<p>Les observations et analyses pr&eacute;sent&eacute;es dans cet article doivent &ecirc;tre replac&eacute;es dans un parcours initi&eacute; depuis plusieurs ann&eacute;es. Une des auteures a d&eacute;couvert la biffe par l&#39;angle du militantisme. Apr&egrave;s une th&egrave;se consacr&eacute;e &agrave; l&rsquo;obsolescence et de nombreuses recherches sur le d&eacute;chet, elle se consacre aujourd&rsquo;hui au travail social. Ce parcours croise celui de la deuxi&egrave;me auteure qui, &agrave; l&#39;inverse, a rencontr&eacute; la biffe en &eacute;tant travailleuse sociale aupr&egrave;s d&#39;un groupe de r&eacute;cup&eacute;rateurs pendant cinq ans. Elle a &eacute;t&eacute; actrice de l&#39;ambivalence du travail social face &agrave; cette activit&eacute; dans un contexte d&#39;&eacute;volution du secteur par la mise en place de nouvelles formes de management bas&eacute;es sur la rentabilit&eacute;. La prise en compte des ressources des usagers se heurtait &agrave; un cadre institutionnel limitant de plus en plus les possibilit&eacute;s d&#39;adaptation aux individus. Elle questionne aujourd&rsquo;hui ce constat dans un doctorat en Sciences de l&#39;&Eacute;ducation. Nos observations et liens avec les biffins ont aussi trouv&eacute; une continuit&eacute; dans le collectif Rues Marchandes<a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title="">[1]</a>, de chercheurs et r&eacute;cup&eacute;rateurs en recherche.</p> <p>Nous proposons de partager, ici, un panorama de diff&eacute;rentes formes d&#39;institutionnalisation&nbsp;(Lourau, 1970)&nbsp;d&#39;une activit&eacute; &eacute;conomique, la biffe, ou activit&eacute; de r&eacute;cup&eacute;ration-revente de biens de seconde main sur la voie publique. Pour Lapassade,&nbsp;&quot;<em>L&#39;institution c&#39;est un&nbsp;syst&egrave;me de normes. Et c&#39;est&nbsp;aussi&nbsp;un syst&egrave;me de rapports sociaux institu&eacute;s par les normes, et les modifiant</em>&quot; (Lapassade, 1971, p. 187). On peut aussi la voir avec les yeux de Lourau, en n&eacute;gatif comme n&#39;&eacute;tant &quot;ni une &quot;chose&quot; (version sociologiste), ni un fantasme (version psychologiste) mais un processus : le mouvement des forces historiques faisant et d&eacute;faisant les formes. Ainsi, la biffe nous semble &eacute;voluer, se transformer en fonction d&#39;enjeux et de dispositifs qui la d&eacute;passent, dans un mouvement d&#39;institutionnalisations multiples.&nbsp;Si la r&eacute;pression et la d&eacute;valorisation des march&eacute;s de biffins &ndash; &quot;march&eacute;s de la mis&egrave;re&quot;, &quot;march&eacute; aux voleurs&quot;&nbsp;(Balan, 2016)&nbsp;&ndash; l&rsquo;ont tr&egrave;s t&ocirc;t disqualifi&eacute;e comme activit&eacute; &eacute;conomique, un plaidoyer s&#39;ins&egrave;re dans l&#39;actualit&eacute; et vise &agrave; souligner sa fonction sociale et &eacute;cologique. Nous &eacute;voquerons l&rsquo;histoire de ce d&eacute;bat en montrant comment il a engendr&eacute; trois approches de la biffe : la r&eacute;pression, l&#39;organisation en mouvement social et l&#39;assistancialisme. L&#39;analyse Institutionnelle permet de penser ces approches comme des processus&nbsp;&nbsp;Nous les pr&eacute;senterons successivement en tant qu&#39;analyseurs&nbsp;(Monceau, 2009)&nbsp;de tensions et questionnements sociaux. Au c&oelig;ur des in&eacute;galit&eacute;s de soci&eacute;t&eacute;, ces trois aspects sont syst&eacute;miques et interd&eacute;pendants.</p> <h2>&nbsp;</h2> <h2><span style="color:#8e44ad;"><strong>Une institutionnalisation </strong></span></h2> <h2><span style="color:#8e44ad;"><strong>par la r&eacute;pression </strong></span></h2> <p style="text-align: justify;">La pratique quotidienne de la biffe est, en &Icirc;le de France, fortement conditionn&eacute;e par sa r&eacute;pression. Cela se per&ccedil;oit tout d&#39;abord dans une approche historique de l&#39;activit&eacute;. Ses premi&egrave;res traces apparaissent dans des arr&ecirc;t&eacute;s d&#39;interdiction. Le premier arr&ecirc;t&eacute; retrouv&eacute; date de 1635 et concernait l&#39;interdiction de la vente&nbsp;d&rsquo;objets r&eacute;cup&eacute;r&eacute;s, hardes, d&eacute;froques et occasions. Les fripiers, revendeuses &agrave; la toilette ou marchandes ambulantes n&rsquo;ont cess&eacute; de faire l&rsquo;objet de toute sorte de soup&ccedil;ons et accusations (receleurs, voleurs, mouchards, arnaqueurs), tandis que les chiffonniers ont vu leur activit&eacute; strictement encadr&eacute;e au XIXe&nbsp;si&egrave;cle (Perrot, 1981&nbsp;; Barles, 2005). Alain Faure &eacute;crit ainsi que &laquo;<em> l&rsquo;histoire des chiffonniers est en partie celle de leur rapport avec la police.</em> &raquo; (1977, p. 2). C&#39;est aussi la r&eacute;pression de l&#39;activit&eacute; qui lui donne son visage actuel en &Icirc;le de France, notamment par la cr&eacute;ation d&#39;espaces d&eacute;limit&eacute;s pour la vente d&#39;articles d&#39;occasion et la cr&eacute;ation des march&eacute;s aux Puces. Les biffins en sont les inventeurs&nbsp;(Bedel, 1985). Ils &eacute;taient, au 19&egrave;me&nbsp;si&egrave;cle, largement pr&eacute;sents dans la Zone (Jacquier, Granier, 2018) qui entourait Paris. Ce terrain &agrave; vis&eacute;e militaire, non constructible, &eacute;tait occup&eacute; par des habitats auto-construits, logeant des personnes ayant peu de revenus et ne pouvant vivre dans Paris. Il y avait de nombreux r&eacute;cup&eacute;rateurs dans cet espace, qui y organis&egrave;rent les premiers march&eacute;s (Beauchez, Bouillon, Zeneidi, 2017). En 1919, une loi permet &agrave; la ville de Paris de r&eacute;cup&eacute;rer le territoire. Elle y construit et r&eacute;glemente l&#39;occupation. Dans un premier temps, la d&eacute;marche est d&#39;interdire l&#39;activit&eacute; de revente de produits d&#39;occasion. Face &agrave; la mobilisation des biffins, le choix est fait de d&eacute;limiter des espaces de vente d&eacute;di&eacute;s qui correspondent aux puces actuelles.&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">Aujourd&#39;hui, les march&eacute;s populaires, non autoris&eacute;s, continuent d&#39;exister aux abords des Puces, march&eacute;s et brocantes.&nbsp;Au d&eacute;but du XXIe&nbsp;si&egrave;cle, le contexte de crise &eacute;conomique a engendr&eacute; une forte augmentation de la population vendeuse aux abords des march&eacute;s aux puces (Clignancourt, Montreuil&hellip;) ou dans d&rsquo;autres espaces de vente non autoris&eacute;e (Belleville, Barb&egrave;s, La Chapelle&hellip;). Face aux conflits d&rsquo;usage de l&rsquo;espace public, les &eacute;lus de Saint-Ouen, du XVIIIe&nbsp;ou du XXe&nbsp;arrondissement choisirent d&rsquo;abord d&rsquo;envoyer la police sur les march&eacute;s, pour mettre des amendes aux biffins, gazer ou jeter leurs affaires &agrave; la benne, disperser la foule. La pr&eacute;sence de la police municipale ou de la garde mont&eacute;e fait partie du paysage de ces march&eacute;s et des mouvements de foule qui les animent r&eacute;guli&egrave;rement.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</p> <p style="text-align: justify;">Le statut juridique de la collecte est ambivalent et profite du statut ambigu des d&eacute;chets en tant qu&#39;objets abandonn&eacute;s : &laquo;&nbsp;Les objets abandonn&eacute;s&nbsp;(res derelictae)&nbsp;sont ceux dont le&nbsp;&nbsp;propri&eacute;taire a volontairement abdiqu&eacute; la propri&eacute;t&eacute;&nbsp;; celui qui les trouve peut les prendre&nbsp;; il se les approprie par voie d&rsquo;occupation. L&rsquo;ancien propri&eacute;taire ne peut exercer d&rsquo;action en revendication puisqu&rsquo;il a renonc&eacute; &agrave; sa propri&eacute;t&eacute;&nbsp;&raquo; (Malaurie, Aynes, 2010, p. 209). Des tentatives d&#39;interdiction de la collecte existent&nbsp;: par exemple, en 2011 le maire de Nogent sur Marne a tent&eacute; d&rsquo;interdire la r&eacute;cup&eacute;ration, par un arr&ecirc;t&eacute; annul&eacute; suite &agrave; un recours de la Ligue des Droits de l&#39;Homme (Dubois, 2011). Dans le domaine de la r&eacute;cup&eacute;ration, le technique remplace parfois le juridique, avec des cons&eacute;quences dramatiques&nbsp;: une fili&egrave;re officielle de recyclage des d&eacute;chets a con&ccedil;u une benne pour r&eacute;cup&eacute;rer les dons des particuliers, permettant de&nbsp;se pr&eacute;munir de &laquo;&nbsp;vols&nbsp;&raquo;<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title="">[2]</a>,&nbsp;dans laquelle on peut entrer, mais pas sortir. Suite &agrave; plusieurs d&eacute;c&egrave;s, ce syst&egrave;me est aujourd&#39;hui interdit. Le dernier d&eacute;c&egrave;s date de F&eacute;vrier 2019 (La Voix du Nord, 2019). N&eacute;anmoins, les outils juridiques de r&eacute;pression se concentrent principalement sur l&#39;activit&eacute; de revente. Ils ont &eacute;t&eacute; renforc&eacute;s en 2011 avec le vote de la loi LOPPSI (15 mars 2011) qui n&#39;est pas sp&eacute;cifique &agrave; l&#39;activit&eacute;, mais fait rentrer la vente de produits d&#39;occasion sans autorisation dans un nouveau statut&nbsp;: elle passe de l&#39;infraction au d&eacute;lit. Cette loi cr&eacute;&eacute;e le d&eacute;lit de &quot;vente &agrave; la sauvette&quot; puni de 6 mois de prison et 3750 euros d&#39;amende.</p> <p style="text-align: justify;">&nbsp;Face &agrave; cette gestion r&eacute;pressive, les vendeurs doivent donc &ecirc;tre mobiles. La marge et les interstices sont leurs espaces privil&eacute;gi&eacute;s. Discr&egrave;tement, les vendeurs cherchent des opportunit&eacute;s aupr&egrave;s des march&eacute;s. Les interstices territoriaux entre deux villes sont utilis&eacute;s pour &eacute;viter la police : aux portes de Paris, biffins et biffines oscillent d&#39;une ville et donc d&rsquo;une police &agrave; l&#39;autre, en fonction du contexte et de la r&eacute;activit&eacute; des pr&eacute;fectures locales. Ils conservent la pratique traditionnelle de la vente sur une b&acirc;che ou un drap pos&eacute; au sol, permettant d&#39;emporter rapidement les affaires en cas d&#39;intervention polici&egrave;re. La r&eacute;pression influe aussi sur les prix de vente. Les vendeurs &eacute;voquent la diff&eacute;rence de n&eacute;gociation entre les ventes faites sur les march&eacute;s autoris&eacute;s et celles faites sur les march&eacute;s non autoris&eacute;s&nbsp;: la vente doit y &ecirc;tre rapide, les objets sont souvent brad&eacute;s.&nbsp;</p> <p>Cette r&eacute;pression est structurante de l&#39;organisation populaire de l&#39;activit&eacute;. Elle alimente le processus de revendications de la part des acteurs, dans une dynamique de mouvement social. En effet, depuis le milieu des ann&eacute;es 2000, les biffin.es d&rsquo;&Icirc;le-de-France se sont mobilis&eacute;s pour d&eacute;fendre la l&eacute;gitimit&eacute; de leur activit&eacute;, exiger l&rsquo;am&eacute;lioration de leurs conditions de vie et de travail, d&eacute;noncer la r&eacute;pression polici&egrave;re.&nbsp;&nbsp;</p> <h2>&nbsp;</h2> <h2><span style="color:#8e44ad;"><strong>Organisation en mouvement social </strong></span></h2> <p>Cette forme d&#39;organisation se diff&eacute;rencie de la pratique quotidienne de la biffe par l&#39;organisation collective d&#39;une parole et la formalisation de revendications. Elle s&#39;inscrit dans une continuit&eacute; historique des luttes de biffins. Sur la p&eacute;riode contemporaine, on l&rsquo;observe d&rsquo;abord &agrave; la Porte Montmartre.</p> <p>Dans un contexte d&rsquo;augmentation de la population biffine dans la continuit&eacute; des puces de Clignancourt, les conflits d&rsquo;usage de l&rsquo;espace public se cristallis&egrave;rent autour de la biffe. Une partie des riverains de la porte Montmartre soutenait la logique r&eacute;pressive, se chargeant parfois d&rsquo;appeler la police. D&rsquo;autres se montr&egrave;rent solidaires des biffins&nbsp;et d&eacute;nonc&egrave;rent la r&eacute;pression. C&rsquo;est dans ce contexte que naquit, en 2006, l&rsquo;association &laquo;&nbsp;Sauve-qui-Peut&nbsp;&raquo; (SQP), compos&eacute;e de vendeurs de la porte Montmartre et de citoyens solidaires, qui organis&egrave;rent r&eacute;unions et manifestations, &eacute;crivirent des articles et des p&eacute;titions, rencontr&egrave;rent les &eacute;lus pour exiger la l&eacute;galisation de leur activit&eacute;. Ils et elles mirent en avant la pr&eacute;carit&eacute; de leur situation et le r&ocirc;le de la biffe dans le recyclage. Se pr&eacute;valant de leur filiation &agrave; l&rsquo;histoire locale et de leurs efforts pour s&rsquo;en sortir sans charit&eacute;, ils et elles choisirent de se nommer &laquo;&nbsp;biffins&nbsp;&raquo;. D&rsquo;autres activistes, solidaires, se regroup&egrave;rent dans le &laquo;&nbsp;Collectif de soutien aux biffins&nbsp;&raquo; pour relayer le combat et le message de SQP. Des journalistes, mais aussi des chercheurs et des politiques enqu&ecirc;t&egrave;rent sur la biffe, sur sa r&eacute;pression et sur les mouvements sociaux qu&rsquo;elle suscitait (Milliot, 2010, Duclos, 2014). &Agrave; partir de 2008, les &eacute;lus locaux consentirent &agrave; recevoir les repr&eacute;sentant.es de SQP.</p> <p>En 2009, ouvrit le &laquo;&nbsp;Carr&eacute; des biffins&nbsp;&raquo;. Il s&rsquo;agissait de rendre l&eacute;gales 100 places de vente sous le pont de la porte Montmartre, l&agrave; o&ugrave; des biffin.es vendaient depuis d&eacute;j&agrave; un si&egrave;cle.&nbsp;Ce nombre &eacute;tait insuffisant et le march&eacute; r&eacute;guli&egrave;rement d&eacute;bord&eacute; (Bazin, Rullac, 2012). Alors que des &laquo;&nbsp;biffins sans place&nbsp;&raquo; continuaient &agrave; vendre sans autorisation, et que l&rsquo;assistante sociale du Carr&eacute; d&eacute;missionnait dans les premi&egrave;res semaines d&rsquo;exercice, des activistes de SQP et du &laquo;&nbsp;Collectif de soutien aux biffins&nbsp;&raquo; restaient mobilis&eacute;s pour d&eacute;noncer l&rsquo;insuffisance des r&eacute;ponses municipales. En 2012, certains de ces activistes se regroup&egrave;rent pour former l&rsquo;association Amelior (Association des March&eacute;s Economiques Locaux Individuels et Organis&eacute;s de la R&eacute;cup&eacute;ration) et&nbsp;relayer ces revendications sur d&#39;autres lieux.</p> <p>Cette association organisa des march&eacute;s autog&eacute;r&eacute;s et de multiples manifestations demandant des places pour les biffins. Dans un premier temps, ces places furent trouv&eacute;es dans des squats, des &eacute;v&egrave;nements &eacute;ph&eacute;m&egrave;res, des vide-greniers. A partir de 2013, Amelior put cependant organiser un march&eacute; mensuel sous la halle Croix de Chavaux &agrave; Montreuil, ville historique de l&#39;activit&eacute;. &nbsp;Le march&eacute; &eacute;tait ouvert &agrave; tous et toutes sans condition administrative d&rsquo;acc&egrave;s, et pour un prix de 2 euros le premier m&egrave;tre. Il existe toujours, quoi que les prix de la place aient pu varier. L&rsquo;association a &eacute;tendu son activit&eacute;. Elle g&egrave;re un march&eacute; mensuel dans Paris, devant l&rsquo;ancien h&ocirc;pital Saint Vincent de Paul, devenu espace associatif. Ce march&eacute; s&rsquo;&eacute;tait tenu dans un premier temps &agrave; l&rsquo;int&eacute;rieur de l&rsquo;espace associatif, en collaboration Amelior-Aurore. Une ressourcerie a &eacute;t&eacute; cr&eacute;&eacute;e sur la ville de Montreuil en 2017. Un financement a &eacute;t&eacute; obtenu pour la cr&eacute;ation d&#39;un espace stable sur la ville de Bobigny, ouvert depuis Juillet 2020.</p> <p>Des alliances sont aussi pass&eacute;es entre biffins et monde de la recherche via le collectif Rues Marchandes qui est compos&eacute; de chercheurs, biffins et non biffins, acad&eacute;miques et non acad&eacute;miques. La d&eacute;marche est hybride avec pour but de proposer des espaces d&#39;exp&eacute;rimentation scientifique dans le cadre de la r&eacute;alisation de march&eacute;s, d&#39;ateliers de discussion ou d&#39;&eacute;criture et de la participation &agrave; la r&eacute;alisation de documentaires sur la biffe. Rues Marchandes cherche &agrave; relayer les revendications des r&eacute;cup&eacute;rateurs-revendeurs sur de nouveaux territoires.</p> <p>Les revendications de l&#39;association Sauve Qui Peut sont pass&eacute;es de la lutte pour le droit &agrave; une activit&eacute; dans des espaces de travail autog&eacute;r&eacute;s &agrave; une participation &agrave; la gestion du march&eacute; associatif de la Porte Montmartre. Pour l&#39;association Am&eacute;lior, les revendications concernent l&#39;augmentation des espaces de ventes autoris&eacute;s et autog&eacute;r&eacute;s, la reconnaissance de l&#39;activit&eacute; en tant que profession et le financement de la fonction sociale des acteurs en tant que professionnels de l&#39;&eacute;conomie circulaire, &agrave; impact positif sur la baisse de nos d&eacute;chets et donc sur l&#39;environnement. Dans cette dynamique collective, un rassemblement est organis&eacute; chaque ann&eacute;e &agrave; l&#39;occasion de la journ&eacute;e mondiale des r&eacute;cup&eacute;rateurs (1er&nbsp;mars). L&#39;association s&#39;ins&egrave;re dans des mouvements nationaux, par exemple contre la r&eacute;forme des retraites en d&eacute;cembre 2019, et dans une mobilisation des r&eacute;cup&eacute;rateurs &agrave; l&#39;&eacute;chelle internationale via le r&eacute;seau Global Alliance of Wastepickers<a href="#_ftn3" name="_ftnref3" title="">[3]</a>. La reconnaissance de ces luttes d&eacute;passe nos fronti&egrave;res et rep&egrave;res franciliens avec une invitation r&eacute;guli&egrave;re &agrave; participer aux Rencontres mondiales des mouvements populaires organis&eacute;es par le Vatican&nbsp;(Czerny, Foglizzo, 2015).</p> <p>La reconnaissance des collectifs est fragile. Si certains espaces ont &eacute;t&eacute; ouverts, ils ne correspondent pas au nombre de biffins sur le territoire. Nombre d&#39;entre eux restent &quot;sans place&quot; et les march&eacute;s &quot;&agrave; la sauvette&quot; continuent. Lorsque la r&eacute;pression le permet, &quot;la grande sauvette<a href="#_ftn4" name="_ftnref4" title="">[4]</a>&quot; r&eacute;appara&icirc;t. Elle ne dure qu&#39;un temps et est vite rattrap&eacute;e par le jeu du &quot;chat et de la souris&quot;, image&nbsp;&nbsp;r&eacute;guli&egrave;rement utilis&eacute;e pour d&eacute;signer la course entre vendeurs et policiers. Cette &quot;grande sauvette&quot; inscrit les revendications des biffins dans une r&eacute;alit&eacute; socialement refus&eacute;e et invisibilis&eacute;e.&nbsp;</p> <h2>&nbsp;</h2> <h2><span style="color:#8e44ad;"><strong>Approche par l&#39;assistance</strong>&nbsp; </span></h2> <p>Dans le panorama de la r&eacute;cup&eacute;ration en &Icirc;le de France, reste enfin l&rsquo;approche assistancielle. L&rsquo;&eacute;tudier nous donne l&rsquo;occasion de montrer les liens entre la biffe et l&#39;action sociale, et la r&eacute;interpr&eacute;tation de l&#39;activit&eacute; par des structures caritatives institutionnalis&eacute;es.&nbsp;</p> <p>Historiquement, une exp&eacute;rience importante en France est le r&ocirc;le fondateur de la r&eacute;cup&eacute;ration dans l&#39;association Emma&uuml;s&nbsp;(Brodier-Dolino, 2008).&nbsp;On oublie parfois que, parmi les premiers compagnons d&rsquo;Emma&uuml;s, beaucoup &eacute;taient chiffonniers. L&rsquo;id&eacute;e de biffer pour gagner l&rsquo;argent n&eacute;cessaire &agrave; construire des logements et faire vivre la premi&egrave;re communaut&eacute; de Neuilly Sur Marne aurait &eacute;t&eacute; gliss&eacute;e &agrave; l&#39;Abb&eacute; Pierre par un de ses amis chiffonniers, alors que l&rsquo;abb&eacute; venait de perdre son indemnit&eacute; parlementaire. Face aux conflits avec les r&eacute;cup&eacute;rateurs faisant les collectes dans la rue, les membres de l&#39;association auraient choisi de concentrer leur activit&eacute; sur la collecte dans les caves et greniers, ainsi que sur les d&eacute;charges de la banlieue de Paris. L&#39;activit&eacute; est encore centrale aujourd&#39;hui dans le fonctionnement des communaut&eacute;s Emma&uuml;s mais uniquement par le chinage et la revente. La collecte en d&eacute;charge et dans la rue a &eacute;t&eacute; abandonn&eacute;e. Aujourd&#39;hui, l&#39;association Emma&uuml;s n&#39;a plus de projets directement avec les biffins qui les voient parfois comme des concurrents&nbsp;: d&rsquo;abord sollicit&eacute;e pour g&eacute;rer le carr&eacute; des biffins de la porte Montmartre, Emma&uuml;s a refus&eacute; (Duclos, 2020). L&#39;int&eacute;gration de l&#39;activit&eacute; au processus de cette association est questionn&eacute;e par certains biffins qui donnent de l&#39;importance &agrave; la libert&eacute; et l&#39;ind&eacute;pendance que leur permet ce travail.</p> <p>On retrouve cette r&eacute;appropriation de la r&eacute;cup&eacute;ration-revente par le secteur de l&#39;action sociale dans le cadre de la mobilisation de 2006 aux abords de la porte Montmartre. Ce mouvement a men&eacute; &agrave; la cr&eacute;ation d&#39;un march&eacute; officiel, mais cette victoire est rest&eacute;e en demi-teinte. Elle a m&ecirc;me eu un go&ucirc;t d&#39;&eacute;chec pour certains biffins qui demandaient la cr&eacute;ation d&#39;un march&eacute; qu&#39;ils g&eacute;reraient par le biais de&nbsp;&nbsp;leur association Sauve Qui Peut. Cependant, la mairie du XVIII&egrave;me arrondissement se tourna vers les institutions du travail social. Apr&egrave;s avoir propos&eacute; &agrave; Emma&uuml;s, c&rsquo;est Aurore qu&rsquo;elle choisit en tant que gestionnaire du march&eacute;. Aurore y posa plusieurs conditions d&rsquo;acc&egrave;s&nbsp;: d&rsquo;abord de 100 places, aujourd&rsquo;hui de 250 places, ce dispositif est r&eacute;serv&eacute; en priorit&eacute; aux personnes entre 25 et 65 ans, disposant de faibles ressources, habitant Saint Ouen, le XVIIIe&nbsp;ou le XVIIe&nbsp;arrondissement, capables de justifier administrativement de ce statut et de se pr&eacute;senter chaque jour de march&eacute; suffisamment t&ocirc;t pour qu&rsquo;il reste des places, mais pas avant 8h. Posant de nouvelles r&egrave;gles, Aurore d&eacute;veloppe un mod&egrave;le d&rsquo;&nbsp;&laquo;&nbsp;insertion&nbsp;&raquo; : proposer aux vendeurs des parcours de sortie de la biffe, consid&eacute;rant cette activit&eacute; comme un mode<a name="_GoBack1"></a>&nbsp;de survie et non un m&eacute;tier d&eacute;sirable en soi. Ce paradoxe de la cr&eacute;ation d&#39;un espace de soutien &agrave; l&#39;activit&eacute; &eacute;conomique des biffins qui aurait pour objectif de la limiter est donc fondateur de ce march&eacute; et de ses difficult&eacute;s. Deux anciens professionnels du carr&eacute; ont &eacute;crit un livre expliquant les ambivalences de la cr&eacute;ation de ce dispositif (Grimaldi, Chouatra, 2014). Nous pouvons lire l&#39;ancien pr&eacute;sident d&rsquo;Aurore osciller entre autogestion et insertion dans la postface au livre &eacute;crit par une biffine de la porte Montmartre &ndash; un livre qui rend hommage &agrave; la capacit&eacute; des travailleurs sociaux du Carr&eacute; &agrave; inciter les biffins &agrave; sortir de la biffe (Dharmassena, ca. 2015, p. 79).</p> <p>Dans les exp&eacute;riences &agrave; perspective autogestionnaire, les liens entre biffe et travail social s&#39;officialisent difficilement. Dans le cas de l&#39;association Amelior, des travailleurs sociaux y ont fait des stages. Une &eacute;ducatrice se d&eacute;place r&eacute;guli&egrave;rement sur le march&eacute; de la Croix de Chavaux pour y r&eacute;aliser des accompagnements et observations. La demande d&#39;int&eacute;grer des postes de travailleurs sociaux a d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; formul&eacute;e mais ne s&#39;est pas concr&eacute;tis&eacute;e en raison du difficile acc&egrave;s aux subventions. Pourtant, la solidarit&eacute; s&rsquo;y organise, de fa&ccedil;on non professionnalis&eacute;e, avec ses inconv&eacute;nients (tensions interpersonnelles, ruptures d&rsquo;alliance brutales) et ses avantages (inconditionnalit&eacute;, r&eacute;activit&eacute;). Pendant les confinements de l&rsquo;ann&eacute;e 2020, et alors que tous les march&eacute;s &eacute;taient &agrave; l&rsquo;arr&ecirc;t, elle est la premi&egrave;re association &agrave; avoir organis&eacute; des distributions de nourriture, eau, masques, gels aupr&egrave;s des biffin.es priv&eacute;.es de travail et des habitants des bidonvilles.&nbsp;</p> <p>Le collectif Rues Marchandes n&#39;a, quand &agrave; lui, men&eacute; aucun projet d&#39;accompagnement social officiel. Pourtant, quelques chercheurs du collectif sont issus de ce secteur professionnel. Ils utilisent cet espace comme un outil pour penser et renouveler leurs pratiques. Certains le voient comme une opportunit&eacute; pour imaginer, valoriser un travail social qui ne se pratique plus &agrave; partir de la notion de pr&eacute;carit&eacute;, r&eacute;serv&eacute; aux &quot;personnes en difficult&eacute;s&quot;, mais bien &agrave; partir des espaces qui nous permettent de faire soci&eacute;t&eacute;.</p> <p>Les dynamiques de ces exp&eacute;riences sont diff&eacute;rentes. Elles montrent la difficile prise en compte des sp&eacute;cificit&eacute;s de l&#39;organisation populaire de la biffe par le secteur de l&#39;action sociale institutionnalis&eacute;e. La focalisation sur une pr&eacute;carit&eacute; des biffins, leur pauvret&eacute; &eacute;conomique est pourtant un levier qui am&egrave;ne une &eacute;coute de la soci&eacute;t&eacute;. Elle a men&eacute; &agrave; la cr&eacute;ation du march&eacute; autoris&eacute; de la Porte Montmartre (Grimaldi, Chouatra, 2014&nbsp;; Duclos, 2020). Cette observation se confirme dans le cadre des n&eacute;gociations du collectif Rues Marchandes avec certaines mairies, pour des espaces d&#39;exp&eacute;rimentation. Si la d&eacute;marche commerciale est un &eacute;l&eacute;ment qui bloque les &eacute;changes, la mise en avant des difficult&eacute;s &eacute;conomiques d&#39;une majorit&eacute; des biffins soutient le dialogue tout en recadrant leurs demandes dans une logique assistancielle disqualifiante(Paugam, 1991). C&#39;est ce statut que les biffins ont parfois refus&eacute; dans la proposition du Carr&eacute; des Biffins de la porte Montmartre. Les exp&eacute;riences autogestionnaires montrent une tendance &agrave; la red&eacute;finition de ce statut et du travail social par la solidarit&eacute;. La n&eacute;cessit&eacute; d&#39;une place de march&eacute; y prend sens aussi en tant que place dans la soci&eacute;t&eacute;.&nbsp;</p> <p>C&#39;est d&#39;ailleurs ce que nous montre la solidarit&eacute; informelle et non institutionnalis&eacute;e que permet le march&eacute;. Les biffins parlent souvent de leur &laquo;&nbsp;famille&nbsp;&raquo; pour d&eacute;signer le march&eacute; (Duclos, 2020). La solidarit&eacute; y est souvent &eacute;voqu&eacute;e et pratiqu&eacute;e. Sa r&eacute;interpr&eacute;tation par l&#39;action sociale s&rsquo;en fait souvent l&rsquo;&eacute;cho, cependant, elle peine &agrave; s&#39;y ins&eacute;rer.</p> <p>&nbsp;</p> <h2><span style="color:#8e44ad;">Pour conclure</span></h2> <p>Ce parcours nous fait traverser la g&eacute;ographie et l&rsquo;histoire de la biffe en &Icirc;le de France. Il montre son ancrage historique et populaire. Cette activit&eacute; n&#39;est pas uniquement la cons&eacute;quence d&#39;une crise &eacute;conomique accentu&eacute;e. Elle s&#39;inscrit dans une tradition et existe en tant que ressource pour une partie de la soci&eacute;t&eacute;, populaire, depuis le Moyen-Age (Bedel, 1985). Elle a r&eacute;guli&egrave;rement &eacute;t&eacute; r&eacute;prim&eacute;e. La mobilisation, l&#39;autogestion des march&eacute;s sont tent&eacute;es pour d&eacute;fier et contourner la r&eacute;pression. Ce panorama dresse des visages des r&eacute;appropriations de l&#39;activit&eacute;, pourtant, c&rsquo;est aujourd&rsquo;hui encore sa pratique spontan&eacute;e, multiforme, parfois invisible, parfois essentielle, toujours quotidiennement &eacute;reintante, qui domine.&nbsp;</p> <p>Les biffins disent souvent qu&#39;ils sont plus nombreux que ce que l&#39;on croit. Que beaucoup le sont sans le savoir. Quand l&#39;identit&eacute; li&eacute;e &agrave; ce m&eacute;tier se construit, c&#39;est en r&eacute;action &agrave; l&#39;ensemble des tensions pr&eacute;sent&eacute;es. D&eacute;linquants, disqualifi&eacute;s, h&eacute;ros &eacute;cologiques... Au c&oelig;ur de la diversit&eacute; et des in&eacute;galit&eacute;s de notre soci&eacute;t&eacute;, ils sont sans cesse repens&eacute;s. Ils sont devenus un objet de questionnement, de recherches et de savoirs. Des th&egrave;ses, des &eacute;tudes, des livres ont &eacute;t&eacute; &eacute;crits sur la Porte Montmartre, par des chercheur.ses, une biffine ou des travailleur.ses d&rsquo;Aurore (Milliot, 2010 ; Bazin et Rullac, 2012&nbsp;; Grimaldi et Chouatra, 2014&nbsp;; Dharmassena, ca. 2015&nbsp;; Duclos, 2020). Des articles, un film, un rapport ont &eacute;t&eacute; &eacute;crits sur le march&eacute; d&rsquo;Amelior &agrave; Croix de Chavaux (Doumic et Zelez, 2015&nbsp;; Guien et Ramirez, 2017 ; Havard dit Duclos, 2018). Certaines recherches croisent diff&eacute;rents lieux, formels et informels (Rues Marchandes,&nbsp;2016&nbsp;; Balan, 2016&nbsp;; Wilmort, 2019). Un nouveau film est en cours d&rsquo;&eacute;criture sur la biffe et son r&ocirc;le dans la lutte contre la r&eacute;duction des d&eacute;chets (Scarbonchi, &agrave; para&icirc;tre). Le sujet continue de mobiliser.&nbsp;</p> <p>Pens&eacute;s, repens&eacute;s, le plus souvent repouss&eacute;s, les biffins semblent pris dans les rouages d&#39;un syst&egrave;me qui tour &agrave; tour les criminalise ou les disqualifie. Confront&eacute;s &agrave; ses enjeux &eacute;conomiques,&nbsp;&nbsp;urbanistiques et sociaux, l&#39;organisation en mouvement social parait une alternative pour parler en leur nom au c&oelig;ur de ces d&eacute;bats, parfois y instaurer un dialogue avec la soci&eacute;t&eacute;. La fonction &eacute;cologique du recyclage peut y &ecirc;tre valoris&eacute;e. Pourtant, la dynamique populaire de l&#39;activit&eacute;, son quotidien se soustrait souvent aux imp&eacute;ratifs de ces luttes. C&#39;est la n&eacute;cessit&eacute; de travailler qui semble aussi les guider dans ce d&eacute;dale d&#39;enjeux sociaux. Nos observations m&egrave;nent &agrave; questionner une des strat&eacute;gies&nbsp;&nbsp;des acteurs : l&#39;invisibilit&eacute;. Elle est bien s&ucirc;r conditionn&eacute;e mais elle est devenue un rep&egrave;re pour la r&eacute;alisation de l&#39;activit&eacute;.</p> <p>&nbsp;</p> <h3><em>Bibliographie</em></h3> <p>Balan, H. 2016,&nbsp;Red&eacute;finir la place de l&rsquo;informel &agrave; Paris : la controverse sur les biffins et les &laquo; march&eacute;s de la mis&egrave;re &raquo;, PhD thesis directed by Raymonde Sechet - Rennes 2.</p> <p>Barles, S. 2005.&nbsp;L&#39;invention des d&eacute;chets urbains : France 1790-1970.&nbsp;Seyssel, Champ Vallon.</p> <p>Bazin, H., Rullac, S. 2012. &Eacute;tude&nbsp;qualitative portant sur les conditions de vie des biffins en Ile-de-France&nbsp;(lot n&deg;2). (March&eacute; n&deg;1100292).</p> <p>Beauchez, J., Bouillon, F. Zeneidi, D. 2017.&nbsp;Zone : l&rsquo;espace d&rsquo;une vie en marge, Espaces et soci&eacute;t&eacute;s, vol. 171, no. 4, pp. 7-18.</p> <p>Bedel, J. 1985.&nbsp;Les puces ont cent ans&nbsp;: histoire des chiffonniers brocanteurs et autres chineurs du Moyen-Age &agrave; nos jours,&nbsp;Cany, Gabel.</p> <p>Brodiez-Dolino, A. 2008.&nbsp;Emma&uuml;s et l&#39;abb&eacute; Pierre.&nbsp;Paris, les Presses de Sciences po.</p> <p>C<a name="apa_FR11"></a>zerny, M. &amp; Foglizzo, P. 2015. &laquo;&nbsp;La rencontre mondiale des mouvements populaires au Vatican&nbsp;&raquo;.&nbsp;&Eacute;tudes, 6(6), 67-79.&nbsp;<a href="https://doi.org/10.3917/etu.4217.0067">https://doi.org/10.3917/etu.4217.0067</a></p> <p>Dharmassena, S. ca. 2015.&nbsp;The Bridge (le pont), &eacute;dit&eacute; par l&rsquo;association Aurore Carr&eacute; des biffins.</p> <p>Doumic et Zelez,&nbsp;Les tribus de la r&eacute;cup, THM Productions, 2015</p> <p>Dubois, C. 2011. Nogent prend un arr&ecirc;t&eacute; anti-glanage dans les poubelles, Citoyens 94, https://94.citoyens.com/2011/nogent-prend-un-arrete-contre-le-glanage-dans-les-poubelles,05-10-2011.html</p> <p>Duclos, M. 2014.&nbsp;De la lutte pour vivre au combat politique : sur les traces des origines de la lutte des biffins. Lien social et Politiques, (71), 89&ndash;102. https://doi.org/10.7202/1024740ar</p> <p>Duclos, M. 2020.&nbsp;Les braconniers des poubelles. A la rencontre des biffins de Paris, &eacute;d. Syllepse, Paris.</p> <p>Grimaldi, Y. Chouatra,&nbsp;P. 2014.&nbsp;De seconde main : vendeurs de rue et travailleurs sociaux face &agrave; face dans la crise<a name="publication2"></a>, Paris, l&#39;Harmattan.</p> <p>Guien, J. Ramirez, V. 2017, &laquo;&nbsp;Travailler &agrave; consommer&nbsp;&raquo;,&nbsp;Terrains&amp;travaux&nbsp;n&deg;31, pp. 45-62.</p> <p>Havard dit Duclos, E. 2018,&nbsp;&Eacute;tude qualitative du march&eacute; des biffin.es de la Croix de Chavaux &ndash; Montreuil, &eacute;tude Amelior-Syctom.</p> <p>Jacquier M. et J., Granier A.,&nbsp;La Zone, Galerie Lumi&egrave;re des Roses, Montreuil, 2018.</p> <p>Lourau, R. 1970.&nbsp;L&#39;analyse institutionnelle, Paris, Les &Eacute;ditions de Minuit.</p> <p>Malaurie P. Aynes L. 2010.&nbsp;Les biens.&nbsp;Paris, Defr&eacute;nois/Lextenso &eacute;ditions.</p> <p>Monceau, G. 2009.&nbsp;Socio-clinique institutionnelle et &eacute;ducation. Parcours, th&eacute;orisations et m&eacute;thodologie, Note de synth&egrave;se en vue de l&#39;habilitation &agrave; diriger les recherches en sciences de l&#39;&eacute;ducation (70e&nbsp;section du CNU), Universit&eacute; Paris 8 Vincennes Saint Denis.</p> <p>Milliot, V. 2010, &laquo;&nbsp;La ville informelle ou le travail des marges&nbsp;&raquo;, in. Virginie Milliot et Yann-Philippe Tastevin, 2010,&nbsp;Les archipels de la Goutte d&rsquo;Or. Analyse anthropologique d&rsquo;une &laquo;&nbsp;m&eacute;tropolisation par le bas&nbsp;&raquo;, rapport final du programme de recherche &laquo;&nbsp;Culture et territoires en &Icirc;le-de-France&nbsp;&raquo;, pp. 7-89.</p> <p>Paugam, S. 1991.&nbsp;La disqualification sociale, Essai sur la nouvelle pauvret&eacute;, Paris, PUF, coll.</p> <p>Quadrige.</p> <p>Perrot P.,&nbsp;Les dessus et les dessous de la bourgeoisie.&nbsp;Une histoire du v&ecirc;tement au XIXe si&egrave;cle, &eacute;d. Fayard, Paris 1981.</p> <p>Rues Marchandes, 2016.&nbsp;Les biffins r&eacute;cup&eacute;rateurs vendeurs, guide indig&egrave;ne de la ville&nbsp;[En ligne].&nbsp;<a href="http://recherche-action.fr/ruesmarchandes/download/etude_sur_les_biffins_en_ile_de_france/Guide-biffins-edition-A4.pdf">http://recherche-action.fr/ruesmarchandes/download/etude_sur_les_biffins_en_ile_de_france/Guide-biffins-edition-A4.pdf</a></p> <p>La Voix du Nord, 2019, Apr&egrave;s la mort d&rsquo;une femme Pourquoi les conteneurs &agrave; v&ecirc;tements peuvent tuer ?&nbsp;<a href="https://www.lavoixdunord.fr/539495/article/2019-02-18/pourquoi-les-dispositifs-anti-intrusions-dans-les-conteneurs-vetements-peuvent">https://www.lavoixdunord.fr/539495/article/2019-02-18/pourquoi-les-dispositifs-anti-intrusions-dans-les-conteneurs-vetements-peuvent</a></p> <p>Wilmort, A. (non publi&eacute;)&nbsp;Roms et D&eacute;chets : Les Valeurs de la Marge, m&eacute;moire de Master 2 sp&eacute;cialit&eacute; : Environnement, D&eacute;veloppement, Territoires et Soci&eacute;t&eacute;s, MNHN 2019.</p> <div> <p>&nbsp;</p> <hr size="1" /> <div id="ftn1"> <p><a href="applewebdata://5B2B3377-0227-4811-AA0B-6C9C1682C9A0#_ftnref1" name="_ftn1" title="">[1]</a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;http://recherche-action.fr/ruesmarchandes/</p> </div> <div id="ftn2"> <p><a href="applewebdata://5B2B3377-0227-4811-AA0B-6C9C1682C9A0#_ftnref2" name="_ftn2" title="">[2]</a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Expression utilis&eacute;e par un repr&eacute;sentant d&#39;une fili&egrave;re officielle de r&eacute;cup&eacute;ration de textiles en r&eacute;union &agrave; l&#39;Ordif (Observatoire R&eacute;gional des D&eacute;chets d&rsquo;&Icirc;le de France) pour qualifier la r&eacute;cup&eacute;ration dans les bennes de l&#39;entreprise.</p> </div> <div id="ftn3"> <p><a href="applewebdata://5B2B3377-0227-4811-AA0B-6C9C1682C9A0#_ftnref3" name="_ftn3" title="">[3]</a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;https://globalrec.org/fr/</p> </div> <div id="ftn4"> <p><a href="applewebdata://5B2B3377-0227-4811-AA0B-6C9C1682C9A0#_ftnref4" name="_ftn4" title="">[4]</a>&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;Expression utilis&eacute;e par un r&eacute;cup&eacute;rateur d&rsquo;&icirc;le de France pour qualifier des march&eacute;s de grande ampleur allant parfois jusqu&#39;&agrave; 100 participants aux abords des puces.&nbsp;</p> </div> </div>