<p style="text-align:justify; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Introduction</span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px; margin-left:48px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Depuis 2008, la Belgique traverse une s&eacute;rie de &laquo;&nbsp;crises de l&rsquo;accueil&nbsp;&raquo;, terme qui appelle en lui-m&ecirc;me un regard critique tant ces crises semblent s&rsquo;inscrire dans une logique structurelle (</span><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Calabrese</span><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">, Gaboriaux, &amp; Veniard, 2022&nbsp;; Blanchard &amp; Rodier, 2016)&nbsp;; une situation </span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">caract&eacute;ris&eacute;e par l&rsquo;impossibilit&eacute; pour Fedasil, l&rsquo;agence f&eacute;d&eacute;rale pour l&rsquo;accueil des demandeurs d&rsquo;asile en Belgique, d&rsquo;assurer une place d&rsquo;h&eacute;bergement et des conditions d&rsquo;accueil dignes, entra&icirc;nant l&rsquo;installation forc&eacute;e d&rsquo;hommes, femmes et enfants dans l&rsquo;espace public, particuli&egrave;rement &agrave; Bruxelles (Mescoli, 2021&nbsp;; Lendaro &amp; Vertongen, 2019). Malgr&eacute; de multiples condamnations, l&rsquo;Etat belge peine &agrave; rencontrer ses obligations et les p&eacute;riodes de &laquo;&nbsp;crise&nbsp;&raquo; se succ&egrave;dent, la derni&egrave;re datant de 2022 et toujours en cours &agrave; l&rsquo;heure de r&eacute;diger ces lignes. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Parmi ces populations en situation de migration aupr&egrave;s desquelles interviennent les diff&eacute;rents &eacute;quipes mobiles, travailleurs de rue, &eacute;ducateurs, assistants sociaux et psychologues, un public se d&eacute;gage et interroge les formes de l&rsquo;intervention sociale&nbsp;: de jeunes mineurs, majoritairement des gar&ccedil;ons, &acirc;g&eacute;s de 13 &agrave; 18 ans, originaires du Maghreb, livr&eacute;s &agrave; eux-m&ecirc;mes dans l&rsquo;espace public et dont les comportements, souvent &agrave; risques, d&eacute;stabilisent les professionnels de terrain. C&rsquo;est &agrave; ces jeunes au profil sp&eacute;cifique que cette recherche s&rsquo;est int&eacute;ress&eacute;e. Le cadre m&eacute;thodologique de cette recherche est pr&eacute;sent&eacute; dans la premi&egrave;re partie de cet article. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La mise en lumi&egrave;re de ces jeunes et de leurs difficult&eacute;s commence par l&rsquo;interpellation de la garde p&eacute;diatrique du plus grand h&ocirc;pital public bruxellois, lieu d&rsquo;accueil de nombreuses personnes en situation de pr&eacute;carit&eacute;, qui s&rsquo;inqui&egrave;te de l&rsquo;arriv&eacute;e de plus en plus fr&eacute;quente de jeunes gar&ccedil;ons, pr&eacute;sentant le plus souvent des plaies dues &agrave; des violences en rue ou des br&ucirc;lures li&eacute;es &agrave; l&rsquo;usage de solvant. Si ces jeunes sont demandeurs de soins de premi&egrave;re n&eacute;cessit&eacute;, ils restent insaisissables, ne demandent rien et disparaissent le plus souvent comme ils sont arriv&eacute;s. Alert&eacute;e par leur apparente fragilit&eacute; et l&rsquo;impossibilit&eacute; de les &laquo;&nbsp;accrocher&nbsp;&raquo;, cette &eacute;quipe m&eacute;dicale mobilise les services sociaux, publics et associatifs, pour &eacute;voquer la situation de ces jeunes gar&ccedil;ons. Le constat est semblable pour chacun des acteurs&nbsp;: ces jeunes restent en marge de l&rsquo;intervention sociale, qu&rsquo;elle soit destin&eacute;e aux jeunes ou aux personnes en situation de migration &ndash; nous reviendrons sur les effets de ce double statut &ndash; et les travailleurs sociaux peinent &agrave; identifier leurs besoins et attentes. Ce sera l&rsquo;objet d&rsquo;une recherche-action collaborative, men&eacute;e entre septembre 2022 et mars 2024, dont nous pr&eacute;sentons les principaux r&eacute;sultats dans cet article. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Dans le vocable juridique belge, ces jeunes sont identifi&eacute;s comme &eacute;tant des MENAS, mineurs &eacute;trangers non accompagn&eacute;s, pour lesquels des dispositifs d&rsquo;accueil sp&eacute;cifique sont d&eacute;ploy&eacute;s, notamment par l&rsquo;h&eacute;bergement en centre adapt&eacute; et par la d&eacute;signation d&rsquo;un tuteur</span><a href="#_ftn1" name="_ftnref1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="FR-BE" style="font-size:11.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[1]</span></span></span></span></span></span></a><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, en charge du suivi et de l&rsquo;accompagnement du jeune. Pour autant, les jeunes gar&ccedil;ons dont il est question dans cet article se distinguent des autres groupes de MENAS, &eacute;galement pr&eacute;sents &agrave; Bruxelles, notamment par leur volont&eacute; de demeurer en marge de ces dispositifs et leur extr&ecirc;me mobilit&eacute;, ce qui rend leur accroche particuli&egrave;rement complexe. Les professionnels de terrain font alors &eacute;merger une logique de cat&eacute;gorisation, entre les MENAS dit &laquo;&nbsp;en transit&nbsp;&raquo;, qui visent majoritairement &agrave; rejoindre l&rsquo;Angleterre, les MENAS, demandeurs de protection internationale et d&eacute;sireux de demeurer en Belgique et les MENAS dits &laquo;&nbsp;en errance&nbsp;&raquo;, qui consid&egrave;rent l&rsquo;Europe comme un vaste pays qu&rsquo;ils explorent au gr&eacute; des opportunit&eacute;s et contraintes, sans point de chute pr&eacute;cis. Leur origine nationale, hors des zones de conflit jug&eacute;es prioritaires, constitue en effet un frein dans l&rsquo;obtention d&rsquo;un statut r&eacute;gulier, &agrave; la diff&eacute;rence de jeunes issus d&rsquo;autres territoires, qui peuvent s&rsquo;inscrire dans une proc&eacute;dure et esp&eacute;rer une r&eacute;gularisation une fois leur majorit&eacute; atteinte&nbsp;; cette absence de perspective n&rsquo;est pas sans lien avec leurs d&eacute;placements constants. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cette extr&ecirc;me mobilit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle europ&eacute;enne contraste toutefois avec un enfermement spatial tr&egrave;s limit&eacute; au sein des villes travers&eacute;es. A Bruxelles, ces jeunes MENAS fr&eacute;quentent ainsi principalement le quartier de la gare du midi. Ce ph&eacute;nom&egrave;ne que nous avons qualifi&eacute; comme une &laquo;&nbsp;mobilit&eacute;&nbsp;ancr&eacute;e&nbsp;&raquo; fera l&rsquo;objet de la seconde partie de cet article. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Enfin, nous aborderons une autre facette de cette errance, lorsqu&rsquo;elle s&rsquo;incarne dans des comportements &agrave; risque, notamment par la consommation de produits psychotropes, principalement des m&eacute;dicaments visant &agrave; traiter des troubles anxiolytiques, tels le Lyrica et le Rivotril, ou encore des produits solvants. Nous verrons que cette consommation ne peut &ecirc;tre envisag&eacute;e sans consid&eacute;rer l&rsquo;extr&ecirc;me pr&eacute;carit&eacute; des conditions de vie de ces jeunes en Europe, combin&eacute;e &agrave; la violence et aux traumatismes subis lors du parcours migratoire, terreau d&rsquo;une sant&eacute; mentale plus que fragilis&eacute;e.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">1. </span></b><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Cadre m&eacute;thodologique</span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce projet de recherche a &eacute;t&eacute; men&eacute; selon les principes &eacute;pist&eacute;mologiques de la recherche collaborative (Les chercheurs ignorants, 2015&nbsp;; Morrissette, 2013&nbsp;; Audoux &amp; Gillet, 2011), &agrave; savoir la pleine reconnaissance d&rsquo;une &eacute;gale l&eacute;gitimit&eacute; entre les diff&eacute;rents types de savoirs, dans ce cas pr&eacute;cis, des savoirs professionnels, mobilis&eacute;s par les intervenants de terrain, et th&eacute;oriques, apport&eacute;s par l&rsquo;&eacute;quipe de recherche. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La colonne vert&eacute;brale de cette recherche a &eacute;t&eacute; la constitution d&rsquo;un groupe de recherche, espace de r&eacute;flexivit&eacute; dans lequel professionnels de terrain et chercheurs &laquo; en continu&nbsp;&raquo; (Lyet, 2017) ont mis en dialogue leurs interpr&eacute;tations et analyses pour adopter une posture commune de co-chercheurs (Bonny, 2017). Ce groupe de recherche transdisciplinaire et intersectoriel &eacute;tait ainsi compos&eacute; de deux&nbsp;chercheuses du Crebis (Centre de recherche de Bruxelles sur les in&eacute;galit&eacute;s sociales) et de 22 professionnels, issus de 16 services, publics et associatifs, impliqu&eacute;s directement ou indirectement dans la prise en charge de ces jeunes &agrave; Bruxelles. En effet, si l&rsquo;un des premiers constats de la recherche a &eacute;t&eacute; qu&rsquo;aucun service n&rsquo;&eacute;tait sp&eacute;cifiquement d&eacute;di&eacute; &agrave; ce public, leur pr&eacute;sence dans l&rsquo;espace public les mette en contact avec de nombreux intervenants sociaux et agents institutionnels. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce groupe de recherche a &eacute;t&eacute; r&eacute;uni lors de 15 s&eacute;ances de travail, </span><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">chaque s&eacute;ance permettant d&rsquo;approfondir une th&eacute;matique sp&eacute;cifique gr&acirc;ce &agrave; des outils m&eacute;thodologiques vari&eacute;s : co-analyse d&rsquo;extraits d&rsquo;entretiens (de jeunes MENAS et de professionnels), cartographies participatives, marche exploratoire dans les quartiers o&ugrave; &eacute;voluent ces jeunes MENAS, arpentage d&rsquo;articles scientifiques, d&eacute;bats avec des experts invit&eacute;s, d&eacute;couverte d&rsquo;initiatives &agrave; l&rsquo;&eacute;tranger, etc. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Pr&eacute;alablement, l&rsquo;&eacute;quipe de recherche a &eacute;labor&eacute; une revue de la litt&eacute;rature, mise &agrave; disposition des membres du groupe de recherche, et r&eacute;alis&eacute; 15 entretiens exploratoires avec des professionnels de terrain, repr&eacute;sentants institutionnels et politiques. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Pour ce qui concerne la mobilisation du savoir exp&eacute;rientiel, il nous est apparu complexe, au vu du temps imparti et des ressources disponibles, d&rsquo;impliquer les MENAS eux-m&ecirc;mes dans le groupe de recherche. La non-maitrise de la langue &ndash; et l&rsquo;absence de budgets permettant un dispositif de traduction simultan&eacute;e pendant les s&eacute;ances de travail - mais surtout l&rsquo;extr&ecirc;me m&eacute;fiance de ces jeunes envers les adultes et institutions, leur grande mobilit&eacute; et les conditions de vie pr&eacute;caires dans lesquels ils vivent au jour le jour, ont rendu impossible leur participation &agrave; cet espace. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Toutefois, il semblait essentiel que leur parole puisse pleinement &ecirc;tre prise en compte dans le cadre de cette recherche. Pour ce faire, nous avons donc mobilis&eacute; des outils compl&eacute;mentaires issus de la recherche qualitative, &agrave; savoir l&rsquo;observation participante, en accompagnant les travailleurs des &eacute;quipes mobiles en rue et en nous rendant dans des services d&rsquo;accueil de jour pour jeunes en situation de vuln&eacute;rabilit&eacute;, dans lesquels les MENAS ont l&rsquo;habitude de se rendre. Nous avons r&eacute;alis&eacute; un total de 40 heures d&rsquo;observation. Nous avons alors pu recueillir la parole des jeunes, dans des moments d&rsquo;&eacute;changes plus informels. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Parall&egrave;lement, nous avons men&eacute; 13 entretiens semi-directifs, en pr&eacute;sence d&rsquo;un interpr&egrave;te, sur base d&rsquo;un guide &eacute;labor&eacute; par le groupe de recherche. Ces entretiens ont eu lieu au sein des IPPJ (Institution publique de protection de la jeunesse), institutions dans lesquelles sont envoy&eacute;s les jeunes &ndash; qu&rsquo;ils soient ou non MENA - pour une p&eacute;riode de 1 &agrave; 2 mois, lorsqu&rsquo;ils ont commis des faits de d&eacute;linquance. Ces jeunes ont &eacute;t&eacute; mis en contact avec l&rsquo;&eacute;quipe de recherche par le biais de leur tuteur, ayant sollicit&eacute; leur accord au pr&eacute;alable. Chaque jeune a &eacute;t&eacute; r&eacute;mun&eacute;r&eacute; pour sa participation &agrave; la recherche. Chaque entretien a dur&eacute; entre quarante-cinq minutes et une heure trente. Tous les entretiens, sauf un car le jeune ne le souhaitait pas, ont &eacute;t&eacute; enregistr&eacute;s et int&eacute;gralement retranscrits. L&rsquo;ensemble de ces entretiens ont &eacute;t&eacute; co-analys&eacute;s dans le cadre du groupe de recherche. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2. </span></b><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Une mobilit&eacute; ancr&eacute;e</span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><i><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Youness<a href="#_ftn2" name="_ftnref2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><b><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">[2]</span></span></span></b></span></span></a> a dix-sept ans, il est n&eacute; &agrave; Casablanca, au Maroc. Il a quitt&eacute; le foyer familial vers douze-treize ans, il ne s&rsquo;en rappelle plus pr&eacute;cis&eacute;ment. Cela fait plus de quatre ans qu&rsquo;il sillonne les routes de l&rsquo;Europe&nbsp;: &laquo;</span></span></span></i><i><span lang="FR-BE" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;Moi, l&rsquo;image que j&rsquo;avais de l&rsquo;Europe, c&rsquo;est que tout &eacute;tait accessible, que c&rsquo;&eacute;tait facile de trouver du boulot, je pensais que j&rsquo;allais avoir plein, plein d&rsquo;offres et d&rsquo;opportunit&eacute;s. Mais ce n&rsquo;est pas vrai, ce n&rsquo;est pas si facile l&rsquo;Europe.&nbsp;&raquo; </span></span></span></i><i><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">La Belgique est le cinqui&egrave;me pays europ&eacute;en par lequel il transite. Il a voyag&eacute; en Espagne, en France, en Italie, aux Pays-Bas et, puis, en Belgique. Au fil de son r&eacute;cit, Youness semble guid&eacute; par une soif insatiable d&rsquo;explorer le monde, le conduisant &agrave; se d&eacute;placer r&eacute;guli&egrave;rement d&rsquo;un endroit &agrave; l&rsquo;autre&nbsp;: &laquo;&nbsp;</span></span></span></i><i><span lang="FR-BE" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">J&rsquo;&eacute;tais bien l&agrave;-bas, je ne sais pas pourquoi je suis parti. Je veux voir toute l&rsquo;Europe moi madame, c&rsquo;est pour &ccedil;a. Mais je ne sais plus. J&rsquo;&eacute;tais bien &agrave; Rennes, j&rsquo;&eacute;tais tr&egrave;s bien mais moi je veux partir, je veux voir l&rsquo;Italie, je veux voir&hellip; </span></span></span></i><i><span lang="FR-BE" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Non, je ne sais pas ce qui m&rsquo;est arriv&eacute;. J&rsquo;&eacute;tais vraiment bien &agrave; Rennes mais j&rsquo;avais envie de voir l&rsquo;Italie (rires). Mon r&ecirc;ve d&rsquo;enfant, c&rsquo;&eacute;tait d&rsquo;aller en Italie, &agrave; Napoli.</span></span></span></i><i><span lang="FR-BE" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&nbsp;&raquo; Il passera deux ans en Italie, dont huit mois dans un centre d&rsquo;accueil pour mineurs, et le reste du temps en &eacute;tant h&eacute;berg&eacute; chez des cousins. Sur place, il va &agrave; l&rsquo;&eacute;cole et poss&egrave;de un titre r&eacute;gulier de s&eacute;jour. Quand ses papiers arrivent &agrave; &eacute;ch&eacute;ance, il quitte l&rsquo;Italie pour trouver un travail mieux r&eacute;mun&eacute;r&eacute;. </span></span></span></i><i><span style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Il arrive alors &agrave; Bruxelles, o&ugrave; </span></span></span></i><i><span lang="FR-BE" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">ses lieux d&rsquo;ancrage sont limit&eacute;s et d&eacute;pendent directement des opportunit&eacute;s d&rsquo;h&eacute;bergement&nbsp;: &laquo;&nbsp;quand j&rsquo;habite &agrave; Anderlecht, </span></span></span></i><i><span lang="FR-BE" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">je sors &agrave; Anderlecht, je reste &agrave; Anderlecht. Tout le temps dans le m&ecirc;me parc, pr&egrave;s de la station de m&eacute;tro.&nbsp;&raquo;&nbsp;&raquo;</span></span></span></i></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2.1. Une extr&ecirc;me mobilit&eacute; &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle intra-europ&eacute;enne</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">A l&rsquo;image de Youness, la plupart des jeunes que nous avons rencontr&eacute;s ont quitt&eacute; le Maroc &agrave; un tr&egrave;s jeune &acirc;ge, entre 10 et 12 ans&nbsp;; lorsqu&rsquo;ils atteignent la Belgique pour la premi&egrave;re fois, ils ont, en moyenne, entre 15 et 16 ans. Dans ces parcours d&rsquo;errance de plusieurs ann&eacute;es, l&rsquo;Espagne et la France sont souvent des &eacute;tapes incontournables. Jusqu&rsquo;en 2008, de nombreux jeunes ne poursuivaient d&rsquo;ailleurs pas leur voyage au-del&agrave; de l&rsquo;Espagne. La crise &eacute;conomique qu&rsquo;a travers&eacute; le pays a chang&eacute; la donne et oblig&eacute; la plupart de ces jeunes &agrave; pousser plus loin leur p&eacute;riple en Europe (Peyroux &amp; Le Cl&egrave;ve, 2018). A l&rsquo;heure actuelle, l&rsquo;Espagne demeure l&rsquo;un des seuls pays europ&eacute;ens dans lequel ces jeunes disposent de perspectives de r&eacute;gularisation. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce qui motive le d&eacute;part, ce sont &agrave; la fois des conditions de vie plus que pr&eacute;caires dans le pays d&rsquo;origine, une absence de perspectives, mais aussi un ailleurs r&ecirc;v&eacute;, une Europe fantasm&eacute;e comme terre d&rsquo;opportunit&eacute;s. </span><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce mythe de l&rsquo;eldorado europ&eacute;en est renforc&eacute; par les r&eacute;seaux sociaux et les r&eacute;cits des amis d&eacute;j&agrave; partis, les l&eacute;gendes de travers&eacute;es &eacute;piques. C&rsquo;est la force des histoires qui se transmettent&nbsp;et qui concourent &agrave; la construction de cet </span><span new="" roman="" style="font-family:" times="">&laquo;&nbsp;imaginaire de l&rsquo;ailleurs&nbsp;&raquo; (Duvivier, 2010, 2014). </span><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce parcours &agrave; travers l&rsquo;Europe est loin d&rsquo;&ecirc;tre lin&eacute;aire&nbsp;; il est &eacute;maill&eacute; de nombreux allers-retours entre diff&eacute;rents pays europ&eacute;ens, en fonction des besoins du moment, des opportunit&eacute;s ou des contraintes qui p&egrave;sent sur ces jeunes. </span><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Ces derniers affectent ainsi &agrave; chaque territoire europ&eacute;en qu&rsquo;ils traversent une utilit&eacute; sp&eacute;cifique. D&egrave;s que cet espace cesse d&rsquo;apparaitre comme une ressource, ils d&eacute;veloppent alors de nouvelles strat&eacute;gies pour poursuivre leurs objectifs. Ces d&eacute;parts sont souvent pr&eacute;cipit&eacute;s, peu pr&eacute;par&eacute;s et font suite &agrave; une proposition de l&rsquo;un ou l&rsquo;autre pair, d&rsquo;une occasion qui se pr&eacute;sente. D&rsquo;un jour &agrave; l&rsquo;autre, ces jeunes disparaissent, d&eacute;concertant les intervenants sociaux et mettant &agrave; mal le travail d&rsquo;accompagnement qui a d&eacute;j&agrave; &eacute;t&eacute; entrepris.&nbsp; </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Nadem, par exemple, explique que c&rsquo;est la recherche d&rsquo;une meilleure prise en charge m&eacute;dicale qui le pousse &agrave; quitter, pour un temps, le centre collectif o&ugrave; il r&eacute;sidait en Belgique. &laquo;&nbsp;</span><i><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">C&rsquo;&eacute;tait un bon centre, je me suis bien repos&eacute;, mais &ccedil;a s&rsquo;est compliqu&eacute; parce que j&rsquo;avais des douleurs. Je souffrais trop et &ccedil;a ne gu&eacute;rissait pas. Je pensais qu&rsquo;on ne me soignait pas bien, et quelqu&rsquo;un m&rsquo;a dit d&rsquo;aller au Luxembourg car on me soignerait mieux. Alors, je suis parti au Luxembourg o&ugrave; je suis rest&eacute; un mois pour qu&rsquo;on me soigne, et, puis, je suis revenu &agrave; Bruxelles. </span></i><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">&raquo; Pour Youssef, c&rsquo;est la possibilit&eacute; de trouver un emploi sur le march&eacute; noir qui l&rsquo;incite &agrave; bouger. &laquo;&nbsp;<i><span style="color:black">On m&rsquo;avait dit que la Belgique, c&rsquo;est mieux que l&rsquo;Espagne pour travailler, tu trouves plus facilement du travail en Belgique qu&rsquo;en Espagne</span>. Si tu cherches du travail ici, tu en trouves. Si tu ne cherches pas, &ccedil;a ne va pas te tomber dans les mains. Mais oui, il y a pas mal d&rsquo;opportunit&eacute;s.</i>&nbsp;&raquo; </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Aussi, si l&rsquo;Espagne et la France sont souvent des &eacute;tapes incontournables dans le parcours, l&rsquo;Allemagne, l&rsquo;Italie, mais &eacute;galement, les Pays-Bas et la Su&egrave;de sont aussi cit&eacute;s par les jeunes rencontr&eacute;s. Ces deux derniers pays sont d&rsquo;ailleurs per&ccedil;us comme des </span><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">lieux refuge, o&ugrave; se reposer un temps, de par le mod&egrave;le d&rsquo;accueil privil&eacute;gi&eacute; par l&rsquo;Etat, celui des familles d&rsquo;accueil et des appartements supervis&eacute;s (Von Bredow, 2019). </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Il est crucial de ne pas n&eacute;gliger les aspects plus sombres de ces d&eacute;placements, en consid&eacute;rant les probl&egrave;mes que ces jeunes tentent d&rsquo;&eacute;viter. Si leurs d&eacute;placements sont motiv&eacute;s par le d&eacute;sir d&#39;am&eacute;liorer leur quotidien et de saisir de nouvelles opportunit&eacute;s, leur d&eacute;part d&#39;un lieu est presque syst&eacute;matiquement pr&eacute;c&eacute;d&eacute; de difficult&eacute;s qu&#39;ils cherchent &agrave; fuir (Duvivier, 2014). Plus qu&rsquo;un moteur, cette mobilit&eacute; est donc &agrave; consid&eacute;rer comme une strat&eacute;gie de survie &agrave; part enti&egrave;re ; elle permet de fuir des situations qui deviendraient trop dangereuses. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Enfin, il serait erron&eacute; de voir dans ces d&eacute;placements de choix rationnels et pleinement maitris&eacute;s. Le plus souvent, il s&rsquo;agit pour ces jeunes de pouvoir s&rsquo;adapter aux circonstances qui &eacute;chappent largement &agrave; leur contr&ocirc;le, t&eacute;moin d&rsquo;une maitrise restreinte de leur environnement, relevant cet &laquo;&nbsp;agir faible&nbsp;&raquo; propre aux personnes en situation de vuln&eacute;rabilit&eacute; (Soulet, 2003). </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">2.2. Un ancrage local limit&eacute; et limitant &nbsp;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="text-transform:uppercase">&agrave;</span></span><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times=""> c&ocirc;t&eacute; de cette logique d&rsquo;ultra-mobilit&eacute; europ&eacute;enne, au sein des diff&eacute;rents pays d&rsquo;accueil, ces jeunes s&rsquo;ancrent territorialement dans des quartiers bien d&eacute;finis. A Paris, par exemple, les quartiers de la Goutte d&rsquo;or et du Trocad&eacute;ro (Le Cl&egrave;ve &amp; Peyroux, 2018). &Agrave; Bruxelles, ils se cantonnent majoritairement au territoire situ&eacute; autour de la gare du Midi, lieu dans lequel de nombreuses populations en situation de vuln&eacute;rabilit&eacute; se croisent et s&rsquo;entrecroisent.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Le choix de ce territoire s&rsquo;explique pour plusieurs raisons. En premier lieu, &agrave; l&rsquo;intersection de trois communes, mais &eacute;galement de diff&eacute;rentes zones de police, le quartier offre de multiples interstices et recoins o&ugrave; se faufiler. En tant que &laquo;&nbsp;zone de fronti&egrave;re&nbsp;&raquo;, il y r&egrave;gne parfois une certaine confusion dans les comp&eacute;tences de chacun, notamment au niveau des forces de l&rsquo;ordre, ce qui permet la cr&eacute;ation de zones d&rsquo;ombres dans lesquelles il est plus ais&eacute; de transgresser les normes. On y constate notamment le d&eacute;veloppement plus important d&rsquo;une &eacute;conomie informelle. Pour ces jeunes, c&rsquo;est donc davantage d&rsquo;opportunit&eacute;s de travail au noir par exemple. De m&ecirc;me, ce quartier est un lieu-pivot en termes de deal, notamment pour le type de produits consomm&eacute;s par ces jeunes. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Principale gare de Bruxelles, lieu d&rsquo;arriv&eacute;e des trains internationaux, s&rsquo;installer &agrave; proximit&eacute; facilite cette mobilit&eacute; extra-europ&eacute;enne. Outre les trains, les environs de la gare du Midi sont aussi connus pour le &laquo;&nbsp;Blablacar informel&nbsp;&raquo;. Des voitures-taxis non-agr&eacute;&eacute;es pr&eacute;sentes en nombre dont l&rsquo;usage amoindrit le risque de contr&ocirc;le par rapport &agrave; des transports officiels tels que le train ou le bus.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;arriv&eacute;e sur le territoire de la gare du Midi n&rsquo;est pas toujours un choix pr&eacute;d&eacute;fini et calcul&eacute; de la part des jeunes, mais peut-&ecirc;tre et surtout une question d&rsquo;opportunit&eacute; &ndash; par sa fonction de &laquo;&nbsp;point de chute&nbsp;&raquo;. L&rsquo;ancrage autour de cette gare s&rsquo;entretient alors par un ph&eacute;nom&egrave;ne de cooptation&nbsp;; c&rsquo;est le lieu o&ugrave; les nouveaux venus doivent se rendre pour retrouver des amis et connaissances du pays ou rencontr&eacute;s lors du parcours migratoire.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Alors qu&rsquo;il est un lieu o&ugrave; se concentrent de nombreuses populations en situation de pr&eacute;carit&eacute;, le quartier r&eacute;unit de nombreux services d&rsquo;aide et de soin. Des ressources informelles sont &eacute;galement accessibles, comme la pr&eacute;sence de grands b&acirc;timents &agrave; l&rsquo;abandon, qui sont autant de possibilit&eacute;s de squat.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="background:white"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Cet ancrage territorial peut s&rsquo;expliquer par la disponibilit&eacute; des ressources sur un espace d&eacute;fini, mais il implique &eacute;galement des m&eacute;canismes de construction et de protection identitaires forts. En effet, apr&egrave;s un parcours marqu&eacute; par l&rsquo;errance, le rattachement de ces jeunes &agrave; un territoire d&eacute;termin&eacute; marque leur volont&eacute; de recr&eacute;er un &laquo; sentiment de chez soi &raquo;, et de s&eacute;curit&eacute;. Pour une population o&ugrave; la mobilit&eacute; est devenue un principe de survie, s&rsquo;attacher, m&ecirc;me de mani&egrave;re tr&egrave;s temporaire, &agrave; un territoire pr&eacute;cis s&rsquo;assimile alors &agrave; un m&eacute;canisme de protection identitaire vital pour ces jeunes.</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Si cet ancrage local s&rsquo;explique par les &laquo;&nbsp;avantages&nbsp;&raquo; d&rsquo;une telle localisation, il s&rsquo;agit de nuancer cette installation privil&eacute;gi&eacute;e en fonction de v&eacute;ritables opportunit&eacute;s d&rsquo;accueil qui s&rsquo;offrent &agrave; ces jeunes. Demeurer dans certains quartiers est aussi la r&eacute;sultante de l&rsquo;impossibilit&eacute; de s&rsquo;installer dans d&rsquo;autres, soit parce qu&rsquo;ils sont d&eacute;j&agrave; &laquo;&nbsp;occup&eacute;s&nbsp;&raquo; par un certain type de publics &ndash; les personnes migrantes dites &laquo;&nbsp;en transit&nbsp;&raquo; occupent pr&eacute;f&eacute;rentiellement le quartier de la gare du Nord et la cohabitation est souvent rejet&eacute;e -, soit car ces jeunes sont chass&eacute;s d&rsquo;autres quartiers, notamment par les habitants - et les autorit&eacute;s publiques - qui ne souhaitent pas que leur cadre de vie soit &laquo;&nbsp;d&eacute;grad&eacute;&nbsp;&raquo; par la pr&eacute;sence de populations en situation de vuln&eacute;rabilit&eacute;. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="background:white"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Ce double mouvement de mobilit&eacute; et d&rsquo;ancrage, qui peut sembler paradoxal, doit &ecirc;tre envisag&eacute; comme une temporalit&eacute; s&eacute;quenc&eacute;e au sein des parcours migratoires de ces jeunes, faite d&rsquo;une suite d&rsquo;enracinements et de d&eacute;racinements. C&#39;est ce que nous traduisons par le concept de &laquo;&nbsp;mobilit&eacute; ancr&eacute;e&nbsp;&raquo;, o&ugrave; ces jeunes sont constamment pris dans des processus de territorialisation et de d&eacute;territorialisation. S&rsquo;ils sont donc d&eacute;finis par rapport &agrave; un territoire particulier &agrave; un instant T, comme c&rsquo;est le cas dans cette recherche avec le territoire de la gare du Midi, il convient dans un m&ecirc;me mouvement de les resituer &laquo;&nbsp;<i>par rapport &agrave; une pluralit&eacute; d&rsquo;espaces de vie qu&rsquo;ils parviennent &agrave; connecter</i>&nbsp;&raquo; (Duvivier, 2010, p. 255).</span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; text-indent:-18pt; margin-bottom:11px; margin-left:48px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">3. </span></b><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Des conditions de vie ultra pr&eacute;caires, terreau d&rsquo;une sant&eacute; mentale fragilis&eacute;e et de conduites &agrave; risque</span></b></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><i><span lang="FR-BE" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Nous rencontrons Malik par l&rsquo;interm&eacute;diaire d&rsquo;une &eacute;quipe de travailleurs de rue. Il est &eacute;puis&eacute;. Pendant tout l&rsquo;entretien, il lutte pour ne pas s&rsquo;endormir. Il se r&eacute;veille au son des questions pos&eacute;es. Il est bless&eacute;, heurt&eacute; par un tram. Il se d&eacute;place en b&eacute;quilles. Malik a 16 ans. Il est originaire de Tanger, au Maroc, qu&rsquo;il a quitt&eacute; &agrave; 11 ans. Il est en Belgique depuis un an au moment o&ugrave; nous le rencontrons. Tout son discours est &eacute;maill&eacute; de faits de violence, de bagarres, de vols, de relations conflictuelles, notamment avec la police. Cette violence, il semble tour &agrave; tour en &ecirc;tre la victime, mais aussi parfois, l&rsquo;auteur. Au milieu de l&rsquo;entretien, il raconte comment l&rsquo;un de ses amis lui a vol&eacute; ses m&eacute;dicaments et annonce qu&rsquo;il va exiger que celui-ci lui en rende d&rsquo;autres en &eacute;change. Les m&eacute;dicaments, justement. Malik a commenc&eacute; &agrave; en consommer alors qu&rsquo;il &eacute;tait en Espagne. &laquo;&nbsp;C&rsquo;est des jeunes de mon &acirc;ge qui m&rsquo;en ont parl&eacute;&nbsp;&raquo;. Du Rivotril et du Lyrica. &laquo;&nbsp;Pour se calmer&nbsp;&raquo;. A une &eacute;poque, Malik consommait &eacute;galement des solvants, mais d&eacute;clare avoir arr&ecirc;t&eacute;. Actuellement, pris en charge par l&rsquo;association qui nous a mis en contact, Malik b&eacute;n&eacute;ficie de prescriptions m&eacute;dicales pour se procurer le Lyrica et le Rivotril. M&ecirc;me sans cela, il sait de toute fa&ccedil;on tr&egrave;s bien o&ugrave; en trouver. &laquo; C&rsquo;est facile d&rsquo;en trouver&nbsp;&raquo;. Cette prise en charge s&rsquo;est mise en place car Malik pr&eacute;sente des troubles de sant&eacute; mentale. Pendant un temps, il s&rsquo;est notamment beaucoup auto-mutil&eacute;. Il nous montre ses cicatrices. Le traitement lui permet de se sentir mieux et d&rsquo;espacer les &eacute;pisodes de scarification. Son r&eacute;f&eacute;rent, pr&eacute;sent &agrave; l&rsquo;entretien, explique&nbsp;: &laquo;&nbsp;Donc, l&agrave;, il prend un m&eacute;dicament pour son pied et sinon, il a un traitement de Lyrica et Rivotril qu&rsquo;il prend, &ccedil;a fait un moment. Il dit qu&rsquo;il souffre beaucoup mentalement, que son p&egrave;re l&rsquo;a laiss&eacute; quand il &eacute;tait petit et c&rsquo;est pour &ccedil;a qu&rsquo;il doit prendre les m&eacute;dicaments. Et c&rsquo;est pour &ccedil;a que quand il &eacute;tait plus jeune, il rentrait dans des bagarres tout &ccedil;a. Il se scarifiait aussi &agrave; un moment mais l&agrave; moins. Il s&rsquo;est tatou&eacute; maman sur le bras, autour de ses cicatrices.&nbsp;&raquo; Pendant l&rsquo;entretien, le t&eacute;l&eacute;phone de Malik a sonn&eacute;, &laquo;&nbsp;C&rsquo;est maman, plus tard&nbsp;&raquo;.</span></span></span></i></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Il est complexe de situer pr&eacute;cis&eacute;ment le moment o&ugrave; la consommation de produits s&rsquo;immisce dans le parcours de vie de ces jeunes. Si certains en ont fait l&rsquo;exp&eacute;rience d&egrave;s le pays d&rsquo;origine, pour d&rsquo;autres, elle intervient plus tard lors du parcours migratoire et de leurs d&eacute;ambulations dans les divers pays d&rsquo;Europe. Cette initiation se fait, le plus souvent, dans le cadre du groupe de pairs, sous les conseils et propositions d&rsquo;autres jeunes ou par simple effet d&rsquo;imitation, la consommation devenant un signe d&rsquo;appartenance (Duvivier, 2014)&nbsp;; elle peut &eacute;galement &ecirc;tre induite par des adultes, dans le cadre de diverses formes d&rsquo;exploitation. Nous y reviendrons. &nbsp;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Toutefois, si cette consommation d&eacute;bute pour des raisons vari&eacute;es, son installation dans le temps r&eacute;pond &agrave; une autre logique, celle de supporter, physiquement et psychologiquement, la situation de survie quotidienne dans laquelle ces jeunes sont plong&eacute;s. Pour les professionnels de terrain, le constat est sans appel&nbsp;: la d&eacute;t&eacute;rioration progressive des conditions de vie de ces jeunes provoque une aggravation de leurs consommations (poly-addictions et augmentation progressive des doses). La faim, le froid, la peur &hellip; Il s&rsquo;agit d&rsquo;endurer ces conditions, ou de tenter d&rsquo;y faire face en recourant &agrave; des substances qui anesth&eacute;sient les souffrances. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Cette consommation tourne principalement autour d&rsquo;un usage d&eacute;tourn&eacute; &ndash; en termes de dosage - de m&eacute;dicaments, que sont le Lyrica et le Rivotril, et de solvants (qui sont &laquo;&nbsp;sniff&eacute;s&nbsp;&raquo; sur des mouchoirs ou dans des sacs en plastique, parfois partag&eacute;s en groupe), de haschich et, plus rarement, de drogues dites dures comme la coca&iuml;ne. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;usage pr&eacute;f&eacute;rentiel de ces produits peut notamment se comprendre dans une possible socialisation pr&eacute;coce au sein du pays d&rsquo;origine o&ugrave;, pour des raisons culturelles, leur consommation serait mieux &laquo;&nbsp;tol&eacute;r&eacute;e&nbsp;&raquo; que l&rsquo;alcool qui fait l&rsquo;objet d&rsquo;un tabou important, mais &eacute;galement d&rsquo;une interdiction au code p&eacute;nal (Chaudat, 2020). De plus, l&rsquo;existence d&rsquo;un march&eacute; noir important &agrave; Bruxelles rend ces produits relativement accessibles. Pour les m&eacute;dicaments de type Rivotril et Lyrica, plusieurs strat&eacute;gies permettent d&rsquo;ailleurs de se les faire prescrire l&eacute;galement. Les diff&eacute;rents solvants sont, quant &agrave; eux, en vente libre. Enfin, le co&ucirc;t relativement peu &eacute;lev&eacute; de ces produits les rend d&rsquo;autant plus attractifs et facilitent les &eacute;changes, les &laquo;&nbsp;pr&ecirc;ts&nbsp;&raquo; ainsi que les invitations &agrave; partager. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Par l&rsquo;exp&eacute;rience, ces jeunes acqui&egrave;rent progressivement une connaissance pouss&eacute;e des produits et de leurs effets. Ils &eacute;tablissent une relation presqu&rsquo;&laquo;&nbsp;affective&nbsp;&raquo; avec le produit, lui conf&eacute;rant des surnoms en fonction par exemple de sa couleur et/ou de ses effets (Flye Sainte Marie, 2021&nbsp;; OFDT, 2022). Dans leur usage th&eacute;rapeutique initial, le Lyrica et le Rivotril ont pour effet de diminuer les angoisses et les sentiments de mal-&ecirc;tre physique et psychique. Consomm&eacute;s fr&eacute;quemment et &agrave; forte dose, parfois en interaction avec d&rsquo;autres produits, ces m&eacute;dicaments ont &eacute;galement un effet d&eacute;sinhibiteur. Le Rivotril se voit ainsi surnomm&eacute; &laquo;&nbsp;m&egrave;re courage&nbsp;&raquo;. Se donner du courage notamment lorsqu&rsquo;il a fallu entamer le parcours migratoire dans des conditions plus que p&eacute;rilleuses ou lorsque dans le pays d&rsquo;accueil, les strat&eacute;gies de survie &eacute;conomique impliquent de commettre des faits de d&eacute;linquance plus ou moins importants. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Cette surdose m&eacute;dicamenteuse n&rsquo;est pas non plus sans effet sur leur &eacute;tat psychique. Il s&rsquo;agit de s&rsquo;anesth&eacute;sier &ndash; de planer, d&rsquo;&ecirc;tre stone - pour oublier les traumatismes li&eacute;s aux ruptures au pays, au parcours migratoire ou aux conditions de vie actuelles, qui ont souvent plong&eacute; le jeune dans une grande d&eacute;ception. Comme le r&eacute;sument tr&egrave;s bien Wassim <i>&laquo;&nbsp;</i></span><i><span new="" roman="" style="font-family:" times="">pour t&#39;&eacute;tourdir dans la rue. Pour un peu oublier tes soucis.&nbsp;&raquo;</span></i><span new="" roman="" style="font-family:" times=""> et Mohammed, <i>&laquo;&nbsp;</i></span><i><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">pour ne plus r&eacute;fl&eacute;chir, pour &ecirc;tre tranquille, pour vider la t&ecirc;te pour pouvoir dormir aussi&nbsp;&raquo;. </span></i><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Face &agrave; ce type de propos, des professionnels de sant&eacute; bruxellois &eacute;voquent un ph&eacute;nom&egrave;ne d&rsquo;autom&eacute;dication chez ces jeunes, qui, en utilisant ce type de m&eacute;dicaments pour s&rsquo;apaiser, ne sont pas loin d&rsquo;un usage m&eacute;dical &laquo;&nbsp;correct&nbsp;&raquo; - si les dosages &eacute;taient respect&eacute;s. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Cette consommation, outre les effets n&eacute;fastes qu&rsquo;elle peut impliquer sur le m&eacute;tabolisme de ces jeunes, peut &eacute;galement engendrer des conduites &agrave; risques, notamment lorsqu&rsquo;elle s&rsquo;entrecroise avec des faits de d&eacute;linquance<strong><span style="color:black">. </span></strong></span><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Le plus souvent, ces MENAS sont embrigad&eacute;s pour commettre de petits faits d&eacute;lictueux, notamment des vols, mais aussi, pour participer au trafic de stup&eacute;fiants sur le territoire. A l&rsquo;image de Ibrahim. Accost&eacute; par des personnes majeures, l&rsquo;absence d&rsquo;autres moyens de r&eacute;pondre &agrave; ses besoins primaires le pousse &agrave; accepter ces &laquo;&nbsp;jobs&nbsp;&raquo;, qu&rsquo;il redoute pourtant de faire. Pour se sentir &agrave; la hauteur, le produit devient une b&eacute;quille. </span></span><i><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&laquo;&nbsp;Les deux [personnes] qui m&rsquo;ont abord&eacute; &eacute;taient majeures. Ils sont venus m&rsquo;accoster en me disant&nbsp;: viens avec nous, tu vas vendre de la coca&iuml;ne et du hashish pour nous et, moi, je ne m&rsquo;en sortais pas tr&egrave;s bien pour faire &ccedil;a, je ne me voyais pas parler avec les gens, alors, j&rsquo;ai refus&eacute; et j&rsquo;ai dit&nbsp;: non, non, je ne sais pas comment faire. J&rsquo;ai insist&eacute; et j&rsquo;ai demand&eacute; de me proposer de faire un autre boulot mais pas &ccedil;a et ils ont dit&nbsp;: non, on n&rsquo;a rien d&rsquo;autre pour toi, c&rsquo;est &ccedil;a ou rien et, tout de suite, ils deviennent plus agressifs avec moi. Voil&agrave;. &Ccedil;a ne me laissait pas beaucoup le choix pour survivre, donc, j&rsquo;ai beaucoup &hellip; pour avoir le courage, j&rsquo;ai beaucoup consomm&eacute; et, puis, j&rsquo;ai vol&eacute; et me voil&agrave; ici (en IPPJ). (&hellip;) Je n&rsquo;ai eu le temps de croiser personne qui m&rsquo;a propos&eacute; de l&rsquo;aide, rien du tout. Ceux qui ont [propos&eacute; de] m&rsquo;aider, c&rsquo;est ceux qui m&rsquo;ont donn&eacute; la drogue pour me rendre accro comme &ccedil;a je leur rach&egrave;te et je leur dois de l&rsquo;argent du coup.&nbsp;</span></span></i><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&raquo; </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><strong><span lang="FR-BE" style="color:black">Aborder les faits de d&eacute;linquance dans lesquels ces MENAS sont impliqu&eacute;s oblige &agrave; ouvrir le regard sur la possible exploitation dont certains sont victimes, et sur la question de la traite des &ecirc;tes humains. &nbsp;&nbsp;</span></strong><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&laquo;&nbsp;<i>Ces enfants sont &agrave; la fois des victimes et &agrave; la fois des auteurs. C&#39;est les deux. Et c&#39;est probablement des victimes de traite plus que probablement, en tout cas des victimes de maltraitance. On est dans cette double logique.</i>&nbsp;&raquo; (R., professionnel de l&rsquo;intervention sociale)</span></span><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">. <strong>Cette question est souvent complexe &agrave; cerner et identifier. Elle l&rsquo;est d&rsquo;autant plus dans le cadre qui nous occupe que ces situations d&rsquo;exploitation ne semblent pas, &agrave; premi&egrave;re vue, &ecirc;tre l&rsquo;objet d&rsquo;un r&eacute;seau international organis&eacute;, comme c&rsquo;est le cas pour d&rsquo;autres publics, par exemple les jeunes Roms (Peyroux, 2012). </strong></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><strong><span lang="FR-BE" style="color:black">Ces jeunes semblent en effet soumis &agrave; des pratiques d&rsquo;exploitation plus diffuses, moins organis&eacute;es, mais non moins d&eacute;vastatrices, parce qu&rsquo;aussi plus invisibles, notamment pour les forces de l&rsquo;ordre. </span></strong><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Cette exploitation s&rsquo;enracine dans une multiplication des relations d&rsquo;exploitation interpersonnelles et temporaires changeant au gr&eacute; des opportunit&eacute;s. C&rsquo;est ce que Lavaud-Legendre nomme &laquo;&nbsp;l&rsquo;ub&eacute;risation des formes contemporaines d&rsquo;exploitation&nbsp;&raquo;, cette exploitation se caract&eacute;rise par des faits intermittents et est r&eacute;p&eacute;t&eacute;e sur des p&eacute;riodes de temps assez br&egrave;ves. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">L&rsquo;acte de consommation est donc &agrave; repenser dans un contexte plus global, o&ugrave; les conditions de vie pr&eacute;caires de ces jeunes limitent particuli&egrave;rement les choix qui s&rsquo;offrent &agrave; eux, les entra&icirc;nant vers des formes d&rsquo;exploitation pr&eacute;occupantes. Une extr&ecirc;me pr&eacute;carit&eacute; qui p&egrave;se &eacute;galement sur l&rsquo;&eacute;tat psychique de ces jeunes. Alors que la migration repr&eacute;sentait pour eux le lieu de tous les possibles, du renouveau, leurs conditions de vie d&eacute;grad&eacute;es dans le pays d&rsquo;accueil peuvent les plonger dans une profonde d&eacute;pression. Sant&eacute; mentale et consommation font inextricablement partie d&rsquo;un mouvement commun. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Ne pas pouvoir se projeter dans un avenir, ne serait-ce qu&rsquo;&agrave; court terme, &ecirc;tre continuellement dans l&rsquo;incertitude quant &agrave; la satisfaction de ses besoins primaires, devoir se prot&eacute;ger constamment des dangers de la rue sont autant de source de stress qui rythment le quotidien de ces jeunes et les placent dans un &eacute;tat de veille obligatoire, sans possibilit&eacute; de rel&acirc;chement. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Lorsqu&rsquo;ils arrivent sur le territoire bruxellois, ces jeunes ont souvent accumul&eacute; plusieurs ann&eacute;es d&rsquo;errance, durant lesquelles les &eacute;v&eacute;nements violents ont &eacute;t&eacute; omnipr&eacute;sents. Que ce soit durant le voyage en tant que tel, &agrave; l&rsquo;image de Wassim, qui cach&eacute;, dans un camion durant plusieurs heures, sera hospitalis&eacute; d&rsquo;urgence &agrave; son arriv&eacute;e en Europe &agrave; cause des br&ucirc;lures engendr&eacute;es par la proximit&eacute; du moteur, duquel il ne se sera pas &eacute;loign&eacute; de peur d&rsquo;&ecirc;tre d&eacute;couvert&nbsp;; ou de Ali, agress&eacute; &agrave; Bruxelles par le tenancier d&rsquo;une &eacute;picerie qui l&rsquo;avait vu dealer dans la rue. C&rsquo;est alors la police qui interviendra pour le prot&eacute;ger des coups. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">&Ecirc;tre soumis de mani&egrave;re r&eacute;p&eacute;t&eacute;e &agrave; de tels &eacute;pisodes, devoir faire preuve d&rsquo;une vigilance extr&ecirc;me &agrave; une &eacute;tape de sa vie qui devrait &ecirc;tre marqu&eacute;e par une relative insouciance influe irr&eacute;m&eacute;diablement sur la sant&eacute; mentale de ces jeunes et sur les comportements qu&rsquo;ils adoptent pour tenter d&rsquo;y faire face. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Si les jeunes rencontr&eacute;s ont t&eacute;moign&eacute; avec une relative aisance sur leurs pratiques de consommation et des faits de d&eacute;linquance qui y sont parfois li&eacute;s, la question de leur sant&eacute; mentale, ou, plus g&eacute;n&eacute;ralement, de leur bien-&ecirc;tre mental a &eacute;t&eacute; plus complexe &agrave; aborder, si ce n&rsquo;est au d&eacute;tour de quelques petites phrases, l&acirc;ch&eacute;es timidement. Lorsque nous les interrogions sur les effets recherch&eacute;s lors de la prise de certains m&eacute;dicaments ou autres substances, plusieurs de ces jeunes ont ainsi &eacute;voqu&eacute; ces produits comme de possibles b&eacute;quilles <i>&laquo;&nbsp;pour aller mieux dans sa t&ecirc;te&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;pour se vider la t&ecirc;te&nbsp;&raquo;, &laquo;&nbsp;pour oublier les soucis et pouvoir dormir&nbsp;&raquo;. </i>Ce recours aux substances psychoactives devient alors une strat&eacute;gie que les jeunes mettent en &oelig;uvre pour faire face aux sympt&ocirc;mes de mal-&ecirc;tre psychique. En l&rsquo;absence d&rsquo;espaces s&eacute;curis&eacute;s dans lesquels se poser/reposer/d&eacute;poser et au sein desquels leurs besoins primaires, notamment, seront pris en compte, il semble impossible pour ces jeunes et les professionnels qui les entourent de prendre soin de leur bien-&ecirc;tre mental. </span></span></span></span></span></p> <h2 style="text-align:justify; margin-top:11px">&nbsp;</h2> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><b><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Conclusion</span></b> </span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">En Belgique, la prise en charge de ces jeunes est d&rsquo;autant plus complexe qu&rsquo;elle s&rsquo;inscrit dans un cadre l&eacute;gal et institutionnel o&ugrave; leur double statut de &laquo;&nbsp;mineur&nbsp;&raquo; et &laquo;&nbsp;migrant&nbsp;&raquo; rend trouble les responsabilit&eacute;s de chaque Minist&egrave;re et administration publique. Alors que l&rsquo;aide &agrave; la jeunesse rel&egrave;ve d&rsquo;une comp&eacute;tence dite communautaire, l&rsquo;aide aux migrants rel&egrave;ve du niveau f&eacute;d&eacute;ral. La question des MENAS dits &laquo;&nbsp;en errance&nbsp;&raquo;, le plus souvent non demandeurs de protection internationale, conscients de leurs faibles chances d&rsquo;aboutir &agrave; une r&eacute;gularisation, met alors &agrave; jour un certain nombre d&rsquo;incoh&eacute;rences et de flou. Pour les professionnels de terrain, en accord avec les trait&eacute;s internationaux qui consacrent sans &eacute;quivoque la protection des droits de l&rsquo;enfant, ces jeunes doivent avant tout &ecirc;tre consid&eacute;r&eacute;s comme tels, des enfants, livr&eacute;s &agrave; eux-m&ecirc;mes et donc, prot&eacute;g&eacute;s. Actuellement, &agrave; Bruxelles, de nouvelles offres de prise en charge sont annonc&eacute;es et devraient voir prochainement le jour pour permettre &agrave; ces jeunes de disposer de lieux s&eacute;curis&eacute;s et d&rsquo;un suivi m&eacute;dical plus adapt&eacute;, notamment en lien avec leur consommation et leur &eacute;tat de sant&eacute; mentale fragilis&eacute;. &nbsp;</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Face &agrave; leur extr&ecirc;me mobilit&eacute; au sein de l&rsquo;espace europ&eacute;en, les professionnels de terrain sont toutefois demandeurs que le suivi qui leur est offert puisse &eacute;galement transcender les fronti&egrave;res par la mise en place d&rsquo;un r&eacute;seau d&rsquo;&eacute;changes entre professionnels &agrave; l&rsquo;&eacute;chelle europ&eacute;enne, et ainsi mieux r&eacute;pondre &agrave; la repr&eacute;sentation que ces jeunes ont de l&rsquo;Europe, comme un seul grand espace dans lequel il navigue depuis tant d&rsquo;ann&eacute;es. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:black">Enfin, l&rsquo;instabilit&eacute; administrative de leur statut et l&rsquo;angoisse qui l&rsquo;accompagne sont des facteurs aggravants de leur &eacute;tat mental. Pour accompagner ces jeunes, il s&rsquo;agit donc plus largement de pouvoir leur assurer un avenir sur le territoire dans lequel ils &eacute;voluent, afin qu&rsquo;ils puissent s&rsquo;y stabiliser et s&rsquo;y projeter r&eacute;ellement et ainsi leur offrir la s&eacute;curit&eacute; ontologique n&eacute;cessaire pour envisager leur existence plus sereinement. Sans de v&eacute;ritables mesures qui permettent d&rsquo;envisager la r&eacute;gularisation de ces jeunes sur le territoire belge, il est illusoire de penser pouvoir v&eacute;ritablement &laquo;&nbsp;prendre&nbsp;soin&nbsp;&raquo; d&rsquo;eux. </span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Bibliographie </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Audoux, C., Gillet, A. (2011),&nbsp;&raquo; Recherche partenariale et co-construction de savoirs entre chercheurs et acteurs : l&rsquo;&eacute;preuve de la traduction&nbsp;&raquo;. <em>Revue Interventions &eacute;conomiques</em><i>, <em>43</em></i>, pp 1‑8. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Blanchard</span><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">, E., Rodier, C. (2016), &laquo;&nbsp;Crise migratoire&nbsp;&raquo;&nbsp;: ce que cachent les mots. <i>Plein droit</i>, 111, pp 3-6. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Bonny, Y. (2017), &laquo;&nbsp;Les recherches partenariales participatives&nbsp;: &eacute;l&eacute;ments d&rsquo;analyse et de typologie&nbsp;&raquo;, in Gillet, A., Tremblay, D-G. (dir.), <em>Les recherches partenariales et collaboratives</em>. Montr&eacute;al&nbsp;: Presses universitaires du Qu&eacute;bec et Rennes&nbsp;: presses Universitaires de Rennes, pp.&nbsp;24-41.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Calabrese</span><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">, L., Gaboriaux, C. &amp; Veniard, M. (2022), &laquo;&nbsp;L&rsquo;accueil en crise&nbsp;: pratiques discursives et actions politiques&nbsp;&raquo;. <i>Mots. Les langages du politique</i>, 129, pp 9-21. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Chaudat</span><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">, P., (2020), &laquo;&nbsp;Les usages de l&rsquo;alcool &agrave; Mekn&egrave;s (Maroc) : entre interdits, censure et autocensure&nbsp;&raquo;,&nbsp;<em>L&rsquo;Ann&eacute;e du Maghreb</em>, 22, pp 263-274.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Duvivier, &Eacute;. (2010), &laquo;&nbsp;Entre installation et poursuite de la mobilit&eacute; : Analyse des trajectoires postinstitutionnelles de jeunes isol&eacute;s &eacute;trangers accueillis &agrave; l&rsquo;Aide sociale &agrave; l&rsquo;enfance.&nbsp;&raquo; <i>Migration Soci&eacute;t&eacute;</i>, (3), pp 243-256.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Duvivier, &Eacute;. (2014), &laquo;&nbsp;Habiter la rue et se &laquo; d&eacute;brouiller &raquo;. Parcours de mineurs &eacute;trangers non accompagn&eacute;s &agrave; Bruxelles. <i>Pens&eacute;e plurielle</i>, <i>35</i>(1), pp 69-81.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span class="fontstyle01" robotocondensed-regular="" style="font-family:"><span style="color:#1d1546"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:normal"><span lang="FR-BE" style="font-size:9.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Flye Sainte-Marie G. (2021), &laquo;&nbsp;</span></span></span></span></span></span></span><span class="fontstyle01" robotocondensed-regular="" style="font-family:"><span style="color:#1d1546"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:normal"><span lang="FR-BE" style="font-size:9.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:#1d1a49">Prise en charge pour les mineurs</span></span></span></span></span></span></span></span> <span class="fontstyle01" robotocondensed-regular="" style="font-family:"><span style="color:#1d1546"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:normal"><span lang="FR-BE" style="font-size:9.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:#1d1a49">non accompagn&eacute;s, retour d&rsquo;exp&eacute;rience</span></span></span></span></span></span></span></span><span class="fontstyle01" robotocondensed-regular="" style="font-family:"><span style="color:#1d1546"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:normal"><span lang="FR-BE" style="font-size:9.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">.&nbsp;&raquo; </span></span></span></span></span></span></span><span class="fontstyle21" robotocondensed-italic="" style="font-family:"><span style="color:#1d1546"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:italic"><span lang="FR-BE" style="font-size:9.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">Swaps</span></span></span></span></span></span></span><span class="fontstyle01" robotocondensed-regular="" style="font-family:"><span style="color:#1d1546"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:normal"><span lang="FR-BE" style="font-size:9.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">, 98-99,</span></span></span></span></span></span></span><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times=""><span style="color:#1d1546"> pp </span></span><span class="fontstyle01" robotocondensed-regular="" style="font-family:"><span style="color:#1d1546"><span style="font-weight:normal"><span style="font-style:normal"><span lang="FR-BE" style="font-size:9.0pt"><span style="line-height:107%"><span new="" roman="" style="font-family:" times="">12-15. </span></span></span></span></span></span></span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Lavaud-Legendre, B. (2020), &laquo;&nbsp;Exploitation et traite des &ecirc;tres humains : la place du tiers.&nbsp;&raquo; m&eacute;moire d&rsquo;habilitation &agrave; diriger les recherches. <i>Droit.</i> <i>Universit&eacute; de Bordeaux</i>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Le Cl&egrave;ve, A. &amp; Peyroux, O., (2018), <i>&laquo; Recherche-action sur la situation des mineurs marocains non accompagn&eacute;s &raquo;</i>, Rapport, Trajectoires. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Lendaro</span><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">, A., Rodier, C. &amp; Vertongen, Y. (2019). &laquo;&nbsp;La crise de l&rsquo;accueil. Fronti&egrave;res, droits, r&eacute;sistances.&nbsp;&raquo; <i>Revue Projet</i>, 373, pp. 93a-93a. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Les chercheurs ignorants</span><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">. (2015). <i>Les recherches-actions collaboratives : Une r&eacute;volution de la connaissance</i>. Rennes&nbsp;: Presses de l&rsquo;EHESP</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Lyet, P. (2017), Les recherches conjointes entre &laquo; chercheurs en continu &raquo; et &laquo; chercheurs occasionnels &raquo;, in Gillet, A., Tremblay, D-G. (dir.), <i>Les recherches partenariales et collaboratives</i>, Montr&eacute;al&nbsp;: Presses universitaires du Qu&eacute;bec et Rennes&nbsp;: presses Universitaires de Rennes, pp 257-277</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Mescoli</span><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">, E. (2021), &laquo;&nbsp;La Belgique face &agrave; la crise migratoire&nbsp;: analyse critique de l&rsquo;accueil.&nbsp;&raquo; <i>Pens&eacute;e plurielle</i>, 54, pp 95-106. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Morrissette, J. (2013), &laquo;&nbsp;Recherche-action et recherche collaborative : quel rapport aux savoirs et &agrave; la production de savoirs?&nbsp;&raquo;, <i>Nouvelles pratiques sociales</i>, 25(2), pp 35&ndash;49. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Observatoire fran&ccedil;ais des drogues et des tendances addictives (OFDT) (2022). Usages de drogue et conditions de vie des mineurs non accompagn&eacute;s. Notes. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Peyroux</span><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">, O. (2012), &laquo;&nbsp;Traite des mineurs roumains migrants&nbsp;: processus d&#39;exclusion, types d&#39;exploitation et strat&eacute;gies d&#39;adaptation.&nbsp;&raquo;, <i>Journal du droit des jeunes</i>, 313, pp 9-16. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Soulet, M. H. (2003), &laquo;&nbsp;Faire face et s&rsquo;en sortir. Vers une th&eacute;orie de l&rsquo;agir faible&nbsp;&raquo;, <i>Agir en situation de vuln&eacute;rabilit&eacute;</i>, pp 167-214.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:"><span lang="FR-BE" new="" roman="" style="font-family:" times="">Von Bredow, M. (2019). <i>They will always find me. A study of trafficking and the living conditions of vulnerable children</i>. County Administrative Board of Stockholm. Report. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <div>&nbsp; <hr align="left" size="1" width="33%" /> <div id="ftn1"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref1" name="_ftn1" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="FR-BE" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">[1]</span></span></span></span></span></a> Lorsqu&rsquo;un MENA est &laquo;&nbsp;signal&eacute;&nbsp;&raquo;, l&rsquo;Etat belge est dans l&rsquo;obligation de lui d&eacute;signer un tuteur, repr&eacute;sentant l&eacute;gal charg&eacute; de veiller au bien-&ecirc;tre du jeune. Le service des tutelles d&eacute;pend du service f&eacute;d&eacute;ral de la Justice. Actuellement, le nombre de tuteurs est insuffisant et de nombreux MENAS sont en attente d&rsquo;une d&eacute;signation.&nbsp; </span></span></p> </div> <div id="ftn2"> <p class="MsoFootnoteText"><span style="font-size:10pt"><span calibri="" style="font-family:"><a href="#_ftnref2" name="_ftn2" title=""><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span class="MsoFootnoteReference" style="vertical-align:super"><span lang="FR-BE" style="font-size:10.0pt"><span style="line-height:107%"><span calibri="" style="font-family:">[2]</span></span></span></span></span></a> Tous les pr&eacute;noms utilis&eacute;s sont des pr&eacute;noms d&rsquo;emprunt. </span></span></p> </div> </div>