<p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span georgia="" style="font-family:">L&rsquo;empathie na&icirc;t d&rsquo;abord dans le c&oelig;ur (empathie &eacute;motionnelle) et dans l&rsquo;esprit (empathie cognitive), il s&rsquo;agit d&rsquo;un ressenti, d&rsquo;une r&eacute;action d&rsquo;ordre &eacute;motionnel avant m&ecirc;me de devenir une r&eacute;action physique spontan&eacute;e et directe. En effet lorsqu&rsquo;elle se manifeste, elle se traduit le plus souvent sous forme de parole, regard, discours, ou encore accolade. </span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span georgia="" style="font-family:">Et si, toutefois, pendant des si&egrave;cles cette r&eacute;action s&rsquo;&eacute;tait paradoxalement exprim&eacute;e d&rsquo;une mani&egrave;re aussi muette que loquace&nbsp;? Et si le silence et l&rsquo;immobilit&eacute; recelaient depuis des temps imm&eacute;moriaux un incroyable pouvoir d&rsquo;empathie&nbsp;? Un pouvoir que l&rsquo;on pourrait ressentir avec une force parfois sup&eacute;rieure &agrave; celle des mots, un pouvoir presque omnipr&eacute;sent. Le pouvoir de figer le temps, les faits, les erreurs pour &ecirc;tre en mesure de les ressentir, de les toucher, de s&rsquo;en inspirer&nbsp;?</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span georgia="" style="font-family:">Tel est le pouvoir des arts plastiques et plus particuli&egrave;rement de la discipline qu&rsquo;on nomme depuis l&rsquo;Antiquit&eacute; &laquo;&nbsp;po&eacute;sie muette&nbsp;&raquo; : la peinture. Au cours des si&egrave;cles, de nombreux artistes ont fait montre d&rsquo;une sensibilit&eacute; exacerb&eacute;e tant dans leur vie que dans leur &oelig;uvre. Mais il en est un qui a su puiser dans le monde r&eacute;el et dans ses &eacute;motions pour cr&eacute;er un monde pictural d&rsquo;une intensit&eacute; in&eacute;dite. Un peintre qui a magnifi&eacute; la laideur et la petitesse, la maladie, la souffrance, la d&eacute;tresse, un peintre qui a magnifi&eacute; les humbles &agrave; une &eacute;poque o&ugrave; la quasi-totalit&eacute; des artistes recherchait l&rsquo;harmonie, la d&eacute;licatesse, le noble, l&rsquo;artificiel. Il s&rsquo;agit du Caravage.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span georgia="" style="font-family:">Nous le savons, le peintre d&rsquo;origine lombarde a partag&eacute; les peines de ses mod&egrave;les en &eacute;tant au plus proche d&rsquo;eux, tant par l&rsquo;esprit que dans son mode de sa vie. Une vie qui peut sembler pleine de violences, de d&eacute;lits, de meurtres et de scandales mais qui repose sur un socle empathique ind&eacute;niable. Son extr&ecirc;me sensibilit&eacute; et son histoire personnelle de fugitif le ram&egrave;nent sans cesse, en fin de compte, au c&oelig;ur de son monde, au c&oelig;ur de ses &eacute;motions, au c&oelig;ur de ses inqui&eacute;tudes&nbsp;: au <i>c&oelig;ur</i>.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span georgia="" style="font-family:">On le disait incapable de distinguer le beau du laid, mais dans la laideur apparente de ses personnages, r&eacute;els ou fictifs, contemporains ou bibliques, se dissimule une compassion toute particuli&egrave;re qui s&rsquo;exprime sous de multiples formes. Alors nous pouvons nous demander comment appara&icirc;t ce sentiment dans ses &oelig;uvres. Pourquoi, aujourd&rsquo;hui encore, sommes-nous aussi touch&eacute;s par ce tourbillon d&rsquo;&eacute;motions que chacune de ses toiles semble g&eacute;n&eacute;rer&nbsp;?</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span georgia="" style="font-family:">Il nous faudra bien entendu prendre en compte l&rsquo;&eacute;volution technique et personnelle de l&rsquo;artiste mais nous devrons &eacute;galement d&eacute;finir dans quelle mesure la proximit&eacute; du r&eacute;el influence son approche. Enfin, nous pourrons chercher &agrave; caract&eacute;riser et d&eacute;limiter l&rsquo;empathie dans ses &oelig;uvres jusqu&rsquo;&agrave; nous demander si, lui-m&ecirc;me, n&rsquo;aurait pas pu en devenir l&rsquo;objet, dans ses derniers autoportraits.</span></span></span></span></p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px">&nbsp;</p> <p style="text-align:justify; margin-bottom:11px"><span style="font-size:11pt"><span style="line-height:107%"><span style="font-family:Calibri, sans-serif"><span georgia="" style="font-family:">Total&nbsp;: 450 mots</span></span></span></span></p>