<p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">In order to draw ways of overcoming the structural &ldquo;malaise&rdquo; of social workers, this article proposes to return to some of Karl Marx&rsquo;s early works to learn about the radical approach outlined there.</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify">&nbsp;</p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Les p&eacute;nuries de main-d&rsquo;&oelig;uvre et la baisse du nombre d&rsquo;&eacute;tudiant&middot;e&middot;s semblent mettre en lumi&egrave;re une &laquo;&nbsp;crise&nbsp;d&rsquo;attractivit&eacute;&nbsp;&raquo; du travail social. &Agrave; lire la presse sp&eacute;cialis&eacute;e et les communiqu&eacute;s des organisations patronales, on peut avoir l&rsquo;impression qu&rsquo;elle est le fait de facteurs conjoncturels, principalement les cons&eacute;quences de la crise sanitaire travers&eacute;e &agrave; partir de 2020. Un regard sur la litt&eacute;rature sugg&egrave;re pourtant que le &laquo;&nbsp;malaise&nbsp;&raquo; des travailleur&middot;euse&middot;s du social est structurel, bien que les contextes historiques travers&eacute;s en actualisent et en sp&eacute;cifient les formes (Eme, 2013&nbsp;: 30). Plusieurs hypoth&egrave;ses sont avanc&eacute;es&nbsp;par la recherche&nbsp;: perte de &laquo;&nbsp;l&eacute;gitimit&eacute;&nbsp;&raquo; du travail social, salaires insuffisants, manque de reconnaissance, mont&eacute;e d&rsquo;une &laquo;&nbsp;rationalit&eacute; technico-gestionnaire&nbsp;&raquo;&hellip; (Alix, 2023&nbsp;: 265-273).</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Comme le pointait la litt&eacute;rature critique &agrave; l&rsquo;&eacute;poque, le &laquo;&nbsp;malaise&nbsp;&raquo; des professionnel&middot;le&middot;s du social a sembl&eacute; jaillir d&egrave;s l&rsquo;apr&egrave;s-Mai-1968. C&rsquo;est en prenant conscience de la &laquo;&nbsp;fonction implicite&nbsp;&raquo; de leurs m&eacute;tiers &ndash; contr&ocirc;le social, &laquo;&nbsp;normalisation&nbsp;&raquo; et domestication du &laquo;&nbsp;sous-prol&eacute;tariat&nbsp;&raquo; (Esprit, 1972), que les travailleur&middot;euse&middot;s du social en seraient venu&middot;e&middot;s &agrave; &eacute;prouver ce &laquo;&nbsp;malaise&nbsp;&raquo; (Verd&egrave;s-Leroux, 1976&nbsp;:&nbsp;171). Loin de se r&eacute;guler avec le temps ou avec l&rsquo;arriv&eacute;e de F.&nbsp;Mitterrand au pouvoir, les difficult&eacute;s ont persist&eacute; au point que, suivant les observations de M.&nbsp;Chauvi&egrave;re, &laquo;&nbsp;ce malaise serait chronique, aux dires de quelques auteurs. Il est vrai qu&rsquo;il est difficile de concilier altruisme et r&eacute;alisme, id&eacute;alisme et n&eacute;cessit&eacute;s&nbsp;&raquo; (Chauvi&egrave;re, 1985).</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Dans la mesure o&ugrave; il appara&icirc;t structurel, le &laquo;&nbsp;malaise&nbsp;&raquo; des travailleur&middot;euse&middot;s du social semble donc devoir &ecirc;tre analys&eacute; &agrave; la lumi&egrave;re des processus historiques d&rsquo;institutionnalisation des activit&eacute;s constitutives du &laquo;&nbsp;travail social&nbsp;&raquo;, activit&eacute;s qui &eacute;taient originellement priv&eacute;es voire militantes, comme le sugg&egrave;re la &laquo;&nbsp;g&eacute;n&eacute;alogie&nbsp;&raquo; r&eacute;alis&eacute;e par M.&nbsp;Aut&egrave;s (1999). Les processus d&rsquo;institutionnalisation et de professionnalisation ont en effet mis les travailleur&middot;euse&middot;s de ces secteurs face &agrave; diff&eacute;rentes formes de contradictions&nbsp;: int&eacute;gration dans le cadre salarial et du &laquo;&nbsp;travail-marchandise&nbsp;&raquo; (Supiot, 2019), &laquo;&nbsp;rationalisation et instrumentalisation compl&egrave;te du social &raquo; (Aut&egrave;s, 1999&nbsp;: 98), divisions genr&eacute;es du travail, etc... La multiplication de ces tensions et contradictions semble rendre illisible la situation globale du travail social en tant qu&rsquo;ensemble de secteurs. D&eacute;passer le &laquo;&nbsp;malaise&nbsp;&raquo; des travailleur&middot;euse&middot;s implique donc de trouver des clefs de lecture qui puissent redonner du sens aux activit&eacute;s. La proposition qui sera faite dans le pr&eacute;sent article est d&rsquo;en retourner aux travaux de jeunesse de Karl Marx pour esquisser ces clefs de lecture de la situation actuelle du &laquo;&nbsp;travail social&nbsp;&raquo;. Comme le sugg&egrave;re M.&nbsp;Aut&egrave;s, &laquo;&nbsp;le travail social ne peut pas se comprendre isol&eacute;ment de l&rsquo;ensemble des rapports sociaux o&ugrave; il est compris&nbsp;&raquo; (1999&nbsp;:&nbsp;277). Le monde social dans lequel travaillent les professionnel&middot;le&middot;s du social est profond&eacute;ment conditionn&eacute; par les logiques du capitalisme moderne. C&rsquo;est pour cette raison qu&rsquo;un retour &agrave; Marx peut s&rsquo;av&eacute;rer pertinent pour saisir &laquo;&nbsp;&agrave; la racine&nbsp;&raquo; comment le &laquo;&nbsp;mode de production&nbsp;&raquo; capitaliste influence la forme du &laquo;&nbsp;travail social&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">&nbsp;Penseur et militant communiste allemand, Karl Marx (1818-1883) a &eacute;t&eacute; l&rsquo;un des plus brillants analystes du capitalisme &eacute;mergent. Il a mis au point une approche dite &laquo;&nbsp;mat&eacute;rialiste&nbsp;&raquo;, qui part de l&rsquo;&eacute;tude des faits sociaux concrets &ndash; par opposition aux approches &laquo;&nbsp;id&eacute;alistes&nbsp;&raquo;, qui s&rsquo;articulent plut&ocirc;t autour de l&rsquo;interpr&eacute;tation de concepts abstraits. L&rsquo;activit&eacute; de Marx s&rsquo;&eacute;tend sur plusieurs d&eacute;cennies, durant lesquelles il a &eacute;crit des milliers de pages, sur des sujets philosophiques, &eacute;conomiques, politiques, historiques&hellip; Il a beaucoup voyag&eacute;, a eu de multiples responsabilit&eacute;s militantes, sans parler de sa vie personnelle et familiale non moins mouvement&eacute;e. Le pr&eacute;sent article n&rsquo;a donc nullement l&rsquo;intention de r&eacute;duire Marx &agrave; un aspect de sa pens&eacute;e et de son action. Je m&rsquo;y concentrerai sur certains aspects des &oelig;uvres de jeunesse de Marx, car ce sont celles qui donnent &agrave; voir le d&eacute;veloppement d&rsquo;une approche qu&rsquo;on peut dire &laquo;&nbsp;radicale&nbsp;&raquo;. </span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Cette approche se fonde sur une critique radicale des dogmes et institutions dominantes qui ali&egrave;nent l&rsquo;&ecirc;tre humain, c&rsquo;est-&agrave;-dire qui l&rsquo;&eacute;loignent de lui-m&ecirc;me&nbsp;: religion, &Eacute;tat, &eacute;conomie, bureaucratie&hellip; Cette critique radicale atteint &eacute;galement les fondements de ce qu&rsquo;on appellera plus tard le &laquo;&nbsp;travail social&nbsp;&raquo;. Mais cette approche radicale se d&eacute;ploie &eacute;galement dans une certaine &laquo;&nbsp;anthropologie&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire une analyse de l&rsquo;&ecirc;tre humain en tant qu&rsquo;&ecirc;tre vivant, naturel et surtout, inscrit dans un environnement social et historique qui lui donne forme. L&rsquo;articulation entre la critique radicale et l&rsquo;anthropologie du jeune Marx permettent ainsi, d&rsquo;une part, de se d&eacute;partir de l&rsquo;id&eacute;ologie dominante dans le travail social, qui reste tr&egrave;s id&eacute;aliste, morale, abstraitement &laquo;&nbsp;humaniste&nbsp;&raquo;... et, d&rsquo;autre part, de tracer une approche radicale du travail social comme forme institutionnalis&eacute;e de &laquo;&nbsp;reproduction de la vie&nbsp;&raquo; dans le cadre du capitalisme industriel. Cette approche radicale implique de remettre en cause l&rsquo;id&eacute;e que le travail social est une fin en soi&nbsp;: d&rsquo;autres fins lui sont sup&eacute;rieures dans la perspective d&rsquo;une &eacute;mancipation sociale, telles que celle d&rsquo;une transformation sociale radicale permettant l&rsquo;&eacute;panouissement de l&rsquo;esp&egrave;ce humaine et de toutes les autres formes de vie naturelles dont elle d&eacute;pend.</span></span></span></p> <p class="Articulations-titre2" style="text-indent:0cm"><span style="font-size:14pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-weight:bold">1. Les fondements de l&rsquo;approche radicale chez Marx</span></span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Apr&egrave;s son doctorat de philosophie, le jeune Karl Marx travaille comme journaliste et s&rsquo;int&eacute;resse au syst&egrave;me politique et juridique allemand. D&rsquo;abord h&eacute;ritier des Lumi&egrave;res, Marx est &agrave; cette &eacute;poque de plus en plus influenc&eacute; par des penseurs critiques qui sont des pr&eacute;curseurs des mouvements communistes. Ainsi, avant de se concentrer sur la critique du syst&egrave;me capitaliste, les travaux de Marx dans les ann&eacute;es 1843-1846 ont un objectif autrement ambitieux de critique des institutions dominantes&nbsp;: religion, bureaucratie, &eacute;conomie politique, id&eacute;ologie, &Eacute;tat&hellip; </span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Ce faisant, Marx aff&ucirc;te une approche &laquo;&nbsp;radicale&nbsp;&raquo; qui trouve son fondement &eacute;thique dans la libert&eacute; des membres de l&rsquo;esp&egrave;ce humaine, et dans la dimension essentiellement sociale de leur existence&nbsp;: &laquo;&nbsp;&Ecirc;tre radical, c&rsquo;est saisir les choses &agrave; la racine, mais la racine pour l&rsquo;Humain, c&rsquo;est l&rsquo;Humain lui-m&ecirc;me&nbsp;&raquo; (Marx, 1982&nbsp;: 390). Cette approche radicale entend lever le voile sur les r&eacute;alit&eacute;s masqu&eacute;es par les dogmes dominants sur lesquels repose l&rsquo;&Eacute;tat catholique allemand. Marx cherche &agrave; rappeler que les id&eacute;es sont faites par les &ecirc;tres humains et doivent servir leur &eacute;panouissement et non leur asservissement&nbsp;: &laquo;&nbsp;</span></span></span><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif"><span style="color:black">V</span></span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif"><span style="color:black">oici le fondement de la critique irr&eacute;ligieuse :&nbsp;<em>c&#39;est l&rsquo;humain qui fait la religion</em></span></span></span><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif"><span style="color:black"><em>,</em> </span></span></span></i><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif"><span style="color:black">et non la religion qui fait l&rsquo;humain. &Agrave; la v&eacute;rit&eacute;, la religion est la conscience de soi et le sentiment de soi de l&rsquo;humain qui, ou bien ne s&#39;est pas encore conquis, ou bien s&#39;est d&eacute;j&agrave; de nouveau perdu. Mais l&rsquo;humain, ce n&#39;est pas un &ecirc;tre abstrait recroquevill&eacute; hors du monde. L&rsquo;humain c&#39;est</span></span></span><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif"><span style="color:black">&nbsp;</span></span></span></i><em><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif"><span style="color:black">le monde de l&rsquo;humain</span></span></span></em><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif"><span style="color:black">, c&#39;est l&#39;&Eacute;tat, c&#39;est la soci&eacute;t&eacute;. Cet &Eacute;tat, cette soci&eacute;t&eacute;, produisent la religion, une</span></span></span><i><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif"><span style="color:black">&nbsp;</span></span></span></i><em><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif"><span style="color:black">conscience renvers&eacute;e du monde</span></span></span></em><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif"><span style="color:black">, parce qu&#39;ils sont eux-m&ecirc;mes un<i><span style="font-size:12.0pt"><span style="font-family:&quot;Arial&quot;,sans-serif"><span style="color:black"> </span></span></span></i><em>monde renvers&eacute;</em>&nbsp;&raquo;&nbsp;(Marx, 1982&nbsp;: 382, soulign&eacute; par Marx).</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Autrement dit, pour Marx, &agrave; cette &eacute;poque, les institutions dominantes ont comme &eacute;t&eacute; d&eacute;voy&eacute;es par les pouvoirs politiques, religieux et &eacute;conomiques&nbsp;: contre ceux-ci, &laquo;&nbsp;l&rsquo;appropriation de la vie humaine&nbsp;&raquo; par les &ecirc;tres humains eux-m&ecirc;mes implique &laquo;&nbsp;l&rsquo;abandon par l&rsquo;Homme de la religion, de la famille, de l&rsquo;&Eacute;tat, etc., et son retour &agrave; son existence humaine, c&rsquo;est-&agrave;-dire sociale&nbsp;&raquo; (Marx, 1968&nbsp;: 80). Les institutions et dogmes dominants ne doivent plus faire &eacute;cran entre l&rsquo;humain et son existence v&eacute;ritable, fond&eacute;e sur sa libert&eacute; et sa dimension sociale. Ainsi, pour Marx, &laquo;&nbsp;Toute &eacute;mancipation signifie r&eacute;duction du monde humain, des rapports sociaux, &agrave; l&rsquo;Homme lui-m&ecirc;me&nbsp;&raquo; (Marx, 1982b&nbsp;: 373). Pour se lib&eacute;rer, l&rsquo;&ecirc;tre humain doit refuser les dogmes abstraits, et en revenir &agrave; sa vie concr&egrave;te et sa nature d&rsquo;animal social&nbsp;: &laquo;&nbsp;toute vie sociale est essentiellement <em>pratique</em>. Tous les myst&egrave;res qui entra&icirc;nent la th&eacute;orie vers le mysticisme trouvent leur solution rationnelle dans la pratique humaine et dans la compr&eacute;hension de cette pratique&nbsp;&raquo; (Marx, 1982d&nbsp;: 1033, soulign&eacute; par Marx).</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">La radicalit&eacute; de cette conception r&eacute;side dans le fait qu&rsquo;elle vise fondamentalement la &laquo;&nbsp;reconqu&ecirc;te de l&rsquo;humain&nbsp;&raquo; par lui-m&ecirc;me (Marx, 1982&nbsp;: 396). C&rsquo;est la raison pour laquelle Marx qualifie cette approche radicale d&rsquo;&laquo;&nbsp;humanisme r&eacute;el&nbsp;&raquo; (Engels, Marx, 1982&nbsp;: 427-428). Cet humanisme radical dans lequel Marx revendique de s&rsquo;inscrire va sans doute plus loin que les id&eacute;aux &laquo;&nbsp;humanistes&nbsp;&raquo; revendiqu&eacute;s parfois encore actuellement dans les secteurs professionnels du travail social (Revue fran&ccedil;aise de service social, 2022). L&rsquo;approche radicale de Marx comporte en effet une forte charge critique &agrave; l&rsquo;encontre des dogmes et institutions qui d&eacute;shumanisent l&rsquo;existence en &eacute;loignant les &ecirc;tres humains les uns des autres et donc d&rsquo;eux-m&ecirc;mes&nbsp;: une critique, donc, y compris &agrave; l&rsquo;encontre de ce qui semble &ecirc;tre les fondements de l&rsquo;actuel travail social.</span></span></span></p> <p class="Articulations-titre2" style="text-indent:0cm"><span style="font-size:14pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-weight:bold">2. La critique radicale des fondements du travail social</span></span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">L&rsquo;actuel travail social pr&eacute;sente structurellement (c&rsquo;est-&agrave;-dire malgr&eacute; la bienveillance et la bonne volont&eacute; de certains pionniers et pionni&egrave;res) des racines mystiques, bourgeoises et moralisatrices, comme je l&rsquo;ai d&eacute;velopp&eacute; ailleurs (XXX, 2024). Certains textes de Marx des ann&eacute;es 1843-1846 d&eacute;veloppent une critique radicale de ces institutions, dogmes et pratiques qui ont influenc&eacute; l&rsquo;&eacute;mergence de ce qu&rsquo;on appellera plus tard le &laquo;&nbsp;travail social&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Comme &eacute;voqu&eacute; ci-dessus, Marx a en effet commenc&eacute; par produire une &laquo;&nbsp;critique irr&eacute;ligieuse&nbsp;&raquo; qui met donc en cause les fondements confessionnels et charitables de l&rsquo;action sociale (Marx, 1982&nbsp;: 382). Il assimile la religion &agrave; un &laquo;&nbsp;opium du peuple&nbsp;&raquo; et &agrave; une &laquo;&nbsp;conscience renvers&eacute;e&nbsp;&raquo; du monde, car elle n&rsquo;apporte pas une &eacute;mancipation r&eacute;elle, terrestre. La charit&eacute; et l&rsquo;action sociale confessionnelle en direction de la mis&egrave;re ouvri&egrave;re ne sont donc que &laquo;&nbsp;l&rsquo;&acirc;me d&rsquo;un monde sans c&oelig;ur&nbsp;&raquo;, et leur d&eacute;passement n&eacute;cessite le d&eacute;passement des conditions sociales concr&egrave;tes qui produisent la religion&nbsp;: &laquo;&nbsp;Nier la religion, ce bonheur <em>illusoire<b>&nbsp;</b></em>du peuple, c&#39;est exiger son bonheur&nbsp;<em>r&eacute;el</em>. Exiger qu&#39;il abandonne toute illusion sur son &eacute;tat, c&#39;est exiger qu&#39;il renonce &agrave; un &eacute;tat qui a besoin d&#39;illusions. La critique de la religion contient en germe la&nbsp;<em>critique de la vall&eacute;e de larmes</em><b>&nbsp;</b>dont la religion est&nbsp;<em>l&#39;aur&eacute;ole<b>&nbsp;</b></em>(...)&nbsp;La religion n&#39;est que le soleil illusoire, qui gravite autour de l&#39;homme, tant que l&#39;homme ne gravite pas autour de lui-m&ecirc;me&nbsp;&raquo; (Marx, 1982&nbsp;: 383, soulign&eacute; par Marx).</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Concernant l&rsquo;action des classes ais&eacute;es concern&eacute;es &ndash; pour diff&eacute;rentes raisons &ndash; par le sort des classes ouvri&egrave;res, Marx anticipe avec une grande lucidit&eacute; toute l&rsquo;ambigu&iuml;t&eacute; voire la perversit&eacute; de ce qu&rsquo;il appelle la &laquo;&nbsp;bienfaisance&nbsp;&raquo; de ces classes bourgeoises et aristocrates. Il d&eacute;nonce le fait que cette &laquo;&nbsp;bienfaisance&nbsp;&raquo; est un cercle vicieux car elle ne fait qu&rsquo;alimenter &laquo;&nbsp;la mis&egrave;re humaine, l&rsquo;infinie d&eacute;ch&eacute;ance qui doit non seulement accepter l&rsquo;aum&ocirc;ne mais aussi servir de&nbsp;<em>passe-temps</em><b>&nbsp;</b>&agrave; l&rsquo;assistance de l&rsquo;aristocratie de l&rsquo;argent et de la culture, satisfaire son amour-propre, chatouiller son arrogance, l&rsquo;amuser&nbsp;&raquo; (Engels, Marx, 1982&nbsp;: 643, soulign&eacute; par les auteurs). Cette &laquo;&nbsp;bienfaisance&nbsp;&raquo;, d&eacute;plore Marx, appara&icirc;t comme un &laquo;&nbsp;divertissement&nbsp;&raquo; pour les classes poss&eacute;dantes (ibid.&nbsp;: 643-644).</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">En d&eacute;non&ccedil;ant les th&eacute;ories dites malthusiennes qui impr&egrave;gnent les classes ais&eacute;es, Marx anticipe &eacute;galement la critique, souvent faite au travail social, de moraliser et normaliser le prol&eacute;tariat. Selon ces th&eacute;ories malthusiennes, pour am&eacute;liorer leurs conditions de vie les prol&eacute;taires devraient faire moins d&rsquo;enfants. Marx pointe l&rsquo;hypocrisie de ces propositions d&rsquo;apparence bienveillante, qui en r&eacute;alit&eacute; reportent la faute sur les ouvriers et am&egrave;nent &agrave; &laquo;&nbsp;consid&eacute;rer et punir la mis&egrave;re du prol&eacute;tariat comme s&rsquo;il s&rsquo;agissait de la propre faute de celui-ci&nbsp;&raquo;. En ce sens, &laquo;&nbsp;on peut consid&eacute;rer la l&eacute;gislation de l&rsquo;assistance aux pauvres comme une application de cette th&eacute;orie&nbsp;&raquo; car selon Marx elle cherche &agrave; les moraliser pour r&eacute;parer leurs fautes (Marx, 1968b&nbsp;: 165-166).</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Enfin, en lien avec la critique radicale qu&rsquo;il d&eacute;veloppe de l&rsquo;&Eacute;tat, Marx formule dans un article &agrave; propos de la Prusse, de l&rsquo;Angleterre et de la France, une critique sapant les fondements de l&rsquo;action sociale &eacute;tatique. Il fait remarquer que l&rsquo;&Eacute;tat ne peut intervenir sur le &laquo;&nbsp;paup&eacute;risme&nbsp;&raquo; que de mani&egrave;re contradictoire, formelle, n&eacute;cessairement impuissante, car il intervient par le biais de &laquo;&nbsp;mesures d&rsquo;administration et de bienfaisance&nbsp;&raquo; qui ne s&rsquo;attaquent pas aux causes fondamentales de la mis&egrave;re et des &laquo;&nbsp;tares sociales&nbsp;&raquo; (Marx, 1982c&nbsp;: 407-408). Et, pr&eacute;cise Marx, ce n&rsquo;est pas telle ou telle forme d&rsquo;&Eacute;tat qui pose probl&egrave;me&nbsp;: c&rsquo;est l&rsquo;&Eacute;tat lui-m&ecirc;me, en tant que &laquo;&nbsp;totalit&eacute; <em>abstraite </em>qui existe uniquement par la s&eacute;paration d&rsquo;avec la vie r&eacute;elle&nbsp;&raquo; (ibid.&nbsp;: 417, soulign&eacute; par Marx). L&rsquo;&Eacute;tat selon Marx n&rsquo;&eacute;tant que le reflet de &laquo;&nbsp;l&rsquo;organisation sociale&nbsp;&raquo;, l&rsquo;int&eacute;r&ecirc;t g&eacute;n&eacute;ral qu&rsquo;il dit repr&eacute;senter n&rsquo;est que celui des &laquo;&nbsp;int&eacute;r&ecirc;ts particuliers&nbsp;&raquo; les plus forts. Ces derniers ne tireraient pas d&rsquo;avantage &agrave; ce que le paup&eacute;risme disparaisse totalement, car il garantit une &laquo;&nbsp;arm&eacute;e de r&eacute;serve&nbsp;&raquo; &agrave; la grande industrie (Marx, 1968b&nbsp;: 165).</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">La charit&eacute;, la philanthropie, la bienfaisance, l&rsquo;assistance, et l&rsquo;&Eacute;tat, ne peuvent donc vaincre le &laquo;&nbsp;paup&eacute;risme&nbsp;&raquo; tant qu&rsquo;ils restent domin&eacute;s par les &laquo;&nbsp;int&eacute;r&ecirc;ts particuliers&nbsp;&raquo; des classes ais&eacute;es. Pour Marx, ce qui mettra fin &agrave; la mis&egrave;re et aux injustices de classe, c&rsquo;est une r&eacute;volution sociale et politique, car &laquo;&nbsp;L&rsquo;<em>homme</em><b> </b>est plus immense que le <em>citoyen</em>, et la vie humaine est plus immense que la vie politique&nbsp;&raquo; (Marx, 1982c&nbsp;:&nbsp;416, soulign&eacute; par Marx). L&rsquo;approche radicale du jeune Marx ne consiste en effet pas qu&rsquo;en une critique&nbsp;: elle se d&eacute;ploie &eacute;galement dans une &laquo;&nbsp;anthropologie&nbsp;&raquo;, comme disent certains commentateurs, c&rsquo;est-&agrave;-dire une conception de l&rsquo;humain, en l&rsquo;occurrence comme &ecirc;tre vivant et social. Cette conception peut aider &agrave; penser positivement l&rsquo;inscription des secteurs et pratiques du travail social dans un mouvement &eacute;mancipateur.</span></span></span></p> <p class="Articulations-titre2" style="text-indent:0cm"><span style="font-size:14pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-weight:bold">3. Le d&eacute;ploiement de l&rsquo;approche radicale dans une anthropologie mat&eacute;rialiste</span></span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Comme le fait remarquer la sociologue et philosophe Ir&egrave;ne Pereira, on trouve dans plusieurs &eacute;crits de jeunesse de Karl Marx une &laquo;&nbsp;conception anthropologique naturaliste de l&rsquo;&ecirc;tre humain et une forme de vitalisme&nbsp;&raquo; (Pereira, 2013&nbsp;:&nbsp;51). C&rsquo;est-&agrave;-dire que la conception de l&rsquo;humain que Marx d&eacute;veloppe dans ses &eacute;crits de jeunesse appr&eacute;hende celui-ci comme un &ecirc;tre naturel, vivant. Ces conceptions se lisent notamment dans les travaux des ann&eacute;es 1844-1846&nbsp;: les Manuscrits de 1844, L&rsquo;id&eacute;ologie allemande et les Th&egrave;ses sur Feuerbach.</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Dans ses Manuscrits de 1844, Marx consid&egrave;re que &laquo;&nbsp;l&rsquo;homme est imm&eacute;diatement un &ecirc;tre naturel&nbsp;&raquo;, et il doit n&eacute;cessairement &ecirc;tre actif afin de r&eacute;pondre &agrave; ses besoins vitaux, en interagissant avec des objets ext&eacute;rieurs,&nbsp;&laquo;&nbsp;tout comme l&rsquo;animal et la plante&nbsp;&raquo; (Marx, 1968&nbsp;:&nbsp;129-131). En outre l&rsquo;&ecirc;tre humain est un &laquo;&nbsp;&ecirc;tre g&eacute;n&eacute;rique&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire qu&rsquo;il appartient &agrave; une esp&egrave;ce, comme on le dit des autres animaux. Sa particularit&eacute; par rapport aux autres &ecirc;tres vivants est qu&rsquo;il est capable de d&eacute;ployer une &laquo;&nbsp;activit&eacute; libre, consciente&nbsp;&raquo;, c&rsquo;est-&agrave;-dire qu&rsquo;il r&eacute;pond &agrave; ses besoins tout en ayant une conscience plus ou moins d&eacute;velopp&eacute;e de cette activit&eacute;, tout en y ayant r&eacute;fl&eacute;chi. L&rsquo;humain peut conscientiser son appartenance &agrave; une esp&egrave;ce, et le d&eacute;ploiement de son activit&eacute; vitale&nbsp;: &laquo;&nbsp;l&rsquo;homme fait de son activit&eacute; vitale elle-m&ecirc;me l&rsquo;objet de sa volont&eacute; et de sa conscience. Il a une activit&eacute; vitale consciente&nbsp;(&hellip;)&nbsp;&raquo; (ibid.&nbsp;:&nbsp;64). &Agrave; travers son &laquo;&nbsp;activit&eacute;&nbsp;&raquo; et les interactions avec son environnement, qui lui permettent de r&eacute;pondre &agrave; ses besoins, l&rsquo;&ecirc;tre humain se constitue en sujet, il se d&eacute;veloppe, et se donne consciemment forme humaine.</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Cette conception anthropologique se poursuit aussi, notamment, dans L&rsquo;id&eacute;ologie allemande, manuscrit co-&eacute;crit par Marx et Engels en 1845-1846. Les deux auteurs y postulent que l&rsquo;on ne peut comprendre l&rsquo;&ecirc;tre humain, en tant qu&rsquo;&ecirc;tre vivant, qu&rsquo;en partant &laquo;&nbsp;d&rsquo;individus r&eacute;els, de leur action&nbsp;&raquo;, et non pas d&rsquo;id&eacute;es abstraites (Engels, Marx, 1982b&nbsp;:&nbsp;1054-1055). Selon les deux auteurs, l&rsquo; &laquo;&nbsp;activit&eacute;&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;action&nbsp;&raquo; des sujets humains est en effet ce qui leur permet de &laquo;&nbsp;manifester leur vie&nbsp;&raquo;, (ibid.), de r&eacute;aliser la &laquo;&nbsp;mise en &oelig;uvre de soi-m&ecirc;me&nbsp;&raquo; (ibid.&nbsp;:&nbsp;1120). Cette approche &laquo;&nbsp;vitaliste&nbsp;&raquo; am&egrave;ne &agrave; consid&eacute;rer que les sujets humains aspirent &agrave; une existence libre et &eacute;panouie, et que cette aspiration est un support permettant de mettre en question une partie des oppressions et contraintes sociales. </span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Pour les deux auteurs, l&rsquo;&laquo;&nbsp;activit&eacute; vitale&nbsp;&raquo; des &ecirc;tres humains est beaucoup plus vaste que le &laquo;&nbsp;travail&nbsp;&raquo;. Elle repr&eacute;sente tout ce qui permet &agrave; l&rsquo;individu de r&eacute;pondre &agrave; ses besoins, de s&rsquo;&eacute;panouir et de se donner sa propre forme. Tandis que le &laquo;&nbsp;travail&nbsp;&raquo; renvoie &agrave; la forme marchandis&eacute;e, exploit&eacute;e, ali&eacute;n&eacute;e, de l&rsquo; &laquo;&nbsp;activit&eacute; vitale&nbsp;&raquo; dans le syst&egrave;me capitaliste. C&rsquo;est ce que sugg&egrave;re la th&eacute;orie de l&rsquo;ali&eacute;nation &eacute;labor&eacute;e par Marx &agrave; cette p&eacute;riode dans le cadre de son anthropologie. Le ph&eacute;nom&egrave;ne d&rsquo;ali&eacute;nation se donne &agrave; voir &agrave; travers la mani&egrave;re dont le syst&egrave;me &eacute;conomique et politique transforme l&rsquo;activit&eacute; des sujets. Dans le cadre du capitalisme, l&rsquo;ali&eacute;nation&nbsp;se pr&eacute;sente ainsi &agrave; trois niveaux &laquo;&nbsp;du point de vue du travailleur&nbsp;&raquo;&nbsp;: une d&eacute;possession du fruit du travail, la r&eacute;duction de l&rsquo;activit&eacute; libre et consciente &agrave; un simple &laquo;&nbsp;moyen&nbsp;&raquo; &eacute;conomique, et finalement la perte de &laquo;&nbsp;la conscience que l&rsquo;homme a de son esp&egrave;ce&nbsp;&raquo; (Marx, 1968&nbsp;:&nbsp;58-66).</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">On peut donc dire de la conception anthropologique de Marx dans sa jeunesse&nbsp;: 1) qu&rsquo;elle est radicale (ou mat&eacute;rialiste) car elle se fonde sur les &laquo;&nbsp;individus r&eacute;els&nbsp;&raquo;, leur pratique concr&egrave;te, leurs interactions avec l&rsquo;environnement, et refuse de partir de dogmes abstraits, 2) qu&rsquo;elle est naturaliste car elle con&ccedil;oit les &ecirc;tres humains comme des &ecirc;tres qui doivent naturellement &ecirc;tre actifs afin de r&eacute;pondre &agrave; leurs besoins vitaux, 3) qu&rsquo;elle est vitaliste car elle con&ccedil;oit cette activit&eacute; vitale, naturelle, comme la mani&egrave;re dont les &ecirc;tres humains manifestent leur vie, se donnent forme humaine et r&eacute;sistent aux oppressions qui nuisent &agrave; leur existence. Cette conception s&rsquo;av&egrave;re tr&egrave;s instructive pour penser une approche radicale du travail social, en tant que forme institutionnalis&eacute;e de &laquo;&nbsp;reproduction de la vie&nbsp;&raquo;. </span></span></span></p> <p class="Articulations-titre2" style="text-indent:0cm"><span style="font-size:14pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-weight:bold">4. Vers une approche radicale du travail social</span></span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Dans L&rsquo;id&eacute;ologie allemande, Marx et Engels vont compl&eacute;ter l&rsquo;anthropologie encore un peu abstraite (car surtout naturaliste) que Marx avait formul&eacute; dans les Manuscrits de 1844. Dans leur travail commun, les deux auteurs vont davantage insister sur les dimensions sociales et historiques de l&rsquo;existence humaine, fondant ainsi leur &laquo;&nbsp;conception mat&eacute;rialiste du monde&nbsp;&raquo; (sous-titre de L&rsquo;id&eacute;ologie allemande). Ils postulent que produire la vie mat&eacute;rielle (manger, boire, se loger, se v&ecirc;tir&hellip;) est &laquo;&nbsp;le premier acte historique&nbsp;&raquo; proprement humain (Engels, Marx, 1982b&nbsp;:&nbsp;1058-1059). Cette production de la vie permet l&rsquo;&eacute;mergence d&rsquo;autres besoins sp&eacute;cifiquement humains, notamment celui de la production des &ecirc;tres humains eux-m&ecirc;mes, &agrave; travers la famille notamment. Telle est le d&eacute;but de l&rsquo;histoire humaine. L&rsquo;&eacute;volution historique de nos soci&eacute;t&eacute;s a amen&eacute; ces t&acirc;ches de production et de reproduction de la vie &agrave; &ecirc;tre confi&eacute;es &agrave; certains secteurs professionnels, dont, notamment, nos actuels secteurs du travail social.</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">En effet, ces t&acirc;ches de production et reproduction de la vie sont des faits &laquo;&nbsp;naturels&nbsp;&raquo;, comme nous l&rsquo;avons vu, mais aussi &laquo;&nbsp;sociaux&nbsp;&raquo;, parce qu&rsquo;ils impliquent n&eacute;cessairement la &laquo;&nbsp;coop&eacute;ration&nbsp;&raquo; (ibid.&nbsp;:&nbsp;1060). C&rsquo;est ce que sugg&egrave;re Marx dans un texte de la m&ecirc;me &eacute;poque lorsqu&rsquo;il &eacute;crit&nbsp;: &laquo;&nbsp;L&rsquo;essence humaine n&rsquo;est point chose abstraite, inh&eacute;rente &agrave; l&rsquo;individu isol&eacute;. Elle est, dans sa r&eacute;alit&eacute;, l&rsquo;ensemble des relations sociales&nbsp;&raquo; (Marx, 1982d&nbsp;:&nbsp;1032). Autrement dit, la vie humaine n&rsquo;est pas concevable du point de vue d&rsquo;un individu isol&eacute;, d&rsquo;un &laquo;&nbsp;atome&nbsp;&raquo;&nbsp;: l&rsquo;essence humaine ne consiste pas simplement en une &laquo;&nbsp;nature&nbsp;&raquo; muette, mais en son existence sociale et sa forme historique. C&rsquo;est-&agrave;-dire que l&rsquo;&ecirc;tre humain se caract&eacute;rise par les diff&eacute;rentes formes que prend, au fil de l&rsquo;histoire, son activit&eacute; vitale consciente en relation avec ses semblables (on peut signaler &agrave; ce stade que de nombreuses activit&eacute;s de travail social se mettent en place justement lorsque ce mode d&rsquo;existence semble d&eacute;faillant). </span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">En effet, comme le signalent les deux auteurs dans L&rsquo;id&eacute;ologie allemande, les formes de &laquo;&nbsp;coop&eacute;ration&nbsp;&raquo; mises en &oelig;uvre par les &ecirc;tres humains engendrent un &laquo;&nbsp;mode de production&nbsp;&raquo;, qui &eacute;volue dans le temps (Engels, Marx, 1982b&nbsp;:&nbsp;1060). L&rsquo;histoire r&eacute;cente du &laquo;&nbsp;mode de production&nbsp;&raquo; dans nos soci&eacute;t&eacute;s occidentales montre que celui-ci a pris la forme d&rsquo;un capitalisme industriel dont nous sommes loin d&rsquo;&ecirc;tre sortis. Nos &laquo;&nbsp;conditions d&rsquo;existence mat&eacute;rielle&nbsp;&raquo; et d&rsquo;activit&eacute; sugg&egrave;rent ainsi que les processus de production et de reproduction de la vie (se nourrir, se v&ecirc;tir, se loger, fonder un foyer&hellip;) sont profond&eacute;ment conditionn&eacute;s par les dynamiques du capitalisme industriel, fond&eacute;es notamment sur la division du travail et la propri&eacute;t&eacute; priv&eacute;e (Marx, 1968&nbsp;; Engels, Marx, 1982b). Selon Marx et Engels en effet, lorsque l&rsquo;&laquo;&nbsp;activit&eacute; sociale&nbsp;&raquo; n&rsquo;est pas r&eacute;partie &laquo;&nbsp;volontairement&nbsp;&raquo; (c&rsquo;est-&agrave;-dire librement) entre les membres de la soci&eacute;t&eacute;, elle devient une &laquo;&nbsp;puissance &eacute;trang&egrave;re&nbsp;&raquo; qui asservit une partie de ces membres&nbsp;: &laquo;&nbsp;Cette activit&eacute; sociale qui s&rsquo;immobilise, ce produit de nos mains qui se change en un pouvoir mat&eacute;riel qui nous domine, &eacute;chappe &agrave; notre contr&ocirc;le, contrarie nos espoirs, ruine nos calculs &ndash; ce ph&eacute;nom&egrave;ne-l&agrave;, c&rsquo;est un des principaux facteurs de l&rsquo;&eacute;volution historique connu jusqu&rsquo;ici&nbsp;&raquo; (Engels, Marx, 1982b&nbsp;:&nbsp;1065). L&rsquo;activit&eacute; tend &agrave; s&rsquo;institutionnaliser en une forme qui &eacute;chappe &agrave; la volont&eacute; du plus grand nombre.</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">L&rsquo;&eacute;volution du mode de production capitaliste industriel et de la division du travail qui le soutient ont donc profond&eacute;ment conditionn&eacute; les modalit&eacute;s de production et de reproduction de la vie. En ce sens, le capitalisme industriel d&eacute;termine largement les formes de l&rsquo;action sociale, et notamment du travail social. D&rsquo;abord, &agrave; l&rsquo;&eacute;poque de Marx, comme nous l&rsquo;avons vu, par l&rsquo;influence des id&eacute;ologies dominantes (confessionnelles, bourgeoises, moralisantes &agrave; l&rsquo;&eacute;gard du prol&eacute;tariat&hellip;)&nbsp;; mais aussi, dor&eacute;navant, par l&rsquo;organisation du travail lui-m&ecirc;me. Cela revient &agrave; postuler qu&rsquo;un processus d&rsquo;industrialisation transforme de nombreuses activit&eacute;s tertiaires et relationnelles, dont le travail social (mais aussi, comme l&rsquo;indiquent de nombreuses &eacute;tudes, l&rsquo;enseignement, l&rsquo;h&ocirc;pital, la psychiatrie, le m&eacute;dico-social, l&rsquo;insertion, les services &agrave; la personne&hellip;). L&rsquo;observation des conditions mat&eacute;rielles d&rsquo;activit&eacute; des travailleur&middot;euse&middot;s de ces secteurs indiquent que ces ph&eacute;nom&egrave;nes d&rsquo;industrialisation ont des formes comparables&nbsp;: instrumentalisations politiques et &eacute;conomiques des secteurs, production et traitement de masse, standardisation et gestionnarisation des activit&eacute;s, omnipr&eacute;sence des outils num&eacute;riques et technologiques contraignant la pratique, productivisme, parcellisation et taylorisation des t&acirc;ches, p&eacute;nibilit&eacute; physique, usure mentale, prol&eacute;tarisation des travailleur&middot;euse&middot;s&hellip; comme je l&rsquo;ai d&eacute;velopp&eacute; ailleurs (XXX, 2022&nbsp;; XXX, 2024b). Une approche radicale du travail social doit imp&eacute;rativement partir de ces conditions r&eacute;elles pour penser les formes contemporaines du &laquo;&nbsp;travail social&nbsp;&raquo; en tant que forme institutionnalis&eacute;e des activit&eacute;s de production et reproduction de la vie.</span></span></span></p> <p class="Articulations-titre2" style="text-indent:0cm"><span style="font-size:14pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black"><span style="font-weight:bold">5. Cons&eacute;quences de l&rsquo;approche radicale et perspectives</span></span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">La principale cons&eacute;quence de cette approche radicale r&eacute;side dans l&rsquo;id&eacute;e que c&rsquo;est<b> </b>la structure sociale et l&rsquo;&Eacute;tat eux-m&ecirc;mes qui &eacute;mergent finalement de &laquo;&nbsp;l&rsquo;activit&eacute; vitale&nbsp;&raquo; des individus, donc du &laquo;&nbsp;mode de production&nbsp;&raquo;, et non l&rsquo;inverse. Cette &laquo;&nbsp;activit&eacute; vitale&nbsp;&raquo; s&rsquo;est historiquement institutionnalis&eacute;e sous la forme du mode de production capitaliste industriel. De ce fait, l&rsquo;&Eacute;tat (m&ecirc;me &laquo;&nbsp;social&nbsp;&raquo;, m&ecirc;me &laquo;&nbsp;Providence&nbsp;&raquo;), le droit et la loi, ne sont selon Marx que des &laquo;&nbsp;formes&nbsp;&raquo; &agrave; travers lesquelles les classes dominantes d&rsquo;une &eacute;poque d&eacute;fendent leurs int&eacute;r&ecirc;ts en faisant des compromis dans le cadre des diff&eacute;rents antagonismes sociaux. Ces formes &ndash; l&rsquo;&Eacute;tat, le droit et la loi &ndash; ne sont pas des solutions compl&egrave;tes et durables aux in&eacute;galit&eacute;s et &agrave; l&rsquo;ali&eacute;nation, contrairement &agrave; ce que sugg&egrave;rent les dogmes qui dominent notamment l&rsquo;histoire du travail social. En effet, les &laquo;&nbsp;id&eacute;es dominantes&nbsp;&raquo; ne sont que les id&eacute;es des classes qui maitrisent la puissance sociale (Engels, Marx, 1982b&nbsp;:&nbsp;1080-1081). Ces id&eacute;es dominantes ont une influence sur les formes de la &laquo;&nbsp;production de la vie&nbsp;&raquo;, comme on le voit notamment avec les d&eacute;finitions id&eacute;alistes, l&eacute;galistes, morales et finalement, d&eacute;politis&eacute;es, du travail social et de l&rsquo;engagement dans le travail social, qui ont cours actuellement (Louli, 2022). Dans cette perspective, toute id&eacute;e de &laquo;&nbsp;vocation&nbsp;&raquo; individuelle doit &ecirc;tre critiqu&eacute;e, selon Marx et Engels (Engels, Marx, 1982b&nbsp;:&nbsp;1307).</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Ces &laquo;&nbsp;id&eacute;es dominantes&nbsp;&raquo; dans le travail social postulent qu&rsquo;il existe un &laquo;&nbsp;id&eacute;al&nbsp;&raquo;, une &laquo;&nbsp;essence&nbsp;&raquo;, du travail social qui, en soi, contribuerait &agrave; l&rsquo;&eacute;mancipation, et qu&rsquo;il suffirait que les pouvoirs publics daignent reconna&icirc;tre et valoriser cet id&eacute;al, en r&eacute;formant l&rsquo;actuel travail social, afin qu&rsquo;advienne cette essence &eacute;mancipatrice. Une approche radicale du travail social va &agrave; l&rsquo;encontre de ces conceptions id&eacute;alistes, qui tendent &agrave; d&eacute;connecter le travail social de ses conditions r&eacute;elles. L&rsquo;approche radicale du travail social se fonde sur l&rsquo;observation que, pour paraphraser Marx, ce sont les &ecirc;tres humains qui font le &laquo;&nbsp;travail social&nbsp;&raquo;. Une approche radicale du travail social part de ses &laquo;&nbsp;circonstances&nbsp;&raquo; concr&egrave;tes afin de leur &laquo;&nbsp;donner forme humaine&nbsp;&raquo; (Engels, Marx, 1982&nbsp;:571-572). L&rsquo;ali&eacute;nation, l&rsquo;exploitation, les souffrances sociales, forment en effet des&nbsp;conditions inhumaines qui doivent &ecirc;tre d&eacute;pass&eacute;es, pour qui se soucie du sort de l&rsquo;esp&egrave;ce humaine &ndash; et donc de soi-m&ecirc;me. Cette perspective implique donc que les travailleur&middot;euse&middot;s du social qui souhaitent contribuer en pratique &agrave; des dynamiques d&rsquo;&eacute;mancipation abandonnent la croyance en un &laquo;&nbsp;id&eacute;al&nbsp;&raquo; ou une &laquo;&nbsp;essence&nbsp;&raquo; du travail social qui guiderait leur pratique, et qui n&rsquo;attendrait qu&rsquo;une sanctification par l&rsquo;&Eacute;tat pour advenir sur Terre. Il appartient aux &laquo;&nbsp;individus r&eacute;els&nbsp;&raquo; de contribuer par leur action &agrave; la transformation du mode de production et de reproduction de la vie. Cette transformation passe par le fait d&rsquo;agir individuellement et collectivement en tant que membres d&rsquo;une esp&egrave;ce humaine, vivante, d&eacute;pendants les un&middot;e&middot;s des autres et de leur environnement. Que celles et ceux qui veulent contribuer en pratique &agrave; ces dynamiques d&rsquo;&eacute;mancipation acceptent et assument que celles-ci n&eacute;cessitent d&rsquo;agir bien au-del&agrave; des fins assign&eacute;es au travail social actuel par les id&eacute;alismes et les pouvoirs publics.</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Par ses dimensions critiques et anthropologiques, une approche radicale du travail social inspir&eacute;e par les travaux de jeunesse de Marx ouvre une perspective centr&eacute;e sur les &ecirc;tres humains et sur tout le vivant dont leur existence d&eacute;pend&nbsp;: &laquo;&nbsp;La nature, pour autant qu&rsquo;elle n&rsquo;est pas elle-m&ecirc;me le corps humain, est le corps non organique de l&rsquo;homme. L&rsquo;homme vit de la nature &ndash; ce qui signifie que la nature est son corps et qu&rsquo;il doit maintenir des rapports constants avec elle pour ne pas mourir. Dire que la vie physique et intellectuelle de l&rsquo;homme est li&eacute;e &agrave; la nature ne signifie rien d&rsquo;autre que la nature est li&eacute;e &agrave; elle-m&ecirc;me, car l&rsquo;homme est une partie de la nature&nbsp;&raquo; (Marx, 1968&nbsp;:&nbsp;62). Cette perspective d&eacute;finit donc l&rsquo;action &eacute;mancipatrice comme d&eacute;passement du &laquo;&nbsp;mode de production&nbsp;&raquo; actuel, en ce qu&rsquo;il nuit aux &ecirc;tres humains et &agrave; la plupart des formes de vie qui constituent la &laquo;&nbsp;nature&nbsp;&raquo;. Cette transformation sociale radicale s&rsquo;appuie sur une critique des institutions qui soutiennent l&rsquo;ordre pr&eacute;sent, &agrave; commencer par le travail social actuel&hellip; Suivant cette approche, il apparaitrait en effet inconsistant voire irresponsable de r&ecirc;vasser &agrave; l&rsquo;av&egrave;nement d&rsquo;un meilleur travail social sans&nbsp;songer, au moins en arri&egrave;re-plan, &agrave; l&rsquo;av&egrave;nement d&rsquo;un monde pleinement respectueux des formes de vie. Une approche radicale du travail social fait passer cet arri&egrave;re-plan au premier plan&nbsp;: on transformerait&nbsp;davantage notre&nbsp;existence en transformant notre mode de production qu&rsquo;en transformant le travail social&hellip;</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align: justify;"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black"><b>Bibliographie</b></span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Alix, J.-S. (2023). <i>Les travailleurs sociaux face au n&eacute;o-lib&eacute;ralisme. Entre assentiment et r&eacute;sistance</i>. L&rsquo;Harmattan.</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Aut&egrave;s, M. (1999). <i>Les paradoxes du travail social</i>. Dunod</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Chauvi&egrave;re, M. (1985). Travail social&nbsp;: le choc des l&eacute;gitimit&eacute;s. <i>Le monde diplomatique</i>, 370, 20-21</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Engels, F., Marx, K. (1982 [1845]),&nbsp;La Sainte Famille, ou critique de la critique critique. Contre Bruno Bauer et consorts. Dans K. Marx, <i>&OElig;uvres. III. Philosophie</i> (p.&nbsp;419-661), Gallimard, Coll. &laquo;&nbsp;Biblioth&egrave;que de la Pl&eacute;iade&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Engels, F., Marx, K. (1982b [1845-1846]).&nbsp;L&rsquo;id&eacute;ologie allemande (&laquo;&nbsp;conception mat&eacute;rialiste et critique du monde&nbsp;&raquo;). Dans K. Marx, <i>&OElig;uvres. III. Philosophie </i>(p. 1037-1325), Gallimard, Coll. &laquo;&nbsp;Biblioth&egrave;que de la Pl&eacute;iade&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Eme, B. (2013). Ruptures et continuit&eacute;s du travail social. Dans Y. Boudjema&iuml;, <i>Quel devenir pour le travail social&nbsp;? Nouvelles questions, nouvelles l&eacute;gitimit&eacute;s</i> (p.29-42). L&rsquo;Harmattan.</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black"><i>Esprit</i> (1972). &Agrave; quoi sert le travail social&nbsp;? 413</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Louli, J. (2022), &laquo; R&eacute;sister &agrave; l&rsquo;industrialisation ? Vers une approche radicale du travail social &raquo; in <i>Revue Fran&ccedil;aise de Service Social</i>, n&deg;285&nbsp;:&nbsp;59-65</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Louli, J. (2024), &laquo;&nbsp;Faire redescendre le &quot;travail social&quot; du ciel vers la terre&nbsp;&raquo;, <i>Le Sociographe</i>, n&deg;87&nbsp;:&nbsp;175-187, &agrave; para&icirc;tre</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Louli, J. (2024b), &laquo;&nbsp;L&rsquo;industrialisation du travail social : esquisse ​g&eacute;n&eacute;rale&nbsp;&raquo; [&Eacute;pisode audio de podcast]. in <i>L&rsquo;antenne du social</i>, Radio Libertaire. <span class="MsoHyperlink" style="color:#0563c1"><span style="text-decoration:underline"><span style="font-family:&quot;Helvetica&quot;,sans-serif"><a href="https://www.jlouli.fr/lindustrialisation-du-travail-social-esquisse-generale-podcast-audio/" style="color:#0563c1; text-decoration:underline">https://www.jlouli.fr/lindustrialisation-du-travail-social-esquisse-generale-podcast-audio/</a></span></span></span> </span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Marx, K., (1968), &Eacute;conomie et philosophie (manuscrits parisiens). Dans K. Marx, <i>&OElig;uvres. &Eacute;conomie II</i>, (p.&nbsp;1-141), Gallimard, Coll. &laquo;&nbsp;Biblioth&egrave;que de La Pl&eacute;iade&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Marx, K., (1968b), Salaire. Dans K. Marx, <i>&OElig;uvres. &Eacute;conomie II</i>, (p.&nbsp;143-169), Gallimard, Coll. &laquo;&nbsp;Biblioth&egrave;que de La Pl&eacute;iade&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Marx, K. (1982 [1844]), Pour une critique de la philosophie du droit de Hegel. Dans K. Marx, <i>&OElig;uvres. &Eacute;conomie II</i>, (p.&nbsp;382-397), Gallimard, Coll. &laquo;&nbsp;Biblioth&egrave;que de La Pl&eacute;iade&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Marx, K. (1982b [1844]), &Agrave; propos de &laquo;&nbsp;La Question Juive&nbsp;&raquo;. Dans&nbsp;K. Marx, <i>&OElig;uvres. III. Philosophie</i> (p. 347-381), Gallimard, Coll. &laquo;&nbsp;Biblioth&egrave;que de la Pl&eacute;iade&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Marx, K. (1982c [1844]), Gloses critiques en marge de l&rsquo;article &quot;Le roi de Prusse et la r&eacute;forme sociale. Par un prussien&quot;, Dans&nbsp;K. Marx, <i>&OElig;uvres. III. Philosophie</i> (p. 398-418), Gallimard, Coll. &laquo;&nbsp;Biblioth&egrave;que de la Pl&eacute;iade&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Marx, K. (1982d), Ad Feuerbach, Dans&nbsp;K. Marx, <i>&OElig;uvres. III. Philosophie</i> (p. 1029-1033), Gallimard, Coll. &laquo;&nbsp;Biblioth&egrave;que de la Pl&eacute;iade&nbsp;&raquo;.</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Pereira, I. (2013). Penser l&#39;&eacute;mancipation &agrave; partir d&#39;une spontan&eacute;it&eacute; vitale.&nbsp;<i>Raison pr&eacute;sente</i>, 185&nbsp;: 49-57</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black"><i>Revue fran&ccedil;aise de service social</i>, 2022, &laquo;&nbsp;Que veut le travail social&nbsp;?&nbsp;&raquo;, n&deg;285.</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Supiot,&nbsp;A. (2019). <i>Le travail n&rsquo;est pas une marchandise. Contenu et sens du travail au XXIe si&egrave;cle</i>, Coll&egrave;ge de France, coll. &laquo;&nbsp;Le&ccedil;ons de cl&ocirc;ture&nbsp;&raquo;</span></span></span></p> <p class="Articulations-corpsdetexte" style="text-align:justify"><span style="font-size:12pt"><span style="font-family:Arial, sans-serif"><span style="color:black">Verd&egrave;s-Leroux. J. (1976). Pouvoir et assistance : cinquante ans de service social. <i>Actes de la recherche en sciences sociales</i>. 2, 2-3, La production de l&rsquo;id&eacute;ologie dominante, 152-172</span></span></span></p>