<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:">Le deuxi&egrave;me volet du 6&egrave;me&nbsp;dernier rapport du Giec (Groupe d&#39;experts intergouvernemental sur l&#39;&eacute;volution du climat) rappelle l&rsquo;urgence &agrave; agir pour att&eacute;nuer les changements climatiques et souligne les in&eacute;galit&eacute;s d&rsquo;effets de ces changements sur les populations (IPCC, 2022&nbsp;:11). Les populations et les personnes les plus vuln&eacute;rables sont les plus impact&eacute;es. La question de la biodiversit&eacute; n&rsquo;est pas plus rassurante, comme le souligne Bruno David dans son ouvrage&nbsp;: <i>&Agrave; l&rsquo;aube de la 6<sup>e</sup> extinction&nbsp;</i>: <i>comment habiter la terre&nbsp;?</i> (David, 2021).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:">Ces in&eacute;galit&eacute;s climatiques viennent s&rsquo;ajouter &agrave; l&rsquo;ensemble des in&eacute;galit&eacute;s structurelles (de territoire, de genre, de revenu, d&rsquo;origine..) contre lesquelles les travailleurs sociaux luttent pour remplir leur mission&nbsp;; celle-ci d&eacute;finit par l&rsquo;Association europ&eacute;enne des &eacute;coles de travail social (European Association of School of Social Work-EASSW-) : &laquo;&nbsp;Par solidarit&eacute; avec les personnes d&eacute;savantag&eacute;es, la profession s&rsquo;efforce de soulager la pauvret&eacute;, de lib&eacute;rer les personnes vuln&eacute;rables et opprim&eacute;es, et de promouvoir l&rsquo;inclusion sociale et la coh&eacute;sion sociale &raquo; (IASSW, 2017&nbsp;: 1).</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:">Diff&eacute;rentes approches s&rsquo;int&eacute;ressent aux relations entre questions sociales et &eacute;cologiques&nbsp;; autour du travail social vert (Dominelli, 2018)&nbsp;; de la question des injustices climatiques, des in&eacute;galit&eacute;s &eacute;cologiques et de la justice environnementale (Emelianoff, 2008&nbsp;; Keucheyan, 2018)&nbsp;; nous consid&eacute;rons avec ces sp&eacute;cialistes que l&rsquo;int&eacute;gration des questions &eacute;cologiques et climatiques au travail social est essentielle. Cet article ne r&eacute;pond pas directement &agrave; la question &eacute;voqu&eacute;e par le titre de ce num&eacute;ro&nbsp;: &laquo;&nbsp;pourquoi et en quoi le travail social est concern&eacute; par le changement climatique&nbsp;&raquo;. Nous ne sommes pas experts du champ et renvoyons pour cela vers les auteurs pr&eacute;c&eacute;demment cit&eacute;s ainsi que vers les autres articles de ce num&eacute;ro.&nbsp;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:">&Agrave; partir d&rsquo;une trajectoire biographique ayant rencontr&eacute; ces th&eacute;matiques, ce que nous venons interroger, c&rsquo;est la difficult&eacute; qu&rsquo;ont ces deux th&eacute;matiques &agrave; se rencontrer. Pourquoi le travail social ne s&rsquo;int&eacute;resse-t-il pas au changement climatique (et plus largement &agrave; l&rsquo;&eacute;cologie)&nbsp;? Pourquoi et en quoi &laquo;&nbsp;le mariage&nbsp;&raquo; est-il si difficile entre les questions &eacute;cologiques et sociales&nbsp;? &nbsp;</span></span></span></span><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:">&Agrave; ce sujet, nous ne r&eacute;pondons pas de mani&egrave;re exhaustive, nous proposons une expertise d&rsquo;exp&eacute;rience (<span style="background:white"><span style="color:#323232">Boevink, 2012) </span></span>&agrave; partir d&rsquo;un r&eacute;cit de vie, au croisement de l&rsquo;&eacute;cologie et du travail social. Nous pr&eacute;senterons notre d&eacute;marche de recherche, puis un itin&eacute;raire autobiographique dans ses croisements avec la n&eacute;buleuse &eacute;cologiste (au travers du n&eacute;oruralisme) et avec le travail social. Nous essaierons ensuite de voir en quoi la d&eacute;marche pr&eacute;sent&eacute;e peut contribuer &agrave; une meilleure interaction entre &eacute;cologie et travail social. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:">Tout au long de l&rsquo;article, nous utilisons la notion de classe, nous avons conscience qu&rsquo;il n&rsquo;est pas ais&eacute; de d&eacute;finir le contour de classes sociales en France, en 2022, et ne souhaitons pas en faire &laquo;un principe cosmologique d&rsquo;explication du monde social&nbsp;&raquo; (<font color="#000000">Hugr&eacute;e &amp;</font></span><span calibri="" style="font-family:">&nbsp;P&eacute;nissat, 2022&nbsp;: 2) &nbsp;</span><span calibri="" style="font-family:">; non suffisante pour d&eacute;finir et d&eacute;crire les rapports de dominations &laquo;&nbsp;la notion continue de rendre visibles le maintien et le renouvellement des distances sociales entre les classes sociales du point de vue des ressources &eacute;conomiques et culturelles&nbsp;&raquo;&nbsp;(Hugr&eacute;e </span><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">&amp;</span></span></span><span calibri="" style="font-family:"> P&eacute;nissat, 2022&nbsp;: 11). Nous consid&eacute;rons celle-ci comme &eacute;clairante pour penser les relations entre le travail social et les publics qu&rsquo;il accompagne. </span>&nbsp;&nbsp;&nbsp;</span></span></span></p> <h1 style="text-align: justify; margin-bottom: 11px;"><span style="font-size:16px;"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span calibri="">D&eacute;marche de recherche</span></b></span></span></span></h1> <p style="margin-bottom: 11px; text-align: justify;"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Nous pouvons souligner, avec Pascale Garrigue, que les m&eacute;tiers du social passent par &laquo;&nbsp;l&rsquo;&eacute;prouver&nbsp;&raquo; (2017). Avec cette notion d&rsquo;&eacute;prouver, nous convoquons le sujet, celui qui &eacute;prouve et qui conna&icirc;t par l&rsquo;exp&eacute;rience. D&rsquo;autres approches utilisent aussi l&rsquo;exp&eacute;rience, avec une vis&eacute;e de connaissance et de transformation du monde social&nbsp;; parmi elles, certaines utilisent le &laquo;&nbsp;parler de soi&nbsp;&raquo; pour comprendre les ph&eacute;nom&egrave;nes sociaux. Comme l&rsquo;&eacute;crit Jean-Louis Legrand&nbsp;: &laquo;&nbsp;Dans le fait de conna&icirc;tre une culture de &lsquo;&rsquo;l&rsquo;Int&eacute;rieur&#39;&rsquo;, il y a l&agrave; une ressource tout &agrave; fait exceptionnelle pour une entreprise cognitive&nbsp;&raquo;&nbsp;(Le Grand, 1988, p. 166).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">De nombreuses d&eacute;marches prennent en compte la subjectivit&eacute; et l&rsquo;exp&eacute;rience du chercheur. Nous pouvons notamment citer : Le regard situant de Gilles S&eacute;raphin, les travaux d&rsquo;Edgar Morin sur la complexit&eacute;, l&rsquo;analyse institutionnelle, la sociologie ph&eacute;nom&eacute;nologique de la connaissance (Sch&uuml;tz), l&rsquo;ethnom&eacute;thodologie (Garfinkel), la d&eacute;marche de praticien-chercheur (Kohn), l&rsquo;ego-histoire (Nora), l&rsquo;histoire de vie (Pineau, Le Grand) et, plus r&eacute;cemment, l&rsquo;auto-ethnographie (Reed-Danahay, Dub&eacute;). Dans ces courants de recherche, nous utilisons couramment le&nbsp;&laquo;&nbsp;je&nbsp;&raquo; pour signifier la prise en compte de&nbsp;la subjectivit&eacute; du chercheur&nbsp;; c&rsquo;est ce que je ferai dans cet article.&nbsp;</span></span></span></span></span><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Il y a toujours dans les milieux universitaires une r&eacute;serve vis-&agrave;-vis du r&eacute;cit de soi. La d&eacute;marche a encore ses d&eacute;tracteurs, dans la lign&eacute;e de <i>L&rsquo;Illusion biographique</i>&nbsp;de Bourdieu. Cela contribue sans doute au fait que les enqu&ecirc;tes autobiographiques sont plus souvent r&eacute;alis&eacute;es par des chercheurs confirm&eacute;s, &agrave; l&rsquo;instar de Didier Eribon, Rose Marie-Lagrave ou Bourdieu lui-m&ecirc;me &mdash; mais n&rsquo;avait-il pas introduit son <i>Auto-analyse</i> par la formule&nbsp;&laquo;&nbsp;ceci n&rsquo;est pas une autobiographie&nbsp;&raquo;&nbsp;? &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">C&rsquo;est donc une prise de risque, pour le doctorant que je suis, &agrave; l&rsquo;entr&eacute;e d&rsquo;une recherche universitaire, de choisir d&rsquo;explorer les relations entre travail social et &eacute;cologie &agrave; partir d&rsquo;un mat&eacute;riel autobiographique.&nbsp;Mon analyse s&rsquo;appuie sur un v&eacute;cu &laquo;&nbsp;de l&rsquo;int&eacute;rieur&nbsp;&raquo; &agrave; plusieurs niveaux&nbsp;: en tant qu&rsquo;enfant de n&eacute;oruraux ayant grandi au sein de ce cosmos particulier, avec ses valeurs et ses id&eacute;ologies&nbsp;; en tant qu&rsquo;&eacute;ducateur sp&eacute;cialis&eacute;&nbsp;; en tant que chercheur familiaris&eacute; avec des m&eacute;thodes de recherche qui permettent une certaine r&eacute;flexivit&eacute; sur ce v&eacute;cu. &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">La d&eacute;marche choisie ici s&rsquo;inspire de l&rsquo;automa&iuml;eutique implicationnelle. Ce concept a &eacute;t&eacute; forg&eacute; par Jean-Louis Le Grand, dans le cadre de sa th&egrave;se&nbsp;: <i><span style="background:white">&Eacute;tude d&#39;une exp&eacute;rience communautaire &agrave; orientation th&eacute;rapeutique : histoire de vie de groupe, </span></i>ouvrage pionnier dans le champ de l&rsquo;histoire de vie en 1988. Il d&eacute;finit cette approche comme&nbsp;une&nbsp;&laquo;&nbsp;D&eacute;marche d&#39;accouchement de soi et l&#39;&eacute;criture correspondante, explorant diverses implications personnelles dans une vis&eacute;e d&#39;&eacute;lucidation heuristique.&nbsp;&raquo;&nbsp;(Le Grand, p.132) La vis&eacute;e heuristique exprime l&rsquo;intention de contribuer &agrave; la connaissance. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Cette d&eacute;marche m&rsquo;a permis de faire quelques &laquo;&nbsp;d&eacute;couvertes&nbsp;&raquo;. En &eacute;tudiant mon curriculum vitae, un lecteur verra une trajectoire &eacute;tonnante, d&rsquo;abord des emplois d&rsquo;ouvrier agricole, puis d&rsquo;ouvrier en b&acirc;timent, ensuite des exp&eacute;riences en travail social puis une entr&eacute;e dans la recherche. Ce parcours pourrait faire l&rsquo;objet d&rsquo;une narration &laquo;&nbsp;h&eacute;ro&iuml;que&nbsp;&raquo; de reclassement social&nbsp;; les outils des sciences humaines me permettent de relativiser ce m&eacute;rite individuel (<i>discours du self made man</i>). Celui-ci est loin d&rsquo;&ecirc;tre le seul facteur ayant permis ce reclassement (&agrave; ce sujet, voir les travaux de Jaquet (2014) et Fl&eacute;cher (2019)). Bien qu&rsquo;ayant adopt&eacute; un mode vie non conforme aux habitus bourgeois de leurs familles, mes parents m&rsquo;ont transmis un certain nombre de capitaux qui ont permis une trajectoire de reclassement malgr&eacute; un d&eacute;but de vie professionnelle en bas de la hi&eacute;rarchie des dipl&ocirc;mes et salaires. Si l&rsquo;on ajoute &agrave; cela, dans une perspective intersectionnelle, les crit&egrave;res de race et de genre, on comprendra que le &laquo;&nbsp;m&eacute;rite&nbsp;&raquo; de ce parcours de reclassement acc&eacute;l&eacute;r&eacute; est relatif. Ce qui n&#39;enl&egrave;ve rien aux difficult&eacute;s rencontr&eacute;es au cours du chemin.&nbsp;</span></span></span></span></span></p> <h2 style="text-align: justify; margin-bottom: 11px;"><strong><span style="font-size:14px;"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><u><span calibri=""><span style="color:black">Une famille n&eacute;orurale des ann&eacute;es 80</span></span></u></span></span></span></strong></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Je suis n&eacute; dans une famille de n&eacute;oruraux. Plus pr&eacute;cis&eacute;ment, je peux situer mes parents au sein de la 4<sup>e</sup> vague n&eacute;orurale identifi&eacute;e par Catherine Rouvi&egrave;re&nbsp;: &laquo;&nbsp;De 1975 &agrave; 1985 se dessine une deuxi&egrave;me &eacute;tape caract&eacute;ris&eacute;e par la primaut&eacute; accord&eacute;e &agrave; l&rsquo;installation p&eacute;renne, dans un cadre agr&eacute;able, gr&acirc;ce &agrave; une activit&eacute; choisie permettant de vivre d&eacute;cemment, y compris en s&rsquo;int&eacute;grant dans la soci&eacute;t&eacute; locale&nbsp;&raquo;&nbsp;(Rouvi&egrave;re, 2014, p.35).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Mon p&egrave;re n&eacute; en 1954, ma m&egrave;re en 1955, ils font partie de la g&eacute;n&eacute;ration des baby-boomers. Ils sont tous les deux originaires de milieux bourgeois et, du c&ocirc;t&eacute; de mon grand-p&egrave;re maternel, d&rsquo;une aristocratie d&eacute;class&eacute;e. Ils avaient 14-15 ans en mai 68, mouvement qu&rsquo;ils ont suivi avec admiration, mais de loin, car trop jeunes pour y participer. Mon p&egrave;re a grandi &agrave; Neuilly sur Seine puis dans le 17<sup>e</sup> arrondissement de Paris&nbsp;; il a fait des &eacute;tudes d&rsquo;ing&eacute;nieur &agrave; l&#39;&Eacute;cole nationale des Ponts et chauss&eacute;es puis int&eacute;gr&eacute; une &eacute;cole d&rsquo;architecte &agrave; Paris. Ma m&egrave;re a grandi &agrave; Caen&nbsp;; elle a suivi un cursus &agrave; l&rsquo;&Eacute;cole nationale sup&eacute;rieure des Beaux-Arts de Paris et une formation d&rsquo;&eacute;b&eacute;niste &agrave; l&rsquo;&Eacute;cole Boulle puis &agrave; l&rsquo;AFPA. Elle a ensuite exerc&eacute; quelques ann&eacute;es &agrave; son compte puis a cess&eacute; son activit&eacute;, notamment pour travailler au sein de l&rsquo;espace domestique (jardin, travaux de r&eacute;novation, &eacute;ducation des enfants). Mon p&egrave;re a longtemps travaill&eacute; comme architecte-conseil dans un Caue (conseil d&#39;architecture, d&#39;urbanisme et de l&#39;environnement) puis il s&rsquo;est mis &agrave; son compte vers les ann&eacute;es 2000 tout en gardant une activit&eacute; partielle au Caue jusqu&rsquo;&agrave; la retraite. Aujourd&rsquo;hui, il continue d&rsquo;exercer en tant qu&rsquo;architecte lib&eacute;ral dans le domaine de l&rsquo;&eacute;coconstruction dont il est un des pr&eacute;curseurs.&nbsp;&nbsp; &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Mes parents se sont rencontr&eacute;s &agrave; Paris, durant leurs &eacute;tudes &agrave; la fin des ann&eacute;es 70. Nous comprenons qu&rsquo;&agrave; cette &eacute;poque, &eacute;tudiant &agrave; Paris dans le champ des beaux-arts, ils aient &eacute;t&eacute; marqu&eacute;s par les suites des &eacute;v&eacute;nements de mai 68 et par le mouvement de la contre-culture. Ils ont v&eacute;cu &agrave; Saint-Denis, en Seine-Saint-Denis, quelques ann&eacute;es avant de s&rsquo;installer dans l&rsquo;Orne dans une petite commune rurale de 75 habitants, au d&eacute;but des ann&eacute;es 80. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Mes parents sont donc originaires des classes sociales dominantes, milieu d&rsquo;origine qu&rsquo;ils ont rejet&eacute; en s&rsquo;inscrivant dans le mouvement de la contre-culture des ann&eacute;es 70, en s&rsquo;installant dans une zone rurale, et en adoptant le mode de vie et les valeurs de la mouvance &eacute;cologiste. J&rsquo;ai tardivement pris conscience de cette trajectoire sociale et de cette culture sp&eacute;cifique n&eacute;orurale, nettement s&eacute;par&eacute;e de la culture &laquo;&nbsp;autochtone&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Parmi mes oncles et tantes, certains &ndash; du c&ocirc;t&eacute; de ma m&egrave;re &ndash; avaient eux aussi rejoint le mouvement &eacute;cologiste et s&rsquo;inscrivaient dans un positionnement de d&eacute;classement social avec l&rsquo;exercice d&rsquo;une profession interm&eacute;diaire (en lyc&eacute;e technique, en travail social). Un de mes oncles s&rsquo;&eacute;tait install&eacute; comme mara&icirc;cher biologique apr&egrave;s avoir &eacute;t&eacute; berger en Ard&egrave;che. Les membres de la famille adh&eacute;rant aux valeurs de la contre-culture l&rsquo;admiraient. D&rsquo;autres n&rsquo;ont pas op&eacute;r&eacute; cette rupture, un oncle maternel &eacute;tait catholique pratiquant et cadre chez Moulinex et, lors des r&eacute;unions familiales, la rencontre avec cette partie de la famille &eacute;tait un v&eacute;ritable choc de cultures. Du c&ocirc;t&eacute; de mon p&egrave;re, une de mes tantes a &eacute;t&eacute; m&eacute;decin puis PDG d&rsquo;importantes soci&eacute;t&eacute;s pharmaceutiques&nbsp;; sa s&oelig;ur a&icirc;n&eacute;e a &eacute;t&eacute; professeure d&rsquo;anglais dans le priv&eacute;, et a choisi de vivre en zone rurale sans adh&eacute;rer &agrave; cette contre-culture. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Bien qu&rsquo;habitant dans des communes assez &eacute;loign&eacute;es, les trois familles situ&eacute;es le plus nettement dans la mouvance &eacute;cologiste se voyaient tr&egrave;s r&eacute;guli&egrave;rement. C&rsquo;est surtout au sein de cet espace familial que je c&ocirc;toyais d&rsquo;autres enfants d&rsquo;&laquo;&nbsp;&eacute;colos&nbsp;&raquo;, car le territoire o&ugrave; mes parents s&rsquo;&eacute;taient install&eacute;s n&rsquo;&eacute;tait pas du tout investi par les n&eacute;oruraux (contrairement &agrave; la commune o&ugrave; vivait mon oncle mara&icirc;cher &agrave; quelques dizaines de kilom&egrave;tres). Je me souviens avoir &eacute;t&eacute; particuli&egrave;rement pr&eacute;occup&eacute; par la question du nucl&eacute;aire&nbsp;: un de mes oncles &eacute;tait militant fondateur d&rsquo;une association de contr&ocirc;le de la radioactivit&eacute;. Je me souviens d&rsquo;une exposition itin&eacute;rante, sans doute au cours d&rsquo;un rassemblement antinucl&eacute;aire, l&rsquo;exposition montrait des enfants n&eacute;s d&eacute;form&eacute;s &agrave; cause des radiations &agrave; Tchernobyl.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">J&rsquo;ai grandi dans une commune de l&rsquo;Orne o&ugrave; mes parents ont d&rsquo;abord lou&eacute;, puis finalement achet&eacute; un ancien presbyt&egrave;re avec un demi-hectare de terrain. Le cadre du Pays d&rsquo;Auge &eacute;tait r&eacute;ellement enchanteur, avec ses collines, ses pr&eacute;s, ses pommiers et ses herbages pour chevaux et vaches. Le village accueillait environ 75 habitants, parmi lesquels nous n&rsquo;&eacute;tions que quatre enfants. La maison de briques &eacute;tait en mauvais &eacute;tat, sans toilettes ni confort. Durant mon enfance et adolescence, elle &eacute;tait constamment en travaux. Je suis n&eacute; en 1986, et ma s&oelig;ur en 1990.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Nous avions un grand jardin o&ugrave; ma m&egrave;re travaillait beaucoup. Nous allions aussi cueillir les m&ucirc;res pour faire de la confiture. Nous ramassions les pommes, les noix, les cerises et nous avons eu &agrave; une &eacute;poque deux moutons achet&eacute;s &agrave; mon oncle &eacute;leveur et mara&icirc;cher bio. Si mes souvenirs sont bons, nous ne les avons pas mang&eacute;s, car ils &eacute;taient quasiment des animaux domestiques &ndash; je crois que nous les avons &eacute;chang&eacute;s contre des b&ecirc;tes d&eacute;j&agrave; abattues, pr&ecirc;tes &agrave; &ecirc;tre cuisin&eacute;es. Il y avait aussi tout l&rsquo;entretien des espaces verts, des haies. J&rsquo;appr&eacute;ciais particuli&egrave;rement la taille des haies. Mes parents me laissaient librement utiliser les outils&nbsp;: serpe, tron&ccedil;onneuse, d&eacute;broussailleuse, etc. &nbsp;J&rsquo;allais chercher le lait &agrave; la ferme d&rsquo;&agrave; c&ocirc;t&eacute;, directement &agrave; la salle de traite. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">La petite ville la plus proche &eacute;tait un bourg de 2000 habitants, &agrave; 7 km de notre domicile. C&rsquo;est dans cette ville que j&rsquo;ai suivi ma scolarit&eacute; jusqu&rsquo;en 4<sup>e</sup>, nous y allions aussi pour les loisirs, et les courses. Un regard rapide sur la situation socio&eacute;conomique du bourg semble confirmer mon souvenir d&rsquo;un espace de rel&eacute;gation et de pr&eacute;carit&eacute; rurale (</span></span><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#323232">Hochedez</span></span></span><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#323232"> &amp;&nbsp;Mialocq, 2015. p.1).&nbsp;</span></span></span><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">&nbsp;&nbsp;En 2008 par exemple, le salaire moyen y est de 1532&euro; (selon le journal du net)</span></span> <span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">par mois pour une moyenne nationale de 2016&euro; par mois. Le nombre d&rsquo;habitants sans dipl&ocirc;me est de 45,9% pour une moyenne nationale de 19,3%, le pourcentage d&rsquo;ouvriers est de 40% pour une moyenne nationale de 27%. L&rsquo;Insee identifie la ville comme ayant un degr&eacute; de pauvret&eacute; mon&eacute;taire tr&egrave;s &eacute;lev&eacute; avec une part de personnes ni en emploi ni en formation tr&egrave;s importante chez les 18-25 ans. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">J&rsquo;ai donc eu une enfance assez isol&eacute;e, en tout cas d&eacute;cal&eacute;e, lorsque j&rsquo;&eacute;tais hors des cercles familiaux. La Normandie et particuli&egrave;rement l&rsquo;Orne, &eacute;tant rest&eacute;e tr&egrave;s rurale, n&rsquo;a pas connu d&rsquo;importante vague de &laquo;&nbsp;migration&nbsp;&raquo; n&eacute;orurale. Nous &eacute;tions donc, avec ma s&oelig;ur, les seuls de notre esp&egrave;ce dans les cercles de socialisation enfantine &ndash;&nbsp;que ce soit &agrave; l&rsquo;&eacute;cole ou dans les loisirs. J&rsquo;&eacute;tais d&eacute;connect&eacute; de mon environnement social. Jeune adulte, j&rsquo;avais invit&eacute; un ami parisien &agrave; venir passer quelques jours chez mes parents&nbsp;; lors d&rsquo;une balade, celui-ci me demanda comment j&rsquo;occupais mes journ&eacute;es et si, enfant, je chassais. Cela m&rsquo;a beaucoup fait rire, pour lui, Parisien &laquo;&nbsp;natif&nbsp;&raquo;, j&rsquo;&eacute;tais un &laquo;&nbsp;rural&nbsp;&raquo;, attach&eacute; au monde paysan et &agrave; celui de la chasse. Or j&rsquo;en avais &eacute;t&eacute; pratiquement aussi &eacute;loign&eacute; que lui. Pour mes parents, les chasseurs &eacute;taient des rustres, des &laquo;&nbsp;fachos&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></span></p> <h2 style="text-align: justify; margin-bottom: 11px;"><span style="font-size:14px;"><strong><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><u><span calibri=""><span style="color:black">Marqueurs identitaires</span></span></u></span></span></strong></span></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Nous mangions bio (ce qui &eacute;tait alors tr&egrave;s marginal), mes parents m&rsquo;habillaient avec des v&ecirc;tements achet&eacute;s dans les d&eacute;p&ocirc;ts-ventes. Nous avions une toute petite t&eacute;l&eacute;vision qui avait du mal &agrave; capter les cha&icirc;nes&nbsp;; lorsque j&rsquo;ai eu une console de jeux, elle &eacute;tait d&eacute;j&agrave; d&eacute;mod&eacute;e depuis longtemps (ce sont des d&eacute;calages notables dans la culture enfantine des ann&eacute;es 90). Il y avait aussi de quoi s&rsquo;occuper &agrave; l&rsquo;ext&eacute;rieur avec le terrain, les moutons, un grand potager et un atelier de menuiserie. Il me semble que j&rsquo;&eacute;tais assez peu sollicit&eacute; pour ces travaux, comme d&rsquo;ailleurs pour les t&acirc;ches m&eacute;nag&egrave;res et domestiques, essentiellement r&eacute;alis&eacute;es par ma m&egrave;re. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Ma m&egrave;re &eacute;tait fi&egrave;re des v&ecirc;tements d&rsquo;occasion qu&rsquo;elle nous achetait &agrave; ma s&oelig;ur et &agrave; moi. Certains &eacute;taient de &laquo;&nbsp;marques&nbsp;&raquo;. Elle me disait&nbsp;: &laquo;&nbsp;ce sont de bonnes marques, mais tes copains ne les connaissent pas&nbsp;&raquo;. Ce discours me semble signifiant d&rsquo;une certaine ambivalence, entre rejet et attachement &agrave; des origines bourgeoises&nbsp;: les v&ecirc;tements que ma m&egrave;re m&rsquo;achetait &eacute;taient d&rsquo;occasion et sans marque apparente, ce qui pouvait me faire appara&icirc;tre aux yeux de mes camarades d&rsquo;&eacute;cole comme un pauvre, alors qu&rsquo;il y avait une fiert&eacute; secr&egrave;te chez ma m&egrave;re de nous voire porter &laquo;&nbsp;de grandes marques&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Marqueur de classe, l&rsquo;automobile est un bon analyseur des rapports sociaux. Lorsque j&rsquo;&eacute;tais enfant, mes parents avaient g&eacute;n&eacute;ralement des v&eacute;hicules d&rsquo;occasion, en mauvais &eacute;tat et mal entretenus. Mon p&egrave;re &eacute;tait assez fier de ses voitures. Je me souviens des 4L et de la &laquo;&nbsp;camionnette&nbsp;&raquo; Nissan avec laquelle nous partions en vacances, puis il y a eu une Espace Renault qui servait de v&eacute;hicule quotidien, mais aussi d&rsquo;utilitaire pour les travaux. Mon p&egrave;re s&rsquo;inscrit dans ce profil caract&eacute;ristique du &laquo;&nbsp;n&eacute;orural &eacute;colo&nbsp;&raquo; d&eacute;crit par Billemont, &agrave; cela pr&egrave;s que sa voiture se reconnaissait toujours par son c&ocirc;t&eacute; d&eacute;glingu&eacute;, dans une variation de l&#39;<i>habitus.</i>&nbsp;Voici ce que d&eacute;crit Billemont de l&rsquo;usage des v&eacute;hicules par les &laquo;&nbsp;&eacute;colos&nbsp;&raquo;&nbsp;: </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><i><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</span></span></i><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black"> &laquo;&nbsp;En s&rsquo;appropriant ce type de voiture, neutre, effac&eacute;, ordinaire (&hellip;) ils affichent ostensiblement, &agrave; travers ce rapport &laquo;&nbsp;utilitaire&nbsp;&raquo; et distanci&eacute; &agrave; l&rsquo;objet, leur diff&eacute;rence sociale (qualifi&eacute;e &laquo;&nbsp;d&rsquo;&eacute;thique&nbsp;&raquo;) par rapport &agrave; ceux qui investissent financi&egrave;rement et &laquo;&nbsp;affectivement&nbsp;&raquo; dans des v&eacute;hicules plus chers, plus typ&eacute;s. Ils se d&eacute;marquent ainsi de l&rsquo;usage id&eacute;ologique des repr&eacute;sentations de l&rsquo;automobile) [&hellip;]&nbsp;aussi bien des fractions &eacute;conomiquement dominantes de la bourgeoisie traditionnelle ou lib&eacute;rale, que des membres des classes populaires, dont la conduite en mati&egrave;re d&rsquo;usage automobile leur semble &ecirc;tre une forme d&rsquo;all&eacute;geance aux cat&eacute;gories dominante&nbsp;&raquo;&nbsp;(2006, p.&nbsp;197). </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Je me souviens de la crise de &laquo;&nbsp;la vache folle&nbsp;&raquo; (qui &eacute;clate en 1996)&nbsp;: j&rsquo;avais interdiction de manger des bonbons &agrave; la g&eacute;latine. Le MacDo &eacute;tait un endroit maudit&nbsp;; j&rsquo;ai d&ucirc; y aller deux ou trois fois dans mon enfance&nbsp;; d&rsquo;ailleurs je n&rsquo;aimais pas le go&ucirc;t de cette nourriture qui me paraissait fade. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Mes parents n&rsquo;ont jamais milit&eacute; au sein des partis &eacute;cologiques, mais ils les soutenaient et suivaient les candidats avec attention : je me souviens de la candidature de Dominique Voynet en 1995, qu&rsquo;ils suivaient avec enthousiasme. Il y a quelques ann&eacute;es, ma m&egrave;re m&rsquo;avait racont&eacute;, tr&egrave;s &eacute;mue, avoir &eacute;t&eacute; assise &agrave; proximit&eacute; de Jos&eacute; Bov&eacute; dans un rassemblement. En 2002, la candidature de Pierre Rabhi nous a passionn&eacute;s ; j&rsquo;ai d&ucirc; le voir trois ou quatre fois en conf&eacute;rence au cours de mon adolescence, avec et sans mes parents.&nbsp;&nbsp; </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Nous avons d&eacute;m&eacute;nag&eacute; en 2000, lorsque je suis pass&eacute; en 2<sup>de</sup>. Nous ne sommes pas all&eacute;s loin, dans un autre village situ&eacute; &agrave; une trentaine de kilom&egrave;tres, dans le Calvados, &agrave; c&ocirc;t&eacute; de la ville de Falaise (10&nbsp;000 h). Plus proche de Caen, Falaise proposait une plus grande mixit&eacute; sociale et une culture un peu plus urbaine que l&rsquo;Orne. L&rsquo;ambiance du lyc&eacute;e &eacute;tait diff&eacute;rente et il s&rsquo;est agi pour moi d&rsquo;un changement de vie important. J&rsquo;ai rencontr&eacute; un certain nombre d&rsquo;enfants de n&eacute;oruraux, de parents &eacute;colos ou partageant des valeurs contre-culturelles et je me suis &laquo;&nbsp;naturellement&nbsp;&raquo; rapproch&eacute; de ces jeunes avec qui je partageais des codes communs. </span></span></span></span></span></p> <h2 style="text-align: justify; margin-bottom: 11px;"><strong><span style="font-size:14px;"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><u><span calibri=""><span style="color:black">Entr&eacute;e dans la vie professionnelle </span></span></u></span></span></span></strong></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Apr&egrave;s le bac, &agrave; 17 ans, je n&rsquo;ai pas souhait&eacute; faire d&rsquo;&eacute;tudes sup&eacute;rieures. Pendant deux ans, j&rsquo;ai &laquo;&nbsp;fait les saisons&nbsp;&raquo;, un choix qui peut s&rsquo;expliquer au regard de l&rsquo;imaginaire parental et surtout paternel valorisant le voyage et l&rsquo;aventure. Mon p&egrave;re m&rsquo;avait transmis celui des po&egrave;tes-vagabonds et des &eacute;crivains aventuriers tels Jack London, Nicolas Bouvier ou Jack Kerouac. Mais la r&eacute;alit&eacute; de la vie de saisonnier est tout autre. J&rsquo;ai rencontr&eacute; beaucoup de personnes en situation de grande pr&eacute;carit&eacute;, des travailleurs sans papiers, des &laquo;&nbsp;punks &agrave; chien&nbsp;&raquo;, des gens du voyage&hellip; un univers d&rsquo;errance, violent, et difficile.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">A posteriori, j&rsquo;analyse ce rejet des &eacute;tudes comme une &laquo;&nbsp;ob&eacute;issance&nbsp;&raquo; aux valeurs transmises par mon p&egrave;re : valorisation des marges, rejets du syst&egrave;me scolaire et du syst&egrave;me en g&eacute;n&eacute;ral. En entrant dans l&rsquo;adolescence, j&rsquo;&eacute;tais &agrave; contre-courant des jeunes de ma g&eacute;n&eacute;ration, fid&egrave;le aux id&eacute;es de mes parents, j&rsquo;abhorrais la &laquo;&nbsp;musique industrielle&nbsp;&raquo; et les radios commerciales. En refusant de faire des &eacute;tudes, je restais fid&egrave;le aux valeurs li&eacute;es &agrave; la contre-culture, valorisant tout ce qui est antisyst&egrave;me, j&rsquo;allais donc</span></span> <span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">vers les marges.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Apr&egrave;s deux ann&eacute;es de nomadisme et de saisons agricoles, sentant que je pouvais m&rsquo;y perdre &ndash;&nbsp;et aussi parce que j&rsquo;&eacute;tais en couple &ndash; j&rsquo;ai d&eacute;cid&eacute; en 2006 de faire une formation de charpentier avec la f&eacute;d&eacute;ration compagnonnique des m&eacute;tiers du b&acirc;timent. La conversion a &eacute;t&eacute; abrupte et rapide, plus impulsive que r&eacute;fl&eacute;chie. J&rsquo;analyse aujourd&rsquo;hui ce choix comme une r&eacute;ponse &agrave; une double injonction&nbsp;: un m&eacute;tier a valeur symbolique qui me permettait de r&eacute;pondre aux valeurs bourgeoises transmises par mes parents, malgr&eacute; leur rejet de cette classe&nbsp;; il s&rsquo;agit d&rsquo;aller vers ce qui est prestigieux, reconnu, noble. Mais bien que prestigieux, le m&eacute;tier de charpentier reste un travail d&rsquo;artisan et d&rsquo;ouvrier&nbsp;; en ce sens, cela me permettait de correspondre aux valeurs antisyst&egrave;mes et anti-bourgeoises port&eacute;es par mes parents. Les m&eacute;tiers de l&rsquo;artisanat font partie des activit&eacute;s choisies et valoris&eacute;es par les n&eacute;oruraux d&egrave;s la p&eacute;riode du &laquo;&nbsp;retour &agrave; la terre&nbsp;&raquo;. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">J&rsquo;ai exerc&eacute; six ans le m&eacute;tier de charpentier. Je n&rsquo;&eacute;tais pas &agrave; l&rsquo;aise dans les entreprises traditionnelles, avec les ouvriers porteurs d&rsquo;un &eacute;thos et de valeurs ouvri&egrave;res auxquels j&rsquo;avais du mal &agrave; m&rsquo;adapter. Au fil des ans, je me suis rapproch&eacute; &laquo;&nbsp;naturellement&nbsp;&raquo; du milieu &laquo;&nbsp;n&eacute;o-artisan&nbsp;&raquo;.&nbsp; J&rsquo;ai rencontr&eacute; une nouvelle compagne, issue elle aussi de milieux n&eacute;oruraux postsoixante-huitard. Je me suis dirig&eacute; progressivement vers l&rsquo;&eacute;coconstruction. Je m&rsquo;y suis senti plus &agrave; l&rsquo;aise, car ce secteur &eacute;tait pour une bonne part, connect&eacute; au n&eacute;oruralisme et &agrave; son habitus particulier. Malgr&eacute; cela, je n&rsquo;ai jamais r&eacute;ellement eu le go&ucirc;t du b&acirc;timent&nbsp;; je n&rsquo;&eacute;tais sans doute pas conscient d&rsquo;&ecirc;tre dans les pas de mon p&egrave;re, pionnier du secteur et de ma m&egrave;re &quot;n&eacute;o-artisane&quot;. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">En 2012, apr&egrave;s un chantier en &eacute;coconstruction d&rsquo;un an en Dordogne, j&rsquo;ai rejoint ma compagne dans une communaut&eacute; chr&eacute;tienne pr&egrave;s de Poitiers. J&rsquo;y ai d&rsquo;abord travaill&eacute; sur un poste d&rsquo;agent d&rsquo;entretien &ndash;&nbsp;il s&rsquo;agissait de faire des petites r&eacute;novations, tous corps de m&eacute;tiers confondus au sein du domaine situ&eacute; &agrave; proximit&eacute; de Poitiers. Le domaine assez &eacute;tendu comprenait un ch&acirc;teau, une &eacute;glise, un couvent, un &eacute;levage de moutons, des terres mara&icirc;ch&egrave;res, une &eacute;cole Montessori, un EHPAD, une maison d&rsquo;enfants &agrave; caract&egrave;re social. Y vivaient environ 120 habitants et y travaillaient une centaine de salari&eacute;s (travailleurs sociaux, agriculteurs, instituteurs&hellip;).&nbsp;Le milieu chr&eacute;tien a sans doute permis de faire passerelle entre le milieu alternatif dans lequel j&rsquo;&eacute;voluais et le monde du travail social.&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span></span></span></span></span></p> <h1 style="text-align: justify; margin-bottom: 11px;"><span style="font-size:16px;"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span calibri=""><span style="color:black">D&eacute;couverte du travail social</span></span></b></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Ce lieu portait un projet ambitieux, &agrave; la fois social et &eacute;cologique, c&rsquo;est gr&acirc;ce &agrave; des &eacute;changes avec la directrice RH de ce r&eacute;seau que j&rsquo;ai pu op&eacute;rer une reconversion professionnelle vers le travail social. J&rsquo;ai alors pass&eacute; un Dejeps (Dipl&ocirc;me d&rsquo;&eacute;tat de la jeunesse des sports, de l&rsquo;&eacute;ducation populaire et des sports) en alternance au sein de la Mecs (Maison d&rsquo;enfants &agrave; caract&egrave;re social). Mon implication au sein du r&eacute;seau &eacute;tait totale, nous vivions en communaut&eacute; &laquo; au ch&acirc;teau &raquo; avec de nombreuses personnes pr&eacute;caires, r&eacute;fugi&eacute;es ou en situation de handicap, et je travaillais au sein de la maison d&rsquo;enfants. Les semaines de formations au Cemea (centre d&rsquo;entra&icirc;nement aux m&eacute;thodes d&rsquo;&eacute;ducation active) &eacute;taient de vraies &laquo; bouff&eacute;es d&rsquo;air &raquo;, qui m&rsquo;apportaient un regard, un positionnement id&eacute;ologique et professionnel diff&eacute;rent de celui propos&eacute; par le r&eacute;seau associatif&nbsp;:&nbsp; j&rsquo;y ai d&eacute;couvert les valeurs de l&rsquo;&eacute;ducation populaire. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Apr&egrave;s plusieurs ann&eacute;es tr&egrave;s intenses dans cette communaut&eacute;, nous sommes partis, ma compagne et moi, en Seine-Saint-Denis. Passionn&eacute; par le travail social et la recherche-action, j&rsquo;ai pass&eacute; le dipl&ocirc;me d&rsquo;&eacute;ducateur sp&eacute;cialis&eacute;, puis j&rsquo;ai travaill&eacute; dans un dispositif de pr&eacute;vention innovant, en parall&egrave;le, et j&rsquo;ai int&eacute;gr&eacute; un master en sciences de l&rsquo;&eacute;ducation et de la formation (&eacute;ducation tout au long de la vie&nbsp;: &eacute;ducation populaire, &eacute;ducation informelle, formation des adultes) &agrave; Paris 8. R&eacute;aliser le master tout en travaillant &eacute;tait &eacute;prouvant, mais aussi tr&egrave;s riche, cela amenant de la r&eacute;flexivit&eacute; dans la pratique. </span></span></span></span></span></p> <h1 style="text-align: justify; margin-bottom: 11px;"><span style="font-size:16px;"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span calibri=""><span style="color:black">Choc des cultures</span></span></b></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">De 2018 &agrave; 2021, j&rsquo;ai travaill&eacute; en tant qu&rsquo;&eacute;ducateur sp&eacute;cialis&eacute; en Seine-Saint-Denis, au sein d&rsquo;une &eacute;quipe pluridisciplinaire et multiculturelle. Mes relations y ont &eacute;t&eacute; difficiles. Nous avions des pratiques &eacute;ducatives et des repr&eacute;sentations de l&rsquo;&eacute;ducation parfois oppos&eacute;es. J&rsquo;ai plut&ocirc;t tendance &agrave; d&eacute;fendre une &eacute;ducation &laquo;&nbsp;d&eacute;mocratique&nbsp;&raquo;, inspir&eacute;e par les courants de l&rsquo;&eacute;ducation nouvelle (Freinet, Korczak, Montessori, etc.) et une partie de mes coll&egrave;gues &eacute;taient porteurs de valeurs autres&nbsp;; pour eux, la relation entre l&rsquo;adulte et l&rsquo;enfant est organis&eacute;e autour du respect de l&rsquo;autorit&eacute; de l&rsquo;adulte, dans un mod&egrave;le de relation verticale. Chaque membre de l&rsquo;&eacute;quipe avait son positionnement propre entre ces deux p&ocirc;les&nbsp;: relation verticale ou horizontale. Je repr&eacute;sentais un de ces deux extr&ecirc;mes et, pour certains coll&egrave;gues, mon positionnement &eacute;tait v&eacute;cu comme du laxisme, un manque de cadre ins&eacute;curisant pour les enfants. De l&rsquo;autre c&ocirc;t&eacute;, je jugeais certaines de leurs pratiques trop autoritaires, voire maltraitantes, et ne respectant pas les droits de l&rsquo;enfant.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">&Agrave; travers cette bataille pour les pratiques &eacute;ducatives, il y avait d&rsquo;autres enjeux&nbsp;: des rapports de pouvoir, des rapports de classe, des rapports de domination. Nous &eacute;tions une &eacute;quipe d&rsquo;une vingtaine de professionnels&nbsp;: ma&icirc;tresse de maison, veilleur de nuit, auxiliaire de pu&eacute;riculture, accompagnante &eacute;ducative petite enfance (Cap petite enfance), animateur socio-&eacute;ducatif, &eacute;ducatrice de jeunes enfants, &eacute;ducateur sp&eacute;cialis&eacute;, technicienne de l&rsquo;intervention sociale et familiale (TISF). Parmi tous ces dipl&ocirc;mes et formations, le rang d&rsquo;&eacute;ducateur sp&eacute;cialis&eacute; est le plus &eacute;lev&eacute; (avec celui d&rsquo;&eacute;ducatrice de jeunes enfants), ce qui me situait en termes de dipl&ocirc;me et de salaire au sommet d&rsquo;une hi&eacute;rarchie symbolique au sein de l&rsquo;&eacute;quipe de &laquo;&nbsp;terrain&nbsp;&raquo;. &nbsp;&nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">D&rsquo;autres facteurs sont &agrave; prendre en compte pour comprendre les rapports de domination. La plupart de mes coll&egrave;gues &eacute;taient originaires de quartiers populaires et/ou &eacute;trangers, issus de l&rsquo;immigration, avec une exp&eacute;rience &eacute;prouv&eacute;e de l&rsquo;injustice sociale et des rapports de classe et de &laquo;&nbsp;race&nbsp;&raquo;. De mon c&ocirc;t&eacute;, j&rsquo;&eacute;tais un homme blanc, issu des classes dominantes. Nous pouvons aussi int&eacute;grer la question du genre, la plupart de mes coll&egrave;gues &eacute;taient des femmes. Nous &eacute;tions deux hommes dans l&rsquo;&eacute;quipe de jour, quatre en int&eacute;grant les veilleurs de nuit, sur une &eacute;quipe de vingt personnes environ.&nbsp;Ces diff&eacute;rents attributs me positionnaient vis-&agrave;-vis de mes coll&egrave;gues dans une position de domination sociale. &nbsp; </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Lors de conflits parfois virulents, ma principale antagoniste &eacute;tait une femme, de parents immigr&eacute;s et originaires de quartiers populaires. Les conflits li&eacute;s aux pratiques &eacute;ducatives &eacute;taient aliment&eacute;s par un conflit de classe, de race et de genre qui nous situait respectivement dans une situation de domin&eacute;/dominant. Par ailleurs, je crois qu&rsquo;il y avait dans ma posture, dans cet h&eacute;ritage &eacute;cologiste, quelque chose d&rsquo;ambivalent, un d&eacute;ni du rapport de classe, qui pouvait &ecirc;tre per&ccedil;u comme un m&eacute;pris de classe, une violence symbolique. Ces conflits ont pu s&rsquo;apaiser et mon int&eacute;gration dans l&rsquo;&eacute;quipe a pu se faire peut-&ecirc;tre, gr&acirc;ce &agrave; l&rsquo;apport de s&eacute;minaires que j&rsquo;ai suivis &agrave; l&rsquo;Universit&eacute; de Paris 8, pendant lesquelles nous avons travaill&eacute; sur ces questions, j&#39;ai commenc&eacute; &agrave; conscientiser et identifier ces rapports de pouvoir, de classe, de race et de genre.&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Nous avons &eacute;voqu&eacute; plus haut &laquo;&nbsp;la voiture&nbsp;&raquo; comme un marqueur de classe. Lors des conflits &eacute;voqu&eacute;s ci-dessus, l&rsquo;achat d&rsquo;une voiture semble avoir marqu&eacute; un tournant dans mes relations conflictuelles avec ma coll&egrave;gue.&nbsp;</span></span></span></span></span><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">&Agrave; cette &eacute;poque, j&rsquo;ai achet&eacute; une voiture neuve. Je me souviens que cette coll&egrave;gue, avec qui les relations &eacute;taient particuli&egrave;rement conflictuelles, m&rsquo;avait dit quelque chose comme&nbsp;: &laquo;&nbsp;<em>ouah, l&agrave; Martin, tu as assur&eacute;. F&eacute;licitations, tu nous as tous d&eacute;pass&eacute;s&nbsp;!</em>&nbsp;&raquo;. Elle &eacute;tait r&eacute;ellement contente pour moi. Acheter quelque chose de neuf, en particulier un v&eacute;hicule, est un signe de r&eacute;ussite. C&rsquo;est quelque chose de valoris&eacute; dans les milieux populaires, contrairement &agrave; mon milieu d&rsquo;origine o&ugrave; c&rsquo;est plut&ocirc;t mal per&ccedil;u, vulgaire.&nbsp;&nbsp; </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Avec cet achat, mon extran&eacute;it&eacute; aux classes moyennes et la capacit&eacute; de pouvoir d&rsquo;achat qui y sont corr&eacute;l&eacute;s, sont assum&eacute;s, identifi&eacute;s et identifiables. Se d&eacute;placer en transports en commun en Seine-Saint-Denis, de banlieue &agrave; banlieue, est particuli&egrave;rement p&eacute;nible&nbsp;; le temps pass&eacute; est deux &agrave; trois fois plus long qu&rsquo;en voiture. Dans ce contexte, on comprendra que les personnes qui en ont la possibilit&eacute; utilisent leur v&eacute;hicule pour &laquo;&nbsp;gagner&nbsp;&raquo; parfois plusieurs heures, &eacute;viter des frais de garderie, s&rsquo;occuper de leur famille, etc. L&rsquo;acquisition d&rsquo;un v&eacute;hicule am&eacute;liore les conditions de vie, il est aussi potentiellement le signe d&rsquo;une position sociale&nbsp;; inversement l&rsquo;usage des transports en commun devient une expression culturelle de la pauvret&eacute;, d&rsquo;o&ugrave; une violence contenue dans l&rsquo;appropriation de l&rsquo;usage des transports en commun par le discours &eacute;cologiste. &nbsp;&nbsp;&nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">J&rsquo;ai quitt&eacute; cette structure en 2021 pour me concentrer sur un projet de recherche doctoral autour des questions de protection de l&rsquo;enfance et de territoire, depuis septembre 2022, je suis inscrit en doctorat de sciences de l&rsquo;&eacute;ducation et de la formation, au centre de recherche en &eacute;ducation et formation (Cref) de Paris Nanterre, au sein de l&rsquo;&eacute;quipe &Eacute;ducation familiale et interventions sociales aupr&egrave;s des familles (Efis), en &eacute;tant salari&eacute; (contrat CIFRE) de la fondation Olga Spitzer. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">L&rsquo;entr&eacute;e en th&egrave;se contient un capital symbolique important et modifie mon positionnement dans la structure sociale. Mon parcours appara&icirc;t comme une trajectoire de reclassement social, facilit&eacute; par des acquis de classes&nbsp;; culturelles et &eacute;conomiques&nbsp;; pr&eacute;serv&eacute;s en d&eacute;pit du positionnement de retour &agrave; la terre et des valeurs de contre-culture port&eacute;es par mes parents. Enfant et jeune adulte, j&rsquo;&eacute;tais impr&eacute;gn&eacute; des valeurs et de l&rsquo;id&eacute;ologie &eacute;cologiste n&eacute;orurale&nbsp;; travailleur social, je me suis d&eacute;tach&eacute; de ces questions qui paraissaient utopistes et d&eacute;cal&eacute;es vis-&agrave;-vis de l&rsquo;urgence des situations rencontr&eacute;es sur le terrain. Parce que ma situation sociale a &eacute;volu&eacute;, aujourd&rsquo;hui doctorant, moins pris par l&rsquo;&eacute;tat d&rsquo;urgence dans lequel se trouvent le travail social et ses usagers, je peux percevoir &agrave; nouveau l&rsquo;urgence &eacute;cologique, et son impact au niveau social. </span></span></span></span></span></p> <h1 style="text-align: justify; margin-bottom: 11px;"><span style="font-size:16px;"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span calibri=""><span style="color:black">Lutte des classes</span></span></b></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Dans cette partie&nbsp;je prends appui sur le r&eacute;cit autobiographique pour interroger des zones de tensions entre &eacute;cologisme et travail social. Il s&rsquo;agit d&rsquo;expliciter des rapports de domination, des rapports de classe, inscrits dans l&rsquo;histoire de l&rsquo;&eacute;cologisme postsoixante-huitard vis-&agrave;-vis des classes populaires et de proposer ces rapports de classe comme un &eacute;l&eacute;ment contribuant aux difficult&eacute;s rencontr&eacute;es par l&rsquo;&eacute;cologie &agrave; faire sens pour le travail social et <i>vice versa</i>. &nbsp;&nbsp;&nbsp;&nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Pour cela, je prends appui sur la th&egrave;se de sociologie d&rsquo;Hubert Billemont, <i>L&rsquo;&eacute;cologie politique : une id&eacute;ologie de classes moyennes&nbsp;</i>(2006).<i> </i>Celle-ci m&rsquo;aide &agrave; penser mon groupe familial au regard des logiques de classe&nbsp;et comprendre comment celui-ci se place dans l&rsquo;espace social. Cette analyse donne du sens &agrave; mon cheminement professionnel et notamment &agrave; la rupture id&eacute;ologique qui s&rsquo;est op&eacute;r&eacute;e au moment de ma reconversion vers les m&eacute;tiers du social. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Billemont fait l&rsquo;hypoth&egrave;se que&nbsp;: <i>&laquo;</i> l&rsquo;apparition du ph&eacute;nom&egrave;ne &eacute;cologiste (appr&eacute;hend&eacute; comme une extension politico-morale du mouvement contre-culturel dans son ensemble) proc&egrave;de de la situation de d&eacute;classement-reclassement &agrave; laquelle sont confront&eacute;es les fractions domin&eacute;es de la classe dominante &raquo; (2006&nbsp;: 14-15).&nbsp;</span></span></span></span></span><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Il pr&eacute;cise que dans la vision &eacute;cologiste, &laquo; la r&eacute;volte contre le &lsquo;&rsquo;syst&egrave;me&rsquo;&rsquo; ne conduit pas &agrave; chercher n&eacute;cessairement des alli&eacute;s politiques dans le prol&eacute;tariat et la classe ouvri&egrave;re&nbsp;&raquo; (Billemont, 2006&nbsp;: 92) &ndash; rappelons que la th&egrave;se est &eacute;crite il y a 16 ans. Le positionnement politique de certains partis actuels tend vers un rapprochement entre vision &eacute;cologiste et alliance avec les classes populaires et les organisations qui les repr&eacute;sentent &ndash; Il d&eacute;finit le mouvement &eacute;cologiste comme un mouvement des &laquo; classes moyennes intellectuelles &raquo; (2006, p.12) et d&eacute;class&eacute;, &laquo; situ&eacute; en position ambivalente dans la structure sociale&raquo; (2006&nbsp;:15). Il d&eacute;crit une &laquo; culture sociale construite dans la double opposition aux classes sup&eacute;rieures (&eacute;conomiquement dominantes) et aux classes populaires (&eacute;conomiquement domin&eacute;es). </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Pour Billemont, toutes les classes sociales ne sont pas convi&eacute;es &agrave; participer &agrave; cette nouvelle utopie<i>, </i>&laquo; la d&eacute;finition &eacute;cologiste de la nature, malgr&eacute; la pr&eacute;tention d&rsquo;universalit&eacute; dont elle se pare, peut ainsi &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;e comme l&rsquo;instrument symbolique d&rsquo;une lutte sociale que les membres des fractions intellectuelles de la classe moyenne ont engag&eacute; contre les autres groupes &raquo; (2006&nbsp;: 91). &laquo; Occupant une position sociale totalement ambigu&euml; et incertaine [ils refusent] de s&rsquo;inscrire dans l&rsquo;alternative &laquo; dominant domin&eacute; &raquo;, &laquo; bourgeois-ouvrier &raquo;, ils tentent d&rsquo;&eacute;chapper (de mani&egrave;re illusoire) au jeu des classements sociaux et des hi&eacute;rarchies &eacute;tablies en d&eacute;fendant une cause plan&eacute;taire et universelle &raquo; (2006&nbsp;: 99). </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Cette perspective donne un &eacute;clairage sur un certain rejet des classes populaires pour les th&eacute;matiques et le mode de vie des &eacute;cologistes. Lors d&rsquo;&eacute;changes avec Hubert Billemont, nous avons &eacute;mis l&rsquo;hypoth&egrave;se que par loyaut&eacute; envers son milieu d&rsquo;origine &ndash; pour certains &ndash; et son public, le travailleur social peut &ecirc;tre tent&eacute; de rejeter un habitus &laquo; &eacute;colo (expression d&rsquo;une certaine classe sociale) ; sa loyaut&eacute; s&rsquo;expliquant par l&rsquo;&laquo; &eacute;prouv&eacute; &raquo; des rapports de domination, dont il est &nbsp;amen&eacute; &agrave; faire l&rsquo;exp&eacute;rience, au c&oelig;ur de sa pratique professionnelle. </span></span></span></span></span></p> <h1 style="text-align: justify; margin-bottom: 11px;"><span style="font-size:16px;"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span calibri=""><span style="color:black">Situer l&rsquo;&eacute;cologisme et le n&eacute;oruralisme</span></span></b></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Pour pr&eacute;ciser ce r&eacute;cit, il est n&eacute;cessaire de d&eacute;finir ce que nous entendons par &eacute;cologisme, n&eacute;oruralisme et travail social. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Du c&ocirc;t&eacute; de l&rsquo;&eacute;cologie, le contexte fran&ccedil;ais convoque mai 1968 comme date symbolique de l&rsquo;&eacute;mergence de la contre-culture et de la n&eacute;buleuse &eacute;cologiste (Vrignon&nbsp;: 2017). Ce mouvement est initiateur de l&rsquo;&eacute;cologie politique, mais aussi d&rsquo;un mode de vie alternatif fond&eacute; sur des valeurs et des pratiques sp&eacute;cifiques. L&rsquo;&eacute;cologisme est ainsi &eacute;tudi&eacute; par les sciences humaines&nbsp;; certains y voient un mouvement post-mat&eacute;rialiste (Ronald Inglehart, Alain Touraine) tandis que d&rsquo;autres (Bourdieu, Boudon) y voient une nouvelle forme d&rsquo;expression des rapports antagonistes de classe. Les n&eacute;oruraux auxquels nous allons plus particuli&egrave;rement nous int&eacute;resser dans cet article participent &agrave; cette n&eacute;buleuse &eacute;cologiste, ils en constituent une entit&eacute; particuli&egrave;re et, dans une perspective de recherche en sciences humaines, un champ d&rsquo;&eacute;tudes sp&eacute;cifique. Il s&rsquo;agit de jeunes urbains adh&eacute;rant aux valeurs de la contre-culture post 68, ils choisissent de s&rsquo;installer en zone rurale. Certains s&rsquo;installent en communaut&eacute;, d&rsquo;autres de mani&egrave;re plus isol&eacute;e. Ils ont des destinations privil&eacute;gi&eacute;es (Ard&egrave;che, Ari&egrave;ge), mais peuvent aussi se retrouver dans d&rsquo;autres d&eacute;partements.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">L&rsquo;historienne Catherine Rouvi&egrave;re identifie &laquo; cinq vagues &raquo; de migration n&eacute;orurale (en Ard&egrave;che) de 1969 aux ann&eacute;es 2000. Nous nous int&eacute;ressons aux deux premiers groupes : le &laquo;&nbsp;moment hippie&nbsp;&raquo; de 69 &agrave; 73 et une deuxi&egrave;me &eacute;tape de 75 &agrave; 85, incarn&eacute;s par une volont&eacute; de stabilit&eacute; &eacute;conomique et d&rsquo;int&eacute;gration plus forte.&nbsp;(2015&nbsp;: 35). Dans une perspective &laquo;&nbsp;bourdieusienne&nbsp;&raquo;, le sociologue Hubert Billemont rattache ce groupe aux fractions intellectuelles de la classe moyenne (2006&nbsp;: 24), il pr&eacute;cise que dans la vision &eacute;cologiste,&nbsp;la r&eacute;volte contre le &lsquo;&rsquo;syst&egrave;me&rsquo;&rsquo; ne conduit pas &agrave; chercher n&eacute;cessairement des alli&eacute;s politiques dans le prol&eacute;tariat et la classe ouvri&egrave;re&nbsp;(2006&nbsp;: 16) &ndash; rappelons que la th&egrave;se est &eacute;crite il y a 16 ans. Le positionnement politique de certains partis et organismes actuels tend vers un rapprochement entre vision &eacute;cologiste et alliance avec les classes populaires et les organisations qui les repr&eacute;sentent. Il d&eacute;finit le mouvement &eacute;cologiste comme un mouvement des &laquo; classes moyennes intellectuelles &raquo; (2006&nbsp;: 12) et d&eacute;class&eacute;, situ&eacute; en position ambivalente dans la structure sociale&nbsp;(2006&nbsp;: 15).</span></span></span></span></span></p> <h1 style="text-align: justify; margin-bottom: 11px;"><span style="font-size:16px;"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><b><span calibri=""><span style="color:black">Situer le travail social</span></span></b></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Pour comprendre comment ces champs se rencontrent, s&rsquo;opposent ou s&rsquo;ignorent, le contexte fran&ccedil;ais n&eacute;cessite de prendre en compte des sp&eacute;cificit&eacute;s nationales. Le mod&egrave;le social dessin&eacute; par le Conseil national de la R&eacute;sistance &eacute;tait porteur d&rsquo;un projet de soci&eacute;t&eacute; &eacute;galitaire et solidaire, il inspire l&rsquo;ordonnance de 1945 organisant la s&eacute;curit&eacute; sociale et plus particuli&egrave;rement le cadre l&eacute;gislatif du m&eacute;tier d&rsquo;&eacute;ducateur. C&rsquo;est ce que souligne Michel Chauvi&egrave;re dans un entretien pour les Cahiers dynamiques : &nbsp;Dans cette pratique &eacute;ducative d&eacute;di&eacute;e, n&eacute;e au moment de la guerre 39-45, il y a surtout quelque chose de fondamental &agrave; sauvegarder et &agrave; r&eacute;affirmer qui combine une &eacute;thique de la relation avec les enfants et les jeunes, une action technique affin&eacute;e et une action politique, dans la cit&eacute; (Chauvi&egrave;re, 2020&nbsp;: 33). Le travail social s&rsquo;ancre aussi dans une d&eacute;marche clinique influenc&eacute;e par la psychanalyse et la psychoth&eacute;rapie institutionnelle pour dessiner une pratique qui s&rsquo;organise autour du sujet&nbsp;:&nbsp;le sujet, ce n&rsquo;est pas l&rsquo;humain des droits de l&rsquo;homme, trop lointain, trop g&eacute;n&eacute;ral. Le sujet c&rsquo;est chacun, chaque individu dans sa singularit&eacute;&nbsp;(2020&nbsp;: 34). Et s&rsquo;appuie par ailleurs sur les approches d&rsquo;&eacute;ducation populaire. </span></span></span></span></span></p> <h2 style="text-align: justify; margin-bottom: 11px;"><strong><span style="font-size:14px;"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><u><span calibri=""><span style="color:black">&Agrave; quelles classes appartiennent les travailleurs sociaux&nbsp;? </span></span></u></span></span></span></strong></h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">En nous appuyant sur l&rsquo;&eacute;tude d&rsquo;Hubert Billemont, nous avons &eacute;mis l&rsquo;hypoth&egrave;se que les travailleurs sociaux &eacute;taient peu concern&eacute;s par les questions &eacute;cologiques en raison d&rsquo;une appartenance de classe diff&eacute;rente. Or nous pr&eacute;cisons plus bas que les travailleurs sociaux sont consid&eacute;r&eacute;s aussi comme appartenant aux classes moyennes.&nbsp; Hubert Billemont identifie l&rsquo;&eacute;cologie politique comme une id&eacute;ologie de classe moyenne. Dans ce cas, pourquoi les travailleurs sociaux s&rsquo;int&eacute;ressent-ils peu aux questions &eacute;cologiques&nbsp;?&nbsp;&nbsp; </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Appuyons-nous sur une &eacute;tude de la Drees qui identifie 1,3 million de travailleurs sociaux en 2018&nbsp;: 520 000 intervenants &agrave; domicile, 400 000 assistants maternels, gardes &agrave; domicile ou assistants familiaux, 250 000 professionnels socio-&eacute;ducatifs, 60 000 aides m&eacute;dico-psychologiques ainsi que 90 000 autres professions de l&rsquo;action sociale exercent en France M&eacute;tropolitaine (Drees, 2022). Parmi ceux-ci&nbsp;: 42 % des travailleurs sociaux &acirc;g&eacute;s de 50 ans ou plus &raquo;, un milieu &laquo; tr&egrave;s f&eacute;minis&eacute; &raquo;, avec &laquo; 9 femmes pour 10 professionnels &raquo; (Drees, 2022). &laquo; Les travailleurs sociaux sont moins souvent dipl&ocirc;m&eacute;s de l&rsquo;enseignement sup&eacute;rieur que les autres salari&eacute;s. 23 % des professionnels du social d&eacute;tiennent, en 2018, comme plus haut dipl&ocirc;me, un brevet des coll&egrave;ges ou sont non-dipl&ocirc;m&eacute;s, contre 15 % des autres salari&eacute;s. Leur dipl&ocirc;me le plus &eacute;lev&eacute; est dans 32 % des cas un CAP, BEP ou un autre dipl&ocirc;me de ce niveau, et dans 12 % des cas un dipl&ocirc;me param&eacute;dical et social de niveau bac +2. &nbsp;Ajoutons que&nbsp;: Ce sont des salari&eacute;s plus souvent en temps partiel et en sous-emploi que les autres salari&eacute;s&nbsp;(Drees, 2022).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">On voit, au travers de ce compte-rendu, des profils vari&eacute;s en termes de revenu et de dipl&ocirc;me. Cela se traduit aussi par des origines sociales diversifi&eacute;es. Une partie des travailleurs sociaux sont issus des classes populaires &ndash; que l&rsquo;on d&eacute;finit avec Olivier Schwartz &agrave; partir d&rsquo;une double perspective de domination, sociale et culturelle, vis-&agrave;-vis des classes dominantes (2011). Une partie d&rsquo;entre eux appartiennent toujours aux classes populaires, par leur niveau de vie, de salaire, de dipl&ocirc;me, tandis que l&rsquo;autre se situe au sein de la classe moyenne. &Agrave; l&rsquo;autre extr&eacute;mit&eacute; de ce groupe professionnel, on trouve les cadres du secteur social qui font partie des classes moyennes, moyenne sup&eacute;rieure. Ceci suivant leur niveau d&rsquo;intervention (proximit&eacute;, direction d&rsquo;&eacute;tablissement, direction g&eacute;n&eacute;rale, etc.), leur revenu et leur trajectoire sociale, le spectre est donc large. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Un article de Iori et Charles retrace l&rsquo;&eacute;volution des recherches sur le travail social. L&rsquo;ouvrage de Verd&egrave;s-Leroux, <i>Le travail social</i>, publi&eacute; en 1978 y est cit&eacute; comme pionnier dans ce domaine. Il pr&eacute;sente &laquo;&nbsp;les assistantes sociales en tant qu&rsquo;agent.es de contr&ocirc;le social et d&rsquo;encadrement des classes populaires&nbsp;&raquo; (Iori &amp; Charles,2020&nbsp;: 2). Ainsi, on voit bien qu&rsquo;&agrave; cette &eacute;poque, la d&eacute;marcation de classe entre les travailleurs sociaux et leurs publics est nette. Aujourd&rsquo;hui, on ne trouve plus une d&eacute;marcation si nette, comme le montrent les travaux de Charl&egrave;ne Charles sur la pr&eacute;carit&eacute; des int&eacute;rimaires (Charles&nbsp;: 2020).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Jo&euml;lle Libois observe, elle aussi, un mouvement de d&eacute;classement social du travail social :&nbsp;La charit&eacute; donn&eacute;e par les dames patronnesses repr&eacute;sentait une norme sociale &eacute;tablie, la lente professionnalisation des formations sociales, d&egrave;s la fin de la Premi&egrave;re Guerre mondiale, a permis de former des femmes et des hommes des classes moyennes. [&hellip;] Aujourd&rsquo;hui, si nous prenons au s&eacute;rieux l&rsquo;accession d&rsquo;une mont&eacute;e en puissance de la pr&eacute;carisation du statut de travailleur social, alors nous passerions d&rsquo;un premier mod&egrave;le vertical et asym&eacute;trique &agrave; un deuxi&egrave;me plus horizontal, mais toujours in&eacute;gal, pour parvenir &agrave; une troisi&egrave;me r&eacute;f&eacute;rence en proximit&eacute; des v&eacute;cus&nbsp;(2018&nbsp;: 7). Une travailleuse sociale belge exprime bien ce sentiment de d&eacute;classement social de la profession&nbsp;:&nbsp;lorsque l&#39;on y pense, l&rsquo;ironie est presque savoureuse : &laquo;&nbsp;des pr&eacute;caires sont au service d&rsquo;autres pr&eacute;caires. Demain ils pourraient tout &agrave; fait venir grossir leurs rangs&nbsp;&raquo; &nbsp;(MF,2021).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Jo&euml;lle Libois fait aussi l&rsquo;hypoth&egrave;se que&nbsp;cette probl&eacute;matique illustre un changement de paradigme historique, port&eacute; par une transformation radicale des appartenances sociales des professionnels de l&rsquo;intervention sociale&nbsp;(2018&nbsp;: 8). Cette pr&eacute;carisation des m&eacute;tiers du social rapproche les professionnels et les usagers dans un sentiment de pr&eacute;carit&eacute; partag&eacute;e&nbsp;; en ce sens, les travailleurs sociaux sont &eacute;loign&eacute;s des classes moyennes intellectuelles dominantes au sein de la n&eacute;buleuse &eacute;cologiste. </span></span></span></span></span></p> <h1 style="margin-bottom: 11px; text-align: justify;"><span style="font-size:16px;"><strong><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span calibri="">Conclusion</span></span></span></strong></span></h1> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Aujourd&rsquo;hui, les discours et les valeurs &eacute;cologistes sont omnipr&eacute;sents dans les m&eacute;dias, dans les &eacute;coles, partout. Il me semble important de souligner combien cette id&eacute;ologie &eacute;tait minoritaire &agrave; l&rsquo;&eacute;poque de mon r&eacute;cit (ann&eacute;e 80 &agrave; 2000) et combien ces id&eacute;es pouvaient paraitre marginales, utopistes, et loin de la r&eacute;alit&eacute;&nbsp;; particuli&egrave;rement pour les personnes appartenant aux classes populaires.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">J&rsquo;ai montr&eacute; la n&eacute;buleuse &eacute;cologiste, &agrave; travers le groupe des n&eacute;oruraux, comme un groupe construit dans son historicit&eacute; sur des &eacute;l&eacute;ments culturels appartenant aux classes moyennes et sup&eacute;rieures. J&rsquo;ai tent&eacute; de montrer comment ces &eacute;l&eacute;ments, d&rsquo;autant plus qu&rsquo;ils sont exprim&eacute;s de mani&egrave;re alambiqu&eacute;e, contiennent une violence symbolique &agrave; l&rsquo;&eacute;gard des classes populaires. Il ne s&rsquo;agit pas d&rsquo;essentialiser l&rsquo;ensemble des &eacute;cologistes, mais d&rsquo;&eacute;claircir un aspect qui me semble rarement &eacute;tudi&eacute;. Il me semble et c&rsquo;est ce que j&rsquo;ai tent&eacute; d&rsquo;expliciter au travers de mon r&eacute;cit que ce soubassement historique laisse des traces dans les rapports contemporains entre l&rsquo;&eacute;cologie et les classes populaires et partant de l&agrave;, entre l&rsquo;&eacute;cologie et le travail social. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">J&rsquo;ai point&eacute; l&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute; sociale pr&eacute;sente tout au long de mon itin&eacute;raire. Quelles conclusions en tirer pour le travail social&nbsp;? Il ne s&rsquo;agit pas de tirer un trait sur les apports de l&rsquo;&eacute;cologisme d&rsquo;autant plus que, si nous remontons &agrave; quelques d&eacute;cennies, ses acteurs &laquo;&nbsp;criaient dans le d&eacute;sert&nbsp;&raquo; l&rsquo;urgence &eacute;cologique relay&eacute;e aujourd&rsquo;hui par la majorit&eacute; des acteurs. Le mouvement contre culturel est un pivot de la pens&eacute;e &eacute;cologique, un fondement historique et incontournable. De nombreuses exp&eacute;rimentations sociales ont &eacute;t&eacute; r&eacute;alis&eacute;es par les acteurs de ce courant, ils y ont acquis des comp&eacute;tences, des savoir-faire et des savoir-&ecirc;tre importants pour aller vers une soci&eacute;t&eacute; plus &eacute;cologique (capacit&eacute; &agrave; relier des savoirs ancestraux et des connaissances modernes, dans l&rsquo;agro&eacute;cologie par exemple&nbsp;; mode de vie peu &eacute;nergivore&nbsp;; revalorisation des m&eacute;tiers manuels&hellip;).&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Bruno Latour et Nicolas Schultz&nbsp;brossent le portrait d&rsquo;une classe &eacute;cologique &agrave; venir,&nbsp;potentiellement majoritaire&nbsp;(2022&nbsp;: 55) et qui comme le sugg&egrave;re le sous-titre de leur ouvrage, se doit&nbsp;&laquo;&nbsp;d&rsquo;&ecirc;tre consciente et fi&egrave;re d&rsquo;elle-m&ecirc;me&nbsp;&raquo; (2022). Je les rejoins sur cette id&eacute;e dans le sens o&ugrave; se dessine une gestion &eacute;cologique de plus en plus technocratique, fond&eacute;e sur des projets de g&eacute;o-ing&eacute;nierie plus qu&rsquo;inqui&eacute;tants (Foucart, 2022). Les classes moyennes et populaires font face &agrave; une classe dirigeante de plus en plus d&eacute;complex&eacute;e et en ce sens ont des int&eacute;r&ecirc;ts communs &agrave; d&eacute;fendre en termes de justice climatique, et de protection de leurs espaces d&rsquo;habitabilit&eacute;s. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Je pointe cependant le risque qu&rsquo;il y ait &agrave; vouloir d&eacute;passer la notion de classe populaire. L&rsquo;oppression et la stigmatisation des groupes sociaux les plus pr&eacute;caires sont bien r&eacute;elles, que cela soit en zone rurale ou urbaine. Comment prenons-nous en compte l&rsquo;historicit&eacute; de l&rsquo;&eacute;mergence de cette classe &eacute;cologique et son &eacute;mergence au sein des classes moyennes intellectuelle et sup&eacute;rieure&nbsp;? Comment prenons-nous en compte la violence symbolique li&eacute;e &agrave; l&rsquo;appropriation d&rsquo;attributs des classes populaires par cette classe &eacute;cologiste&nbsp;? Quelle place est-elle faite aux classes populaires dans le projet &eacute;cologiste&nbsp;? &nbsp; </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Rappelons avec Fatima Ouassak que&nbsp;lorsque nous parlons d&rsquo;&eacute;cologie populaire, le point de vue des populations qui y vivent est central. (Ouassak, 2021) Pour cette politologue ayant une exp&eacute;rience &eacute;prouv&eacute;e des quartiers populaires &laquo;&nbsp;Il est totalement biais&eacute; de poser la question de l&rsquo;acc&egrave;s des quartiers populaires &agrave; la &lsquo;&rsquo;conscience &eacute;cologique&rsquo;&rsquo;. En effet, les probl&egrave;mes sp&eacute;cifiques que vivent les habitants des quartiers populaires sont rarement qualifi&eacute;s d&rsquo;environnementaux ou d&rsquo;&eacute;cologiques, car ils n&rsquo;entrent pas dans le champ &eacute;tabli par les classes moyennes et sup&eacute;rieures blanches, sur la base de leurs propres enjeux de classe. Et surtout, il est important de dire que des luttes &eacute;cologistes sont men&eacute;es par des militants de ces quartiers, mais qu&rsquo;elles sont invisibilis&eacute;es, diabolis&eacute;es et r&eacute;cup&eacute;r&eacute;es par les organisations politiques majoritaires, dont certaines d&rsquo;ailleurs se disent &eacute;cologistes.&nbsp;&raquo; ( Ouassak, 2021&nbsp;: 23).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Nous voyons bien qu&rsquo;au sein de cette classe &eacute;cologique &eacute;voqu&eacute;e par Latour et Schultz, il semble difficile de faire entendre la voix des classes populaires, d&rsquo;autant plus qu&rsquo;elle n&rsquo;a th&eacute;oriquement plus lieu d&rsquo;&ecirc;tre, &eacute;tant absorb&eacute;e au sein de cette nouvelle classe. Nous pouvons penser que c&rsquo;est ici que le travail social a un r&ocirc;le &agrave; jouer&nbsp;; il peut participer &agrave; l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une &eacute;cologie populaire en donnant &agrave; voir les probl&eacute;matiques environnementales pr&eacute;sentes dans les espaces et en soutenant les luttes qui en &eacute;mergent.&nbsp; </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt;"><span style="line-height:107%;"><span style="font-family:Calibri,sans-serif;"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">En ce sens, la notion d&rsquo;alli&eacute;.e assez discr&egrave;te dans la litt&eacute;rature acad&eacute;mique francophone (plus utilis&eacute;e dans certains milieux militants) me semble int&eacute;ressante pour sortir du clivage entre probl&eacute;matique sociale et &eacute;cologique. La personne alli&eacute;e est d&eacute;finie par Washington et Evans comme&nbsp;: &laquo;&nbsp;Une personne qui appartient au groupe dominant ou</span></span><span style="margin-bottom:11px;text-align:justify;"><span style="color:black;"> &agrave; la majorit&eacute; et qui travaille &agrave; mettre fin aux oppressions dans sa vie personnelle ou professionnelle, en se mobilisant pour et avec les populations opprim&eacute;es&nbsp;&raquo; (Le Gallo &amp; Millette, 2019&nbsp;:17). Cela </span></span><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">permet de &laquo;&nbsp;reconnaitre l&rsquo;existence d&rsquo;une oppression et de lutter contre elle sans pr&eacute;tendre la subir.&nbsp;&raquo; L&rsquo;&eacute;thique de l&rsquo;alli&eacute;.e offre des pistes pour un travail social soutenant l&rsquo;&eacute;cologie avec les usagers. Elle permet de sortir des conflits de classes sans en nier l&rsquo;existence&nbsp;: &laquo;&nbsp;&Ecirc;tre un ou une alli&eacute;-e n&rsquo;est pas une position sociale. On n&rsquo;est pas alli&eacute;-e comme on est une femme ou un homme, une personne de milieu populaire ou de classe moyenne sup&eacute;rieure.&nbsp;&raquo; ( Pereira, 2019) </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Dans cette perspective, le travail social peut trouver sa place au sein de la lutte &eacute;cologique. Reconnaissant une classe d&rsquo;opprim&eacute; qui est aussi la premi&egrave;re victime des injustices environnementales, les travailleurs sociaux peuvent la soutenir dans ses luttes et les solutions qu&rsquo;elle d&eacute;veloppe sur les territoires et participer &agrave; l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;une &eacute;cologie populaire.&nbsp; </span></span></span></span></p> <h1 style="margin-bottom: 11px; text-align: justify;"><span style="font-size:16px;"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-weight:bold"><span calibri="">R&eacute;f&eacute;rences bibliographiques</span></span></span></span></span></h1> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Alix, J.,&nbsp;Bertrand, D.,&nbsp;Brun, J.,&nbsp;Chauvi&egrave;re, M. &amp;&nbsp;Garrigue, G. (2017),&nbsp;<i>Debout pour nos m&eacute;tiers du travail social !</i> Toulouse&nbsp;: &Eacute;r&egrave;s.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#323232">Boevink, W. (2012) &laquo;&nbsp;L&#39;expertise d&#39;exp&eacute;rience des usagers de la psychiatrie&nbsp;&raquo;, in T. Greacen &amp; E. Jouet. <i>Pour des usagers de la psychiatrie acteurs de leur propre vie: R&eacute;tablissement, inclusion sociale,&nbsp;empowerment,</i> Toulouse : &Eacute;r&egrave;s, pp. 85-102.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Bourdieu, P. (2004).&nbsp;<i>Esquisse pour une auto-analyse</i>, Paris&nbsp;: Raisons d&rsquo;Agir.&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Catellani Andrea, &laquo; Changement climatique : d&eacute;ni, n&eacute;gation et climato-scepticisme &raquo; <i>Publictionnaire. Dictionnaire encyclop&eacute;dique et critique des publics.</i> Mis en ligne le 02 juin 2021. Acc&egrave;s : http://publictionnaire.huma-num.fr/notice/changement-climatique-deni-negation-et-climato-scepticisme.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Chantal, J. (2014),&nbsp;</span></span><i><span calibri="" style="font-family:">Les Transclasses ou la non-reproduction</span></i><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">, Paris&nbsp;: PUF.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Charles<span style="background:white">, C. (2020), Des &eacute;ducateurs et &eacute;ducatrices int&eacute;rimaires dans les&nbsp;foyers de&nbsp;l&rsquo;enfance: Un contr&ocirc;le social renouvel&eacute;&nbsp;?&nbsp;<i>Journal des anthropologues</i>, pp 160-161, pp 89-101.&nbsp;<u> </u></span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Cheval, P.,&nbsp;Guzniczak, B. &amp;&nbsp;Chauvi&egrave;re, M. (2020), &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;nigme du travail social&nbsp;&raquo;, Cahiers<i> dynamiques (Les)</i>, n&deg;4, pp. 6-16.&nbsp;</span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">D. L&eacute;ger &amp; B. Hervieu (1979), <i>Le retour &agrave; la nature: &laquo; Au fond de la for&ecirc;t... l&#39;&Eacute;tat,</i> Paris: Le Seuil.&nbsp; &nbsp;&nbsp;</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">David, B. (2021),&nbsp;<i>&Agrave; l&rsquo;aube de la 6e extinction : Comment habiter la Terre</i>, Paris&nbsp;: Grasset.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Dominelli, L. (2012).&nbsp;</span></span></span></span></span><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" lang="EN-GB" style="font-family:"><span style="color:black"><i>Green social work : From environmental crises to environmental justice</i>, Cambridge&nbsp;: Polity Press.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#323232">Dominelli, L. (2018), &laquo;&nbsp;Le travail social vert&nbsp;: une approche &eacute;pist&eacute;mologique, &eacute;thique et m&eacute;thodologique face aux d&eacute;fis des catastrophes dites &laquo;&nbsp;naturelles&nbsp;&raquo; du XXI</span></span></span><sup><span style="font-size:9.0pt"><span style="background:white"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#323232">e</span></span></span></span></span></sup><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#323232">&nbsp;si&egrave;cle.&nbsp;&raquo; Dans : S. Rullac, J-P Tabin, A. Frauenfelder,&nbsp;<i>La fabrique du doctorat en travail social: Controverses et enjeux,</i>&nbsp;(pp. 35-43). Rennes: Presses de l&rsquo;EHESP.&nbsp;</span></span></span><span class="MsoHyperlink" style="color:blue"><span style="text-decoration:underline"><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:">https://doi org.faraway.parisnanterre.fr/10.3917/ehesp.rulla.2018.01.0035</span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">DREES (2022, f&eacute;vrier), <i>Les professions sociales : effectifs, profil et caract&eacute;ristiques des emplois.&nbsp; </i></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Dub&eacute;, G. C., &amp; Paill&eacute;, P. (2015),&nbsp;<i>Parcours d&rsquo;une formatrice d&rsquo;enseignants au Qu&eacute;bec : Autoethnographie d&rsquo;une qu&ecirc;te transpersonnelle</i>, Paris&nbsp;: L&rsquo;Harmattan.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Duchamp M., Bouquet B., Drouard H., (1989), - <i>La recherche en travail social</i>, Paris&nbsp;: Le Centurion </span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">EASSW, (2017), D&eacute;finition Internationale du Travail Social, EASSW. Consult&eacute; le 1 octobre 2022, &agrave; l&rsquo;adresse https://www.eassw.org/global/definition-internationale-du-travail-social</span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Emelianoff, C. (2008), La probl&eacute;matique des in&eacute;galit&eacute;s &eacute;cologiques, un nouveau paysage conceptuel, &Eacute;cologie<i> &amp; politique</i>, n&deg; 35, pp 19-31.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Eribon, D., &amp; Louis, &Eacute;. (2018),&nbsp;<i>Retour &agrave; Reims</i>, Flammarion. (1re &eacute;d.&nbsp;: Eribon, D. (2009)&nbsp;<i>Retour &agrave; Reims</i>, Paris&nbsp;: Fayard.)</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" lang="EN-GB" style="font-family:"><span style="color:black">European Association Of Schools Of Social Work, E. A. S. S. W. (2017). </span></span><i><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">D&eacute;finition globale du travail social</span></span></i><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">. EASSW. Consult&eacute; le 25 f&eacute;vrier 2022, &agrave; l&rsquo;adresse https://www.eassw.org/language/english/</span></span></span></span></span></p> <p style="text-indent:-0.55pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#323232">Fl&eacute;cher</span></span></span><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#323232">, M. (2019), &laquo;&nbsp;Des in&eacute;galit&eacute;s d&rsquo;acc&egrave;s aux in&eacute;galit&eacute;s de succ&egrave;s&nbsp;: enqu&ecirc;te sur les fondateurs et fondatrices de start-up&nbsp;&raquo;,&nbsp;<i>Travail et emploi</i>, n&deg; 159, pp 39-68. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-indent:-0.55pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" style="font-family:">Foucart, S. (2022), &laquo;&nbsp;Climat : &lsquo;&rsquo; Certaines des technologies envisag&eacute;es pour maintenir habitable la Terre rel&egrave;vent du cauchemar &lsquo;&rsquo;&nbsp;&raquo;, <i>Le Monde.fr,&nbsp; </i>Consult&eacute; le 3/06/2022, &agrave; l&rsquo;adresse </span><a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/05/29/climat-certaines-des-technologies-envisagees-pour-maintenir-habitable-la-terre-relevent-du-cauchemar" style="color:blue; text-decoration:underline"><span calibri="" style="font-family:">https://www.lemonde.fr/idees/article/2022/05/29/climat-certaines-des-technologies-envisagees-pour-maintenir-habitable-la-terre-relevent-du-cauchemar</span></a> <span calibri="" style="font-family:">_6128066_3232.html</span></span></span></span></p> <p style="text-indent:-0.55pt; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#323232">Garfinkel</span></span></span><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#323232">, H. (2020),&nbsp;<i>Recherches en ethnom&eacute;thodologie</i>, Paris&nbsp;: PUF. </span></span></span><span lang="EN-GB" style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#323232">(1er &eacute;d.&nbsp;: (1967) <i>Studies in Ethnomethodology</i>, Englewood Cliffs, NJ: Prentice-Hall, 1967)</span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Garrigue, G. (2017), &laquo;&nbsp;D&eacute;fendre la qualit&eacute; des outils et des pratiques&nbsp;&raquo; Dans : Jean-S&eacute;bastien Alix &eacute;d.,&nbsp;<i>Debout pour nos m&eacute;tiers du travail social</i>&nbsp;(pp. 115-150). </span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#323232">Hochedez, C. &amp;&nbsp;Mialocq, M. (2015), &laquo;&nbsp;Pr&eacute;carit&eacute;s et marginalit&eacute;s en milieu rural : Introduction&nbsp;&raquo;,&nbsp;<i>Pour</i>, 225, pp 19-25.&nbsp;</span></span></span><a href="https://doi-org.faraway.parisnanterre.fr/10.3917/pour.225.0019" style="color:blue; text-decoration:underline"><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:">https://doi-org.faraway.parisnanterre.fr/10.3917/pour.225.0019</span></span></a></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" style="font-family:">Hugr&eacute;e, C.</span><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black"> &amp;</span></span></span><span calibri="" style="font-family:"> P&eacute;nissat E. (2022) Classes. La soci&eacute;t&eacute; qui vient, Le Seuil, pp.719-737, 2022, 9782021481624. ffhal-03499519f</span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Iori, R. &amp;&nbsp;Charles, C. (2020), &laquo;&nbsp;Regards sur les usages de la cat&eacute;gorie &laquo;&nbsp;travail social&nbsp;&raquo; dans les recherches en sciences humaines et sociales&nbsp;&raquo;,&nbsp;<i>Recherche &amp; formation</i>, 94, 83-99. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-indent:-36pt"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" style="font-family:">&nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp; &nbsp;Keucheyan, R. (2018). 1. Racisme environnemental. Dans : , R. Keucheyan, La nature est un champ de bataille: Essai d&#39;&eacute;cologie politique (pp. 19-84). Paris: La D&eacute;couverte.</span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Kohn, R. C. (coord.) (2013),&nbsp;<i>Pour une d&eacute;marche clinique engag&eacute;e</i>, Paris&nbsp;: L&rsquo;Harmattan.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Lagrave, R.-M. (2021).&nbsp;<i>Se ressaisir. Enqu&ecirc;te autobiographique d&rsquo;une transfuge de classe f&eacute;ministe</i>. La D&eacute;couverte.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Latour, B., Schultz, N. (2022),&nbsp;<i>M&eacute;mo sur la nouvelle classe &eacute;cologique : Objet : comment faire &eacute;merger une classe &eacute;cologique consciente et fi&egrave;re d&rsquo;elle-m&ecirc;me date : janvier 2022 diffusion : membres des partis &eacute;cologiques et leurs &eacute;lecteurs pr&eacute;sents et &agrave; venir</i>, Les Emp&ecirc;cheurs de penser en rond-&Eacute;ditions la D&eacute;couverte.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Le Grand, J.-L. (1993). &laquo; Implexit&eacute; : implications et complexit&eacute; &raquo;, <i>Cahiers de la section des sciences de l&rsquo;&eacute;ducation de l&rsquo;Universit&eacute; de Gen&egrave;ve</i>.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Le Grand, J-L. (1987).<i> &Eacute;tude d&#39;une exp&eacute;rience communautaire &agrave; orientation th&eacute;rapeutique : histoire de vie de groupe,</i> [th&egrave;se de doctorat d&rsquo;&eacute;tat]. </span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Le Gallo S., Millette, M. (2019). &quot;Se positionner comme chercheuse au prisme de luttes intersectionnelles : d&eacute;centrer la notion d&#39;alli&eacute;.e pour prendre en compte les personnes concern&eacute;es&quot;. <em>Genre, sexualit&eacute; &amp; soci&eacute;t&eacute;</em>.&nbsp;</span></span></span></span></span></span><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" style="font-family:">[En ligne], 22&nbsp;| mis en ligne le&nbsp;16 d&eacute;cembre 2019, consult&eacute; le&nbsp;15 juillet 2022.&nbsp;</span><em><span calibri="" lang="PL" style="font-family:">URL&nbsp;: http://journals.openedition.org.faraway.parisnanterre.fr/gss/6006.</span></em></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Libois, J. (2018), &laquo;&nbsp;Pr&eacute;carisation du travail social. Digression sur la notion de pr&eacute;carit&eacute;.&nbsp;&raquo;,&nbsp;<i>Le Sociographe</i>, 64, pp 85-94.&nbsp;</span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Li&eacute;nard, G.&nbsp;&amp; Mangez, E.&nbsp;&laquo;&nbsp;R&eacute;gimes d&rsquo;action et rapports de pouvoir. Vers un approfondissement de la th&eacute;orie bourdieusienne de la domination&nbsp;?&nbsp;&raquo;,&nbsp;<i>Recherches sociologiques et anthropologiques</i>, 46-1, pp 147-165</span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Morin, E. (1990),<i> Introduction &agrave; la pens&eacute;e complexe</i>, Paris&nbsp;: E.S.F.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#323232">Ouassak, F. (2021), &laquo;&nbsp;Un projet &eacute;cologiste du point de vue des quartiers populaires: &mdash; Et nous serons libres&nbsp;!&nbsp;&raquo;,&nbsp;<i>DARD/DARD</i>, 6, pp 26-37.&nbsp;</span></span></span><a href="https://doi.org/10.3917/dard.006.0026" style="color:blue; text-decoration:underline"><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:">https://doi.org/10.3917/dard.006.0026</span></span></a></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#323232">Pereira, I. (2019), &laquo;&nbsp;L&rsquo;&eacute;thique de l&rsquo;alli&eacute;-e &raquo;, <i>Le Courrier</i>, Consult&eacute; le 30 septembre 2022, &agrave; l&rsquo;adresse https://lecourrier.ch/2019/08/30/lethique-de-lallie-e/</span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#323232">Pierre Nora (dir.), (1987),&nbsp;</span></span></span><i><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Essais d&rsquo;&eacute;go-histoire</span></span></span></i><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:#323232">, Paris&nbsp;: Gallimard.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Pineau, G.&nbsp;</span></span></span><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">&amp;<span style="background:white"> Le Grand, J-L.&nbsp; (1993), <i>Les histoires de vie</i>, Que sais-je.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" lang="EN-GB" style="font-family:"><span style="color:black">Reed-Danahay, D. (2017). Bourdieu and Critical Autoethnography : Implications for Research, Writing, and Teaching.&nbsp;</span></span><i><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">International Journal of Multicultural Education</span></span></i><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">,&nbsp;<i>19</i>(1), 144.&nbsp; </span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Rouvi&egrave;re, C. (2015).&nbsp;<i>Retourner &agrave; la terre : L&rsquo;utopie n&eacute;orurale en Ard&egrave;che depuis les ann&eacute;es 1960</i>. Rennes&nbsp;: Presses universitaires de Rennes.</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Sch&uuml;tz, A., &amp; B&eacute;gout, B. (2010).&nbsp;<i>L&rsquo;&eacute;tranger </i>suivi de<i> L&rsquo;homme qui rentre au pays : Un essai de psychologie sociale</i>&nbsp;(2e &eacute;d). </span></span><span calibri="" lang="EN-GB" style="font-family:"><span style="color:black">&Eacute;d. Allia. (1<sup>re</sup> ed.&nbsp;: (1944) &laquo;&nbsp;The stranger, An Essay in social Psychology&nbsp;&raquo;, American Journal of Sociology,&nbsp;N&deg; 49, pp. 449-507 &amp; (1945&nbsp;), &laquo;&nbsp;The Homecomer&nbsp;&raquo;, <i>American Journal of Sociology, n&deg;50, pp 363-376.</i>&nbsp;&nbsp;&nbsp; </span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Schwartz, O. (1990), <i>Le Monde priv&eacute; des ouvriers</i>. <i>Hommes et femmes du Nord</i>, Paris&nbsp;:&nbsp;</span></span></span><span calibri="" style="font-family:">PUF.</span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Schwartz, O. (2011). Peut-on parler des classes populaires ? <i>La Vie des id&eacute;es</i>. https://laviedesidees.fr/Peut-on-parler-des-classes.html</span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">Schwartz,O. (2009), Vivons-nous encore dans une soci&eacute;t&eacute; de classes ?&nbsp;<i>La Vie des id&eacute;es</i>.&nbsp;https://laviedesidees.fr/Vivons-nous-encore-dans-une.html<u> </u></span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="background:white"><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black">S&eacute;raphin, G. (2012),</span></span></span><span calibri="" style="font-family:"><span style="color:black"> <i>Le regard situant. L&rsquo;exemple de la politique familiale dans la France contemporaine</i><span style="background:white">.</span></span></span><span calibri="" style="font-family:"> Texte d&#39;habilitation &agrave; diriger les recherches,<span style="background:white"><span style="color:black"> Paris&nbsp;: Universit&eacute; Paris V Descartes.</span></span></span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" style="font-family:">Verd&egrave;s-Leroux, J. (1978), <i>Le travail social</i>, Paris&nbsp;: &Eacute;ditions de Minuit.</span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px"><span style="font-size:12pt;"><span style="line-height:107%;"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" lang="EN-GB" style="font-family:">WASHINGTON Jamie, EVANS Nancy J., &laquo;&nbsp;Becoming an ally&nbsp;&raquo;, in EVANS Nancy J., WALL Vernon A. (dir.),&nbsp;<i>Beyond tolerance: gays, lesbians, and bisexuals on campus</i>, Alexandria, VA, American College Personnel Association. </span><span calibri="" style="font-family:">1991, pp.&nbsp;195-204.</span><span style="margin-bottom:11px;"> Cit&eacute; dans </span><span calibri="" style="font-family:">Le&nbsp;Gallo,S. &amp; Millette, M. (2019)&nbsp;&laquo;&nbsp;Se positionner comme chercheuses au prisme des luttes intersectionnelles&nbsp;: d&eacute;centrer la notion d&rsquo;alli&eacute;.e pour prendre en compte les personnes concern&eacute;es&nbsp;&raquo;,&nbsp;<i>Genre, sexualit&eacute; &amp; soci&eacute;t&eacute;.&nbsp;</i></span></span></span></span><span style="font-size:12pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span calibri="" style="font-family:">[En ligne], 22&nbsp;| mis en ligne le&nbsp;16 d&eacute;cembre 2019, consult&eacute; le&nbsp;15 juillet 2022.&nbsp;</span><span calibri="" lang="PL" style="font-family:">URL&nbsp;: http://journals.openedition.org.faraway.parisnanterre.fr/gss/6006.</span></span></span></span></p> <p style="margin-bottom:11px">&nbsp;</p>