsquo;il se construit en permanence&nbsp;; et cette construction s&rsquo;actualise par l&rsquo;exp&eacute;rience qu&rsquo;on fait de l&rsquo;espace dans toute sa complexit&eacute;. Il y a alors une sorte d&rsquo;engagement esth&eacute;tique o&ugrave; nous sommes immerg&eacute;s, une ambiance sensible &agrave; penser comme une chambre de r&eacute;sonance esth&eacute;tique comme dirait Hans-Georg Gadamer<a name="_ftnref4"></a><a href="#_ftn4" title=""><sup><span style="color:#0563c1">[4]</span></sup></a>. Cette perspective valorise le quotidien urbain et souligne la spatialisation de l&rsquo;existence. L&rsquo;espace occupe une centralit&eacute; importante en nous donnant &ndash; d&egrave;s lors qu&rsquo;on l&rsquo;observe, qu&rsquo;on le scrute &ndash; des informations sur l&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute;. Nous sommes ainsi projet&eacute;s dans une id&eacute;e de la ville qui donne &agrave; penser&nbsp;; la ville lieu de la th&eacute;orie comme l&rsquo;illustrait Benjamin, ou encore une probl&eacute;matique de la m&eacute;tropole &ndash; dans une optique simmelienne &ndash; comme &oelig;uvre humaine pratique et sensible &agrave; partir de la vie de l&rsquo;esprit. Ce que Simmel appelait <i>Geistleben </i>[&laquo;&nbsp;vie spirituelle&nbsp;&raquo;, ndlr]. Par cette sensibilit&eacute; th&eacute;orique, une th&eacute;orie sensorielle et une sociologie des sens mettent au centre de l&rsquo;analyse les divers faits provenant de la constitution sensorielle de l&rsquo;homme. C&rsquo;est la d&eacute;marche d&rsquo;une th&eacute;orie sensitive d&rsquo;un point de vue herm&eacute;neutique qui s&rsquo;articule dans une analyse des transformations de l&rsquo;environnement affectant la notion de l&rsquo;exp&eacute;rience et nous donnant subs&eacute;quemment une histoire sociale de la sensibilit&eacute;&nbsp;; et d&rsquo;un autre c&ocirc;t&eacute; une analyse des fa&ccedil;ons dont l&rsquo;espace urbain se structure &agrave; partir du substrat sensitif de l&rsquo;homme, c&rsquo;est-&agrave;-dire une histoire sensible du social. </span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span arial="" style="font-family:">FRAGMENTS SENSITIFS</span></b></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">La ville dans tous ses &eacute;tats est de ce fait saisie par les sens&nbsp;et nos perceptions&nbsp;: images, odeurs, sonorit&eacute;s forment une relation instantan&eacute;e charnelle et immanente g&eacute;n&eacute;rant des ambiances particuli&egrave;res. Pensons &agrave; titre d&rsquo;exemple aux d&eacute;rives et fl&acirc;neries que les odeurs de nourriture peuvent provoquer, influen&ccedil;ant notre trajectoire et notre mani&egrave;re de &laquo;&nbsp;sentir&nbsp;&raquo; les lieux&nbsp;; aux diverses sonorit&eacute;s comme les bruits, ou la musique diffus&eacute;e par nos objets nomades qui structurent les parcours&nbsp;; ou encore la pr&eacute;sence de l&rsquo;architecture qui conditionne notre perception visuelle de l&rsquo;espace et ses jeux de reflets sur notre corps&nbsp;; l&rsquo;&eacute;nergie du sol des villes comme Rio de Janeiro, Naples, Istanbul, New York que l&rsquo;on ressent dans la marche &agrave; travers le corps&nbsp;; l&rsquo;invasion des rayonnements de lumi&egrave;re des n&eacute;ons et des images g&eacute;antes diffuses sur les surfaces architecturales dans des quartiers comme Shibuya &agrave; Tokyo, Times Square &agrave; New York, Gangnam &agrave; S&eacute;oul qui nous font ressentir de mani&egrave;re intense et particuli&egrave;re la &laquo;&nbsp;stimulation des nerfs&nbsp;&raquo;. Cette &laquo;&nbsp;stimulation&nbsp;&raquo; qui trouve son origine dans la pens&eacute;e simmelienne de la m&eacute;tropole moderne dans son illustration &laquo;&nbsp;de la vie de l&rsquo;esprit&nbsp;&raquo;, doit &ecirc;tre reconsid&eacute;r&eacute;e dans la prise en compte du monde contemporain. S&rsquo;il est vrai que le <i>Nervenleben </i>cette &laquo;&nbsp;intensification de la vie nerveuse&nbsp;&raquo; dont parlait Simmel est le r&eacute;sultat d&rsquo;un changement rapide de nos impressions internes et externes, il faudra poser l&rsquo;attention sur le v&eacute;cu contemporain et voir de quelle mani&egrave;re la mobilisation sensorielle de l&rsquo;individu est d&eacute;multipli&eacute;e dans les situations urbaines. On peut penser par exemple au d&eacute;luge d&rsquo;images qui, par leur gigantisme, leur luminosit&eacute;, leur pr&eacute;sence &eacute;cranique, vont structurer et influencer la modalit&eacute; d&rsquo;&ecirc;tre dans l&rsquo;espace et de le sentir dans les grandes m&eacute;tropoles. Ou encore la rapidit&eacute; des mouvements, cette vitesse contemporaine &agrave; laquelle nous rend attentif l&rsquo;analyse de Hartmut Rosa<a name="_ftnref5"></a><a href="#_ftn5" title=""><sup><span style="color:#0563c1">[5]</span></sup></a> dans sa vision de l&rsquo;acc&eacute;l&eacute;ration, peut nous aider &agrave; comprendre cette &laquo;&nbsp;nouvelle&nbsp;&raquo; intensification qui, de notre point de vue, est aussi amplifi&eacute;e par l&rsquo;omnipr&eacute;sence technologique &agrave; travers, par exemple, la doublure de l&rsquo;espace cr&eacute;e par le smartphone. Cette condition technologique de l&rsquo;existence est en forte r&eacute;sonance avec l&rsquo;implication spatiale dans les divers mouvements et actions provoquant ainsi une alt&eacute;ration de l&rsquo;espace. Une spatialit&eacute; hybride comme une des formes de l&rsquo;imaginaire contemporain de plus en plus r&eacute;pandue. En effet, en suivant ici la pens&eacute;e de Philippe Descola<a name="_ftnref6"></a><a href="#_ftn6" title=""><sup><span style="color:#0563c1">[6]</span></sup></a> l&rsquo;hybridation repr&eacute;sente un chevauchement des mondes, des individus et des espaces. Et la technologie est productrice de chevauchements en cr&eacute;ant une autre configuration de l&rsquo;espace, du temps et des modalit&eacute;s de l&rsquo;exp&eacute;rience.&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Nous sommes en face, alors, d&rsquo;une perception &eacute;motionnelle de l&rsquo;espace&nbsp;; une modalit&eacute; urbaine saisie &agrave; partir de nos exp&eacute;riences sensorielles qui donnent naissance &agrave; des espaces d&rsquo;&eacute;motions, &agrave; une spatialit&eacute; r&eacute;f&eacute;rentielle. Avec Michel de Certeau et sa vision des pratiques d&rsquo;espaces, on peut ainsi dire que la ville est &agrave; consid&eacute;rer comme un texte que les habitants s&rsquo;approprient et transforment par leur mani&egrave;re de faire &laquo;&nbsp;avec&nbsp;&raquo; les lieux. Texte que nous contribuons &agrave; modifier, &agrave; &eacute;crire et r&eacute;&eacute;crire par nos diverses pratiques. C&rsquo;est dans cette strat&eacute;gie, pour donner ici quelques exemples, que l&rsquo;on peut comprendre la dynamique des graffitis ou les aventures spatiales de certaines pratiques comme le skate et d&rsquo;autres acrobaties culturelles. Il s&rsquo;agit de mani&egrave;res de faire, de gestes qui s&rsquo;accommodent avec l&rsquo;espace et le transforment par marquages et traces. C&rsquo;est &eacute;galement la mani&egrave;re &agrave; travers laquelle on peut constater cette &laquo;&nbsp;chair du monde&nbsp;&raquo; comme l&rsquo;indiquait Maurice Merleau-Ponty&nbsp;: c&rsquo;est-&agrave;-dire une &eacute;nergie de l&rsquo;espace, une chair qui ouvre le lieu o&ugrave; se trouve immerg&eacute; le corps dans une spatialit&eacute; &laquo;&nbsp;topographique&nbsp;&raquo;, un milieu de l&rsquo;&ecirc;tre sensible. Si Merleau-Ponty affirmait &laquo;&nbsp;Je suis mon corps&nbsp;&raquo; on pourrait ajouter &agrave; cela &laquo;&nbsp;Je suis mon espace&nbsp;&raquo; pour marquer encore plus la relation du corps humain avec le corps spatial de la ville o&ugrave;, &agrave; juste titre, l&rsquo;humain s&rsquo;harmonise avec le milieu dans une r&eacute;ciprocit&eacute; permanente.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Les diverses formes d&rsquo;habiter sont alors une modalit&eacute; strat&eacute;gique pour penser les transformations de la soci&eacute;t&eacute;, nos perceptions et mani&egrave;res de sentir. La m&eacute;tropole repr&eacute;sente ainsi un assortiment de lieux existentiels et d&rsquo;atmosph&egrave;res sensibles o&ugrave; agissent les pratiques collectives donnant forme et substance &agrave; l&rsquo;imaginaire urbain. Lieux, territoires, espaces choisis comme formes d&rsquo;habiter sont significatifs de l&rsquo;affectivit&eacute; et de l&rsquo;attachement de l&rsquo;humain &agrave; l&rsquo;espace dont l&rsquo;exp&eacute;rience se r&eacute;alise &agrave; travers des rituels, la pr&eacute;sence, le visible, le marquage et les symboles. En ce sens, la rue devient la sc&egrave;ne o&ugrave; l&rsquo;on va jouer (et aussi jouir) l&rsquo;existence et la vitalit&eacute; des formes constitutives de la relation homme/espace. Une sorte de <i>Dasein</i> spatial se met en &oelig;uvre dans cette strat&eacute;gie de &laquo;&nbsp;conqu&ecirc;te du pr&eacute;sent&nbsp;&raquo; dans le complexe des milieux urbains. On est alors en face d&rsquo;un rapport de m&eacute;diance qui, selon la th&eacute;orie d&rsquo;Augustin Berque (2000), est con&ccedil;ue en tant que forme de relation au milieu. Une relation qui d&rsquo;ailleurs s&rsquo;instaure de mani&egrave;re de plus en plus pr&eacute;gnante dans notre actualit&eacute; de la vie contemporaine &agrave; travers la relation avec la dimension naturelle influen&ccedil;ant largement les formes de repr&eacute;sentations de la m&eacute;tropole. Cela nous am&egrave;ne &agrave; poser la question de l&rsquo;influence, ou bien de la place, de la nature dans la structuration des formes d&rsquo;habiter. Ce discours m&eacute;riterait &eacute;videmment un approfondissement plus important qui ne trouve pas assez de place ici mais il reste toutefois pertinent &agrave; nos yeux d&rsquo;illustrer ce fragment comme part int&eacute;grante de la structuration de l&rsquo;imaginaire urbain. En effet, dans l&rsquo;actuel paradigme esth&eacute;tique, on pourrait souligner l&rsquo;importance de l&rsquo;&eacute;cosophie comme une forme de dynamisme de la vie sociale, culturelle et aussi en tant que sympt&ocirc;me de mutation organique de l&rsquo;espace urbain. Il y a alors un v&eacute;ritable r&eacute;-enchantement de la nature en milieu urbain qui influence, d&rsquo;un point de vue &eacute;pist&eacute;mologique et ph&eacute;nom&eacute;nologique, les mani&egrave;res de penser l&rsquo;urbain, et donc les mutations de cette pens&eacute;e, tout comme la visualisation de notre existence sociale dans un syst&egrave;me d&rsquo;interd&eacute;pendances qui se trouve condens&eacute; dans ce qu&rsquo;on peut appeler un hybridisme des formes sensibles. On peut remarquer une sorte de figure id&eacute;altypique de la &laquo;&nbsp;ville &eacute;cosophique&nbsp;&raquo; qui s&rsquo;impose comme une des caract&eacute;ristiques de l&rsquo;imaginaire ambiant, agen&ccedil;ant l&rsquo;architecture, la g&eacute;ographie des villes et les ambiances sensibles du territoire. En ce sens, on pourrait m&ecirc;me parler d&rsquo;une succession organis&eacute;e en r&eacute;cit (Gilbert Durand, 1960) ou encore des sph&egrave;res (Peter Sloterdijk<a name="_ftnref7"></a><a href="#_ftn7" title=""><sup><span style="color:#0563c1">[7]</span></sup></a>) o&ugrave; l&rsquo;&eacute;cosophie<a name="_ftnref8"></a><a href="#_ftn8" title=""><sup><span style="color:#0563c1">[8]</span></sup></a> et la biosophie<a name="_ftnref9"></a><a href="#_ftn9" title=""><sup><span style="color:#0563c1">[9]</span></sup></a> sont des modalit&eacute;s nous permettant de penser les formes d&rsquo;habiter contemporaines en relation &eacute;troite avec l&rsquo;atmosph&egrave;re sensible. Une atmosph&egrave;re mettant en interaction la nature avec la culture, et produisant ainsi des nouvelles mani&egrave;res organiques d&rsquo;habiter ensemble. C&rsquo;est dans cette optique, par exemple, que l&rsquo;on peut comprendre le vert comme mode op&eacute;ratoire ou plut&ocirc;t une strat&eacute;gie urbanistique et architecturale, et bien s&ucirc;r aussi socio-culturelle, dans les figures propos&eacute;es du <i>vertical garden</i>, des jardins suspendus, de l&rsquo;agri-tecture ou encore de la nature sauvage recr&eacute;e sur et en bas des b&acirc;timents. Ceux sont des signes et symboles d&rsquo;une esp&egrave;ce de greffe de la peau architecturale contemporaine qui, en consid&eacute;rant le point de vue &eacute;colo-kinesth&eacute;sique, donnent vie &agrave; des formes d&rsquo;harmonie visuelle avec la nature et comme configuration d&rsquo;accompagnement du quotidien urbain des individus. L&rsquo;&eacute;cologisation de l&rsquo;espace fa&ccedil;onne la psychologie de l&rsquo;urbain dont les &icirc;lots verts, les toits-jardins, l&rsquo;&eacute;co-architecture, mais aussi l&rsquo;imaginaire des utopies du futur proche avec les villes flottantes et autres alt&eacute;rations architecturales et paysag&egrave;res, sont la centralit&eacute; dans un discours de sensibilisation &eacute;co-soci&eacute;tale des m&eacute;tropoles contemporaines visant ainsi &agrave; une mutation de la perception et du v&eacute;cu urbain. Il y a, par ce fait, un effet de contamination sensible de l&rsquo;esprit &eacute;cosophique comme mani&egrave;re existentielle qui met l&rsquo;accent sur le r&eacute;-enchantement du monde via la transfiguration de la nature. Cette derni&egrave;re, devient non plus un objet &agrave; explorer mais une relation esth&eacute;tique particularisant et vitalisant le quotidien tout en influen&ccedil;ant le sentir.&nbsp;&nbsp;&nbsp; &nbsp;</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">L&rsquo;espace est &agrave; penser ici comme une matrice fragment&eacute;e, constitu&eacute;e de plaques tectoniques h&eacute;t&eacute;rog&egrave;nes g&eacute;n&eacute;rant des ambiances qui, par cons&eacute;quent, vont envelopper l&rsquo;individu et le milieu, le constituer et le d&eacute;terminer. Il y a l&agrave; un acte esth&eacute;tique &eacute;tablissant un contact, cr&eacute;ant des modalit&eacute;s de l&rsquo;&ecirc;tre-ensemble, une pr&eacute;sence, une visibilit&eacute; qui, nous le r&eacute;p&eacute;tons, met l&rsquo;accent sur le v&eacute;cu, l&rsquo;existentiel. Nous savons que, par son &eacute;tymologie, le mot existence signifie <i>ex-sistere</i> donc &laquo;&nbsp;se tenir hors de soi&nbsp;&raquo;, ce qui implique une projection. De ce fait l&rsquo;homme se projette dans et par l&rsquo;espace et le fait exister tout en cr&eacute;ant des mani&egrave;res d&rsquo;&ecirc;tre-au-monde. Donc on a une double ontologie&nbsp;: celle de l&rsquo;espace et celle de l&rsquo;homme et les deux sont indissociables.</span></span></span></span></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span arial="" style="font-family:">PERCEPTIONS M&Eacute;SOLOGIQUES ET AMBIANCES</span></b></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Dans un questionnement m&eacute;sologique<a name="_ftnref10"></a><a href="#_ftn10" title=""><sup><span style="color:#0563c1">[10]</span></sup></a>, essayons de voir et percevoir comment ses transformations de l&rsquo;environnement am&egrave;nent aussi &agrave; une transformation de la soci&eacute;t&eacute; en cr&eacute;ant un nouveau milieu. C&rsquo;est-&agrave;-dire, une nouvelle relation entre la soci&eacute;t&eacute; et l&rsquo;environnement qui, &agrave; notre avis, se fonde et s&rsquo;alimente &agrave; partir d&rsquo;une structure sensorielle et sensible des ambiances qui fa&ccedil;onnent le mouvement existentiel socio-spatial. Cr&eacute;&eacute; en 1848 par le disciple d&rsquo;Auguste Comte, Charles Robin, le terme &laquo;&nbsp;m&eacute;sologie&nbsp;&raquo; signifie l&rsquo;&eacute;tude des milieux. Il trouve une analogie en Allemagne avec la th&eacute;orie de l&rsquo;<i>Umweltehre</i> &ndash; d&eacute;signant l&rsquo;&eacute;tude des mondes ambiants, &agrave; partir de la c&eacute;l&egrave;bre &eacute;tude de Jakob von Uexk&uuml;ll, &ndash; et au Japon, avec l&rsquo;&eacute;tude de &laquo;&nbsp;l&rsquo;entrelien humain&nbsp;&raquo; du philosophe Watsuji Tetsur&ocirc; dans laquelle on retrouve la conjonction entre l&rsquo;environnement physique et l&rsquo;aspect social. </span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Il y a de ce fait une interrelation organique qui d&eacute;termine les formes du v&eacute;cu dans le milieu socio-spatial et &laquo;&nbsp;donne le ton&nbsp;&raquo;<a name="_ftnref11"></a><a href="#_ftn11" title=""><sup><span style="color:#0563c1">[11]</span></sup></a>, la tonalit&eacute; aux divers lieux. Cela veut dire que dans la r&eacute;alit&eacute; concr&egrave;te, une &laquo;&nbsp;tonation&nbsp;&raquo; (<i>T&ouml;nung</i>), &agrave; la mani&egrave;re exprim&eacute;e par Uexk&uuml;ll<a name="_ftnref12"></a><a href="#_ftn12" title=""><sup><span style="color:#0563c1">[12]</span></sup></a> dans les milieux animaux (<i>Umwelten</i>), met l&rsquo;accent sur la qualit&eacute; du milieu et les mani&egrave;res dont il affecte le corps social, et reconfigure la fa&ccedil;on de penser le monde contemporain.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Dans cette reconfiguration, nous proposons une climatologie comme compr&eacute;hension apte &agrave; d&eacute;crire et rep&eacute;rer les sp&eacute;cificit&eacute;s de la po&eacute;tique spatiale fond&eacute;e sur la perception sensorielle et donc sur les modes d&rsquo;existence et d&rsquo;exp&eacute;rimentation des espaces de l&rsquo;univers urbain. Notre r&eacute;flexion porte sur une onto-vision de l&rsquo;actualit&eacute; des ambiances urbaines et pour cela l&rsquo;attention est focalis&eacute;e sur les &laquo;&nbsp;situations&nbsp;&raquo;. Une sorte de situationnisme m&eacute;thodologique encore une fois qui se met &agrave; l&rsquo;&eacute;coute des lieux o&ugrave; ce qui est en jeu c&rsquo;est une v&eacute;ritable spatialisation de l&rsquo;existence formant la sc&egrave;ne o&ugrave; s&rsquo;actualise l&rsquo;imaginaire urbain. Cet imaginaire est constitu&eacute; par des caract&egrave;res essentiels, par une constellation de fragments dont la climatologie indique les tendances. Capter l&rsquo;air du temps, c&rsquo;est prendre en compte la diversit&eacute; des ambiances en tant que perception sensible et exp&eacute;rience esth&eacute;tique. Notre pens&eacute;e urbaine et sociale est ainsi fond&eacute;e sur l&rsquo;esth&eacute;tique, c&rsquo;est-&agrave;-dire la perception par les sens. Et nous assistons actuellement, il faut le dire, &agrave; un retour des sens, de leur importance dans les formes du v&eacute;cu et les modalit&eacute;s de faire exp&eacute;rience de l&rsquo;espace. Si l&rsquo;espace urbain est une narration collective, alors il faut illustrer la pr&eacute;gnance des sens et des ambiances dans la lecture que nous pouvons effectuer de ses tissages de significations. On pourrait penser &agrave; l&rsquo;image m&eacute;taphorique du palimpseste comme s&eacute;rie de strates superpos&eacute;es, des couches significatives inscrites dans le temps et r&eacute;actualis&eacute;es par la mani&egrave;re d&rsquo;habiter et sentir l&rsquo;espace. Le palimpseste nous permet aussi de penser l&rsquo;hybridation, le croisement de diverses images, r&eacute;cits et projections. Il faut r&eacute;fl&eacute;chir aux mani&egrave;res de questionner cet espace et en m&ecirc;me temps l&rsquo;humain puisque, comme on l&rsquo;a d&eacute;j&agrave; soulign&eacute;, la question spatiale est &agrave; penser comme une r&eacute;alit&eacute; humaine et par cons&eacute;quent, l&rsquo;humain doit &ecirc;tre con&ccedil;u en tant qu&rsquo;&ecirc;tre fa&ccedil;onn&eacute; par le milieu qu&rsquo;il fa&ccedil;onne en retour. L&rsquo;accent est de ce fait dirig&eacute; vers une ph&eacute;nom&eacute;nologie de l&rsquo;espace par laquelle on peut faire ressortir la qualit&eacute; des ambiances fortement ancr&eacute;es dans le v&eacute;cu. L&rsquo;ambiance est une r&eacute;alit&eacute; sp&eacute;cifique qui se pr&eacute;sente dans une dimension immanente &agrave; l&rsquo;individu. Ce dernier adapte et adopte ses capacit&eacute;s sensitives &agrave; l&rsquo;&eacute;gard du contexte urbain et ses multiples dimensions changeantes. Dans une perspective inspir&eacute;e par Simmel, pourrait-on dire que l&rsquo;ambiance et ses r&eacute;flexes sensitifs et sensoriels forment des impressions que nous captons &agrave; travers l&rsquo;immersion spatiale. C&rsquo;est la mani&egrave;re de sentir, d&rsquo;&ecirc;tre baign&eacute; dans les atmosph&egrave;res qui nous permet de faire ressortir des fragments de la r&eacute;alit&eacute; urbaine dans sa dimension v&eacute;cue. Nos perceptions des espaces, de leurs odeurs, bruits, lumi&egrave;res, sonorit&eacute;s, images, organisent une relation que l&rsquo;on peut d&eacute;finir comme charnelle avec la ville. Il faut se placer dans une optique qualitative proche de la po&eacute;tique de Pierre Sansot<a name="_ftnref13"></a><a href="#_ftn13" title=""><sup><span style="color:#0563c1">[13]</span></sup></a> afin de percevoir les multiples tonalit&eacute;s des lieux et de ce qui les anime. &Ecirc;tre envahi par un flux d&rsquo;exp&eacute;riences, comme la figure typique du fl&acirc;neur de Baudelaire et Benjamin mais aussi de Balzac, permet par exemple d&rsquo;&ecirc;tre au plus proche de l&rsquo;exp&eacute;rience immersive&nbsp;: une prise de sens dans l&rsquo;instantan&eacute;it&eacute; de la situation v&eacute;cue. Saisir la r&eacute;alit&eacute; urbaine &agrave; partir des exp&eacute;riences c&rsquo;est aussi s&rsquo;immerger dans les espaces comme un fl&acirc;neur/d&eacute;tective &ndash; figure typique d&rsquo;un sociologique dirons-nous &ndash; qui scrute, observe, sent et ressent les modalit&eacute;s exp&eacute;rientielles offertes par les espaces et ses ambiances. Il s&rsquo;agit, &agrave; notre sens, d&rsquo;une d&eacute;marche immersive et impressionniste afin de fonder une vision figurative de ce qui nous entoure pour rendre vivant les d&eacute;tails, les fragments ordinaires. Des impressions du r&eacute;el : telle est la mani&egrave;re d&rsquo;explorer les ambiances et les diverses stimulations des sensibilit&eacute;s spatiales, en nous pla&ccedil;ant dans une dynamique d&rsquo;exploration et de d&eacute;chiffrement &agrave; travers la mobilit&eacute; du regard.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">L&rsquo;ambiance, en tant que th&eacute;orie des espaces, accompagn&eacute;e d&rsquo;une ph&eacute;nom&eacute;nologie herm&eacute;neutique de la m&eacute;sologie, s&rsquo;exprime dans la subjectivit&eacute; et dans l&rsquo;instantan&eacute;it&eacute; de l&rsquo;exp&eacute;rience. Le sens est justement celui de saisir la r&eacute;alit&eacute; urbaine &agrave; partir des exp&eacute;riences sensorielles multiples et de voir comment cela structure la vision des choses pour l&rsquo;&ecirc;tre qui per&ccedil;oit, sent, ressent les qualit&eacute;s atmosph&eacute;riques de l&rsquo;espace dans ses dimensions m&eacute;sologiques. Comme le montre bien Augustin Berque dans ses diverses analyses de la m&eacute;sologie, l&rsquo;individu et le milieu sont dans une r&eacute;ciprocit&eacute; indissociable o&ugrave; l&rsquo;action, la perception, les sens se trouvent dans une compl&eacute;mentarit&eacute; d&eacute;finissant l&rsquo;ontologie de l&rsquo;&ecirc;tre et de l&rsquo;espace. Si alors on insiste sur l&rsquo;id&eacute;e r&eacute;pandue dans diverses sph&egrave;res d&rsquo;analyse du rapport indissociable entre individu et milieu, on peut comprendre que l&rsquo;exp&eacute;rience esth&eacute;tique sensorielle prend sa signification dans le fait que l&rsquo;homme urbain est dispos&eacute; &agrave; sentir, percevoir et mobiliser le sensible pour agir. </span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">C&rsquo;est dans une perceptive ph&eacute;nom&eacute;nologique que nous pouvons comprendre l&rsquo;immersion sensorielle dans l&rsquo;espace et r&eacute;fl&eacute;chir de ce fait &agrave; la mani&egrave;re dont s&rsquo;enracine le sensible. Ce qui est en jeu dans l&rsquo;imaginaire de la spatialit&eacute; contemporaine, selon notre conception, c&rsquo;est une sorte de narration collective o&ugrave;, pour lire les pages de ce livre&nbsp;ouvert qu&rsquo;est la ville, il faut s&rsquo;immerger dans l&rsquo;espace et absorber les multiples productions d&rsquo;ambiances. Productions qui sont en acte par exemple dans les divers parcours perceptifs dans lesquels l&rsquo;urbanit&eacute; devient une sorte de dispositif de diffusion de signes, codes, symboles que nous devons d&eacute;crypter. Et c&rsquo;est dans ce d&eacute;cryptage des formes que nous pouvons mettre en perspective les mani&egrave;res expressives qui affectent l&rsquo;espace urbain. Il y a ainsi une structuration de codes de perception et captation visuelle que nous pouvons rencontrer dans les divers parcours.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Nous savons bien que, au quotidien, nous mobilisons les diverses modalit&eacute;s sensibles qui affectent notre rapport &agrave; l&rsquo;espace dans une relation qui donne vie &agrave; une sorte de triplicit&eacute;s &ndash; &agrave; la mani&egrave;re de Henri Lefebvre<a name="_ftnref14"></a><a href="#_ftn14" title=""><sup><span style="color:#0563c1">[14]</span></sup></a> &ndash; : espace v&eacute;cu/espace per&ccedil;u/espace con&ccedil;u. Ainsi la perception de l&rsquo;espace ne peut pas se comprendre dans une vision euclidienne ou bien cart&eacute;sienne d&rsquo;un espace que l&rsquo;on peut dire &laquo;&nbsp;ferm&eacute;&nbsp;&raquo;, et donc qui ne consid&egrave;re pas les diverses prises sensibles. Au contraire l&rsquo;espace n&rsquo;est plus de l&rsquo;ordre de l&rsquo;objectif, du concret mais plut&ocirc;t de l&rsquo;ordre du subjectif et du per&ccedil;u. C&rsquo;est cela que montre &eacute;galement la th&eacute;orie des ambiances<a name="_ftnref15"></a><a href="#_ftn15" title=""><sup><span style="color:#0563c1">[15]</span></sup></a> et l&rsquo;analyse m&eacute;sologique de Berque, c&rsquo;est-&agrave;-dire l&rsquo;importance des exp&eacute;riences v&eacute;cues, de la sensibilit&eacute;, d&rsquo;un milieu perceptif<a name="_ftnref16"></a><a href="#_ftn16" title=""><sup><span style="color:#0563c1">[16]</span></sup></a>. </span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">De notre point de vue, l&rsquo;imaginaire contemporain en &oelig;uvre dans l&rsquo;espace urbain se joue dans ces multiples &laquo;&nbsp;prises&nbsp;&raquo; sensibles qui s&rsquo;actionnent au travers de nos cinq sens et qui, de leur c&ocirc;t&eacute;, nous donnent des renseignements sur le monde externe que l&rsquo;homme transforme en exp&eacute;rience perceptives<a name="_ftnref17"></a><a href="#_ftn17" title=""><sup><span style="color:#0563c1">[17]</span></sup></a>. L&rsquo;imaginaire de la ville contemporaine est ainsi orient&eacute; vers le changement du cadre de la sensibilit&eacute; urbaine qu&rsquo;il faut comprendre &agrave; partir d&rsquo;une pens&eacute;e de l&rsquo;esth&eacute;tique&nbsp;: c&rsquo;est-&agrave;-dire &agrave; travers la perception. C&rsquo;est en effet sur ce principe que se fonde la notion (interdisciplinaire) de l&rsquo;ambiance&nbsp;: sur cette exp&eacute;rience esth&eacute;tique et la perception sensible. Selon l&rsquo;approche th&eacute;orique de Thibaud<a name="_ftnref18"></a><a href="#_ftn18" title=""><sup><span style="color:#0563c1">[18]</span></sup></a>, l&rsquo;ambiance engage la mani&egrave;re dont nous nous sentons dans le monde et la fa&ccedil;on dont nous le ressentons. Dans cette perspective, notre sensibilit&eacute; urbaine est celle d&rsquo;une pr&eacute;sence au monde, un rapport m&eacute;sologique o&ugrave; nous sommes en face de diverses tonalit&eacute;s affectives (le terme allemand <i>stimmung</i> renvoie en m&ecirc;me temps aux tonalit&eacute;s et aux ambiances) qui indiquent aussi le &laquo;&nbsp;comment&nbsp;&raquo; de l&rsquo;exp&eacute;rience. </span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">La th&eacute;orie des ambiances nous place dans une affectivit&eacute; de l&rsquo;environnement qui nous entoure o&ugrave; chaque d&eacute;tail, chaque fragment influence notre mani&egrave;re de sentir et de faire exp&eacute;rience. Cela redonne force &agrave; l&rsquo;id&eacute;e que la compr&eacute;hension de la ph&eacute;nom&eacute;nologie de l&rsquo;espace ne passe pas par sa mat&eacute;rialit&eacute; et sa seule conception urbanistique positiviste, mais aussi par la dimension de l&rsquo;exp&eacute;rience individuelle et collective et donc sur le plan de l&rsquo;&eacute;motionnel, du symbolique, de l&rsquo;affectivit&eacute;, de la sensorialit&eacute;. C&rsquo;est par ce fait que les odeurs, bruits, images constituent une substance vitale de l&rsquo;exp&eacute;rience urbaine car ils affectent notre corps dans sa dimension perceptive et influencent nos modalit&eacute;s exp&eacute;rientielles et d&rsquo;&ecirc;tre dans l&rsquo;espace. Ainsi on peut repenser l&rsquo;importance de la marche et une ontologie de la rue en focalisant l&rsquo;attention sur un mode de sentir et de partage du sensible. La marche et la rue sont en rapport &eacute;troit pour construire des formes d&rsquo;exp&eacute;riences dans une dynamique de rythme de la rue (si l&rsquo;on pense ici &agrave; Lefebvre et sa rythmanalyse<a name="_ftnref19"></a><a href="#_ftn19" title=""><sup><span style="color:#0563c1">[19]</span></sup></a>) et de construction de mani&egrave;res d&rsquo;habiter l&rsquo;espace. Il nous semble alors que l&rsquo;id&eacute;e d&rsquo;ambiance chez Jean-Fran&ccedil;ois Augoyard, que l&rsquo;on trouve d&rsquo;ailleurs dans son c&eacute;l&egrave;bre ouvrage <i>Pas &agrave; pas<a name="_ftnref20"></a><a href="#_ftn20" title=""><b><sup><span style="color:#0563c1">[20]</span></sup></b></a></i>, se focalise sur la rencontre entre une donn&eacute;e physique et la perception des sens et trouve son application dans cette tonalit&eacute; de la rue et ses rythmes. Naturellement cela renvoie aussi &agrave; la <i>po&eacute;tique</i> de Pierre Sansot<a name="_ftnref21"></a><a href="#_ftn21" title=""><sup><span style="color:#0563c1">[21]</span></sup></a> : c&rsquo;est-&agrave;-dire une connotation subjective des lieux. Cette connotation nous place dans une dimension d&rsquo;affectivit&eacute; spatiale qui se d&eacute;finit dans la relation avec les divers lieux o&ugrave; nous faisons exp&eacute;rience. La relation homme-espace, nous l&rsquo;avons d&eacute;j&agrave; soulign&eacute;, est centrale dans cette dynamique des ambiances et d&rsquo;un v&eacute;cu instantan&eacute; qui se r&eacute;alise par l&rsquo;immersion, par l&rsquo;&ecirc;tre plong&eacute;/jet&eacute; dans les milieux et ses contextes sensibles. Dans ce sens l&rsquo;id&eacute;e de mouvement, mobilit&eacute;, rythme est de l&rsquo;ordre d&rsquo;une intensit&eacute; du v&eacute;cu dans ses caract&eacute;ristiques atmosph&eacute;riques qui d&eacute;finissent l&rsquo;&ecirc;tre de l&rsquo;espace et l&rsquo;&ecirc;tre dans l&rsquo;espace. Bien s&ucirc;r, il s&rsquo;agit ici d&rsquo;une analyse microsociologique o&ugrave; la communication sensible conditionne l&rsquo;exp&eacute;rience, influence le comportement et agit sur nos &eacute;motions. Il suffit de penser aux mani&egrave;res dont les images, les bruits, les odeurs, l&rsquo;intensit&eacute; de la lumi&egrave;re artificielle, par exemple, sont naturellement incorpor&eacute;s et donnent sens aux modalit&eacute;s exp&eacute;rientielles. Elles sont m&ecirc;me une condition de notre existence dans le milieu urbain et d&eacute;finissent ainsi nos perceptions, repr&eacute;sentations, usages des diverses portions d&rsquo;espace.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Si l&rsquo;imaginaire est (et il faut d&eacute;cid&eacute;ment le reconnaitre) une partie constituante de notre r&eacute;alit&eacute; quotidienne, il produit une structuration de projections spatiales &agrave; travers les prises sensibles. Cela signifie, dans notre perspective, que les ambiances participent &agrave; la production et fabrication de l&rsquo;imaginaire urbain collectif &agrave; travers les multiples dimensions sensorielle de l&rsquo;exp&eacute;rience. Cette dimension alimente la vision des essences urbaines (dans une perspective ph&eacute;nom&eacute;nologique) par le contenu sensible et l&rsquo;ampleur des qualit&eacute;s sensitives de l&rsquo;espace qui structurent les perceptions et actions des &ecirc;tres.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Selon nous, les perceptions des ambiances et les rapports m&eacute;sologiques contribuent &agrave; &eacute;difier la vision de l&rsquo;urbain dans la m&eacute;moire collective. L&rsquo;imaginaire des ambiances engendre des formes variables et permet alors une r&eacute;interpr&eacute;tation de l&rsquo;exp&eacute;rience socio-urbaine nous invitant &agrave; observer les modalit&eacute;s &agrave; travers lesquelles nous &eacute;prouvons l&rsquo;espace avec tous nos sens. Si l&rsquo;imaginaire est une compr&eacute;hension du monde, alors par les ambiances il est possible de voir comment l&rsquo;individu se repr&eacute;sente le monde urbain v&eacute;cu via les associations de perceptions qui lui donnent un sens. La polys&eacute;mie de l&rsquo;imaginaire s&rsquo;accompagne de la polys&eacute;mie des ambiances et cela forme une activit&eacute; quotidienne donnant la signification des pratiques de l&rsquo;espace. L&rsquo;imaginaire des ambiances urbaines nous permet de comprendre les urbanit&eacute;s et les formes de m&eacute;diations de l&rsquo;&ecirc;tre avec son environnement. L&rsquo;imaginaire a toujours un effet sur la perception de la ville puisque on ne peut pas le s&eacute;parer du r&eacute;el tout simplement parce qu&rsquo;il est l&rsquo;un de ses effets et l&rsquo;une de ses parties. Les ambiances sont alors comme des formes d&rsquo;enveloppement, et, &agrave; travers leurs corollaires que sont les modalit&eacute;s perceptives individuelles, contribuent &agrave; la transformation de l&rsquo;imaginaire social collectif. </span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">Nos villes sont toujours une construction narrative collective et les individus contribuent &agrave; la red&eacute;finir et &agrave; &eacute;crire sa trame existentielle via les repr&eacute;sentations immat&eacute;rielles (sons, lumi&egrave;res, odeurs, images&hellip;) permettant de fonder une lecture des formes urbaines par assemblage de fragments significatifs. On pourrait conclure en recourant &agrave; la vision de Julian Gracq<a name="_ftnref22"></a><a href="#_ftn22" title=""><sup><span style="color:#0563c1">[22]</span></sup></a> selon laquelle il n&rsquo;y a pas de ville sans une image mentale de la ville. Il faut s&rsquo;impr&eacute;gner de cet imaginaire des ambiances dans lequel baignent nos soci&eacute;t&eacute;s afin d&rsquo;appr&eacute;hender les formes urbaines par les sens qui sont en action dans les exp&eacute;riences quotidiennes de la ville en cr&eacute;ant une certaine &laquo;&nbsp;&eacute;motionalit&eacute; atmosph&eacute;rique&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><b><span arial="" style="font-family:">BIBLIOGRAPHIE </span></b></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">AUGOYARD J-F., <i>Pas &agrave; pas, essai sur le cheminement quotidien en milieu urbain</i>, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, 1979.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">BENJAMIN W., <i>Paris capitale du XIX<sup>e</sup> si&egrave;cle. Le livre des Passages</i>, Paris, &Eacute;ditions du Cerf, Paris, 1986 (1939).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">BERQUE A., &laquo;&nbsp;La relation perceptive en m&eacute;sologie&nbsp;: du cercle fonctionnel d&rsquo;Uexk&uuml;ll &agrave; la trajectoire paysag&egrave;re&nbsp;&raquo;, <i>Revue du MAUSS</i>, n. 47, 2016, pp. 79-96. &nbsp;</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">_, &laquo;&nbsp;Perception de l&rsquo;espace, ou milieu perceptif&nbsp;?&nbsp;&raquo;, <i>L&rsquo;espace g&eacute;ographique</i>, 2016, pp. 168-181.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">_, <i>Le m&eacute;sologie, pourquoi et pour quoi faire ?</i>, Presses Universitaires de Paris Ouest, Paris, 2014.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">_, <i>M&eacute;diance, de milieux en paysage</i>, Montpellier, Reclus, 1990, Paris, &Eacute;ditions Belin, 2000.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">DE CERTEAU M., <i>L&rsquo;invention du quotidien. Art de faire</i>, Paris, Gallimard, coll.&nbsp;&laquo;&nbsp;Folio essai&nbsp;&raquo;, 1990 (1974).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">DESCOLA Ph., <i>Les formes du visible. Une anthropologie de la figuration</i>, Paris, Seuil, 2021.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">DURAND G., <i>Les structures anthropologiques de l&rsquo;imaginaire</i>, Paris, PUF, 1960.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">F&Uuml;ZESS&Eacute;RY S., SIMAY Ph. (dir.), <i>Le choc des m&eacute;tropoles. Simmel, Kracauer, Benjamin</i>, Paris-Tel Aviv, &Eacute;ditions de l&rsquo;&Eacute;clat, coll. &laquo;&nbsp;philosophie imaginaire&nbsp;&raquo;, 2008.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">GADAMER H.-G., <i>L&rsquo;art de comprendre. &Eacute;crit I&nbsp;: herm&eacute;neutique et tradition philosophique</i>, Aubier, Paris, 1982.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">GRACQ J., <i>La forme d&rsquo;une ville</i>, Paris, Jos&eacute; Corti, 1985.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">HEIDEGGER M., <i>Essais et conf&eacute;rences</i>, trad. d&rsquo;A. Pr&eacute;au, Paris, Gallimard, 1958.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">KRACAUER S., <i>Rue de Berlin et d&rsquo;ailleurs</i>, Paris, Gallimard, 1988.&nbsp;</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">_, <i>L&rsquo;ornement de la masse</i>, Paris, La D&eacute;couverte, 2008.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">KUHN Th., <i>La structure des r&eacute;volutions scientifiques</i>, Paris, Flammarion, 2008 (1962).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">LA ROCCA F., <i>La ville dans tous ses &eacute;tats</i>, Paris, CNRS &Eacute;ditions, 2013.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">LEFEBVRE H., <i>&Eacute;l&eacute;ments de</i> <i>rythmanalyse</i>. <i>Introduction &agrave; la connaissance des rythmes</i>, Paris, Syllepse, 1992.&nbsp; </span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">MAFFESOLI M., <i>La conqu&ecirc;te du pr&eacute;sent, pour une sociologie de la vie quotidienne</i>, Paris, PUF, 1979.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">MONS A., <i>Les lieux du sensible. Villes, hommes, images</i>, Paris, CNRS &Eacute;ditions, 2013.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">SANSOT P., <i>La po&eacute;tique de la ville</i>, Paris, Petite Biblioth&egrave;que Payot, 2004 (1973).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">SIMMEL G., <i>Les grandes villes et la vie de l&rsquo;esprit</i>, Paris, L&rsquo;Herne, 2007.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">RYU J., GILLOCH G., &laquo;&nbsp;Rythmes urbains et la vie quotidienne : Figures de Busan&nbsp;&raquo;, <i>Soci&eacute;t&eacute;s</i>,<i> </i>n. 119, Bruxelles, De Boeck, 2013, pp. 29-37.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">ROSA H., <i>Acc&eacute;l&eacute;ration, une critique sociale du temps</i>, Paris, La D&eacute;couverte, 2010.<i> </i></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">SLOTERDJIK P., <i>Sph&egrave;res I. Bulles. Microsph&eacute;rologie</i>, traduit de l&rsquo;allemand par Olivier Mannoni, Paris, Pauvert, 2002.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">_, <i>Sph&egrave;res II. Globes</i>, traduit de l&rsquo;allemand par Olivier Mannoni, Paris, M. Sell, 2010.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">_, <i>Sph&egrave;res III. &Eacute;cumes. Sph&eacute;rologie plurielle</i>, traduit de l&rsquo;allemand par Olivier Mannoni, Paris, M. Sell, 2005.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">THIBAUD J.-P., <i>En qu&ecirc;te d&rsquo;ambiances. &Eacute;prouver la ville en passant</i>, Gen&egrave;ve, M&eacute;tis Presses, 2015.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">_, &laquo;&nbsp;Donner le ton aux territoires&nbsp;&raquo;, P.-L. Colon (dir.), <i>Ethnographier les sens</i>, Paris, &Eacute;ditions Petra, 2013, pp. 235-255.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">UEXK&Uuml;LL von J., <i>Mondes animaux et monde humain</i>, traduit de l&rsquo;allemand par Philippe M&uuml;ller, Paris, Deno&euml;l, 1965.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">WATSUJI T., <i>F&ucirc;do&nbsp;: le milieu humain</i>, Paris, CNRS &Eacute;ditions, 2011.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span arial="" style="font-family:">YOUN&Egrave;S Ch.&nbsp; &laquo;&nbsp;Biosophie&nbsp;: quel espaces immersifs et partag&eacute;s&nbsp;?&nbsp;&raquo;, <i>Appareil</i>, 11, 2013, en ligne. DOI: https://doi.org/10.4000/appareil.1756</span></span></span></span></p> <p>&nbsp;</p> <div> <hr align="left" size="1" width="33%" /></div> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn1"></a><a href="#_ftnref1" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#0563c1">[1]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> LA ROCCA F., <i>La ville dans tous ses &eacute;tats</i>, Paris, CNRS &Eacute;ditions, 2013.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn2"></a><a href="#_ftnref2" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#0563c1">[2]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> Cf. KRACAUER S., <i>Rue de Berlin et d&rsquo;ailleurs</i>, Paris, Gallimard, 1988&nbsp;; <i>L&rsquo;ornement de la masse</i>, Paris, La D&eacute;couverte, 2008.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn3"></a><a href="#_ftnref3" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#0563c1">[3]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> BENJAMIN W., <i>Paris capitale du XIXe si&egrave;cle. Le livre des Passages</i>, Paris, &Eacute;ditions du Cerf, Paris, 1986 (1939).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn4"></a><a href="#_ftnref4" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#0563c1">[4]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> Cf. GADAMER H.-G., <i>L&rsquo;art de comprendre. &Eacute;crit I&nbsp;: herm&eacute;neutique et tradition philosophique</i>, Paris, Aubier, 1982.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn5"></a><a href="#_ftnref5" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#0563c1">[5]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> ROSA H., <i>Acc&eacute;l&eacute;ration, une critique sociale du temps</i>, Paris, La D&eacute;couverte, 2010.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn6"></a><a href="#_ftnref6" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#0563c1">[6]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> Cf. DESCOLA Ph., <i>Les formes du visible</i>. <i>Une anthropologie de la figuration</i>, Paris, Seuil, 2021.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn7"></a><a href="#_ftnref7" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#0563c1">[7]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> Voir &agrave; ce propos sa trilogie monumentale traduit de l&rsquo;allemand par Olivier Mannoni&nbsp;: <i>Sph&egrave;res I. Bulles. Microsph&eacute;rologie</i>, Paris, Pauvert, 2002&nbsp;; <i>Sph&egrave;res II. Globes</i>, Paris, M. Sell, 2010&nbsp;; <i>Sph&egrave;res III. &Eacute;cumes. Sph&eacute;rologie plurielle</i>, Paris, M. Sell, 2005.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn8"></a><a href="#_ftnref8" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#0563c1">[8]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> Sur l&rsquo;&eacute;cosophie nous renvoyons &agrave; divers travaux dont&nbsp;: GUATTARI F., <i>Qu&rsquo;est-ce que l&rsquo;&eacute;cosophie? </i>Paris, Lignes, 2013&nbsp;; NAESS A., <i>Une &eacute;cosophie pour la vie</i>, textes r&eacute;unis par Hicham-St&eacute;phane Afeissa, Paris, Seuil,<i> </i>MAFFESOLI M., <i>Ecosophie</i>, Paris, Cerf, 2017&nbsp;; PANNIKAR R., <i>Ecosofia&nbsp;: la nuova saggezza. Per una spiritualit&agrave; della terra</i>, Bologna, Lampi di stampa, 2001. Voir aussi l&rsquo;int&eacute;ressante analyse des textes de Fourier&nbsp;: SCHERER R., <i>L&rsquo;Ecosophie de Charles Fourier</i>, Paris, Anthropos, 2001.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn9"></a><a href="#_ftnref9" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#0563c1">[9]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> Sur ce sujet voir la r&eacute;flexion de P. Sloterdjik, <i>&Eacute;cumes</i>, <i>op.cit.&nbsp;</i>; Cf aussi l&rsquo;article de YOUN&Egrave;S Ch.&nbsp; &laquo;&nbsp;Biosophie&nbsp;: quel espaces immersifs et partag&eacute;s&nbsp;?&nbsp;&raquo;, <i>Appareil</i>, 11, 2013, <a href="https://doi.org/10.4000/appareil.1756"><span style="color:blue">en ligne</span></a>.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn10"></a><a href="#_ftnref10" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#0563c1">[10]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> BERQUE A., <i>Le m&eacute;sologie, pourquoi et pour quoi faire ?</i>, Presses Universitaires de Paris Ouest, Paris, 2014.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn11"></a><a href="#_ftnref11" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#0563c1">[11]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> THIBAUD J.-P., &laquo;&nbsp;Donner le ton aux territoires&nbsp;&raquo;, P.-L. Colon (dir.), <i>Ethnographier les sens</i>, Paris, &Eacute;ditions Petra, 2013, pp. 235-255.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn12"></a><a href="#_ftnref12" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#0563c1">[12]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> Cf. UEXK&Uuml;LL von J., <i>Mondes animaux et monde humain</i>, traduit de l&rsquo;allemand par Philippe M&uuml;ller, Paris, Deno&euml;l, 1965.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn13"></a><a href="#_ftnref13" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#0563c1">[13]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> SANSOT P., <i>La po&eacute;tique de la ville</i>, Paris, Petite Biblioth&egrave;que Payot, 2004 (1973).</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn14"></a><a href="#_ftnref14" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#0563c1">[14]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> LEFEBVRE H., <i>&Eacute;l&eacute;ments de</i> <i>rythmanalyse</i>. <i>Introduction &agrave; la connaissance des rythmes</i>, Paris, Syllepse, 1992.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn15"></a><a href="#_ftnref15" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#0563c1">[15]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> Nous renvoyons &agrave; l&rsquo;activit&eacute;&nbsp;du laboratoire CRESSON, <a href="https://aau.archi.fr/cresson/"><span style="color:blue">en ligne</span></a>,&nbsp;et au R&eacute;seau International Ambiances, <a href="http://www.ambiances.net"><span style="color:blue">en ligne</span></a>. </span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn16"></a><a href="#_ftnref16" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#0563c1">[16]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> BERQUE A., &laquo;&nbsp;Perception de l&rsquo;espace, ou milieu perceptif&nbsp;?&nbsp;&raquo;, <i>L&rsquo;espace g&eacute;ographique</i>, 2016, pp. 168-181.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn17"></a><a href="#_ftnref17" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#0563c1">[17]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> THIBAUD J.-P., <i>En qu&ecirc;te d&rsquo;ambiances. &Eacute;prouver la ville en passant</i>, Gen&egrave;ve, M&eacute;tis Presses, 2015.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn18"></a><a href="#_ftnref18" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#0563c1">[18]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> <i>Ibidem</i>.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn19"></a><a href="#_ftnref19" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#0563c1">[19]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> LEFEBVRE H., <i>&Eacute;l&eacute;ments de</i> <i>rythmanalyse</i>, <i>op. cit.</i></span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn20"></a><a href="#_ftnref20" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#0563c1">[20]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> AUGOYARD J-F., <i>Pas &agrave; pas, essai sur le cheminement quotidien en milieu urbain</i>, Paris, &Eacute;ditions du Seuil, 1979.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn21"></a><a href="#_ftnref21" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#0563c1">[21]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> SANSOT P., <i>La po&eacute;tique de la ville</i>, <i>op. cit</i>.</span></span></span></span></p> <p><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:115%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><a name="_ftn22"></a><a href="#_ftnref22" title=""><sup><span arial="" style="font-family:"><span style="color:#0563c1">[22]</span></span></sup></a><span arial="" style="font-family:"> GRACQ J., <i>La forme d&rsquo;une ville</i>, Paris, Jos&eacute; Corti, 1985.</span></span></span></span></p>